Guerre de Religions dans le Poitou Charente – Time Travel Siège de Brouage 1585
Le prince Henri Ier de Bourbon-Condé, que les affaires de son parti, aussi bien que son amour pour Charlotte de La Trémouille, retenaient en Saintonge, résolut aussitôt de se signaler par quelque action d'éclat.
Ce prince, que son rang et sa valeur chevaleresque avaient placé à la tête des calvinistes de Saintonge eut bientôt réuni une armée assez considérable pour entrer en campagne. Son plan était de s'assurer de toutes les places fortes de l'Aunis, de la Saintonge et de l'Angoumois, et de nettoyer tout le pays des garnisons catholiques.
La prise de Brouage devant assurer le succès de toute la campagne, il se décida à s'emparer d'abord de cette place ; il partit donc de La Rochelle pour Brouage avec des troupes nombreuses et de l'artillerie ; il s'empara en chemin du château de Fouras, à l'embouchure de la Charente.
Le lendemain, il partagea sa petite armée en deux corps : l'un, dont il prit le commandement, marcha sur Saint-Jean d'Angle et les îles de Marennes ; l'autre, commandé par ses lieutenants, eut ordre d'attendre le premier devant Brouage, après s'être emparé du château de Soubise, gardé seulement par deux cents catholiques.
La garnison de cette place, désespérant de pouvoir la défendre, l'évacua à l'approche des huguenots, après avoir mis le feu au pont-levis. Elle fut poursuivie, à travers les marais, jusque sous les murs de Brouage ; une partie se jeta dans le canal de cette ville pour le traverser à la nage et s'y noya ; d'autres furent passés au fil de l'épée, et plus de quarante se rendirent prisonniers sous les yeux de François Ier d'Espinay de Saint-Luc, qui ne put les secourir, parce que les barques étaient à sec dans le port. Mais le capitaine de Lorges relâcha plusieurs de ses prisonniers, qui se jetèrent dans la ville et furent d'un grand secours à Saint-Luc pour la défense de la place.
De son côté, Condé, à la tête de sa division, marchait sur Saint-Jean d'Angle. Le capitaine Villetard, qui commandait pour Saint-Luc dans cette place, en sortit pendant la nuit, quoiqu'elle fût bien pourvue d'hommes et de munitions, et abandonna, dans sa fuite précipitée, ses bagages et une partie de ses chevaux. Le prince mit garnison dans le château ; et, après s'être emparé de Sainte-Gemme, Saint-Sornin et Saint-Just, il marcha droit au bourg de Hiers, en laissant Marennes sur sa gauche.
En approchant de ce bourg, il fut arrêté tout à coup par un corps de trois cents catholiques que Saint-Luc avait embusqué derrière un petit canal, qui, même à marée basse, ne pouvait être traversé sans difficulté, à cause du sable mouvant dont il était en partie comblé. Les catholiques l'avaient, en outre, flanqué d'une forte barricade.
Ce poste fut attaqué aussitôt, et le prince eut beaucoup de peine à s'en emparer ; d'abord , refoulé par les catholiques , il s'était vu obligé de lâcher pied, lorsque le sieur de La Boulaye , ayant remonté le canal vers Saint-Just, accourut par les marais avec sa cavalerie et quelques arquebusiers, pour cerner les catholiques entre Hiers et Brouage.
Ceux-ci furent déconcertés à cette vue et se replièrent précipitamment vers la ville, dont ils eurent le temps de gagner la contrescarpe. Condé ayant ainsi isolé Brouage,concentra toutes ses forces au pied de ses murs et s'apprêta à en faire le siège (1585).
Pendant qu'il distribuait ses quartiers, un corps détaché de l'armée alla s'emparer de Marennes et du château de Mornac, sur la Seudre, où Saint-Luc avait jeté quelques soldats.
Saint-Luc avait à peine avec lui quatre cents hommes de garnison lorsque la place fut investie par le prince de Condé, qui, aveuglé par les succès précédemment remportés, se figura que le gouverneur allait lui ouvrir sur-le-champ les portes de sa forteresse ; mais il n'en fut pas ainsi, et le prince, après avoir, comme nous venons de le dire, forcé quelques postes avancés, se vit contraint de commencer le siège d'une manière régulière.
La vigoureuse résistance de Saint-Luc fut, dans cette circonstance, d'autant plus remarquable que les Rochelais, qui savaient que la garnison était dépourvue de vivres et de médicaments, établirent une rigoureuse croisière, pour achever d'affamer la place en interceptant tous les secours qui pouvaient lui arriver par mer.
Tous les approches de la ville furent bientôt étroitement gardés. Le maréchal de camp Saint-Gelais, qu'il ne faut pas confondre avec le gouverneur de Brouage, occupa la Blanchardière, tandis que Bois du Lys se logeait dans le bourg de Hiers.
D'Aubigné se cantonna à Saint-Agnant et fut chargé de veiller à ce qu'aucun convoi de vivres ou de munitions ne pénétrât dans la place par les nombreux canaux qui sillonnaient en tous sens le marais, depuis Saint-Agnant jusqu'à la mer.
Afin d'exercer une surveillance plus active, d'Aubigné fit venir des bateaux et construisit deux forts à l'extrémité du canal de Brouage, près du lieu, où, pendant le siège de 1577, le vaisseau la Scitie était venu s'échouer.
Toutes ces mesures étant ainsi prises, et sachant que Brouage ne pouvait être de longtemps secouru par le maréchal de Matignon, retenu en Guienne par le roi de Navarre, le prince de Condé décida d'attendre patiemment les effets du blocus. Mais ce prince sut occuper les loisirs que lui laissait le siège, en organisant en compagnies de pionniers les habitants des îles ; ces campagnards, au nombre de trois mille hommes, se prêtèrent d'assez bonne grâce à ses vues, et on les employa à construire des retranchements aux pas de Saint-Sornin, Saint-Just et Marennes, tous trois si favorablement situés , qu'au dire des vieux capitaines, les hommes du pays pouvaient, avec du canon et quelque intelligence de la guerre, s'y maintenir seuls contre toute une armée.
Pendant ces travaux, de fréquentes rencontres eurent lieu, entre les gens de la ville et ceux du camp, dans les grandes plaines qui s'étendent depuis Brouage jusqu'à la Blanchardière. Les assiégeants n'y avaient élevé aucune redoute, se bornant à courir de loin sur les détachements ennemis qui se hasardaient hors de la place, et chaque jour de nouveaux faits d'armes glorieux pour les deux partis se passaient aux abords des remparts, sans que pour cela le siège fit de sérieux progrès.
Cependant l'armée calviniste augmentait chaque jour, et bien que la petite garnison, suppléant au nombre par l'audace, fît de fréquentes sorties, il était aisé de prévoir l'époque fort rapprochée où l'intrépide gouverneur, obligé de céder au nombre, allait livrer la place aux assiégeants, lorsqu'un événement inattendu vint changer la face des affaires.
Le prince de Condé fut informé par un exprès que le château d'Angers venait, par surprise, de tomber entre les mains d'un capitaine protestant, qui, n'ayant avec lui qu'une poignée de soldats, ne pouvait se maintenir dans ce poste s'il ne recevait un prompt secours.
A cette nouvelle, on décida d'envoyer sur-le-champ d'Aubigné, avec un détachement considérable de cavalerie. Ce capitaine partit donc de Saint-Agnant, où il était toujours cantonné, et, passant le fleuve à Tonnay-Charente, il gagna l'Anjou à marches forcées.
Peu après le départ du secours envoyé à ses co-religionnaires, l'orgueilleuse présomption de Condé lui fit entrevoir que la conquête de l'Anjou donnerait à sa gloire un lustre bien autrement éclatant que la prise de Brouage ; et, ne prenant conseil que de sa folle ambition , il confie la conduite du siège aux sieurs de Sainte-Même et de La Personne, prend, au château de Taillebourg, congé de mademoiselle de La Trémouille, y laisse une partie de sa maison et se dirige en toute hâte vers la province dont il a rêvé la conquête.
Mais à peine est-il arrivé, que sa cavalerie est culbutée et taillée en pièces par l'armée catholique; lui-même ne doit son salut qu'à une fuite prompte et semée de périls ; enfin, après mille vicissitudes, il arrive sur les côtes de Bretagne, où il s'embarque pour l'Angleterre.
Quant à d'Aubigné, après avoir rallié quelques soldats, il rejoignit l'armée calviniste sous les murs de Brouage.
Sainte-Même venait d'apprendre le désastre de l'armée calviniste, lorsqu'il eut avis que le maréchal de Matignon venait, à grandes journées, au secours de Brouage, à la tête des forces catholiques de la Guienne, de l'Angoumois et de la Haute-Saintonge. Ces nouvelles jetèrent la consternation dans le camp. Les habitants des îles, qui avaient promis de défendre jusqu'à la mort leurs retranchements de Saint-Just, Marennes et Saint-Sornin, où, seuls, ils pouvaient arrêter l'armée de la Ligue, furent les premiers à donner l'exemple de la défection. Sainte-Même, partageant la terreur de ses gens, se hâta d'évacuer le bourg de Hiers, après avoir donné avis de sa retraite au capitaine Ranques, cantonné dans l'île d'Oléron.
Saint-Disant, qui commandait le régiment de Boisrond, fut le seul qui montra quelque caractère ; il se fortifia même, pendant quatre jours, dans le quartier abandonné par Sainte-Même. Mais, à la nouvelle que le maréchal de Matignon était arrivé à Gemozac, il y eut, parmi les soldats, un sauve-qui-peut général. Tout ce que put faire Saint-Disant, fut de retenir près de lui les moins effrayés de ses hommes pour en composer un corps de retraite, avec lequel il se retira vers Rochefort.
Mais Saint-Luc, apprenant la cause de ce départ subit, sortit de Brouage, poursuivit les fuyards, tomba sur le capitaine Saint-Disant, près du moulin de la Bridoire, lui tua trente hommes, lui fit soixante prisonniers et se retira en emportant tout son bagage.
Tel fut l'issue de ce siège, où quatre cents hommes, bloqués par terre et par mer, résistèrent courageusement à toute une armée et sortirent victorieux d'une lutte dans laquelle, selon toutes les apparences, ils devaient succomber.
Avant de se retirer, les catholiques mirent des garnisons dans l'île d'Oléron, dans les îles de Marennes, et à Soubise, Royan, Mornac et autres postes susceptibles d'être défendus. Les calvinistes ne tardèrent pas à chercher à s'emparer de tous ces petits châteaux, et le premier comme aussi le plus important, qui tomba en leur pouvoir, fut celui de Royan.
Le sire de Plassac, gouverneur de Pons, accompagné d'une partie de ses gens, réussit à escalader, après de longs efforts et pendant la nuit, la muraille qui défendait la place du côté de la mer, bien qu'elle fût bâtie sur la crête d'une falaise escarpée, à plus de soixante pieds de hauteur. Maîtres de cette position, où ils ne trouvèrent pas même une sentinelle, tant le château était réputé inaccessible de ce côté, ils s'emparèrent aisément du reste, et rendirent ainsi à leur parti une des places les plus importantes de la Haute-Saintonge, par sa position sur la Gironde et sur l'Océan (1586).
La même année, le comte de Laval, aidé des milices rochelaises, vint mettre le siège devant le château de Soubise. Cimadière avait été établi dans cette place par Saint-Luc, avec deux compagnies de la garnison de Brouage et quelques volontaires. Ce capitaine n'ayant pas grande confiance dans les murs du château, avait fortifié à la hâte l'église du lieu.
A l'approche de l'ennemi, il s'y retira avec tout son monde ; mais l'approche de l'artillerie ennemie l'ayant effrayé, il traita sur-le-champ avec le comte de Laval de la reddition de la place. Les officiers furent faits prisonniers de guerre, et la garnison se retira où elle le jugea à propos. Saint-Jean d'Angle, Trizay et Mornac n'attendirent même pas le comte de Laval pour ouvrir leurs portes, et celui-ci enleva ainsi, en peu de temps, tous les postes qui étaient au pouvoir des catholiques.
Dictionnaire de la noblesse : contenant les généalogies, l'histoire et la chronologie des familles nobles de France. Tome 7 / par de La Chenaye-Desbois et Badier
Les Guerres de Religion en Saintonge, la citadelle catholique de Brouage - Charles IX -Henri III- Agrippa d'Aubigné- Henri IV<==.... ....==>Time Travel 1586 - Prise de l’Île d’Oléron par le Calviniste Agrippa d’Aubigné.
Début des Guerres de Religions : Charles IX, Bordeaux, La Rochelle, Benon, Mauzé<==
Sur ce rocher abrupt que trente ou quarante générations ont successivement fécondé, s'élève un parc d'une végétation magnifique : au midi, toute la vallée depuis Saint-Savinien jusqu'à Saintes s'étend sous nos regards ; les clochers de la vieille cité émergent au loin de grandes touffes de verdure, tandis qu'à nos pieds la sinueuse Charente, pareille aux fleuves des pays enchantés, semble s'attarder à plaisir dans les pays qu'elle arrose....
La Scitie, de la flotte de Lansac, était une forme de fuste levantine à tret carré, raze à l'eau, mais foible et propre à des« couvrir » (La Popelinière, t. III, f. 373).
FRANÇOIS D'ESPINAY, Seigneur de Saint- Luc, Bezancourt, Alges, Avefnes & autres lieux, Comte d'Estelan, Baron de Crevecoeur, Châtelain de Gaille-Fontaine, Beaussant, qualifié de Monseigneur, surnommé le Brave, premier Pair du Cambrésis, Chambellan du Roi, Gouverneur de Saintonge et de Brouage, Mestre-de-Camp Général des Troupes Françaises, Lieutenant-Général de Bretagne, Chevalier de Saint-Michel, et ensuite du Saint-Esprit, à la création de cet Ordre, Grand-Maître de l'Artillerie de France, se trouva, en 1587, à la bataille de Coutras, où il renversa avec sa lance, de dessus son cheval, HENRI DE BOURBON, 1er du nom, Prince de Condé. II servit avec la plus grande distinction sous HENRI III et HENRI IV, se signala aux sièges de Paris, d'Epernay, de Laon, la Fère; fut un des plus valeureux Chevaliers de son siècle, et mourut le 8 Septembre 1597, d'un coup d'arquebusade, qu'il reçut à la tête au siège d'Amiens. Son corps fut porté dans la Chapelle d'Orléans, aux Célestins de Paris, où l'on voit son Mausolée. II avait épouse Jeanne de Cofsé, Dame d'Ectot, issue ISABELLE, Reine de Jérusalem, de LOUIS VII,, Roi de France (dit la Roque, dans son Histoire de la Maison d'Harcourt, page 1307, liv. XI, tome II), fille de Charles, Comte de Briffac, Maréchal de France, dont :
1. TIMOLÉON,
2. CHARLES, Chevalier de Saint-Jean de Jérusalem, Commandeur d'Harleux, tué dans un combat contre les Turcs, le 15 Août 1622;
3. FRANÇOIS, aussi Chevalier du même Ordre, & Commandeur de Seppois, mort à Poitiers;
4. Et ARTUS, Abbé de Redon, nommé Evêque de Marseille, Prélat-Commandeur du Saint-Esprit, mort en 1618.
FRANÇOIS D'ESPINAY eut encore pour fils naturel légitimé :
CHARLES D'ESPINAY, Ecuyer, Sieur de la Lande, Capitaine au Régiment de Brouage, tué en 1627, sans laisser de postérité, dans l'Isle de Ré, à la descente des Anglais.