Fontaine d’Aldéarde d'Aulnay, comtesse de Thouars – charte de fondation de l'église d'Airvault
Pour l'église d'Airvault, les récits folkloriques et l'histoire sont d'accord pour en reporter la fondation à la fin du Xe siècle.
En effet, au point de vue folklorique, certains habitants d'Airvault racontaient naguère (1) que l'église avait été édifiée à la suite du vœu d'une puissante dame sauvée d'une noyade à cet endroit.
Se promenant dans la partie du marais située à l'est de la fontaine, cette dernière serait tombée dans un trou plein d'eau et aurait dû son salut au secours d'une vache paissant sur le bord, et à la queue de laquelle la dame se serait suspendue.
En élaguant la partie légendaire, il faut retenir de ce souvenir populaire que, dans l'esprit des Airvallois des siècles passés, il n'existait pas d'église lors de la création du monastère.
La charte de fondation de ce dernier est perdue. D'après la publication récente d'une charte de donation de l'an 988 (2), il faut admettre que cette fondation doit remonter à la même année.
Et si cette église en construction ou achevée à la même date n'en a pas remplacé une autre, il y a de fortes chances pour que la paroisse ait été délimitée également à cette époque.
La création d'une nouvelle paroisse est un acte de l'autorité ecclésiastique ; pour celle d'Airvault il n'en a été conservé aucune trace.
Aldéarde d'Aunay, remariée au Comte d'Angoulême Arnaud Manzer, avait eu cinq enfants du vicomte de Thouars avec lequel elle avait été mariée en premières noces.
Elle avait très probablement conservé titre de douaire les domaines du sud de la vicomté : la région d'Airvault.
Elle n'eut sans doute pas de peine à obtenir de l'évêque de Poitiers le démembrement de la paroisse de Soulièvre et de celles environnantes dont elle possédait le domaine éminent, pour former cette nouvelle paroisse.
On est au Xe siècle, loin de l'occupation romaine. Soulièvre avait perdu de son importance, mais vers le VIe siècle, il n'en était sans doute pas ainsi.
On sait qu'à l'époque romaine les constructions de voies ont amené des remembrements dans le but de leur faire servir de limites aux grands domaines qui les bordaient. Les propriétaires avaient une aversion particulière pour le passage d'une voie près de leur villa.
Il en était probablement encore ainsi au VIe siècle, d'autant plus que les souvenirs des invasions barbares qui s'étaient effectuées par les grandes routes, étaient encore vivaces. Comme le pont de Viré a été édifié vers cette époque, on peut trouver dans ce principe la raison du choix de son emplacement.
La villa de Soulièvre pouvait appartenir à un personnage influent qui a fait détourner la nouvelle voie de son habitation particulière, en la faisant passer dans le vallon de Vernay.
Aurea-Vallis (Airvau aliàs Oirvau), O. A. in diœcesi Rupellensi anteà Malleacensi : D. Petro, sacra, conditur ab Hildegardi de Audenaco Comitissa Thoarcensi 973 in superiori Pictavio apud le Toué fluvium, 10 leucis à Pictavo occidentem æstinlm versus (Cl. du Pouillé).
Abbatia S. Petri de Aurea-Valle (S. Pierre d'Orvaux ou de Ruault ou d'Ervault) beneficium regium , taxe de Rome, 350 florins, revenus. (P. Royal).
Abbaye de S. Pierre d'Ervault, O. S. Augustin, pat. le Roi. rev., 1,400 l. (P. 1648).
Abbaye O. de S. Augustin, à la nomination du Roi, rev., 6,2001. environ de quitte à l'abbé; en tout, 18,000 l. Abbé, M. de Prie.
12 chanoines réguliers, y compris le clerc d'autel : chaque chanoine a 8 septiers de bled.
6 barriques de vin, 400 fagots, 4 charretées de gros bois, 80 l. en argent et 7 l. pour le logement. Le Prieur a un tiers en sus. Il y a 4 offices claustraux : le prieuré, la sacristie, l'aumônerie et l'infirmerie (a) (Vis. de Menou, 1739).
Abbatia S. Petri de Aureavalle, Ord. S. Augustin ; debet IIIL florenos (Taxæ Benef.).
Abbatia de Aureavalle debet duas procurationes (G. G.).
La charte de fondation de l'église d'Airvault n'existe plus. Elle manquait autrefois dans le chartrier de l'abbaye. On ne l'a pas retrouvée ailleurs.
Toutefois le nom de la fondatrice n'est pas douteux. Les textes anciens désignent unanimement Aldéarde ou Hildéarde d'Aulnay, femme d'Herbert ou d'Arbert Ier, vicomte de Thouars, — ce qui nous reporte de prime abord à la seconde moitié du Xe siècle ou au commencement du XIe : Aldéarde d'Aulnay fut en effet vicomtesse de Thouars depuis 950 ou 960, et elle ne mourut qu'au commencement du XIe siècle, peut-être seulement après 1014 (3).
Tous les historiens ont admis cette fondation par Aldéarde, et, à l'exception de Berthre de Bourniseaux, qui a confondu le vicomte Herbert Ier avec le vicomte Herbert II et pris la réforme de vers 1095 pour la fondation (4), tous sont d'accord, à tort ou à raison, pour placer la date initiale d'Airvault dans le dernier tiers du Xe siècle.
Ils ne sont partagés d'avis qu'au sujet de l'année.
Ch. Arnauld, dans ses Monuments des Deux-Sèvres, Hugues Imbert dans son Histoire de Thouars, — M. B.
Ledain dans son rapport sur la Fouille du tombeau de Pierre Ier abbé d'Airvault, — placent la fondation « en 971 » ou « vers 971 ». — Ils. s'appuient sur une charte transcrite avec cette date clans le recueil de Dom Fonteneau (5).
Notre ancien historien poitevin Thibaudeau donne la date de 975, année initiale de l'épiscopat de Gislebert Ier (6). — Dreux du Radier s'était borné à constater que ce fut sous l’épiscopat de Gislebert Ier que Hildéarde « fonda le chapitre des chanoines réguliers d'Airvault » (7).
Or Gislebert Ier fut évêque de Poitiers de l'an 975 jusqu'aux environs de l'an 1020.
Thibaudeau et Dreux du Radier s'appuient sur un passage de la charte de réforme de 1095, où il est dit qu'Hildéarde institua des chanoines à Airvault, d'après le conseil de Gislebert.
Les auteurs du Gallia christiana n'avaient rien précisé. Ils avaient simplement rappelé que la fondatrice était Hildéarde, « veuve d'Herbert Ier, vicomte de Thouars, lequel mourut en 973 » (8). — C'est évidemment une confusion dans le souvenir de ce passage du Gallia qui a porté M. le chanoine Auber à placer la « fondation du monastère sous notre évêque Gislebert, en 973 » (9).
M. Beauchet-Filleau a émis « l'opinion qu'Hildéardix éleva ce monument pour implorer la miséricorde divine en faveur de son époux décédé ». — Herbert étant mort vers 973, «l'époque serait-donc-la fin du X° siècle » (10).
— Quant à l'installation des chanoines, M. Beauchet-Filleau ne la place point, comme Thibaudeau, dès le début de l'épiscopat de Gislebert: « nous ferons observer, dit-il, que ce ne dut être que sur la fin de son épiscopat qu'il fut convié par Hildéardix à parachever son œuvre en peuplant la sainte solitude de ces bâtiments déserts ; car si les lieux réguliers étaient prêts, si l'église était terminée ou à peu près, un certain nombre d'années durent s'écouler depuis que l'idée première avait été conçue, depuis que l'exécution de ce dessein avait été commencée » (11).
Dans son étude sur le tombeau de l'abbé Pierre, M. de Longuemar s'abstient de donner une année. Pour lui, la fondation se place « vers la fin du Xe siècle ».
L'opinion de M. de Longuemar est d'un homme qui s'aperçoit que la lumière est loin d'être faite. — La tentative de conciliation de M. Beauchet-Filleau est ingénieuse et séduisante, mais elle est renversée par le texte même de la charte de « vers 971 ». — Il n'y a pas lieu de s'arrêter à la confusion commise par M. le chanoine Auber. — Nous restons donc en présence de deux opinions seulement, la première tenant pour l'année 971, ou à peu près, et s'appuyant sur la charte de Dom Fonteneau portant cette date, la seconde s'appuyant au contraire sur la charte de réforme de la fin du XIe siècle et se refusant à remonter jusqu'à 971, parce que Gislebert ne fut évêque de Poitiers qu'à partir de 975.
Nous allons examiner successivement les deux textes qui ont occasionné cette différence de sentiment.
Voyons d'abord la charte de Dom Fonteneau.
Cette charte n'a jamais été publiée. On s'est borné à utiliser l'analyse que M. Rédet avait transcrite dans sa table des manuscrits de Dom Fonteneau.
Cette analyse est ainsi conçue :
« Vers 971. Première fondation de l'église d'Airvault pour des chanoines séculiers par Aldéarde, vicomtesse de Thouars, femme du vicomte Arbert et fille de Cadelon, vicomte d'Aunay ; laquelle, pour la dotation de son église, lui donne la terre d'Irai avec quatre familles de ses serfs, qu'elle exempte de l'armée, de la milice, des tributs, du droit de fromentage et de toutes autres charges, pour ne servir que l'église qu'elle venait de fonder. (Château de Thouars). T. 26, p. 143 » (12).
Si l'on s'était reporté au recueil de Dom Fonteneau, si l'on avait pris la peine de lire la charte elle-même, au lieu de se contenter, sans vérification, du résumé, — on aurait pu constater que la cote de cette charte, donnée dans les manuscrits du savant bénédictin et reproduite pour ainsi dire textuellement dans la table de M. Rédet, n'est pas un résumé exact de la pièce qu'elle précède, et que rien n'y justifie la date mise en avant.
Voici la reproduction fidèle de ce document :
« Première fondation de l'église d'Oirvault pour des chanoines séculiers par Aldéarde, vicomtesse de Thouars, femme du vicomte Arbert et fille de Cadelon vicomte d'Aunai, laquelle pour la dotation de son église lui donne la terre d'Irai avec quatre familles de ses serfs qu'elle exempte de l'armée, de la milice, des tributs, du droit de fromentage et de toutes autres charges pour ne servir qu'à l'église qu'elle venoit de fonder.
« Vers 971. Château de Thouars.
« Haec in veteri Testamento sanxit authoritas Romana, ut cives libertinorum meliorem deberent habere statum ex his qui et testamento condere possunt etheredesrelinquere.
Quamobrem ego Aldeardis comitissa, filia Cadilonis vicecomitis castri Audenaci, uxorque Arberti vicecomitis Toarcensis tractavi de Dei timore ac eternâ retributione, ut mihi pius dominus veniam dignetur retribuere, quoddam beneficium in pago pictavo videlicet toarcensi, construere ecclesiam in honore almi Petri Apostolorum principis, in vico qui nuncupatur Aurea vallis.
Edifïcato igitur loco esse quatuor heredes de colibertis meis ad servitium supradictae ecclesiae, quos nulli alii usui volui esse in villa que dicitur Idraicus (13) cum terra et heredibus suis Ramberto, Reginaudo scilicet, Andréa, Martino, cum filiis filiabusque eorum et omne progenie eorum.
Hi itaque non pergent in exercitu, neque in militiâ, neque reddent vendam, neque frumentariam consuetudinem, neque aliquod terrenml1 vectigal, sed soli Deo et canonicis Ecclesiae deservient, neque distringent se pro quantalibet personâ ni si pro canonicis supradictae Ecclesiæ.
Si quis ausu temerario provocatus huic nostro beneficio obicem protervum ingerere nisus fuerit, excommunicatione anathematis eum ex autoritate Dei patris et filii et spiritus sancti innodamus vinculo, atque alienum asocietate beatae Mariae, et omnium Angelorum Dei et beati Petri Apostolorum Principis, nec non et omnium sanctorum Dei facimus, quatenus cum Anna et Caïpha atque Pilato damnationem accipiat, nisi cum dignâ satisfactione Deo et sancto Petro et canonicis hujus loci rectum fecerit, et ejus prsesumptio irrita fiat, et mille marcas argenti super altare sancti Pétri exsolvat.
NOTES.
— 1° Aldéarde souscrit avec Arbert, vicomte, son mari, dans un titre de 971. On présume que ce vicomte mourut vers 987, parce que dans un titre de cette année la vicomtesse fait des dons pour le repos de l'âme de son mari. — 2° Cette copie a été faite sur une autre qui est dans le Trésor du château de Thouars. On a écrit à la marge que cette fondation fut faite en 990, sous Hugues Capet.
Cette copie fut envoyée au château de Thouars, le 31 janvier 1743, par Lavialle, prieur de l'abbaye d'Oirvault. L'original doit donc être au Trésor de cette abbaye » (14).
On le voit, la charte d'Aldéarde n'est pas un acte dressé pour constater une fondation. C'est purement et simplement une donation où se trouve rappelée une fondation antérieure.
L'église d'Airvault y est mentionnée comme étant construite, tractavi construere ecclesiam... aedificato igitur loco, et pourvue de ses chanoines, soli Deo et canonicis ecclesise deservient.... sancto Petro et canonicis hujus loci....
Cette charte serait-elle de « vers 971 », il faudrait toujours admettre une date plus ancienne pour la fondation du monastère et la construction de l'église.
De cette première constatation, il résulte que l'opinion de MM. Arnauld, Imbert, etc., doit être écartée, sans plus ample procès. Elle n'est motivée en aucune façon, bien au contraire, par le document sur lequel elle s'appuyait.
Est-il possible de préciser la date de cette charte? Renferme-t-elle quelque détail susceptible de justifier la date de 971 plutôt que celle de 990 ou vice-versa? — Non. — Cette charte peut se rapporter à la période où Aldéarde était veuve, c'est-à-dire postérieurement à 973, aussi bien qu'à la période où Herbert était encore vivant, — à la période où Gislebert Ier fut évêque de Poitiers, c'est-à-dire de 975 à 1020, aussi bien qu'aux 15 ou 20 années qui précédèrent son épiscopat.
S'il était permis d'induire quelque chose de son contenu, nous serions porté à croire, à l'encontre de M. Beauchet-Filleau, qu'elle a été rédigée à une époque où le vicomte vivait encore, car Aldéarde ne dit pas que cette fondation et cette donation aient été faites pour le repos de l'âme de son mari.
En 987 (ainsi qu'on l'a vu dans la première des notes reproduites ci-dessus, à la suite de la charte dite de « vers 971 »), Aldéarde n'avait pas oublié cette mention importante.
Passons au second document, le seul très probablement qu'aient connu les rédacteurs du Gallia christiana, Dreux du Radier et Thibaudeau, — la charte de réforme de l'abbaye à la fin du XIe siècle.
Cette charte a été publiée dans les Évêques de Poitiers de Besly (15), dans le Gallia christiana (16) et dans le mémoire de M. Beauchet-Filleau (17). L'original, après avoir appartenu à M. de Tusseau, ancien conseiller général des Deux-Sèvres, est passé aux archives départementales de la Vienne.
C'est le texte le plus important que nous possédions sur les origines de l'abbaye d'Airvault et il convient de l'examiner en détail.
Il émane de l'évêque de Poitiers Pierre II et porte la date du 4 des ides de février de l'an 1095 de l'incarnation, IV° idus februarii anno ab incarnatione Domini 1095, ce qui donne le 10 février 1096.
Hildéarde d'Aulnay, vicomtesse de Thouars, y est tout d'abord indiquée comme ayant été la fondatrice de l'abbaye, quœdam comitissa Hildeardis nomine, domina Thoarcensium.... quondam aedificavit ecclesiam in honorem B. Pétri Apostolorum principis, in loco qui vocatur Aurea vallis; qua aedificata decenter, volens explere quod inceperat, multis et rnagnis dotavit bonis.
— Jusqu'ici nous ne sommes pas mieux informés que par la charte de Dom Fonteneau. La fondation par Aldéarde reste vague entre 955 ou 960 et 1014.
Il est dit ensuite que par le conseil de l'évêque Gislebert, Hildéarde établit des chanoines pour le service de cette église, consilio domini Gisleberti, bonae mémoriae viri, Pictavorum episcopi, canonicos in ipsa constituit. — Dreux du Radier et M. Beauchet-Filleau ont entendu que Gislebert était évêque lorsqu'il conseilla à Aldéarde d'établir des chanoines dans l'église quelle venait d'édifier. Nous ne croyons pas que ce texte doive être nécessairement interprété d'une façon aussi explicite.
Avant d'être évêque en titre, Gislebert prit part à l'administration du diocèse de Poitiers, en qualité d'archidiacre. — Gisleberti episcopi archidiaconi, lit-on dans une charte publiée par Besly (18) ; — Gislebertus I, regnante Lothario, archidiaconi Pictaviensis dignitate functus est sub episcopatu decessoris [Pierre I], cujus sedem conscendit anno 975, dit le Gallia Christiana (19). — Il est très possible, étant donné surtout l'âge très avancé de l'évêque Pierre Ier (20), que ce soit lorsqu'il était archidiacre que Gislebert ait donné le conseil à Aldéarde de compléter sa pieuse fondation par l'installation d'un chapitre.
La mention, telle qu'elle est faite dans la charte de 1096, du conseil donné par Gislebert à Aldéarde, ne permet pas de l'attribuer à une date plutôt qu'à une autre.
Quand Pierre II réformait Airvault, Gislebert n'était plus depuis longtemps que « l'évêque Gislebert », Gisleberti Pictavorum episcopi ; ses actes étaient les actes de « l'évêque Gislebert », alors même qu'ils avaient précédé son épiscopat, tout comme aujourd'hui les poésies publiées il y a vingt ou vingt-cinq ans par feu le dernier évêque de Poitiers sont et resteront « les poésies de Mgr Bellot des Minières, » de « l'évêque Bellot des Minières », quoiqu'elles aient été écrites et imprimées par l'abbé Bellot des Minières bien avant son épiscopat, — tout comme les divers travaux d'érudition poitevine, publiés par l'ancien évêque d'Angoulême, Mgr Cousseau, avant sa promotion à l'épiscopat, sont et resteront les œuvres de « Mgr Cousseau », de « l'évêque Cousseau, » bien qu'elles aient vu le jour au temps où ce prélat n'était encore qu'un simple ecclésiastique. — Le langage courant ne s'attarde pas aux distinctions minutieuses des chronologistes et des historiens.
C'est tout aussi bien pendant la période antérieure à son élévation à l'épiscopat que pendant son épiscopat proprement dit, que Gislebert a pu s'occuper de cette affaire.
A quelle époque s'en est-il occupé en réalité? — La charte de 1096 ne le dit pas, et rien ne permet de suppléer à son silence.
Ce texte est vague. Il ne faut pas le traduire comme s’il était précis. — Ce texte est susceptible de deux interprétations. Il ne faut pas rejeter l'une de ces interprétations, sans indiquer le motif de cette élimination.
Nous croyons, pour notre part, qu'il est permis de pencher pour l'opinion contraire à celle de Dreux du Radier et de M. Beauchet-Filleau. On trouvera plus loin nos raisons. Il nous suffit pour le moment d'avoir établi qu'il est possible que l'intervention de Gislebert ait eu lieu avant 975, durant la période où il n'était qu'archidiacre.
Nous avions constaté que la première des deux opinions en présence était erronée. Nous pouvons affirmer que la seconde est insuffisamment justifiée.
Continuons notre analyse de la charte de 1096.
Les chanoines installés par Hildéarde n'ayant pas de chef, se relâchèrent de la discipline et finirent par abandonner leur église ; le sanctuaire de Dieu et les propriétés qui en dépendaient passèrent entre les mains de leurs héritiers, canonicis ibidem abeuntibus, quia sine pastoris regimine locus extiterat, cœpit eorum propago hœreditate sanctuarium domini Dei possidere et bona Dei servitio débita usurpare.
Les pères les transmirent à leurs enfants, filii et filiae a patribus, tanquam naturaliter sibi acciclentia, ea obtinere. — Cette désolation dura longtemps, extitit per multa tempora illius ecclesiae et bonorum ejus desolatio.
L'abbaye perdit ses ressources, et le service du culte cessa de s'y faire convenablement, ut commoda sibi attributa amitteret et Dei ministerium convenienter, uti deceret, illic non efficeretur.
— La ruine de l'église fut sur le point d'être la conséquence de la dispersion des chanoines, nisi subveniretur ei, eam intrinsecus et extrinsecus lapsum passuram.
C'est alors que regardant comme un devoir de réunir ce qui était dispersé, de relever ce qui était tombé, quia nostri est officii dispersa colligere, lapsa erigere, et sollicité d'autre part, consilio et precibus, par Aimery, vicomte de Thouars, et son fils Herbert, et aussi par les quelques chanoines qui avaient survécu à ces malheurs, et canonicis qui illic commorabantur obnixe postulantibus,
— l'évêque de Poitiers Pierre II se décida à mettre à la tête de la fondation d'Aldéarde un homme qui réparerait les désastres passés et assurerait la prospérité dans l'avenir, au dedans et au dehors, necessarium esse, ut illic pastorem constitueremus, qui interiorum et exteriorum utitis provisor et procurator existeret.
Il choisit Pierre de Saine-Fontaine, moine de l'abbaye de Lesterps, et le nomma abbé.
Quand cette réforme fut faite, nous dit la charte de 1096, le vicomte Ain1eri était mort, et son fils Herbert (Herbert II) le remplaçait, Arberto vicecomite Thoarcensium, filio Aimerici vicecomitis supradicti tune temporis defuncti, et optimatibus ejus atque multo populo prœsentibus.
Le vicomte Aimery mourut en 1093. Le commencement de la réforme de l'évêque Pierre II et de l'abbé Pierre de Saine-Fontaine se place donc entre 1093 et le début de l'année 1096, date de la charte où tous ces détails sont racontés.
Les deux chartes que nous venons d'analyser ne sont pas les seuls textes qui se rapportent aux origines de notre monument.
Deux passages de la Chronique de Saint-Maixent, dite de Maillezais, relatent des faits connexes de la fondation et de la réorganisation de l'église d'Airvault.
Le premier se trouve il l'année 1065, le second à l'année 1100.
Nous avons vu l'abbé Pierre de Saine-Fontaine chargé par l'évêque Pierre II, de la réforme morale et matérielle de l'abbaye. — La nécessité pour l'abbé Pierre de mettre les ouvriers dans l'église qu'il s'agissait de relever, nous parait indiquée par la charte de 1096: lapsa erigere... interiorum et exteriorum utilis provisor et proeurator.
Evidemment ce rôle architectural est fort secondaire aux yeux de l'évêque. La réforme spirituelle passe en premier lieu ; vient ensuite la reconstitution des biens du monastère. Cependant les travaux de construction ne sont pas complètement oubliés, et l'on sait qu'au moyen âge, c'est ce que l'on se préoccupait le moins de consigner posteritati successurae.
Cette interprétation des mots lapsa erigere, etc., est rendue très probable par la note donnée dans la Chronique de Saint-Maixent à l'année 1100.
A cette date la Chronique en question mentionne la consécration de l'église : « MC. Pridie calendas novernbris fuit sacrata ecclesia beati Pétri Aurese Vallis » (21).
Evidemment ce n'est pas l'église d'Aldéarde que l'on a consacrée en 1100 !
Tous les caractères de la construction romane qui forme la majeure partie de l'église d'Airvault, se rapportent bien à la fin du XIe siècle ou au commencement du XIIe. Le milieu du XIe siècle et le milieu du XIIe présentent respectivement des particularités typiques que nous ne rencontrons pas là. Il n'est pas douteux que l'édifice encore debout aujourd'hui ne soit celui dont la dédicace est consignée dans la susdite chronique.
En 1100 le gros œuvre tout au moins était achevé.
Le fait de la reconstruction sous la direction de l'abbé Pierre devient certain (22), quand on voit une petite église représentée sur la face antérieure du tombeau de cet abbé. — On songe involontairement, en examinant ce petit bas-relief, à l'architecte rémois Hugues Li Bergier, représenté sur sa pierre tombale, avec une réduction du monument qu'il avait fait élever (23).
— Pierre de Saine-Fontaine est un nom nouveau à ajouter à la liste des architectes de l'époque romane.
Nous laissons de côté la présence, dans le porche, au portail et dans les bas-côtés, de plusieurs détails dénotant dans celui qui a été le « maître de l'œuvre » la connaissance, de certains procédés décoratifs, autres que ceux qui étaient familiers aux artistes du pays poitevin. Pour nous, Pierre de Saine-Fontaine s'est souvenu de son abbaye de Lesterps, de l'oeuvre de l'abbé saint Gautier le bâtisseur, et des églises qu'il avait vues avant d'émigrer en Bas-Poitou.
— Mais c'est là une idée sur laquelle nous ne voulons pas insister : nous y reviendrons peut-être quelque jour, quand il nous aura été possible d'étudier plus à fond la sculpture romane du Poitou et des pays circonvoisins.
Donc, de par ses caractères architectoniques, de par la charte de 1096, de par la Chronique de Saint-Maixent, de par le bas-relief du tombeau de l'abbé Pierre, l'église d'Airvault est une construction des dernières années du XIe siècle.
Mais voici dans la Chronique de Saint-Maixent, une autre note, qui ne laisse pas que d'être un peu embarrassante : « MLXIV. Benedictio Sancti Pétri Aurese vallis fuit de crucifixo » (24).
A la suite de M. Beauchet-Filleau, MM. de Longuemar et B. Ledain ont admis que ce texte se rapportait au chœur de l'église et celui de 1100 à l'ensemble de l'édifice (25).
Au premier abord, l'interprétation paraît vraisemblable. Mais, en y regardant de plus près, elle n'est pas sans présenter certaines difficultés.
D'abord, elle n'est pas justifiée par l'analyse archéologique du monument. Toutes les parties romanes de l'église d'Airvault présentent une unité et une harmonie parfaites. Nous n'avons pas là deux constructions successives juxtaposées.
Ensuite, historiquement, elle donne lieu à diverses objections.
La Chronique de Saint-Maixent ne dit pas seulement qu'en 1064 eut lieu la bénédiction du crucifix. Elle ajoute — MM. de Longuemar et B. Ledain ont négligé ce détail, — que c'est en 1064 que les chanoines prirent possession de l'église d'Airvault : Tunc primum canonici cœperunt esse ibi (26).
Comment concilier ce second fait, contemporain du premier, avec les détails contenus dans Jacharte de l'évêque Pierre II ? (27).
Et d'abord une période de trente années est-elle suffisante — 1° pour que l'indiscipline ait eu le temps de s'introduire parmi les chanoines, au point que les biens de l'église soient passés aux héritiers de ces chanoines ; — 2° pour que ces héritiers les aient eux-mêmes transmis à leurs enfants ?
Avec beaucoup de bonne volonté et en ayant soin de ne pas oublier que les gens du xie siècle avaient un faible tout particulier pour la rhétorique, on pourrait peut-être soutenir que trente ans ont pu suffire pour faire passer les biens de l'abbaye aux mains des laïcs, et on trouverait sans doute un argument dans la présence des quelques chanoines qui ont réclamé auprès de Pierre II, canonicis qui illic commombantur obnixe postulantibus.
Je ne dis pas que l'argument serait péremptoire. Il peut s'agir, en effet, de chanoines très vieux, ou bien de chanoines entrés au service de l'église pas mal d'années après la fondation d'Aldéarde, car évidemment le chapitre ne s'est pas désagrégé de suite et d'un seul coup. Dans ces conditions, la présence des chanoines en 1094 ou 1096 ne prouverait pas grand'chose. Mais enfin on pourrait l'invoquer.
Malheureusement, il y a plusieurs autres inconvénients historiques à l'interprétation de MM. Beauchet-Filleau, de Longuemar et B. Ledain.
La construction d'Aldéarde remontait déjà loin, quand écrivait Pierre II, quondam ædificavit. — Eût-il parlé de la sorte s'il se fût agi d'un édifice laissé inachevé depuis trente ans seulement?
L'état de désolation de l'église d'Airvault dura longtemps, multa tempora. — Ce terme est inexplicable, si le désordre n'a commencé que postérieurement à 1064.
Chose plus grave. La charte de Pierre II dit que c'est Hildéarde qui établit les chanoines, canonicos instituit. Or, en 1064, il y avait cinquante ans qu'Hildéarde était morte. — Gislebert, d'après le conseil duquel elle avait établi les dits chanoines, était également dans la tombe depuis à peu près autant de temps.
Il est impossible que cette date de 1064 corresponde réellement à l'établissement des chanoines à Airvault.
Il faut, bon gré mal gré, admettre qu'il y a là une erreur dans la chronique de Saint-Maixent.
Après tout, la chose n'a rien d'étonnant. Dans leur édition de ce document, MM. Marchegay et Mabille ont « dû rectifier quelques dates fautives par suite d'erreurs évidentes du copiste » (28). L'inexactitude que nous relevons n'en ferait qu'une de plus.
Mais serait-il possible d'expliquer cette inexactitude ? Nous proposons l'hypothèse suivante :
Quand le moine de Maillezais ajouta à sa copie de la chronique de Saint-Maixent les renseignements qu'il avait recueillis sur l'abbaye d'Airvault, il pourrait fort bien s'être trompé d'un siècle et avoir inscrit à la rubrique 1064 ce qui devait appartenir à la rubrique 964.
Reportée de la sorte vers 960, la fondation de l'église d'Airvault se placerait à l'époque où Gislebert aidait l'évêque Pierre Ier dans l'administration du diocèse de Poitiers, — ce que la charte de 1096 nous permet d'admettre, tout aussi bien que l'opinion de Dreux du Radier et de M. Beauchet-Filleau.
La charte de 1096 nous dit que lorsque la construction fut convenable, ædificata decenter, Aldéarde y installa des chanoines, et dota l'église. — Le complet achèvement de l'édifice jusqu'à l'autel du crucifix, jusqu'à la première travée de la nef en d'autres termes, permettait parfaitement l'entrée en fonctions des chanoines (29).
Notre hypothèse n'est donc pas en contradiction avec les autres textes formels. — Au contraire, elle les concilie.
Elle a surtout l'avantage de ne pas faire agir Aldéarde et Gislebert un demi-siècle après leur mort.
Quelques fragments de l'église d'Aldéarde sont parvenus jusqu'à nous: ils se trouvent dans la muraille de la travée du bas-côté nord, la plus voisine du transept. Un plâtrage badigeonné en a recouvert longtemps la plus grande partie. Aujourd'hui ce plâtrage tombe peu à peu et les sculptures de la primitive église d'Airvault apparaissent de plus en plus.
Nous regardons également comme un reste de l'édifice du Xe siècle les deux piliers carrés placés sous le porche et que nous avons décrits au début de ce chapitre.
Cela est relativement peu de chose.
— L'église d'Airvault appartient dans son ensemble aux cinq dernières années du XIe siècle (30). C'est par conséquent un des rares spécimens d'églises romanes à date absolument certaine que possède le Poitou.
Société des antiquaires de l'Ouest
Recherches pour servir à l'histoire des arts en Poitou / par Jos. Berthelé,...
Les anciens Ponts du THOUET - Airvault et le pont de Vernay. <==.... .... ==> Fouille du Tombeau de Pierre, Premier abbé de l'église romane d'Airvault.
988 - Donation à Saint-Géraud d'Aurillac par Aldegarde comtesse d'Angoulême, de divers biens sis en Poitou <==.... ....==> Caino, castrum - Le château de Chinon des comtes de Blois - Emma se réfugie après l'adultère de Guillaume Fièrebrace et Aldéarde
Aldéarde est restée célèbre par la mésaventure qui lui arriva vers les années 980. Ayant eu une liaison avec le comte de Poitiers Guillaume Fier à Bras, elle se trouva exposée à la vindicte de la femme de ce dernier, Emma de Blois. Emma se vengea en faisant rudoyer et violer sa rivale lors d'une rencontre. Emma se réfugia alors dans le château de Chinon, où elle attendit que son mari lui pardonnât cette action.
(1) Renseignements recueillis en 1926, auprès de deux habitants d'Airvault
(2) Le Moyen-Age. 1947, p. 144 et suiv. Grand. Charte de donation, par la Comtesse Aldéard, pour le salut des vivants et le repos des morts, de ses biens situés en Poitou, soit : le monastère consacré à Saint-Pierre dont le nom est Airvault, avec celui de Saint-André (Saint-Jean de Bonneval) à Raymond de Lavaur, abbé de Saint-Géraud d'Aurillac, charte datée des Ides du mois d'Août, le mercredi, de la première année du règne de Hugues Capet, soit 988. Dans nos Notes et Notices sur Airvault, nous avons indiqué, sur la foi d'une copie existant dans le chartrier de Thouars (A.N. La Trémaille, 605) la date de 990 pour la charte de donation de serfs d'Irais à ce monastère.
(3) Cf. IMBERT, Histoire de Thouars, tome X de la 2* série des Mémoires (le «f Société de Statistique des Deux-Sèvres, année 1870, p. 3t.
(4) BERTHRE DE BOURNISEAUX, Histoire de la ville de Thouars, Niort, 1821, p. J-..
(5) Bibliothèque de la ville de Poitiers. Manuscrits de Dom Fonteneau, tome xxvi, p. 143-144.
(6) THIBEAUDEAU, Histoire du Poitou, édit. de 1839, tome 1er, p. 219.
(7) DREUX DU RADIER, Bibliothèque historique et critique du Poitou, édit. de 1754, tome 1a, p. 21.
(8) « Conditur ab Hildegardi de Audenaco vicecomitissa... vidua Herberti 1, Thoarcii vicecomitis, qui decessit an. 973. » Gallia christiana, tome II, col. 1386.
(9) AUBER. Histoire de la Cathédrale de Poitiers, apud Mémoires de la Société des Antiquaires de l'Ouest, tome xvn, année 1859, p. 186,
(10) Recherches, etc., apud Mém. Soc. Ant. Ouest, t. xxiv, p. 227, cf. p. 180; tirage à part, p. 101, cf. p. 4. — « Cette opinion, ajoute M. neauchet Filleau, a le grand tort, selon nous, de n'ètre qu'une hypothèse qui, si elle n'est condamnée par aucuns documents, ne peut non plus s'étayer d'aucunes preuves. »
(11) Mém. Soc. Antiq. Ouest, t. XXIV, p. 281 ; tirage à part, p. 103.
(12) Mém. Soc. Antiq. Ouest, t. IV, p. 27.
(13) Idraicus pour Idriacus, auj. Irais, à 8 kilom. d'Airvault, entre Saint-Géneroux et Saint-Jouin-lès-Marnes.
(14) Bibliothèque de la ville de Poitiers. — Manuscrits de Dom Fonteneau, tome XXVI, pages 143-144.
(15) BESLY, Evesques de Poictiers, 1647, p. 82 à 85.
(16) Gallia christiana, tome II col. 1386-1387.
(17) Mém. Soc. Antiq. Ouest, t. XXIV, p. 278 à 281 ; tirage à part, p. 102 à 105. — Le texte donné par M. Beauchet-Filleau est meilleur que celui de Besly et du Gallia ; il a été revu sur la pièce originale.
(18) BESLY, Evesques de Poitiers, p. 49. - RÉDET, Cartulaire de l'abbaye de Saint-Cyprien de Poitiers, apud Archives historiques du Poitou, t. III, p. 92. Le texte publié par M. Rédet donne seulement « Gisleberti archidiaconi. »
(19) Gallia Christiana, t. II, col. U61.
(20) Pierre Ier « mourut très vieux l'an 975 ». BESLY. Evesques de Poitiers, p. 49.
(21) MARCHEGAY et MABILLE, Chroniques des Eglises d'Anjou, p. 420.
(22) Nous croyons devoir être plus affirmatif que ne l'a été M. B. Ledain. — « Rien « n'empêche historiquement (dit-il) d'attribuer à Pierre de Saine-Fontaine, nommé « abbé en 1096, l'honneur de la reprise des travaux de construction de l'édifice, « dont le chœur était achevé depuis 1064. Il est tout au moins certain qu'il a « contribué à son achèvement et assisté à sa dédicace en 1100; et nous nous « demandons si le petit édicule sculpté sur un des pignons de son tombeau ne « serait pas une représentation grossière de l'église, un témoignage de la part « contributive qu'il y aurait prise. » (Mém. de la Soc. des Antiq. de l'Ouest, 1880, p. 371). — Cf. notre article sur AIRVAULT dans la Grande Encyclopédie.
(23) Voir apud Annales archéologiques, tome ier, planche hors texte, et apud Magasin pittoresque, 1810, fig. p. 268. Cf. Bulletin monumental, 1887, p. 367-508.
(24) MARCHEGAY et MABILLE, Chroniques des Eglises d'Anjou, p. 403. — Cf. Bt!SLY, Hist. des Comtes de Poitou et des Ducs de Guyenne, éd. de 1647, p. 34t.
(25) BEAUCHET-FILLEAU : « Quant à l'année dans laquelle fut consacrée l'église, nous ne sommes pas beaucoup plus heureux. Besly (Comtes de Poitou p. 99), prétend que cette cérémonie eut lieu en 1065, tandis que si l'on en croit la Chronique de Saint-Maixent (vulgo de Maillezais), suivie par les éditeurs de la Gallia « Christiana, ce ne fut qu'en 1100.
Peut-être l'historien et le chroniqueur ont-ils raison l'un et l'autre. Peut-être Bes]y ne mentionne-t-il qu'une consécration partielle, du chœur de l'église par exemple, qui, terminé à cette époque, fut immédiatement mis en état de servir aux fidèles, et la chronique parlerait seulement « alors de la cérémonie solennelle, après laquelle l'église tout entière, parachevée, aurait été livrée au culte. Mais rien ne vient, encore ici, donner tort ou raison à l'une ou l'autre hypothèse. » (Mém. Soc. des Antiq. de l'Ouest, t. xxiv, p. 283 ; tirage à part, p. 107).
DE LONGUEMAR : « M. Beauchet-Filleau nous semble avoir judicieusement concilié les divergences de ces deux dates, en attribuant la plus ancienne à la consécration du chœur achevé le premier, et la seconde à l'ensemble de l'église terminée à l'autre époque seulement. » (Mém. Antiq. de l'Ouest, 2" série, t. m, p. 356).
B. LEDAIN : « Le chœur était achevé depuis 1064 » (ibid. p. 371).
(26) MARCHEGAY et MABILLE, Chroniques des Eghses d'Anjou, p. 403. — Cf. BESLY, p. 344.
(27) BEAUCHET-FILLEAU : « Nous ne sommes destinés, dans ce premier siècle, à ne rencontrer que des incertitudes, à nous heurter à chaque pas à des contradictions ; car, d'après Besly (Comtes de Poitou, p. 99), les chanoines réguliers furent établis dans notre monastère dès 1068. Si cela avait [eu] lieu, la charte de Pierre II mentionnerait cette première réformation, citerait le nom de l'évêque qui serait intervenu pour mettre un terme au scandale, le nom du premier abbé chargé d'y « rétablir la discipline. » (Mém. des Antiq. de l'Ouest, t. xxiv, p. 282; tirage à part, p. 106-107.)
(28) Chroniques des Églises d'Anjou, introduction, p. xxxvi.
(29) Il serait facile de citer nombre d'églises qui furent livrées au culte aussitôt après l'achèvement du sanctuaire et du transept.
(30) Ch. ARNAULD: « L'évêque de Poitiers, Pierre 1 (sic), songea à une réforme qui « eut lieu à la fin du XIe siècle, et à la demande du vicomte de Thouars ; c'est alors que les chanoines devinrent réguliers, qu'ils suivirent l'institut de saint Augustin et furent guidés par des abbés qu'ils eurent le droit de choisir eux« mêmes.
C'est quelque temps après que l'église actuelle fut faite ; il y avait eu « déjà une autre reconstruction en 1063 » (Monuments des Deux-Sèvres, 1re édit. p. 128; 2e édit. p. 170). — Nous sommes d'accord avec Arnauld sur la date de l'église actuelle; nous rejetons sa reconstruction de 1063. Nous n'admettons que deux édifices successifs: celui d'Aldéarde (96t?) et celui de Pierre de Saine-Fontaine (1095-1100).