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PHystorique- Les Portes du Temps
24 juillet 2021

988 - Donation à Saint-Géraud d'Aurillac par Aldegarde comtesse d'Angoulême, de divers biens sis en Poitou

Une Charte inédite du Xe siècle Donation à Saint-Géraud d'Aurillac, par Aldegarde, comtesse, douairière d'Angoulême, de divers monastères, églises et biens-fonds, sis en Poitou, dans les pays  de Thouars et de Niort (avril 988).

La collection Moreau, à la Bibliothèque Nationale, se compose de nombreux registres qui sont les recueils factices des copies de documents que, dans les dernières années de l'Ancien Régime, l'historiographe du roi, Moreau, se faisait envoyer à Paris pour enrichir le Cabinet des chartes par les correspondants, érudits laïques ou religieux, qu'il entretenait à cet effet auprès des chartriers de province les plus importants ou les moins explorés précédemment.

Beaucoup des actes copiés existent encore à l'état d'originaux en des dépôts d'archives ou de transcriptions dans des cartulaires d'où les copistes de Moreau les ont tirés ; mais nombreuses sont aussi les pièces disparues ou égarées depuis l'époque de cette prospection. La copie ainsi conservée à la Bibliothèque Nationale, selon un ordre d'ailleurs purement chronologique, prend alors valeur d'original, réserve faite, bien entendu, des fautes de lecture dont le nombre et la gravité varient naturellement d'après la science et le soin du copiste dont elle émane.

Dans le volume n° 14 de la collection, consacré aux actes des années 987 et 988, se trouve, folio 71, la copie faite à Aurillac, en 1787, par Vacher de Bourg l'Ange ou de Tournemine, correspondant, assez bon paléographe, de Moreau pour la Haute-Auvergne (1), d'une charte de 988 dont l'original, aujourd'hui perdu, existait à cette époque dans le chartrier de l'ancienne abbaye — devenue au XVIe siècle le chapitre séculier — de Saint-Géraud.

On en trouvera le texte, resté inédit, à la suite de l'étude dont nous avons cru bon de le faire précéder afin de montrer l'intérêt qu'il présente pour l'histoire d'un siècle aussi pauvre en documents que le Xe.

 Cet intérêt tient à sa nature propre et aux données que peuvent en tirer la chronologie et l'histoire des trois provinces de Poitou, d'Angoumois et d'Auvergne.

Nous en proposons la traduction suivante :

« Le vénérable couvent d'Aurillac a été construit en l'honneur des apôtres Pierre et Paul et solennellement dédié (2) au patronage du glorieux confesseur saint Géraud et des autres saints.

 Ce lieu est situé au comté d'Auvergne, touchant le lit de la Jordanne, dans le district du Carladès.

» Le très bienheureux confesseur du Christ, Géraud, qui en est le fondateur, y repose dans un tombeau. Les prières variées que les habitants du pays adressent sans cesse à ses reliques très augustes montrent de quelle réputation ses vertus sont l'objet.

» C'est là que dom Raymond, abbé (3), se dépense avec le soin le plus vigilant pour cette communauté monastique dont les membres prient continuellement pour le salut des vivants et le repos des morts.

» Voilà donc pourquoi, au nom de Dieu, moi, Aldegarde, je suis l'avertissement de la clémence divine qui m'incite, pendant que je suis toujours dans ce siècle, au devoir de songer plus attentivement à mon âme et c'est ce que je fais.

En conséquence, je cède audit lieu quelques-uns de mes biens propres situés au « pays » de Poitou, à savoir :

le monastère, consacré en l'honneur de l'apôtre saint Pierre, dont le nom est Airvault, avec tout ce qui s'y rattache sans aucune exception ; et, dans un autre lieu, un autre monastère de filles joignant le château de Thouars et fondé en l'honneur de saint André avec toutes ses dépendances ; et, dans le « castrum » même de Thouars, l'église de Saint-Médard et tout ce qui en dépend; et, dans le même « pays », en un autre lieu qu'on appelle le Niortais, un autre monastère consacré en l'honneur de la sainte Vierge Marie et de saint Vincent, martyr, où repose aussi, enseveli, le confesseur du Christ saint Léger, avec toutes les dépendances de ce couvent ; et, dans le même terroir, l'église construite en l'honneur de saint Caprais, avec tout ce qui s'y rapporte; et, dans le même « pays », en un autre lieu, la « terre de Mainard », qui est un conquêt de ma communauté conjugale avec le vicomte Arbert, mon « seigneur », avec ses églises et ses domaines ruraux, sans aucune réserve.

» Tous les biens énumérés ci-dessus, je les donne, moi, Aldegarde, à mon seigneur Jésus-Christ, à saint Pierre et à saint Géraud pour le salut de mon âme et de celles de mes père et mère, de mon seigneur Arbert et de mes fils, et aussi du comte Arnaud, de telle façon qu'aucune puissance quelconque ne soit capable d'empêcher l'accomplissement de ma volonté.

» Si quelqu'un voulait le faire, que Dieu tout-puissant lui impose les plaies dont l'Egypte fut frappée; que se multiplient sur lui les plaies qu'on lit dans la sainte Apocalypse ; que son nom soit effacé du livre des vivants et qu'il ne soit pas inscrit parmi les justes ; que sa mémoire disparaisse aux regards de Dieu tout-puissant et qu'il subisse éternellement les peines de l'enfer avec Datan et Abiron et avec le traître Judas.

» Cette charte de donation fut faite au mois d'avril, le mercredi, l'année où le roi Hugues commença son règne. — Seing de la comtesse Aldegarde, à la demande de qui cette charte fut écrite et confirmée. Seing de Raimfroi, clerc. Seing d'Augier. Seing d'Aimeri. Seing d'André. Seing. »

Ce document suggère un certain nombre d'observations.

Disons d'abord que la donatrice n'est pas une inconnue.

 

Aldegarde, nommée ailleurs Hildegarde, Hildéarde, Audéarde, Audiarde, Otholgarde, figure dans les recueils de chartes des abbayes poitevines de Nouaillé, de Saint-Maixent et de Saint-Cyprien, angoumoisine de Saint-Cybard, angevine de Saint-Florent de Saumur.

Elle a retenu l'attention des érudits qui les ont publiées ou commentées. Le plus récent, M. Léon Levillain, s'est efforcé, usant de sa profonde connaissance de la société précapétienne dans cette région aquitanique, de dégager les traits de sa personnalité ou les faits de son existence, que des textes malheureusement trop rares et trop laconiques, rapprochés les uns des autres, lui permettaient d'entrevoir (4).

Ils se réduisaient jusqu'à présent à ceci : Aldegarde était la fille d'un Cadelon, vicomte d'Aulnay, en Poitou, et d'une Senegonde, issue de la famille des vicomtes de Marcillac, en Angoumois. Elle appartenait donc par sa naissance à ces deux « pagi » voisins : Poitou et Angoumois ; elle devait rester fidèle par ses mariages à cette double attache.

 

En effet, après avoir été la femme d'Arbert, vicomte de Thouars, en Poitou, dont elle eut cinq enfants et avec qui elle fonda, en 969, le prieuré de Château-Larcher (5), devenue veuve, probablement en 976 (6), elle épousa, entre 977 et 987, Arnaud, comte d'Angoulême, fils de Guillaume Ier Taillefer et veuf d'une première femme nommée Raingarde.

 

 Arnaud "Manzer" Bâtard d'Angoulême, comte d'Angoulême

Cet Arnaud est connu dans l'histoire sous le fâcheux sobriquet latin de Manzer — qui signifie bâtard né d'une prostituée, littéralement « fils de p. », comme disaient nos pères en leur langage réaliste - ou de l’Avoutron, c'est-à-dire enfant de l'adultère, double surnom qui ne laisse aucun doute sur l'irrégularité foncière de sa naissance et qui explique bien comment il dut conquérir le comté d'Angoulême de haute lutte, voire par le crime, en tuant l'un de ses cousins-germains, Renoul Bompar, et chassant l'autre, Richard le Simple (7).

 

La réalité du second mariage d'Aldegarde avec le comte Arnaud, qui lui valut de pouvoir s'intituler elle-même comtesse dans des actes authentiques, est attestée par une charte non suspecte du cartulaire de Saint-Cybard d'Angoulême (8), d'après laquelle le comte, à la prière de sa femme « Hildegarde », concède à cette abbaye la dîme du tonlieu d'Angoulême ; et Hildegarde signe avec lui.

A une date qui n'est certainement pas antérieure à 976, — année où l'on voit pour la première fois Aimeri, l'aîné des cinq fils qu'elle eut d'Arbert de Thouars, paraître dans un acte avec le titre de vicomte, ce qui permet d'en déduire qu'il a dès lors succédé à son père

— Aldegarde, appelée par le rédacteur de cet acte Otholgarde sans qu'il puisse y avoir pour cela lieu de douter que cette simple variante d'un même prénom désigne une seule et même personne, fait une donation en faveur de Saint-Cyprien, et son fils Aimeri y souscrit auprès d'elle. Nous verrons que cet acte se place réellement en l'année 988.

Aldegarde fait encore une importante donation à l'abbaye de Nouaillé (9) «  in rnense januario regnante anno primo Rotberto rege ».

Le couronnemnet de Robert ayant eu lieu le 30 décembre 987, il s'agit normalement du mois de janvier 988. Mais les érudits ont été gênés pour adopter purement et simplement cette indication précise par le fait qu'une charte de Saint-Maixent ne fait mourir Arbert qu'en 988.

Or, Aldegarde déclare dans sa donation à Nouaillé qu'elle la fait pour le repos de l'âme de ses père et mère, du vicomte Arbert et du comte Arnaud.

 Il fallait donc trouver une concordance entre ces diverses indications. M. Levillain s'y est appliqué avec beaucoup de science et d'ingéniosité (10). Malheureusement, ici encore, ses conclusions se trouvaient viciées d'avance puisque tout le raisonnement tournait autour de la mort d'Arbert dont le faussaire de Saint-Maixent a placé l'ensevelissement dans son monastère en 988 (11)

Bien que son caractère apocryphe ne mérite en soi pas tant d'honneur, comme cette charte de Saint-Maixent a littéralement empoisonné par ses prétendues précisions l'atmosphère historique de cette fin du Xe siècle en Poitou, il est bon que nous en résumions ici la substance.

Oh ! le scénario est assez habilement monté pour faire illusion à trente ou quarante ans de distance, par exemple, c'est-à-dire quand tous les pseudo-acteurs ont disparu et que les faits allégués s'estompent désormais sans netteté.

L'acte se présente comme une restitution qui aurait été faite par Aldegarde et ses cinq fils, dont les noms, d'ailleurs exacts, sont inscrits dans l'acte, à Bernard, abbé de Saint-Maixent, et à sa prière, de l'église dédiée à Notre-Dame et à saint Vincent et « maintenant appelée le monastère du saint confesseur Léger ».

Il s'agit de l'abbaye de Saint-Liguaire, au sud de Niort, que la charte ici publiée attribue précisément non pas à Saint-Maixent mais à Saint-Géraud.

Cette abbaye de Saint-Liguaire, donnée jadis à Saint-Maixent par les ancêtres d'Arbert, lui aurait été ravie par ce dernier.

Pour donner plus de vraisemblance à la généreuse disposition des donateurs imaginés, le rédacteur invente une mise au tombeau préalable d'Arbert par ses héritiers dans l'église du couvent poitevin, sépulture qui aurait eu lieu en mai 988, après quoi seulement aurait été passé l'acte de la soi-disant réparation destinée à obtenir au coupable défunt, par l'intercession de saint Maixent, que son âme échappe aux flammes infernales.

Sans doute n'est-ce pas un pur effet du hasard que cet acte faux porte justement la date de mai 988 alors que la vraie donation de Saint-Liguaire par Aldegarde, celle qu'elle avait faite en faveur de Saint-Géraud d'Aurillac, était d'un mercredi d'avril de cette même année.

 Le faussaire avait dû la connaître et désirait y substituer la sienne sans se douter certainement du trouble qu'il allait inconsciemment apporter aux historiens pour l'interprétation chronologique des faits dans cette région (12).

Il résulte de tout ceci qu'il n'y a plus aucune raison de refuser à la donation faite par Aldegarde au monastère de Nouaillé la date de janvier 988. Ainsi notre charte de Saint-Géraud d'Aurillac remet toutes choses en ordre.

L'année 988 marqua vraiment dans l'âme pieuse, généreuse et bonne d'Aldegarde une crise de conscience. Inquiète pour le salut éternel de ses deux époux successifs, qui avaient manifesté de leur vivant un goût exagéré des biens ecclésiastiques, elle distribue coup sur coup aux abbayes de Nouaillé, en janvier, de Saint-Géraud, en avril, et de Saint-Cyprien, en mai si l'on adopte l'opinion de A. Richard, une quantité considérable d'immeubles, prélevée sur sa fortune personnelle, sur ses biens propres et conquêts, tandis que, par l'ascendant de sa piété et de sa haute probité spirituelle, elle réussit à obtenir de son mari Arnaud qu'il restaure, avant de mourir, le monastère de Saint-Amant-de-Boixe, et gratifie celui de Saint-Cybard de la dîme, usurpée jadis, du tonlieu d'Angoulême.

Ne peut-on pas émettre également l'hypothèse que sa douce insistance ne fut pas étrangère à la détermination d'Arnaud, vieilli et peut-être bien malade, de solliciter son admission comme oblat de ce dernier couvent?

Cette même année 988, si propice aux gestes de réparation, par une coïncidence qui n'est certainement pas non plus involontaire, Guillaume II, fils d'Arnaud et de sa première femme, Raingarde, par conséquent beau-fils d'Aldegarde, donnait, lui aussi, à l'évêque d'Angoulême, Hugues, le monastère restauré de Saint-Amant « autrefois soustrait par ses pères au siège de saint Pierre », et dont le comte Arnaud, au dire d'Adémar de Chabannes, venait d'achever la restauration sans avoir encore eu le temps d'y installer le moine Francon qui allait être chargé par Guillaume II d'y organiser une communauté monastique selon la règle de saint Benoît (13).

Guillaume, à l'instar d'Aldegarde, déclare faire ce don pour l'âme de son père Arnaud et de ceux qui ont contribué de leurs subsides à la construction de la basilique de Saint-Amant : « ut mihi animaeque genitoris mei Arnaldi necnon et eorum qui fideli devotione de propriis stipendiis basilicam ipsius sancti confessoris exstruere idem beatus Petrus …pariterque Christi confessor Amantius ante tribunal aetemi Judicis in magno judicii die nobis subveniant atque ab aeternis cruciatibus eripiant ) .

 II est difficile d'indiquer plus clairement que l'acte de restitution est de l'époque où furent achevés les travaux que la charte fixe elle-même à 988.

Adémar de Chabannes — que l'on peut croire en la circonstance puisqu'il était limousin et fut moine à Angoulême — nous dit qu'Arnaud Manzer mourut le 4 mars (14). Il ne peut s'agir que du 4 mars 987.

En effet, la charte de Nouaillé, de janvier 988, montre Aldegarde faisant prier pour des morts : son père, sa mère et ses deux maris successifs « ut mihi et illis pius Dominus in ultima die magni judicii. veniam tribuere dignetur ».

Enfin, dans la donation à Saint-Geraud, du 4 avril 988, toujours elle revient à la même formule : « pro anima mea et patris mei ac matris mee et anima senioris mei Arberti et filiorum meorum necnon etiam Arnaldi comitis ».

Cette pauvre femme, au lendemain du décès d'Arnaud, dont la fin seule avait été édifiante car, toute sa vie, il avait terriblement senti le fagot, n'a qu'une idée, devenue pour elle une hantise, cela saute aux yeux : réparer tous les torts qu'il a faits à l'Eglise ; réparation que lui-même, sous son influence, a ébauchée, mais que la mort l'a empêché de parachever. Du même coup, étendre le bénéfice de cette œuvre pie à l'âme de son premier maître et « seigneur », Arbert.

Rappel tardif, au demeurant : celui-ci devait être mort depuis 976. On ne le voit plus figurer dans aucun acte après cette date tandis que son fils aîné Aimeri, au contraire, y apparaît avec le titre de vicomte dès 977 (15).

N'en voilà-t-il pas assez pour affirmer hardiment qu'Arnaud avait cessé de vivre en 988 ? Ainsi se trouve éclairci sans témérité un point resté particulièrement obscur dans la chronologie des comtes d'Angoulême et, par contre-coup, des vicomtes de Thouars.

Mais, dira-t-on, que vient faire saint Géraud dans un milieu si proprement poitevin et angoumoisin ? Pourquoi cette donation de biens sis dans le Thouarsais et le Niortais à une abbaye auvergnate? Pourquoi, parmi tant de corps saints vénérés alors au sud de la Loire, cette préférence pour les reliques du « bon comte » d'Aurillac?

Nous n'oserions ici être aussi affirmatif que tout à l'heure, car le mystère des âmes est insondable et Aldegarde seule eût pu dire les raisons intimes de sa pieuse prédilection.

Toutefois nous pensons que le choix de l'abbaye aurillacoise, en dehors de la haute renommée de son pèlerinage, encore dans toute la fraîcheur de son éclat récent, accentue davantage, si possible, le caractère réparatoire des multiples libéralités de notre « comtesse ».

Nous avons montré ailleurs (16) comment l'abbaye de Saint-Amant, au diocèse d'Angoulême, était une filiale de celle d'Aurillac vraisemblablement fondée au cours du Xe siècle dans un coin de la forêt de la Boixe.

 Cette forêt avait dû lui être léguée par son riche et puissant fondateur, le comte Géraud, avec l'ensemble de l'immense fortune dont lui-même avait hérité, s'il faut en croire son biographe, Eudes de Cluny (17), qui écrivait peu de temps après sa mort, de sa famille paternelle, laquelle n'était autre que celle des comtes de Limoges et de Poitiers (18).

A une date inconnue du Xe siècle, les comtes d'Angoulême avaient accaparé cette fondation, probablement négligée par la lointaine abbaye auvergnate.

Quand, pris de remords et poussés par Aldegarde, Arnaud puis Guillaume voulurent la rendre à l'Eglise, ce n'est pas à Saint-Géraud qu'ils s'adressèrent, mais à l'évêque local, le pontife Hugues, fin lettré avec lequel ils entretenaient à Angoulême des relations de relative confiance (19).

Mais la délicate conscience d'Aldegarde dut souffrir d'une demi-mesure qui rendait bien à l'Eglise en général ce qui avait appartenu à l'Eglise, mais en se trompant d'adresse quant à l'institut propriétaire et en laissant ainsi Aurillac frustré de son bien personnel. C'est du moins ce qu'on peut inférer avec vraisemblance du don considérable qu'elle fit, au même moment, à Saint-Géraud.

Elle lui concédait sur ses propres biens l'abbaye d'Airvault, le petit couvent de moniales dédié à saint André près du château de Thouars, l'église de Saint-Médard, à Thouars même, et, dans le Niortais, l'abbaye de Saint-Liguaire, l'église de Bessine, dédiée à saint Caprais, et la « terre de Mainard », qu'il n'a pas été possible d'identifier avec certitude et qui faisait partie des conquêts de sa communauté conjugale avec Arbert.

Les précisions qu'elle donne sur la situation d'Aurillac, tout au bord de la Jordanne, dans le « ministerium » (20) du Carladès, au comté d'Auvergne, la connaissance personnelle qu'elle paraît avoir de l'abbé Raymond de Lavaur, qui fut le maître, puis l'ami et le correspondant de Gerbert, la façon dont elle parle du tombeau de saint Géraud et de la vénération dont il est l'objet donnent à penser qu'elle dut aller, sur place, en pèlerinage, prier devant ses reliques.

Ses entretiens avec Raymond de Lavaur, qui lui aurait fait connaître la violation par les comtes Arnaud et Guillaume des droits d'Aurillac sur Saint-Amant, n'auraient peut-être pas été étrangers - - joints à son désir d'avantager un monastère alors si célèbre — à sa détermination de compenser, et au- delà, par une large libéralité le tort causé par son mari et son beau-fils quand ils avaient restitué le couvent de la Boixe à l'évêque d'Angoulême et non à l'abbé d'Aurillac.

 En voyant son zèle presque inouï de réparation, son ardeur à se détacher des biens de ce monde, on est tout naturellement amené à se demander si elle n'agissait pas ainsi à la veille de se faire recevoir oblate, donata, par un couvent de moniales, comme son mari l'avait obtenu de Saint-Cvbard?

Aucun texte ne nous autorise toutefois à l'affirmer ; aucun non plus ne s'y oppose. Le fait qu'Aldegarde, postérieurement à 988, donne sa signature à des chartes souscrites en Poitou par ses enfants, ne va nullement à l'encontre de cette hypothèse, qui reste très vraisemblable. L'oblat ne subit pas la mort civile du moine. Il reste un séculier.

Quoi qu'il en soit du mobile, au demeurant peut-être assez complexe, qui inspirait Aldegarde, il ne semble pas que Saint-Géraud ait longtemps profité de ses largesses.

Comme de ceux qu'il fit revivre avec succès au XIe siècle, par un procès en revendication de Saint-Amant, la trace de ces droits a dû disparaître dans la grande crise subie à cette époque par l'abbaye auvergnate, obligée, pour être défendue par de puissants seigneurs, comme les comtes de Turenne, de Carlat, plusieurs nobles de la région du Quercy et d'autres voisins, de leur inféoder une grande partie des domaines ayant formé l'immense alleu de son fondateur.

 A cette contrainte durent échapper moins que toutes autres des possessions lointaines comme celles du Thouarsais et du Niortais, dont les trop puissants bénéficiaires sont probablement compris parmi les « vicini nobiles » auxquels la Brève chronique du couvent d'Aurillac fait, en gros, allusion (21).

Il convient d'ajouter aussi que, dans la première partie du XIe siècle, cette même Chronique d'Aurillac nous montre ce monastère dirigé par une série d'abbés incapables ou indignes, qui laissèrent pérécliter son patrimoine ou le dilapidèrent (22).

Il n'est pas impossible, au surplus, que Saint-Maixent, par exemple, ait eu quelque raison de revendiquer Saint-Liguaire.

Le céleste patron de cet établissement était précisément celui dont le corps gisait dans sa propre basilique. Cela laissait entendre que ce monastère lui aurait été arraché, alors qu'il lui avait été concédé autrefois par les auteurs d'Arbert (23).

Pour le mieux prouver, il aurait employé, ainsi qu'il arriva souvent à cette époque, l'argument du faux, plus indéfendable à nos yeux qu'à ceux des contemporains pour lesquels c'était un simple procédé de plaidoirie à l'appui d'une cause que la partie estimait juste. Il s'agissait donc, à son sens, de rétablir ainsi la justice et non de la violer. Si cette hypothèse était vraie, on aurait dans la fameuse charte de Saint-Maixent une nouvelle édition, après celle de Saint-Amant et en sens inverse, d'une restitution qui se tromperait de destinataire.

 

 

Sans vouloir alourdir d'autres détails ce simple commentaire, résumons les points acquis désormais à l'histoire grâce à ce texte resté étrangement inutilisé jusqu'à ce jour.

Par lui nous savons les dates approximatives de la mort d'Arbert, vicomte de Thouars (976), et d'Arnaud Manzer, comte d'Angoulême (4 mars 987), qui furent les maris successifs d'Aldegarde.

Il permet d'établir la fausseté, à sa date prétendue (988), de la charte de Saint-Maixent, du soi-disant enterrement à cette époque du vicomte Arbert dans l'église de ce monastère et de la pseudo-restitution à Saint-Maixent de l'abbaye de Saint-Liguaire, près de Niort, donnée, au contraire, par Aldegarde à Saint-Géraud d'Aurillac.

Il rend certaine la date de 988 pour les chartes de Nouaillé et de Saint-Cyprien, dont les indications chronologiques peuvent donc être prises à la lettre avec leur acception la plus normale.

Il révèle l'acquisition par Saint-Géraud de biens importants en Poitou dont les historiens de cette abbaye n'ont pas eu connaissance (24), car on n'en trouve par la suite aucune mention dans les documents aurillacois, mais qui peut-être représentaient dans la pensée de la donatrice une compensation de la spoliation commise à propos de Saint-Amant de Boixe, au préjudice d'Aurillac, par les comtes d'Angoulême.

Il fournit une nouvelle preuve de la déplorable administration que subit, au début du XIe siècle, l'abbaye de Saint-Géraud et qui la frustra, au profit de seigneurs voisins ou d'églises et couvents locaux, d'une grande partie de ses immenses possessions, provenant du fondateur ou acquises postérieurement, comme celles dont la gratifia la pieuse comtesse d'Angoulême.

 Enfin, il atteste avec éclat par des expressions non équivoques le haut renom, dans un rayon très éloigné de l'Auvergne et dès la seconde moitié du Xe siècle, dont jouit l'abbaye que gouvernèrent successivement deux grands abbés, Géraud de Saint-Céré et Raymond de Lavaur.

Il confirme ainsi, d'une façon moins confuse ou plus directe, la vogue qu'eut alors le pèlerinage au tombeau et à la célèbre statue d'or de saint Géraud, prototype probable, malheureusement perdu, de celle de sainte Foy conservée à Conques, ce que l'on savait par Eudes de Cluny, qui écrivait quelque cinquante ans plus tôt, et par Bernard, l'écolâtre d'Angers, qui rédigeait vers ce temps même ses Miracula sanctae Fidis.

Ne peut-on pas conclure, en terminant, que, pour ces siècles du haut Moyen âge où l'histoire souffre d'une telle pénurie de documents certains, le devoir s'impose au chercheur de publier tout texte inédit rencontré à l'état isolé ou inclus dans la partie la plus ancienne des nombreux cartulaires restés encore manuscrits?

Quelque modeste qu'il puisse apparaître d'abord, il est bien rare qu'il ne vienne pas combler, pour les spécialistes, une lacune ou permettre une rectification, une addition, soit à la chronologie générale, soit à la généalogie des grandes familles, soit à la biographie des personnages dirigeants, soit à l'histoire des églises séculières ou des établissements monastiques, soit à celle, encore si confuse, des divisions administratives en un temps où toutes les formes du monde occidental moderne sont au creuset, soit enfin — et ce n'est pas le moindre intérêt que l'on y cherche et que l'on y trouve aujourd'hui — à l'histoire de l'homme, du sol, de la famille, du travail et des modes d'appropriation ou de jouissance des choses.

 

Donation à Saint-Géraud d'Aurillac par Aldegarde comtesse d'Angoulême, de divers biens sis en Poitou, dans le Thouarsais et le Niortais. 988 (un mercredi d'avril)

Sacrosancti Aureliacensis cenobii quod est constructum in honore apostolorum Petri et Pauli sanctique Geraldi confessoris egregii ceterorumque sanctorum patrocinio honorifice consecratum et est ipse locus in comitatu Alvernico adjacens juxta alveum Jordana in ministerio Carlatensis (24), in quo videlicet loco beatissimus confessor Christi Geraldus, qui fundator loci ipsius extitit, conditus jacet, cujus qualis sit meriti variis virtutum orationibus ad ejus sacratissima membra assidue patratis terre incolis patet, ubi domnus Raimundus abbas vigilentissima cura super ipsam congregationem monasticam agonizare videtur, qui assidue orationes fungunt pro salute vivorum ac requie defunctorum.

Ob hoc igitur ego, in Dei nomine Aldegardis, ammonet me divina clementia ut, dummodo in hoc seculo subsisto, attentius pro anima mea cogitare debeam, quod ita et facio. Propterea cedo ad prefatum locum aliquid de rebus proprietatis mee que sunt site in pago Pictavensi, hoc est : monasterium quod est consecratum in honore sancti Petri apostoli cui vocabulum Aureavallis (25), quantum ad ipsum monasterium pertinet totum et ab integrum, et in alio loco aliud monasterium puellarum adjacens Toracensi (26) castro, quod est fundatum in honore sancti Andree (27) vel quantum ad ipsum monasterium pertinet, et in ipso castro Toracense (sic) ecclesiam Sancti Medardi (25) vel quantum ad ipsam ecclesiam pertinet, et in ipso pago, in alio loco qui dicitur Mortensis (29), aliud monasterium quod est consecratum in honore sancte Marie Virginis ac sancti Vincentii martyris, ubi etiam sanctus Leodegarius, confessor Christi, humatus quiescit, cum omnibus rebus eidem cenobio adherentibus (30) ; et, in ipsa terra, ecclesia que est constructa in honore sancti Caprasii (31), cum omnibus que ad ipsam ecclesiam pertinent ; et, in ipso pago, in alio loco terram Mainardi (32) quam conquistavi de Arberto vice-comite, seniore meo, cum ecclesiis, cum villis, cum omni integritate.

Has vero res superius nominatas cedo ego, Aldegardis, domino meo Jesu Christo et sancto Petro et sancto Geraldo pro anima mea et patris mei ac matris mee et anima senioris mei Arberti et filiorum meorum necnon etiam Arnaldi comitis, in ea vero ratione ut non possit ulla quelibet potestas devotionem mee voluntatis impedire.

Quod si aliquis hoc facere voluerit apponat super illum omnipotens Deus plagas quibus Egyptus percussa est, multiplicentur super eum plage que in sancta Apocalypsi leguntur, deleatur nomen illius de libro viventium et cum justis non scribantur (sic), pereat memoria illius de conspectu omnipotentis Dei et cum Datan et Abiron ac Juda traditore penas infernales sustineat in eternum.

Facta carta ista donationis in mense aprilis feria .IIII. anno Hugone rege régnante. Signum + Aldegardis comitisse que hanc cartam scribere vel firmare rogavit. Signum + Ragamfredo clerico. Signum + Augerio. Signum + Aimerico. Signum + Andree. Signum.

 

Plus bas est écrit : « Collationné à l'original étant dans les archives du chapitre de Saint-Gerauld de la ville d'Aurillac, en un parchemin long d'entour cinq pouces sur dix-sept pouces de large, bien conservé et auquel il ne paraît pas qu'il ait jamais été attaché aucun sceau.

En foi de quoy. etc. à Aurillac, le 28 décembre 1787. T. C. Vacher de Bourg l'ange. »

Roger GRAND, Professeur Honoraire à l'Ecole des Chartes.

 

 

 

 

 (Sancti Leodegarii abbatibus) L'abbaye de Saint-Liguaire proche de Niort <==........==> Fontaine d’Aldéarde d'Aulnay, comtesse de Thouars – charte de fondation de l'église d'Airvault

.....==> LE MONACHISME EN POITOU AU Xe SIÈCLE

 

 

 


 

 

(1) Voir sur la mission de 'Vacher de Bourg l'Ange : CTE DE DIENNE, Les archives de la ville et de l'abbaye d'Aurillac en 1787 d'après la correspondance et les transcriptions, de Vacher de Bourg l'Ange, dans la REVUE DE LA HAUTE-AUVERGNE, t. 1 (I899), pp. 114.

(2) L'église du monastère d'Aurillac, édifiée par saint Géraud lui-même, au début du Xe siècle, fut complètement reconstruite sur de plus vastes proportions, pour répondre à l'affluence des pèlerins, par les abbés Adralde et Géraud de Saint-Céré.

La dédicace eut lieu en 972 d'après le Breve chronicon Aureliacensis coenobii publié par MABILLON, Anal. II, 237 et s. De très récentes fouilles ont permis de découvrir les fondations de l'église carolingienne primitive à l'intérieur du chœur actuel.

(3) Il s'agit de Raymond de Lavaur, qui, avant d'être abbé de Saint-Géraud, avait été écolâtre, sous Géraud de Saint-Céré, de la célèbre abbaye où fut formé Gerbert, le pape Sylvestre II, qui se plut dans ses lettres à se dire leur déférent disciple et fidèle ami.

(4) LÉON LEVILLAIN, Des dates dans les chartes de Nouaillé antérieures à l'an 1000. Poitiers, 1940, pp. 233-247. Tir. à p. d'un article des MÉM. DE LA Soc. DES ANTIQUAIRES DE L'OUEST, écrit c à propos d'une publication récente » de dom P. DE MONSABERT, Chartes de l'abbaye de Nouaillé de 678 à 1200. (Soc. DES ARCH. HISTOR. DU POITOU, t. XLIX, 1936).

(5) Cartul. de Saint-Cyprien, publié par L. RÉDET, p. 254.

(6) L. LEVILLAIN, op. cit., pp. 235-237. L'auteur, trompé par la fausse charte de Saint-Maixent de 988, dont nous parlerons plus loin, où il est question de l'ensevelissement d'Arbert à cette date, se crut obligé de prolonger la vie de celui-ci jusqu'à 988, nonobstant les fortes présomptions que la sagacité de sa critique venait de lui suggérer en faveur des trois premiers mois de l'an 976 comme date de la mort du vicomte de Thouars.

(7) CHARLES DESAGES, Essai sur la chronologie et la généalogie des Comtes d'Angoulême du milieu du IXe à la fin du XIe siècle. (POSITIONS DES THÈSES DE L’ECOLE DES CHARTES, promotion de 1906 Nogent-le-Rotrou, 1906).

Le cas d'Arnaud Manzer s'ajoute de la façon la plus intéressante pour les historiens du droit à ceux de Charles Martel, de Guillaume le Conquérant et de bien d'autres personnages notoires pour attester que dans le haut Moyen âge la naissance illégitime, même ignominieuse comme celle d'Arnaud, n'était pas, dans les familles princières, une tare indélébile si le bâtard, adopté en fait par son père, était élevé dans le milieu aristocratique avec les enfants nés de justes noces. C'était alors plus une question de classe et d'éducation que de légitimité juridique.

(8) PAUL LEFRANCQ, Cartulaire de Saint-Cybard. Angoulême, 1930, p. 119, no 223. Cette charte n'est pas datée. Elle ne peut être postérieure à 987 puisque le comte Arnaud — on le verra plus loin — était mort en 988. Tous les raisonnements appuyés jusqu'ici sur la date de la charte de Saint-Maixent s'écroulent avec l'authenticité de celle-ci. Cf. notamment A. RICHARD, Hist. des comtes de Poitou, L. LEVILLAIN, CH. DESAGES, op. cit. JOSEPH DEPOIN, Histoire des comtes d'Angoulême, p. 119. Cet auteur se trompe en faisant d'Aldegarde la femme de Guillaume Fier à bras, comte de Poitou, dont l'épouse avait nom Emma.

(9) No 72 de la publication de dom DE MONSABERT déjà citée.

(10) Up. cit., pp. 234-230.

(11) A. RICHARD, Chartes et documents pour servir à l'histoire de l'abbaye de Saint-Maixent, I (ARCH. HISTOH. DU POITOU, t. XVI, pp. 71-72).

(12) Déjà pourtant la date de 988 pour cette charte fausse de Saint-Maixent avait éveillé les soupçons des érudits Bénédictins du XVIIIe siècle. La copie qui en est conservée dans la Collection Moreau porte un papillon collé au recto du fo 88 du vol. no 14 et ainsi libellé : « Cette charte dont il est fait mention dans la Chronique de Maillezais appartient non à l'an 988, mais à l'an 993 ou environ suivant la remarque de dom MABILLON. An. L,, 50, p. 80.

A. Richard a publié cette charte sous la date du 13 mai 988 (Chartes. de Saint-Maixent, dans ARCHIVES HIST. DU POITOU, XVI, 7172). Cf. le même A. RICHARD, Hist. des comtes de Poitou, t. II, pp. 483-486, au sujet des diverses étapes de la vie d'Aldegarde.

(13) Nous avons reproduit le texte qui donne ces renseignements et qui est inséré dans le Cartulaire inédit de Saint-Amant de Boixe (B.N. latin 12898) à la suite de notre étude : Saint-Amant de Boixe: la « Vie » de saint Amant; les origines de l'abbaye; sa dépendance de Saint-Géraud d'Aurillac. Angoulême, 1940, pp. 55-57. (Tir. à p. des BUL. ET MÉM. Soc. HIST. ET ARCH. DE LA CHARENTE, 1939.)

 

(14) Chronicon, édit. J. CHAVANON, p. 157: « Arnaldus autem comes Engolismensis pro timoré facto habitaculo monachorum. in ecclesia Buxensi Sancti Amantii., in aula Sancti Eparchii factus monachus, sepultus est IV non. Mart. juxta patrem suum. »

(15) L. LEVILLAIN, Op. cit., pp. 235-240.

(16) Saint-Amant de Boixe. déjà cité plus haut, pp. 23-30.

(17) La vie de saint Géraud par saint Eudes, Odo, de Cluny, a été plusieurs fois publiée depuis dom MARRIER, Bibliotheca cluniacensis, en 1614, et les Bollandistes jusqu'à Mgr. BOUANGE, Saint-Géraud d'Aurillac, Aurillac, 1881, pp. 370-397, qui en a donné un texte établi d'après les mss. 5301 et 3783 de la Bibl. Nat.

(18) Saint-Amant de Boixe., p. 25.

(19) Sur Hugues d'Angoulême et sa réputation littéraire, voir les ANALECTA BOLLANDIANA, VIII, 1889, pp. 329-330. C'est à lui que les Bollandistes proposent, avec une certaine prudence il est vrai, d'attribuer le texte de la Vita sancti Amantii, que nous estimons, au contraire, sans hésitation être une œuvre d'Adémar de Chabannes.

V. notre étude, déjà citée, sur Saint-Amant de Boixe.., pp. 31-43.

(20) A cette époque, la circonscription appelée ministerium est analogue à la vicaria, subdivision du comté. V. DU CANGE, V" Ministerium, qui le montre précisément par des textes de cette région carladésienne.

(21) Breve chronicon Aureliacensis coenobii, publié par MABILLON, ANALECTA, II, 237 et s. : « Geraldus de Sancto Serena, abbas quintus. perfecit edificium basilice et, vocatis episcopis, illud consecravit. anno 972. Sub hoc respublica mcmachorum valde augebatur et metuens aliquos sibi insurrecturos., bénéficia maluit alligare vicinos, quibus dereliquit decem. millia mansos praeter oppida, videlicet comitibus Turenensi, Carladensi et aliis ex Caturci partibus et ex vicinis nobilibus. Hujus facti eum valde poenituit et nisi virtus divina subvenisset redigebatur coenobium in pauperiem. »

(22) Ibid.

(23) « Ego Audeardis et filii mei notum fieri volumus. quod, ob deprecationem domni Bernardi abbatis placuit nobis reddi ecclesiam sancte Marie et sancti Vincentii martiris, que nunc modo monasterium sancti Leodegarii confessons vocatur, quem antecessores nostri ob remedium animarum suarum contulerant piissimo adjutori Maxentio et martiri Leodegario. Data III idus Maii regnante Rotberto Rege Francorum. » (B. N., fonds Moreau, vol. 14, f° 88.) Cf. A. RICHARD, op. et loc. cit.

(24) Le baron Delzons l'avait bien transcrit, d'après la copie de la Collection Moreau, dès 1844, dans son registre manuscrit Archives d'Aurillac, t. I, conservé aux Archives du Cantal; mais il ne semble pas en avoir discerné l'intérêt, car il ne s'en est pas servi dans ses écrits imprimés sur Aurillac. Mgr. Bouange ne l'a pas connu.

Son Histoire de saint Géraud d'Aurillac et son illustre abbaye, Aurillac, 1881, n'en fait nulle mention, non plus que la réédition qui en a été faite, en 1899, après la mort de l'auteur, et dont le titre seul, Histoire de l'abbaye d'Aurillac précédée de la vie de saint Géraud, son fondateur (894-1789), a été changé.

(24)Le Carladès ou Carladez, « pagus » dont le chef- lieu était le célèbre château de Carlat, bâti sur un plateau de roche basaltique à pic de tous côtés, était au sud du département du Cantal, confinant au Barrés par quoi commençait le Rouergue.

L'histoire et les documents relatifs à la « vicomté » de Carlat ont fait l'objet d'une très importante publication de G. Saige et le comte de Dienne (Monaco, 1893, 2 yol. in 40). La ville d'Aurillac ne continua pas longtemps à faire partie du ministerium du Carladès dont les limites, par la suite, n'englobèrent plus la vallée de la Jordanne.

Le siège administratif du Carladès fut Vic-sur-Cère, chef-lieu de canton de l'arrondissement d'Aurillac.

(25) Abbaye de Saint-Pierre-d'Airvault, con d'Airvault, arr. de Parthenay.

(26) Il doit y avoir erreur de lecture du copiste Vacher de Bourg l'ange. Il faut certainement lire Toarcensi = de Thouars, chef-lieu de canton des Deux-Sèvres, arr. de Bressuire.

(27) Abbaye Notre-Dame, Saint-André et Saint-Jean-Baptiste de Bonneval, cne de Saint-Jean de Bonneval, con de Thouars.

(28) Saint-Médard, église paroissiale de Thouars.

(29) Ici encore Mortensis doit être une mauvaise lecture pour Niortensis = Niortais.

(30) Saint-Liguaire, con sud et arr. de Niort. Dès 961, il y avait là une abbaye de Bénédictins sous ce même triple vocable, d'après la chronique de Saint-Maixent citée par Bélisaire LEDAIN dans son Dictionnaire topographique des Deux-Sèvres, Poitiers, 1902.

(31) Saint Caprais est le patron de l'église paroissiale, de Bessine, cne du con de Frontenay, arr. de Niort.

(32) Il n'est pas possible d'identifier avec certitude ce domaine Peut-être faut-il y reconnaître la Ménardière, con de Secondiguy, arr. de Parthenay. — Nous tenons à remercier ici M. Salvini, archiviste en chef de la Vienne, de l'aide précieuse qu'il nous a apportée pour l'identification de ces noms de lieu.

 

 

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