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PHystorique- Les Portes du Temps
6 septembre 2020

Guy de Lusignan Seigneur de Couhé, Acte d’échange des châtellenies de la Fere en Tardenois et de Frontenay, diocèse de Saintes

Luziniaco de Marchia castrum et villam de Frontanayo, Xantonen dyocesis

Acte d’échange des châtellenies de la Fere en Tardenois, diocèse de Soissons, et de Frontenay, diocèse de Saintes, entre Gui de la Marche, chevalier, seigneur de Couhé, et Gaucher, seigneur de Châtillon en Champagne.

Universis presentes litteras inspecturis, Guido de Marchia, miles, dominus de Cohet, Pictavensis dyocesis, et Gaucherius dominus Castellionis, in comitatu de Campania, miles, salutem…. Noverint universi….. quod nos predicti Guido et Gaucherius nobis ad invicem permutavimus, nomine permutationis concessimus et concedimus sponte, jure, perpetuo, irrevocabiliter, pro nobis et heredibus et successoribus nostris, videlicet nos, predictus Guido, predicto domino Gaucherio castrum nostrum cum villa vulgariter appellata Fere en Tardenois, Suessionensis diocesis, et castellaniam ipsius castri cum villis, parochiis, et omnibus juribus et pertinenciis, mero et mixto imperio, sive alta etbassa justicia, et omnimoda jurisdictione…. et ipsum dominum Gaucherium investimus de predictis…. nichil nobis retinentes…. Nos vero, predictus Gaucherius…. eidem domino Guidoni pro se et suis heredibus et successoribus universis, permutavimus, dedimus et concessimus et adhuc permutamus…. pro quater centum et quinquaginta. libris rendalibus, castrum et villam de Frontanayo, Xantonen. dyocesis, et totam castellaniam sui castri, cum villis, parochiis et omnibus juribus, pertinenciis, mero et mixto imperio, seu alta et bassa justicia et omnimoda jurisdictione…. Item amplius septies centum et viginti libras rendales in denariis, quas assignamus et assidemus eidem domino Guidoni perpetuo in magno feodo de Alnisio, etc. Actum et datum mense aprilis, anno Domini M" CC" nonagesimo octavo.

 

Voici ce qu'en dit Duchesne :

« Les chasteau et ville de Fontenay au pays de Saintonge,  appartenaient en ce temps à Gaucher de Chastillon ;  mais,  pour en accommoder Guy de Lusignan, seigneur de Cohec et de Peyrac, il les lui transporta, par eschange, au lieu des ville et château de Fère en Tardenois, mouvans de la comté de Braine : ce que le roi Philippes confirma, au mois de may, l'an mil deux cent quatre-vingtz-dix-huit; et, depuis, la maison de Chastillon posséda toujours ce lieu de Fère, jusques à l'achapt qu'en fist Louis de France, duc d'Orléans. »

Voici le texte de l'acte traduit au plus près du latin :

« A tous ceux qui ces présentes lettres verront : Guy de la Marche, chevalier, seigneur de Cochet (Couhé), du diocèse de Poitiers, et Gaucher de Chastillon (Castellionis), au comté de Champagne, chevalier, salut.

Sachent tous que nous, lesdits Guy et Gauchier, nous sommes réciproquement échangé, et en nom d'échange concédé spontanément, à droit perpétuel, irrévocablement, polir nous, nos héritiers et successeurs, savoir : nous Guy, audit sieur Gaucher, notre château avec la ville (villa) vulgairement appelée Fère en Tardenois, au diocèse de Soissons, et la châtellenie dudit château, ainsi que les villages et paroisses, ensemble tous droits et appartenances, mère et mixte impère, ou soit haute et basse justice, et toute sorte de jurisdiction ; et de ce investissons ledit seigneur Gauchier, sans en retenir aucune chose.

 Et nous ledit Gauchier avons audit seigneur Guy échangé, donné et concédé, comme encore nous concédons pour lui, ses héritiers et tous successeurs, pour quatre cent cinquante livres de rente, le château et ville de Fontenay, au diocèse de Saintes, et toute la châtellerie de son château, avec les villages, paroisses et tous droits et appartenances, mère et mixte impère, ou haute et basse justice, et toute sorte de juridiction ; en outre, sept cent et vingt livres de rente en deniers, que nous assignons et assoyons audit seigneur Guy, à perpétuité, sur le grand fief dAunis.

Fait et donné, au mois d'avril, l'an du Seigneur mil deux cent quatre-vingt-dix-huit.

« Ledit acte d'échange confirmé par Philippe, par la grâce de Dieu, roi des Français, à Paris, l'an du Seigneur 1298, au mois de mai. »

« Copie en forme d'un vidimé original délivré par Geoffroy P., garde du scel du seigneur roi de France, en la sénéchaussée de Poitiers, à Poitiers, le dimanche après la purification de la B. V. Marie, l'an du Seigneur 1298. »

 

Gui (ou Guy) de Lusignan, Guy de La Marche ou Guy d'Angoulême, (1260/1265-1308), seigneur de Couhé et de Peyrat (aux environs de 1282), puis seigneur de Lusignan, comte de la Marche et comte d'Angoulême et vicomte de Porhoët au décès de son frère, Hugues XIII (1er novembre 1303). Il est parfois nommé Guiard ou Guyot.

 

Les Lusignan de Couhé

Les plus anciens possesseurs connus de la terre de Couhé sont les Lézignen ou Lusignan, qui, durant une longue suite de générations, se transmettent d'aîné en aîné le prénom de Hugue et le surnom de Brun, qui finit par devenir en quelque sorte leur nom patronymique.

Cette double similitude rend fort difficile leur histoire, que nous n'entreprendrons point de débrouiller incidemment à propos d'un domaine qu'ils ont rarement habité.

En l'an 1025, Hugue le Brun dit le Chiliarche dote le prieuré de Saint-Martin « sur le fief qu'il tenait de ses pères, » d'où il résulte que Couhé, où il venait d'élever un château, n'était point une possession nouvelle.

 

château de Couhé (Les Lusignan de Couhé) - collège Saint Martin

Environ cinquante ans après, son fils ou petit-fils, Hugue le Brun, sire de Lusignan, surnommé le Grand et que d'autres ont appelé le Diable, rend hommage de Couhé, dont quelques auteurs prétendent qu'il se serait indûment emparé à la mort de Dreux de Couhé, au préjudice de Hugue, frère du défunt.

C'est une erreur; ce fief, comme on vient de le voir, appartenait d'avance aux Lusignan. C'est à tort aussi qu'on a avancé que les deux Hugue étaient parents. L'unique document contemporain qui témoigne de cet acte de violence ne parle pas de cette parenté, comme il ne dit pas non plus que l'héritage envahi consistât dans la seigneurie de Couhé.

Ce document est une bulle du 13 avril 1079, dans laquelle Grégoire VII, prenant la défense de Hugue de Couhé, qui était chanoine de Saint- Hilaire, menace le Brun d'anathème s'il ne rend pas le bien usurpé (1). S'il s'agissait de Couhé, la sentence papale ne fut pas obéie, car ce fief appartint après comme avant aux Lusignan.

Un ancien auteur, issu lui-même de cette famille, qu'il fait descendre de Mérovée, et à laquelle il n'en rattache pas moins de soixante-sept autres, toutes illustres, raconte de son côté que, vers ce temps, Couhé passa à une branche cadette de Lusignan.

Un des Hugue, que ce généalogiste qualifie à la fois de premier du nom et de premier comte de Lusignan et de la Marche, eut, dit-il, quatre fils. Il laissa Lusignan à l'aîné et donna la baronnie de Couhé en apanage au second, nommé Jean. Celui-ci la transmit à son fils Hugue, qui vivait en 1153 et était cousin de Henri, comte de Lusignan. « De cet Hugue sont sortis les autres barons de Couhé, » qui fut ensuite aux Mortemer.

Telle est la filiation donnée par Étienne de Chypre, qui fait ainsi des seigneurs de Couhé une série complètement distincte de celle des sires de Lusignan et comtes de la Marche (2).

Non-seulement cette seconde branche de Lusignan n'a pas existé (3), mais du XIe au XIIIe siècle on ne cite pas un seul seigneur de Couhé qui ne le soit en même temps de Lusignan.

 

Ainsi Hugue IV et Hugue VI, dont nous avons parlé, possèdent simultanément les deux fiefs.

Il en est de même de Hugue VII, vivant en 1141, c'est-à-dire au temps où, d'après Étienne de Chypre, le baron de Couhé se serait appelé Jean ou aurait été un autre Hugue, cousin de Henri, comte de Lusignan, tous personnages dont on ne trouve de trace nulle part.

 

A la fin du XIIe siècle, Hugue IX est encore à la fois seigneur des deux endroits et comte de la Marche.

La conséquence de tout cela est qu'il faut attribuer à un seul et même personnage ce que cet auteur dit de la conduite du baron de Couhé et du sire de Lusignan dans la guerre qu'amena le mariage d'Éléonore de Guienne, femme divorcée de Louis VII, avec Henri II Plantagenet, comte d'Anjou, auquel elle porta en dot le Poitou et l'Aquitaine.

Les noces se firent à Poitiers en 1152; seul, des vassaux d'Éléonore, le baron de Couhé, qui tenait secrètement le parti du roi de France, s'abstint d'assister à la cérémonie.

 Il s'ensuivit bientôt une guerre, dans laquelle Henri Plantagenet fut secouru par le comte de Poitou Guilhelm, « qui en voulait à ceux de Lusignan.

Puis enfin, ajoutent les chroniqueurs, il fut fait quelque accord forcé. »

 Un an ou deux après, le prince Angevin monta sur le trône d'Angleterre, et dès lors il n'y eut plus d'emplois et d'honneurs dans ses États de France que pour les étrangers.

Le mécontentement fut tel qu'une insurrection éclata au sud de la Loire en 1168. Les Lusignan étaient au nombre des chefs de la révolte.

Le roi de France aurait pu profiter de ces dispositions des Poitevins et des Aquitains pour racheter les conséquences de son impolitique divorce; mais il abandonna les insurgés à leurs propres forces.

Henri prit Lusignan, leur principale forteresse, et la révolte fut comprimée.

 

Les Lusignan entrèrent encore dans le soulèvement de l'ouest contre Henri II d'Angleterre en 1188, et ce furent eux qui provoquèrent celui de 1202 contre le roi Jean sans Terre.

Le seigneur de Couhé était alors Hugue IX, qui venait de donner une extension énorme à la puissance de sa maison en ajoutant le comté de la Marche à ses autres fiefs.

 

 Son fils Hugue X lui succéda en 1219 comme comte de la Marche, sire de Lusignan et seigneur de Couhé.

C'est le fondateur de Valence, et c'est peut-être lui qui a bâti aussi la grosse tour du château.

Ce manoir n'avait point l'importance de celui de Lusignan et les barons s'y tenaient sans doute rarement; car des nombreuses chartes émanées d'eux nous n'en avons remarqué qu'une seule datée de Couhé. Elle est précisément de cet Hugue, qui paraît avoir eu pour notre endroit quelque prédilection.

Il avait épousé Isabelle, veuve de Jean Sans-Terre et mère du roi d'Angleterre.

Un des enfants qu'il en eut, Guilhelm, né avant la fondation de l'abbaye, avait reçu le titre seigneurial de Valence, qu'il transmit à sa branche.

Il s'établit en Angleterre et devint par mariage Guillaume de Valence, comte de Pembroke, seigneur de Bellac, Rancon et Champagnac.

Un autre fils de Hugue, appelé Adhémar ou Aymar, eut en partage la terre de Couhé, dont il fit l'hommage, en 1249, après la mort de son père.

Il était alors, comme Guilhelm, fixé auprès de son demi-frère le roi d'Angleterre, qui en 1250 le fit nommer évêque de Winchester, malgré son « insuffisance en âge, en science et en grade. »

Les moines de Winchester, cédant à la contrainte, n'avaient présenté Adhémar qu'avec l'espoir que le pape refuserait de confirmer un tel choix. Cette attente fut trompée : l'élu obtint ses bulles à prix d'or, et il fit cruellement expier aux moines leur sourde hostilité. Ils en furent vengés depuis ; car Adhémar et les autres Poitevins qui partageaient avec lui la faveur du roi finirent par se rendre intolérables, et, en 1158, les Anglais les chassèrent (4).

L'évèque de Winchester mourut à Paris deux ou trois ans après.

 

Couhé retourna alors à la branche aînée de Lusignan, représentée par un neveu d'Adhémar, Hugue XII, sire de Lusignan et comte de la Marche et d'Angoulême, qui mourut à la seconde croisade de saint Louis, en 1270.

Il laissait deux fils, Hugue XIII, qui hérita de ses comtés, ainsi que de Lusignan, et Gui ou Guyard, qui fut seigneur de Couhé.

Hugue XIII mourut sans postérité en 1302. Il avait, en 1283, choisi son frère pour héritier, puis, en 1297, à la suite de quelque mésintelligence, l'avait déshérité au profit d'un cousin.

 

Gui se mit néanmoins en possession de la succession, et un arrêt du parlement l'y maintint.

En 1309, il descendit à son tour dans la tombe, où ses enfants l'avaient précédé. Il avait disposé de ses comtés en faveur de Yolande, sa sœur aînée ; mais Philippe le Bel, ne laissant à Yolande que l'usufruit, réunit au domaine de la couronne l'Angoumois, la Marche et Lusignan.

Couhé, qui n'était qu'un arrière-fief et ne relevait point du roi, resta à Jeanne de la Marche, nièce de Gui.

 

 

Couhé fut en 1272 le siège d'une châtellenie, qualifiée de baronnie au XVe siècle, puis en février 1652 érigée en marquisat sous le nom de Couhé Vérac.

Trois familles s'y succédèrent, les Lusignan jusqu'en 1309, les Morthemer de 1309 à 1500, et les Saint-Georges de 1500 à la Révolution.

Cette famille fut persécutée à Couhé de 1569 à 1587 pour son appartenance à la religion protestante.

Le château fut vendu le 23 brumaire An III et démoli en grande partie.

 

 Il ne reste aujourd'hui de l'édifice construit par Hugues Le Brun qu'une partie des caves et des douves qui le protégeait de trois côtés.

La tour datant du XIIe ou XIIIe siècle a perdu de sa hauteur. L'étage intérieur a été coupé en deux par une voûte grossière bouchant en partie la seule fenêtre ancienne conservée.

L'édifice actuel, attenant à la tour a été reconstruit au début du XVIIIe siècle.

 

 

Notes sur Couhé et ses environs, par A.-F. Lièvre

Mémoires de la Société de statistique du département des Deux-Sèvres

 

 

 

==> 1168 - Révolte Poitevine - Henri II Plantagenêt fait raser le château de Lusignan.

==> Le 12 janvier 1272, Gui de Lusignan donna la moitié de ce droit au prieuré Saint-Martin.

==> Guillaume de Valence, comte de Pembroke, seigneur de Bellac, Rancon et Champagnac.

 ==> Sceau d’Hugues X de Lusignan, d’ Isabelle d'Angoulême et famille

 Charte de Hugues VII le brun de Lusignan, seigneur de Frontenay en Poitou avant de partir à la seconde croisade.<==

 


 

1 Besly. Histoire des comtes de Poictou, 357.

2 Est. de Cypre. Les généalogies de soixant e et sept maisons yssues de Mérouée, f°' 64 et 83.

3 C'est par elle que certains généalogistes ont essayé de rattacher la maison de Couhé à celle des comtes de la Marche, en s'appuyant précisément sur le témoignage d'É. de Chypre. Or, cet auteur, dans la généalogie imaginaire qu'il donne des barons de Couhé, parle de Lusignan qui auraient eu ce titre, et non de la famille qui, portant le nom patronymique de Couhé, n'a jamais possédé cette seigneurie. Si un doute était possible à cet égard, Étienne lui-même le lèverait; il dit, en effet, que les barons de Couhé, qui étaient des Lusignan, avaient conservé les armes de cette maison, en les chargeant d'un lambel de gueules, ce qui n'a rien de commun avec l'écu des Couhé.

4 Matt., Paris, Historia major Anglice, ann. 1247-1258.

 

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