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PHystorique- Les Portes du Temps
11 juillet 2023

Rabelais et la Foire de la Pierre Levée de Poitiers

Rabelais et la Foire de la Pierre Levée de Poitiers

Pierre-Levée de Poitiers, située au-dessus du faubourg Saint-Saturnin; a donné son nom à une rue de ce faubourg et à un cimetière.

La célèbre Pierre Levée de Poitiers, est citée elle-même, dans la 25e charte de l'abbaye de Sainte-Croix, que pour l’année 1129.

Petra levala, 1299 (abb. De Sainte-Croix, 25). Petra soupoeze super dubiam, 1302 (ibid. 9). Petra suspensa 1322 (abb.de la Celle, 18).

 

Le Dolmen de la Pierre- Levée est un énorme monolithe de vingt pieds et demi de long, quatorze de large et deux et demi d'épaisseur ; il est élevé de terre de quatre pieds dans la partie qui reste soulevée et qui, probablement, a dû être extraite du rocher qui l'avoisine.

Ce monument druidique est situé sur la hauteur, à gauche de la route de Limoges et sur le bord de l'ancienne voie romaine de Poitiers à Bourges.

Le monument de pierre remonte au néolithique, dans sa phase chasséenne : il est daté du début ou du milieu du 3 emillénaire avant notre ère. Il aurait donc entre 4.500 et 5.000 ans.

Sa forme est un ovale très allongé, dont les extrémités sont au sud-ouest et au nord-est, et dont les longs côtés sont, par conséquent, au sud-est et au nord-ouest.

Son élévation hors de terre est de quatre pieds dans la partie sud-ouest qui reste soulevée et que, depuis plusieurs années on a voulu soutenir ou affermir à l'aide d'une sorte de support qui n'a du reste, aucune adhérence avec la table supérieure.

La pierre, suivant un ancien auteur, a été cassée de 1747 à 1769, au quart de sa longueur au nord-est, et cette cassure a ceci de remarquable, que les deux morceaux, en tombant, sont restés l'un auprès de l'autre. Il est évident que cette cassure est due à un accident.

 Les mutilations et la destruction des monuments datent toutes de la même époque : soit des règnes de Tibère et de Claude, qui voulaient faire disparaître tout ce qui rappelait les institutions druidiques ; soit sous Charlemagne qui, dans ses Capitulaires, ordonna de détruire tout ce qui appartenait à des religions autres que le christianisme.

==> 1349 la bataille de Lunalonge – Dolmen dit La Pierre Pèse

 

Au Moyen Âge, une foire importante a prospéré dans le secteur, avant d'être transférée sous les anciennes halles (dans l'actuelle rue Carnot).

1146 à Poitiers- Charte de Louis VII, roi de France et duc d'Aquitaine, contenant donation par lui et par sa femme, la reine Aliénor, à l'abbaye de Fontevraud, d'une rente de 500 sous en monnaie poitevine, assignée tant sur le produit des foires du carême, à Poitiers, que sur celui du minage de la même ville.<==

Le comte Richard résidait souvent à Poitiers dont les habitants semblent avoir assez fidèlement servi sa cause. L'un d'eux, Geoffroy Berland, qui lui avait sans doute rendu de grands services, fut de sa part l'objet d'une libéralité considérable.

Transférant à Poitiers l'antique foire de la mi-carême, qui avait coutume de se tenir à la Pierre Levée, Richard concéda, par acte de 1187, à Geoffroy Berland et à ses héritiers, à perpétuité, le privilège d'établir dans sa maison une halle destinée à abriter les marchands qui viendraient vendre à Poitiers pendant le temps de la dite foire.

En 1525, Jean Bouchet, dans ses Annales d'Aquitaine en attribue la construction à Aliénor d'Aquitaine.

 « Les deux foires anciennes sont l'une à la mi-caresme, et l'autre au mois d'octobre, qu'on appelle la Pierre Levée, parce que lorsque ladicte foire fut octroiée, en mémoire d'icelle, une grosse pierre ou roche fut enlevée, comme on voit encore hors ladite ville du costé du ponth à Joubert, dès le temps de Madame Aliéonor, duchesse d'Aquitaine ».

 Tous les marchands de draps de France et de Flandre, laine, soie, fourrures, devaient être contraints d'y étaler leurs marchandises moyennant le paiement d'une taxe débattue entre eux et Borland ou ses héritiers, tenus de leur côté à l'entretien des bâtiments.

C'est l'origine des halles situées dès cette époque devant Saint-Nicolas.

 

Transfert Halles de Poitiers- Guerre de Cent Ans

Après un séjour de huit jours en 1346, durant lequel Derby et son armée coururent tout le pays environnant épouvanté et impuissant abandonnèrent Poitiers, chargés de richesses et retournèrent à Bordeaux (3).

Le roi Philippe de Valois voulant indemniser Herbert Borland, seigneur des Halles de Poitiers, des pertes qu'il avait subies, lui accorda le profit de la foire d'octobre, par lettres du 16 décembre 1347.

Dans ce but il ordonna sa translation de la Pierre-Levée, aux halles de la ville, où se tenait déjà depuis 1188 la foire de la mi-carême dont jouissait aussi Herbert Berland, chevalier  (Hospitalières de Poitiers).

Celui-ci se trouva ainsi en possession de percevoir les droits d'étalage des marchands, pendant les deux principales foires, à charge d'entretien des bâtiments des halles.

Il fut en même temps décidé que la foire d'octobre durerait trois jours, à partir du lundi après la fête de Saint-Denis.

 

 

16 décembre 1347 Philippe VI ordonne que la foire de la Pierre Levée se tienne désormais dans les halles appartenant à Herbert Berland, chevalier.

A. Copie contenue dans un mandement de Guy de Mortemer, sénéchal de Poitou, du 8 février 1348, confirmé par Philippe VI au mois d'août 1348, Arch. Nat J J 77, n" 184, fol. 101 v° — B. Copie collationnée du 11 décembre 1478, Arch. de la Vienne H 2. 1. 68. — EDITIONS, a. Rédet, Mém. de la Soc. des Ant. de l'Ouest, XII (1848), p. 90 (d'après B). — b. Guérin, Arch. hisl. du Poitou-, t. XIII, p. 430 (d'après A).

 

Philippes, par la grâce de Dieu roys de France, au seneschal de Poictou et de Lymosin ou à son lieutenant, salut.

Oye la supplication de nostre amé Harbert Bellant (a), chevalier, disant que, quant la ville de Poitiers fut occupée par noz ennemiz, où il estoit li sizeme hommes d'armez pour contrester à noz diz ennemiz, il fut pris et perdit touz ses meubles, qui bien valoient six mile livres, et avec ce a esté mis à grant et excessive rempçon, dont il li a convenu vendre et engaiger de sa terre, et li convendroit à laissier son estât, se par nous ne li estoit pourveu d'aucun remède.

Si nous a humblement supplié que, en remuneracion des dictes pertes et dommaiges, et pour soustenir son dit estât, nous li vueillens octroyer que une foire, appellée la foire de la Pierre Levée (b), qui a acoustumé estre tenue par deux jours, sept jours entre deux, c'est assavoir le lundi emprès la feste saint Denis et le lundi ensuivant après, en lieu forain près de la dicte ville, où les gens qui y viennent marchander ne treuvent où habiter ne recuillir leurs denrées ou temps de pluie, soit dores en avant tenue chascun an, par troiz jours continuels, et commainciez le lundi après la Saint Denis, en son herbergement de Poitiers appelle les Hales, ouquel herbergement la foire de mie quaresme est et a acoustumé estre tenue, et qu'il en puisse pranre et avoir tels proffiz et emolumenz qu'il prant en la dicte foire de mie quaresme, c'est assavoir l'ostellage tant seulement, pour lequel hostellage il li convient soustenir en estât les maisons et estaus, où la dicte foire se tient, et nous touz les autres prouffiz et emolumenz, qui ainsi nous vaudroient bien ou temps avenir, chascun an, soixante livres ou environ, et à présent ne nous valent que vint et cinq livres.

Pour quoy nous vous mandons et commettons que se, appelle nostre procureur en vostre seneschaucie, il vous appert souffisanment de nostre proufii et autres choses dessus dictes, vous la dicte foire qui souloit estre par les diz deux jours, sept entre deux, faites crier et tenir par troiz jours continuels et commainciez chascun an le lundi après la feste saint Denis, comme dit est, en la ville de Poitiers, en l’erbergement du dit chevalier, appelle les dictes Hales, en la manière que dessus est dit ; et en ce cas donnez en voz lettres au dit chevalier, seellées du seel de vostre seneschaucie, lesquelles nous canfermerons par les nostres toutes foiz que nous en serons requis.

Car ainsi le voulons nous estre fait et l'avons octroie de grâce especial.

Donné à Paris, le XVIe jour de décembre l’an de grâce mil CCC quarante et sept.

 

 

(a). Herbert II Berland, chevalier, avait fondé, par acte du 14 août 1345, le couvent des Augustins de Poitiers, sur le Marché vieil. Ct. Arch. hist. du Poitou, t. XIII, p. 296.

Son père, Herbert I avait obtenu en juin 1321 des lettres d'anoblissement (ibid., p. 72) et en avril 1323 des lettres de Charles IV confirmant le privilège accordé en 1188 par Richard Coeur de Lion à Geoffroy Berland de louer des magasins aux marchands de draps qui viendraient à Poitiers pour la foire de Carême. Voy. notre tome I, n° XXIII, et Arch. hist. du Poitou, t. XI, p. 215.

Herbert I était mort en 1326, Herbert II mourut en 1357.

 

(b). La foire de la Pierre Levée était appelée au XIIIe s. nundine Benedictionis Pictavensis. Voy. notre tome I, p. 189 note 4.

L'enquête faite par le sénéchal le 8 février 1348, reconnut l'utilité du transport de cette foire aux halles (4).

Le même Herbert Berland avait fondé, en 1345, le couvent des Augustins, situé sur la place du Marché-Vieux, aujourd'hui Place-d'Armes.

Par son testament du 18 septembre 1356, il légua 140 livres pour l'achèvement de son église, dans laquelle il choisit sa sépulture (5).

 

 

Août 1348 Lettre de Philippe VI de Valois à Herbert Berlant, chevalier, en dédommagement des pertes qu'il avait subies lors de la prise de, Poitiers, obtient que la foire, dite de la Pierre-Levée, se tiendra désormais chaque année pendant trois jours consécutifs dans son fief des Halles à Poitiers.

 

8 octobre 1353 Mandement de Régnault de Gouillons, sénéchal de Poitou, pour faire annoncer par cri public la translation de la foire de la Pierre Levée.

Original, Arch de la Vienne H2, 1. 68.

A touz les justiciers, officiers, prevosts et sergens, à qui ces lettres seront présentées, Regnaut de Gouillons (a) chevalier du roi nostre seigneur et seneschal en Poictou et en Limosin, salut. Comme, par privilèges donnez du roy Philippes derrainement mort (b), que Dieux absoille, et confirmation du roy nostre seigneur qui est à présent (c), en laz de soie et en cire vert, à noble homme monseigneur Harbert Berlant, chevalier, sire des Hales de Poictiers, sur l’octroy à li fait que la foire apellée la Pierre Levée, qui souloit estre tenue par deux jours, sept jours entredeux, c'est assavoir les deux lundis après la feste Saint Denis, en lieu forain près de la dicte ville, soit doresenavant tenue chascun an par trois jours continuez à Poictiers en son arbergement de Poictiers apellé les Hales, en quel la foire de la mikaresme est et a costume estre tenue, et qu'il en puisse prenre et avoir tels proffiz et esmolumens qu'il prent en la dicte foire de la mikaresme, si comme par les diz privilèges nous est apparu, nous vous mandons de par le roy nostre seigneur à vous, noz subgiez des dictes seneschaucies et vous, qui n'estes noz subgiez, requérons de par le roy nostre seigneur et prions de par nous, que la dicte foire chascun de vous en son povoir, dont vous serez requis par le porteur de ces lettres, faciez crier en dit lieu des Hales sauf aler et sauf venir le lundi emprès huicteves S. Denis par les diz trois jours continuez.

Donné à Poictiers souz le seel de la seneschaucie le VIII jour d'octobre l’an mil CCC cinquante et trois.

 Viso per me locum tenentem privilégie Langlois. (Seing manuel.)

 

 

(a). Régnault de Gouillons, sénéchal de Poitou depuis la fin de 1352 ou le début de 1353, fut fait prisonnier à la bataille de Poitiers, mais reprit son poste à son retour de captivité en 1357 : conseiller du roi en octobre 1358, il devint capitaine de la ville de Paris. Cf Arch. hist. du Poitou, t. XVII, p. xxx et suiv.

 (b). Cf. nos CCCLXVII et CCCLXX, lettres de Philippe VI -relatives à la foire de la Pierre Levée.

 (c).Jean II confirma les lettres de Philippe VI à ce sujet au mois d'août 1352 (JJ 81, n» 450, fol. 222 v°).

 

 

6 mars 1360 n. st.  Jean, comte de Poitiers, confirme à Herbert Berland son privilège pour la foire de la mi-carême.

Vidimus dans une confirmation donnée par Jean duc de Berry le 25 août 1372 (a) Arch. mun. D 10.

Jehan, filz de roy de France, comte de Poictiers et de Mascon, à tous ceulx qui ces présentes lettres verront, salut. A la supplicacion de nostre bien amé Arbert Berlant (b), sire des Hales de nostre ville de Poictiers, disant que, comme, pour le don et octroy de noz prédécesseurs, comtes de Poictiers, les foires seans en quaresme en nostre dicte ville de Poictiers aient acoustumé estre tenues es dictes haies, le quel don et octroy a esté confermé par mon dit seigneur et ses prédécesseurs rois de France, sicomme il dit estre contenu es lettres seellées en laz de soye et en cire vert des prédécesseurs dé monseigneur, roys de France, et aussi de noz prédécesseurs comtes de Poictiers, sur ce faictes, nous, pour consideracion des bons et aggreables services que ledit Arbert a fait ou temps passé à mon dit seigneur et à nous et que nous espérons qu'il nous face ou temps avenir, voulons et nous plaist ledit don avoir son bon et vray effet, jouxte la forme et contenu des dictes lettres de mon dit seigneur et de ses prédécesseurs roys de France et de noz prédécesseurs comtes de Poictiers.

 Si donnons en mandement à nostre seneschal de Poictou ou son lieutenant que ledit Arbert laissent, souffrent et facent joïr et user paisiblement du dit don et octroy, en contraignant les marchans à porter leurs denrrées et marchandises en la dicte foire, touteffoiz qu'elle sera au dit lieu des Hales dessus dictes, en la menere acoustumée et jouxte la forme des dictes lettres de mon dit seigneur et de ses prédécesseurs rois de France et de noz prédécesseurs comtes de Poictiers, et aussi l'avons octroie et octroions au dit Aubert de grâce especial et de certaine science, par la teneur de ces présentes, nonobstant que en icelles ne soient encorporées les dictes lettres de mon dit seigneur et de ses prédécesseurs rois de France et de noz prédécesseurs comtes de Poictiers, ordennances, mandemens ou deffences à ce contraires.

 Donné à Cholet le VIe jour de mars l'an mil CCC LIX, souz nostre contreseel.

— Par monseigneur le comte, à la relacion de son conseil. Locus.

 

(a). Ci-dessous n° CCCCXLV. — (b). Herbert III Berland, fils aîné de Herbert II, mort en 1357. Cf. ci-dessus n° CCCLXVII, n. 1.

 

 

Elles s'y sont toujours maintenues jusqu'à nos jours et ont été plusieurs fois reconstruites, notamment en 1454, 1598 (6).

 

23 novembre 1363 Commission donnée par Edouard, prince de Galles, au sénéchal de Poitou, pour prendre des informations sur les avantages et les inconvénients de la concession faite à Herbert Berland de la foire de la Pierre Levée.

Original, Arch. de la Vienne H 2 1. 68.

 

Edward, ainsné filz au noble roy d'Engleterre, prince d'Aquitaine et de Guales, duc de Cornewaille et comte de Cestre, à nostre seneschal de Poictou ou à son lieutenant, salut.

Savoir vous faisons que Aubert Berlant, escuier (7), est venus par devers nous, si nous a demonstré que le très noble Phelip roy qui fut de France, qui tenoit lors le comté de Poitiers, à la requeste de Aubert Berlant, chevalier, avoit ordenné que une foire appellée la foyre de la Pierre Levée, quelle souloit estre tenue au dehors de Poitiers par deux jours, sept jours entre deux, c'est assavoir le lundi après la Saint Denys et le lundi enssuivant, fusse tenue perpetuelment dedens la ville de Poitiers par trois jours continuez à commencier le lundi emprès la Saint Denis, ou abergement du dit .chevalier appelle les Haies, ou quel abergement la foire de la mikaresme a costume estre tenue, et qu'il en peust pranre et avoir telz proffis et esmolumens qu'il avoit acostumé à prandre de la foire de la mikaresme, c'est assavoir l'estage tant seulement, si ait fet foy des lettres du dit roy de France, qui furent données l'an mil trois cens XLVIII ou mois de aoust (8) et de plusieurs autres lettres confermant les choses dessus dictes (9), et en oultre ait monstre une Jettrez selléez de vous dit seneschal par nostre dit seigneur et père le roy d'Engleterre, certiffians comment vous feites sur ce deue information et appelle le procureur royal, la dicte ordenance et muance de la dicte foire et choses dessus dictes festoient au proffit du dit nostre seigneur et père le roy et de ses successeurs, et nous ait requis que les choses dessus dictes li vosissons confermer et octroier, pour ce est il que nous, voulans estre enfourniez entièrement des choses dessus dictes, si comme apartient, vous mandons et commectons par icestes que, appelle nostre procureur, le maire de nostre cité de Poitiers et autres que ferons appeller, vous enfformés deuement et bien si la ordenance et muance de la foire dessus dicte et choses dessus dictes sont ou pourront estre ou tourner au dommage ou au prouffit de nous ou de noz successeurs, et, prise et faicte la dicte enformacion, si la portez ou faites apporter à nous ou à nostre conseil soulz vostre seel fealment encloses, au plus tost que vous pourrez, affin que sur ce soit pourveu de tel remède comme apartendra.

Si vous mandons en deffendant que, tant que par nous soit pourveu sur les choses dessus dictes ou aiez receu autre mandement de nous, icelles demeurent en l'estat, si comme sont à présent, sans rien innover.

En tesmoing de ce, cez noz lettres avons fait faire patentes sellées de nostre grant seel le vint troisime jour du mois de novvembre l'an de grâce mil trois cens sexante trois.

 

 

 

25 août 1372 Jean, duc de Berry, comte de Poitiers, confirme les lettres pour les Halles de Poitiers qu'il avait octroyées à Herbert Berland le 6 mars 1360.

 

Original, Arch. mun. D 10.

Jehan, filz de roy de France, duc de Berry et d'Auvergne, comte de Poictiers (10) et de Mascon, lieutenant de monseigneur le roy es diz païs et en pluseurs, autres parties de son reaume.

A touz ceulx qui ces lettres verront, salut.

Autreffoiz, ou temps que nous tenoions le dit comté de Poictiers, donnasmes et octroyâmes à nostre bien amé Arbert Berlant, escuier, seigneur des Hales de Poictiers, unes lettres seellées de nostre contre seel, des quelles la teneur s'enssuit : (Lettres du 6 mars 1360) (11).

Lesquelles lettres à nous ainci exhibées par le dit Arbert, pour considération des bons services que le dit Arbert a fait à mon dit seigneur et à nous et espérons qu'il fera par le temps avenir, voulons et nous plaist les choses contenues es dictes lettres avoir leur bon et vray effet, jouxte et selon la forme des dictes lettres dessus transcriptes.

Et mandons à nostre seneschal de Poictou ou son lieutenant, que le dit Arbert laisset, facet et souffret user et joïr paisiblement de la grâce et octroy susdictes, en contraignant les marchans à faire venir et aporter leurs denrrées et marchandises en la dicte foire, touteffoiz qu'elle sera au dit lieu des Hales dessusdictes par la menere acoustumée et selon la teneur des dictes lettres de mon dit seigneur et de ses prédécesseurs roys de France et de noz prédécesseurs comtes de Poictiers.

Car ansi le voulons et l'avons octroie au dit Arbert de certaine science et grâce especial et de l'auctorité et puissance royal dont nous usons, non obstant que en ces présentes ne soient incorporées les dictes lettres de mon dit seigneur le roy et de ses prédécesseurs roys de France et de noz prédécesseurs comtes de Poictiers, mandemens, ordennances ou deffences à ce contraires.

Donné à nostre ville de Poictiers, souz nostre seel le XXV jour d'aoust l'an mil IIIc soixante et douze.

(Sur le repli :) Par monseigneur le duc, à la relation de son conseil, ouquel estoient l'official de Poictiers, Jehan Taveau (12) et autres.

(Signé :) J. P. de Léon.

 

Rabelais qui écrivait au milieu du XVIe siècle (1532), en parlait aussi de la Pierre Levée:

« prit d'un grand rocher qu'on nomme Passelourdin une grosse roche, ayant environ de douze toises en carré, et d'épaisseur quatorze pans, et la mit sur quatre piliers au milieu d'un champ ».

Gargantua décide d'envoyer son fils « à l'eschole, pour apprendre et passer son jeune eage ».

« De faict vint à Poictiers. »

 Là, par manière de passe-temps, le jeune Pantagruel détache d'un grand rocher nommé Passelourdin, une grosse roche, ayant environ de douze toises en carré, et d'épaisseur quatorze pans, et la mit sur quatre piliers au milieu d'un champ, qui dressé par ses soins sur quatre piliers devient le dolmen de la Pierre Levée, où les escholiers vont banqueter à force flacons, jambons et pastez et escripre leurs noms dessus avec un cousteau.

Et en memoire de ce, n'est aujourd'huy passé aulcun en la matricule de la dicte université de Poitiers, sinon qu'il ait beu en la fontaine Caballine de Croustelles, passé à Passelourdin et monté sur la Pierre levée. »

La Pierre-Levée de Poitiers, on en a les preuves, a survécu à ces deux époques, puisque successivement, en 1550, en 1699 et en 1747 elle existait entière et horizontalement posée sur ses quatre piliers.

Un voyageur allemand, Zinzerling (Jodocus Sbicerus), qui visita la France de 1612 à 1616, passe à Poitiers auquel il donne l'étendue de Paris. Cette illusion est pardonnable à un étranger.

De la Pierre-Levée, il nous dit qu'elle a soixante pieds de tour et est soutenue par cinq autres plus petites. En y regardant de près, Merula, érudit et historien hollandais, y avait remarqué les noms de Gifanius, Buranus, de Gérard Mercator, d'Abraham Ortelius.

Avouons que tous ces noms en us qui sentent la pédagogie latine ne valent pas les bonnes plaisanteries gauloises du curé de Meudon sur la grosse pierre qui fit la joie des étudiants de notre vieille université en même temps qu'elle inspirait les récits et les traditions les plus invraisemblables.

Mais cette description un peu sommaire est insuffisante et nous nous empressons de la compléter en nous appuyant sur une excellente dissertation de M. Mangon de la Lande, un antiquaire de race.

C'est sur le haut de la colline, hors des murs de la ville, au bord d'un ancien grand chemin, que ce mégalithe de nature calcaire présente aux curieux sa masse imposante. Sa forme est un ovale excessivement allongé dont les extrémités sont au Sud-Ouest et au Nord-Est et dont les longs côtés sont au Sud-Est et au Nord-Ouest.

 Son élévation hors de terre est de quatre pieds dans la partie qui reste soulevée, et que, depuis quelques années, on a voulu soutenir ou affermir par un nouveau support, mais qui, en l'examinant avec attention, n'a pas d'adhérence avec la table supérieure.

La vérité est que nous ne savons rien de plus sur ce monolithe à l'origine plusieurs fois millénaire. Sa destination se rapporte évidemment aux mœurs et à la religion des Gaulois comme celle des autres monuments de ce genre et ouvre un vaste champ aux hypothèses.

En 1747, un des membres de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, Beauménil, en a fait un dessin de visu qui la représente.

La table s'est brisée entre 1747 et 1769.

Elle est la propriété de l'Etat et la Société des Antiquaires de l'Ouest est propriétaire des terrains qui l'entourent.

Il existe une légende sur cette pierre : celle de sainte Radegonde portant cet énorme bloc sur sa tête et ses quatre gros piliers dans son tablier de mousseline. Mais, la reine fatiguée sans doute — il y avait bien de quoi — laissa tomber un des piliers que le démon emporta. Ce qui fait, dit la légende, que les piliers ne sont plus que trois.

 

Guide complet du voyageur à Poitiers et dans les environs  par P. Delbarre

Histoire sommaire de la ville de Poitiers par Bélisaire Ledain

 

 

 

Fortification de Pictavia, Poitiers capitale des Pictons. <==

BRANCHE DES SEIGNEURS DES HALLES. <==

Time Travel 1346 - La chevauchée de Lancastre, comte de Derby dans la Saintonge, Aunis et Poitou <==

Châtellerault Septembre 1361- Procès-verbal de délivrance à Jean Chandos- Jean Le Meingre, surnommé Boucicaut  <==

Rabelais <==

 

 

 

 


(1) Bened. Peterboroug. Raoul de Dicet.

(2) Roger de Hoveden. Bertrand de Born par Cledat.

(3). Froissart, t. IV de l’édition Luce-  Bouchet, Annales d'Aquitaine, 195,196. – Archives historiques du Poitou, t. XIII, 356.

Le désastre de 1346 avait ouvert les yeux sur la nécessité de prendre des mesures pour en empêcher le retour.

Jacques de Bourbon, seigneur de Leuze, envoyé comme lieutenant du roi en Poitou, autorisa la ville, le 8 février 1347, à lever un droit de péage ou barrage pendant trois ans pour la réparation des fortifications.

Guy ou Guigues, comte de Forez, son successeur comme lieutenant du roi, publia le 16 juillet 1347 une ordonnance réglant minutieusement la défense.

Trois portes de la ville seulement demeureront ouvertes, et seront gardées chacune par dix hommes.

 Tous ceux qui sont tenus au service féodal et au guet et garde en la ville seront obligés de s'y rendre en armes sous peine de confiscation.

 Les postes placés aux portes et autres points périlleux seront augmentés. Tous les habitants de la ville et des faubourgs devront s'armer chacun selon son état.

Les gens d'église, eux-mêmes, seront tenus de s'armer ou d'envoyer à leur place des hommes armés à leurs frais.

 Chaque habitant devra éclairer sa maison pendant la nuit, et avoir à sa porte de grands vases pleins d'eau en cas d'incendie.

Les habitants des paroisses de la châtellenie devront envoyer un certain nombre de sergents. Les murs et les tours seront promptement réparés.

L'exécution de ce règlement est confiée au sénéchal, au capitaine et au maire de Poitiers, durant tout le temps de la guerre.

La mairie était alors entre les mains de Jean Barré (Archiv. manu, de Poitiers.).

Le 25 août 1349, le sénéchal ordonna la réparation do la grande salle du palais, brûlée par les Anglais (Notes de M. Apollin Briquet.).

(4). Mém. Sur les halles de Poitiers, par Redét.- Archiv. Hist. De Poit. XIIII, 436.

(5) Idem

(6) Mémoire sur les halles et foires de Poitiers, par Rédet.  Arch. hist. du Poitou, XI, n° 101.

(7). Herbert III Berland porte seulement le titre d'écuyer, tandis que son père, mort en 1357, était chevalier.

(8). Ces lettres de Philippe VI, du mois d'août 1348 (ci-dessus n° CCCLXX), confirmaient des lettres antérieures du même roi, en date du 16 déc. 1347 (ci-dessus n° CCCLXVII).

(9). Jean le Bon avait confirmé les lettres de Philippe VI au mois d'août 1352 et le sénéchal de Poitou avait ordonné, par mandement du 8 oct. 1353, d'annoncer la translation de la foire de la Levée (ci-dessus n° CCCXCI).

De plus, Jean, comte de Poitiers, qui avait confirmé à Herbert Berland son privilège pour la foire de la mi-carême par lettres du 6 mars 1360 (n° CCCCXXII), lui avait sans doute confirmé aussi la concession relative à la foire de la Pierre Levée.

(10). Charles V avait restitué à son frère Jean duc de Berry, en novembre 1369, le comté de Poitiers confisqué sur les Anglais.

 La ville de Poitiers avait été réoccupée par du Guesclin le 7 août 1372. Cf.

(11). Ci-dessus n» CCCCXXII.

(12). Jean Taveau, dont le nom est parfois écrit Tavel (cf. Arch. hist. du Poitou, t. XXI, p. 310), conseiller du duc de Berry, était apparenté à Guillaume Taveau, qui fut maire de Poitiers de 1387 à 1389, de 1395 à 1400 et de 1412 à 1414.

 

 

 

 

 

 

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