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PHystorique- Les Portes du Temps
5 décembre 2022

28 avril 1202 Jean Sans Terre convoqué à la cour de France afin de répondre des charges portées contre lui.

Lorsque les barons de France plantaient leur gonfanon sur les riches palais de Constantinople, et se distribuaient en fief Sparte, Athènes et Thessalonique, Philippe, leur suzerain, avait repris les armes contre son vassale d’Angleterre.


La trêve qu’il avait conclue avec Richard expirait en l’année 1200 ; les semonces d’usage avaient été faites, et les hommes d’armes parcouraient les châteaux, pour annoncer aux tenanciers de la couronne qu’ils eussent à se préparer à la guerre contre Jean, successeur de Richard.
Cependant les deux rois, sommés par les évêques et le pape Innocent III de faire trêve de sang et de carnage, afin de porter leur pensée sur Jérusalem, réunirent un parlement entre Gaillon et Andély :


«  Roi de France, dit Jean, pourquoi ne me laisses-tu pas en repos ? je touche à peine la couronne ; mes vassaux d’Angleterre ne sont pas encore domptés, l’Anjou me refuse la féauté (1), et déjà tes chevaliers s’avancent pour soutenir Arthur : faisons paix et alliance durables.
Jean, répondit Philippe, donne-moi raison de mes fiefs dans la Normandie et le Berry. »


La position du roi d’Angleterre était alors très embarrassée ; les barons lui prêtaient une obéissance incertaine, et les évêques reconnaissaient avec peine son autorité ; une première question de législation féodale s’élevait sur la succession de Richard.


Dans l’ordre régulier, la couronne devait échoir à Arthur, l’héritier de Bretagne, fils du frère puiné de Richard, Jean n’étant que le cadet de la race ; le droit de représentation, quoique encore incertain, et un ancien testament, appelaient le jeune prince à la couronne des Plantagenêts :
Cependant les intrigues de la vieille reine Eléonore avaient fait donner la préférence à Jean ; il fut reconnu par l’assemblée de Northampton, sous la condition expresse qu’il conserverait à chacun ses droits et ses privilèges.


Les barons de Normandie, de la Guyenne et du Poitou avaient adhéré aux actes de l’assemblée de Northampton ; mais ceux de l’Anjou proclamèrent hautement les droits d’Arthur.


Philippe Auguste ne manqua pas de profiter de cette situation embarrassée ; il imposa le traité suivant au prince anglais :


« Jean cède à Philippe Evreux et ses dépendances posées entre cette ville et Neubourg.
Le roi d’Angleterre promet que le comte de Glocester abandonnera au roi de France la portion desdites terres qui fait partie de ses fiefs ; le roi anglais se charge d’indemniser son baron par d’autres aleuds dans ses propres domaines.

Tout le Vexin normand appartiendra désormais à Philippe, sauf Andély, qui demeure la propriété de l’archevêque de Rouen.
Les deux rois ne pourront fortifier aucune place du côté de la Normandie, savoir, Philippe en- deçà du bois d’Andély.


 Le roi d’Angleterre promet en mariage au prince Louis, fils ainé de Philippe, Blanche de Castille, sa nièce, blanche de cœur comme de nom, et pour dot les fiefs de Graçay et d’Issoudun ; il consent à ce que Philippe jouisse de leurs revenus durant sa vie, soit que la princesse de Castille ait des enfants de son mariage, soit qu’elle n’en ait pas.

Le roi Jean ajoute que s’il meurt sans postérité directe, il donne par ce présent traité, à sa jeune nièce et son mari, tous les fiefs et les moulins de Hugues de Gournay en Normandie, et de plus tout ce que les comtes d’Aumale et du Perche tiennent de lui en deçà la mer. »

«  Par une condition additionnelle, il est convenu que le roi Jean payera vingt mille marcs d’argent à Philippe, et celui-ci cède toutes ses prétentions sur la mouvance directe de la Bretagne, sous la condition que l’Anglais recevra Arthur, jeune duc de cette province, à l’hommage de bouche et de main ; il donnera aussi l’investiture sous hommage au comte d’Angoulême et au vicomte de Limoges, pour toutes les terres qu’ils tiennent de lui : quant au comte de Flandre, il continuera de posséder les fiefs dont il est actuellement détenteur dans la mouvance respective de France et d’Angleterre ; cependant les comtes de Boulogne et de Ponthieu demeureront les vassaux immédiats de Philippe.

Jean promet de tenir ses terres du roi de France de la même manière que son père Henri II l’avait fait, de ne jamais détourner les vassaux de son suzerain du serment d’allégeance ; enfin, il s’engage à ne secourir no directement ni indirectement l’empereur Othon son neveu, si ce n’est du consentement exprès du roi de France. »


A la suite de ce traité, l’évêque de Beauvais, captif du roi d’Angleterre depuis trois ans, pour avoir combattu, le casque et tête et l’épée au poing, contre Richard, fut mis en liberté.


Le guerroyant prélat avait plusieurs fois tenté de s’esquiver de sa vieille tour, et un jour qu’il demanda à être conduit devant la reine Eléonore, il profita de la négligence de ses gardiens pour se sauver à toute bride dans les rues de Londres
. Il courut aussi vite qu’un daim d’Ecosse vers une église, comme un lieu d’asile ; mais les hommes d’armes le saisirent au moment où il touchait l’anneau de fer attaché à la porte de la cathédrale : il criait, le bon prélat, qu’on le traitait plus durement qu’un esclave.
Il fut reconduit dans sa tour, et enfin obligé de se racheter pour dix mille marcs d’argent ; on lui compta deux mille marcs pour la dépense qu’il avait faite dans la tour, car le bon évêque était un grand réjoui en toute chose.


Ce traité fut d’abord exécuté en ses clauses et de bonne foi de part et d’autre, sauf la condition par laquelle Jean s’engageait à ne fournir aucun secours à l’empereur Othon son neveu.


Depuis longtemps Innocent III soutenait avec les foudres de l’Eglise cet empereur contre Philippe de Souabe, que le roi de France avait pris sous sa protection ; lorsqu’il sut qu’une clause du traité conclu entre Philippe Auguste et Jean sans Terre portait que l’Anglais s’abstiendrait de secourir Othon ==> 22 Mai 1200 - Traité de paix du Goulet conclu entre Philippe II Auguste et Jean sans Terre.

Innocent III écrivit sur le champ au roi Jean la lettre qu’on va lire, et qui contient de singulières maximes sur les obligations du serment.



Innocent III à Jean, roi des Anglais


« Philippe, roi des Français, n’a pas pu t’exempter des obligations que tu avais contractées envers le roi Othon, élu empereur des Romains, pas plus qu’Othon n’aurait pu te délier des obligations auxquelles tu t’es engagé envers le roi des Français ; et de plus, la raison et la nature ordonnent que l’oncle donne du secours à son neveu ; or il est certain que puisque le serment que tu as fait au roi de France est préjudiciable à Othon et à l’Eglise, il doit être déclaré illicite.


Nous qui, par un soin paternel, voulons pourvoir à ton salut et à ton bien-être, nous déclarons ce serment nul en tout ce qui regarde cet article, et nous t’en délions, ainsi que tous ceux qui l’ont prêté avec toi.

Nous t’enjoignons en conséquence de ne point l’observer, et de donner du secours à ton neveu autant que tu le peux et que tu le dois. »


En même temps le pontife écrivait à l’évêque d’Ostie, son légat en France, de déterminer Philippe à reconnaitre la légitimité de l’élection d’Othon ; il lui ordonna en même temps de remettre au roi un bref spécial, qui lui était adressé.


« Tu ne peux, Philippe de France, reconnaitre l’élection du duc de Souabe, car il est excommunié pour avoir cruellement persécuté le Saint-Siège. A la vérité il s’est fait absoudre par notre légat ; mais cette absolution est nulle, le pouvoir d’un légat ne s’étendant pas à ce point. Je sais que d’ailleurs le duc persiste dans ses mauvais desseins contre nous, et qu’il prend le titre de marquis de la Companie, ce qui est une usurpation sur la chaire pontificale.
Je ne puis certainement pas reconnaitre pour avoué du Saint-Siège (titre des empereurs) celui qui s’en fait le persécuteur et l’ennemi. Si je favorise Othon, ce n’est pas par aucune affection personnelle, mais parce que, comme il ne peut y avoir deux empereurs, et que je ne puis pas en créer un troisième pour mettre à la place du duc de Souabe, il faut bien que je me déclare pour Othon, qui était élu, pour l’opposer ensuite au duc excommunié.
Quand aux intérêts du royaume de France, je te promets qu’ils sont bien garantis ; car j’ai exigé qu’Othon s’obligeât dans nos mains à ne jamais les troubler.  Qui pourrait te faire repousser le prince élu ? N’est-il pas le proche parent de Louis, ton fils ainé, héritier présomptif de ta couronne ? Fais donc la paix avec l’empereur, dans ce moment surtout ou il pourra t’en savoir quelque gré ; au plus tard tu ne pourras l’éviter :hâte-toi donc, pour mériter de le reconnaissance. Si tu doutes des droits d’Othon, voici ma décrétale vénérable. Tu y verras que c’est aux papes qu’il appartient de sacrer les empereurs et de leur conférer la pourpre, et cela par le droit acquis au Saint-Siège en la personne de Charles-le Grand. D’ailleurs, le pape ayant seul la faculté de sacrer les empereurs, ne doit-il pas examiner le caractère et les droits de celui à qui il conférera l’onction sainte ? S’il est sacrilège, fou ou hérétique ; si c’est un tyran, un corrupteur, il doit pouvoir le rejeter. Outre cela, l’élection de Philippe de Souabe est nulle ; car le prince qui ont le droit d’élire ont porté leur suffrage sur Othon : quand bien même les fauteurs du duc l’auraient choisi, ils n’auraient fait qu’une mauvaise élection, car l’abus du droit perd le droit. »


Ce bref de la cour de Rome, plein de faits controuvés et de maximes extraordinaire sur les droits respectifs de la tiaire et des couronnes, fut suivi d’une excommunication générale contre tous les protecteurs de Philippe de Souabe. Sans se soumettre tout-à-fait à la volonté du pontife, le roi de France n’osa pas braver une seconde fois les foudres menaçantes de l’Eglise ; il répondit à Innocent que la conduite d’Othon déterminerait sa propre conduite.
Pendant ce temps, un nouveau parlement se tint à Andély, pour l’exécution du dernier traité conclu avec Jean d’Angleterre.


Le 27 mai, Philippe et le roi son vassal vinrent y célébrer les fiançailles de Louis avec Blanche de Castille.


Dès le mois d’octobre de l’année précédente, la reine Eléonore ou Aliénor était partie de Londres, à la prière de son fils pour aller la jeune princesse.

Aliénor, accompagnée de plusieurs prélats et de quelques vieux chevaliers, s’était rendue en effet en Castille ; et, après avoir obtenu qu’on en confiât l’héritière à son expérience, elle s’en était revenue à Bordeaux. Dans cette cité, une dispute qui s’éleva entre les hommes d’armes et les bourgeois lui causa une telle frayeur, qu’elle tomba malade, et fut obligée de s’héberger sur la route en l’abbaye de Fontevraud.


Blanche de Castille, sous l’archevêque de Bordeaux et de prudents barons, se mit en marche vers la Normandie, ou elle arriva à l’époque indiquée pour le parlement.


Le baronnage était très nombreux ; presque toute la chevalerie de France, qui n’avait pas suivi les gonfanons des comtes dans la croisade, assista aux joutes brillantes qui suivirent la célébration des fiançailles.


Plusieurs chevaliers furent désarçonnés par le prince Louis encore adolescent, qui fut légèrement blessé au bras d’un coup de lance.
Cet accident inquiéta vivement le roi Philippe, et c’est sans toute ce motif qui détermina les précautions suivantes à l’égard de l’héritier de la couronne.

« Moi Louis, premier né du seigneur roi de France, je fais savoir à tous présens et à venir, que notre très cher père nous a donné les revenus de Poissy, de Lorris, de Château-Landon, de Fayes, de Vitry-en-Laye et de Bois-Commun, et tous les herbages qu’il peut avoir dans cet petits châteaux, ainsi que la pêche des viviers, et cela, pour fournir à nos dépenses et à celle de notre nouvelle femme, sous cette condition que nous ne pourrons pas vendre les bois, ni faire coupes, ni même recevoir les hommages des fiefs qui pourroient y être rattachés ; tandis que si notre père veut faire tout ce qui nous est défendu, il le pourra.
Nous jurons que nous n’irons plus à d’autres tournois, qu’à ceux qui se teindront tout près de Paris ou de Fontainebleau, et encore seulement afin d’y assister comme spectateur ; nous n’y porterons jamais armes de chevaliers, pour combattre même à fer émoulu, mais seulement le petit haubert et le casque ; nous jurons, en outre, que nous ne ferons désormais aucune violence aux bourgeois ni aux hommes des communes du roi ; nous promettons ensuite que nous n’aurons ni écuyer, ni chevalier, qui ne prête, au préalable, fidélité à notre seigneur et père. » (1)


Dans ce parlement, Arthur rendit aussi foi et hommage au roi Jean, son oncle, pour la Bretagne, fief d’Angleterre.
Arthur venait d’être reçu chevaliers par Philippe de France ; il portait les éperons d’acier, et sur son casque un cimier ou se peignaient un lion, la licorne et le griffon, vieille devise du roi Arthur.


Il s’avança, revêtu de ses armes, au-devant de son oncle, mit un genou en terre, et le héraut lut la formule suivante :


« Moi Arthur, du des Bretons, je fais l’hommage-lige à mon oncle et à mon sire, sauf les droits du roi de France ; je lui prêterai mes services, je le rachèterai en captivité, et ne ferai jamais outrage à sa fille ni à sa femme, vivant en son hôtel. »

Arthur jura toutes ces conditions, mais il refusa constamment de se confier à l’Anglais : il semblait qu’un secret pressentiment lui annonçait sa triste destinée.
Il demeura à la cour de France.


Après ce parlement, Philippe et le roi Jean semblaient vivre dans la meilleure intelligence ; ils vinrent ensemble à Paris, ou les bourgeois fêtèrent leur commune arrivée et le mariage du prince Louis, par maintes folles joies. Il y  avait des lampions sur les croisées, même dans la rue aux juifs.

On commençait alors à paver Paris en pierre ; les tours et quelques monuments que la magnificence du roi avait construits s’élevaient ça et là.
 Selon l’usage, les deux monarques vinrent visiter l’abbaye de Saint-Denis, ou tous les religieux les reçurent en grandes pompes au-dessous du portail commencé sous l’administration du Suger, et dont on terminait alors les ornements.

Ils visitèrent les saintes reliques du patron de la France, l’oriflamme sacré, les chefs de maints abbés. Après avoir entendu messes et offices, ils revinrent à Paris, suivis de tout leur baronnage, en traversant la vaste forêt qui séparait cette cité de l’abbaye, ou le seigneur de Montmorency avait si longtemps exercé ses pilleries. Lorsque Jean quitta Paris, il fut comblé de présents ; le roi lui donna des étoffes de grand prix, et des chevaux d’Espagne de noble race.


Les deux rois se séparèrent ainsi pleins de bienveillance l’un pour l’autre, répondant à toutes leurs paroles par des expressions de douceur et de mansuétude. Jean s’éloigna vers le mois de février, et dirigea ses courses en Poitou.


Un jour qu’il chassait dans la comté de la Marche, il aperçut une noble demoiselle qui traversait la forêt, suivie de quelques chevaliers et de plusieurs hommes d’armes. Il s’informa du nom de la belle étrangère. Un jeune varlet lui répondit que c’était Isabelle, héritière du comté d’Angoulême, fiancée à Hugues le Brun, sire de Lusignan, comte de La Marche, et confiée, depuis son enfance, à sa garde.


Le comte de La Marche était un des vassaux du roi d’Angleterre, à cause de ses fiefs dans la mouvance d’Angoulême ; Isabelle, héritière de ce comté, était aussi sa vassale. Jean, dont le caractère était discourtois, ardent, impétueux, tout-à-coup épris de la jouvencelle, l’enleva du milieu de ses gardes, et l’emmena dans le château de Guéret. Le prince anglais était alors divorcé avec la fille du comte de Glocester ; il portait une physionomie distinguée ; et, suivant Roger de Hovéden, il avait quelque chose de doux et d’entrainant dans ses paroles. Il parvint à séduire Isabelle, qui n’aimait pas le sire de Lusignan, à cause de son vieil âge et de sa barbe crépue.


 L’héritière d’Angoulême n’était point d’ailleurs exempte d’ambition, et la promesse de la couronne d’Angleterre parlait vivement à son cœur. Il parait donc qu’elle renonça sans peine aux premiers liens de ses fiançailles, et qu’elle demeura sous la protection du roi anglais.


D’après les lois de la féodalité, l’enlèvement de la fille ou de la femme du vassal étant un cas de déloyauté, le comte de la Marche, plein de colère de ce que son seigneur-lige allait épouser sa fiancée, porta plainte à Philippe de France, en sa cour de suzerain.


Le comte d’Eu et Geoffroy, qui portait le titre de Lusignan, deux de ses frères, se joignirent à lui, et vinrent réclamer aide et appui.
Le roi, qui était bien aise d’établir par coutume la juridiction encore incertaine de sa cour supérieure, somma le roi Jean, comme comte d’Anjou, de comparaitre pour répondre sur le fait de trahison et de déloyauté dont il était accusé.


Jean répliqua à cette sommation :


«  que me veut donc encore Philippe ? les comtes d’Eu et de La Marche ne sont-ils pas mes vassaux immédiats ? Ils doivent d’abord répondre devant leurs pairs à ma cour ; après qu’ils seront jugés, ils pourront en appeler à la cour supérieure du suzerain ; mais, avant tout, qu’ils comparaissent devant leurs pairs. »


Comme Philippe insistait par de nouveaux messages, Jean répondit : «  Si bien ; je promets d’aller en droit devant lui. – Et quel gage en donnez-vous ? demandèrent les messagers.


-    Je mettrai dans vos mains, à jour fixe, les châteaux de Rosières et de Boutavant. »


Au terme indiqué, le roi Jean ne voulut ni comparaitre, ni donner ses garanties : ce fut là le prétexte d’une nouvelle rupture.


Le roi Philippe vint mettre le siège devant les deux châteaux promis comme gages d’exter en droit en sa cour. Il les attaqua avec une grande vigueur ; ils furent détruits jusque dans leurs derniers fondements.



Arrêt rendu de la cour de Philippe le 28 avril 1202, à la suite d’une plainte émanée de Hugues IX de Lusignan,  comte de la Marche (père du jeune Hugues X), et de son frère Raoul Ier d'Exoudun,  comte d’Eu




1202 Interea frequens querimonia defebatur Philippo Regi magnanimo à partibus Aquitanicis de Joanne Rege, pro eo quod idem Joannes Rex filam Comitis Engolismensis, quam Hugo Brunus, vir inter Aquitanicos nobilissimus, desponsaverat, eidem Hugoni, et Comiti Augi, et Gaufrido de Lisinia, in Britannia majori in ejus servitio demorantibus abstulerat fraudulenter.

Entre-temps, de fréquentes plaintes furent adressées au roi Philippe le Magnanime par les partis aquitains contre le roi Jean, à cause du fait que le même Roi Jean s’était fiancé à la fille du comte d'Angoulême, que Hugues le Brun, l'homme le plus noble parmi les Aquitains, l’avait fiancé a Hugues IX, le comte Raoul Ier d’Issoudun, et Geoffroy Ier de Lusignan était en Grande-Bretagne, il avait frauduleusement enlevé ceux qui s'attardaient à son service.

Ad faciendum sibi hominium etiam de ducatu Aquitaniae, Turoniae et Andegaviae comitatu, submonebatur a Philippo rege.
Il fut sommé par le roi Philippe de se faire homme du duché d'Aquitaine, de Touraine et d'Anjou.

Idem vero Joannes Rex tadem pepigit quod super his omnibus mandato curiae domini sui se supponeret, et die assignata consessit in firmiorem securitatem duo castra Philippo Regi magnanimo interim possidenda, ita videlicet quod, si ipse judicio curiae parere aliquatenus detrectaret, ipse Rex philippus eadem castra sibi et successoribus suis in perpetum retineret.

Mais le même Jean le Roi décida enfin qu'il se placerait sur tous ceux-ci au commandement de la cour de son maître, et au jour fixé il accorda que deux chpateaux seraient entre-temps possédés par le magnanime Roi Philippe pour une sécurité plus ferme, de sorte que s'il refusait lui-même d'obéir en quoi que ce soit au jugement de la cour, le roi Philippe lui-même aurait les mêmes châteaux pour lui-même, et il le réserverait à ses successeurs à perpétuité.

Mittuntui: ergo nuncii a Philippo rege ad predicta castra, videlicet Tilerias et Botavant confiscanda.
Sed Johannes rex, pacti immemor, eadem eis castra tradere recusavit, et ad diem judicio prefixum nec venit nec responsalem misit.

J'ai envoyé: donc, des messagers ont été envoyés par le roi Philippe pour confisquer ledit château, c'est-à-dire Tilérie et Botavant.

Mais le roi Jean, inconscient de l'accord, refusa de leur livrer le même château, et au jour du jugement il ne vint ni n'envoya de responsable.


 

Philippe-Auguste part et se charge de l'exécution de la sentence et fait irruption en Normandie, détruit la forteresse de Boutavant, puis s'empara d'Argueil, de Mortemer, de Gournay.

 En ce temps-là, un autre personnage encore entre en scène, c'est Arthur de Bretagne. Lui aussi a rompu avec Jean Sans-Terre.

Il a suivi le roi de France en Normandie et, à Gournay même, il s'est déclaré l'homme-lige de celui-ci

 

 



Œuvres de Rigord et de Guillaume Le Breton, historiens de Philippe-Auguste, publiées pour la Société de l'Histoire de France. Chroniques de Rigord et de Guillaume Le Breton / par H.-François Delaborde


Histoire de Philippe-Auguste. Vol. 2, 1191-1206 par M. Capefigue




 

 

An. 1201.NOTICE De ce qui se passa, en l'année 1201, entre PHILIPPE-AUGUSTE, et JEAN, roi d'Angleterre, au sujet d'Artur, duc de Bretagne.<==.... ....==> 10 Aout 1202, Jean Sans Terre annonce au gouverneur du château de Caen qu'il envoie Hugues de Lusignan pour être prisonnier

==> Sceau d’Hugues X de Lusignan, d’ Isabelle d'Angoulême et famille

 

 

 

 

 


 

(1)    Extrait de l’ancien Cartulaire de Philippe Auguste

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