Aussitôt que les romains eurent conquis la Gaule, ils installèrent de nombreux centres militaires dans le pays et tout particulièrement sur les auteurs qui avoisinaient les rivières et épousaient leurs contours.
Dans notre région saumuroise, des camps importants créés à Cinais et à Chenehutte furent ainsi reliés par un certain nombre de ces postes et nous en trouvons un placé à Montsoreau, simple villa de pêcheurs, comme son nom l’indique (Restis, filet)
Plus tard, au milieu du Vie siècle, le village appartenait à Hardearde, vicaire d’Innocent, évêque du Mans. C’est à cette époque (541) que saint Maur, accompagné de Flogédaire, arriva dans le pays, demandé par l’évêque du Mans pour fonder un monastère. Hardearde leur offrit de rester à Rest et les assura de la protection de son cousin Florus, vicomte d’Anjou. Mais Florus leur ayant concédé Glanfeuil ils quittèrent Rest et allèrent fonder le monastère de Saint Maur sur Loire.
Trois siècle plus tard, en 832, Louis le Dédonnaire qui avait procédé au partage de son empire (Lothaire, son fils ainé, était devenu empereur, Louis était roi de Germanie et Pépin, le plus jeune, duc d’Aquitaine), se trouvai en Aquitaine chez ce dernier et caressait l’espoir de le faire revenir près de lui. Pépin ayant persisté à demeurer dans ses états, Louis le Débonnaire regagna la France en passant par Rest où il devait traverser la Loire.
A cette époque le village appartenait aux chanoines de Saint Martin de Tours.
Ce fut après que Nomenoë, qui s’était proclamé roi de Bretagne, attaqua le Maine et l’Anjou (849).
Puis à leur tour les Normands dévastèrent le pays et les troubles ne cessèrent qu’avec le traité de Saint Clair sur Epte, signé en 911.
Le moine Absalon, après avoir soustrait à Tournus les reliques de Saint Florent, était arrivé à Rest, d’où il gagna Saumur et fonda avec l’appui du comte de Blois et Tours, Thibault le Tricheur, l’abbaye de saint Florent du Château, dont Réginald de Rest fut nommé prévôt.
Cette abbaye trouva de nombreux protecteurs dans les seigneurs du pays et l’un d’eux, Geoffoy Fulchard (ou Fulcrade), seigneur de Trèves, lui donna l’église de Rest et les maisons du village qui lui appartenaient (1089). Douze ans plus tard le fils de Fulchard y ajouta le même don de l’eau au-dessous de Montsoreau.
L’ancienne villa romaine de Rest était ainsi devenue la propriété de Saint Florent. Les moines la cédèrent à l’abbé de Bourgueil puis la reprirent peu de temps après, et vers 1150 l’abbé de Saint Florent y fonda un prieuré qu’il installa à côté de l’église primitive.
Les premiers Seigneurs de Montsoreau.
Mais vers la même époque, sur le coteau voisin, un château féodal, en bois, s’élevait par les soins d’un descendant d’un chevalier nommé Isambert. Ce premier gouverneur du château, appelé Guillaume, eut bientôt étendu son autorité sur tout le pays environnant, utilisant et mettant à profit les principes de féodalité qui étaient en faveur en se rendant indépendant et il devint le seigneur du pays depuis Parnay jusqu’à la Roche Clermault, et des rivages de la Vienne jusqu’aux paroisses du Loudunais
Son fils, Guillaume II, qu’il avait eu de Mabille sa femme, lui succéda et dès cette époque est qualifié Prince de Montsoreau. De son premier mariage Guillaume II avait eu quatre enfants : Gautier, Aimery, Jocelin et une fille Agnés.
Il épousa en secondes noces Hersende de Champagne, fille d’Hubert de Champagne et d’Agnès de Clairveaux et veuve de Fouques. De cette deuxième union naquit un fils Etienne qui fut plus tard chanoine à Candes.
En 1092 Guillaume donna l’église Saint Pierre de Seuilly à l’abbaye de Saint Etienne des Vaux en Limousin et à la même époque fit construire le fort du Coudray.
Il mourut en 1101 et fut inhumé dit-on à Fontevraud. Restée veuve, Hersende se retira à l’abbaye de Fontevrault dont elle devint ultérieurement la première Grande prieure.
(XI-XIIe siècle)
Gautier I de Montsoreau, seigneur de Montsoreau, vassal du comte d'Anjou, et propriétaire du château de Montsoreau.
Lorsque le comte d'Anjou Foulques Nerra prend la forteresse aux environs de l'an 1000, et afin de fixer les frontières de l'Anjou, il donne la forteresse Montsoreau et les terres alentour à son plus fidèle vassal Gautier de Montsoreau (Galterius de Monte-Sorello).
Fils de Guillaume II, lui succéda comme seigneur de Montsoreau. Il remplace le fort en bois par le château primitif placé sur la crête orientale du coteau, puis, englobant successivement tous les terrains qui descendent vers la Loire et même le roc en avancement, il fait élever une défense puissante renfermant les habitations voisines et même coupant les routes.
Cette défense comprenait trois enceintes successives, la première limitée par les douves du château, la seconde constituée par un mur rejoignant la porte ouest au fossé du château et couvrant seulement par conséquent le pont-levis et le chemin d’accès à ce pont-levis, la troisième limitant la ville fortifiée à l’est et à l’ouest et comportant une porte d’entrée à chaque extrémité de la rue principale.
Gautier 1er, après avoir obtenu de l’abbé de saint Etienne la transformation du prieuré de Seuilly en abbaye, prend la croix, part pour la Terre sainte, mais revient avant d’avoir atteint son but. (Galterius de Monte Sorelli, pergens Jerusalem, dedit monachis teloneum aquae et pedagium terrae An. 1096)
Les Croisés Tourangeaux à la Première Croisade (M. P. SOUTY).
La Touraine participa au grand mouvement qui entraîna à la fin du XIe siècle une partie de l'Occident vers Jérusalem.
Après le fameux Concile de Clermont en novembre 1095, le Pape Urbain II avait parlé à la foule devant le portail de Marmoutier et ses paroles avaient déchaîné l'enthousiasme des chevaliers tourangeaux, au premier rang desquels figurait le comte Foulque le Réchin.
M. Souty a exploré le Cartulaire de l'Abbaye de Noyers pour y trouver les noms des personnages ayant pris part à la grande expédition, et il présente le résultat de sa glane.
Bouchard de Marmande, fils du fameux Acharie, avant de partir pour Jérusalem, fit des dons à l'Abbaye (ch. 246) ; il en revint puisque nous le rencontrons au monastère au temps de l'abbé Gaudin, c'est-à-dire bien après la première croisade (ch. 435).
Simon de Nouâtre fut également parmi les croisés qui regagnèrent la terre natale ; en effet après avoir appris son départ (ch. 246) nous retrouvons son nom à côté de celui du même abbé (ch. 432).
Geoffroy Fulcrade, fils de Geoffroy Fulcrade et d'Ameline de Loudun, fit un emprunt à l'abbé avant de partir pour Jérusalem, mais il donna tous ses biens d'Abilly pour le cas où il reviendrait après le décès de sa mère (ch. 243). Comme nous apprenons qu'« après la mort de sa mère » il confirma ses dons, nous pouvons conclure qu'il rentra de Terre Sainte.
Geoffroy et Angelelme, fils d'Amaury de Saint-Savin, firent un don avant de prendre la croix (ch. 252) ; Geoffroy, semble-t-il, revint près des siens (ch. 394).
Mais Hubert le Roux fut de ceux qui moururent à la croisade, peut-être sur le « bon cheval valant bien 200 sols » que lui avait remis l'abbé à la suite de sa générosité (ch. 254). On peut penser que Rainald de Sepmes, surnommé le Superbe (ch. 245), fut aussi parmi les morts de l'expédition.
D'autres croisés encore nous sont révélés par les générosités qu'ils firent alors à l'abbaye : Jean de Draché (ch. 240). Aimery, qui avait des biens à La Haye (ch. 248), Gosbert, fils d'Ervisius Cabruns, seigneur d'Azay-le-Chétif (ch. 250). Hugues de Sainte-Maure (ch. 307).
La charte 251 nous renseigne, non seulement sur l'identité de plusieurs croisés de Touraine et Anjou, mais encore sur l'itinéraire qu'ils suivirent.
En effet, elle nous apprend que Gauthier de Montsoreau, allant à Jérusalem, se trouvait dans une ville d'Apulie nommée Mespha, lorsqu'il donna aux religieux de Noyers, sur la demande du moine Gaultier et de Geoffroy Brisard, la dispense de péage par eau et par terre à Montsoreau ; furent témoins : Raoul Rabaste, Raoul Licei, Gâtineau de Bourgueil, Goldineau de Curzay.
Le moine regagna Montsoreau et prouva à Grecia, épouse du seigneur, la réalité de cette convention ; Grecia fit alors appeler Etienne, abbé de Noyers et confirma le don.
Il ne faut pas en effet se représenter la première croisade comme la marche d'une armée avançant massivement ; il y eut bien des départs : en octobre 1096 ce fut la colonne dirigée par Etienne de Blois, Robert Courteheuse, comte de Normandie et Robert, comte de Flandre.
Ces croisés rencontrèrent Urbain II à Lucques, visitèrent le tombeau de saint Pierre à Rome, puis s'arrêtèrent dans la Pouille que notre charte nomme l'Apulie ; n'ayant pu traverser l'Adriatique, ils passèrent l'hiver sur place, et c'est ainsi que s'explique la présence des croisés en cette ville italienne.
A ce moment appelé par le comte d’Anjou Foulques Réchin, il rejoint ce dernier, va combattre contre le duc de Normandie, Guillaume le roux, mais est fait prisonnier à Ballon, dans le Maine, en compagnie de nombreux autres barons angevins. Après avoir payé une grosse rançon, il est libéré et repart pour la Syrie.
Avant de partir (1101) il donne à l’abbaye de Fontevraud la terre des Loges, dans la paroisse de La Breille, pour qu’un prieuré y soit établi et en même temps concède à l’abbaye le droit de chasse dans toute sa forêt de Bort (nom primitif de la forêt de Fontevraud)
A Marmoutiers il cède son droit le tonlieu qu’il détient à Candes et Montsoreau pour deux tiers avec ses oncles Guillaume Malastache et Gervais (frères de Guillaume II), l’autre tiers appartenant à Gauscelin Marminat. Il donne enfin l’abbaye de Saint Loup aux moines de Saint Julien.
Mais pendant son absence, un conflit éclate entre les abbayes de Seuilly et de Fontevraud qui se termine par une transaction partageant la forêt de Bort en deux parties. Les moines de Seuilly abandonnent à ceux de Fontevraud tout ce qu’ils possédaient dans la forêt jusqu’à la route de Candes.
Rentré à Montsoreau au retour de Palestine, Gautier 1er prit l’habit à Fontevrault et y mourut.
Durant plusieurs siècles le curé de Saint Pierre de Rest fut tenu de se transporter processionnellement le lundi de pâques, jusqu’au tombeau de Gautier, inhumé dans l’église du Grand Moutier, pour y réciter un subvenite et l’oraison des trépassé.
L’abbesse devait ouvrir les portes du cloitre à la procession en hommage à l’ancien seigneur de Montsoreau.
Société archéologique de Touraine
Société des lettres sciences et arts du Saumurois.
Les tribulations de Saint Florent du Mont-Glonne (fuyant l'invasion des Normands vers le Berry) <==.... ....==> Translation des reliques de saint Florent, de Roye à Saumur.