Translation des reliques de saint Florent, de Roye à Saumur.
Après l'incendie de la ville et de la forteresse de Saumur, en 1025, par Foulques Nerra, comte d'Anjou, l'abbaye de Saint-Florent, qui avait été établie dans le château par le comte de Blois et de Chartres, Thibault 1°, dit le Tricheur, seigneur de Saumur, fut reconstruite par Foulques Nerra, non plus à Saumur, mais sur les bords du Thouet, à environ 2 kilomètres de la ville.
Une crypte soutenue par vingt colonnes est le seul vestige qui reste des constructions de l'abbaye du XI° siècle. Dans le siècle suivant, la grande église, aujourd'hui détruite, avait été élevée au-dessus de la crypte avec une telle magnificence architecturale qu'elle avait fait surnommer le monastère Saint –Florent-le-Beau.
A l'extérieur, les murs de l'église abbatiale étaient crénelés et garnis de contreforts. Une tour carrée, percée de nombreuses ouvertures et surmontée d'une flèche octogone, occupait le milieu du transept. Elle avait été construite dans des conditions spéciales, comme le beffroi, autre tour isolée, qui renfermait le carillon de l'abbaye pour concourir au besoin à sa défense en cas d'attaque. Ces deux tours n'étaient point les seules constructions défensives de Saint-Florent, car d'épaisses murailles, garnies de créneaux, de mâchicoulis et de meurtrières, qu'accompagnaient de larges fossés et des ponts-levis, en faisaient une véritable forteresse.
Lorsque Foulques Nerra brûta l'abbaye de Saint-Florent de Saumur, les moines emportèrent trois de leurs cloches qu'ils sauvèrent de l'incendie 1° celle nommée Vox Domini; 2 celle qu'ils tenaient de la générosité de Gelduin 1er, seigneur de Maillé, d'Ussé, de Pont-Levoy, châtelain de Saumur; 3° une cloche qui était presque entièrement d'argent. Les vertus que la superstition attachait autrefois aux cloches étaient sans doute la cause qui engageait les anciens à se charger de ce meuble peu portatif lors de la destruction des villes.
Parmi les cloches que possédait l'abbaye de Saint-Florent, plusieurs avaient été fondues à Chartres du temps de l'abbé Michel (1203-1221). Le bourdon de Saint-Florent avait été fondu en 1515 sous l'administration de Jean de Matheflon, qui avait fait orner de ses armes la robe de cette cloche.
Le corps de S. Florent fut déposé dans l'église du bourg de Trêves, où il resta jusqu'à ce qu'on eût bâti la nouvelle abbaye appelée Saint-Florent-les-Saumur, dans laquelle il fut transporté avec beaucoup de cérémonie, l'an 1030. Mais vers l'année 1077, Hugues-le-Grand, comte de Vermandois, le fit enlever, porter à Roye, et placer dans l'église collégiale de Saint Georges (Augusla Viromanduorum , anno 1077, p. 126).
Saint Florent fut dès-lors choisi pour patron de la ville au-lieu de Saint Georges. Les habitants de Roye fournirent à la dépense de deux chassés forts riches que l'on fit l'an 1152, l'une pour son chef, l'autre pour le reste de son corps. Ils demeurèrent paisibles possesseurs de ces reliques jusqu'en 1475 que le Roi Louis XI ayant pris Roye sur Charles-le-Téméraire (1), duc de Bourgogne, les fit enlever de Beuvraignes et de Carrépuits où on les avait cachées, il fut fort joyeux de ces nouvelles, et dit qu’il estoit aussi puissant pour faire reporter le corps Sainct à Saumur.
Loys XI, roy de France, fréquentoit volontiers les lieux dédiés au culte divin et y faisoit plusieurs aumosnes. Chacun jour entendant la messe, il donnoit un escu d'or à l'offrande et un aux corporaux sur l'autel , et s'enqueroit diligemment des sainctes reliques qui estoient honnorées es églises où il se rencontroit.
Après la mort de ce prince, le chapitre de Roye intenta procès aux religieux de Saumur, en restitution des reliques et des deux châsses. Par sentence du 2 avril 1491, confirmée par arrêt du Parlement, du 14 août 1494, les abbés et religieux de Saumur furent condamnés à restituer. Mais cet arrêt ne suffit pas ; et il paraît que ce fut par une transaction du 23 juillet 1496, que le chapitre de Roye obtint une partie des reliques, et les deux châsses, l'une desquelles, en forme de buste, renfermait le chef de Saint Florent, et l'autre, en forme de coffre long, contenait une partie du corps.
Le retour de ces reliques causa une si grande joie, qu'on institua une fête solennelle, qui s'est célébrée, tous les ans, le dimanche de l'octave de l'Assomption, jusqu'en 1764 qu'on a commencé à la célébrer le dimanche dans l'octave de S.-Florent. Ce jour-là on portait processionnellement les reliques jusqu'au haut du faubourg de Saint-Gilles, au lieu où il y avait une chapelle appelée de Saint-Ladre.
A la fin de 1790, la collégiale de Saint-Florent fut interdite, comme toutes les églises de France. Les chanoines n'ayant pu sauver les reliques ni les vases-sacrés, tout fut mis au pillage : mais ceux qui enlevèrent les vases d'or et d'argent jetèrent les ossements de Saint Florent hors de la châsse ; quelques personnes qui étaient présentes ramassèrent en-secret ces ossements et les tinrent cachés jusqu'au retour du bon ordre.
Histoire de la ville de Roye , département de la Somme, avec des notes historiques et statistiques sur les communes environnantes, par M. Grégoire d'Essigny fils
Les tribulations de Saint Florent du Mont-Glonne (fuyant l'invasion des Normands vers le Berry) <==....
==>Saint-Florent lès Saumur - Aujourd'hui 10 mai ... Fête de Sainte Jeanne d'Arc
(1) En 1475, menacé par le débarquement prévu de l'armée anglaise, le roi Louis XI effectuait une longue campagne en Picardie et en Normandie. Au début du mois de mai, il a par hasard découvert le corps de Saint Florent dans l'église Saint-Georges de Roye.
En terminant définitivement la guerre de Cent Ans en août (le Traité de Picquigny), le roi a regagné Tours le 24 novembre, après 16 mois d'absence. Son premier voyage après cette rentrée était un pèlerinage vers Saint-Florent de Saumur, effectué le 7 décembre. Le départ était exceptionnel, car le roi n'a pas quitté Tours jusqu'au 10 février 1476, sauf ce pèlerinage. Par ordre du roi, la translation des reliques a été achevée en 1480, de la collégiale de Roye à Saumur, alors qu'après sa mort, les chanoines de Roye ont pu en récupérer partiellement selon leur volonté.