Chalais, découvertes Archéologiques d’un souterrain-refuge protégeant des incursions normandes et de Geoffroy la Grand’dent
Notre-Dame de Chalais est un peu perdue dans la campagne, à l'écart du bourg de Saint-Pierre-le-Vieux. Non loin de Fontenay-le-Comte, à quelque 1500 mètres environ de l'antique abbaye de Maillezais, dont les superbes et imposantes ruines évoquent tant de souvenirs, s'élève, au village de Chalais, ignorée de la plupart des touristes, une curieuse petite église romane, que baignaient il y a quelques siècles à peine, les flots de l'Océan.
L'intérieur n'offre pas grand intérêt, si ce n'était le grand bas-relief représentant l'Annonciation. Une découverte faite en 1890, lors de fouilles effectuées par Louis Brochet, agent-voyer, accompagné entre autres par l'aquafortiste fontenaisien, Octave de Rochebrune.
Les fouilles mirent en évidence l'existence, sous l'église, d'un réseau de galeries aboutissant à un pilier central de 10 m de circonférence. Un possible souterrain-refuge pour les populations ayant tout à craindre des incursions normandes. Il est aujourd'hui inaccessible.
C'est dans ce sanctuaire élevé il y a déjà bien longtemps, que nous venons de faire, ces jours derniers, des découvertes archéologiques importantes, que nous sommes heureux de signaler aux lecteurs de la Revue du Bas-Poitou.
Mais avant d'exhumer religieusement pour l'enseignement de l'histoire, ces restes vénérables, avant de remuer cette poussière de plusieurs siècles. qui fut celle de nos pères nous croyons devoir adresser nos plus sincères remerciements à ceux qui nous ont aidé de leurs lumières MM. de Rochebrune, l'éminent aquafortiste qui, malgré de très grandes difficultés, n'a pas craint d'explorer avec nous les sombres galeries qui rayonnent dans tous les sens, sous l'une des plus vieilles églises du Poitou, et Boutet, maire de Saint-Pierre-le-Vieux, qui, aussitôt que l'existence probable d'un souterrain refuge lui fut signalée, s'empressa de nous en informer, afin que des fouilles fussent faites avec méthode.
— Historique de l’église de Chalais.
Si l'on en croit les traditions populaires qui, si elles ne font pas absolument autorité, ont néanmoins une certaine valeur qu'il ne faut pas négliger, l'église de Chalais, placée sous le vocable de la Vierge, aurait été fondée à une époque fort éloignée, par des marins échappés au naufrage.
Ce qui donne à cette opinion une certaine autorité, c'est qu'à la fin du siècle dernier, on apercevait encore sur la voûte en pierre qui couvre l'autel de la Vierge, douze marins marchants pieds nus.
Faut-il voir aussi dans cette tradition une, réminiscence de celle: d'après laquelle Saint-Pient, évêque de Poitiers vers 560 aurait avec ses compagnons, été jeté par la tempête sur les côtes du pays qu'il venait évangéliser ?
Cela n'est pas impossible, d'autant mieux que dans l'espèce, la tradition s'appuie sur les témoignages de Grégoire de Tours et de Pierre de Maillezais, et aussi sur ce fait que jusqu'en 942 au moins, Chalais était baigné par l'Océan.
Quoi qu'il en soit, il est, dès 963, fait mention de Chalais (Gala) dans l'Histoire de la Rochelle, du père Arcère, et dans le Pouillé du diocèse de Luçon.
En 1003, Théodelin, nouvellement chargé de l'a direction du monastère de Maillezais, sous l'autorité de Gauzbert, abbé de Bourgueil, sait mettre à profit l’amitié de Guillaume IV ou Wilhelm, duc d’Aquitaine, pour obtenir de lui le don de toute l’ile de Maillezais, La sèvre, l’Autize,… Souil, Chalais (Ecclesia ad Catatem), et toutes les dîmes qu’il possédait dans cette partie du Poitou.
Dans une bulle de 1183, le pape Célestin III proclame que toute l'île de Maillezais, les églises de Saint-Martin de Ligugé, .. Souil, Chalais, — appartiennent à l'abbaye de Maillezais qui ne relèvera plus désormais que du Saint-Siège.
Mais quelque puissante et respectée que fut alors la papauté, l'irascible Geoffroy de Lezignem, dit Geoffroy la Grand'Dent, méconnaissant la haute autorité spirituelle de Raynald, abbé de Maillezais, fait en 1232, saisir par ses baillis Chalais et les biens qui servaient à l'entretien des moines.
— Le châtiment ne devait pas se faire attendre longtemps : sur les réclamations de Raynald, Grégoire IX lance contre le puissant duc une bulle d'excommunication, qui le met en interdit.
Quand Guillaume paraît, les flambeaux s'éteignent, le service divin cesse, la foule s'écoule, les temples sont fermés.
A cette époque de foi profonde, l'interdit était une arme redoutable entre les mains des papes, et Geoffroy, obligé comme les plus puissants rois du moyen-âge de s'humilier devant la tiare pontificale, signe à Spolète, un traité en vertu duquel l'île de Maillezais tout entière, — Souil, Chalais, sont libres de toutes redevances, coutumes, juridictions auxquelles il prétendait.
Si l'on en croit certains documents (et cela n'a rien de surprenant pour qui connaît l'histoire de la féodalité) Chalais ne relevait pas tout entier au XIIe siècle de l'abbaye de Maillezais.
En effet, dans une charte de 1085, c'est-à-dire postérieure de deux ans à la bulle de Célestin III, nous voyons qu'il est fait don à la Sainte-Vertu de l'abbaye de Charroux par Pierre-Rodolphe de Senac, de sa terre de Chalais et autres domaines, et par Aymer de Chalais de sa prévôté, du consentement de Foucher de Verteuil et de Guy de la Roche.
En tenant compte de la facture générale de l'église de Chalais, ou peut affirmer que la construction de l'abside est contemporaine des événements que nous venons de relater, c'est à-dire de la fin du XIIe siècle au plus-tard.
Pour ce qui est des autres parties de l'édifice, reprises à plusieurs époques, on peut leur assigner des dates comprises entre les XIIe et XIVe siècles.
Le clocher, de construction relativement récente, contient une cloche brisée pendant la tourmente révolutionnaire du siècle dernier, et portant l'inscription suivante :
1710
J’ay esté refette par les soins de Me Pierre Conoveteau. Je m'appelle Henriette. Parrains : Henry d’Appelle-voisin et Marie Arrivé son épouse et seigneurs de Bouillé.
Après l'élévation en évêché de l'abbaye de Maillezais par le pape Jean XXII, (Avignon aux ides d'Auguste 1317), la cure de Chalais releva au point de vue religieux de l'archiprêtré d'Ardin, ce qui n'empêcha pas, en 1665, Pierre Caron, prieur de Saint-Pierre-le-Vieux, de protester tant pour lui, que pour le curé dudit Chalais, contre la bulle de translation du Chapitre de Maillezais en la ville de la Rochelle.
Depuis 1665 jusqu'à la Révolution, aucun événement bien important ne se produisit à Chalais dont la cure donnait à l'évêché de Maillezais 400 livres de revenus. On peut rattacher à la première de ces dates, l'érection dans l'église, des deux tableaux peints et sculptés sur bois, représentant l'un saint Roch et l'autre l'Assomption de la Vierge. Dans ce dernier tableau dont l'ensemble est assez original, on voit Marie enlevée sur des nuages, et suivie des yeux par les douze apôtres qui paraissent ravis d'un tel spectacle.
Sur la voûte de l'abside, où étaient reproduits autrefois les marins dont nous avons parlé plus haut, se voient maintenant les emblèmes de la Trinité, et une légion d'anges dans l'attitude de messagers qui attendent un ordre.
Sur les faces latérales on distingue à peine les portraits de saint Pierre et de saint Jean l’évangéliste, dégradés pendant la Révolution. A cette date, Jean Mothe administrait à Chalais, à titre de desservant, cette paroisse succursale de celle de Saint-Pierre-le-Vieux; mais le presbytère était à Souil, Il fut, l'an IV de la République, vendu à Jean Robin de Charzais, moyennant treize obligations par le ministère de Me Girard, notaire à Fontenay, sous le titre de presbytère de la succursale de Chalais.
Le cimetière actuel placé en bordure de l'église, renferme les cendres de plusieurs représentants des familles Aymar — Papin — Martineau et autres qui, à des titres différents, furent les bienfaiteurs de cette église fort intéressante au point de vue de son type architectonique, ainsi qu'on en pourra juger par les magnifiques eaux-fortes qui accompagnent ce texte (1).
— Souterrain refuge.
Le souterrain refuge dont nous donnons ci-après un plan et des coupes, a été déblayé sur environ 35 mètres. Il est situé sous la vieille église de Chalais.
Les galeries qui le composent ont des largeurs variant de 0m,80 à lm,20, et des hauteurs comprises entre 0m,50 et lm,80 qui ne permettent d'y pénétrer qu'en s'y glissant à plat ventre. Leurs parois ainsi que la voûte sont fort inégalement taillées,' presque complètement dans une argile excessivement compacte : ce n'est qu'en bien plus petite proportion qu'on y rencontre du calcaire crétacé.
Les traces des instruments employés par les ouvriers sont très visibles, et nous ne saurions mieux faire que de les comparer à celles que l'on ferait alternativement avec le ciseau du tailleur de pierre, la tranche et la pointe d'une pioche ordinaire.
Les surfaces des galeries parfaitement lisses en certains points portent l'empreinte indiscutable d'un séjour répété de l'homme dans ces sombres asiles, qu'il avait su rendre habitables en forant dans la voûte des tubulures cylindriques obliques d'environ 0m, 15 de diamètre. Ces tubulures qui, par leur accès à la surface du soi appelaient des courants d'air destinés à renouveler l'atmosphère du souterrain, devaient pouvoir s'ouvrir au milieu des herbes, des broussailles du des bois, sans dénoncer l'existence de la retraite ténébreuse.
Mais s'il n'est pas douteux que ce fut du besoin de se protéger elles-mêmes, que vint aux populations de Chalais la pensée de chercher sous terre un refuge, où elles pourraient attendre la fin des fléaux qui ravageaient leur pays, il n'est pas aussi facile de se prononcer sur la date historique de ces galeries qui toutes (du moins celles déblayées) viennent converger vers un pilier, de 10m, 50 de circonférence, dans lequel a été ménagée une sorte de niche circulaire comme celles qui existent en G. H. I.
Faut-il voir dans ces dispositions, ainsi que le prétendent quelques personnes autorisées, des espèces de petites catacombes où d'abord les premiers chrétiens seraient venus prier et se réfugier, pour se soustraire aux édits sanglants portés contre eux par les empereurs, et pour éviter les supplices auxquels ils étaient condamnés? Nous ne le croyons pas,
— Nous ne pensons point que l'on puisse voir, dans la niche creusée dans le pilier central et couronnée par une sorte de voûte curviligne le tombeau d'un martyr ou autel (mémoria, confessio, martyrium, testimonium, titulus). Si l'on accepte cette hypothèse, contraire, croyons-nous, à toutes les données actuelles de l'histoire, il faut admettre que le christianisme avait pénétré dans notre région avant la fin du IIIe siècle, c'est dire avant la 9e persécution ordonnée en 275 par Aurélien ; ar il est démontré aujourd'hui que l'édit de Dioctétien (303) fut presque point exécuté dans la Gaule occidentale surtout, grâce à la modération de Constance-Chlore.
Or il est à peu près certain que l'introduction du christianisme en Vendée n'est pas antérieure à la fin du IVe siècle.
D'un, autre côté, bien que des documents importants fournis récemment par M. Lévrier, avocat à Niort, et des témoins irrécusables répandus tout le long du Golfe des Pictons et à Chalais même, démontrent, pendant les quatre premiers siècles de l'ère chrétienne, la présence dans ce pays, d'une population gallo-romaine dense et riche, nous ne croyons pas non plus que le souterrain-refuge dont il s'agit, puisse remonter jusqu'à la guerre impitoyable que firent, au IVe siècle, les paysans soulevés contre cette civilisation étrangère qui n'asseyait la magnificence de quelques-uns que sur la misère universelle.
La forme des vases trouvés, contenant du charbon de bois que nous décrirons plus loin, donne croyons-nous, à notre opinion un caractère de quasi-certitude. Ces deux hypothèses écartées, il n’en demeure pas moins acquis que le souterrain en question a dû être évidemment fait pendant une de ces époques malheureuses dont est trop souvent remplie l'histoire du Bas-Poitou.
Dans ces conditions nous estimons que le souterrain de Chalais a dû être vraisemblablement créé par les habitants du littoral, pour se protéger eux et leurs objets les plus précieux, contre les 1’invasions des terribles Normands qui, de 842 à la fin du Xe siècle désolèrent la partie de la Vendée baignée par l'Océan.
A l'époque en effets où fut édifiée sur une sorte de tertre la première chapelle de Chalais, c'est-à-dire en 963, tout le marais qui avoisine cette ancienne paroisse située sur les confins de la plaine, était couvert par la mer.
Des documents certains établissent que ce fut en 942, pendant un voyage que fit Fontenay, Louis d'Outremer, qu'à la suite d’un cataclysme, les eaux de l'Océan se retirèrent en partie de notre région, et que ce ne fut qu'en 1460, seulement que Maillezais fut réellement réuni au continent.
D'ailleurs, une charte de 1216 dit catégoriquement qu'à cette époque Maillezais était un port de mer. Rien d'étonnant alors que ces écumeurs des mers qui laissaient partout derrière eux du sang et des ruines, aient envahi ce pays, déjà riche par son sol et sa situation topographique, en bordure du chemin Saulniers, qualifié, dès 953, de Vieux-Chemin (chemins des saulniers), par lequel les sels d'Aunis gagnaient Poitiers et se répandaient dans le centre de la France.
Du reste, des localités voisines de Chalais, telles que Liez, Anchais, Civray, Maillezais, Maillé, d'origine celtique, où l'on a trouvé des restes de voies romaines, des pieds d'amphores, des murs, et même des aires pavées de grandes villas agricoles furent ravagées et détruites par les Normands.
Ces invasions furent tellement épouvantables du IX au X siècle, que, selon l'expression du moine chroniqueur Pierre de Maillezais, « les habitants même disparurent. »
En tout état de causes, si cet asile n'a pas été établi pendant, les invasions normandes, il l'a sûrement été avant la reconstruction en 1085, de la plus grande partie de l'église actuelle, et notre opinion est corroborée par ce témoignage de l'historien Besly :
« Le peuple des bourgs de Petosse, Pouillé, Longesves, Charzais, Saint-Martin de Fraigneau, jusqu'à Oulmes et autres iceluy plat pays fut en l'anné 1033 et annés suivantes battu de maux qui ne sauraient nombrer, par guerre émue entre les seigneurs propres et particuliers et ceux de Colonges et de La Motte-d'Ardin.
Les maisons et champs furent brûlez, les hardes, coffres et bêtes volez, et habitants massacrez et mutilez, ce qui en restait forcé de fuir en foretz et abandonner leurs lieux qui de longtemps ne furent ensemencez. »
Pour qui connaît le pays qui entoure Chalais dans un rayon de plusieurs lieues, il paraîtra tout naturel que ses habitants fissent une citadelle souterraine pour s'y retrancher. Sans cette précaution, comment auraient-ils pu échapper à la poursuite des Normands, ou des seigneurs ennemis, au milieu d'une plaine où ils ne rencontraient ni forêts, ni accidents de terrains pour se cacher?
Dans cette plaine même, loin de tout lieu habité, et notamment sous la route de Fontenay à Maillezais, on rencontre encore des souterrains remontant à cette époque que nous nous proposons bien d'explorer quelque jour.
Rien d'étonnant, du reste, que notre pays conserve encore les traces de la vive résistance, que les bourgades pictonnes opposèrent, ou à leurs terribles envahisseurs les Normands, ou à leurs non moins impitoyables seigneurs.
Quelle que soit, du reste, la date du souterrain refuge qui nous occupe, le souvenir en est toujours demeuré vivant dans l'esprit des populations de Chalais qui; aux époques troublées de notre histoire, notamment pendant l'occupation de Maillezais par le capitaine La Plenne et sa compagnie (vils garnements, disent les mémoires de la Ligue), sont venues s'y réfugier, ainsi qu'en témoignent les pièces de monnaie que nous y avons trouvées se rapportant presque toutes aux guerres de Cent ans, de religion et de Vendée.
— Vases et Sépultures.
Les vases en partie brisés, que nous, avons trouvés, exécutés en argile commune du pays, présentent des tons différents, depuis le blanc rosé, jusqu'au noir plus ou moins intense.
Quelques-uns sont décorés d'une zone de quadrillés imprimés à la roulette. D'autres ont sur la panse des cerclés parallèles dont l'intervalle est rempli par des raies tracées à la main. Sur quelques-uns apparaissent des touches de lustre violacé d'un brun verdâtre.
Ces poteries, dont le système décoratif se rattache par plus d'un côté à celui employé du Ve au IXe siècle, et qui n'a jamais, été tout à fait abandonné, nous paraissent être de la fin de la période carlovingienne, et de la première moitié du XIe siècle.
La plupart de ces vases renfermaient avec des clous en fer, du charbon de bois provenant, sans (nul doute de sépultures, creusées pendant les périodes de calme pour recevoir, dans l'intervalle des galeries placées sous l'église, les dépouilles-mortelles de quelques prêtres ou personnages importants, dont les parents avaient dû payer fort cher, l'honneur de faire inhumer leurs défunts-dans ces dieux consacrés, peut-être, par les mystères-de la religion.
De tout -cela, il ne reste -plus guère aujourd'hui que des ossements épars et brisés, des clous portant l'empreinte d'une date fort ancienne, et une inscription illisible sur une petite plaque de plomb, tristes emblèmes de la brièveté de la vie et de la fragilité humaine, dont la vue nous rappelait, malgré nous, ces mélancoliques pensées du chantre des ruines.
« Ainsi périssent les restes mortels des, hommes; ainsi » s'évanouissent les derniers souvenirs qu'ils ont laissés»
— Statues.
Les deux statues malheureusement mutilées dont la physionomie a été reproduite si magistralement par l'éminent aquafortiste M. de Rochebrune, étaient au moment de leur découverte renversées sens dessus dessous, et recouvraient une sépulture sise non loin du choeur.
Cette coïncidence et l’'état dans lequel avaient été l’extraits du sol les personnages représentés, nous avaient fait croire d'abord à l'existence d'une pierre tombale sur laquelle étaient couchés deux des bienfaiteurs de l'église. Mais un examen; plus, attentif, et les soins apportés pour rendre à ces précieux restes leur physionomie primitive nous ont démontré, que si ces statues étaient bien du XIIe siècle, elles représentaient, à n'en pas douter, l'Annonciation de la Vierge.
C'est en effet un de ces sujets qu'aimaient tant à traiter les statuaires de cette époque, si bien caractérisée à Chalais, par cette longue tunique recouverte chez la mère du Christ, d'une espèce de manteau aux larges manches, laissant apercevoir des riches étoffes sur lesquelles se détache une gracieuse cordelière (2).
Dans ces statues, on constate de longs bustes, une sorte de raideur et d'absence de mouvements indépendants de leur costume et de leur physionomie bysantine.
- Si l'on examine attentivement les figures gravées sur les dessins ci-joints, on ne peut s'empêcher de remarquer la similitude de pose, la ressemblance des draperies, l'uniformité de type qu'on y rencontre avec ceux des bas-reliefs des églises de Foussais, Fontaineset la Chaize-Giraud.
Ces types si souvent admis, et reproduits avec le scrupule religieux, qui tenait à la fois d'un sentiment de dévotion et à l'impuissance de l'art, exécutés au moyen de procédés semblables, ne donnent-ils pas la quasi-certitude que l'archange Gabriel et la Vierge placés dans un tympan de l'antique église de Chalais, sont dus, au ciseau d'un des plus brillants élèves de l'école poitevine et saintongeaise, à ce statuaire de Saint-Jean d'Angély, qui a laissé sur l'église de Foussais, cette curieuse inscription :
ERAVDVS AVDEBERTVS DE SANCTO IOANNE ANGERIAGO ME FECIT
et qui faisait, sans nul doute, partie, d'une de ces vaillantes confréries de travailleurs, qui s'intitulaient « les logeurs du bon Dieu et maîtres de l'oeuvre, » qui, pendant plusieurs siècles, ont élevé sur le solde notre Poitou tous ces admirables monuments religieux dont nous sommes si fiers; à bon droit.
Fontenay-le-Comte, le 14 janvier 1890.
Louis BROCHET, Agent voyer d'arrondissement, membre de la Société des Antiquaires de l'Ouest.
==>Histoire du Marais Poitevin : découverte de Saint Pierre le Vieux
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Tout débuta en l'année 793 En cette année, des présages de mauvais augure vinrent sur la terre des Northumbriens, et les malheureux tremblèrent; il y avait des tourbillons excessifs, des éclairs et des dragons ardents volaient dans le ciel.....
1 Quelques fragments d'inscriptions tumulaires relevés par nous figurent sur les croquis ci-joints. Signalons; à titre de curiosité, l'existence sur une pierre tombale du XVIe siècle d'une quenouille en relief avec fuseau et accessoires.
2 Les femmes de cette époque portaient les cheveux tressés très longs et descendant plus bas que l'a ceinture, ainsi qu'on peut le voir au portail da Saint-Germain-des-Prés, à Paris.