Paysages et monuments du Poitou - Église Notre-Dame de Fontenay-le-Comte, sa crypte et son clocher
Une crypte datée du XIe siècle, oubliée depuis la Révolution et redécouverte lors de travaux dans la nef de l'église, atteste de la présence dès cette époque d'une église romane sur l'emplacement de l'actuel édifice. Ces vestiges sont les plus anciens de la ville.
Construite au 15e siècle (1423 : début de la reconstruction), époque où la ville est prospère, cet édifice gothique du XVe siècle succède à une autre église romane (11e) dont seule la crypte subsiste.
La crypte du XIe siècle, voutée d’arêtes, est le seul vestige de l’église romane primitive.
L’édifice actuel, avec ses trois vaisseaux couverts de voûtes d’ogives à huit quartiers et son abside pentagonale, date en majeure partie des années 1420 et a été réalisé sous l’impulsion du prieur Pierre Bernart.
L’empreinte de la Renaissance est sensible dans la chapelle absidale nord et la chapelle Saint-Pierre, greffée sur le bas-côté sur par Léonard de la Réau, en 1542.
Avant l'entrée des protestants à Fontenay, la veille de la Trinité 1562, le trésor de l'église de Notre-Dame renfermait plusieurs objets d'un grand prix. On peut en juger par la nomenclature suivante extraite d'une pièce du 1er avril 1550, et reproduite en partie dans un autre document du 20 janvier 1554 :
« Un vaisseau en or où l'on porte le Corpus Domini, avecq sa plactay ne ; les chiefs de Monsieur sainct Venant et de Madame saincte Anne , en argent ; ung grand calyce d'or appelé coulpe, d'orfebvrerie fort vieille , et une grande croix d'argent doré, avecq deux croyzons et force pierres de prix et prétieuses, sur laquelle est un crucifix de ung pied de hault. »
Tous ces curieux monuments de l'art gothique furent dispersés et détruits.
En 1568, il en restait cependant encore quelques débris. Un inventaire dressé quarante-huit jours avant la destruction presque totale des établissements religieux de Fontenay, fournit sur ce sujet des détails qui ne sont pas sans intérêt.
« Inventaire des relicques, àornements et meubles de l'esglise Nostre-Dame de ceste ville de Fontenay-le-Comte, que Mathurin Bichon, cy-devant fabriqueur de la dicte esglise, a rendu et tenu compte à Maistres Jehan Baillot et Guillaume Poylier, à présent fabriqueurs. Le dict inventaire fait à la requeste des dicts susnommés et de honorable homme Maistre André Regnouf, advocat du roy et maire et capitaine de la dicte ville ; Maistres Pierre Grignon et Guillaume Joly, notaires; Nicolas Dupont et Michel Eslard, procureurs au dict Fontenay, et de Jacques Fouchard et Germain Barreau, segretains, le dymanche dixhuitiesme jour du moys de juillet, l'an mil cinq cent soixantehuict.
» Et premièrement le dict Bichon a mis en évidence , baillé et déclairé es dicts Baillot et Poytier les relicques qui s'ensuivent, qui estaient en une grande armoyre près l'autel SaincteAnne : Ung calyce d'argent doré partout o sa platayne ; ung aultre d'argent estant doré par le dedans la poume seulement, ayant au pied ung image desainct Sébastien, aussy o sa platayne; une petite châsse d'argent doré ayant cinq vitres; une petite croix d'argent o deux croyzons; une aultre croix plus petite aussy d'argent et ayant deux croyzons et huict pierres ; unze pierres qui étaient de la grand'croix ; une petite teste d'y mage que l'on dict estre celle du crucifix de la grand'croix ; ung petit lopin des croyzons de la dicte croix, et ung petit lopin d'argent où y a une croix attachée à un petit ruban ; » Lesquelle choses ont esté remises en leur armoyre.
» Le dict Bichon a mis en évidence, baillé et déclairé deux chappes, une chesible, deux courtibaulx , une estolle et trois fanons de drap d'or, figuré de velours violet ; » Item une chappe, une chesible, ung courtibault de velours rouge cramoisy, o broderies de fils d'or ; » Item une chappe de velours cramoisy violet, aussi o broderies de fils d'or ; » Item deux courtibaulx , deux fanons et deux estolles de velours incarnat, figurés, les dicts courtibaulx , o broderies de fils d'or ; » Item deux chappes, une chesible , deux courtibaulx , une estolle et un fanon de damas blanc figurés o broderies de fils d'or; » Item un courtibault aussi de damas blanc, figuré o bandes de damas rouge ; » Item une vieille chesible de satin blanc o broderies de fils d'or; » Item une chesible et un courtibault de soie à deux endroicts ; l'ung des dicts endroicts de couleur comme jaulne mêlé de fils d'or, et de l'aultre endroict estant de taffetas vert o bandes de taffetas incarnat; Item une chesible et deux courtibaulx de velours bleu o broderies de fils d'or, et ensemencez sur le velours d'estoilles de fils d'or ; » Item une vieille chappe de velours noir tout pelé, o broderies de fils d'or ; » Item une chappe, une chesible et deux courtibaulx de faulx fils d'or figuré à lozanges , ensemencez de fleurs violettes dans les rézes ; » Item une chappe, une chesible et un courtibault de camelot noir ondé, brodé de fils d'or ; » Item une chesible de damas noir figuré o broderies de fils d'or; » Item une chappe, une chesible et deux courtibaulx de layne rouge et vert, à façon de Flandres, o broderies de fils d'or ; » Item une chesible de soie jauille, ensemencée de fleurs de soie violette, à façon de Flandres, o broderies de fils d'or ; » Item une chappe, une chesible et deux courtibaulx d'ostade hleue, brodez d'ostade rouge , o broderies de fils d'or à petites fleurs blanches et vertes ; » Item ulle estolle et deux fanons d'ostade blanche, à petites croix d'oslade rouge ;
» Item une fort vieille chesible de damas figuré de blanc, toute deschirée; » Item neuf paires d'heures, en parchemyn , servant à faire l'office en la dicte esglise ; » Lesquelles choses estaient en des tyrettes estant devant l'autel Saincte-Anne, qui encores ont esté remises es dictes armoyres.
» Item de grandes armoyres estant devant l'autel et chapelle Sainct-Blayse, ont esté trouvez quatorze aulbes ou grands surpelitz de linge à prebtre ; » Item trente-deux nappes ouvrées; » Item cinq douzaines et demye de nappes de toutes sortes de toile pleyne ; » Item trois douzaines et deux courtines , tant grandes que petites et de toutes sortes ; » Item un grand ciel neuf et deux vieulx, o franges; » Item ung drap servant pour parevent au grand autel, estant de toile de chanvre neuf, ayant franges de deux coustez ; » Item dix-sept guymples de linge à couvrir les ymages ; » Item deux douzaines quatre serviettes ; » Lesquelles choses ont esté remises es dictes armoyres.
» Item d'aultres armoyres estant près des deux grandes portes de la dicte esglise , a esté trouvé : » Dix pièces de parements ou devants d'autel de tapisserie et de coulleurs ; » Item neuf oreillers tant de tapisserie, ouvragés, que de satin ; » Item cinq touailles de linge sale ; » Item serviettes sales ; » Item deux aulbes ou grands surpelitz et trois aulmuces; » Item une guymple ; » Lesquelles choses ont esté remises es dictes armoyres.
» Et sur les autels de la dicte esglise, accoutumez à estrc serviz du linge de la dicte esglise , a esté trouvé en tout vingtsix touailles, six serviettes et trois guymples , et sur chacun des dicts autels un tapys tel que de coustume ; lesquelles choses sont encore demeurées sur les dicts autels.
» Item, un coffre estant à l'autel Saincte-Anne, a esté trouvé : » Un parement du grand autel de taffetas rouge, o franges de soie verte, blanche et violette ; » Item ung aultre parement faict à ouvrages de coulleur jaulne , rayé de blanc ; » Item un ciel de camelot ondé rouge , o franges de or faulx, que l'on met à la chapelle le jour de la Feste-Dieu , avecq le fond d'icelluy estant de serge rouge ; » Item une robe ou parement de velours rouge cramoisy que l'on met sur l'y mage de la Nostre-Dame ; * Ce qui encore a esté serré on dit coffre.
» Item huit chandeliers de cuyvre , dont y en a quatre grands et quatre petits ; » Item, près les armoyres des chappes, a esté trouvé quatre grands chandeliers de fer à mettre cierges.
» Les dicts Baillot et Poytier ont dict qu'ils prennent les dictes choses cy-dessus, sans aultrement se charger d'icelles, synon de faire tout debvoir pour la conservation d'icelles, etc.
Faict les jour et an sus dicts.
» MATHURIN BICHON, POYTIER, JOLY, P. GRIGNON , BAILLOT. »
Depuis le siège de Fontenay par le duc de Montpensier, en septembre 1574, le clocher de Notre-Dame, percé par les boulets des catholiques, menaçait ruine, au grand désespoir de tous les habitants qui le regardaient comme le plus bel ornement de leur ville, et racontaient, non sans orgueil, cette facétieuse circonstance de la vie de Gargantua, où l'aimable escholier, voulant se rigoler avecques Tourangeaux, Bretons, Poictevins et aultres joyeux compaignons, s'assit sur le jau de la flèche, plaça nonchalamment ses pieds sarcelles de Niort et de Luçon, et se mit en devoir de faire sa ganoche de la tour de Marans.
MM. Langlois et Parabère vinrent à Fontenay, dans les derniers jours de 1599, faire exécuter l'édit de pacification. Ils donnèrent aux protestants les ordres les plus formels de ne plus inquiéter ceux qui n'étaient pas de la même communion, et ne quittèrent la ville que lorsqu'ils eurent la preuve certaine que leurs mandements seraient rigoureusement obéis (1).
Les catholiques, n'étant plus gênés dans leurs actions, se cotisèrent entre eux, pour subvenir aux frais considérables de la complète restauration de leurs églises.
J'ai retrouvé le rôle original fait à cette occasion par le maire Jehan Alleaume, avocat du roi, François Dubois, enquêteur, et René Vyon, curé de Notre-Dame : il s'élève à la somme de huit cent vingthuit écus d'or, quarante-six sols.
Ce document est transcrit en entier à la fin du second volume, n° VIII. On y lit les noms de presque toutes les familles qui formaient alors la population de la ville proprement dite et de la plus grande partie des faubourgs. Cette liste est suivie de celle des citoyens qui ne voulurent rien donner : étrange abus qui montre bien l'intolérance de ces temps déplorables, et à quel pouvoir étaient arrivés les catholiques. La position inférieure des protestants est toute entière dans ce fait. Naguère oppresseurs, ils su bissent un terrible revirement de fortune, et les efforts inouïs que nous leur verrons faire, ne serviront qu'à prolonger leur agonie, pour tomber enfin sous un coup d'état.
La cotisation des paroissiens ne suffit pas à payer toutes les dépenses : il fallut que la fabrique et la ville fissent une somme à peu près égale, puisque l'ensemble de la maçonnerie fut adjugé au rabais à Ambroise Bienvenu, tailleur de pierres, moyennant quinze cents écus d'or. L'entreprise marcha avec rapidité, et dès le 21 novembre 1600, la dernière arcade des voûtes près le grand autel était achevée (2), et cette inscription placée au milieu :
EN 1568, CESTE ÉGLISE FOT RUYNÉE,
ET RÉTABLIE EN 1600 PAR JEAN ET
AMBROISE BIENVENU , PÈRE ET FILS , A ……
AUX DÉPENDS DE LA FABRIQUE
ET DES PAROISSIENS DE CÉANS.
PRIÉ DIEU POUR EUX.
Il restait encore à réparer la flèche. François de la Foye et René Robin, tailleurs de pierre, François Tymonier et Mathurin Chassay, recouvreurs, s'en chargèrent, le 20 mai 1603, pour 950 livres. Ils devaient, dit le marché, « refaire ce qui estoit endommagé, soit des marches, parapets, piliers, galeries, qui ont été ruhynées par le canon ou aultrement, ensemble tout ce qui a été gasté de l'aguille du clocher; et remettre des pierres neufves bien duhement taillées aux lieux qui sont gastés et endommagés en toute l'aguille; et joindre tout ce qui n'est point endommagé avecq du cyment en dedans et en dehors; et descendre le jau du clocher , ensemble la croix par laquelle il est spustenu. Et feront la besoigne de bonnes pierres, de même façon et ordonnance que le clocher avoit été construit et basti. »
Les entrepreneurs devaient en même temps réparer et recouvrir la chapelle voûtée placée derrière le maître-autel (3).
Quant à la décoration du monument, on fut obligé d'attendre que l'on eût les fonds nécessaires, et ce ne fut qu'en 1618 que Paul Babin, sieur de la Chopinière, avocat, fabriqueur, employa Loys Poyret, Claude Gillot et Toussaint Bouton, sculpteurs, à élever le maître-autel sur les dessins du premier 4.
Ces artistes l'ornèrent de statues et de peintures, qui furent acceptées, le 15 janvier 1620, par une commission composée de Jean Besly, maire; Jean de la Roze, peintre; René Robin, tailleur de pierre; Jean Bossies, architecte; Adam Mayre et Paul Pager, conseillers du corps de ville. Jean de la Roze, critique sans doute éclairé, fit seulement quelques objections, et déclara que les images n'étaient pas assez polies.
Déjà l'église avait été réparée en 1600 (5). Le curé René Vyon fit un nouvel appel à la générosité de ses paroissiens, et bientôt la fabrique put conclure le marché qui va suivre :
« Aujourd'huy, honorables hommes Maistres Pierre-Françoys David Grignon et Jacques Pager , fabriqueurs de l'esglise de Nostre-Dame de ceste ville de Fontenay-le-Comte , d'une part , et Françoys de La Foye, René Robin, tailleurs de pierres, Françoys Tymonier et Mathurin Chassay, recouvreurs, demeurant aux faulxbourgs dudit Fontenay, soubsignez, auxquels les sus dicts ont faict le marché qui s'ensuit, sçavoir est que les dicts de La Foye, Robin, Tymonier et Chassay ont promis réparer le clocher de la dicte esglise de ce qui est endommagé, soyt de toutes les marches et parapets des piliers, galleries et aultres endroicts du clocher, qui a esté endommagé et ruyné par le canon et aultrement, ensemble tout ce qui est gasté de l'aguille dudict clocher, et remettre des pierres neufvcs, bien duhement taillées, en lieu de celles qui sont gastées et endommagées en toute l'aguille; de rejoindre tout ce qui n'est point endommagé avecq du cymcnt dedans et dehors et descendre le cocq du clocher, ensemble la croix et aultre équipage où il est soutenu, et estant racommodé de ce qu'il se trouvera endommagé , le remettront, et feront toute la dicte besoigne de bonne pierre de mesme façon et ordonnance qu'il a esté construit et basty, et fourniront de toutes matières, soyt pierres , chaux , sable , cyment , chaffaudages que aultres choses requises et nécessaires, et le tout rendront faiet et parfaict bien et convenablement devant la feste Saint-Michel prochaine , et oultre mettront les pands requis sur la chappelle qui est voultée , laquelle est derrière le grand autel de ce qui en est requis, les assyront à cyment, et rejoindront aussy avecq du cyment les aultres pands de la dicte chapelle et fourniront de chaux et cyment; mais quant es pands , en prendront en l'esglise de ceux qui ont esté levez au dehu de la chapelle. Et moyennant ce que dessus, les dicts fabriqueurs ont promis bailler et payer aux dicts de La Foye , Robin , Tymonnier et Chassay la somme de neuf cent cinquante lyvres tournois, de la quelle somme leur sera payé cent cinquante lyvres d'icy huict jours prochains , et le parsus en faisant la dicte besoigne à mesure qu'elle se fera , et parachèveront de les payer icelle estant faicte et parfaicte , ce que les dictes parties établies ont stippullé et accepté. Faict et passé au dict Fontenay, le vingtiesme jour de may, avant midy, l'an mil six cent et trois, et ont déclairé les dicts Robin, Tymonnier, de La Foye et Chassay que, pour le vin du marché, le dict François a baillé six livres.
Le chœur fut élevé de la hauteur de deux marches, et séparé du reste de l'église par un jubé qui commençait un peu au-dessus de la petite porte latérale, au second pilier (6), et les nombreux autels garnissant tout le pourtour, furent réédifiés aux frais des familles qui les possédaient. La liste suivante fera connaître les noms des divers bénéfices qui y avaient été fondés :
AUTELS DE NOTRE-DAME.
1° Grand Autel;
2° Chapelle Saint-Pierre;
3° Sainte- Catherine, ou des Bertin;
4° Sainte-Anne ;
5° Saint-Biaise;
6° Saint-Venant;
7° Notre-Dame-de-Pitié (ou Notre Dame la-Droite) ;
8° Saint-Martin ;
9° Notre-Dame- de-la-Prouillère
10° Saint-Jean-des-Mayrand;
11° Saint-Nicolas;
12° Saint-Crespin (des cordonniers) ;
13° Des Maignen ;
14° Des Richer;
15° Des Bonnin;
16° Des Guitton;
17° Notre-Dame-l’Accouchée;
18° Saint-Jacques, ou des Thibaud;
19° Du Pasty. (J'ignore si cette chapellenie avait un autel à part.)
Les descendants des fondateurs, ou ceux qui les remplaçaient, présentaient à ces chapellenies. Ils avaient six mois pour remplir cette formalité (7).
Le palais de justice et sa chapelle, dédiée à saint Charles, et les églises Saint-Nicolas et Saint-Jean, furent aussi remis à neuf.
La dernière était livrée au culte en 1604, comme le montrent deux inscriptions placées à gauche, de chaque côté d'une niche dédiée à la Vierge :
EN : L'AN : 1568
IAY : ESTÉ
RVYNÉE.
ET : EN : L'ANNÉE
1604 : IAY : ESTÉ
RÉÉDIFIÉE.
On ne mit alors que des voûtes en bois, car celles en pierres ne furent faites qu'en 1636 et 1637, ainsi qu'en fait foi la date gravée sur la clef de l'une des voûtes de la grande nef et l'écusson de la chapelle de la Vierge :
IAY : ESTÉ
FAITE : LE
2E : IOVR
D'AVRIL
1636.
Fontenay eût pu se reposer en paix et oublier les épreuves auxquelles il avait été soumis, si des rivalités intestines n'eussent été cause de procès, d'injures et même de voies de fait. L'intérêt fut le premier mobile de ces querelles. Les nouveaux nobles ne voulaient pas payer d'impôts, les autres habitants se sentaient peu disposés à en voir retomber la charge sur eux. De là, rivalités sans fin, qui aboutissaient toujours à des démêlés avec la justice (8).
D'un autre côté, les Cordeliers et Jacobins faillirent amener une révolte.
Ces bons Pères, dont les couvents étaient en ruine, cherchaient l'occasion de se procurer les fonds nécessaires à rebâtir leurs monastères. Les prédications étaient une source de richesses toute trouvée, qu'il ne leur fallait qu'exploiter ; mais l'évêque de Maillezais (9) avait des protégés et voulait nommer les prédicateurs.
La population prit fait et cause pour ses moines, et, lorsque les religieux étrangers se présentèrent, on ne voulut pas les recevoir (10). Le prélat, obligé de céder, garda rancune aux Fontenaisiens, et tâcha bientôt, sans plus de succès, d'introduire dans la ville des rivaux bien plus redoutables pour les Jacobins et Cordeliers. Sur sa demande et sur celle d'Isabelle Babou (11), dame de Sourdis, marquise d'Alluye, Henri IV donna, le 29 juin 1604, la permission aux Jésuites de venir s'établir à Fontenay, ou dans quelqu'autre lieu de la partie du Bas-Poitou qui dépendait de l'évêché de Maillezais.
Cet Ordre puissant, rentré depuis moins d'une année, après avoir été chassé comme nuisible à l'état, tentait peu à peu de se répandre dans le royaume.
Notre ville fut la première du Bas-Poitou dans laquelle il désira s'établir (12). Sa position était en effet très-propice à ses desseins.
Le souvenir des guerres civiles à peine terminées, l'énergie des haines et surtout l'exaltation religieuse détournaient l'attention et devaient lui permettre de s'installer sans bruit : et puis ne venait-il pas répondre à la demande des habitants, si souvent répétée, de voir fonder un collège ? Il serait peut-être parvenu à son but, si l'ombrageuse défiance des autres couvents n'eût excité de la part du public une vigoureuse opposition.
Nous ne possédons pas assez de documents sur cet incident, pour pouvoir dire de quelle manière tout se passa ; mais toujours est-il que les lettres du roi furent sans effet (13) ( Voy. les preuves, n° ix).
Le Poitou causait encore quelques craintes à Henri IV (14). Depuis qu'il avait abjuré le protestantisme, ses anciens amis se défiaient de lui et gardaient un profond ressentiment de ce qu'ils appelaient son ingratitude.
Les chefs surtout étaient indignés de ne pas voir payer, selon leurs désirs, leurs services et un dévouement éprouvé dans tant d'occasions. Il est vrai qu'ils avaient eu affaire à plus fin qu'eux, et que Henri s'était promptement aperçu que, s'ils l'avaient élevé, c'était bien moins par attachement à sa personne, que dans l'espoir de se tailler des apanages.
La grandeur de la France n'était pas d'ailleurs dans le protestantisme, comme le jugeait très- bien le monarque parvenu : il n'eût trouvé de ce côté que des volontés divergentes, et eût été toujours entravé dans ses idées de centralisation du pouvoir. Richelieu, auquel était réservé de mettre à exécution, en les agrandissant, les projets de Henri IV, n'agit-il pas continuellement en vue de ce principe?
S'il mérita l'éternelle reconnaissance de la nation, n'est-ce pas en écrasant, sous sa main de fer, cette aristocratie tracassière, qui rêvait encore la féodalité (15) ?
La conspiration de Biron mit assez à nu les intentions des meneurs ; la position était donc critique. Afin d'empêcher que les mécontents du Poitou pussent se joindre à ceux qui s'étaient ouvertement prononcés, le roi envoya Sully dans la province. Celui-ci vit les chefs réunis autour de la Trémoille, leur annonça des bonnes intentions du roi à leur égard, et, s'il ne persuada pas, il assura toutefois la tranquillité.
A l’intérieur de l’église, sont conservés un beau retable de marbre et pierre de 1682, une Résurrection d’après Annibal Carrache par Jean André, peintre de la deuxième moitié du XVIIe siècle et une chaire de style Louis XVI.
Sous la Révolution, l'église est transformée pour devenir Temple de la Raison, avant que le culte n'y soit restauré en 1801.
Time Travel 1845, découverte de la crypte lors de la réparation du dallage de Notre-Dame (Visite Virtuel)
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En 1845, découverte de la crypte lors de la réparation du dallage de Notre-Dame
L'église romane, dédiée à Notre-Dame, ne répondait plus aux besoins du culte, et fut rebâtie. Les anciennes murailles furent rasées, et l'on ne conserva que la belle crypte du XIe siècle, que MM. Levêque, architecte, Boncenne, juge d'instruction, (16) et Octave de Roche-Brune, dont le beau talent sait reproduire avec une rare facilité les oeuvres du moyen-âge (17), viennent de retrouver, le 2 janvier de cette année.
L'entrée est placée à la hauteur de la chaire. On y arrive par un escalier, pratiqué dans un couloir de 6 pieds de haut, de 3 de large et de 8 mètres de longueur.
La chapelle est en forme d'hémicycle et était éclairée autrefois par trois fenêtres très évasées, qui rayonnent à l'entour, et n'ont que 8 pouces de large, sur un pied et demi de haut. Des traces de barres de fer sont encore visibles. La forme extérieure de ces ouvertures, autant qu'on peut en juger, en y introduisant une lumière, annonce un exhaussement considérable du terrain, puisqu'elles sont construites de manière à recevoir horizontalement le jour. Il faut conclure de là que l'abside de la vieille église fut encaissée sous des terrassements, lors de la destruction (18).
Les voûtes de la crypte sont soutenues par quatorze colonnes cylindriques d'un assez beau style (19). Dix sont appliquées le long des murailles et les quatre autres supportent la retombée des voûtes centrales, qui sont à cintre sur haussé, et faites en petites pierres à peine taillées, recouvertes d'une épaisse couche de ciment mêlé de sable et de cailloux de mer (20).
Les chapiteaux sont cubiques, à angles coupés de façon à ce que l'évidure offre la silhouette d'une palme; les faces sont aussi ornées d'une bande unie très en relief. Le tailloir est fort élevé et la colonne, séparée du chapiteau par un boudin, repose sur une base dégénérée de l'Attique. Deux chapiteaux seulement des colonne isolées (21) sont décorés de volutes mal sculptées et peu en rapport avec le travail franc de ceux qui les entourent (22).
L'ensemble de ce joli monument dénote le XIe siècle.
Il a cette simplicité, quelque peu antique, que nous retrouvons dans les travaux contemporains et est dépourvu de la fastueuse ornementation du XIIe (23).
Les cryptes étaient destinées en principe à renfermer les reliques de quelques bienheureux. Celle-ci était-elle réservée à cet usage? On l'ignore.
Peut-être que des fouilles faites sous le pavé feraient découvrir quelque tombeau ; mais la solidité de l'édifice pourrait être compromise et entraînerait un effort des voûtes
-Autrefois un autel devait également être placé au milieu des quatre colonnes centrales. Il serait facile d'en construire un à peu de frais, dans le style de l'époque, et surtout d'éviter quelques-unes de ces déplorables erreurs, qui font étaler les accouplements les plus ridicules et les plus contraires au simple bon sens (24).
Fontenay-le-Comte, ville renaissance
Le patrimoine fontenaisien et les animations estivales à découvrir avec Marie-Gabrielle
Pièces curieuses concernant Notre-Dame de Fontenay, publiées par Benjamin Fillon
Recherches historiques et archéologiques sur Fontenay, par Benjamin Fillon
Les Cœurs dans les coffres en plomb trouvés dans les sépultures de l’Ouest
Le dépôt dans les sépultures des cœurs en métal ordinairement en plomb contenant des cœurs embaumés a eu lieu de tout temps depuis le moyen âge jusqu'au milieu du dix-huitième siècle.
En ne nous occupant que du Poitou et des provinces limitrophes, nous en trouvons à chaque instant des exemples.
Lorsque le duc de Bretagne Arthur II, fils et successeur de Jean II, mourut en 1312, son cœur fut déposé dans la tombe de son père placée devant l'autel de l'église des Carmes de Ploërmel.
Le superbe cœur en or« pur et munde »,comme le dit son inscription, que l'on admire à Nantes au musée de l'Oratoire, et qui renfermait celui d'Anne de Bretagne, avait été mis, à la mort de cette princesse deux fois reine, dans le tombeau de François II son père : il y fut retrouvé lorsque l'on transporta de l'église des Carmes à la Cathédrale le chef-d'œuvre de Michel Colomb. Il en était toujours ainsi pour les sépultures précédées d'un embaumement.
Cette opération consistait à vider Je cadavre, à scier le crâne horizontalement au milieu de l'os frontal, et à remplacer ensuite toutes les parties molles par des aromates.
La section de la tête explique la présence, dans les enfeux remplis de sable, de ces espèces de coupes d'ivoire que l'on y trouve. Dérangées de leur position première par des inhumations postérieures, la décomposition des bandelettes au moyen desquelles après l'embaumement elles avaient été rapprochées de la partie inférieure (25) de la tête les faisait s'en détacher et se mélanger à la terre.
Quant au cœur, il était mis dans une capsule en plomb pleine d'alcool, tandis que les entrailles, portées ordinairement dans une des églises du lieu du décès, y recevaient la sépulture religieuse.
On déposait le corps dans un tombeau séparé, où le cœur ne l'accompagnait pas toujours, et ne le suivait souvent qu'à des dates très éloignées.
Ces diverses formalités résultent des comptes nombreux des intendants ou maîtres d'hôtel, dont fourmillent les vieilles archives, entre autres celles du chartrier de Thouars.
Le coffret de plomb dans lequel le coeur embaumé de Richard Coeur de Lion a été conservé pendant plusieurs siècles, avant d’être déplacé dans un coffret de cristal en 1838, par le Directeur des Antiquités de l’époque.
Richard Cœur de Lion, fils d’Aliénor d’Aquitaine, est mort au XIIe siècle, le 6 avril 1199, à l’âge de 42 ans, douze jours après avoir été blessé à l'épaule par un carreau d’arbalète lors du siège du château de Chalus-Chabrol, près de Limoges, dans le Limousin.
A la mort du cardinal de Bourbon, roi de la Ligue, qui arriva le 9 mai 1490 pendant qu'il était prisonnier à Fontenay-le-Comte, on observa les formalités dont je viens de parler.
Son corps fut enterré dans l'église de Saint-Nicolas à droite du grand autel. Ses entrailles furent placées au bas du mur d'en face sous une dalle sur laquelle dom Marzet lut encore en 1786:
Urna Cinerum.
Le pilier au bas duquel reposait le défunt portait au-dessous des armes de France cette inscription :
OBIIT PIISSIMUS PRINCEPTS NONA MAII
Le 16 juin 1891, les ouvriers qui démolissaient la vieille église de Blain, au diocèse de Nantes, découvrirent un caveau creusé en avant du sanctuaire. Dans ce caveau reposaient deux grands cercueils en plomb placés sur des barres de fer scellées au mur.
Au-dessous trois autres petits cercueils d'enfants, et à côté trois bottes également en plomb, dont deux en forme de cœurs et une oblongue.
Sur l'un de ces cœurs on lit cette simple inscription:
RENÉ 1586
et sur la botte oblongue:
CY GIST LE CŒUR DE HENRY DE ROHAN 1575
Henry de Rohan, époux de Catherine de Parthenay, mourut le 25 juin 1575, et deux jours après il fut enterré dans le temple protestant du château de Blain.
Quoique calviniste, le caveau d s l'église paroissiale reçut son cœur.
De plus, les vieux registres contiennent cette inscription :
« Le vingt-huitième jour de juin furent enterrées en l'église de Bleing les entrailles de défunt haut et puissant Henry de Rohan, prince de Léon. »
Ses entrailles furent inhumées à part, derrière l'autel, sur l'emplacement d'une ancienne sacristie où elles ont été retrouvées.
Le cœur portant les mots :
RENE 1586
ne peut être que celui du frère cadet d'Henry. Il mourut à la Rochelle en 1587, et ne fut rapporté à Blain que le 16 septembre 1599, treize ans après (26).
Il y a quelques années, faisant moi-même des fouilles dans l'église de Treize-Ventes (Vendée), j'ai trouvé le cercueil de Charles Eschallart, baron de la Boulaie, geôlier du malheureux cardinal de Bourbon dont j'ai parlé précédemment.
Un énorme cœur en plomb soudé sur le milieu de la bière contenait encore le liquide d'embaumement.
Au-dessous était l'inscription suivante faite au moyen de petites lettres majuscules de quatre millimètres, et frappées au marteau sur le métal:
CHARLES ESCHALLART CHIR SEIGNEVR BARON DE LA BOVLAIE DE CHATAVMVR DE CHALIGNE DE PIERREFITE DE LA TOVRDOIRE DE CHANDOLANT BORS ET ARCINGES ET DE LA GROZALLIERE CONSEILLIER ET CHAMBELLANT ORDINAIRR DV ROY CAPITAINE DE ClNQUANTE HOMMES D’ARMES DE SES ORDONNANCES GOVERNEVR ET LIEVTENANT GENERAI. POVR SA MAGESTÉ A FONTENAY LE COMTE ET PAIS DV BAS POICTOV ET VIS ADMIRAL EN GVYENNE DECEDA AVDICT FONTENAY LE DIMANCHE CINQVIESME JOUR DE IVIN A ONZE HEVRES DV MATIN L'AN MILCINQ CENS QVATRE VINGT QVATORZE.
L'enfeu, situé comme à Blain au bas des marches de la table de communion, était rempli de sable, et traversait l'église d'un mur à l'autre, formant un parallélogramme d'une largeur de deux mètres cinquante dessiné par deux murailles.
A l'ouverture du cercueil, je compris ce qu'étaient ces coupes en os que nous avions trouvées et leur raison d'être. Le crâne du squelette avait été scié et la calotte gisait sous la tête.
Là le corps et le cœur étaient réunis exceptionnellement.
Eschallart, fougeux calviniste, avait transformé en temple, l'église de sa seigneurie et à l'occasion de la mort de sa fille fait élever au milieu un superbe tombeau. Ses descendants, revenus au catholicisme avec le roi, le firent disparaître en restaurant l'église où l'on voit encore les curieux retables de chêne sculpté qu'ils y firent placer.
Les cœurs, considérés comme la partie la plus noble du corps, el qui contrairement aux autres viscères recevaient des honneurs particuliers, n'étaient, surtout dans les grandes familles, qu'exceptionnellement déposés avec les cercueils.
On leur donnait en général pour lieux de sépulture des espèces de reliquaires creusés soit dans des piliers d'églises, soit au dos des retables d'autels, ou, comme à la chapelle supérieure du château de Thouars, les alvéoles qui ont reçu ceux des La Trémoille et forment un semblant de colombarium.
Le Bas-Poitou en fournit de nombreuses preuves.
Après la mort de Claude de Maillé-Brezé, seigneur de Cerizay, tué à la bataille de Coutras avec le duc de Joyeuse dont il portait la cornette blanche le 20 octobre 1587, son fils Jacques de Maillé-Brézé, qui lui succéda, fit ériger dans l'église paroissiale un monument où il plaça le cœur de son père, celui de sa mère Robinette Amon, et ordonna qu'à sa mort on y mît aussi le sien.
A la démolition de l'église, il y a quatre ans, ils n'ont pas été retrouvés.
Chaque famille noble ou riche avait un enfeu relevant d'un droit seigneurial ou d'une concession achetée. Celui des Châteaubriant, comtes des Roches, était à la chapelle même de ce château.
Les registres mortuaires de l'église de Saint Germain de Princay qui en relevait contiennent relativement aux Châteaubriant la mention suivante :
« Le cinquième jour d'octobre 1642 fut tué à l'armée du pays de Catalogne haut et puissant seigneur Monseigneur le comte des Roches Philippe de Châteaubriant. Son corps fut enterré en la chapelle de Montferra, et son cœur fut apporté aux Roches le dixième du mois de novembre en l'année 1652.
«En témoignage de quoi, j'ai signé jour et an et ai écrit et signé la présente.
G. CRUMOY,
« Curé de Saint-Germain de Princap, »
Ce cœur fut donc inhumé dix ans après le décès de Philippe, tué à 35 ans à la bataille de Lérida, suivant l'inscription de la plaque commémorative transportée des Roches à l'église de Saint-Germain où elle est aujourd'hui du côté de l'évangile et au-dessous de la chaire. Le cœur a disparu.
La date donnée sur cette plaque et celle de l'obit du curé Crumoy ne coïncident pas avec l'histoire qui attribue à la bataille de Lérida, où le comte d'Harcourt fut défait, l'année 1646. Où est l'erreur?
Les Roches Baritaud
Je ne relèverai point cette inscription publiée le 22 octobre 1890 dans les Chroniques paroissiales du diocèse de Luçon. Je n'en transcris que la première et la dernière phrase qui donnent une idée du style dithyrambique de l'époque :
« ARRETE PASSANT ET RÉVÈRE ICI CE QUE L'ESPAGNE A REDOUTÉ: C'EST LE CŒUR DE MESSIRE PHILIPPE DE CHATEAUBRIANT COMTE DES ROCHES BARITAULT : MAITRE DE CAMP DES ARMÉES DE SA MAJESTÉ : LA GRANDEUR DE SA NAISSANCE RÉPONDIT PARTOUT DE SA VÎE : LA NATURE LUI DONNA DES VERTUS ET LE TEMPS DES OCCASIONS DE LES FAIRE PARAITRE : IL APPRIT DE SON PÈRE LES PRINCIPES DE LA GUERRE TANT PAR SES EXEMPLES QUE PAR SES LEÇONS, ETC, ETC. • .
« PASSANT AVOUE QUE LE CŒUR QUE L'ESPAGNE A REDOUTÉ MÉRITE D'ETRE RÉVÉRÉ SOUS CETTE LAME ÉLEVÉS A LA MÉMOIRE D'UN PERE INCONSOLABLE QUI LUI A RENDU LES HONNEURS QU'IL DÉVAIT RECEVOIR DE LUI. »
Tous les cœurs des Châteaubriant ne furent pas déposés aux Roches.
Gabriel, père du précédent, mourut pendant un séjour qu'il faisait à son châtean de St-Paul-en-Pareds le 22 janvier 1653.
Cinq ans après son cœur fut apporté à l'église de Fontenay dans les vieux registres de laquelle se trouve l'acte suivant :
« Le treizième jour d'août 1658 a été inhumé dans le chœur de l'église de Notre-Dame, au dernier pilier du côté de l'épitre, le cœur de défunt haut et puissant messire Gabriel de Châteaubriant lieutenant général du Roi pour le Bas-Poitou, décédé l'année précédente au château de St-Paul-en-Pareds.
« Signé : Aubineau, prêtre. »
Je relève encore ici l'inexactitude de la date précitée et assignée au décès de Gabriel ·de Châteaubriant.
Le curé Guillaume Crumoy s'attendant à la venue du corps de son seigneur à Saint-Germain commence la rédaction de son acte mortuaire qu'il a laissé inachevé en indiquant comme jour de l'événement le 22 janvier 1653.
Ce ne serait donc, d'après ce dernier chiffre, que cinq ans après que le cœur aurait été mis à Notre-Dame.
A chaque instant l'on se trouve en face de ces ajournements de sépulture, ce qui prouve ce que j'avance au commence- ment de cet article : que très souvent ces funèbres épaves n'arrivaient que fort tardivement à leur dernière demeure.
Les cœurs de Philippe de Châteaubriant et de son père mis dans des vases d'argent ont été volés pendant la Révolution.
C'est à l'infini qu'on citerait ceux que contenaient les églises de notre pays.
La dernière livraison de la Revue du Bas-Poitou donne un article fort intéressant de M. Louet sur l'embaumement et le transport de Talmont à Thouars de celui de Charles-Maurice de la Trémoille, comte de Laval, pair de France, prince abbé de Ste-Croix de Talmont.
Après nous avoir fait faire une délicieuse excursion archéologique, à Thouars, Oirou, SL-Loup, Parthenay, M. Ed. du Trémond, son auteur, nous apprend dans le même fascicule que le cœur du duc de Mazarin, décédé en 1713, fut enfermé dans le tombeau du maréchal de la Meilleray son père, placé alors devant le maitre autel de l'église de Ste-Croix de Parthenay. _
A la cathédrale de Luçon, au sommet du monument élevé à Nicolas de Nivelle, grand vicaire du diocèse et neveu de Pierre de Nivelle l'évêque artiste, se trouve un gros cœur en plomb.
Il est bouché par une pierre à bascule très apparente et contient celui du défunt.
Le cœur de Mgr de Borillon, l'illustre évêque de Luçon, mort en 1699, aurait été placé dans un des piliers de la même église La Révolution l'a fait disparaitre.
La plaque de marbre et l'inscription qui le recouvraient se voient aujourd'hui dans le cloître de l'évêché.
Un autre cœur pareil fait partie de la collection de M. Ferdinand Mandin, l'antiquaire bien connu de Mareuil-sur-le-Lay. Il fut trouvé par lui-même à l'église de Dissay, où il gisait aux pieds de deux squelettes à l'angle gauche de leur caveau.
Ce cœur ne porte d'autre indication qu'une croix ancrée faite au burin et posée au milieu. On ne peut donc lui donner aucune attribution individuelle ; mais il ne peut être que celui de Marguerite de Vignier, dame de Dissay, décédée, d'après les registres paroissiaux, le 27 octobre 1713, ou de son mari messire François Sabourin, escuyer sénéchal, conseiller du Roy, son président au siège royal de Fontenay, seigneur de Dissay, Corps, Frosse, la Charouillère et la Nicolière. Tous deux avaient été inhumés dans le caveau placé au milieu du chœur, et que, d'après l'inscription suivante, gravée sur un des murs intérieurs, Marguerite Vignier avait fait construire (3) :
1705
CE. TOMBEAV .A.ESTE. FAIT. PAR. DAME MARGVRITE. VIGIGNIER. EPOUSE. DE. FRAN COIS.SABOURIN.ESCVYE.SEIGNEVR.DE DISSAY. ET. PRESIDANT. AV. SIEGE. ROYAL DE.FONTENAY.
François Sabourin, après son veuvage, se remaria et ne mourut que le cinq janvier 1762.
On trouve aussi des cœurs en plomb dans les vieux cimetières: ils reposent ordinairement au chevet du mort, mais ils y sont rares.
Quelle cause donner à cette rareté ?
Je n'y vois que l'humilité chrétienne du riche, allant dormir son dernier sommeil au milieu des pauvres, contrairement à ce qui se faisait alors.
L'usage des cœurs en plomb a cessé, en Poitou, à la fin du XVIIIE siècle.
GABRIEL DE FONTAINES.
Le patrimoine fontenaisien et les animations estivales à découvrir avec Marie-Gabrielle <==.... ....==> La fontaine des Quatre Tias (la fontaine des beaux esprits) de Fontenay-le-Comte, foyer de vie intellectuelle de la Renaissance
Toute l'histoire générale de la Vendée s'efface devant ce que les chouans ont appelé " La grande Guerre ", et il est difficile de prononcer ce mot de " Vendée " sans qu'aussitôt l'esprit se reporte aux luttes sanglantes de la période révolutionnaire...
1 On prépara à la hâte Notre-Dame pour célébrer la messe à leur passage. (Ext. des comptes de Notre-Dame.)
2 Ext. des reg. d’état-civil de la mairie. Cette mention se trouve à la fin de l'acte de baptême de Jehanne Besly, fille de Jehan Besly et de Catherine Brisson.
3 Ma collection.
4 Moyennant 1,000 livres, les sculptures furent faites en pièces de Taillebourg. On remarquait surtout deux statues de saint Pierre et de saint Venant, exécutées par Toussaint Bouton. (Comptes de Notre-Dame.)
5 Notre Dame possédait encore, à cette époque, un fort beau livre de plain-chant, fait, en 1582, par François Lepage de Poitiers, moyennant 51 écus sols et un tiers.
6 Comptes de Notre-Dame. Le chœur fut entouré de cloisons, qui coûtèrent 183 écus d'or et un tiers.
(7) Statuts de Notre-Dame.
8 Archives de Fontenay. Ces querelles eurent lieu en 1601.
9 Henri d'Escoubleau , (premier du nom), évêque de Maillezais, fait commandeur des ordres du roi en 1595 , mort en 1615. Il eut pour successeur son neveu Henri.
10 Les prédicateurs ordinaires de Fontenay étaient les Jacobins, les Cordeliers et les moines des Robinières. — Les docteurs qui devaient prêcher étaient les frères Péan, Benedict et Gouy, gardien de la Bamette.
11 Isabelle Babou, dame d'Alluye, fille de Jean Babou, seigneur de la Bourdaisière, et de Françoise Robertet, épouse de François d'Escoubleau, gouverneur de Chartres, premier écuyer de la grande écurie et chevalier de l'Ordre, en 1585. Isabeau était belle-sœur de Henri Ier, évêque de Maillezais, et mère de François, cardinal de Sourdis et de Henri, deuxième du nom, évêque de Maillezais.
12 Ils ne furent introduits à Poitiers que le 7 août.
13 Arch. de la ville. Les Jésuites revinrent cependant deux ans après, et louèrent une maison; mais ils ne s'y établirent pas à demeure fixe.
14 Henri IV supprima, en mai 1601, une charge d'avocat du roi, et, le 30 septembre 1604, les offices de messagers ordinaires de la ville.
15 Quel autre nom donner au projet de morceler la France, pour la diviser en cercle, sous le commandement des principaux chefs?
16 Mon ami, M.Félix Boncenne, fils de l'illustre professeur de l'école de droit de Poitiers, a publié, dans l'Indicateur de Fontenay, une notice sur Notre-Dame. Les détails qui vont suivre sont quelquefois extraits de ce travail, auquel je me fais un plaisir de rendre justice.
17 M. Octave de Rochebrune commencera bientôt la publication d'une suite de vues des plus belles églises de la Vendée, qui est si riche en monuments de ce genre. Il a bien voulu me demander des notes explicatives. Cet ouvrage formera un volume in-fo.
18 Cette observation fait présumer que l'on retrouverait les fondations de l'église romane, si des travaux étaient entrepris sous le pavé actuel et permettaient de suivre le pourtour.
19 Six modules.
20 Les voûtes n'ont ni arcs doubleaux ni formerets.
21 Immédiatement au-dessus des quatre colonnes isolées se trouvait l'autel de l'église supérieure.
22 On voit dans la crypte, à droite en entrant, une ouverture carrée, donnant entrée dans une espèce de puits, qui correspond au pavé supérieur. Dans le bas, il y a beaucoup de moellons entassés. J'ignore à quel usage cette ouverture était destinée.
23 Le monument entier à 6 mètres 61 centimètres de long, sur 4 mètres 94 centimètres de large.
24 Les autels du xi" siècle étaient très-simples. Ils étaient formés presque toujours d'un carré de maçonnerie, surmonté d'une table de pierre, sans ornements, sur la face antérieure de laquelle on gravait le nom du saint auquel ils étaient dédies, et l'époque de la dédicace. Nous en trouvons des exemples assez fréquents en Poitou.
(25) Lorsqu'il n'y avait pas eu de cercueil de métal.
(26) Je dois ces notes à la communication très obligeante du comte de Chabot du Parc.
La lettre par laquelle la duchesse de Rohan demande de René Bodin, calviniste zélè. d'accompagner à Blain le corps de son mari, se trouve dans la collection de M. Garrand de Balzan.
(27) Notes dues ~ l'obligeance de M. Mandin.