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6 juin 2022

21 Juin 1476 Château et forteresse de Saint-Loup -sur-Thouet, de Dercé et la conspiration contre Louis XI

21 Juin 1476 Château et forteresse de Saint-Loup -sur-Thouet, de Dercé et la conspiration contre Louis XI

L’existence du bourg de Saint-Loup n'est révélée qu'au XIe siècle par les documents écrits. Mais il est bien clair qu'il y a eu, dans cette vallée, un point habité à une époque antérieure qu'on ne saurait d'ailleurs préciser.

L'église, dédiée à Saint-Loup et à Saint-Pancrace, dépendait de l'abbaye d'Airvault. C'est ce que constate la charte de réforme de cette abbaye, donnée le 10 février 1096 par Pierre II, évêque de Poitiers. On ignore par quel donateur et à quel moment elle lui fut concédée. On pourrait inférer des termes de la charte que l'évêque est l'auteur même de la donation.

Quoi qu'il en soit, l'église de Saint-Loup a toujours été depuis un bénéfice à la nomination des abbés d'Airvault (2).

Le pouillé du diocèse, connu sous le nom de Grand-Gauthier, ne la désigne plus à la fin du XIIIe siècle que sous le vocable de Saint-Loup, sans ajouter celui de Saint-Pancrace, qui figure aussi dans la charte de 1096.

Plus tard, au XVIIe siècle, l'église figure sous le vocable de Notre-Dame (3).

Une ancienne tradition rapporte que la primitive église paroissiale de Saint-Loup était située dans l'enclos du château.

Elle désigne même le grand bâtiment adjacent à l'aile gauche du nouveau château, dans lequel se voient, en effet, les restes très caractérisés d'une église du XIIe siècle dont nous parlerons plus loin.

La paroisse aurait été transférée dans l'église située sur la place du bourg, laquelle date tout entière du XVe siècle seulement.

 Cette tradition, conforme à la mention d'un ancien inventaire du château, de 1748, décrivant le vieux bâtiment qui, dit-il, fut autrefois une église, est justifiée par l'existence de nombreuses maisons, qui au XVIe siècle étaient situées dans l'enclôture même de l'ancien château et d'un chemin conduisant du pont levis à l'église dudit château.

Les seigneurs se rendirent acquéreurs en 1533 et surtout en 1564 de toutes ces maisons qui encombraient les abords de leur habitation (4). Cela prouve que la paroisse n'était plus dès lors dans cette vieille église, noyau primitif du bourg de Saint-Loup, et qu'elle était transférée, depuis le XVe siècle, dans l'église actuelle.

Les seigneurs transformèrent alors pour leur usage l'édifice devenu inutile et se débarrassèrent des maisons qui l'entouraient.

La nouvelle église du XVe siècle était tout naturellement devenue le point central autour duquel se développa une population beaucoup plus considérable et plus riche que celle groupée d'abord dans la primitive enclôture du château.

Il y eut dès lors un château et une ville distincts.

Les seigneurs demeurent inconnus jusqu'à Drogon de Saint-Loup, au commencement du XIII e siècle ou à la fin du XIIe.

Drogon donna à l'abbaye de Fontevraud une rente de six setiers de seigle sur sa dîme de Thénezay, qu'il tenait en fief de Hugues Ier, l'archevêque seigneur de Parthenay. Celui-ci autorisa par ce motif la donation et y apposa son sceau (5). -

Il résulte d'un aveu de 1422 rendu au roi, comme comte de Poitou, par Jean de Dercé, pour la châtellenie de Saint-Loup, que cette châtellenie portait anciennement le nom de Fief Franc.

Un autre aveu de 1659 mentionne le même fait (6). C'est évidemment le même fief franc qui est désigné dans l'enquête de 1258, ordonnée par Alphonse, comte de Poitou, comme étant enclavé dans le pays Thouarsais.

Le comte y avait droit de haute justice, à l'exclusion du vicomte de Thouars, qui y percevait alors une taille injuste contre laquelle proteste l'enquête (7).

Un peu plus- tard, en 1263, l'abbaye de Saint-Cyprien dé Poitiers cède à l'abbaye d'Airvault, moyennant un cens annuel de 35 sous, le Fief Franc situé, dit l'acte, dans les paroisses de Saint-Loup, de Louin et du Chillou, et pour lequel Geoffroy de Chausseraye (seigneur d'Airvault), qui en était détenteur, lui rendait hommage (8).

Ce fief, dont il est d'ailleurs difficile de déterminer la nature et la consistance aussi bien que l'origine, paraît donc alors distinct de la seigneurie de Saint-Loup, à laquelle il fut ensuite annexé.

Confondus dans la même main, ils auront conservé le nom de Fief Franc.

 Le nom de Saint-Loup ne tarda pas à prévaloir. Mais dans beaucoup d'actes subséquents, celui de Fief Franc l'accompagne encore. .

La seigneurie de Saint-Loup passa à la famille de Dercé (9), originaire du Loudunais, vers la fin du XIIIe. siècle.

Gauvain de Dercé, époux de Jeanne Frétart en 1278 et seigneur de Saint-Loup, possédait aussi, comme son prédécesseur Drogon, la dîme de Thénezay, pour laquelle il rendait hommage au seigneur de Parthenay.

Il rendait hommage à Geoffroy de Chausseraye, seigneur d'Airvault en 1287 et 1294, pour cinq masures de terre sises à Puyterray, paroisse de Saint-Loup, tenant au grand pont et au petit pont comme l'on va de Saint-Loup à Parthenay jusque à la moitié du pont du Sevron. (Cébron) à main droite, et au fief de Guillaume de Liniers, vers la vieille route et jusquau Sévron.

 Il rendait hommage au seigneur de la Rochefaton pour cinq borderies de terre sises à Noeroles (10).  

Un autre Gauvain de Dercé prête serment au prince de Galles, à Saint-Maixent, le 13 septembre 1363 (11).

En 1363, le prince de Galles parcourt sa nouvelle principauté d'Aquitaine pour recevoir les hommages féodaux.

Jean-le-Bon perdit la bataille de Poitiers [1356]. On vit alors son vainqueur traverser la haute Saintonge avec son royal prisonnier qu'il conduisait à Bordeaux. L'année suivante, le traité de Brétigny, en rendant à la liberté le vaincu de Poitiers, livra à l'Angleterre une partie de la France, " toute la terre et le païs d'Angoumois (3).

Ses biens de la sénéchaussée d'Anjou, c'est-à-dire du Loudunais, furent confisqués par Charles V, au mois d'août 1369, comme étant partisan des Anglais (12).

Mais la terre de Saint-Loup ne dut pas y être comprise, parce qu'elle se trouvait alors hors des atteintes du roi de France qui n'avait pas encore reconquis le Poitou.

On constate l'existence à Saint-Loup, vers le milieu du XIVe siècle, d'une aumônerie fondée par feu maître Guillaume Audoin, avant 1356. Elle était située dans un courtillage dont la dîme appartenait à un certain Huet Eschalart par donation de Guillaume Moreau, de Chourses (13).

Cette aumônerie était un bénéfice dépendant de l'abbaye d'Airvault, et dont frère Jean Robert fut plus tard titulaire en 1422 (14).

Jean de Dercé, seigneur de Saint-Loup dès 1383, époux de Marguerite Rolland, avait une fille, Béatrix, qui épousa, le 2 juin 1385, Guyon Goullard, seigneur de la Geffardière (15).

 Il était parent de la famille Chasteigner, car il assista en cette qualité, le 17 avril 1396, à Parthenay, à une réunion de parents qui avait pour but de choisir un curateur aux enfants de Hélie Chasteigner, seigneur de Saint-Georges de Rexe, et de Philippe de la Rochefaton (16).

Les bons services rendus par Jean de Dercé, chevalier, seigneur de Saint-Loup, à Guyart de Rougemont, seigneur de Vernay, lui valurent de la part de ce dernier, le 27 septembre 1407, la donation des hommages que Perrot Frouaut de Boussay faisait audit Guiart pour des biens situés à Boussay (17).

C'est probablement dans son château que se réunirent, le 1er mai 1413, les trois États de Poitou convoqués à Saint-Loup pour discuter sur les intérêts de la province, alors profondément troublée par les luttes intestines des Armagnacs et des Bourguignons.

Le maire de la ville de Poitiers et le seigneur de Barbazan y assistèrent (18).

 Jean de Dercé assista au siège de Parthenay, en 1419, dans l'armée du dauphin Charles, avec une compagnie de dix-huit écuyers (19).

Il périt au combat de Rouvray en Beauce (siège d'Orléans - journée des Harengs), le 12 fév. 1429. (21)

12 février 1429, la bataille des Harengs
12 février 1429, la bataille des Harengs La bataille des harengs (appelée également bataille de Rouvray ou journée des harengs) est une bataille qui se déroula sur la commune de Rouvray Saint Denis (non loin d'Orléans) le 12 février 1429.

 

Marié en 1398 à Marquise GOULARD (qui est dite fille de Jean, et petite-fille de Guy, par Duchesne, vol. 8, f° 53, cab. tit.), il en eut au moins : 1° JACQUES, qui suit; 2° MARGUERITE, mariée à François des Francs; leurs enfants partagèrent le 30 août 1463, avec Jean de Dercé , la dîme de Thénezay (Ledain, St-Loup) ; 3° LOUISE, D° de Crans ? qui en 1441 possédait la Bretonnière, pl" de Cramart (Gâtine); 4° JEANNE,.qui avec Louise concéda un terrain au château de S'-Loup en 1443. Elles décédèrent avant 1442, et leur succession fut partagée par leurs neveux le 30 avril 1463.

 

Jacques de Dercé, fils de Jean, lui succéda comme seigneur de Saint-Loup.

Il fut sous la tutelle de Pierre de Vers, son oncle, en 1431.

Il transigea le 15 oct. 1436 avec Guillaume de Rougemont, Ec., sgr de Vernay, qui voulait reprendre divers fiefs et hommages qu'il avait aliénés. (B. A. 0. 1877, 442.)

 Il transige en 1437 avec Guillaume de Rougemont, seigneur de Vernay, pour la restitution de soixante écus d'or et de plusieurs hommages.

Il rendit aveu en 1442- 1444, à Loudun, pour Dercé et le fief de Lourdines (Noms féod.), et possédait en 1449 une borderie de terre à la Salle-Guibert, fief mouvant de Vernay (D.-S.). (B. A. 0. 1877.)

Le 16 mars 1444, une sentence de la sénéchaussée de Poitiers l'autorisa à ériger des fourches patibulaires (Gibet) et à exercer tous autres droits appartenant aux seigneurs châtelains.

Il assista le 12 août 1457 au contrat de mariage de Jehan Beslon, Ec., avec Mathurine Vigeron, contrat passé à Poitiers.

Par suite d'un partage fait avec Jean Asse, Ec., sgr du Plessis, il eut pour lui les moulins de Pallu, dont il rendit hommage à Andrée de Varèze, veuve de Jean de Vivonne, Chev., sgr d'Aubigné et Faye, vers 1458. (D. F. 70, 439.)

Jacques avait épousé vers 1430 Catherine ROUHAULT (ailleurs Isabelle DOUHAULT), fille, dit-on, de Gilles (plutôt Jean) Rouhault, Chev., sgr de Bois-Ménard (qui pourrait être fille de André, Chev., sgr de la Bousselière, et de Jeanne Poussart).

Il eut plusieurs enfants, parmi lesquels nous citerons : 1° JEAN, qui suit; 2° PIERRE, Ec., était homme d'armes sous la charge de Joachim Rouhault, Chev., son cousin ?

Son frère Jean l'ayant fait entrer dans la ligue contre le Roi, il fut condamné, mais obtint la rémission en 1476 (a)

 

Louise de Dercé, dame de Crans, et Jeanne, qui sont très probablement ses filles, avaient concédé à cens ou rente, en 1443, à André Fromentin, taillandier de Saint-Loup, dans un fief qu'elles y possédaient, un terrain situé sur la rue conduisant de la porte du château à la porte de l'église (22).

C'est la première fois que l'on rencontre la mention du château de Saint-Loup, évidemment bien antérieur à cette époque, mais bien différent du château actuel et même du donjon, qui n'existait pas encore.

Jean de Dercé, frère de Louise, était seigneur de Saint-Loup en 1463.

 Le 30 avril de cette année, il figure dans le partage de la succession de Louise et de Jeanne de Dercé, comme possesseur d'une partie de la dîme de Thénezay par indivis avec François des Francs.

Ce partage avait lieu entre François et Aubert des Francs, fils de feus Jean des Francs et Marguerite de Dercé, sœur de Louise et de Jeanne. François recueillait dans son lot l'hôtel de Meisglé, un hôtel à Gourgé, la Vrignois, paroisse de Saint-Loup, des terres à la Croix-Chabot, paroisse de Lamairé, une partie de la dîme de Thénezay, le fief des Huguetières, près de Crémilles, paroisse de Saint-Loup.

 Aubert des Francs recevait un hôtel à Saint-Loup, qu'avait possédé jadis,  avant Louise, un certain Guillaume de Dercé, plus une bonne partie de la dîme de Thénezay.

Dans cet acte, Saint-Loup est désigné sous le nom de château et forteresse de Saint-Loup (23.. ,

 Jean de Dercé était encore seigneur de Saint-Loup en 1470, époque à laquelle il rend hommage, le 13 juillet, à Nicolas d'Anjou, marquis du Pont, vicomte de Thouars, pour un hôtel .qu'il possédait à Boussay (24).

Louis XI, auquel il avait eu le malheur de déplaire, reprocha beaucoup à Jacques de Beaumont, seigneur de Bressuire, de ne pas s'être emparé de sa personne (25).

 

Amaury de Dercé succéda à son père comme seigneur de Saint-Loup.

C'est certainement à l'un des deux que l'on doit attribuer la construction du beau donjon du château, dont l'architecture est en parfaite harmonie avec celle de la fin du XVe siècle.

Les armoiries de la famille de Dercé sont sculptées à la clef de voûte de la salle supérieure.

D’argent à 2 fasces de gueules, accompagnées de 9 merlettes de même posées en orle 4, 2, 3

On les retrouve aussi sur la cheminée d'une maison du XVe siècle située dans le bourg, au coin de la place et de la grande-rue, où est aujourd'hui l'hôtel du Parquet. C'était l'auditoire de la sénéchaussée seigneuriale de Saint- Loup, dont la construction est due par conséquent aux soins des Dercé.

 L'escalier de cette maison est fort remarquable. Amaury et sa mère, Catherine de Velourt, soutinrent un procès, en 1498, à la sénéchaussée de Poitiers, contre la famille de Grany, au sujet de la dot et des droits de Charlotte de Dercé.

 Le 28 avril 1501, un sergent royal, Pierre Esquot, se transporta aux château et place forte de Saint-Loup, et fit commandement à Amaury et à sa mère de payer aux héritiers de Grany la rente de 260 livres à laquelle ils avaient été condamnés par arrêt du Parlement.

Sur leur refus, le sergent opéra la saisie de la terre de Saint-Loup et de leurs autres biens, c'est-à-dire de l'hôtel de Boussay, de Villeneuve, paroisse d'Assay; de Veluché, paroisse des Jumeaux, des deux tiers de la dîme. de Thénezay et de l'hôtel de Dercé, près de Loudun.

Après la mort d'Amaury de Dercé, une de ses sœurs, Françoise, et son mari Jean Fleury, seigneur de Cossay, agissant tant en leur nom qu'en celui de leur mère Catherine de Velourt, pour laquelle ils se portèrent forts, vendirent la chàtellenie de Saint-Loup avec toutes ses dépendances, pour le prix de 36,000 livres, à Artus Gouffier de Boissy, seigneur d'Oiron, baron de Maulévrier, chambellan du roi, grand maître de France. Cet acte passé devant les notaires du Châtelet de Paris, le 22 mai 1517, fut sans doute annulé par suite des embarras financiers de la famille de Dercé.

Quoi qu'il en soit, la terre de Saint-Loup n'en demeura pas moins à Artus Gouffier, auquel elle fut adjugée en Parlement, le 8 février 1518, comme dernier et plus fort enchérisseur (26).

Après la mort d'Artus Gouffier, fondateur de la célèbre église collégiale d'Oiron, sa veuve, Hélène de-Hangest- Genlis, semble avoir habité quelque temps le château de Saint-Loup, d'où elle écrivit à M. de la Trémouille, vicomte de Thouars, les 22 mars et 1er avril 1531, deux lettres relatives aux enfants de ce dernier, dont elle eut un instant la garde.

Le 27 juin 1533, elle acheta, dans le but évident de la détruire, une petite maison contiguë au pont-levis dudit château et au chemin de la vieille église dont nous-avons parlé (27)........

 

(a)   Conspirations contre Louis XI

 

21 Juin 1476 Lettres d’abolition octroyées à Pierre de Dercé, écuyer, de toutes les menées et machinations contre le roi auxquelles il a pris part, à condition qu’il prêtera serment sur la vraie croix qu’il ne sait rien de plus que le contenu desdites lettres et que, si quelque chose de préjudiciable au roi vient à sa connaissance, il le révélera.

  • B AN JJ. 224, n° 5, fol. 8
  • a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 41, p. 71-78

D'après a.

Loy, par la grace de Dieu roy de France.

Savoir faisons à tous, presens et avenir, nous avoir receue l’umble supplicacion de Pierre de Dercé (28), escuyer, contenant que luy estant en nostre ordonnance soubz la charge et conduicte de Joachin Rouault, chevalier, il a esté anciennement adverty de plusieurs pratiques, menées et trafficques faictes à l’encontre de nous, nostre royaume et la chose publique d’icellui par plusieurs noz malveillans, rebelles et desobeyssans subgectz, et mesmement en ce que Jehan de Dercé, son frère, luy a dit autresfoiz qu’il emmeneroit au service du duc de Calabre (29) douze ou treize hommes d’armes de la compaignie du seigneur du Fou et sembloit audit suppliant que s’estoient ceulx qui avoient delaissé la compaignie dudit Joachin Rouault (30).

 Aussi luy dist sondit frère qu’il trouvast façon et manière de gaigner le plus de gens d’armes qu’il pourroit dudit Joachin pour les mener ou service dudit duc de Calabre ; à quoy ledit suppliant s’accorda et dist à sondit frère qu’il feroit ce qu’il luy conseilleroit, mais il n’en a parlé à aucuns gens d’armes, pour ce que, huit ou dix jours après, l’appoinctement d’entre nous et les Angloix fut faict et conclud.

Aussi en ce que sondit frère luy dist au voyage de Saint-Quentin, en chevaulchant ensemble : que mauldiz feussent les Angloys, dont ilz s’en estoient si tost retournez, car il croyoit que beaucoup de gens en auroient à faire et qu’ilz devoient plus avant entrer ou royaume, et que ledit duc de Calabre se devoist aller joindre avec le duc de Bretaigne, et ne devoient point appoincter lesdiz Angloys sans ledit duc ne beaucoup d’autres.

Et deffendit icellui Jehan de Dercé audit suppliant qu’il n’en parlast point ; et pareillement luy dist icellui Jehan de Dercé à Bar-le-Duc qu’il savoit bien pour quelle cause Regnaut de Velourt (31) avoit esté executé et que c’estoit pour ce qu’il avoit porté le scellé dudit duc de Calabre au duc de Bretaigne.

Et en ce que ledit Jehan de Dercé dist audit suppliant que le duc de Calabre avoit de grans aliances avec le roy de Secille, les ducs de Bretaigne et de Bourgoingne et avec le feu connetable, en luy disant aussi que les Angloys estoient descenduz et estoient avec lesdiz duc de Bourgoingne et connetable. 

Et semblablement en ce que ledit Joachin Rouault manda audit suppliant, luy estant en la ville d’Eu, qu’il ne mist point le feu en ladicte ville, combien que le roy luy eust mandé, maiz neantmoins il luy meist.

Et avecques ce, que à son retour de ladicte ville d’Eu, il trouva à Dieppe ung nommé Ernoulet, faulconnier dudit Jehan de Dercé, son frère, et luy demanda dont il venoit, qui luy dist qu’il venoit de Bretaigne porter des oyseaulx au chancellier de par ledit Joachin Rouault, et plusieurs autres semblables choses asteues (32)ledit suppliant, dont il n’est à presens recors.

Et combien que ledit suppliant sceust, entendist apperceust et congneust aucunement que lesdictes praticques, menées et trafficques feussent et tournassent à grant prejudice et dommaige à nous, nostre royaume et la chose publicque, et qu’il nous en deust avoir adverty, comme bon et loyal subgect et serviteur, neantmoins il ne l’a pas fait, mais l’a teu et celé en grandement mesprenant et delinquant envers nous (33) … à justice en nous humblement requerant que, attendu qu’il nous a [fidelement 34] servy en noz guerres et autrement au mieulx qu’il a peu, et aussi ses (sic) predecesseurs, et fera encores, s’il nous plaist le y employer et est très fort dollant, courroussé et desplaisant dont il a failly envers nous et que jamais n’a entencion le faire, maiz nous sera bon et loyal subgect, il nous plaise luy quicter et pardonner les faiz et cas dessusdiz et autres deppendans d’iceulx, et sur ce luy octroyer et impartir noz grace et misericorde.

Pourquoy nous, ce consideré et en faveur d’anciens nos especiaulx officiers et serviteurs prouchains parens dudit suppliant, nous les faiz et cas dessus declairez et autres deppendans d’iceulx, avons audit suppliant quicté, remis, pardonné et aboly, et, de nostre grace especial, plaine puissance et auctorité royal quictons, remettons, pardonnons et abolissons par ces presentes, avec toute peine, [offence 35] et amende corporelle, criminelle et civille, en quoy, pour occasion desdiz cas, il pourroit estre encouru envers nous et justice.

Et l’avons remis et restitué, remettons et restituons à sa bonne fame et renommée et à ses biens non confisquez.

Et sur ce imposons silence perpetuel à nostre procureur, present et advenir. Si donnons en mandement par ces presentes, à noz amez et feaulx conseillers les commissaires par nous ordonnez à faire et parfaire les procès dudit Joachin Rouault et autres prisonniers estans à Tours, au bailli de Touraine, au juge des ressors et exempcions d’Anjou et du Maine et à tous noz autres justiciers, ou à leurs lieuxtenans et à chacun d’eulx, si comme à luy appartiendra, que de noz presens grace, quictance et pardon ilz facent, seuffrent et laissent, et chacun d’eulx en droit soy, ledit suppliant joyr et user plainement et paisiblement, sans luy faire, mettre ou donner, ne souffrir estre fait, mis ou donné, ores ne pour le temps avenir, aucun arrest, destourbier ou empeschement en corps ni en biens, en aucune manière ; maiz se son corps ou aucuns de sesdiz biens sont ou estoient pour ce prins, saisiz, arrestez ou autrement empeschez, qu’ilz et chacun d’eulx le luy mettent ou facent mettre, incontinant et sans delay, à plaine delivrance. Car ainsi nous plaist il estre fait.

Pourveu toutesvoyes que ledit suppliant sera tenu faire serment solempnel sur la vraye Croix monsieur Saint Lou, en la touchant manuellement, qu’il n’a sceu autres choses, à nous et nostre royaume prejudiciables, que les choses dessusdictes, et que s’il luy vient en memoire d’en avoir aucune autre chose sceu, qu’il nous en advertira et que doresenavant il nous sera tel comme bon et loyal subgect doit estre à son souverain seigneur.

En tesmoing de ce, nous avons fait mettre nostre seel à cesdictes presentes.

Donné à Lyon sur le Rosne, le xxie jour de juing, l’an de grace mil cccc.lxxvi, et de nostre règne le xvme.

Ainsi signé : Par le roy, les sires de Gyé (36), d’Argenton (37), du Lude (38), gouverneurs (sic) du Daulphiné, les sires de Saint-Pierre (39), du Bouchaige (40) et autres presens, J. Berriau.

 

 

Paysages et monuments du Poitou / photographiés par Jules Robuchon.

 

 

 

 ==> Sur la Terre de nos ancêtres du Poitou - Aquitania (LES GRANDES DATES DE L'HISTOIRE DU POITOU )

==> 17 octobre 1569; de Saint-Loup. Lettre de Charles IX, roi de France, A la duchesse de Thouars.

 


 

(1) Arch. de la Vienne, c. 1, liasse 8. En 1756, Pierre Bonnet, fabricant et teinturier, était garde juré de la manufacture de Saint-Loup.

(2) Recherches sur Airvault, par Beauchet-Filleau, p. 280. — Besl y, Évêaues de Poitiers.

(3) Pouillé du dioc. de Poit., par Beauchet-Filleau. — Recherches sur Airvault, 3a3.

(4) Archives du château de Saint-Loup.

(5) Cartul. de Fontevraud, ap. fonds lat., 5480, t. II, p. 421 (Bibl. nationale.

(6) Arch. de la Vienne, c. 2.

(7) Notice sur les seigneurs de Vernay, par B. Ledain. — Histoire d'Alphonse de Poitou, par B. Ledain.

(8) Archiv. de la Vienne, H, I. — Recherches sur Airvault, par Beauchet-Filleau.

(9)   Decé, canton de Monts-sur-Guesne. In villa que dicitur .Darciaco, in page Pictavo, in vicaria Barnisec, 987 (cart. de Bourgueii, p. 1A8). Ecclesia de Derciaco, 1102 (Fonteneau, t. I, p. 575). Guillelmus de Derce, v. 1135 (cart. de Noyers, p. 527). Ecclesia de Derce (pouillé de Gauthier, f° 177 v°). Rector de Derceyo, 1478 (reg. synodal).

Hugo de Haia, in infirmatate positus, dat duas par les terrae apud Fagiam

Sciant praesentes et futuris quod Hugo de Haia in infirmatate positus, dedit Deo et Sanctae Mariae et monachis Nuchariensubus, apud Fagiam duas partes terrae,  unam quae sita est ante fontem de Corbum, et aliam superius in monte. Concesserunt hoc Oda, sonor ejus, et Petrus, maritus ejus, et Goffredus, et Hugo, filii eorum.

Testes : Petrus Goscelini ; Boso de Furnolis ; Silurus ; Batholonis Bascherii ; Guillelmus de Dercé ; Berrengerius de Monte ; Arduinus ; Cassagranum ; Berengerius de Polete

Avant 1790 cette commune faisait partie de l'archiprêtré de Faye-la-Vineuse (Indre-et-Loire), du comté de la Chapelie-Bellouin, uni au duché-pairie de Richelieu, et de l'élection de Richelieu, généralité de Tours.

 Le prieuré et la cure de Saint-Jean-Bâptiste de Dercé dépendaient de l'abbaye de Bourgueil (Indre-et-Loire); la cure a été rétablie en 1865.

Le,fief de Dercé relevait du château de Loudun; le château, en ruine, est sur le territ. de la commune de Maulay. Dercé, chef-lieu de la commune, se compose de l'église paroissiale et de trois maisons seulement.

 

(10) Archiv. de Saint-Loup.— Arch. hist. du Poitou, XVII, 398, note.

(11) Documents français en Angleterre, par Delpit.

(12) Archives historiques du Poitou, XVII, 398.

(13) Bibl. nation., f. Blondeau, 26418.

(15) Dom Fonteneau, 't. XVIII, 169.

(16) Dict. des familles de l'anc. Poitou, par Beauchet-Filleau, II, 838. — Archiv. nation., accords.

(17) Hist. des Chasteigners, par,Duchesne, p. 134. -

(18) Archives de Vernay.

(19) Archiv. munie, de Poitiers, reg. I, f. 27, 31.

(20) Histoire de Bretagne, par Dom Morice, II, 992, preuves.

(21) Bibl. nation., f. franc. 8819.

(22) Archiv. de la Bretonnière de Chalandrav.

(23) Idem.

(24) Histoire de Thouars, par Imbert, p. 176.

(25) Hist. de Bressuire, par B. Ledain, 2me édit., 175.

 (26) Archiv. de Saint-Loup.

(27) Lettres du xvie siècle tirées des archiv. du duc de la Trémouille par Marchegay et Irnbert) p., loi. — Archiv. de Saint-Loup.

(28) Pierre de Dercé, écuyer, était le fils puîné de Jacques de Dercé, seigneur de Saint-Loup, Dercé, Lourdines, etc., et de Catherine Rouault.

 Joachim Rouault, sr de Boisménart et de Gamaches, maréchal de France, dans la compagnie duquel il servait, était, par conséquent, son parent ; les généalogies de cette famille sont trop imparfaites pour que l’on puisse préciser à quel degré.

L’on possède plus de renseignements sur le frère aîné de Pierre, Jean de Dercé, chevalier, seigneur de Saint-Loup, nommé quelques lignes plus bas, qui paraît avoir entraîné son cadet dans les conspirations contre Louis XI, dans lesquelles il avait joué un rôle plus actif.

 On ne sait si ce dernier obtint aussi son pardon à cette époque, ce qui est probable ; toujours est-il que le 14 janvier 1476, le roi, dans une lettre à Jacques de Beaumont, sire de Bressuire, lui reprochait vivement d’avoir laissé échapper une bonne occasion de mettre Jean de Dercé en état d’arrestation.

« Monseigneur de Bressuire, lui écrit-il, j’ay esté adverty que monseigneur de Saint-Lou est allé devers vous, pour se conseiller à vous de ce qu’il avoit à faire, et m’esbahy bien de ce que ne l’avez pris, veu la grande trahison et mauvaistié qu’il a fait à l’encontre de moy.

Et pour ce, si vous voulez que jamais j’aye fiance en vous et s’il est en lieu où vous le puissiez recouvrer, faictes-le prendre incontinent, car ce m’est chose fort à cuer que ne m’ayez adverty de son allée, je vous prie que m’en faictes scavoir ce qui en est. Escript au Plessis du Parc, le seiziesme jour de janvier ». Signé : « Loys » et au-dessous : « de Chaumont ». (J. Vaësen, Lettres de Louis XI, t. VI, p. 38. L’éditeur n’a point su quel était ce « seigneur de Saint-Lou ».)

 Nous donnons dans ce volume le texte de lettres de l’année 1480 instituant des foires à Saint-Loup, ce qui implique qu’à cette date il avait recouvré la faveur royale.

Le 10 décembre de l’année précédente il avait vendu à Louis XI, au profit de l’église du Puy-Notre-Dame, en Anjou, le fief, terre et seigneurie du Vivier à Bouillé-Saint-Paul (Mis de L’Estourbeillon, Inventaire des archives du château de Sainte-Verge, in-8°, 1895, nos xxv et 191.)

 

Jean de Dercé avait épousé, vers 1460, Catherine de Velort, qui devait être fille, disent MM. Beauchet-Filleau, de Joachim, écuyer, sr de La Chapelle-Bellouin, et de Catherine de Léon (corr. Lévis).

Jean de Dercé et Catherine de Velourt, ont eu un fils, Amaury, et une fille, Charlotte.

Cette dernière épousa, le 16 janvier 1487, Brient de Grany, fils aîné de Guillaume, et reçut en dot de son père, 3,000 livres de rente.

Comme son mari était occupé au service du roi en la ville de Béthune, en qualité de capitaine de gens d'armes, elle demeura à Saint-Loup avec ses père et mère.

 Brient de Grany survécut à sa femme qui mourut assez peu de temps après leur mariage, laissant deux enfants, François, mort en bas âge, et Catherine.

Elle était sa veuve dès 1499 et fit aveu à Loudun, en 1505, pour la terre de Dercé. (Dict. des familles du Poitou, 2e édit., t. III, p. 75.)

Catherine de Velort n’était certainement pas fille de Joachim, dont le mariage avec Catherine de Lévis n’eut lieu que postérieurement à l’année 1461, date de la mort de son premier mari, Antoine de Clermont, sr de Surgères. (Cf. notre précédent volume, p. 121, note ; p. 257, note.) Elle devait être plutôt sa sœur, de sorte que Jean de Dercé, sr de Saint-Loup, et Renaud de Velort dont il est question ci-dessous auraient été beaux-frères.

(29) Charles II d’Anjou, comte du Maine, duc de Calabre, vicomte de Châtellerault. (Voy. sur ce personnage, ci-dessus, p. 41 note.)

(30) On trouvera dans l’un de nos précédents volumes (Arch. hist. du Poitou, t. XXIX, p. 344, note) divers faits de la biographie du maréchal Rouault. Nous n’y reviendrons pas ici, sinon en ce qui concerne les poursuites criminelles, dirigées vers cette époque contre lui. Elles auraient eu pour origine, suivant certains auteurs, des griefs recueillis dans les interrogatoires du connétable de Saint-Pol, qui l’avait accusé d’avoir entretenu des liaisons trop étroites avec la maison d’Anjou. Nous ne savons si cette assertion est bien fondée. Toujours est-il que le maréchal comparut devant une commission présidée par Bernard Lauret, premier président du Parlement de Toulouse, et que dans l’arrêt rendu par celle-ci, le 16 mai 1476, en l’auditoire royal de Tours, il n’est pas question de machinations politiques, ou du moins elles n’y sont pas spécifiées. Il n’y a de précisé dans cet arrêt que plusieurs exactions, concussions, faux rôles de gens de sa compagnie de cent lances, « lesquels il a fait emplir de noms et personnes supposées », pour en appliquer la solde à son profit ; « et autrement aussi pour les bleds achetez par l’ordonnance et des denrées du roy, la somme de 1.250 livres tournois ou environ et mis au lieu de Dieppe (dont il était capitaine), pour l’avitaillement d’iceluy, peu de temps avant la dernière retraite des Anglois en ce royaume, lesquels bleds ledit messire Joachim a prins et fait vendre « pour son compte », dépourvoyant ladite place, sans le sceu et congé du roy, luy estant à Beauvais après la descente des Anglois, etc. »

 Outre la restitution des sommes ainsi détournées, le maréchal fut condamné à vingt mille livres d’amende envers le roi et à tenir prison fermée jusqu’au parfait payement. Mais le texte ajoute : « Et au surplus, tant pour lesd. cas que pour plusieurs grandes causes, crimes, offenses, excès et delitz par luy faits, commis et perpetrez allancontre du roy, de la couronne et de toute la chose publique, dont plus à plein est faite mention esdits procès et confession dudit messire Joachim Rouault, il est privé de tous offices royaux et charges publiques et condamné au bannissement perpétuel et à la confiscation du restant de ses biens.

Le texte de cet arrêt a été publié par Lenglet du Fresnoy, dans son édition des Mémoires de Philippe de Comines, 4 vol. in-4°, t. III, p. 482.

La seconde partie de cet arrêt ne fut d’ailleurs pas exécutée : Joachim Rouault, seigneur de Boiménart et de Gamaches, mourut deux ans plus tard, le 7 août 1478, dans son pays et en possession de ses biens, dont il avait disposé par testament la veille de son décès.

 Il avait épousé Françoise de Volvire, fille de Joachim, baron de Ruffec, et de Marguerite Harpedenne de Belleville.

(31) Renaud ou Regnault de Velort, écuyer, ici nommé, était très vraisemblablement le fils cadet de Renaud de Velort, seigneur de La Chapelle-Bellouin, Meulles, etc., et de Simone Tison, et, par conséquent, le frère puîné de Joachim de Velort, sr de La Chapelle-Bellouin, auquel une notice a été consacrée dans le précédent volume (p. 121, note ; cf. aussi Arch. hist. du Poitou, t. XXIX, p. 61, 62, 138).

Il figure en 1469-1470 sur les états de la maison de Louis XI, en qualité d’échanson, aux gages de 303 livres tournois par an. (Arch. nat., KK 62, fol. 61 v°.)

M. de Mandrot dit qu’il avait fait partie des cent gentilshommes de la garde du roi, et qu’il prit ensuite du service auprès de Charles, duc de Calabre, comte du Maine, qui fit de lui son chambellan, puis le capitaine de ses archers.

Regnault de Velort, ajoute le savant éditeur de la Chronique scandaleuse, « fut accusé d’avoir joué un rôle dans la grande conspiration de 1475, dont le connétable avait été l’instigateur, et qui avait pour objet de saisir la personne du roi et de lui enlever la direction du gouvernement.

Le rôle joué auprès du duc de Calabre par les émissaires du comte de Saint-Pol, Hector de L’Écluse et Robert de Marbury, fut identique à celui que les agents du connétable avaient joué auprès du duc de Nemours : annoncer le débarquement des Anglais, l’appointement du duc de Bourgogne avec l’Empereur, inquiéter le prince sur les projets du roi à son égard … »

 On peut voir dans les lettres d’abolition octroyées au duc de Calabre (ci-dessus, p. 41) une partie des agissements de notre personnage, et il en sera encore question dans celles de Jean Gaudit, valet de chambre du prince, datées de décembre 1476 (ci-dessous). « Velort fut donc accusé d’avoir poussé son maître à écouter les propositions du connétable, de n’avoir point ignoré qu’il y avait eu entre eux échange de scellés ; de s’être à plusieurs reprises, pendant l’été de 1475, dissimulé aux environs du château d’Angers, pour en épier les défenses et examiner le moyen de l’arracher au roi ; enfin d’avoir servi d’intermédiaire pour la conclusion entre le duc de Bretagne et le duc de Calabre d’une alliance défensive contre Louis XI, voire même d’un traité d’alliance offensive qui recevrait son exécution dès que les Anglo-Bourguignons tiendraient la campagne.

L’accusé fut interrogé par les commissaires du roi, en présence de Philippe de Commynes et d’Ymbert de Batarnay, et, malgré ses réserves et ses dénégations, il fut condamné à mort pour crime de lèse-majesté. » (Bibl. nat., fragment d’interrogatoire, ms. fr. 18442, fol. 130 à 143 v°.)

Voici maintenant le récit du supplice de Renaud de Velort, tel que le rapporte Jean de Roye :

« Et le lundi xxe jour de novembre audit an lxxv, fut mené escarteler aux hales de Paris, par arrest de la court du Parlement (nous avons vainement cherché cet arrêt dans les registres criminels de la cour), ung gentilhomme natif de Poictou, nommé Regnault de Veloux, serviteur et fort famillier de Monseigneur du Maine, pour occasion de ce que ledit Regnault avoir fait plusieurs voyages par devers divers seigneurs de ce royaume et conseillé de faire plusieurs traictiez et porté plusieurs scellez contre et au préjudice du roy, dud. royaume et de la chose publique.

Et fut ledit Regnault, par l’ordonnance de lad. court, fort secouru pour le fait de son ame et conscience, car il lui fut baillé le curé de la Magdaleine, penancier de Paris et moult notable clerc, docteur en théologie, et deux grans clercs de l’ordre des Cordeliers ; et furent pendus ses membres aux quatre portes de Paris et le corps d’icellui au gibet. (Gibet de Montfaucon)

— Et led. jour de samedi (23 décembre 1475), par la permission du roy, furent alez querir et assemblez le corps qui pendu estoit au gibet de Paris de Regnault de Veloux, et la teste qui mise estoit au bout d’une lance ès halles de Paris, avecques ses membres atachez à quatre potences aux portes de Paris.

Et tout assemblé ensemble, furent portez inhumer et enterrer au couvent desd. Cordeliers de Paris, auquel lieu lui fut fait son service bien et honorablement pour le salut et remède de son âme, tout aux coustz, mises et despens des parens et amis dud. defunct Regnault de Veloux. » (B. de Mandrot, Journal de Jean de Roye ou Chronique scandaleuse, 2 vol. in-8°, t. I, p. 348, 349 ; t. II, p. 2.)

(32) Godefroy sous esteue donne un exemple de ce mot dans un sens voisin : piperie, fraude. [L.C.]

(33) Le scribe a omis ici tout un membre de phrase.

(34) Le registre répète ici « humblement » au lieu de « fidèlement ».

(35) Le registre porte en cet endroit « obéissance », par erreur au lieu de « offence ».

(36) Pierre de Rohan, sire de Gyé, seigneur engagiste de Fontenay-le-Comte (cf. vol. précédent, p. 303, note ; 382, note), maréchal de France en 1475, lieutenant général en Bretagne pour Louis XII, gouverneur du comte d’Angoulême, depuis François Ier, roi de France. Ayant encouru la colère d’Anne de Bretagne, il fut privé de ses dignités à la suite d’un long procès (1505) et détenu cinq ans au château de Dreux. Il mourut le 22 avril 1513.

(37) Philippe de Commines, seigneur d’Argenton.

(38) Jean de Daillon, sr du Lude (ci-dessus, p. 52).

(39) Jean Blosset, chevalier, seigneur de Saint-Pierre et de Carrouge, bailli de Rouen pour Charles de France à la fin de 1465, demeura constamment au service de ce prince qui le créa son chambellan, maître des requêtes de son hôtel, capitaine de Talmont-sur-Gironde, etc. Louis XI lui conserva cette dernière charge, et par lettre du 18 avril 1475, lui donna le commandement de cent lances. Il fut aussi capitaine de Falaise et d’Avranches et vivait encore le 1er mars 1497. (Voy. J. Vaësen, Lettres de Louis XI, t. X, p. 23.)

(40) Imbert de Batarnay, sr du Bouchage (ci-dessus, p. 65).

 

 

 

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