Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
PHystorique- Les Portes du Temps
31 janvier 2022

Église Saint-Étienne d'Ars-en-Ré ; Louis 1er de la Trémoïlle, Comte de Benon, seigneur de Sully, des îles de Ré et de Marans

carte-ile-de-re

Le littoral de l'îlot de Saint-Martin n'a pas été profondément modifié depuis le IIe siècle avant notre ère, sauf en ce qui concerne ses extrémités occidentale et orientale. Sa côte « sauvage » a continué de reculer, non plus à cause de transgressions, mais par l'érosion produite par les eaux et les vents sur les rives battues, relativement friables et restées longtemps sans aucune défense artificielle.

La sédimentation, par le jeu du transport des matériaux meubles, par leur dépôt sélectif, par leur pénétration dans les dépressions, a comblé les indentations et, en combinaison avec l'érosion, a équilibré les plages dont les courbes ont été épurées, a allongé, renforcé ou usé et plus ou moins déplacé les cordons côtiers formés au cours de la transgression. Les vents ont soulevé les sables et les ont amoncelés en dunes.

Par contre, les îles d'Ars, de Loix et des Portes et la Mer Intérieure qu'elles entouraient ont subi une évolution considérable du fait de l'érosion et surtout de la sédimentation.

Le large détroit, qui avait primitivement séparé les îles de Ré et d'Ars et fait communiquer le S. de la Mer Intérieure avec l'océan, a achevé de se fermer entre le XIe siècle et le XVe.

La partie la plus ancienne de l'église d'Ars, témoin qui peut être daté de la fin du XIe siècle ou de la première moitié du XIIe, révèle qu'un noyau de population était alors fixé en ce lieu : des laboureurs sans doute, mais comme l'abbaye de Saint-Michel-en-l'Herm était seigneur des îles d'Ars et de Loix, il y a tout lieu de penser qu'elle y a amené des sauniers du Bas-Poitou, pour y établir tôt des endiguements et marais salants dans les lais-de-mer les plus exondés.

La situation géographique des très importantes propriétés salicoles de l'abbaye et du prieur d'Ars, délégué par elle dans les seigneuries pour y assurer le service religieux, suggère qu'elles furent les plus anciennement établies, de part et d'autre du chenal du havre d'Ars (1).

Ces prises, dans une zone à l'écart des courants de marée, ont pu être au moins partiellement créées au cours du XIIIe siècle.

Les dénominations et situations des « prise des Habitants », « coi des Habitants », «levée des Habitants» (2), disent que ces constructions ont été l'œuvre des communautés, comme il était d'usage pour les travaux de nécessité publique (3).

Ces levées devaient empêcher le retour des eaux marines sur les sols bas ceinturés et dans la partie presque aussi basse des agglomérations naissantes, les cois permettre l'évacuation des eaux pluviales vers la mer. Ces ouvrages sont donc très probablement des plus anciens.

Il faut remonter au N. de l'île d'Ars pour retrouver, auprès du village du Gillieux, des assèchements qui sont parmi les premiers gagnés sur les vases de la zone très tôt abritée par le cordon de la Conche : la « Levée-Plate » a isolé les terres basses, le hameau et ses deux prises (4) ; la « Groie-des-Moines » (de Saint-Michel-en-l'Herm) est la première des prises qui constitueront le vaste ensemble de la Groie.

A mesure que le cordon dunaire de la Conche s'est allongé vers l'E. et quand enfin il a fermé la passe N. de la Mer Intérieure, ce qui semble s'être produit au cours du Ier millénaire, puisque l'histoire n'a pas souvenance des Portes à l'état d'île, le colmatage s'est accéléré.

Les nouveaux lais-de-mer, situés au S. des dunes, auront ainsi pu être tôt endigués. (Ils sont connus du XVIe au XVIIIe siècle sous le nom de « prise-du-Pont », « Prise de l'Essai-Rouge », « Prise de l'Os-de-la-Baleine », au XIXe : « les Jonchères », au XXe : « Marais du Batardeau ») (5).

Plus à l'E., après le chenal-relique de la passe N., est la prise de la Rivière. Elle existait avant la fin du XVe siècle. Son nom, comme celui du hameau de sauniers qui fut relativement important au XVIIe siècle, vient du « fossé doux » qui, longeant la frange méridionale des dunes, collectait leurs eaux et les évacuait dans la Conche de la Barrière, autre relique de la passe N. qui limitait à l'E., et anciennement au N., ce laide-mer déposé entre les deux grands chenaux de marée qui avaient abouti à la passe N.

 

Au XIIIe siècle sont nommés Ré, Ars et Loix.

Les terres et seigneuries d'Ars et Loix étaient « isles à part, distinctes et séparées de l'isle de Ré, en matière que l'on n'alloit des dictes seigneuries en ladite isle de Ré sans passer par la mer... et estoient deux isles par le moïen dudit chenal de la Tranche par laquelle la mer entroit du cousté du cours de Bretaigne par un bout de ladite chenal de la Transche, vulgairement appelé la Touille, et par l'autre bout du cousté d'Espaigne, lequel bout est à présent doux et y est le chemin par lequel l'on va à pié sec de ladite isle de Ré en la terre et chastellanie d'Ars ».

 

Un document du XVe siècle, qui se réfère à la première moitié du XIe siècle, ne connaît que ces trois terres ; celle des Portes est ignorée : elle devait être depuis si longtemps reliée à la Pointe des Baleines par le cordon dunaire qu'on avait oublié qu'elle avait été isolée d'Ars.

La zone devenue protégée de la Mer Intérieure, subissait une sédimentation fine, accélérée depuis la fermeture de la passe septentrionale.

Le portail roman de l'église Saint-Etienne d'Ars-en-Ré date du 12ème siècle.

 

Les premières mentions de la paroisse d’Ars remontent entre la fin du XIe et le début du XIIe siècle.

L’abbaye de Saint-Michel-en-l’Herm (6) avait été transmise par Guillaume Fier-à-Bras, comte de Poitou (935-995) à Aimery II, vicomte de Thouars, qui l’avait cédée à l’abbé de Saint-Florent de Saumur.

En 1027, l’île d’Ars est donnée à l’abbaye de Saint-Michel-en-l’Herm par Guillaume le Grand, duc d’Aquitaine (fils du précédent), afin de pouvoir y installer des moines et gérer leurs terres, un premier prieuré est alors construit, dont il reste aujourd’hui trois murs de l’ancienne nef.

Au XIIe siècle, durant des temps de prospérité économique et démographique, les moines procèdent à d’importants travaux d’agrandissement et d’embellissement de leur église.

A cette époque, Elbe de Mauléon fait don du quart de ses pêcheries (d’Ars et de Loix) aux moines de l’abbaye de Saint-Michel en l’Herm.

plan Église Saint-Étienne d'Ars-en-Ré

L’église d’Ars-en-Ré a conservé des parties du XIe siècle, notamment les trois murs de l’ancienne nef et trois étroites fenêtres (0,50 mètre).

La minceur des murs gouttereaux (0,90 mètre), bâtis sans contreforts extérieurs, révèle l’impossibilité d’une voûte en pierre, une charpente en bois – probablement recouvertes de tuiles -, plus légère, étant préférée à la complexité d’une lourde voûte de pierre (7).

La façade occidentale, elle aussi largement reprise au cours du XIIe siècle, s’ouvre par un ample portail à quatre voussures entre deux minuscules arcades aveugles.

On y retrouve les chevrons de la seconde croisée d’ogives ; les autres voussures s’ornent de palmettes et de fleurs à huit pétales.

Les seize chapiteaux des colonnettes des piédroits, outre de belles variations sur le thème de l’acanthe, sont peuplés de chimères, d’oiseaux et de félins affrontés ou grimpés les uns sur les autres ; répertoire des plus classiques qui, joint à la brisure de l’arc du portail, ne permet guère de retenir une date haute dans le XIIe siècle.

Une corniche à neuf modillons, parmi lesquels quatre masques, un coq et le cancer, couronne le quadrilatère orné de ce frontispice qui a retrouvé ses proportions d’origine depuis le dégagement de la partie ouest de l’édifice (8).

 

Depuis 1903, l’église d’Ars-en-Ré est classée au titre des Monuments historiques.

 

 

Louis 1er de la Trémoïlle (9), Comte de Benon, seigneur de Sully, des îles de Ré et de Marans

A la mort de Louis d'Amboise, sa fille, Marguerite, restait sa seule héritière légale (ses deux soeurs aînées étant mortes avant elle) de la vicomte de Thouars et de ses fiefs et l'apportait en héritage à son époux Louis Ier de la Trémoïlle qui se trouva de ce fait vicomte titulaire de Thouars, etc. (en principe, car en réalité, c'était le roi Louis XI).

 

 

 

Lettre relative à la réparation des canaux du Luçonnais; 16 décembre 1455.

A Pierre Girauld, mon receveur à Saint Hermine.

Receveur de Saint Hermine, j'ay receu lettres de monsr le séneschal de Poictou, par les quelles il m'escript que le ij jour de janvier prouchain il sera assemblé avecques aucuns prélaz, le procureur du Roy et autres, à Fontenay, pour donner provision à la réparacion des eschenaux de Luxonnois et païs d'environ, et m'escript que pour mon intérest je y envoie.

 Ceste matière m'est nouvelle et nésçqy que c'est ; toutes voies j'escripz au séneschal de Marueil qu'il aille à ladicte assemblée pour moy, et qu'il mène avecques lui de mes autres officiers ceulx qu'il avisera. Si lui baillez et délivrez de l'argent pour le fait de sa despence ce que vous et lui aviserez qui lui fera besoing, et n'y f aides [faulte].

Et en rapportant ces présentes, avecques recognoissance dudit séneschal, ce que lin aurez baillé pour ledit voïage vous sera alloué en vos comptes et rabatu de vostre recept epartout où il appartiendra, sans contredit ; et vueil que ainsi soit fait par les audicteurs de vosdiz comptés. Nostre Seigneur soit garde de vous.

Escript à Bommiers, le xvi jour de décembre mil cccc cinquante cinq.

LOYS DE LA TRÉMOÏLLE.

Original signé.

 

 

 

Assistance donnée à deux orphelins, jumeaux, sur le revenu de Noirmoutier ; 3 juin 1464.

A messeigneurs les auditeurs des comptes de Micheau Gaultereau, chastellain et receveur de l'Isle de Nermoustier pour très doubté et puissant seigneur monsgr de la Tremoille et dudit Nermoustier, nous Pierre Barenger, substitut du procureur dudit Nermoustier et Guillaume Heliea, notaire de la court dudit lieu, certifions par vérité que le receveur a baillé et poyé, des deniers de sa recepte, à une nommée Jehanne Pyarde, vefve feu Jehan Auderin, demeurant en la ville dudit Nermoustier, la somme de dix solz, monnoie courante tournois, pour nourir et gouverner deux enffans tendres de layt, nez en may derrenier passé audit Nermoustier de une pauvre femme mandicante estrangière, qui dès le mesme jour qu'elle enffanta et eut lesdits deux enffans mourut et alla de vie à trespas.

Et sourvesqurent iceulz deux enffans, savoir est ung filz et une fille, vis par l'espasse d'environ troys sepmaines après leurdicte mère, et ne trouvoyt l'on qui les voulust nourrir ne gouverner, tant par l'accident de mortallité ayens cours lors audit Ysle que pour ce que on ne savoit nullement le nom de leur père ; et furent apportés à la justice emprès leur batizement.

En tesmoing de ce, nous avons signé ces présentes de noz seings manuels, le tiers jour de juign, l'an. mil cccc soixante et quatre.

GUY HELYA.         P. BARENGIER.

Original en parchemin.

 

 

La Trémoïlle revendiqua aussitôt, auprès du roi Louis XI, son patrimoine confisqué, faisant valoir ses droits de seul héritier légal de Louis d'Amboise ; mais malgré de nombreuses démarches, il ne put, de son vivant, rentrer en possession de la totalité de son héritage et en particulier de la vicomte de Thouars.

Il était resté, quoi qu'il en soit, seigneur des îles de Ré et de Marans (10), mais cette portion elle-même de son héritage ne lui resta pas longtemps ; car un an après la mort de Louis d'Amboise, c'est-à-dire le 3 janvier 1470, il dut céder au roi ses seigneuries de l’ile-de-Ré et de Marans en échange des terres, châteaux, villes et seigneuries de Vierzon et de Xancoins, et des deux greniers à sel de Vierzon et de Selles en Berry.

 

Cette cession ou contrat d'échange nous est démontrée par la charte royale du 3 janvier 1470 portant le titre suivant :

 

« Cession au roi Louis XI, par les seigneurs (Louis Ier) et dame de la Trémoïlle, des seigneuries de Marans el de l'Ile-de-Ré en Aunis, en échange de Vierzon et Xancoins en Berry avec deux greniers à sel (11) »

Loys par la grâce de Dieu roy de France, au premier huissier, nostre sergent d'armes, huissier de nostre court de Parlement ou autre nostre sergent qui sur ce sera requis, salut.

Comme nous aions puis naguères transporté, baillé et délaissé à nos chiers et bien amez cousin et cousine Loys sgr de la Tremoille et Marguerite d'Amboise, sa femme, pour estre propre héritage d'elle et de ses hoirs, les terres, chasteaulx, villes et seigneuries de Viesron (Vierson) et Xancoins, avecques les greniers à sel estans audit lieu de Viesron et de Selles en Berry, pour en eschange et récompense des villes, terres, isles et seigneuries de Marant et de Ré, que semblablement ilz nous ont transporté et délaissé audit tiltre, selon et ainsi que tout appert par les lectres du contract sur ce faict entre nous et eulx, par lequel sommes tenuz leur bailler la wide et paisible possession et joyssance des terres et seigneuries dessusdictes et d'icelles les faire paisiblement joïr et user comme de leur propre chose ; voulans ainsi le faire et ledit contract fait entre nous et eulx sortir effect et vigueur : te mandons et commectons par ces présentes que tu te transportes èsditz lieux de Viesron et Xancoins et Selles , et des demaines, seigneuries et greniers dessusditz, ensemble de tous les droiz d'iceulx, meetz de par nous nosditz cousin et cousine, ou leur procureur pour eulx, en possession et saisine réaument et de faict, non obstant opposition ou appellation quelconques, et les faiz obéyr et paisiblement joïr et user tout selon les lectres du contract d'entre nous et eulx, en faisant commandement, tant en général que en particulier, et à son de trompe et cry public se mestier est, aux manans et habitans desditz lieux de Viesron et Xancoins, et aux officiers desditz greniers, que désormais à nosditz cousin et cousine ilz obéissent comme à leurs vrays seigneurs naturelz et direetz, et leur paient, ou à leurs officiers, les droiz seigneuriaulx, droiz, prouffitz et esmolumens desditz greniers comme ilz faisoient à noz officiers par avant ledit traicté et contract.

Et par rapportant ces présentes, ou Vidimus d'icelles fait soubz séel auctentique, voulons les officiers desditz greniers estre et demourer deschargez envers nous, tant en nostre chambre des comptes à Paris que ailleurs partout où il àppertiendra ; en contraignant à ce faire et souffrir réaument et de fait tout ce que dit est tous ceulx qui pour ce seront à contraindre, c'est assavoir les (gens) d'église par caption de leur temporel et les laiz par prinse de leurs corps et biens, et par toutes autres voyes et manières deues et raisonnables ; car ainsi nous plaist il estre fait, non obstant comme dessus et quelconques leetres sureptices impétrées ou à impétrer à ce contraires.

Mandons et commandons à tous noz justiciers, officiers et subgectz que à toy, en ce faisant, obéissent et entendent diligemment, et te prestent et baillent conseil, confort, aide et prisons, se mestier est et par loy requis en sont.

Donné-aux Montilz, le troiziesme jour de jenvier l'an de grâce mil cccc soixante dix, et de nostre règne le dixiesme.

Par le Roy, le sire du Lude et autres présens.

Original en parchemin.

 

 

 

Voici les Instructions données par Louis 1er de La Trémoille à ses procureurs pour « besongner » avec Louis XI au sujet de la cession de Marans et de l'île de Ré.

16 novembre 1470, Bommiers. — « Instruction et articles par nous Loys, seigneur de La Trémoille, de Sully, de  Luçon et conte de Benon, et Marguerite d'Amboise, damoiselle, dame et seigneur des dictes terres de Marant et  de l'isle de Ré, et icelles lui bailler,  cedder, transporter et delaisser pour  estre et demeurer à tousjours mais perpetuellement propre héritaige dudit seigneur et de ses hoirs et aians cause. 

« Item, diront à notre dit souverain seigneur que, pour les cession et transport desdictes terres de Marant et de  l'isle de Ré, nous lui demandons pour la recompence d'icelles le comté de  Gyens et les terres et seignouries de Verron, Yssoldun et Lury, avecques le  droit du don ou donnacion des offices  des gabelles, les proufflz, esmolumens  et revenues yssans et provenans des dites gabelles telz que le dit seigneur les comprant par chascun an, ensemble les droiz des seaulx, exploitz de justice, ressors de vassaulx, les fiefz et autres droiz ressortissans et advenans ès dictes terres et seignouries, pour icelles exploicter en tout et pour tout sans aucune reservacion comme ilz sont soubz la main dudit seigneur et sans estre subgettes à aucun ressort, sinon de la court de Parlement à Paris, lesquelles terres et seignouries il nous baillera, ceddera, transportera et delaissera pour estre et demourer le propre héritaige de nous, ladicte Marguerite d'Amboise, et de noz hoirs et aians cause, et d'icelles nous fera bailler et délivrer, pleine, entière et et paisible possession. »

« Item, et parmy ce nous fera notre dit souverain seigneur faire pleine et entière delivrance de toutes les autres terres et seignouries que, par feu monsr  Loys d'Amboise, en son vivant, viconte de Thouars, nous furent données, ceddées, au traicté du mariage fait d'entre nous et par ledit mariage faisant, lequel a sorti effect et a esté entre nous consummé, desquelles terres et seignouries, ledit feu monsr le viconte avoit retenu à lui l'usuffruit sa vie durant.

« Item, aussi que notre dit souverain « seigneur nous fera semblablement faire délivrance de la viconté, terre, seignourie et appartenances de Thouars et de toutes les autres terres et seignouries, qui furent, avoient esté et appartenoient audit feu monsr le viconte en son vivant. »

« Item, et se le bon vouloir et plaisir du roy, notre dit souverain seigneur, est de vouloir avoir ladicte viconté de Thouars, luy diront que nous serons contens de la lui bailler... »

 

 

Ch. de Thouars : Orig. parch. signé de Louis de La Trémoille et de Marguerite d'Amboise et scellé du sceau de Louis.

 

 

 

Il était né en 1431. Il suivit, très jeune encore Charles VII. roi de France, au siège de Rouen et fut un de ceux qui ratifièrent le traité d'Ancenis.

A l'Age de quarante-quatre ans, il accompagna Louis XI en 1473 à la campagne faite contre les Anglais venus en Picardie.

Le reste de sa vie se passa dans son château de Bommiers, où il mourut en 1483, au retour d'un voyage qu'il avait fait à Tours pour assister aux États convoqués par le jeune roi Charles VIII.

Il s'était marié à Poitiers le 22 août 1446, avec Marguerite d'Amboise, qui mourut on 1475. Elle était troisième fille-de Louis d'Amboise et de Marie de Rieux.

Il se remaria à quarante-quatre ans avec Annette Maincet, eu 1482.

Par la mort de Françoise, duchesse de Bretagne, et de Jeanne, comtesse de Tancarville, soeurs aînées de Marguerite, la vicomtesse de Thouars, la principauté de Talmont, les seigneuries de Mauléon, de Montrichard, de Marans , de l'île de Ré, etc., etc., échurent en partage aux La Trémoïlle.

Il eut sept enfants légitimes; son fils aîné, Louis deuxième du nom lui succéda (12).

Après la cession faite au roi par Marguerite d'Amboise et par Louis Ier de la Trémoïlle, son époux, de leurs seigneuries de Marans et de l'Ile-de-Ré, Louis XI fit donation de ces seigneuries à un des grands officiers du royaume; c'est pour ce motif que nous avons trouvé, parmi les chartes seigneuriales de l’ile de Ré, une charte commençant ainsi :

Louis de Luxembourg

Comte de Saint-Paul-de-Livry, de Connersan

et de Brienne

Seigneur d'Anglien, de Marans et de l'Ile-de-Ré

Connétable de France

Lieutenant et gouverneur pour le Roy en ses pays

et duché de Normandie

 

Cette charte est une confirmation des privilèges antérieurement accordés à l'Ile-de-Ré par ses seigneurs, son texte est le même que celui des chartes des la Trémoïlle.

Elle est datée de Lyon, le 5 janvier 1472, vidimée le 31 dudit mois par de Frémont et ordonnancée par J. Cothereau, procureur de la seigneurie de Ré.

L'Ile-de-Ré cessa ainsi d'appartenir à ses seigneurs héréditaires du 3 janvier 1470 à 1480, c'est-à-dire pendant dix ans.

 

 

C'est, comme bien souvent, à cause d'un conflit de bornage de terres, dans le cas celles de la seigneurie de Ré et celles de la seigneurie d'Ars, suivi de procédures, qu'un texte, établi « vers 1472 », sous le titre « Intendit et articles des religieux, abbé et convent de Saint-Michel-en-l'Herm, à l'encontre de Monseigneur de la Trémoïlle » révèle « les circonstances dans lesquelles l'abbaye de Saint-Michel-en-l'Herm est devenue propriétaire des îles d'Ars et de Loix ».

Ce document donne des précisions topographiques sur la frontière entre les seigneuries, au sujet de laquelle il y avait contestation et qui suivait les chenaux qui, en dernier lieu, ont fait communiquer le Cours d'Espagne avec celui de Bretagne :

Les terres et seigneuries d'Ars et Loix étaient « isles à part, distinctes et séparées de l'isle de Ré, en matière que l'on n'alloit des dictes seigneuries en ladite isle de Ré sans passer par la mer... et estoient deux isles par le moïen dudit chenal de la Tranche par laquelle la mer entroit du cousté du cours de Bretaigne par un bout de ladite chenal de la Transche, vulgairement appelé la Touille, et par l'autre bout du cousté d'Espaigne, lequel bout est à présent doux et y est le chemin par lequel l'on va à pié sec de ladite isle de Ré en la terre et chastellanie d'Ars ».

 

 

Lettre concernant l'impôt que le sr de La Trémoïlle a droit de lever quand il marie sa fille aînée (5 août 1473).

A mes chiers et bien amez les procureur et receveur de la Tremoille.

Procureur et receveur de la Tremoille, je me recommande à vous.

 Le mariaige de ma fille aisnée et du fils de monsr de Tonnerre est accordé, et la journée des nopces et espousailles entreprise. J'ay trouvé, par conseil, que, de droit, pour cause dudit mariaige, je pins et doy demander à tous mes hommes et subgiz de mes terres et seignouries ung aide, et icelluy lever sus eulx pour me aider à supporter les fraiz et mises qu'il me convendra faire pour ledit mariaige.

 J'ay fait demander ledit aide aux subgiz de ma ville et baronnie de Sully et de mes villes et seignouries de Vierson et de Selles et de Bomiers, lesquelz le me ont libérallement octroie et en bonne et raisonnable somme pour chascun d'eulx.

Je vueil ledit aide estre demandé à mes hommes et subgiz de mes terres et seignouries de la Tremoille, Chastel Guillaume, Lussac, Voussoys et Sainct Cyverain.

J'escrips au bailly de la Tremoille que, pour celle cause, il aille sus les lieux et qu'il assamble les subgiz de chascune seignourie, et qu'il leur expose le cas du mariaige de madicte fille et le droit que j'ay de leur demander ledit aide. Acompaignez ledit bailly, et tenez  la main envers lesdiz subgiz qu'ilz me octroient ledit aide en la plus grant somme qu'ilz pourront, et y f aides ce que bons officiers et serviteurs doivent faire pour leur maistre. Et vous, receveur, faictes la despence dudit bailly et d'entre vous qui le acompaignerez en poursuivant l'octrqy dudit aide, et vous en aurez vostre acquict tel qu'il vous sera neccessaire. Nostre Seigneur soit garde de vous.

Escript à Sully, le cinquiesme jour d'aoust.

LOYS DE LA TRÉMOÏLLE.

Original signé.

 

 

 

 

En 1479 une charte inédite (12) fut formulée à peu près dans les mêmes termes, signée par Louis XI, roi de France, confirmant lesdits privilèges, comme seigneur de l'Ile-de-Ré, et datée de Dijon, en août.

En 1480 une charte (13) de Louis XI, roi de France montre qu'une partie de ces domaines était restituée à son seigneur héréditaire.

Septembre 1480

Lettres patentes données à la requête de Louis de La Trémoille, seigneur de Sully et comte de Benon, portant union des seigneuries de l’île de Ré et de Marans (14) au comté de Benon sous un seul et unique hommage au lieu de trois auxquels ledit seigneur était jusqu’alors tenu envers le roi, lesdites comté, terres et seigneuries mouvant du château de la Rochelle.

« Si donnons en mandement par ces presentes à nos amez et feaulx gens de noz comptes et tresoriers, au seneschal de Poictou et à tous noz autres justiciers et officiers …

Donné au Plessays du Parc, ou mois de septembre l’an de grace mil cccc. quatre vings, et de nostre règne le vingtiesme.

— Ainsi signé : Loys. Par le roy, G. de Marle : Visa. Contentor. Texier. »

  • B AN JJ. 208, n° 132, fol. 78
  • a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 41, p. 359

 

 

 

Académie des sciences et belles-lettres d'Angers.

Revue de la Saintonge et de l'Aunis

 

 

 

 

Histoire du Poitou, jugement de Louis d'Amboise, chevalier seigneur de Thouars<==.... ....==>Chapelle Notre-Dame du château des Ducs de la Trémoïlle (Time Travel 1500)

 ==> Louis II de la Tremouille - Gabrielle de Bourbon-Montpensier ; Charles de la Trémoïlle - Louise de Coëtivy

L'île de Ré, avant-garde de l'Aunis et du Poitou contre les Vikings - L'érection en commune par les SIRES DE MAULÉON <==

 

 


 

(1) Au S. : Prise des Moines (contenant 57 livres de marais salants en 6 champs), dépendant de la Prise du Bourg, propriété utile de l'abbaye, puis du Collège Mazarin.

Au N. : Prise des Salines (contenant 32 livres de marais salants en 7 champs), propriété utile du prieur d'Ars, à lui cédée par l'abbaye.

(2) « Prise des Habitants » à Ars, « Coi des Habitants » à Ars et aux Portes, « Levée des Habitants » aux Portes et à la Couarde.

(3) Les « assemblées d'habitants » décidaient des travaux d'utilité publique. La décision prise par le plus grand nombre des présents, souvent « d'unanime voix », parce que des discussions avaient eu lieu antérieurement sur la nécessité de l'action à entreprendre. Le « lieutenant politique » ou le « syndic » était chargé par l'assemblée d'organiser le « bian » (les corvées) qui devait fournir et répartir équitab'ement la main-d'œuvre.

(4) Prises de « la Prée du Gillieux» et (au XVIIe siècle) « des Jousseaume ».

(5) Le nom de nombreuses prises a change au cours des siècles, en particulier quand il était dérivé du patronyme de la famille possédante, mais aussi quand les caractéristiques géographiques ou autres, qui avaient été à l'origine de l'appellation, étaient tombées dans l'oubli. Ces marais ont été dits « du Batardeau » après 1851, quand un tel ouvrage a été placé sur le chenal qui les alimentait.

(6) L'abbaye de Saint-Michel-en-l'Herm, en Bas-Poitou, avait été dotée des îles d'Ars et de Loix.

Ce monastère a subi plusieurs destructions, dont celle de 1569. Si les moines y avaient conservé des documents antérieurs à cette époque, il est très probable qu'il n'en sera rien resté après l'incendie par les huguenots.

(7)Jean Chapelot, « Les marais salants de l’Aunis aux ixe– xe siècles : aux origines d’une croissance économique », Revue de la Saintonge et de l’Aunis, t. xliv, 2019, p. 39

(8) Yves Blomme, Les églises d’Aunis, Saint-Jean d’Angely, Éd. Bordessoules, , op. cit., p. 35.

(9) Fils aîné de Georges de la Trémoïlle, favori de Charles VII et de Catherine de l'Ile-Bouchard.

(10) II fit foi et hommage lige de ces deux seigneuries, en 1469, à Charles, duc de Guyenne (Arcères)

(11) Chartriers de Thouars, n. 27.

 (12) Les La Trémoïlle pendant cinq siècles, t. II.

(13) Chartrier de Ré.

 (14) Marguerite d’Amboise, femme de Louis Ier de La Trémoïlle, avait par un premier contrat échangé avec Louis XI la vicomté de Thouars contre l’île de Ré et la terre des Marans, et par un second rendu au roi lesdites îles et terre contre les seigneuries de Vierzon et de Sancoins en Berry.

Quoique ces deux actes, imposés par le roi, eussent été confirmés par lettres patentes données à Amboise au mois de mai 1470, et enregistrées au Parlement le 28 janvier 1471. (Arch. nat., X1a 8606, fol. 233), on voit que la seconde de ces transactions au moins n’avait pas eu d’effet.

 

 

 

 

 

 

Publicité
Commentaires
PHystorique- Les Portes du Temps
Publicité
Publicité