Chapelle Notre-Dame du château des Ducs de la Trémoïlle (Time Travel 1500)
Appelée également Collégiale Sainte Chapelle Notre-Dame, elle est rattachée au château des Ducs de la Trémoïlle. Elle fut bâtie par Louis II de La Trémoïlle et Gabrielle de Bourbon.
Datant du début du XVIe siècle, cette collégiale possède une magnifique loggia de style Renaissance Italienne. La collégiale surmonte une chapelle basse, construite à la même époque, qui accueillait dans un premier temps la paroisse Notre-Dame. Entièrement voûtée, cette chapelle abrite aujourd’hui des restes et des vestiges des descendants des Ducs de la Trémoïlle. Ses façades allient le Gothique flamboyant à la Renaissance. Accessible uniquement en visite guidée sur réservation.
Le chapitre de Notre-Dame-du-Château fut fondé, en 1500, par Gabrielle de Bourbon, femme de Louis II, duc de la Trimouille. Elle eut quelques obstacles à vaincre de la part du prieur de St.-Nicolas. Ce dernier se rendit enfin, à condition qu'il conserverait le droit de prendre la seconde place au chœur, après le trésorier, avec celui de réciter à matines la dernière leçon, et de dire la messe de minuit le jour de Noël. C'était à ces misérables prérogatives que tenait alors la petite vanité de nos devanciers.
Gabrielle fit bâtir, en 1503, l'église du Château, telle qu'elle existe aujourd'hui; j'en ai déjà donné la description. Il est inutile de me répéter.
Quand l'édifice fut bâti, la duchesse obtint du pape Léon X, une bulle sous la date du 18 janvier 1515, par laquelle cette église fut érigée en collégiale et en corps de chapitre, à l'instar de celle de St.-Martin de Tours et de la sainte chapelle de Paris. Le pape, dans cette bulle, donne au trésorier et au chapitre le droit de préséance dans toutes les assemblées publiques; ils n'ont jamais joui de ces privilèges, parce qu'ils n'ont pu justifier de l'enregistrement et de la vérification de ce titre.
Le chapitre n'était composé, dans le principe, que de quatre chanoines, outre le trésorier et trois hebdomadiers; mais, quelques années après, Gabrielle y ajouta trois autres chanoines et quelques chapelains.
Avant la révolution, on voyait dans cette église, trois mausolées en marbre noir avec des figures en relief en marbre blanc. Le premier était celui de Gabrielle et du duc de la Trimouille, son mari; le second du jeune prince de Talmont et de Louise de Coëtivi sa femme; le troisième du cardinal de la Trimouille.
Les revenus de ce chapitre étaient très-médiocres.
Le Trésorier (revenu 1000 liv. ), (1791), M. de la Haye.
Chanoines (revenu 380 liv. ) , MM. de la Sorinière; de la Chassée; Marillet; Dallais; Brion; Pommier; Villeneau.
Il est vrai que tous les chanoines joignaient, à leurs canonicats, des bénéfices simples que les ducs de Thouars leur conféraient. L'un d'eux prenait la qualité de chantre, mais cette prétention ne paraît jamais avoir été fondée en titre.
Les trois chapitres de Thouars ont souvent eu des procès pour la préséance ; enfin par un concordat passé en 1536, il fut convenu 1.° que l'abbé de St.-Laon et le doyen de Thouars fermeraient les rangs dans les processions publiques, l'abbé à droite, et le doyen à gauche ; 2.° que chaque chapitre aurait la préséance à son tour; 3.° qu'ils s'assembleraient et feraient l'office dans l'église de St.-Médard.
Depuis 1791, l'église du château est abandonnée; chaque jour ajoute à la dégradation de ce beau monument. Les mausolées ont été brisés en 1793, au même moment que les tombeaux furent profanés.
Elle a été bâtie dans la forme de la sainte chapelle de Paris, mais elle a plus de largeur. Le style de son architecture est gothique, ses proportions sont parfaites, et toute délabrée qu'elle est, elle fait encore l'admiration des connaisseurs. Le marteau du temps va, dans quelques années, consommer la ruine de ce bel édifice que la hache du vandalisme avait épargné: on ne fait plus de mal en France, mais on ne peut pas encore réparer celui qu'on a fait.
Dans la Chapelle, les trois tombeaux de Louis II et de Gabrielle, de leur fils Charles et de son
épouse, du cardinal Jean de La Trémoïlle, évêque d’Auch, ont été détruits à la Révolution. Il en reste
quelques fragments au musée Henri Barré de Thouars. Ils étaient l’œuvre du sculpteur Martin
Claustre.
LOUIS II DE LA TREMOILLE
Louis II de La Trémoille, fils aîné de Louis I et de Marguerite d'Amboise, naquit le 20 septembre 1460.
Sa haute valeur, ses vertus politiques et privées lui ont mérité de ses contemporains et de la postérité le glorieux surnom de Chevalier sans reproches. Guichardin lui donne le titre de premier capitaine du monde et Paul Jove dit qu'il fut la gloire de son siècle et l'ornement de la monarchie française. II se signala particulièrement à l'âge de vingt-huit ans, en 1488, en battant les troupes du duc d'Orléans, futur Louis XII, et des princes ligués contre Charles VIII, à Saint-Aubin-du-Cormier.
Mon intention n'est pas de retracer ici la vie de Louis II de La Trémoille. C'est un sujet trop connu. Je me contenterai de résumer en quelques lignes les événements qui sont mentionnés dans les documents publiés au chapitre II de ce présent volume.
Le Chevalier sans reproches possédait comme ses ancêtres une fortune territoriale considérable qu'il dépensait facilement, même au jeu où d'ailleurs il perdait presque toujours. On rencontre souvent des mandements signés de sa main dans le genre de celui-ci : « Gens de noz comptes, allouhez à Jehan Billard, nostre appoticaire, la somme de cincquante escuz soulail qu'il a baillée à Estampes pour nous apporter, qu'avons receuz pour jouer avec le roy à Ardre, le premier jour de juing cincq cens vingt, et n'y faictes difficulté (1). »
Au mois de décembre 1518, une ambassade d'Angleterre arriva à Paris. Les ambassadeurs anglais furent festoyés par le roi, la reine, les princes, les grands seigneurs et les échevins de l'Hôtel-de-Ville. Louis II de La Trémoille ouvrit aux étrangers les portes de son hôtel des Créneaux à Paris et leur donna à dîner le 1er janvier 1519. La dépense totale du repas s'éleva à la somme de 676 livres tournois (2), plus de 12,000 francs en monnaie moderne.
II est inutile d'insister longuement sur ces dépenses, un coup d'oeil jeté sur le § II du chapitre II de ce volume indiquera suffisamment les nombreuses occasions qui sollicitaient le seigneur de La Trémoille et sa femme d'ouvrir leur bourse. Tantôt, c'était un vaisseau à équiper (3), tantôt c'était un pauvre métayer ruiné par la grêle qu'il fallait secourir (4). Quand il s'agissait surtout d'une oeuvre charitable, jamais le Chevalier sans reproches et sa femme, la bonne Gabrielle de Bourbon, ne se récusaient. Ils y mettaient autant de coeur que pour la confection d'accoutrements pour le tournoi d’Ardres (5).
Louis II de La Trémoille épousa, par contrat de mariage du 28 juillet 1484, noble damoiselle Gabrielle de Bourbon, fille de Louis de Bourbon, comte de Montpensier, et de Gabrielle de La Tour (6), dont il eut Charles de La Trémoille, prince de Talmont.
Après la mort de Gabrielle, arrivée en 1516, il prit en secondes noces par contrat du 17 avril 1517, damoiselle Louise de Borgia, duchesse de Valentinois, fille de César Borgia, duc d'Urbin, gonfalonier de l'Eglise, et de Charlotte d'Albret, soeur de Jean, roi de Navarre (7).
Le seigneur de La Trémoille fut nommé lieutenant-général du roi en Bretagne le 11 mars 1487 (v. s.) (8); capitaine de Fougères, 20 septembre 1488 (9); lieutenant-général sur le fait de la guerre en Poitou, Saintonge, Angoumois et Anjou, 5 octobre 1490 (10); capitaine de Nantes, 25 juillet 1491 (11); premier chambellan du roi Charles VIII, 9 novembre 1495 (12); confirmé capitaine de Fougères et de Nantes en 1498, par Louis XII (13); institué lieutenant-général de la gendarmerie dans le duché de Milan, en 1499 (14); amiral de Guyenne et de Bretagne, 26 avril 1502 (15), 7 janvier 1514 (v. s.) (16); et capitaine du château de Vergy en Bourgogne, 28 octobre 1515 (17).
Une mort glorieuse devait couronner la carrière de celui qui avait servi fidèlement Louis XI, Charles VIII, Louis XII et François Ier.
Louis II de La Trémoille fut tué sous les yeux de son roi à la bataille de Pavie, le 24 février 1525.
Son corps fut transporté en France et inhumé dans l'église collégiale de Notre-Dame-de Thouars. Les frais de cette translation s'élevèrent, paraît-il, à la somme incroyable de 10,000 livres au moins (18).
Louis II laissait un petit-fils, François, sire de La Trémoille, vicomte de Thouars. Son fils Charles, prince de Talmont, avait péri à la bataille de Marignan livrée contre les Suisses, le 14 septembre 1515; la veuve de ce dernier, Louise de Coetivy, ne mourut qu'en 1553.
Louise Borgia, duchesse de Valentinois, n'eut pas d'enfants de Louis II de La Trémoille. Elle se remaria le 3 février 1530, avec Philippe de Bourbon, seigneur et baron de Busset (19).
LE CARDINAL JEAN DE LA TRÉMOILLE
JEAN de La Trémoille était le second fils de Louis I et de Marguerite d'Amboise. II devint protonotaire du Saint-Siège (20), archevêque d'Auch en 1490 (21) malgré son jeune âge, évêque de Poitiers en 1505 (22) et cardinal du titre de Saint-Martin-aux-Monts par bulle de Jules II, donnée à Boulogne le 4 janvier 1506. Dès le 9 novembre 1505, le pape assurait Louis II de La Trémoille de ses bonnes dispositions pour le cardinalat de son frère Jean (23).
II ressort d'un document du Chartrier de Thouars que Jean de La Trémoille eut successivement ou simultanément de nombreux bénéfices. II posséda les abbayes de Noirmoutier (400 livres tournois de revenu), de Celles (340 liv. tour.), de Saint-Benoît-sur Loire (3ooo liv. tour.), de Jard (1200 liv. tour.), de Saint-Michel-en-l'Herm (1500 liv. tour.), de Tallemont (800 liv. tour.), de la Grenetière (600 liv. tour.), de Saint-Laon de Thouars (400 liv. tour.), le prieuré de La Riole, membre de Saint-Benoît (2000 liv. tourn.), et la moitié de l'évêché d'Agen (2500 liv.) pendant deux années avant d'être pourvu de l'archevêché d'Auch.
Au moment de sa plus haute fortune, le cardinal eut dans ses écuries jusqu'à cinquante chevaux alors qu'au début de sa carrière il n'en possédait que trois. Comme tous les grands seigneurs, il avait des fauconniers parmi lesquels on distinguait Grand-Jehan, avec qui il fit un marché le 31 mars 1506 (v. s.), au sujet de ses faucons (24).
Jean de La Trémoille accompagna Louis XII dans son expédition d'Italie contre les Génois, avec le cardinal d'Amboise, son oncle, les cardinaux de Ferrare et de Saint-Sever, et assista à l'entrée solennelle que le roi de France fit à Milan. II mourut dans cette ville chez « dame Marie de Pusterre, vefve de feu noble homme Bourgonce Botte », dans la maison de laquelle il logeait, après avoir fait son testament le 16 juin 1507. Son corps fut d'abord déposé dans l'église des frères mineurs de Milan, devant l'autel de Saint-Bernardin « ouquel lieu le dit testateur avoit acoustumé de ouyr messe (25) ».
Dans la suite on le ramena en France dans l'église collégiale de Notre-Dame du château de Thouars où on lisait cette épitaphe :
« Cy gist le corps de très haut et illustre prince Jean de La Trémoille, cardinal du S. Siège apostolicque, archevesque d'Auch qui mourut à Milan, Tan 1507. Priez Dieu pour le repos de son âme. »
En 1514, Louis II de La Trémoille était en procès, au sujet des biens de l'archevêché d'Auch, contre « très révérend père en Dieu messire Francoys de Clermont, archevesque d'Aulx », successeur du cardinal Jean (26).
François-Roger de Gaignières (1642-1715), un antiquaire pas comme les autres a fait l'histoire
Pendant un demi-siècle, ce passionné d'histoire de la monarchie française et de la noblesse a collectionné une documentation textuelle et graphique considérable des époques médiévale et moderne : tombeaux, épitaphes, vitraux, sceaux, tapisseries, plaques de fondation... Ces documents sont des sources d'une richesse incroyable puisque la plupart des monuments cités sont en grande partie détruits aujourd'hui !
👀 Les 24 portefeuilles de Modes de François-Roger de Gaignières rassemblent plus de 1 720 planches (dessinées par Louis Boudan) et sont à l'origine de sa célébrité. Ces planches représentent des portraits de personnages historiques (de Clovis à Louis XIV), vêtus de costumes témoignant de leur fonction, de leur statut mais aussi de la mode selon les époques. Nous y trouvons également des dessins de vitraux, des copies de tableaux de chevalet ou de miniatures.
Avant sa mort, François-Roger de Gaignières fait don de sa collection à Louis XIV afin d'éviter qu'elle ne soit dispersée !
Fondation pour les Monuments Historiques
https://www.facebook.com/FondationpourlesMonumentsHistoriques
Histoire de la ville de Thouars, depuis l'an 759 jusqu'en 1815 , avec un supplément qui renferme la conspiration du général Berton et les détails de son entreprise sur cette ville, le 24 février 1822... par P.-V.-J. Berthre de Bourniseaux,...
Les La Trémoïlle pendant cinq siècles. Charles-Louis-Bretagne, Charles-Armand-René, Jean-Bretagne-Charles-Godefroy et Charles-Bretagne-Marie-Joseph de La Trémoïlle / [par le duc L.-C. de La Trémoïlle]
Contact :
Rond point du 19 mars 1962
79100, Thouars
05 49 68 16 25
service.patrimoine@ville-thouars.fr
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Guerre de Cent Ans, Juin 1372 - siège de Thouars pendant la Campagnes du Dogue noir de Brocéliande (Du Guesclin) dans le Poitou <==.... .... ==> Thouars - Le pont des chouans (Guerre de Vendée 5 mai 1793)
1. Voir. p. 93, mandement du 27 janvier 1520 (v.s.).
2. Voir, pp. 81 à 90.
3. Pp. 45, 59, 62, 65.
4. P. 51.
5. Pp. 91 et 92.
6. P. 107, n° II.
7. P. 130, n° XXIII.
8. P. 110, n° IV.
9. P. n 3, n° VI.
10. P. 114, n° VIII.
11. P. 115, n°X.
12. P. 124, n° XIII.
13. P. 127, n°s XV et XVI.
14. P. 128, n° XVII.
15. P. 128, n°s XVIII et XIX. n. P. 129, n°s XX et XXI. 12. P. 130, n° XXII.
16. P.129, n° XXX et XXI
17. p 130, n° XXII
18. P. 103.
19. Pour les sources à consulter sur Louis II de La Trémoille, voir Répertoire des sources historiques du moyen âge, par Ulysse Chevalier.
20. P. 149, n° I.
21. P. 149, n° II.
22. P. 151, n° IV.
23. P. 152, n° V.
24. P. 143.
25. Pp. 153, 155, nos VI et VII.
26. Chartrier de Thouars, ms.. — Voir Chartrier de Thouars, pp. 215 3217. Sainte-Marthe, Histoire généalogique de la maison de La Trémoille, etc.