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PHystorique- Les Portes du Temps
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25 décembre 2024

Un Noël Gaillard en Poitou

L'an de grâce 1768, Maître Félix Faulcon, place et vis-à-vis N.-D.-la-Grande « imprimait son Recueil des plus beaux Noëls anciens et nouveaux », qui connut un grand succès, puisque, après tant d'années passées, on parvient encore à le retrouver au fond d'une campagne poitevine

C'est ainsi que j'ai pu, en 1935, extraire de ce Recueil un « Noël ancien », qui fut particulièrement bien accueilli dans les milieux poitevins. On m'a demandé si l'an de grâce 1937 ne verrait pas se rééditer, pour les nombreux lecteurs de la Grand' Goule, l'un de ces chants de « Nau » qui sont si curieux, si intéressants, si…. — Pensez donc, quand je vous dis que c'est un Recueil….. Naturellement qu'il n'était pas l'unique. Vous allez en juger. Mais ne vous effarouchez pas du titre de celui-ci. Ne faites pas comme moi. Quand on voit s'étaler en grosses lettres « Noël gaillard» on hésite ; puis, pour paraître renseigné, on saute sur son dictionnaire et on lit. hum ! : « esprit gaillard : qui a un caractère de hardiesse, qui est un peu trop libre, esprit décidé, vigoureux ». Il y en a pour tous les goûts.

Laissons là les savantes définitions. Vous devez savoir depuis votre « petite classe » que les dictionnaires sont livres ennuyeux. Vous constaterez à la lecture du « Noël gaillard » que le dictionnaire n'y a rien vu.

Noël gaillard, eh bien ! c'est tout à fait la même chose que gai Noël, joyeux Noël, gué Néél, comme on dit dans le Nord.

Jésus est né en joie, en grande joie (l'Ange l'a dit, il nous apporte la joie), il faut le recevoir joyeusement; et c'est avec une gaîté vive que nos ancêtres l'accueillaient, sous tous les horizons et sous tous les climats.

Comme le « Noël ancien » de l'an passé, le « Noël gaillard » est en fait « une joyeuse revue » prise sur le vif des principaux représentants de la grande famille poitevine.

Mais cette fois l'horizon du poète s'est agrandi et son regard, franchissant les limites de la grande banlieue de Poitiers, ira au-delà des frontières du Poitou, atteindre l'Angoumois, la Saintonge et le Limousin, pour nous dire ce qu'il en pense.

En quelques lignes, souvent même d'un trait, parfois d'un seul mot, avec une netteté et une vivacité où l'on retrouve tout le sel de l'esprit populaire, l'auteur a dépeint toutes les régions du Poitou, en fonction de la fête de Noël, non seulement avec leur industrieuse activité, mais avec tous les côtés saillants de leur caractère.

En un langage imagé, en termes souvent incisifs, le poète dresse la carte économique et psychologique du pays poitevin — « au bon vieux temps » — Géographie historique départementale ? — Oui, avec quelque chose en plus et une excellente méthode - ce qui ne nuit pas.

Jugez-en vous- mêmes.

Voici Poitiers, d'abord. C'est bien naturel, le coeur du Poitou. « à tout seigneur, tout honneur ». Comme il se doit « Naulet » fera proclamer son arrivée aux bergers de la capitale — « furant tous les beas premez », personne n'y trouvera à redire. C'est à eux seuls que l' « Onge das Ceos » apparaîtra pour les inviter à chanter le Nau. Il n'y a pas que des bergers à Poitiers aux XIIIe, XIVe et XVe siècles; ceux-là prennent le temps comme il vient, vivent sans souci et mènent joyeuse vie; mais Poitiers est aussi une ville d'avocats, de juges, de procureurs, de notaires.

Ce sont là «gens de lois » c'est-à-dire personnes sérieuses,, graves, ayant conscience de leur dignité et dont l'habituel vocabulaire est emprunté au Digeste, aux Authentiques et aux Pandectes. On va voir un peu plus loin sous quel angle les considérait « la classe prolétarienne » d'alors.

 En attendant, considérez cette scène de la rue prise sur le vif. Après notification et affichage, suivant la coutume, du parchemin dûment signé, paraphé et authentiqué par le « demi-notoire », le plus rempli d'habilesse « fait la lecture du grimoire officiel, le « bulletea » donnant à l'Ange des cieux « l'exequatur » pour « faire miracle en ce lieu »» Alors seulement « permission de par le Roi » au populaire poitevin de faire largesse.

Naturellement, ce sont ceux de Croutelle qui arrivent les premiers à la solennité, chargés de beaucoup de bagatelles. La rime est riche, comme on voit, quand le poète vient prendre le vent de l'inspiration sous les ombrages de la fontaine Caballine.

De grand matin arrivent ceux de Vendeuvre, dont on sait déjà qu'ils sont « bons enfants ». Ils ont aussi un penchant prononcé pour le métier de braconniers. Volontiers ils auraient offert à l'Enfant un beau lièvre, fruit de leur larçin. Mais, voilà, celui-ci n'a pas voulu se laisser « gripper à la fèvre. » Ils arrivent donc bredouilles à Poitiers.

Vous ne le saviez pas sans doute, il y a une Académie de musique et de danse dans la grande banlieue de Poitiers.

Du côté de Vouneuil, Busserolle, la Vaux, Jazeneuil, plaines et vallons retentissent des accents de « la flageole et de la pibole ». Le chef d'orchestre est infatigable comme d'ailleurs ses sociétaires.

Les gens de Mirebeau, trouvant la route un peu longue, se sont entassés cinq ou six dans un « gazea» attelé d'un baudet rétif. Et les propos vont leur train, et les quolibets fusent ; tant y a, que maître Martin, finit par glisser des quatre fers et étale les joyeux pélerins au beau milieu d'une mare glacée. Et voilà de quoi défrayer la chronique mirebalaise.

La cuisine de Lusignan a une réputation méritée à travers le pays poitevin. Personne ne peut les égaler pour tourner savamment une broche — la haste — et vous dorer un chapon gras. Leur croûte feuilletée n'a pas sa pareille dans tous les environs. C'est décidé, on portera au petit Nau une magnifique « poule en paste », un vrai chef-d'œuvre de maîre Friquemasse — que l'on paie un beau « dozain ». Mais on n'avait pas prévu la suite : un grand vilain dégoûtant, venu de Mirebeau, « par l'odeur alléché » et aussi « quelque diable l'y poussant », profite du moment où hôtelier et hôtelière sont entrés dans la chambre, faire un brin de toilette, pour fricasser la croûte et s'emplir les coûtes ». Pour un peu on le tuerait. Gourmand, hâbleur et peu franc, le type s'en tire en rejetant la faute sur un « grand chain », nommé Roujeau.

Deux couplets sont consacrés aux gens de Lencloître, « grands marchands de naveas ». Ce n'est pas trop pour énumérer les nombreux produits de leur culture maraîchère présentés d'une si piquante façon à l'Enfant-Dieu. Nulle part ailleurs peut-être la finesse de l'observation et le sens du ridicule ne se sont plus heureusement rencontrés.

Aucune traduction ne saurait en exprimer la saveur.

Richelieu, Châtellerault, Faye-la-Vineuse sont des pays de riches marchands. Ayant fait de gros bénéfices dans leurs affaires, « ils ont des espèces dans leur fouillouse ».

Aussi les salue-t-on bien bas, eux et leur escarcelle, sans même risquer une réflexion. Puissance du capitalisme, déjà!

Dans notre région, le château de Thouars et sa garnison représentent l'élément militaire. Les pastoureaux sont « de vaillants soudards » qui savent manier l'épée aussi bien que la houlette. Malheureusement l'arsenal n'est pas très fourni — « ren qu'une espie per tertous » et encore elle est si rouillée dans son fourreau qu'il faudrait une armée pour la tirer. On ne rit pas avec la finance, mais on peut plaisanter avec le sabre.

Bressuire, Airvault, Saint-Jouin, Montmorillon, Saint-Savin, pays besogneux. Ne vous y fiez pas trop. S'ils «n'ont pas grande fricasse » dans toute leur assemblée, c'est qu'ils ne sont « pas de donnée » Les choses ont dû changer depuis.

Par contre, Niort, les Sables, Marans, Fontenay, La Rochelle arrivent chargés de présents : rubans, bonnets et dentelles ; « une haridelle en porte tout son las ». Mais comment le petit Nau va-t'il accueillir de pareilles frivolités ?

Melle, La Mothe-St-Héraye, Luçon, noms évocateurs des bons pâtés de foie gras, de pigeons et de poulaille ». Là au moins on sait vivre.

Tandis que regardez-moi ces miteux de Sanxay, Lavausseau, Curzay et Graille, ils n'ont pour tout bagage que « leur foin et leur paille ».

Saintes, St-Jean-d'Angély, Chef-Boutonne et Angoulême, à la lisière du pays poitevin, ne peuvent naturellement pas avoir les qualités essentiellement poitevines de bonté et de désintéressement. C'est un apanage de race.

Jugez-en. Il y a bien du lait, mais pas de crême dessus ; et, chose curieuse, ils en sont les premiers surpris.

A Ruffec, on a plus d'âme et on sait se priver pour en donner un plein bacquet, pris sur la réserve. Mais Ruffec est du Poitou.

Attention! voici Minerve ! Vraiment ce ne serait pas la peine de lui avoir dédié « dans l'ancienneté» un sanctuaire à Parthenay, si en retour la déesse athénienne n'avait marqué ses dévots à son estampille. Ses bienfaits se sont même étendus jusqu'à St-Maixent. Gens sages et judicieux, comme il se doit, ils ont jugé « que tout quiou bagage n'étiant point bon » pour un enfant « de si poai d'âge ». Les Pénélopes du pays ont décidé de lui tisser un « vêtement de sarge » et de « lui brocher un calaud».

Malgré la distance, les enfants de Chauvigny (on ne saurait en douter) sont aussi fils de Minerve et pour autant de Cérès. Ils se montrent non moins sensés que les matrones de Parthenai, en apportant au « ptit Infont » une grande « fachie » de fleur de froment et une non moins grande « seillie » de lait « pré foire de la bouillie ». Ce sera moins indigeste que la soupe aux choux de Leucloître.

Mais « quelqu'un troubla la fête» qui n'était pas invité.

Que vient donc faire ici « cette vilaine trolie » de Limousins sans pain et sans le sou ? Pour tout présent, ces gueux n'ont apporté que des raves. Voyez comme le malicieux esprit poitevin s'exerce « à leurs despens ».

C'est fini. La revue « gaillarde des villages et contrées de la Province de Poitou » est terminée; mais rassurez-vous, la fête ne fait que commencer. En attendant, voyons avec quel art le poète poitevin a su cueillir au passage les noms de ses « bregez ». Ils étaient dignes de figurer dans « la rôtisserie de la Reine Pédauque ». C'est Mathelin Croquefolle, c'est le bonhomme Friquemasse, c'est Nicolas Fesseburette. Quelle trouvaille pour Anatole France, s'il avait pu tomber sur ce vieux Noël Poitevin !

Et puis il y a des types bien franchement frappés de ces Poitevins de jadis. C'est Jean Guiton, le vaniteux, il croyait bien, de tout son village avoir le plus beau poupon. « Mon petit est mignon ». Il lui faudra déchanter, car rien ne peut approcher de la beauté « de quio ptit Filleau». C'est Jousset, l'homme content de lui et volontiers flatteur, qui déclare sur sa foi, que personne ne peut pour ses qualités, rivaliser « avec nous autres Pastoureaux ».

Mais le type vraiment incomparable, c'est Perrain Morea, le « demi-notoire ». Ayant pris «son écritoire » il va « faire notoire » c'est-à-dire dresser un acte public, officiel, passé par devant témoins, de l'apparition de l'Ange aux « Bregez » et de la venue de l'Enfant-Dieu ici-bas ; enterdez à Poitiers. Cet acte dressé en conformité avec le formulaire de l'époque, ne fera pas grâce d'une ligne, d'un seul mot. « Un grand rôle de parchemin est ainsi barbouillé, paraphé, scellé comme la bulle d'un pape et affiché « afin que nul n'en ignore ».

Après avoir donné à la fête de Nau son existence juridique, Perrain Moreau veut encore préluder à la réjouissance par un discours, dans lequel il retrace d'une façon pittoresque la vision de l'Ange.

Sa prose est troussée d'une façon si prenante, qu'il enlève son auditoire en lui faisant chanter à plein cœur : Nau, Nau, Nau.

Après un si beau sermon, l'orateur, pour se donner du courage, hume une copieuse lampée d'un breuvage, qui, soyez-en sûr, n'est pas de la tisane. Il faut cependant constater que malgré l'abondante rasade, Perrain Morea « gle cheminet comme o faut ». Son rôle n'est pas d'ailleurs fini.

Nicolas Fesseburette sonne « le rassemblement populaire » (eh oui ! déjà !) des joueurs de flageoles, flûtes, clarinettes, cornemuses et piboles, en cornant dans sa trompette, comme on le fait pour annoncer aux bonnes gens que le four banal est chaud à point pour enfourner les miches. Alors bergers et bergères se mettent bien en ligne, et les langues vont leur train les quolibets « itou », les bons gros rires ne chôment pas, non plus que le chant de Nau, repris en chœur; si bien, qu'en cette fin de décembre, les « gens se mouriant de chaud ».

Quand le bruyant cortège est arrivé devant la crèche, c'est encore Perrain Moreau qui fait au divin Nau, au nom de tous, cette prière si naïve et si touchante, qui traduit admirablement la préoccupation du menu. « Mon megnon, pré l'amour de voutre Mère, - Tirai-nous de la misère, de la taille et de la sau. »

— La taille et la gabelle, source de misère pour le pauvre peuple. Et après cette oraison dûment produite, chacun défile devant l'Enfant, pour déposer à ses pieds « son petit bagage ».

David dansait devant l'Arche. Il n'y a pas de fête poitevine sans sauteries. C'est une nécessité physiologique de la race. Aussi ne vous étonnez pas — « devant li donsirant ». Les jeunes dansent, rient, gesticulent, s'entraînent dans une farandole aussi animée que gracieuse ; les vieux regardent en formant le cercle « la couronne du village » riant à toute cette jeunesse qui s'ébroue, et applaudissant à la remise du « calaud » de Parthenay orné d'un magnifique panache.

Le temps passe vite quand on s'amuse. Après ces joyeux ébats, il faut se quitter pour retourner au logis. Ce n'est pas sans « fâcherie » qu'on doit « quitter quio bel Infont » né de la Vierge Marie, qui nous a donné pour quelques heures, hélas ! une joyeuse vie.

Ainsi s'amusaient nos pères autrefois.

Le bonheur de chanter le Nau en l'honneur du Dieu fait homme par amour pour nous, chassait bien des peines, ravivait la flamme de l'espérance chrétienne dans le cœur de ces humbles et de ces petits, dont Jésus a déclaré « qu'ils offrent à Dieu la louange parfaite. » Aussi ne soyons pas surpris que le cantique se termine sur ce leit-motiv : « Foin de mélancolie ». La « grâce de chonti le nau » l'a tuée.

 

 

 

Recueil des plus beaux Noëls anciens et nouveaux, chez J. Félix Faulcon, Place et vis-à-vis Notre-Dame-la-Grande (1768).

NOEL GAILLARD Contenant toutes les villes, bourgs, villages et contrées de la Province de Poitou et encore quelques provinces, villes et lieux adjacents sur l'air : Au saint Nau.

Les Pastoureaux de Poitez, nau, nau,

Qui menant joyouse vie,

Furant tous les beas premez, nau, nau

Qui uriant la renommie

Que Naulet ettet naquu de Marie,

Et pré nous dormi la vie,

Ettet descendu dos Ceos, nau, nau, nau (bis)

Car cinq ou six gaudenos, nau, nau,

Ine net bain fredillouse,

Virant ine Onge dos Ceos, nau, nau,

D'ine beauté mervouillouze,

Qui claquet, la merdé de grondes chouses,

Et d'ine façon joyouse,

Diset, « Venez chonti nau, nau, nau, nau.

 

Aussi tous, Perrain Moreau, nau, nau,

Ayont pris sen écritoire,

Barbouilli in grond rolea, nau, nau

Car glettet demi-Notoire

L'envoyont afin de faire notoire,

Tote qualle belle affoire

Aux Bergers et Pastoureaux, nau, nau, nau.

 

Quand donc les autres humeas, nau, nau

Le pu rompli d'habillesse

Onguit lu quiou buletea, nau, nau,

In chacun faset largesse,

S'apprêtant avec ine gronde vitesse,

Pré alli boutré lour caresse,

A quiou petit Ré do Ceos, nau, nau, nau.

 

Les premez qui vinguirant, nau, nau

Furant qualez de Croutelle,

Qui tretous se chargiriant, nau, nau,

De beacop de bagatelle,

Fare au tour pré donni à la pucelle,

Qui d'ine façon nouvelle,

Avoit infonti l'Agneau. nau, nau, nau.

 

Aprez de bon groud matin, nau, nau,

Vainrant qualez de Vendeuvre,

Gle trovirant dans lou chemin, nau, nau,

In grond dégouti de lèvre

Se mirant pré le gripi à la fèvre,

Mais sans en avoir la fèvie

Glé se moquit, ma fé, d'eos, nau, nau. nau.

 

Puz vinguirant de Vouneil, nau, nau

De Biard et de Busserolle.

De la Vaux et de Jazeneil, nau, nau,

0 in chacun se flageole,

Et donsans au son d'ine gronde pibole,

Dont Mathelin Croquefolle,

Jouit tout à bea journau, nau, nau. nau.

 

Du couté de Mirebea, nau, nau

Vainguirant de bonne grâce,

Cinq ou six sur un gazea, nau, nau,

Mais gloguirant dos disgrâces,

Le Baudet au bea mitan d'ine place,

Les jetit dont ine gace

Dont glé furant ben penau, nau, nau. nau.

 

Les Bregez de Lusignan, nau, nau

Qui savant tourni bien l'haste,

Donnirant in bea dozain, nau. nau,

A bon homme Friquemasse,

Partissi, pré mettre une poule en paste,

Peux vainguirant à la haste.

Acoutri tous queme o faut, nau. nau, nau.

 

Mez o fut gronde piti, nau, nau,

Quo vainguit de Menigouste,

In grond vilain degousti, nau, nau,

Qui en fricassit la crouste,

Et diset en oyant ben rompli ses coustes,

 Qu'o pourroit être sans doute,

In grond chain nommé Roujeau, nau. nau, nau.

 

Les gronds Marchands de Naveas, nau, nau,

Sont tous venus de Lancloestre

En disant à quiou Fillau, nau, nau,

Ah ! Bonjour noutre bon Mestre

Vous plest-ou do choux et de la pourée,

Dos oignons et chicourée,

Pré mestre dans voutre pot, nau, nau, nau.

 

Y ve donnerans ben aussi, nau, nau,

Dos melons et dos concombres

Dos serfeuil et dos persil, nau, nau,

Et de l'ail in très grond nombre,

Pré frotti tout le poin de voutre Père,

Et iquou de votre Mère

Phelipon donnera la sau, nau, nau, nau.

 

Richeleu et Chastelraud, nau, nau,

Avecque Foye la Vinouze,

Qui aviant bain des métaux, nau, nau,

Dos pèces dans lou fouillousse,

En venant achetirant tant de chouses

D'ine valeur prétiouse,

Quo n'en fut jamais d'itos, nau, nau. nau.

 

Les Pastoureaux de Thouars nau, nau.

Qui aviant la rénoumie

D'être de vaillants Soudars, nau, nau,

N'aviant ren qu'ine épie

Pre tretous, incore si fort rouillie,

Quo lou faugi ine armie,

Pre la tiri du fourea, nau, nau, nau.

 

Bressure, Hervaut et saint Join, nau, nau,

Vainguirant la matinée,

Montmorillon, saint Savin, nau, nau,

Se mirant de compagnie,

Mez, ma fé, dans toute leur assomblie

N'aviant grande fricasse

Pre donni au petit Nau, nau, nau, nau.

 

Nyort, les Sables et Maran, nau, nau.

Fontenay et la Rochelle,

Chargi tretous de préson, nau, nau,

Pré donni à la pucelle,

Dos ribans, dos carcans et dos dontelles

Quo foguit ine aridelle

Pré porti tout lou fardeau, nau, nau, nau.

 

Melle, la Mothe, et Luçon, nau nau

Prévoirant à la mangeaille

Se garnirant de foesons, nau, nau

De pigeons et de poulaille,

Mez Sensays, Lavocea, Cursé et Praille,

Chargis de foin et de paille

Songiront aux animaux, nau, nau, nau.

 

Xointe et saint Jean d'Ongeli, nau, nau Chebetoune et Angoulême

Etiant in poz étonnis, nau, nau

N'ayont pu trouvi de crême,

Mez Ruffec oguit devontage d'ême

Car glen avet prêt li même,

Sarri in grond plein jedeau, nau, nau, nau.

 

Partenez et saint Moixon, nau, nau

Dison que tout quiou bagage

N'ettet pas bon pré l'Infont, nau, nau

A cause de son poai d'âge,

Li firant ine acoutrement de sarge,

Et queme on dit au ménage,

Li brochirant in calaud, nau, nau, nau.

 

 

 

Etude par l'abbé G. CHAPEAU

 

==> Au saint Nau, Chant noël du Poitou xvème siècle - les Frères Martineau

==> Noël en Vendée - traditions et coutumes, la cosse de Nau

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