EDOUARD, prince de Galles, surnommé le prince Noir, à cause de la couleur de son armure, né à Woodstock en 1330 d'Édouard III et de Philippa de Hainaut, m. en 1376.
Dès l'âge de 15 ans, il accompagna son père en France, et débuta d'une manière brillante à la bataille de Crécy, 1346.
Investi du gouvernement des possessions anglaises en France, il fit une irruption en Languedoc, 1355, surprit Carcassonne et Narbonne, ravagea l'Agénois, le Quercy et le Limousin, entra dans le Berry, mais ne put s'emparer d'Issoudun et de Bourges.
Informé de l'approche du roi de France Jean le Bon à la tête de forces supérieures, il se disposait à retourner en Guyenne, lorsqu'il fut enveloppé sur la roche de Maupertuis, près de Poitiers : quoique pris à l'improviste, il gagna, le 19 septembre 1356, la célèbre bataille dite de Poitiers, où le roi Jean fut fait prisonnier avec l'un de ses fils. Il affecta à l'égard de son captif les plus grands égards.
En 1360, le traité de Brétigny conclu avec le Dauphin (depuis Charles V), le fixa à Bordeaux avec le titre de prince souverain d'Aquitaine; il n'en sortit, en 1367, que pour aller soutenir Pierre le Cruel, chassé du trône de Castille par son frère naturel Henri de Transtamare. C’est là que se rencontrent les deux armées, fortes chacune d’environ cent mille hommes.
Le prince de Galles gagna la bataille de Najara ou Navarette, le 3 avril 1367 contre Henri de Transtamare et Du Guesclin ; Henri s’échappe et Duguesclin fut fait prisonnier. Le roi de France acquitte la rançon de Du Guesclin, qui recouvre la liberté.
Édouard semble avoir contracté la dysenterie pendant son expédition espagnole, et cette maladie l'empêcha de s'opposer efficacement aux offensives menées par les Français et leurs partisans — d'autant plus que ses ressources financières ne lui permettaient plus d'entretenir une armée nombreuse et efficace. Son dernier fait d'armes est le sac de Limoges le 19 septembre 1370.
Sur le conseil de ses médecins et de ses chirurgiens, le prince de Galles, atteint d'une maladie qui s'aggrave de jour en jour, prend la résolution de retourner en Angleterre.
Après avoir convoqué à Bordeaux les barons de Gascogne, de Saintonge et de Poitou et leur avoir fait prêter serment de féauté et d'hommage entre les mains de son frère Jean de Gand Plantagenêt, duc de Lancastre, responsable de l'Aquitaine (1)
Il s'embarque sur la Garonne en compagnie de la princesse de Galles, de leur jeune fils Richard, né en 1367 au palais archiépiscopal de Bordeaux (situé plus ou moins à l'emplacement de l'actuel hôtel de ville, à proximité de la cathédrale), d'Edmond, comte de Cambridge (2), son frère, de Jean, comte de Pembroke, et fait voile définitivement pour l'Angleterre.
Débarqué à Southampton (3), il va passer quelques jours à Windsor, à la cour du roi son père, puis il fixe sa résidence à Berkhampstead (4), à vingt lieues de Londres. P. 9, 10, 261 à 263.
Le prince mourut d'hydropisie 11 en 1376, un an avant son père Édouard III, et fut enterré dans la cathédrale de Canterbury en Angleterre où l'on peut encore voir son gisant.
À la nouvelle du décès, le chroniqueur Jean Froissart écrit :
«Mais ainçois fut trépassé messire Édouard son aîné fils, prince de Galles et d'Aquitaine, fleur de toute chevalerie du monde en ce temps, et qui le plus avoit été fortuné en grands faits d'armes et accompli de belles besognes.
Si trépassa le vaillant homme et gentil prince de Galles en le palais de Westmoustier dehors la cité de Londres. Si fut moult plaint, et sa bonne chevalerie moult regretée ; et eut le gentil prince à son trépas la plus belle reconnoissance à Dieu et la plus ferme créance et repentance que on vit oncques grand seigneur avoir : ce fut le jour de la Trinité en l'an de grâce de Notre Seigneur mil trois cents soixante et seize (5).
Et pour plus authentiquement et révéramment faire la hesogne, et que bien avoit du temps passé conquis , par sa bonne chevalerie, que on lui fit toute l'honneur et révérence que on pourroit, il fut enbaumé et mis en un sarcueil de plomb, et là tout enseveli, excepté le viaire, et ainsi gardé jusques à la Saint-Michel que tous prélats, tous barons et chevaliers d'Angleterre, furent à son obsèque à Westmoustier.
Helm, shield, gauntlets, and scabbard of Edward the Black Prince (1330-1376).
Le Prince de Galles a été chanté par le Héraut Chandos, dans un Poème publié par le Roxburghe Club « The Black Prince by Chandos herald, London, 1842 Printed por the Roxburghe Club ». Chandos nous a aussi conservé le Cri d'Armes du Prince :
La crioit homme à haute gorge
En maint lieu : Guyanne Seinte George !
C'est à Angoulême que le Prince Noir tomba malade comme ledit la Complainte de Chandos :
Assetz sont après ce avint
Qe a Anguyleme logiei vient
Lui noble Prince Daquitaine
Et la c'est bien chose certaine
Li commence la maladie
Qe puis dura toute sa vie.
Nous donnons le Sceau de ce Prince tiré des Archives nationales de France
Ce Sceau porte le n° 10134 bis, à la date de 1366. Nous l'avons fait graver exprès pour la présente publication.
La devise du Prince de Galles était composée de deux mots Ich dien, je sers, accompagnée des plumes d'Autruche qu'on voit sur sa monnaie le pavillon d'or frappé à Bordeaux que nous reproduisons, le prince est assis, et non debout, sous un dais appuyé sur deux lions quatre plumes de chaque côté, avec ces mots Ed. po.gns Reg. angl. pries, a.
« Quelques-unes de ses monnaies sont d'un très beau travail, dit un numismate, tandis que d'autres sont fabriquées à la hâte, selon les chances diverses des guerres continuelles qui ensanglantèrent son règne. Cet homme illustre aimait d'ailleurs les arts et les raffinements du luxe.
Parmi les nombreux sceaux ou signets dont il fait usage, il en est de fort remarquables.
La bague qui lui a servi parfois, en 1367, à sceller ses missives était ornée d'une intaille du temps de Postume rappelant exactement le revers de l'une des monnaies du Grand Empereur Gaulois. C'était un Héraut tuant à coups de flèches les oiseaux du lac de Stymphale. » B. Filon.
Dictionnaire général de biographie et d'histoire, de mythologie, de géographie ancienne moderne et comparée.... Partie 1 / par Ch. Dezobry, Th. Bachelet,...
Chroniques de J. Froissart. T. 8, 1 (1370-1377) / publiées pour la Société de l'histoire de France par Siméon Luce
Wapenboek, ou Armorial de 1334 à 1372
La quintaine,du petit Chevalier
"En temps de siège " - Château de Tiffauges Nouveauté 2021
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Ecriture et mise en scène : Alagos
==> NOTE SUR LA BATAILLE DE POITIERS OU MAUPERTUIS (1356).
Dix années se passèrent, où le souvenir des événements de 1346 s'effaça. L'arrêt momentané de la conquête anglaise confirma Philippe VI et Jean le Bon, son successeur, dans leur fausse sécurité.
1. Cf. Le prince Noir, poème du héraut Chandos, édit. de M. Francisque Michel, 1883, p. 277 et 278, vers 4081 à 4096. Édouard, prince d'Aquitaine et de Galles, s'embarqua à Bordeaux pour retourner en Angleterre avant le 15 janvier 1371, « circa principium mensis januarii », dit le moine de Saint-Albans, jour où Jean de Lancastre, institué lieutenant d'Aquitaine par son frère aîné, est mentionné dans un acte comme chargé du gouvernement de cette province pendant l'absence d'Édouard le duc de Lancastre se démit de sa lieutenance dès le 21 juillet de la même année (Delpit, Documents français en Angleterre, p. 179).
2. Edmond, comte de Cambridge, n'accompagna point le prince de Galles, il resta en Aquitaine avec Jean, duc de Lancastre « relinquens post se, dit le moine de Saint-Albans, racontant le départ du prince de Galles pour l'Angleterre, in Vasconia duos fratres suos, Johannem ducem Lancastriae et Edmundum comitem Cambrigiae. » Chronicon Anglim (1328-1388), éd. Edward Maunde Thompson, London, 1874, p. 67 et 68).
3. A Plymouth, d'après le moine de Saint-Albans.
4. Berkhampstead se trouve dans le comté de Hertford, à la distance de 26 milles anglais au nord-ouest de Londrea cette distance est donc en réalité moitié moindre que celle qui est indiquée par Froissart.
C'est à titre de duc de Cornouaille qu'Édouard, prince de Galles, possédait le château de Berkhampstead, qui n'a pas cessé depuis lors d'appartenir aux héritiers présomptifs de la couronne d'Angleterre.
(5) Walsingham fixe sa mort au 8 juillet, octavo die julii. Peut-être faudrait-il lire junli au lieu de julii, et alors cette date s'accorderait avec celle de Froissart, le dimanche de la Trinité ayant été en 1376 le 8 de juin.
La donation du duché de Molina à Bertrand Du Guesclin.
La première donation faite par le roi Henri II de Castille à Bertrand Du Guesclin pour le récompenser de ses services fut celle du comté de Trastamara avec le titre de duc, qui date très probablement du mois d'avril 1366.
En 1369, Du Guesclin retourne en Espagne où il remporte la bataille de Montiel contre Pierre le Cruel et l'armée des Sarrazins venus du Maroc. Il rétablit Henri sur le trône et, en récompense de ses actions en Espagne, il est fait duc de Molina.