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PHystorique- Les Portes du Temps
21 juin 2021

La tour Mélusine, prison du château de Montreuil Bonnin

tour Mélusine Château Montreuil Bonnin Poitou

En remontant la sauvage et pittoresque vallée de la Boivre, le voyageur, étonné, rencontre encore de nobles vestiges des temps passés, de gothiques souvenirs du moyen âge avec son parfum de chevalerie, avec ses généreuses inspirations et ses croyances poétiques.

 On dirait que les siècles, trompant leur inflexible destin, ont un instant suspendu leur marche, et l'imagination, charmée, se plait à ranimer les mélancoliques tableaux dont elle est frappée.

Sur l'escarpement de ces collines, hérissées de sombres roches, s'étendent encore les bois de chênes de la Gaule druidique. Çà et là quelques bruyères, interrompant la monotonie du paysage, mêlent leurs teintes pourprées à la verdure des forêts, ou quelque solitaire tourelle, élevant au milieu des arbres sa cime démantelée, reflète les derniers rayons du soleil couchant.

Là, du moins, la civilisation n'a pas encore promené la hache et le niveau; la mine n'a pas fait éclater ces masses de rochers que tapissent le lierre et la mousse. Au milieu de ces forêts séculaires, l'ardent chasseur s'élance encore, au son bruyant de la trompe, à la poursuite de sa proie les coursiers hennissent, la meute frappe l'air de ses cris mais dans cette vallée ne chevauchent plus de valeureux guerriers; là ne resplendit plus leur étincelante armure; dans l'air ne s'agitent plus leurs blancs panaches et leurs bannières armoriées les siècles ont passé, et avec eux ces chevaleresques spectacles.

Et le temps marche toujours le temps qui ne sait pas pardonner et dont la faux moissonne également les douces illusions et l'amère douleur Hâtons-nous donc si nous voulons jouir encore de ces généreux souvenirs, car chaque jour le temps les entraine dans sa fuite; hâtons-nous si nous voulons jeter un regard d'adieu à ces ruines poétiques, car chaque jour les voit crouler sous le marteau du manœuvre ou sous le poids de la vétusté.

Bientôt, de tant de glorieux débris d'un âge déjà si loin de nous, rien n'aura survécu que dans les obscurs travaux de ceux qui vont exhumant le passé de son tombeau.

 La civilisation s'avance rapidement, la société se transforme; mais toute institution de l'homme est basée sur les ruines de l'institution qui la précédait et nous vivons dans ce temps de décourageante transition.

Naguère, dans ce vallon, le pâtre vous eût montré avec une naïve terreur la Roche-aux-Fées (1), où, la nuit, les lutins venaient danser et entraînaient le voyageur attardé.

En vous indiquant la direction de l'aqueduc (2) (la Mellusine, comme ils disaient), ils vous auraient raconté que c'était l'ouvrage d'une grande fée bien puissante et bien malheureuse, de la nationale Melusine.

Mais l'instruction s'est répandue dans nos campagnes; les croyances populaires se sont effeuillées, balayées par l'orage. Les fées ont abandonné nos forêts, les anges se sont envolés vers le ciel, les saints ont fui leurs chapelles souillées le laboureur, devenu savant, vous affirme que le duc est un souterrain creusé par les Anglais pour surprendre Poitiers et la Roche-aux-Fées sera brisée et exploitée comme la grotte d'où s'échappait la romantique fontaine de Fleury que le sacrifice s'accomplisse donc !

Il se consomme dans l'amertume et dans les pleurs, pour nous qui assistons à la ruine du passé, sans espérance de voir la génération à venir pour nous, malheureux enfants d'Israël nés dans le désert, entre les souvenirs de la terre d'Egypte et cette heureuse contrée de Chanaan où nos fils trouveront le bonheur, où notre cendre ne reposera pas Hâtons-nous donc; achevons courageusement notre triste pèlerinage.

Recueillons les traditions éparses, rendons la vie à la naïve chronique; et quand les derniers vestiges du temps passé auront disparu de la terre, nous raconterons à la postérité l'histoire de ces monuments qu'elle ne verra plus; nous lui dirons la gloire et les exploits de ces preux guerriers qui tant de fois les illustrèrent par leur valeur heureux si, en charmant par nos récits les sérieuses préoccupations du présent, nous réveillons dans quelques nobles cœurs les vertus de nos ancêtres heureux si nous ranimons chez quelques-uns les généreuses passions, l'amour sacré de la gloire et de la patrie !

Quand on s'est un peu éloigné de Poitiers, à trois lieues environ de la ville aux vieux souvenirs, les ruines se multiplient, l'illusion devient plus complète; il semble que toute la poésie des traditions antiques vienne à revivre.

Et d'abord, au sommet d'une verte colline, entre deux vallons rétrécis qui en défendent l'approche, s'élève la ruine massive de la tour de Guienne, à Béruges.

 Là encore s'accomplirent d'éclatants faits d'armes à la suite d'un siége meurtrier, saint Louis la prit d'assaut sur Hugues de Lusignan.

« Après  ce, li roys Loys se pourpensa que la tour avoit fét moult de maus à ses gens, et encore leur pourroit bien grever; si la fit abatre et raser jusques à terre. » Restait une seule tourelle qu'avaient respectée les fureurs de la guerre civile et la violence de l'orage révolutionnaire; dans des temps plus calmes, on l'a dépouillée de son revêtement pour enclore quelque chaumière du hameau et ce n'est plus qu'une masse informe sur laquelle croissent quelques chênes rabougris; et bientôt l'on cherchera vainement la place de la redoutable forteresse.

Plus loin le vallon s'enfonce et se rétrécit, les coteaux s'escarpent, la verdure se rembrunit. On sent que l'on approche de l'une de ces austères retraites où la sublime piété de l'homme érigeait des autels au Seigneur, où venaient chercher un refuge ces âmes ardentes et méditatives que le monde ne peut satisfaire.

Déjà nous distinguons entre les peupliers la paisible habitation voici la chapelle gothique où les fidèles chantaient l'hymne de leur reconnaissance voici le clo1tre solitaire où le cénobite promenait sa religieuse rêverie c'est l'antique monastère du Pin, avec sa fontaine sacrée, avec son cortège de miracles et de touchantes traditions. Mais la cloche a retenti est-ce encore pour nous appeler au divin sacrifice? Pénétrons sous ces voûtes imposantes. Que l'âme s'élève dans cette solitude I qu'il est doux de se recueillir et d'y prier (3). Pourquoi ce bruit? pourquoi cette agitation? pourquoi ce mouvement inaccoutumé? L'industrie a monté ses bruyantes machines au pied de ces rochers dont les échos ne répétaient naguère que les louanges du Très-Haut au lieu où la piété venait prier et pleurer pour ceux qui souffrent, l'industrie élève maintenant aussi sa prière, prière non moins noble, non moins agréable à Dieu que la première, la prière du travail et de la bienfaisance

Suivons dans le bois ce frais sentier. Voici la colline que les bons Pères avaient nommée le Mont-des-Olives là, le vallon est interrompu par l'aride coteau du Rouleau, sur lequel court dans le pays mainte tragique histoire.

 

 

Plus loin nous trouverons la Roche-aux-Fées, les ruines de l'aqueduc, la fontaine et le pré de la Guya où se réunissaient les druides pour trancher le gui sacré. Puis nous cheminerons sous les arbres touffus du parc royal de Montreuil nous passerons près de l'antique chêne au loup, et l'un de nous racontera les malheurs du pauvre ménestrel tombé près de là dans le piège fatal.

 Combien de siècles se sont écoulés depuis que le valeureux Richard venait chercher dans ces forêts les nobles plaisirs de la chasse.

Et pourtant son souvenir est resté gravé dans la vallée, et plus d'un vieillard vous raconterait encore les singulières aventures de l'intrépide Cœur-de-Lion et ses incroyables prouesses.

Mais déjà le jour fuit, les ombres grandissent à nos pieds. Le soleil, à son déclin, se dérobe à nos regards, et ses rayons de flamme rougissent encore les dernières feuilles des arbres, quand déjà il s'est abîmé dans l'espace.

Quelle est à l'horizon cette tour majestueuse? Au milieu d'une auréole de lumière, elle s'élance d'un massif de ruines; une sombre ceinture de lierre presse ses flancs, que le fer a sillonnés tel, au milieu des débris d'une vaste forêt consumée par le feu du ciel, se dresse encore le tronc immobile d'un chêne séculaire dont la foudre a brisé la tête !

 C'est le château de Montreuil-Bonnin, la maison de plaisance des premiers ducs d'Aquitaine, l'apanage de la royale famille de Lusignan; Montreuil-Bonnin emporté d'assaut par Philippe-Auguste et par saint Louis; Montreuil-Bonnin, le séjour de Richard Cœur-de-Lion, des Montmorency, de du Guesclin, du brave La Noue.

En sortant de la forêt, on redescend dans le vallon occupé jadis dans toute sa largeur par le vaste étang du Roi mais là nous retrouvons aussi les outrages, des ans au limpide étang a succédé une mer de roseaux et de nénuphars qui disputent aux eaux de la Boivre le lit étroit par où elles arrivent au moulin, et la longue chaussée n'est plus qu'une levée solide au milieu du marais, sur laquelle se développe la route de Poitiers.

A peu de distance, sur la rive droite, apparaît sous d'antiques tilleuls la modeste église du village, entre le champ du repos et le prieuré puis, sur la gauche, au pied des ruines de la forteresse, s'étend une longue file de chaumières.

Quelques sombres noyers, projetant leurs branches sur les toits environnants, opposent leurs frais ombrages à la chaleur de l'été. L'unique rue est traversée par une abondante fontaine, qui arrosait jadis les jardins du château et alimentait les jets d'eau de la prairie.

Mais ces monuments, d'un luxe qui n'est plus, ont disparu avec la splendeur de ce lieu la fontaine affranchie promène sur le gazon ses eaux vagabondes, et quelque jeune fille agenouillée sur la mousse du rocher trouble seule le murmure de la source. Par un chemin montant, sablonneux, malaisé, on gravit avec peine la rocailleuse colline.

L'esplanade s'est graduellement couverte d'humbles demeures; les champêtres instruments de l'agriculture ont remplacé le sanglant appareil des batailles, et les menaçants remparts, noircis par l'âge et par la fumée des combats, sont à demi cachés sous un verdoyant manteau de lierre.

Franchissons cette rustique clôture.

 Devant nous, les douves escarpées ceignent le château de leur sinueuse profondeur; voici l'imprenable donjon flanqué de ses deux sveltes tourelles il commande et protège l'étroit passage par lequel on pénètre dans la cour intérieure.

L'hostile pont-levis a disparu, dès longtemps remplacé par une double arcade solidement construite; mais dans la voûte du donjon l'on remarque encore les coulisses destinées à faire jouer la herse et une large ouverture, pratiquée au sommet, laisse deviner que par- là les assiégés précipitaient des masses de pierre et des flots d'eau bouillante.

Devant nous s'avance l'élégant pavillon construit, dans le seizième siècle, par les marquis de Courtomer.

 

La tour Mélusine (donjon – prison du Château)

Tour Mélusine - Aliénor d'Aquitaine château Montreuil BonninA notre droite, la grosse tour étale fièrement les glorieuses empreintes de ses coups de canon.

Le donjon est isolé dans la partie ouest de l'enceinte. La régularité relative du plan s'explique par la situation sur le rebord du plateau boisé qui domine, sans sinuosités notables, la vallée de la Boivre ; le plan se rapproche ainsi de celui des châteaux dits de plaine.

On dirait à la voir qu'elle veut encore, dans son orgueil féodal, étendre sur le voisinage sa puissance et sa protection.

C’est une grande tour cylindrique, magnifiquement appareillée, dont la hauteur atteint environ 100 pieds (25m de haut). Il était divisé en quatre étages munis de planchers. L’étage  inférieur situé au-dessous du sol et au niveau du fossé, n’était qu’une cave ou cellier absolument noir.

 

Comme beaucoup de donjons du temps de Philippe-Auguste, celui de Montreuil-Bonnin est une grande tour cylindrique, magnifiquement appareillée, dont la hauteur atteint environ 100 pieds (25m de haut), 45 de diamètre total, le mur ayant environ 3 m. d'épaisseur 21.

Celui-ci est construit en moyen appareil assez régulier sur le tiers inférieur de son élévation ; au-dessus, on note des superpositions de moyen appareil et d'appareil très mince par tranches variables ; les parties hautes ont été remaniées.

 

Il était divisé en quatre étages munis de planchers.

A l'origine, on ne pénétrait dans le donjon que par une petite porte rectangulaire s'ouvrant à l'est à hauteur du premier étage ; elle n'était accessible que par une échelle ou un escalier de bois. Parvenu à cette porte, on trouve immédiatement à gauche un escalier qui, ménagé dans l'épaisseur du mur, donne accès aux autres étages par des portes dont le linteau est soulagé par des corbeaux en quart de-rond.

La partie basse, presque complètement comblée de gravats, était à-demi souterraine et complètement obscure.

La seconde salle, au niveau du sol actuel fortement remblayé — il fallait y redescendre de l'étage supérieur — prenait jour par deux meurtrières rectangulaires très ébrasées s'ouvrant au ras du plancher vers le sud et le sud-ouest.

La troisième salle comprenait, outre l'unique porte du donjon, d'étroites baies rectangulaires ;

une quatrième salle identique se trouvait au-dessus, puis une cinquième ; elles étaient séparées les unes des autres par des planchers dont les traces sont très apparentes ; seules la troisième et la quatrième avaient des cheminées dont les hottes à forte pente sont soutenues par des corbeaux moulurés de trois-quarts-de-rond.

La cinquième salle, complètement dépourvue de baies, était couverte d'une imposante coupole, malheureusement éventrée, d'environ huit mètres de diamètre ; montée par assises horizontales d'épaisseur décroissante à partir d'un cordon mouluré, elle avait été dotée, après coup semble-t-il, de nervures rayonnant à partir du sommet de la calotte ; ces nervures moulurées d'un étroit bandeau dégagé par deux cavets, s'effaçaient en pénétration à hauteur des assises inférieures ; on peut douter de leur valeur fonctionnelle et y voir plutôt une recherche tardive d'élégance.

A l'intérieur comme à l'extérieur, le donjon porte des traces évidentes d'incendie.

On ignore si la calotte supérieure de la coupole était couverte ou non d'une toiture ; les travaux d'Alphonse de Poitiers le donneraient à penser. Il n'y a trace ni de terrasse crénelée, ni de hourds.

Du haut du donjon, on jouit d'une vue étendue sur la vallée et sur le pays boisé environnant.

Pourquoi faut-il, aux nobles souvenirs que réveille un tel monument, voir se mêler aussi des souvenirs d'oppression et de douleur. La forme cylindrique et la voute de la tour de Montreuil constituent des caractères qui la rapprochent singulièrement du style du XIIIe siècle.

S’il est certain qu’elle soit antérieure à l’année 1238, il y a peu de temps, jusqu'alors ignorée, fut remarquée une curieuse inscription hébraïque gravée dans l'embrasure de l'étroite et unique fenêtre du premier étage, est-on fondé à la faire remonter jusqu’à la fin du XIIe siècle et à la considérer comme l’œuvre du roi Richard ?.

Le donjon de Château Gaillard construit par lui en 1197, affecte bien aussi la forme cylindrique. Il n’y aurait donc pas d’argument archéologique suffisant pour repousser catégoriquement l’origine contemporaine et commune au donjon de Montreuil Bonnin.

 D’un autre côté, la prédilection de Richard pour ce séjour, la prévoyance militaire qu’il sut toujours déployer dans la défense de ses états sans cesse menacés par le roi de France ou par des vassaux indociles, n’auront pas manqué de lui inspirer la pensée d’y élever une puissante forteresse.

Grande fut la joie qu'inspira cette découverte plus grand encore fut l'embarras, lorsqu'on voulut déchiffrer le précieux hiéroglyphe. Mais, grâce à l'obligeance de l'un de nos plus savants et de nos plus modestes antiquaires, l'embarras dura peu, et l'inscription fut ainsi expliquée par M. l'abbé Cousseau, alors supérieur du séminaire de Poitiers et depuis évêque d'Angoulême

« Moi, Samuel de Basle (4), j'ai été prisonnier ici dans le mois d'adar (5) (second), l'an quatre mil neuf cent quatre -vingt-dix-huit (6). »

En transcrivant ces simples lignes, je ne puis me défendre d'un mouvement de sympathie et de compassion pour ce pauvre proscrit. D'où venait-il? quel était son crime ? quel fut son destin? Il a passé, captif et malheureux, ne léguant à la postérité que son nom et le souvenir de son infortune.

Sans doute, c'était quelqu'un de ces hommes obscurs et laborieux, amassant à la sueur de leur front cet or qu'ils répandaient sur la misère de leurs frères et que l'insatiable avidité des grands cherchait sans cesse et sans pudeur à leur ravir: C'était une œuvre si méritoire de dépouiller les meurtriers du Fils de Dieu ! il était si doux à Dieu lui-même de voir honnir et opprimer le peuple qu'il avait maudit !

L'impétueux comte de la Marche, Hugues de Lusignan, était alors seigneur de Montreuil. Pendant que Samuel gémissait et pleurait sa liberté; pendant que, pour calmer un moment sa douleur, il gravait lentement sur la pierre la trace de sa captivité, Hugues était fort et puissant; le roi d'Angleterre lui promettait son appui, la fortune le comblait de toutes ses faveurs; mais les pleurs d'une innocente victime vont chercher jusqu'au ciel la vengeance et le châtiment.

Quatre ans plus tard, vaincu, déshonoré, Hugues de Lusignan, comte de la Marche, comte d'Angoulême, abandonnait à saint Louis victorieux une partie de ses États;

saint Louis s'emparait du château de Montreuil, et l'orgueilleuse bannière des Lusignan tombait précipitée de cette tour d'où l'on retirait en même temps l'infortuné Samuel.

Derrière cet imposant édifice se cache la sinistre tourelle où l'on exécutait les coupables. Puis, près de là, se voyait naguère l'humble chapelle où les guerriers venaient implorer le Dieu des armées, où retentissaient les consolantes prières pour le héros mort en combattant, comme pour le malheureux que la justice des hommes avait frappé.

Le monument de l'expiation près du monument du crime, la paix et l'innocence à quelques pas du remords et du sang, c'était une de ces puissantes leçons que nos pères savaient si bien trouver. Mais, durant nos dissensions religieuses, le jaloux fanatisme des huguenots réduisit en cendres la sainte demeure; et de la chapelle renversée il ne reste plus qu'une gracieuse fenêtre en ogive, dans laquelle s'encadre un riant paysage.

La tradition populaire attribue la fondation du château de Montreuil-Bonnin à la fameuse Mellusine, et ce n'est pas le seul monument dont elle lui fasse honneur dans notre Poitou.

Mellusine, ont dit les chroniqueurs, ne fut pas toujours heureuse dans sa fécondité un fils lui naquit, portant au milieu du front un oeil d'une grandeur démesurée. Si laid et si difforme était le malheureux enfant, qu'à son aspect elle ne put retenir un cri d'effroi; ce cri d'horreur devint le seul nom de l'infortuné. Jamais Horrible ne connut la douceur des caresses maternelles; il languit dans un triste abandon et bientôt sa mère, cédant à toute la violence de sa haine, le fit étouffer.

 

……Grand Dieu ! faut-il à la mémoire

Conserver le récit de cette horrible histoire !

Mais la vengeance divine ne demeure pas longtemps suspendue sur la tête du coupable depuis ce jour, le remords poursuivit Melusine; depuis ce jour, le bonheur sembla la fuir.

 Enfin, ajoute-t-on, pour apaiser les mânes de sa triste victime elle construisit un magnifique château qu'elle nomma Monstre-en-œil ou Montreuil.

D'autres, au contraire, ont voulu que le pauvre Horrible lui-même, échappant à la fureur de sa mère, soit venu bâtir ce château et lui ait donné le même nom, en souvenir de la difformité qui avait causé ses malheurs (7).

L'étymologie était piquante. Pourtant de graves auteurs, s'en tenant peu satisfaits, ont prétendu la rencontrer plus sûrement dans la langue celtique (8).

Mais, en dépit de tant d'érudition, on l'a cherchée avec plus de succès, sans doute, dans le latin Monastrolium.

Un antique prieuré s'élevait, nous l'avons dit, dans cette vallée pourquoi ne pas voir là l'origine du nom de Monstrolium que les anciens titres donnent le plus souvent à Montreuil (9) ? 

La tradition, contredite en ce point, n'a pas été plus favorablement accueillie dans ses détails sur la fondation du château.

 La famille de Lusignan ne le posséda que pendant quelques années, dans le cours du treizième siècle, et, dès le commencement du onzième, Montreuil était une maison de plaisance des ducs d'Aquitaine.

Un accord y fut conclu, avant l'an 1029, entre Guillaume le Grand et Hugues IV dit le Brun et le Chiliarque (seigneur) de Lusignan (10).

 

Montreuil-Bonnin : les travaux commencent au donjon du château

Verra-t-on les ruines majestueuses du château de Montreuil-Bonnin sur France Télévision lors du passage du Tour de France dans la Vienne demain mercredi 9 septembre ? Isabelle Dupont, propriétaire des lieux, espère bien que l'historien Franck Ferrand, depuis les studios parisiens, fera référence à ce bel exemple d'architecture militaire médiévale, construit pour Richard Coeur de Lion.

https://www.centre-presse.fr

 

en 2021, les travaux de réfection du donjon du château médiéval de Montreuil-Bonnin

 

 

 ==> Histoire du Château de Montreuil-Bonnin dans le comté du Poitou.

 

 

 


 

MELUSINE ET LUSIGNAN

Le nom même de Mélusine est indissociable de celui de Lusignan mais l'histoire de la fée et de son séjour parmi les mortels, son mariage avec Raimondin et le dénouement de cette union, relèvent du folklore universel.

 

(1) La vallée de la Roche-aux-Fées, appelée maintenant les Bruiret. (Invent. des tit. dp l'abh. du Pin, p. 170, verso, arch. du départ.)

(2) Cet aqueduc conduisait à Poitiers les eaux de la fontaine de Fleury, en longeant la rive droite de la Boivre.

(3) Guill. de Nangis, Annales du règne de saint Louis (Paris, 1761, impr. roy.), p. 182. – Voir encore la Tour de Béruges, par M. l'abbé Gibault, Bulletin de la Société d'agricult. de Poitiers, t. 3, p. US (Poitiers, Saurin, 1835).

(4) Basle ou peut-être Vasle; l'hébreu porte Baslou.

(5) Tous les trois ans l'année judaïque était complétée par un mois intercalaire qui recevait le nom du mois d'adar, déjà existant dans l'année commune. Observons encore que, pendant ce mois, on célébrait de grandes réjouissances, en mémoire du triomphe de Mardochée.

(6) Les Juifs, par une fausse supputation des dates de l'Ancien Testament, placent la création du monde 240 ans trop tard. D'après leur chronologie, cette date se rapproche de l'année 1238 de notre ère.

(7) Lahaye, Orig. des Poictvins, à la suite des Annales d'Aquitaine de Jean Bouchet (Poitiers, Abraham Mounin, 1644, ch. ïï, p. 31. – Beaumesnil, Mss. de la bibl. de Poitiers.

(8) Dans les trois mots mon, élévation; tro, autour; liv, rivières, qui sembleraient indiquer un endroit élevé entouré d'eau. (Bullet, cité par dom Fonteneau, vol. 75, Mss. de la bibl. de Poit.)

(9) Voy. une charte de 1085, dom Fonteneau, vol. 7, p. 131, et celles que nous citerons bientôt du même recueil.

(10) Nov. Bibl., Mss. de P. Labbe (Paris, S. Cramoisy, 1657), t. 2. p. 185. flist. généal. et chronol. de la maison roy. de France, par le P. Anselme ;3 édit., Paris, 1726), vol. 1, p. 516. Dict. de Moreri (édit. revue par M. Drouet, Paris, 1759), verbo Lusignan. Guillaume V mourut en 1029, et Hugues IV avant 1030.

(21) C. Enlart, Manuel d'archéologie française, Architecture civile et militaire, t. II, Architecture militaire et navale, 2e édit., Paris, 1932, p. 588 les dimensions rie Montreuil-Bonnin sont un peu inférieures à celles de Gisors, Verneuil-sur-Avre, Dourdan ; elles sont un peu supérieures à celles de la tour du Coudray à Chinon qui n'a que 12 mètres de diamètre.

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