19 septembre 1370, sac de Limoges par les soldats du Prince Noir (prince de Galles)

L'hiver avait ralenti la lutte, sans la faire cesser. Elle reprit au printemps avec plus de vigueur.

Charles V manda ses trois frères, Anjou, Berry et Bourgogne à Paris, organisa avec eux la prochaine campagne.

Deux corps d'armée envahirent l'Aquitaine, celui du duc d'Anjou marchera vers La Réole et Bergerac, celui du duc de Berry attaquera par le Limousin et le Quercy.

L'objectif est la jonction des deux troupes devant Angoulême pour y assiéger le prince de Galles.

 

Bertrand du Guesclin sera rappelé d'Espagne et nommé connétable (1)

Serment du connétable du Guesclin.

Acte du serment et mise de possession de Bertrand du Guesclin en sa charge de connestable par la tradition d'une espée nue que le roi Charle Cinq luy donna de sa main, le 20 octobre 1370, en présence du grand conseil.

— Du mémorial de la chambre des comptes, coté D, f5. 101.

« Constabularius Francise dominus Bertrandus du Guesclin, miles strenuissimus, nobilissimus, probus inter omnes, vivat imperpetuum, requiescat in pace et cum Domino ob merita laude digna. » (Ceci est en marge Institutus fuit in dicto officio per dominum regem per ejus litteras datas .XI.a die octobris anno 1370, et illa die de sero in domo sua Sancti-Pauli fuit, solitum juramentum et per traditionem unius ensis nudae et evagiuatæ per ipsum dominum regem tradite, dicto domino Bertrando posuit ipsum in possessionem dicti officii, présente maximo consilio régis etc. Litterae sic : Par le roy, YVE. visæ et ostensae fuerunt in Camerâ redditae gentibus suis.

 

Dans le même temps, le roi d'Angleterre met sur pied doux armées. Le duc de Lancastre sera envoyé on Guyenne.

Robert Knolles doit entrer en France par Calais (2). Il n'y a plus, jour pour la conciliation.

La Cour des Pairs a prononcé la confiscation de la Guyenne (mai 1370).

Les villes du Midi et du Centre se détachent successivement de l'Angleterre. Secondant les sages desseins de son frère, le duc d'Anjou poursuit le succès par le conseil autant  que par les armes.

Vers la fin d'avril, trois capitaines du roi en Limousin, Alain de Beaumont, Alain de la Fossaye et Himbaud du Pont (3) parcourent l'évêché de Tulle, non pour effrayer les seigneurs et les bourgeois par des démonstrations militaires, mais pour les attirer à eux comme enfants d'une même patrie.

Le négociateur qui les accompagne est un homme du pays, de cette noblesse lettrée, prisée de Charles le Savant et de ses frères, gradué en droit, gradé en chevalerie, tour à tour chargé de missions politiques, commissaire aux finances, capitaine d'hommes d'armes, sénéchal.

En cette circonstance, comme lieutenant du duc d'Anjou, Gui de Lasteyrie déployait ses qualités diplomatiques dans une région où ses antécédents de famille lui assuraient de la considération et de l'influence (4)

 Ayant su gagner le concours du clergé et des notables habitants, la soumission de la capitale du Bas-Limousin fut ménagée par lui sans difficulté. Les vicaires capitulaires le siège épiscopal vacant, et les prud'hommes de l'université de Tulle reconnurent la suzeraineté, le ressort et l'obédience du roi de France pour la cité de Tulle et tous les châteaux et forteresses membres de l'évêché (5).

Cette sujétion avait son importance : elle entraînait celle des vassaux de l'évêché, les seigneurs des châteaux de Montceaux, Saint-Chamans, Sédières, la Roche, Brassac, etc. Charles V s'empressa de témoigner aux habitants de Tulle sa satisfaction et sa gratitude.

Dans ce mois de mai, par trois ordonnances successives, il exempta l’évêque et son clergé, les bourgeois et habitants de toutes impositions, tailles, gabelles, fouaces, suite en armes et tous autres subsides ou servitudes, confirma les franchises de la ville et lui accorda les mêmes privilèges qu'aux villes de Cahors, Montauban et Figeac qui venaient aussi de reconnaître sa suzeraineté (6)

 A cette même occasion, Charles V anoblit les citoyens les plus marquants de la ville, en récompense du concoure par eux donné à Gui de Lasteyrie.

Ces citoyens se nommaient Jean et Raymond de Saint-Salvadour, Guillaume de la Beylie, Jean Besse, Guillaume de Boussac, Guillaume de Boussac le jeune, Durand de Lespicier (7).

 Les autres villes du Bas-Limousin, si elles ne firent pas de reconnaissance expresse (nous n'en trouvons pas trace), se rallièrent en fait.

La petite ville de Beaulieu dût se ranger des premières, car au commencement de 1370 elle reçoit par chartes royales de nombreux privilèges (8).

Le vicomte de Turenne et le seigneur de Malemort étaient seigneurs de Brive en partie et servaient le roi.

De même du comte de Ventadour, seigneur d'Ussel, de Corrèze, d'Egletons, et de Géraud de Ventadour, seigneur de Donzenac (9).

 Nous savons qu'une ville du Haut-Limousin (ou mieux de la Basse-Marche), le Dorât, fit au même temps sa soumission au roi qui la gratifia des mêmes privilèges que la ville de Tulles (10)

Dès le mois de juin, le duc d'Anjou et du Guesclin opèrent avec succès en Guyenne et mettent le siège devant Bergerac (11).

Le duc de Berry a rassemblé 1,200 lances et 3,000 brigandiniers, une petite armée, ayant pour principaux capitaines le duc de Bourbon, le comte de la Marche, le maréchal de Sancerre, Gui de Blois, Jean d'Armagnac, Jean de Villemur et les seigneurs limousins rangés au parti français, Roger de Beaufort, le sire de Malemort, Hugues de la Roche, Louis de Malval, Raymond de Mareuil (12).

Il quitte Bourges, traverse la Marche, dont il occupe divers châteaux de gré ou de force, et pénètre en Limousin.

 Limoges est tenu par les Anglais. Une forte garnison, commandée par Jean Chandos (un homonyme du défunt connétable d'Aquitaine), était établie dans la ville ou château.

La cité, avec ses fortifications particulières, se gardait toute seule.

C'était un grand coup que de prendre Limoges, frontière d'Aquitaine, porte de l'Anglais sur la France suivant l'expression de Michelet (l3).

 — En ce moment même, Charles le Mauvais, roi de Navarre, recevait au château de Clarendon l'hospitalité d'Edouard III et les deux rois organisaient le morcellement de la France.

black-prince_5764819

 

Un traité fut arrêté, en vertu duquel Edouard promettait à Charles la Champagne et le Limousin.

 Mais le prince de Galles s'opposa formellement à la cession du Limousin, frontière de Guyenne, et le traité fut rompu (14).

Le duc de Berry envoya devant lui son maréchal avec une grosse troupe. Cette avant-garde arriva devant la cité le vendredi 16 août, et s'étant logée aux Cordeliers, « commença escarmoucher ceux de la ville qui sortant hors des barrières se deffendirent si virilement qu'entre autres occirent un chevalier qui fut ensepvely dans iceluy couvent des Cordeliers autrement appelés Frères mineurs » (15).

Le lundi suivant, 20 mai, le duc se présenta lui-même avec toute son armée et somma les habitants de la cité de se mettre entre les mains du roi.

Les bourgeois hésitaient, redoutaient la colère du prince anglais, maïs l'évêque, son chancelier, son familier, son compère, qui revenait au moment même d'Angoulême, leur assura que le prince avait succombé à la maladie et qu'il était même enterré (l6).

 Après quelques jours de pourparlers, le 24 août, jour de Saint-Barthélémy, la ville fut livrée au duc sans coup férir, par l'évêque et les bourgeois, malgré la garnison anglaise (17).

Le duc se retira ensuite ne laissant que quelques centaines d'hommes dans la cité et sans essayer de déloger les Anglais du château (18).

D'après Froissart et les Annales (de 1638) précitées, du Guesclin serait arrivé au siège et aurait ménagé par ses soins la reddition des bourgeois.

En tout cas, il ne put être devant Limoges que le 22 ou 23 août au plus tôt, car il se trouvait encore en Périgord le 21 (19).

Il s'éloigna de son côté aussitôt après le traité, allant guerroyer aux environs pour recouvrer les terres de la vicomtesse Jeanne de Bretagne, occupées par les Anglais (20).

C'est cette circonstance qu'il s'empara de la petite ville de Saint-Yrieix (21).

Sa campagne fut très courte. Il laissa la garde de ses conquêtes en Limousin à Olivier de Mauny, son cousin (22).

Dès le 30 août il avait passé en Quercy (23).

Le duc de Berry et le «dixième preux » furent vraiment bien mal inspirés en abandonnant la cité de Limoges sans autre protection qu'une chétive garnison de 100 hommes d'armes, commandés, il est vrai, par trois valeureux capitaines, Jean de Villemur, Hugues de la Roche et Roger de Beaufort.

On connaît la terrible vengeance que le prince de Galles tira de cette soumission qu'il considéra comme une impardonnable félonie de la part de ses sujets de la cité et surtout de leur évêque, son serviteur et son ami.

Hydropique au point de ne pouvoir se déplacer qu'en litière, mais surexcité par la fureur, il partit de Cognac avec ses frères Lancastre et Cambridge et son beau-frère Pembroke « jurant sur l'âme de son père que chièrement comparer il ferait cil outrage à tous ceulx de la cité, ne jamais n'entenderoit à aultre cose, si raroit la ditte cité et s'en aroit fait se volonté et pris vengeance dou fourfet » (24)

Ce serment fut tenu : c'est lui, ce prince paralytique, guetté par la mort, qui perpétra le forfait, le crime des plus abominables même en ces temps cruels, et non ces malheureux bourgeois de Limoges qui, entraînés, trompés peut-être par leur évêque, en tout cas sans violence, sans voie de de fait, n'avaient fait que suivre l'exemple de presque toutes les villes du Midi.

La prétendue félonie d'un homme qui demeura sain et sauf fut payée de milliers de vies (25)

Froissart parle de ces atrocités avec si grande pitié qu'il en devient éloquent.

 Les Annales (26) (de 1638) sont plus explicites, donnent des détails navrants.

Le récit de Jean de Lavaud est moins complet celui des Annales, il n'a pas la valeur d'un témoignage contemporain tel que celui du chroniqueur de Valenciennes, mais il contient quelques faits non connus. Il est inédit et tout complément d'informations sur cet épisode marquant de la guerre de Cent ans mérite d'être mis au jour.

« ...De ce (la reddition au duc de Berry) estant adverty le Prince de Galles, estant en la ville de Coignac près Angoulesme, envoya en diligence dans la ville (c'est-à-dire le château) le seigneur Eustache, séneschal de Lymosin (37) avec soixante lances, qui arriva dans la ville le vendredy vingt-neufviesme jour du mois d'aoûst (28), lequel prince de Galles ayant après dressé son camp arriva avec icelluy devant la dite cité le lundy ensuivant second jour de septembre, lequel assés connoissant la forteresse d'icelle cyté pour y avoir plusieurs foys séjourné et qui par assault estoit imprenable, scachant estre dedans messire Jehan de Villemur, messire Hugues de la Roche et Roger de Beaufort capitaynes Francoys avec cent hommes d'armes fit avoir les mineurs qui commencèrent à fossoyer du costé du Naveix de la dicte cyté.

Et à ce faire demeurèrent un moys (selon Froissart) pendant lequel fut logé le prince au prioré de Sainct Géral et le duc de Lanclastre et compte de Cantebruge ses frères aux Jacobins ; aussi logeaient le compte de Panebrok et ses gens au Puv-Lavaud de delà la rivière et le captal de Beuf [sic pour Buch],

Duquel sont les seigneurs de Candale, estoit lors connétable du prince, le seigneur de Butur et leurs gens aux Frères mineurs.

Aussi, entre gentilshommes estoyent en la compagnie du prince les seigneurs de Chabaheys, de Tournes et du Pont et estoit lors l'armée estimée jusqu'à 30,000 hommes, tous esleus au faict de la guerre, pendant lequel siège, cognoissant l'évesque et les citoyens qu'on les minoient, firent faire des contremines, mais peu leur proffitèrent (29), car rapporté au prince par les pionniers et mineurs leur ouvrage estre parfaict et les murs de ce costé du naveix estre soutenus seulement de pilotis de bois, prests à tomber, le jeudy dix-neufviesme septembre (30) an susdit mil trois cents septante-dix (sic), sur le midy, estans les Anglois en armes rangés par bataille par devant les murs et le prince dans sa litière entre ses capitaines, fut mis le feu dans la mine, lequel opéra tellement qu'en domy heure tomba grand quantité de murs de la dicte cyté dans les fossés, qui furent tellement remplis qu'on pouvoit par là entrer dans la cyté à pied ; et fut ce faict si cautement que les citoyens surprins ne prenoyent garde, et en entrant par mesme moyen en autres endroicts dans la cyté le captal de Buch, s'y gettèrent en flottes les ennemis faisancts grand bruit, tuans les citoyens, hommes, femmes et petits enfans sans rien espargner.

Et lors fut faict si grand meurtre de peuple que le sang couloit devant l’églize Saint-Etienne, dessendant le long d'icelle église comme un ruisseau d'eau, à ce présent et voyant ce tyran le prince de Galles devant lequel se mettans à genoux ceux qu'on vouloit occire crians miséricorde, n'en avoit aucune pitié, tant avoit le coeur affectionné à vengeance, et tellement exploitèrent ces gens inhumains leur furie qu'il ne demeura dans la cyté personne vivant des habitans, fussent hommes, femmes ou petits enfants (31), excepté les religieuses de la Règle qui furent préservées ; estans la pluspart d'entre eux sans cause homicides et portant la peyne du crime qu'ils n'avoyent perpétré, et constituèrent prisonnier l’évesque dans son palays et présenté au prince au lieu de salut luy dit qu'il luy feroit trancher la teste.

 

Siméon Luce n'indique pas où il a pris cette date du 14 septembre.

 S'il y a un document positif, il faut s'incliner, mais jusqu'à ce qu'il soit communiqué, il est permis de douter qu'une mine qui fit tomber cent coudées de muraille ait pu être fouillée dans un si court intervalle.

Lavaud donne ici des renseignements précis qu'il n'a empruntés ni à Froissart, ni aux Annales.

Après, non content, ce tiran, de si cruelle occision, le lendemain fit mettre le feu par toute la cyté qui brûla les aultres maisons, tours, palays et belles esglizes de Sainct-Estienne et aultres; et dresser les instrumens faicts exprès pour abattre par terre le grand clocher de ladicte esglize de Sainct-Estienne; fut toutes foys préservé, demeurant en son entier, comme on le voit à présent, à la requeste des gentilshommes du pays qui pour ce empescher, retournèrent au prince de Galles et en signe de ce firent mettre iceux seigneurs leurs armes sur la sommité du dict clocher (32), laquelle sommité ruynée après de la tempeste, furent icelles armes remises en une colonne de boys devant le grand autel d'icelle esglize de Sainct-Estienne.

Et après ostées d'illec fut mis le candélabre de bronze qu'on y voit présentement ».

 

Les trois capitaines gardiens de la cité, Villemur, La Roche et Beaufort se conduisirent en héros.

Appuyés contre un mur, entourés d'une centaine d'hommes, ils luttaient contre l'irrésistible flot de l'armée anglaise, combattaient pour mourir avec gloire.

A la fin, restés seuls, leurs soldats morts ou dispersés, ils se trouvèrent en face des frères du prince de Galles qui fondirent sur eux. Un terrible corps à corps s'engagea, Villemur contre Lancastre, La Roche contre Cambridge, Beaufort contre Pembroke (33).

Le prince, dans son chariot, était témoin de ce combat de preux.

Les Français, épuisés par un trop long effort, durent se rendre.

La vaillance surhumaine dont ils avaient fait preuve leur mérita la vie sauve. Peut-être aussi l'espoir de leur rançon (34).

Cette extermination de Limoges, acte de colère et de vengeance féroce, rendit le nom anglais exécrable en France. L'indignation fut universelle (35).

Le prince Noir est représenté par ses compatriotes comme un des plus nobles types de la chevalerie. Ce fut là le dernier exploit de ce capitaine qui « avait de notables parties de grandeur », comme a dit l'auteur des Essais. Sa mémoire en restera à jamais ternie.

 

 

 

La ruine de la cité consommée, les Anglais se répandirent dans les environs pour grossir leur butin.

Ils ravagèrent par le feu les seigneuries de Malval et de Mareuil et abattirent les châteaux de Rançon et de Champagnac.

 

 

 

Eustache d'Auberchicourt mit le siège devant Rochechouart…….

 

 

 

CCCLXXXVI. Lettres du roi d'Angleterre Edouard III au gouverneur « Jean des Urnes » et à « messires Richard et Albert Buery, sénéchaux » (36), ordonnant à ces officiers de « fere réparation aux habitans de Lymoges des dommaiges à eux faitz par les Anglois. » Entre mai et novembre 1371 (37). (Annales manuscrites, p, 277)..

 

 

Limoges, Fortifications sous les Plantagenêt (XIIe - XIIIe siècles)  <==.... ....==> 1370 Siège du château de Louis vicomte de Rochechouart par les anglais du Prince Noir commandés par Eustache d'Auberchicourt

 ==> 1336-1391 La région de Carcassonne pendant la première partie de la Guerre de Cent Ans Discours Historique

 


 

Renaud de Montléon, sac de Limoges 1370 - Assassina Robert de Grantonne, receveur de Poitou pour le prince de Galles
Renaud (1), fils de Guy, seigneur de Touffou, Abain, Nozières, Villars, Cussay, la Grimaudière, Dunière, fut chambellan et maître d'hôtel du roi Charles V et gouverneur de Mirebeau. Il fut aussi chambellan de Hugues de Lusignan, roi de Chypre, avec lequel il combattit contre les Infidèles.

 

(1) Froissart-Luce, l. VII, pp. XCIII, XCIV, 221.

(2) Ibidem, pp. XCV, 223 à 225.

(3)   « ...Dominis Alano de Beaumon, Alano de la Fosseya, mililibus, et Himbaudo de Ponte, domicello, capitaneis pro Domino nostro Rege Fronciae in patria Lemovicensi. »

Ainsi sont donnés les noms dans un acte authentique insère par Baluze dans son Historia Tutelensis, app. col. 728. Je suis porté à croire que pour les deux derniers il y a eu erreur du notaire ou du copiste.

 Alain de Beaumont est très connu, nommé à chaque page par les chroniqueurs du temps. Il était cousin de du Guesclin qui prisait beaucoup sa vaillance et lui fit donation de la seigneurie d'Anneville.

  Alain de Beaumont revenait alors d'Espagne où il avait tenu deux mois le siège de Soria. Alain de la Fossaye et Himbaud du Pont ne se rencontrent nulle part, mais Alain de la Hussayo, chevalier, est souvent mentionné, il était aussi en Castille avec du Guesclin. En 1371, il gardait le château de Montpont en Périgord et fut l'un des Bretons auxquels le duc de Lancastre le reprit.

 — Himbaud du Pont me parait être le même que Thibaut du Pont, capitaine de Rochechouart. Il rentrait aussi d'Espagne à la suite de du Guesclin.

 « Thiebaut dou Pont, breton, un tres bon homme d’armes », dit Froissart, qui ajoute : « C’estoit ungs vaillans et sages escuier ».

 Frère d’ OLIVIER DU PONT. Toujours qualifié d’écuyer.

Reçut du roi Henri de Castille la seigneurie de « Villalpan »123.

 Cuvelier, Chron. B. duGuesclin, t. I, p. 165, 171 et 177 ; Delaville Le Roulx, La France en Orien (...)

 Présent à Cocherel, en 1364, où il fit prisonnier le captal de Buch. Passe en Espagne avec les Compagnies. Participe à la croisade de Pierre 1er de Lusignan124.

 Ajouter aux références des notes 123 et 124, Froissart, Chron., t. IX, p. 10 ; B. N., p. o. 2330, (...)

 Retenu en 1371 au nombre de 50 hommes d’armes sous le gouvernement du sire de Pons. Présent au combat de Soubise en 1372, au combat de Chizé et au siège de Derval en 1373.

  En 1374, le duc de Berri est tenu envers lui et Raymond de Mareuil pour une somme de 12 000 francs d’or. Retenu pour servir le roi ès parties de Bretagne et ailleurs avec 100 hommes d’armes par lettres du 24 août 1375.

 Perçoit un état mensuel de 200 francs. Même retenue en 1376. Retenu à 50 hommes d’armes en 1377. Meurt cette même année dans une rencontre près de Bergerac1

 

— L'acte qui constate le passage de ces trois capitaines en Bas-Limousin fut dressé six ans après, en 1376, hors de leur présence, ce qui peut expliquer cette variation qui du reste se présente assez fréquemment dans les actes anciens. (Cf. Chronique de du Guesclin, dans le Panthéon littéraire, t. II ; Mémoires sur du Guesclin, Collection Michaud, t. I ; Morice, Histoire de Bretagne, t. V. pp. 20, 45 et s. éd. de 1835; Mandements de Charles V, à la Table.

(4) Gui Lasteyrie, seigneur du Saillant, en Bas-Limousin (par acquisition récente du vicomte de Comborn), docteur en droits, dévoué ami et serviteur du duc d'Anjou, son lieutenant et maître des requêtes, conseiller et commissaire du roi, sénéchal de Rouergue, capitaine d'hommes d'armes, etc., fut tué au service du mi ans un mouvement populaire à Montpellier, le 25 octobre 1370 (Cf. Froissart-Luce, t. VII. p.civ; Baluze. Historia Tutltensis, app. col. 727-730, et Vitae Paparum Aven.t 1. p. 1057.

(5) En 1370, il ne put être passé acte authentique de cette reconnaissance « faute de tabellion », mais les faits sont rappelés dans la nouvelle reconnaissance dressée en forme le 30 janvier 1370 (v. s.). Il y est dit, il est vrai, que la reconnaissance antérieure avait été consentie cinq ans auparavant (a quinque annis citra), ce qui en fixerait la date à 1371 ; mais ce ne doit être qu'une indication approximative. La date exacte, mai 1370, est donnée par plusieurs ordonnances de Charles V (Cf. Froissart-Luce, t. VII, p. CIV).

(6) J'ai dit ailleurs pourquoi ces extensions de franchises en faveur de Tulle n'eurent pas d'effet. V. Recherches de l’Histoire municipale de Tulle, ch. II, où je donne de plus amples renseignements sur les ordonnances royales et leurs conséquences.

(7) Archives Nat., JJ. 100. N° 719, 757, 758, 780,781, 834. Ces lettres d'anoblissement, du mois de mai 1370, dressées sur un modèle uniforme, sont motivées pour services rendus, sans autres détails. — Ces familles ont laissé des traces dans les documents d'archives : une seule d'entre elles, toutefois, prit dans la suite le rang social découlant de la bienveillance royale. Nous avons un acte du 27 mars 1374 (v. s.) passé entre Jean et Raymond de Saint-Salvadour frères, d'une part; et Martin de Lespicier, fondé de procuration de Durand de Lespicier son pure, dans lequel aucun de ces contractants ne prend la qualité de noble. Ils continuent de se qualifier bourgeois de Tulle. Les Saint-Salvadour, les Lespicier exerçaient la négoce. Durand de Lespicier était marchand de drap en 1328; son fils Martin est qualifié dans l'acte de 1374 vénérable et discret homme... bourgeois de Tulle, ce qui indique une profession libérale. — La famille de la Beylie était connue dès le XIIIe siècle. Elle n'a pas grandi : au XVIIe siècle, le nom était porté par des bourgeois membres de l'Election. La branche de l'anobli de 1370 s'était peut-être éteinte rapidement. — Nous ne savons rien sur Jean Besse. Ce nom était très commun à Tulle. — La famille de Boussac est la seule qui ait suivi longtemps son chemin dans la noblesse. Elle existait encore au XVIIIe siècle, ayant conservé cette qualité. Les deux Guillaume de Boussac anoblis étaient le grand-père et le peut-fils.

(8) Siège d'une importante abbaye bénédictine (chef-lieu de canton, arrondissement de Brive). En février 1308. .Beaulieu avait renouvelé son serment au prince de Galles, qui lui confirma cette année même et en 1369, le droit de souquet (entrée sur les vins), mais dès le mois d'avril 1370 (1369 v. s ), Charles V lui octroie une série privilèges par six ordonnances successives, ce qui indique qu'elle avait fait nettement son adhésion. (Inventaire des titres de la maison de ville de Beaulieu. Pièce de mes archives). Il dut eu être de même pour la plupart des autres villes qui n'ont pas aussi bien conservé leurs titres.

(9) V. les notes du Ier chapitre sur ces deux seigneurs.

(10) Ordonnances des Rois de France, t. V, p. 301.

(11) Froissart-Luce, t. VII, pp. ci, 228.

(12) Froissart-Luce, t. VII, pp. cm et s., 226 à 229; Annales de Limoges (dites manuscrit de 1638). p. 268, et le procès-verbal de reddition de la cité de Limoges, dans l'Almanach limousin de 1869. — Le 13 juillet 1370, Charles V mande au maréchal de Sancerre de retenir des gens d'armes en vue du recouvrement de la cité de Limoges (Mandent, de Charles V, p. 355).

(13) Hist. de France, t. III, p. 460; Secousse, Hist. de Charles le Mauvais, p. 131, et Rymer, t. VI, p. 677.

(14) Ce qui décida le Navarrais â traiter avec Charles V. Froissart-Luce, t. VII, pp. LXI, LXII.

(15) Nous empruntons ces détails ignorés de Froissart et des Annales de Limoges, à la Chronique manuscrite de Jean de Lavaud. Cette chronique qui est, aussi intitulée « Annales de Limoges » existe en plusieurs copies dont deux, une du XVIIe siècle, la plus ancienne connue, et l'autre moderne, font partie de ma bibliothèque.

(16) L'évêque Jean de Cros était parrain d'un des enfants du prince de Galles. II revenait en effet d'Angoulême. Trompa-t-il sciemment les bourgeois ou avait-il vu le prince si malade de son hydropisie qu'il le tenait pour mort, c'est ce qu'on ne saurait éclaircir.

(17) Et non le 21, comme ledit le Froissart-Luce, p. CXI. Le procès-verbal de reddition atteste cette date donnée aussi par Jean de Lavaud dont le récit paraît plus exact que celui des Annales. V, aussi l'article de M. Louis Guibert : Quelques erreurs du Froissait de M. Siméon Luce, dans le Bulletin de la Société archéol. du Limousin, t. xxx.. p. 22. — Les Annales suivent le texte de Froissart et n'y ajoutent presque rien. D'après leur rédacteur, le duc de Berry et sa troupe entrèrent dans la cité, «pendant lequel séjour les François assaillirent la ville de Limoges, de laquelle sortit messire Jean Chandos et les Anglais escarmouchans «entre la ville et la cité. Le faubourg de Saint-Martin situé sur cet emplacement fut détruit par l'incendie (p. 270).

— Selon Jean de Lavaud, l'attaque du château aurait eu lieu le 16 août avant l'arrivée du duc de Berry. Quant à messire Jean Chandos, qui tenait le château, ce n'était pas le connétable du prince d'Aquitaine, comme le disent les Annales (même page), puisque celui-ci était mort au mois de janvier précédent.

(18) Froissart-Luce, t. VII, pp. CIII, CXI 241, 242. Il partit de Limoges te 21 au matin et arriva le même jour à Eymouders d'où il se fit conduire à Masléon. Compte du duc de Berry, Archives Nationales, KK 251 ; Froissart-Luce, ibidem.

(19) Articles du compte du duc de Berry, Froissart-Luce, ibidem.

(20) Du Guesclin avait des motifs particuliers de dévouement envers la veuve de Charles de Blois qu'il tenait pour légitime duchesse de Bretagne, étant de ceux qui restent fidèles au droit vaincu et dépouillé par la force.

C'est au mariage de Jeanne de Bretagne, dans un brillant tournois, qu'il avait donné les premières preuves de son généreux courage. Il fut fait prisonnier à la bataille d'Auray aux côtés de Charles de Blois.

Olivier du Guesclin, chevalier et conseiller de Monseigneur et de Madame les représentait dans la vicomté de Limoges où il séjourna es années 1315 et suiv. (Arch. des Basses-Pyrénées, E. 624. Comptes des receveurs).

Olivier était l'oncle de Bertrand.

L'administration de la vicomté, à cette époque, est intimement liée à l'histoire de la querelle des Montfort et des Penthièvre.

(21). Chronique de Cuvelier (dans la Collection des Documents inédits) t. II, vers 17223 à 17327, et Froissart-Luce, t. VII, pp. CX, CXIII. Froissait (p. 242; rapporte qu'après la reddition de Limoges, Bertrand demeura au pays de Limousin avec 200 lances et « se bouta » es châteaux du seigneur de Malval qui s'était tourné français.

Plus loin (pp. 248. 249), il énonce que durant le siège du prince de Galles, du Guesclin était encore aux environs de Limoges avec ses 200 lances, bataillant et faisant des prises chaque jour, mais se retirant les nuits, par crainte de surprises, dans les forteresses des seigneurs Louis de Malval et Raymond de Mareuil ralliés aux Français.

Ce serait, à cette époque, c'est-à-dire au mois de septembre, qu'aurait eu lieu la reddition de Saint-Yrieix, sans combat. Mais une note qui va suivre, établit que du Guesclin avait quitté le Limousin avant la fin du mois d'août.

(22). Froissart-Luce, t. VII, p. cxvi. — Cette campagne de Du Guesclin est mal connue. Il paraît avoir opéré dans la partie orientale de la vicomté, de Saint-Yrieix vers Nontron et aussi dans la Marche, s'il faut en croire Froissart. Mais ces présomptions demanderaient à être éclaircies par des documents positifs permettant de fixer son itinéraire.

Dans un acte daté â Poitiers, le 9 août 1372. du Guesclin fait mention de cette campagne et rapporte qu'il avait, dans cette circonstance, rallié au parti français les trois frères Jean, Aimeri et Rouffaut de Bonneval «  du pays de Limosin, en la vicomté de Limoges, pour lors que nous venismes d'Espaingne ». Arch. Nat., JJ. 109, n° 64. Acte cité par Siméon Luce, p. CXIII.

(23) Quittance délivrée par lui à Montauban le 30 août 1370. Froissart-Luce, ibidem, p. CXIII. Du Guesclin ne séjourna donc qu'une huitaine de jours dans les environs de Limoges.

(24) Froissart-Luce, t. VII, p. 251.

(25) L'évêque Jean de Cros fut mis â rançon.

Le 4 février suivant, Charles V donna mille francs (et non cent francs, comme le dit Siméon Luce, ibid., p. cxv) pour sa délivrance. Jean de Gros était cousin de Grégoire XI qui le fit cardinal au mois de juin 1371. Gallia-Chrit, t. II, col. 533 ; Baluze, Pap. Aven., t. I. p. 427.

(26) Pages 270-275.

(27) il s'agit d'Eustache d'Auberchicourt, sénéchal anglais du Limousin. Le prince de Galles lui fit don de la seigneurie de Ségur, en Bas-Limousin (canton de Lubersac, arrondissement de Brive), dépendant de la vicomté de Limoges et son véritable chef-lieu. Son envoi à Limoges avec une avant-garde n'est mentionné ni par Froissart, ni par les Annales.

(28) Il faut lire le jeudi 29 août, puisque le lundi suivant est le 2 septembre. En 1370, le 29 août tomba en effet un jeudi.

(29). D'après Froissart (t. VII, p. 249), les mineurs de la cité « qui minoient à rencontre des mineurs anglois pour les rencontrer et les occire, faillirent à leur minet, c'est-à-dire ne les rencontrèrent pas.

La Chronique des quatre premiers Valois (p. 209) donné au contraire un récit très remarquable de cette rencontre :

 «  Le duc de Lencastre fist miner la ville et estoit avec les mineurs... Mgr Jehan de Vinemeur ( Villemur) fit faire contremine. Dont il advînt que les mineurs se entre encontrérent et coururent sus les ungz aux autres. Lors échey que le duc de Lencastre et Mgr Jehan de Vinemeur se combattirent l'un contre l'autre très vassaument.

Dont dit le duc de Lancastre : «  Qui es-tu que si fort te combas à moi ! Es-tu comte ou tu es baron? »

- « Nennin, dist Vinemeur, mais je suis ung povre chevalier ».

— « Je te prie que tu me diez ton nom puisque tu es chevalier, car tel porras estre quo j'auroy honeur de m'estre essayé à toi ou tel que non ».

Donc, dit Vinemeur : « Saches, angloiz, que oncques en armes ne regniay mon nom. J'ay nom Jehan de Vinemeur ».

«  Adonc dit le duc de Lancastre : Monseigneur Jehan de Vinemeur, j'ay bien grant joye que je me soy esprouvé contre si bon chevalier comme vous estes. Si sachiez que je suis le duc de Lencastre ».

Et atant remaint la dicte bataille d'eulx deux. Si les autres se mistrent avant et dura l'estour jusques à ta nuyt. Et fut la blessé le duc de Lencastre d'une des estâtes qui froissa »,

Mais cette scène d'une touche à la fois si naïve et si colorée, fait peut-être double emploi avec le combat du duc et de Villemur dans la cité même, après l'entrée de l'armée anglaise.

(30) Le siège ne dura donc pas un mois, comme le dit Froissart, mais bien trois semaines, d'après Lavaud : du 29 août au 19 septembre.

Le manuscrit de Froissart, conservé à Amiens, assigne au siège cette durée de trois semaines (Ibid, p. 426).

Siméon Luce énonce qu'il dura seulement six jours, le prince de Galles l'ayant posé le 14 septembre et les murailles étant tombées le 19 (p. CXIII).

(31) D'après Froissart (p. 250), plus de 3,000 personnes furent massacrées en ce seul jour. Les Annales portent à 18,000 le chiffre des victimes de la barbarie du prince de Galles. Froissart doit être plus près de la vérité.

(32) Lavaud est seul à donner cet intéressant détail. Nombre de seigneurs limousins servaient dans l'armée du prince de Galles. Il était à propos de noter h leur décharge cet élan de religion et de patriotisme qui sauva de ta destruction la cathédrale de Limoges.

(33) Mais quelle était la patrie de Jean de Villemur ? quelle était sa famille?

Nous n'avons trouvé la réponse à cette question dans aucun des livres qui ont traité de l'histoire de notre province.

Pour résoudre ce problème historique, nous sommes parti de cette donnée, que, à cette époque où les familles nobles ne suivaient que deux carrières, la carrière des armes, par laquelle on arrivait aux honneurs séculiers, et la carrière ecclésiastique , par laquelle on parvenait aux dignités supérieures de l'Eglise, à cette époque, il devait y avoir des dignitaires ecclésiastiques du nom de Villemur : or, ces hauts dignitaires une fois trouvés, comme l'histoire d'alors ne négligeait pas de donner des détails circonstanciés sur leur patrie et sur leur famille, il devenait par là facile de découvrir la famille et la patrie de Jean de Villemur.

En effet, en parcourant l'histoire ecclésiastique du XIVe siècle, nous avons trouvé un cardinal du nom de Ponce ou d'Arnaud de Villemur, qui fut revêtu de la pourpre romaine par le pape Clément VI en 1350 ; et nous lisons dans la biographie de ce pape que ce cardinal était Gascon d'origine : nous savons qu'il fut d'abord chanoine régulier de Saint-Augustin , et prieur de Vicdessos au diocèse de Pamiers, en 1347; qu'il parvint, l'année suivante, au siège épiscopal de Pamiers, et, plus tard , à la dignité de cardinal-prêtre du titre de Saint-Sixte, et qu'il mourut à Avignon, le 25 octobre 1355, quinze ans avant la prise de la cité de Limoges.

Nous savons en outre qu'il avait un frère nommé Ponce de Villemur, qui fut d'abord abbé de Lézat, puis évêque de Couserans en 1362, et qui fut inhumé dans le monastère de Lézat en 1368, « grand religieux, dit-on, et saint évêque ».

Jean de Villemur devait être de la famille de ces deux dignitaires ecclésiastiques, et l'époque de leur mort nous détermine à croire qu'il était leur neveu. Il était donc originaire de la Gascogne.

La petite ville de Villemur-sur-Tarn est aujourd'hui un canton de la Haute-Garonne, dans l'arrondissement de Toulouse, dans la partie nord du département : cette ville tire son nom de la famille noble qui nous occupe, famille dont le château a servi de noyau à la ville : c'est là qu'était né Jean de Villemur, le « haut et puissant seigneur », le « grand chevalier » qui défendit si vaillamment la cité de Limoges contre le prince de Galles.

Jean de Villemur, chevalier, fils ainé d'Arnaud, vicomte de Villemur, défit en 1366 la compagnie d'un routier nommé Fierderrière, qui fut tué dans l'action.

Le roi lui donna en récompense 400 livres de rente sur la sénéchaussée de Toulouse (Hist. de Languedoc, IV, p. 352).

Jean de Villemur commandait, en décembre 1368, cinquante hommes d'armes sous le duc d'Anjou qui le nomma capitaine de la Guépie en Rouergue. Il n'était pas étranger au Limonsin, ayant épousé Isabeau de Rochechouart, fille du vicomte Louis, veuve de Guillaume Albert, petit-neveu d'Innocent VI (Hist. de la Maison de Rochechouart t.1, p. 148).

 

— Hugues de la Roche, fils de Géraud, seigneur de la baronnie de la Roche. Par sa femme Dauphine Roger, il était neveu du pape Clément VI et beau-frère de Grégoire XI. Il fut maréchal de la Cour romaine et gouverneur du Comtat-Venaissin.

— Roger de Beaufort, frère de Grégoire XI, troisième fils de Guillaume II Roger, comte de Beaufort, et de sa première femme Marie de Chambon.

(34). Tous les trois furent, en effet, mis à rançon, ce qui entache quelque peu la grandeur d'âme du vainqueur. La scène a une allure chevaleresque dans Froissart. Michel de Montaigne (Essais, I. -Ier, ch, 1er), y voit pour sa part un élan de magnanimité et d'après lui le prince aurait commencé «  par ces trois à faire miséricorde à tous les autres habitans de la ville, » Mais la vérité est que « fu toute la cité de Limoges courue, pillée et robée sans déport et toute arse et mise à destruction. « 

 — Les bourgeois, le peuple, les vilains ne ressentirent guère l'influence des principes de la chevalerie. La pitié, l'humanité ne descendaient pas jusqu'à eux. — Ajoutons, comme dernier trait au tableau, que les malheureux bourgeois de la cité avaient, durant le siège, confié en dépôt à leurs concitoyens du château leur numéraire et leurs objets les plus précieux.

Le généreux prince Noir força ses sujets du château à lui remettre ces dépôts qu'il confisqua à son profit. — Lettres de Chartes V déchargeant les consuls et habitants du château des dépôts pris entre leurs mains par le prince de Galles, lorsqu'il fit détruire la cité de Limoges (Annales, p. 279).

(35) « ... Il n'est si durs coers, si il fut adonc à Limoges et il li souvenist de Dieu qui ne plorast tenrement dou grant meschief qui y estoit, car plus de trois mil personnes, hommes, femmes et enfans y furent deviect et décolet celle journée. Diex en ait tes âmes car ils furent bien martir ! » (Froissart-Luce, t. VII p. 250). — Il s'est rencontré en Limousin des écrivains pour justifier le Prince Noir et soutenir que les Limogeaux n'eurent que le sort qu'ils avaient mérité !...

(36) II s'agit ici d'un seul personnage Richard d'Abberbury ou d'Albebury, que l'auteur des Annales a dédoublé. On trouve le nom de ce sénéchal en 1370. (Collection Doat, t. 244, fol 25)

(37) Vers le mois de mai ou juin de cette année (nos Annales ne précisent pas et indiquent simplement comme date « l'an du roi Charles Ve », c'est-à-dire postérieurement au 7 avril la commune de Limoges avait député auprès du Roi d'Angleterre un de ses membres, Pierre Bouillon, pour luy remonstrer les dommaiges sy longtemps soufferts au pauvre pays de Lymousin » et l'adjurer d'y porter remède : Autrement ne pouvoient plus tenir soubz son obéissance, » Bouillon se rendit en Angleterre, fut bien accueilli d'Edouard III et rapporta les lettres mentionnées ci-dessus.

 Son voyage ne dura pas moins de « quatre mois et onze ou douze jours. »

 Les ordres envoyés au gouverneur et au sénéchal n'eurent aucun résultat.

La province démolirait sans police et les routes étaient de moins ou moins sures.

L’action des officiers du roi d'Angleterre ne se faisait plus sentir ; Ils n'avaient du reste ni forces ni argent. Les bourgeois se décidèrent à envoyer trois  de leurs concitoyens : Jean Bayard, Jenn Martin, (peut-être Marteau ou Martel, Martelli) et Laurent Sarrazin, au roi de France, pour traiter définitivement avec lui de la reddition de la ville du Château.

Le document qui suit est-il antérieur à cette ambassade ?  Nous ne le croyons pas, Il est probable que les trois députés, ou l'un d'eux s'étaient  déjà abouchés avec Chartes V.

Il serait même possible que Pierre Bouillon eut été chargé par le consulat, en prévision du peu d'effet de sa mission eu Angleterre, de s'arrêter à Paris et d'ouvrir des négociations préliminaires avec le Roi de France on plutôt avec un intermédiaire : le limousin Tabary, par exemple, qui était secrétaire de Charles V et que nous savons avoir, avec sa famille, puissamment contribué à la reddition du Château.