Guillaume des Roches, Sénéchal d'Anjou, du Maine et de Touraine
D'après Ménard cité par Dom Housseau, Guillaume des Roches aurait été un cadet de la famille des Roches-Corbon en Touraine (2).
Dom Housseau n'est pas aussi affirmatif et pense même qu'il était Angevin. Ce qui est certain c'est que son père s'appelait Baudouin et son aïeul Herbert, que les quelques biens patrimoniaux qu'il possédait étaient à Château-du-Loir ou aux environs (3), que c'est là que paraît avoir été sa résidence principale, et que c'est à côté de Château-du-Loir, dans l'abbaye de Bonlieu fondée ou restaurée par ses soins qu'il avait choisi le lieu de sa sépulture ; je pense donc qu'on doit le considérer comme originaire du Maine. Il est certain encore que c'était un cadet de sa maison, ou au moins issu d'une branche cadette comme il paraît par le lambel de ses armes (4).
La date de sa naissance est inconnue. Par d'ingénieux rapprochements M. G. Dubois la place entre 1155 et 1160, ce qui est assez vraisemblable. Il avait été marié une première fois, mais ce premier mariage n'avait pas été de longue durée (5).
Son grand mérite l'avait fait distinguer par le baron de Sablé qui vers 1189 ou 1190 lui donna sa fille Marguerite en mariage « Guillaume des Roces qui boins chevaliers estoit, nes iert d'Anjo, povres bacelers ot esté ; mais par sa proece avoit il à feme la dame de Sabluel, par coi il estoit riches ber » (6).
Ce mariage le mettait au nombre des plus puissants seigneurs de l'Anjou et du Maine Marguerite de Sablé lui apportait en mariage Sablé, Louppelande et La Suze dans le Maine, Precigné, Briolay et Brion en Anjou.
Peu de temps après son mariage nous le trouvons l'un des commissaires chargés de négocier et de rédiger le traité conclu à Mantes le 8 juillet 1193 entre le Roi Richard et Philippe-Auguste, et il y apposa son sceau avec trois autres commissaires per praeceptum Regis Angliae domini nostri, c'était en effet son vassal à cette époque (7).
Le 17 octobre 1197 il est avec Robert de Turnham sénéchal d'Anjou et Guillaume du Hommet l'un des témoins de l'échange des Andelys entre Richard et l'archevêque de Rouen (8).
Et le 19 février 1199, la 10e année de Richard, encore avec Robert de Turnham l'un des témoins d'une donation de cent sous sur le péage de Baugé faite par le Roi au prieuré des Loges appartenant à Fontevrault (9).
Les événements postérieurs le portèrent au premier rang, il ne fut jamais au-dessous de la situation qu'ils lui firent.
Richard mort le 6 avril 1199 n'avait pas d'enfants.
De ses deux frères, Geofroi duc de Bretagne par sa femme Constance, et Jean comte de Mortain, il ne restait plus que ce dernier; Geoffroi l'aîné de Jean était mort en 1186 laissant Constance enceinte, et qui accoucha le 29 mars 1187 d'un fils auquel on donna le nom d'Artur (10).
Ce jeune prince, encore enfant en 1199, arrivait à la succession de l'Anjou et du Maine par représentation de son père d'après les coûtumes d'Anjou et du Maine et son droit était considéré comme tellement certain que sous l'influence de Guillaume des Roches il se forma sur le champ en sa faveur un parti considérable des seigneurs de la Bretagne, de l'Anjou, du Maine et de la Touraine qui le reconnurent comme leur seigneur lige,
«dicentes judicium et consuetudinem terrarum illarum esse quod filius fratris senioris debet ei succedere in patrimonio sibi debito, videlicet in hereditate quam Gaufridus comes Britanniae pater ipsius Arturi esset habiturus si supervixisset Richardum Regem Angliae fratem suum………….(11)
Le principe de représentation ainsi posé pouvait suffire s'il s'était agi de la succession d'un des barons du pays mais comme il s'agissait de la succession du souverain, ii était nécessaire que la force vint à son aide.
Un neveu de Robert de Turnham du prénom de Thomas livrait le jour de Pasques (18 avril 1199) le château et la ville d'Angers à Artur et à Guillaume des Roches qui s'emparaient aussi du Mans.
Pendant ce temps Jean s'emparait de Chinon et du trésor de Richard, se rendait à Beaufort où il se trouvait le même jour qu'Artur entrait dans Angers, de là se rendait à Rouen pour se faire proclamer duc de Normandie, et en passant par le Mans, il s'emparait de la ville dont il démolissait les murs et le château, et emmenait prisonniers un certain nombre d'habitants pour les punir d'avoir reconnu Artur pour leur souverain contrairement à la fidélité qu'ils lui avaient promise (12).
En reconnaissance des services qu'il venait de lui rendre, Artur donnait en fief et héritage à Guillaume des Roches et à ses héritiers la sénéchaussée d'Anjou et du Maine, Mayet et ses dépendances, la forêt de Bersay et ses dépendances.
Le Roi de France dont la main se retrouve à chaque instant dans les affaires de l'Ouest de la France qu'il convoitait depuis longtemps, confirmait en les reproduisant les lettres de donation d'Artur par lettres datées de Montlandon du mois de mai 1199 (13).
Non content d'affirmer ainsi ses droits de suzeraineté sur l'Anjou et le Maine, Philippe-Auguste envahit la Normandie jusqu'à Evreux, et s'avance jusqu'au Mans où il reçoit d'Artur qui était venu à sa rencontre l'hommage du Maine, de l'Anjou et de la Touraine puis il se rend à Tours où il reçoit l'hommage de la Reine Aliénor pour le Poitou, pendant qu'Artur était solennellement installé en qualité de chanoine de Saint-Martin (33 mai) (14).
Forcé de quitter Tours par une invasion de Poitevins partisans à ce moment de Jean; il retourne précipitamment au Mans avec sa mère la comtesse Constance.
Peut-être est-ce à Tours qu'elle l'avait confié à la garde de Philippe, ce qui est certain, c'est qu'au mois de juin il était encore au Mans (15), et que c'est le 25 juillet seulement qu'il fut emmené par le Roi de France à Paris.
Aussitôt après son couronnement Jean revenait en Normandie.
Après le 15 août il avait eu avec le Roi de France entre Boutavant et Gaillon une entrevue demeurée sans résultat à cause des prétentions exagérées de Philippe.
Non content en effet de réclamer pour Artur le Poitou, l'Anjou, le Maine, !a Touraine et la Normandie, il réclamait pour lui-même le Vexin tout entier qu'il prétendait avoir été donné au Roi Louis-le-Gros par Henri II en rémunération des secours qu'il lui avait donnés dans la guerre qu'il eut à soutenir contre le Roi Etienne (16).
Si le Roi de France était exigeant, le Roi d'Angleterre était d'une insigne mauvaise foi, car le 18 août 1199 aux Andelys intervenait entre lui et Rainaud comte de Boulogne un traité par lequel il s'engageait à ne pas faire la paix avec le Roi de France sans le consentement dudit comte de Boulogne (17).
Peu de temps après par un acte daté d'Auvers-le-Hamon 18 septembre, il chargeait Guillaume des Roches qui était reste à la tête des chevaliers d'Artur de se réunir à ceux qu'il voudrait choisir de bonne foi soit parmi eux, soit parmi ceux d'Angleterre pour faire entre lui et son neveu Artur un traité de paix à l'honneur et à l'avantage de chacune des parties (18).
Immédiatement après, le 22 septembre, le Roi Jean entrait sans difficulté dans le Mans (19).
Pendant ce temps Philippe après avoir pris Conches s'avançait vers le Maine, s'emparait au commencement d'octobre de Ballon, à quatre lieues à peine au nord du Mans, et mettait le siège devant le château de Lavardin ou Laverdin entre Ballon et Le Mans (20).
En apprenant l'arrivée de Jean, il lève le siège de Lavardin se rend au Mans, puis se sentant trop près des forces du Roi d'Angleterre il se retire du Maine qu'il abandonne définitivement.
Tous ces événements ont dû se passer du 1er au 8 octobre.
Nous venons de voir qu'au mois d'avril précédent Jean avait détruit les fortifications du Mans, c'est ce qui explique les occupations successives et si faciles de cette ville.
Guillaume des Roches se trouvait encore au Mans le 29 septembre (21) très probablement pour négocier les termes de l'accommodement entre Artur et le Roi Jean. Bien qu'il n'eût pour ainsi dire pas quitté celui-ci, il était toujours à la tête des chevaliers d'Artur (22) et en exécution de conventions antérieures il avait rejoint l'armée de Philippe dont il était l'auxiliaire à la prise de Ballon.
Philippe n'ayant pas de forces suffisantes pour garder cette place en ordonna la destruction, ce dont Guillaume lui avait adressé de vifs reproches parce que ce n'étaient pas là les conventions intervenues entre lui et Artur, « plurimum increpavit Regem Franciae dicens quod ita non convenerat inter illum et dominum suum Arturum » ; à quoi le Roi de France répondit que les intérêts d'Artur (23) ne l'empêcheraient pas de faire ce qu'il voudrait de ses conquêtes.
Des Roches avait pu soustraire habilement Artur à la garde de Philippe qui, en se retirant devant les forces de Jean lui avait conjointement avec Artur confié la garde de cette ville mais au moment où Jean se présentait devant le Mans, Guillaume lui livrait la ville, et par ses soins la paix était conclue entre l'oncle et le neveu, pacificavit eum cum Johanne Rege. .
En agissant ainsi Guillaume abandonnait la cause du Roi de France.
La réponse que celui-ci lui avait faite après la destruction de Ballon lui prouvait qu'il entendait rester le maître quel que fût le seigneur de l'Anjou et du Maine. Guillaume espérait-il conserver une plus grande indépendance entre un jeune homme encore enfant qui lui aurait dû tout, et un souverain dont la capacité et l'intelligence étaient bien inférieures à celles du Roi de France, et qui par la constitution géographique de ses Etats se trouvait obligé à faire des séjours fréquents et prolongés à une grande distance de l'Anjou et du Maine, soit sur le continent, soit surtout de l'autre côté de la mer.
Les événements se sont précipités avec une telle rapidité pendant les premiers jours de ce mois d'octobre qu'on peut supposer que Guillaume, tout en ménageant sa situation personnelle, pensait agir dans les intérêts d'Artur son souverain immédiat.
Le Roi Jean aurait pu très probablement se passer de l'intervention de Guillaume et d'Artur pour reprendre possession du Mans.
A peine entré dans la ville, il faisait venir de force (coactus) le vicomte de Thouars dont la fidélité lui était devenue suspecte, et lui enlevait la garde du château de Chinon qu'il confiait au connétable de Chester Roger de Lacy, et la sénéchaussée d'Anjou qu'il lui avait donnée peu auparavant.
En même temps Artur était prévenu (Mathieu Paris qui rapporte le fait ne dit pas par qui) que Jean voulait le faire prisonnier dans la nuit avec sa mère Constance, le vicomte de Thouars et un certain nombre de seigneurs qui abandonnaient le parti du Roi d'Angleterre, il s'enfuit et se réfugie à Angers (24).
Le Roi Jean ne paraît avoir poursuivi les fugitifs, il marchait dans la direction opposée, était le 13 octobre à Verneuil et le 21 à Château-Gaillard.
Il semble avoir consenti tacitement à laisser à Artur la possession paisible d'Angers et de l'Anjou (25), bien que ce soit dans le courant de l'hiver 1199-1200 qu'on doive placer la dévastation d'Angers par la Reine Aliénor et les routiers de Mercadier en punition de ce que la ville avait accueilli Artur (26).
Quant à Guillaume des Roches qui était au Mans au moment de la fuite d'Artur et de sa mère (27) il resta attaché au parti du Roi Jean, et on peut presque dire à sa personne (28).
Ce n'est cependant qu'à la fin de décembre 1199 qu'il lui reconnaît expressément la qualité de sénéchal d'Anjou (29) et à partir de ce moment, cette qualité lui est constamment reconnue dans les actes du Roi d'Angleterre, soit qu'il y intervienne comme té-
moin (30), soit que ces actes lui confèrent diverses missions (31).
Il semble résulter de ce qui précède que, tant qu'Aimery de Thouars a conservé ses fonctions de sénéchal, c'est-à dire jusqu'au commencement d'octobre 1199, il y a eu deux sénéchaux en Anjou, Aimery de Thouars sénéchal du Roi qui ne conserva ses fonctions que peu de mois, et Guillaume des Roches sénéchal du comte contre lequel Jean paraît n'avoir dès l'origine témoigné aucune animosité, bien que le soulèvement en faveur d'Artur, l'acceptation des fonctions de sénéchal et la confirmation dans ces fonctions par Philippe-Auguste pussent être considérées comme une rébellion et une félonie.
A partir de la révocation d'Aimery de Thouars, Guillaume est reconnu tacitement d'abord, expressément ensuite par le Roi Jean comme sénéchal, et enfin le 24 juin 1200, par lettres datées de Chinon, il lui confère la sénéchaussée d'Anjou, Maine et Touraine pour lui et ses héritiers, la forêt de Bersay et Mayet dans les mêmes termes que les lettres du Roi de France de l'année précédente, et il reçoit son hommage lige de tout ce qu'il vient de lui donner, en même temps que de la baronnie de Sablé (32).
Aussitôt après le retour de Jean en Normandie un nouveau rapprochement entre les deux Rois eut lieu aux environs de Vernon.
Par traité conclu au Goulet (entre Vernon et les Andelys) le 22 mai 1200: le Roi de France rendait au Roi d'Angleterre Evreux et tout le comté avec toutes les terres et seigneuries qu'il avait prises pendant la guerre, et que le Roi Jean donnait en dot à sa nièce Blanche (de Castille) qui épousait Louis fils du Roi de France raison de cette donation et des nets de la Bretagne que le Roi Philippe lui abandonnait, il payait à titre de rachat 20,000 marcs sterling (a raison de 13 sols et 4 deniers pourmarc).
Le Roi Jean recevait l'hommage d'Artur pour la Bretagne qu'il devait tenir de lui ; Jean en qualité d'héritier légitime, sicut rectus heres se reconnaissait vassal du Roi de France pour tous ses fiefs comme son père et le Roi Richard son frère les avait tenus, et sous les obligations que doivent tous fiefs, sicut feoda debent.
Les droits d'Artur sur les fiefs et sur le domaine de la Bretagne ne pouvaient être diminués qu'en vertu d'un jugement de la cour du Roi Jean son nouveau suzerain (33).
Artur qui probablement depuis quelque temps avait rejoint le Roi de France restait auprès de lui par crainte de son oncle, adhuc timens sibi remansit in custodia Regis Francorum (34)..
Jean reprit possession sans difficulté de l'Anjou et du Maine ; le 8 juin 1200 il était rentré au Mans, le 18 à Angers, il prenait le titre de comte d'Anjou (35), et le 30 août suivant, à Chinon, assignait le douaire de sa femme sur plusieurs villes et seigneuries de l'Anjou et du Maine (36).
Il pouvait même regarder sa possession comme bien assurée, puisque au mois d'octobre il s'embarqua pour l'Angleterre où il resta jusqu'au mois de juin suivant.
A son retour en juin et juillet 1201 il allait passer quelques jours à Paris où une réception brillante lui fut faite, lë vin du Roi de France fut bu à profusion, il reçut de nombreux et magnifiques présents dont les conseillers de Philippe profitèrent aussi s'il faut en croire l'accusation portée par le chroniqueur de Tours qui affirme que Jean fut investi du comté d'Anjou au mépris des droits de son neveu, pecunia data….. per curiae regalis judicium (37).
Cette dernière assertion est un peu hasardée et contredite par les autres chroniqueurs.
Que Jean, lors de ce séjour, ait cherché à se faire des partisans par tous les moyens, c'est fort probable, mais qu'il ait fait à ce moment foi et hommage c'est ce qui n'est nullement établi, puisque moins d'un an après Philippe les lui réclamait.
Ce qui est probable aussi, c'est que le séjour d'Artur auprès de Philippe-Auguste se prolongeant, le Roi Jean fut reconnu comme bail ou administrateur pendant le temps que cette absence durerait.
Guillaume des Roches ne paraît pas avoir accompagné le Roi Jean pendant son séjour à Paris.
Son nom ne figure pas non plus parmi ceux qui l'année précédente ont assisté au traité du Goulet et aux pourparlers qui l'ont précédé jusqu'au moment de la catastrophe de Mirebeau, il semble s'être renfermé dans ses fonctions de sénéchal et avoir à peine quitté l'Anjou et le Maine (38).
A partir de ce moment Guillaume des Roches prend tout-à-coup une part considérable, quelquefois même prépondérante dans les événements, car on ne peut méconnaître que sa défection du parti du Roi Jean et son adhésion, bien payée il est vrai mais bien ferme au Roi Philippe, a été décisive pour amener la réunion de l'Anjou et du Maine a la couronne de France.
Pour bien comprendre les événements qui vont suivre, il faut revenir un peu en arrière.
Le Roi Jean n'avait pas d'enfants d'Havoise ou Hawisia sa femme. Il s'avisa un jour qu'ils étaient parents au troisième degré et il fit prononcer son divorce.
Aussitôt après il contracta mariage avec la fille du comte d'Angoulême (39) le mariage eut lieu à Angoulême quelques jours après, le 30 août, le douaire de la Reine d'Angleterre était régie à Chinon (40), puis au commencement d'octobre Jean l'emmenait en Angleterre où il la faisait couronner le 9 du même mois à Westminster (41).
La jeune fille était cependant mariée au comte de la Marche Hugues-le-Brun; le mariage avait eu lieu par paroles de présent, forme admise par l'Eglise comme pouvant constituer un mariage valable mais comme la jeune Isabelle n'avait pas encore atteint l’âge nubile, le mariage n'avait pas encore eu lieu en présence de l'Eglise et n'avait pas été consommé ; en attendant elle avait été confiée à la garde de son mari Hugues-le-Brun, et c'est à lui que son père l'enleva pour la donner au Roi d'Angleterre.
Soit connivence, soit peur des violences de son souverain, Hélie archevêque de Bordeaux ne vit que le défaut de consommation du premier mariage et passa outre à la célébration du second (42).
C'était là un fait des plus graves qui entraînait pour le seigneur la perte de l’obéissance de son vassal.
Un commencement de soulèvement de la noblesse du pays paraît avoir eu lieu ; pour le réprimer Jean profitant de ce que le comte de la Marche et son frère le comte d'Eu se trouvaient pour son service en Angleterre saisit quelques-uns de leurs châteaux, et entre autres fit faire par Guerin de Glapion sénéchal de Normandie le siège de Driencourt (aujourd'hui Neufchatel-en-Bray).
Ceux-ci portèrent au Roi de France comme chef seigneur (capitali domino) plainte contre les déprédations et les injures du Roi d'Angleterre.
Philippe ne pouvait manquer de saisir une occasion qui lui permettait d'intervenir d'une manière parfaitement légale dans les affaires de son vassal ; il était seul compétent pour statuer entre lui et ses vassaux.
D'après le témoignage de Guillaume le Breton (Phil. VI, 105 et suiv), il commença par l'inviter à faire droit aux réclamations de ses adversaires.
Jean paraît avoir opposé tous les moyens qu'il put inventer ; il y eut même d'après Mathieu Paris pendant le carême de 1202 (27 février- 14 avril) une entrevue au château du Goulet entre les deux souverains.
Elle n'amena aucun résultat, Philippe fit alors semondre Jean comme comte d'Anjou et de Poitou et duc d'Aquitaine à comparaître devant sa cour à Paris quinze jours après Pâques.
Cette fête tombant en 1202 le 14 avril, le délai de comparution devant la cour du Roi de France se trouvait ainsi écheoir le 29 avril.
Les procédures entre plaideurs de cette qualité doivent être appuyées par d'autres arguments que le bon droit ou la régularité des actes, mais au moins en ce cas Philippe agit conformément aux règles de la procédure de ce temps.
Jean, comme duc d'Aquitaine et comte d'Anjou fut semons par les seigneurs de la cour de Philippe qui devaient être considérés comme ses pairs, summonitus est per proceres regni Francorum quasi comes Aquitaniae et Andegaviae (Raoul de Coggeshale)…. submonuit sicut hominem ligium (Rigord).
La semonse en outre était faite dans une forme autorisée par les usages généralement suivis.
Tandis que nos législations modernes, surtout depuis l'ordonnance de 1667, exigent impérieusement que l'objet de la demande soit énoncé avec précision, les usages plus anciens permettaient de faire citer le défendeur pour répondre à toutes les demandes qui seraient formées contre lui (43).
Cette manière de procéder était de droit commun, et c'est dans ces termes que Jean fut cité à comparaître devant la cour du Roi de France quod…… Parisius veniret, super his que Rex Francorum adversus eum proponeret, sufficeinter responsurus.
Rigord nous reproduit les termes légaux de la citation, mais il était impossible de se méprendre sur la demande du Roi de France ; il dit en termes généraux que Jean avait été semons à cause de ses comtés de Poitou et d'Anjou et de son duché d'Aquitaine ;
Raoul de Coggeshall ne parle pas du Poitou, mais il dit en termes généraux qu'il devait comparaître pour répondre des torts qu'il avait eus envers son souverain, domino suo de injuriis illatis responsurus, et pour obéir à droit à tout ce que ses pairs lui ordonneraient ; enfin Guillaume le Breton dit expressément que Jean était semons pour faire hommage pour le duché d'Aquitaine et les comtés de Poitou et d'Anjou.
De son côté le Roi Jean par lettres datées des Andelys 27 mars 1202 avait semons son neveu Artur de venir aux octaves de Pasques (21 avril) à Argentan pour lui faire l'hommage qu'il lui devait (44).
Etait-ce une réponse à la semonse ou sommation que lui avait faite le Roi de France, ou bien au contraire en était-elle la cause? C'est ce qu'il est bien difficile de déterminer les choses en étaient entre eux à un point tel que le moindre choc devait amener un conflit des plus graves.
Cependant après quelques difficultés Jean reconnut la régularité de la citation du Roi de France et s'engagea à lui remettre les châteaux de Tilières et de Boutavant comme gage de sa comparution à l'époque indiquée, ou au moins à une époque voisine (45).
Mais en même temps Jean faisait ses préparatifs pour n'être pas pris au dépourvu.
Dès le 29 mars, il envoyait par Guerin de Glapion à Guillaume des Roches et à quelques seigneurs de l'Anjou et du Maine une lettre, et en même temps un écrit que Guerin de Glapion devait rapporter et présenter au comte de Chester pour que celui-ci en y apposant son sceau s'engageât à exécuter immédiatement ce qui était contenu dans ces lettres (46).
Au jour indiqué pour la comparution devant la cour du Roi de France Jean ne comparut ni en personne, ni par procureur ; la cour du Roi Philippe réunie jugea que le Roi d'Angleterre devait être privé de toute sa terre, par ce que depuis longtemps il avait négligé par mépris de
son seigneur de faire les services qu'elle devait, eo quod fere omnia servitia eisdem terris debita per longum jam tempus facere contempserat…. (47)
Fort de cette décision, Philippe se précipite sur la Normandie, prend et détruit Boutavant, se saisit de quelques autres châteaux-forts de la haute Normandie, échoue devant Radepont et enfin s'empare de Gournay vers la fin de juin.
Aussitôt après Artur qu'il avait emmené avec lui dans son expédition, ou qu'il avait fait venir de Paris, et auquel il avait dès la fin d'avril promis la main de sa fille Marie, lui fit hommage lige pour la Bretagne, l'Anjou, le Maine et !a Touraine, et fut en même temps armé chevalier dans les deux ou trois premiers jours de juillet 1202 (48). Un traité fut conclu entre eux.
En même temps Philippe lui donnait une armée auxiliaire de 200 chevaliers avec laquelle il se dirigea sur les frontières du Poitou ; il y fut rejoint par les forces que commandaient le comte de la Marche Hugues-le-Brun et Geofroi Ier de Lusignan, seigneur de Vouvant, et par un certain nombre de Bretons ; ils s'emparèrent sans beaucoup de difficulté de la ville de Mirebeau.
Mais le château résista assez pour que le secours demandé par la Reine Aliénor qui s'y était enfermée pût arriver.
Dès le mois de mai Jean se préparait à la lutte. Il avait envoyé Guillaume comte de Salisbury et Pierre de Préaux à Guillaume des Roches, en même temps qu'à l'archevêque de Bordeaux, l'évêque de Saintes, aux comtes de Thouars et d'Angoulême, à Robert de Turnham et autres pour les entretenir sur ce qu'ils avaient à faire, de negociis promovendis (49) ;
les circonstances dans lesquelles il se trouvait expliquent ce me semble les expressions un peu énigmatiques de cette lettre.
L'auteur de la chronique de Tours en parlant de Guillaume et du vicomte de Thouars dit que c'est par leur assistance que Jean avait triomphé de ses ennemis à Mirebeau, quorum auxilio hostes superverat (p. 147).
Ils étaient en effet tenus d'amener leurs hommes qui devaient être assez nombreux à raison de l'étendue de leurs possessions, et ils ne pouvaient s'en dispenser sans encourir la perte de leurs fiefs aux termes des coutumes féodales.
Guillaume des Roches en apprenant qu'Artur s'était emparé de Mirebeau avait été trouver le Roi Jean au Mans et lui avait promis sur sa foi d'homme lige que s'il suivait ses conseils, il lui ferait prendre Artur son neveu et tous les Poitevins qui étaient avec lui.
Mais parlant en son nom et au nom d'un certain nombre de ses pairs et de ses vassaux il lui demandait de jurer qu'il ne ferait mettre personne à mort, laisserait ses adversaires en liberté, rendrait à son neveu tout ce qu'il lui avait enlevé sans droit, et ne ferait passer la Loire à Artur ni à aucun de ses partisans jusqu'à ce qu'un accord fût entièrement conclu entre les deux parties.
Joyeux de l'intervention décisive d'un vassal tel que Guillaume, le Roi lui promit tout ce qu'il voulut, fit les serments les plus solennels, lui confia la direction de son armée qui partie du Mans le 30 juillet arrivait à Mirebeau le jour de la Saint-Pierre- ès-Liens, 1er août, au point du jour, franchissant en moins de quarante-huit heures les trente lieues à vol d'oiseau qui séparent Le Mans de Mirebeau, et battait et faisait prisonnière toute l'armée d'Artur avec le jeune prince; un des historiens de ces faits ajoute même que Guillaume entra le premier dans Mirebeau (50).
Victorieux, Jean oublia tout. Il envoya en Angleterre la plupart de ses prisonniers et il les fit presque tous périr ; Artur fut emprisonne au château de Falaise (51).
Guillaume réclama l'exécution de la convention. Non seulement Jean refusa ; mais il avait appris à connaître toute la valeur de Guillaume des Roches ; il essayait de s'emparer de sa personne et de celle d'Aimery de Thouars qui purent échapper et se réfugier dans leurs châteaux-forts ; le 17 août il confiait la garde de la Tour d'Angers à Philippe de Remefort qu'il faisait son bailli ; le 18, il ordonnait à Guillaume des Roches qu'il qualifie encore de sénéchal d'Anjou de remettre à Guillaume de l'Etang (de Stagno) les châteaux qu'il tenait, et enfin le 24, en même temps qu'il donnait un sauf-conduit de huit jours à des Bretons pour venir conférer avec lui au sujet d'Artur, il enlevait à des Roches ses fonctions de sénéchal qu'il divisait, et donnait à Girard d'Athies la sénéchaussée de Touraine et à son chambellan Brice ou Briscius celle d'Anjou (52).
Il peut paraître extraordinaire que Guillaume des Roches qui devait connaître la méchanceté et la fourberie de Jean (53) se soit fié uniquement à sa parole et n'ait pas exigé de lui quelque garantie.
En agissant comme il le fit on peut presque dire qu'il tendait un piège à la passion et à la méfiance de Jean ; car s'il faussait son, serment, soit en ne rendant rien à Artur de ce qu'il avait pris; soit surtout en le gardant prisonnier et en le conduisant en Normandie, il autorisait l'insurrection de tous les vassaux de l'Anjou, du Maine et du Poitou.
Si au contraire il exécutait la convention, Artur en liberté, entouré d'un conseil dans lequel Guillaume des Roches allait prendre la place principale (54), entouré de ses partisans surtout des Bretons qui paraissent avoir eu pour lui une affection véritable, devenait un danger permanent pour le Roi d'Angleterre.
Guillaume avait proposé de bonnes sûretés pour qu'Artur le servît loyalement ; il devait donner comme otages un nombre suffisant d'homme de sa terre, et à cette condition on devait le laisser en liberté.
Jean trouva que la meilleure de toutes les sûretés était de garder Artur prisonnier.
Voyant ce manque de parole, voyant les tentatives faites sur lui et sur Aimery de Thouars, le sort subi déjà par plusieurs des prisonniers de Mirebeau, il se jeta dans le parti du Roi de France qui comprit sans doute dès le premier instant de quel puissant secours une pareille adhésion pouvait être pour ses projets : peut-être aussi était-ce le seul moyen de sauver la vie du jeune prince que Guillaume avait toujours regardé comme son suzerain immédiat.
Philippe faisait le siège d'Arques au moment où s'accomplissaient les événements de Mirebeau.
En les apprenant il lève le siège et se dirige vers Tours.
Cette ville et Châteauneuf, réuni depuis à Tours mais qui alors était un bourg séparé ayant ses fortifications indépendantes, furent à plusieurs reprises ravagées, prises et reprises par les forces du Roi de France et du Roi d'Angleterre.
Au moment de la Toussaints 1202 Tours était occupé par les forces de Jean, et Châteauneuf par Sulpice d'Amboise qui s'était déclaré pour le Roi de France, et qui contenait la garnison de Tours contre laquelle il guerroyait sans cesse.
Guillaume des Roches n'était pas resté longtemps dans ses places fortes (55) il avait dû rejoindre de bonne heure Philippe-Auguste (56), car au mois de mars il assistait à l'hommage fait par Maurice de Craon à Philippe-Auguste pour tout le temps qu'Artur resterait en prison ; il prenait envers le Roi de France les mêmes engagements.
Sa défection avait entraîné celles de Maurice de Craon, de Bernard de La Ferté, de Rotrou de Montfort, du sire de Montoire, du comte de Vendôme, de Robert de Perrenai, de Guillaume de Mauléon, de Geofroi de Lusignan (57) qui font hommage dans les mêmes termes au Roi de France, très probablement après avoir vu que Jean, loin d'exécuter les conventions prises au sujet d'Artur, le retirait de Falaise pour le renfermer dans la tour de Rouen qui lui paraissait plus sûre (58).
Parmi les barons qui au mois de mars 1203 font hommage à Philippe-Auguste, il faut remarquer le comte de Vendôme et un de ses plus importants vassaux le seigneur de Montoire qui relevaient de l'Anjou; et leurs proches voisins Bernard de La Ferté et Rotrou de Montfort qui relevaient du Maine; en outre, Guillaume des Roches avait sur Château-du-Loir certaines prétentions au sujet desquelles il fit plus tard un arrangement avec le Roi de France : il est probable que l'armée dont il était le chef se réunissait sur les confins du Maine, du Vendomois et du Perche, c'est-à-dire dans un pays couvert par les terres du Roi de France de toute attaque pouvant venir de la Normandie.
De son côté Philippe avait réuni sur les bords de la Loire, dans un endroit qui n'est pas désigné, un autre corps d'armée dont il avait conservé la direction.
Guillaume s'empara de Beaufort sans résistance le lundi de Pasques 7 avril 1203.
Quinze jours après Philippe descendant la Loire en bateaux s'empara de Saumur.
Il est probable que les deux armées firent leur jonction ; mais Philippe avec la plus grande partie de la sienne reprit le chemin de la Normandie où le siège de Château-Gaillard, cette clef de la Normandie, demandait tous ses soins.
Le surplus des forces qui se composaient de Poitevins, d'Angevins et de Bretons sous le commandement de des Roches mettait à la fin du mois d'avril 1203 le siège devant Châteauneuf-sur-Sarthe, poste qui commande le cours de la Sarthe et qui avait pour lui le grand avantage de se trouver à peu près au centre de ses domaines, Sablé situé sur la Sarthe à environ cinq lieues au nord, Précigny voisin de Sablé, Briolay également sur la Sarthe à environ quatre lieues au midi.
Les habitants de Châteauneuf, nobles et bourgeois commencèrent par se défendre vigoureusement, mais voyant que les secours qu'ils avaient demandés au Roi Jean n'arrivaient pas ils capitulèrent et Willelmus senescallus ex indignatione turrim et muros solo tenus prostravit.
Il ne devait pas tenir à avoir presque au milieu de ses possessions des partisans aussi résolus du Roi d'Angleterre.
En se retirant, Philippe-Auguste avait sans doute donné des ordres à Cadoc, chef important de routiers, pour rejoindre Guillaume. Il est probable que cette jonction fut à peu près contemporaine de la reddition de Châteauneuf-sur-Sarthe, et que c'est avec l'aide de ces renforts qu'il put se diriger sur Le Mans qui se rendit sans défense le 19 avril.
Les villes et châteaux de l'Anjou et du Maine tombèrent rapidement en son pouvoir, et cette conquête prenait de tels caractères de rapidité et de sécurité pour les Français, que le 5 mai 1203 le Roi Jean donna en dot à la Reine Isabelle Falaise, Domfront, Bonneville-sur-Touque et tout ce que la Reine Aliénor avait eu en dot ajoutant que si les événements de la guerre lui faisaient perdre ces villes, elle serait, récompensée en Angleterre de biens qui lui représenteraient le même revenu.
Angers seul restait aux mains de Jean.
Mais peu de jours avant la Toussaints 1203 l'armée de Guillaume des Roches et de Cadoc aidée par un soulèvement des habitants arracha Angers à la domination du Roi d'Angleterre (59).
Ces événements pouvaient faire espérer la fin de cette période sanglante qui arrache au continuateur de la chronique de Saint-Aubin quelques paroles émues dans lesquelles il nous représente la misère s'aggravant de jour en jour dans les régions du Maine, de l'Anjou, du Poitou et de la Bretagne, les villes, les châteaux, les bourgs pillés et incendiés sans que l'âge ou le sexe fussent épargnés, le Roi Jean fuyant devant l'insurrection soulevée de tous les côtés contre lui, et se retirant en Angleterre au moment de l'Avent pour revenir avec de nouvelles forces qui lui seraient entièrement dévouées.
C'est à ce moment que se place le plus lamentable événement de ces guerres odieuses.
En partant, Jean voulut se débarrasser de celui dont l'existence avait suffi du fond de sa prison pour susciter une insurrection formidable devant laquelle il était contraint de fuir; Artur paya de sa vie les succès obtenus par ses partisans.
C'est à peu près à la fin de septembre ou dans le courant d'octobre 1203 que se place cet assassinat que quelques historiens accusent Jean d'avoir commis de ses propres mains, mais dont tous sont unanimes à le considérer comme le véritable auteur en donnant l'ordre de mettre à mort ce malheureux enfant c'est à peine s'il avait 17 ans.
La mort d'Artur donna-t-elle lieu comme on te croit généralement à une poursuite devant la cour du Roi de France contre Jean, comme coupable de la mort de son neveu? Cette procédure a-t-elle été suivie d'une sentence de cette cour prononçant la condamnation à mort de Jean et la confiscation de ses fiefs relevant du Roi de France? Ces questions étrangères à la biographie de Guillaume des Roches paraissent devoir être résolues par la négative.
Jean avait été cité devant la cour du Roi de France longtemps avant la mort d'Artur pour défaut d'hommage, et une sentence de confiscation avait été prononcée pour ce motif. S'il avait eu besoin d'un titre judiciaire, c'est dans cette procédure que Philippe l'aurait trouvé.
Au moment où nous sommes arrivés, c'est la conscience publique qui avait condamné le Roi d'Angleterre (60).
A ce moment le Roi Jean semble avoir été frappé de stupeur. L'historien Mathieu Paris, ou plutôt Richard de Wendover qu'il a presque entièrement copié dans ses grandes chroniques d'Angleterre, nous le montre à partir de Noël 1202 (1203 suivant le calendrier anglais) comme se livrant complètement à la débauche.
A partir de Pasques 1203 les progrès du Roi de France deviennent de plus en plus considérables, et aux nouvelles qui lui arrivaient de la perte de ses forteresses il n'avait pour ses seigneurs d'autre réponse que « laissez-le faire, tout ce qu'il m'enlève témérairement je !e recouvrerai en un seul jour » (61).
Sans attendre la permission qu'ils avaient demandée, et qui d'ailleurs ne leur fut pas refusée, les seigneurs d'Angleterre retournèrent dans leurs terres.
La défection des autres continuait ouvertement ou était à peine dissimulée (62).
Le Roi Jean restait seul en Normandie avec peu de chevaliers et s'y maintenait encore pendant la plus grande partie de l'année 1203 mais le bruit de la mort d'Artur finit par se répandre et la réprobation universelle, la haine de ses sujets achevèrent ce que la politique et les armes de Philippe-Auguste avaient commencé (63).
Jean se retirait en Angleterre et débarquait à Portsmouth le 7 décembre 1203.
La capitulation de Chàteau-Gaillard après un long siège le 6 mars 1204 achevait la conquête de la Normandie.
Les seigneurs de ce pays restés fidèles au Roi Jean renouvelaient leurs doléances, et lui faisaient observer que les trêves conclues antérieurement pour un an étaient sur le point d'expirer, et qu'il leur faudrait livrer leurs cités et châteaux au Roi de France.
Jean leur fait répondre qu'ils n'ont aucun secours à attendre de lui et que chacun devait prendre son parti comme il aviserait,sibi quilibet consuleret ut melius videbatur (64).
La reprise d'Angers en octobre 1203 avait achevé la soumission de l'Anjou.
La conquête définitive de la Normandie laissait au Roi de France la libre disposition de ses forces mais il faisait marcher les négociations utiles en même temps que les opérations militaires, et dans les unes et les autres Guillaume des Roches était pour lui un auxiliaire et un lieutenant capable et dévoué.
Si des défections avaient été entièrement spontanées, d'autres devaient être aidées et consolidées.
Guillaume des Roches fut employé au moins dans une de ces négociations qui avaient pour objet de rattacher au Roi de France la fidélité mobile d'un de ces seigneurs de l'Ouest auxquels les chroniqueurs reprochent leur inconstance, fides Pictavina dit l'un d'eux (65).
Geofroi Martel ou Marteau, seigneur de la Saintonge ou de l'Angoumois avait fait serment au Roi de France à la suite de l'occupation de ce pays. Mais outre son serment il avait promis de lui attirer tous les barons du pays qu'il pourrait. Il donna pour gage de sa promesse toutes les terres qu'il possédait en Anjou (66).
Guillaume des Roches accepta d'être sa caution il devait veiller à ce que Geofroi tînt fidèlement sa promesse et servît le Roi de France de tout son pouvoir. Si le sénéchal en rendait bon témoignage, et si son avis était favorable à Geofroi, le Roi promettait de lui faire des avantages sur les possessions de Saintonge communes entre eux, et de lui faire d'autres avantages sur les fiefs d'Angoumois (67).
C'est ainsi que le Roi Philippe préparait avec l'aide de Guillaume des Roches son expédition sur Poitiers.
Ils entraient en Guyenne le 10 août 1204 (68).
C'est dans le cours de cette expédition que furent réglés plusieurs points importants.
Jusqu'à cette époque en effet aucun acte du souverain n'avait statué sur les droits et obligations du sénéchal, tout était réglé par la tradition.
Après les services rendus par Guillaume et en prévision de ceux qu'il pouvait être appelé à rendre dans un avenir peu éloigné, il devenait nécessaire de statuer sur l'étendue de ses engagements avec le Roi de France.
Le Roi lui donnait Château-du-Loir (69) et ses dépendances par un autre acte daté de Bourges, il lui faisait abandon du droit qu'il prétendait avoir sur Châteauneuf-sur-Sarthe (70) des Roches lui devait faire hommage lige de Château-du-Loir, et en ce qui concerne Châteauneuf, il lui faisait hommage lige tant de la partie que le Roi lui donnait que de celle sur laquelle il prétendait avoir des droits antérieurs.
Enfin par un acte daté de Poitiers au mois d'août, des Roches faisait l'énumération des droits qu'il pouvait prétendre en vertu de sa charge de sénéchal d'Anjou, du Maine, et de Touraine.
Le Roi rendait une ordonnance conforme, et par une autre déclaration datée de Sens au mois de septembre suivant il étendait encore les droits du sénéchal en lui reconnaissant celui d'établir des baillis dans toute l'étendue de sa sénéchaussée (71).
Ce sont tous les pouvoirs du comte qui lui ont été donnés, dit Guillaume le Breton (Philipp. VIII, 280), il ne lui manquait que d'en prendre le titre.
Après avoir reçu les hommages des seigneurs du Poitou, le Roi revint sur ses pas, et au commencement de l'automne de 1204 mit le siège devant Loches et Chinon.
La prise presque immédiate du Château-Rousset l'une des principales défenses de Chinon n'avait pas fait tomber cette place.
Philippe vint passer l'hiver à Paris laissant à Guillaume des Roches la direction des opérations du siège de Chinon.
Après Pasques 1205 il revient sur le théâtre de la guerre, s'empare de Loches puis vient renforcer Guillaume devant Chinon qui tombe en leur pouvoir la veille ou le jour de la Saint-Jean 1205 après un siège de près d'une année (72).
La prise de ces deux places fortes délivrait l'Anjou et la Touraine, mais le Roi Jean restait toujours maître de La Rochelle.
Il y débarqua le 9 juillet 1206 (73) avec des forces importantes le vicomte de Thouars, Savari de Mauléon, et d'autres seigneurs Poitevins se déclarèrent pour lui (74) ; il se dirige vers l'Anjou, occupe Clisson le 30 août, traverse la Loire sans résistance en présence de Guillaume des Roches à un endroit que la chronique de Saint-Aubin (p. 51 appelle portus Loripedis), s'empare d'Angers le mercredi 6 septembre, et peu de jours après de la forteresse que des Roches avait construite cette même année au Pont de Sée.
Il s'avance jusqu'au Lude (75), mais l'approche des forces du Roi de France le fait battre en retraite, il se retire sur les terres du vicomte de Thouars, et dans les premiers jours d'octobre s'enferme dans la ville de Thouars sans oser en sortir pendant que l'armée du Roi de France en ravage les environs.
Des pourparlers s'engagent entre les deux souverains Jean feint de vouloir une entrevue avec Philippe-Auguste, mais pendant qu'il l'amuse par ses négociations, il parvient à battre en retraite, et rentre à La Rochelle le 20 octobre le 26 est conclue une trêve pour deux ans, aux termes de laquelle le Roi d'Angleterre renonçait à toutes terres en Normandie, Maine, Bretagne, Touraine, Anjou au-delà de la Loire du côté d'Angers; il conservait toujours ses prétentions à la rive gauche.
Guillaume des Roches accompagnait le Roi Philippe dans cette expédition, il est un de ceux qui sur la demande du Roi Jean jurèrent l'observation de la trêve, avec Maurice de Craon et plusieurs autres seigneurs (76).
A la fin de novembre 1206 Jean était de retour en Angleterre ; de son côté le Roi Philippe, de retour à Paris achevait au mois de janvier 1207 le règlement de la question de la sénéchaussée d'Anjou avec Guillaume (77).
Il fallait ensuite réduire le vicomte de Thouars qui tenait toujours pour le Roi Jean.
L'armée du Roi de France entre sur ses terres sous la conduite de Henri Clément maréchal de France et de Guillaume des Roches.
Cette première expédition a pour résultat la prise de Parthenay le ravage des terres du vicomte et la prise de plusieurs châteaux dont les uns sont détruits, et les autres confiés à la garde du maréchal et de Guillaume.
L'année suivante (1208) le vicomte de Thouars aidé par Savari de Mauléon fait une expédition sur les terres du Roi de France qu'il ravage ; mais une armée de trois cents chevaliers commandée par Henri Clément, Guillaume des Roches et le vicomte de Melun attaque à l'improviste le vicomte de Thouars et Savari de Mauléon, et leur font subir une défaite complète dans laquelle quarante chevaliers poitevins sont faits prisonniers (78) ; une trêve est conclue à la suite de cette défaite.
La vie de Guillaume des Roches s'est écoulée jusqu'à présent presque entièrement dans les armées et dans les négociations; c'est à peine si dans le courant des années 1203 et 1204 on trouve trois ou quatre actes de ses fonctions.
Bien que la date en soit vague, il est toujours certain qu'ils sont antérieurs à Pasques 1204 (25 avril), et que lui et le Roi Philippe avaient tenu pour non avenue sa révocation par le Roi Jean.
A partir de la défaite des derniers partisans du Roi d'Angleterre, Guillaume paraît abandonner pour quelque temps ses fonctions de général d'armée, de guerrier habile et heureux, de défenseur glorieux et utile des nouvelles acquisitions du Roi de France, pour reprendre celles non moins utiles et efficaces de sénéchal d'Anjou et du Maine, et travailler par son administration à consolider les résultats heureux de la guerre.
Pendant les expéditions contre le vicomte de Thouars et jusqu'à la première croisade contre les Albigeois, neuf actes émanés de lui, chiure notable si l'on réfléchit au petit nombre d'actes privés de cette période qui nous sont parvenus, nous le montrent faisant des donations à des abbayes, prononçant des sentences ou donnant le sceau à des accords en justice, et enfin te 4 octobre 1209 fondant l'abbaye du Perray-Neuf, ou plutôt transportant à ce lieu et dotant de biens importants l'abbaye de Bois-Renou fondée en 1189 par Robert de Sablé (79).
Au fond de l'âme c'était toujours un guerrier; Il ne peut rester sourd à l'appel fait pour aller combattre par les armes l'hérésie Albigeoise dans le midi de la France. L'historien de la première croisade Pierre moine des Vaux-de-Cernay le compte parmi les barons et puissants seigneurs qui se rendirent à Lyon en 1209 (80). On n'en sait pas davantage sur la part qu'il peut avoir prise à cette expédition.
Bien qu'en apparence l'Anjou et le Maine fussent pacifiés, il y restait cependant des ferments de révolte qui ne demandaient qu'une occasion favorable pour éclater.
Ce n'était pas trop d'avoir pour gouverner le pays un homme comme Guillaume des Roches, strenuo viro et integrae fidei (81), sur lequel on pouvait compter.
Guillaume le Breton dit qu'excepté lui, Juhel de Mayenne, le vicomte de Sainte-Suzanne et quelques autres en petit nombre, la plupart des seigneurs de ces pays comptaient sur les événements qui se préparaient dans le nord de la France pour faire défection (82).
Dans de telles circonstances il fallait au Roi de France un coopérateur dévoué de sa politique qui aurait la main assez ferme pour ne pas hésiter devant les obligations que sa situation lui créait.
Le Roi ne se trouvait pas suffisamment garanti par les serments de fidélité lige que lui avaient prêtés les seigneurs du pays.
La facilité avec laquelle ceux du Poitou étaient venus à lui et l'avaient ensuite abandonné lui avait démontré que ce serment devait être accompagné d'une autre garantie plus efficace.
Le vicomte de Beaumont en juillet 1210 (83): et en février 1212 Amaury de Craon lui-même (84) qui par son château de Chantocé tenait une des clefs de l'Anjou furent obligés d'assurer la garantie de leur serment de féauté par celle d'un engagement pécuniaire de trois mille marcs d'argent chacun s'ils venaient à y manquer.
Cela ne suffisait pas, il fallait garantir le payement pour le cas où la condition prévue se serait révisée, ces engagements furent garantis par d'autres seigneurs du pays.
Guillaume des Roches tout le premier cautionnait le vicomte de Beaumont pour 500 marcs et Amaury de Craon pour mille livres. D'autres cautionnements étaient donnés par le comte de Vendôme, Juhel de Mayenne, Rotrou de Montfort, Guillaume de Sillé, le comte d'Alençon, Gervais de Preuilly et beaucoup d'autres ils étaient intéressés au maintien de la fidélité de ceux qu'ils garantissaient, le Roi les maintenait ainsi les uns par les autres.
La défense du pays contre les incursions possibles des Anglais ou de leurs adhérents était toujours une des principales préoccupations de des Roches.
La forteresse de Rochefort, sur la rive gauche de la Loire au-dessous d'Angers, appartenant à Payen de Rochefort, chevalier d'une bravoure incontestée, mais qui infestait les environs par ses brigandages continuels par terre et par eau, pillait les laboureurs et les marchands, et rendait très difficiles les communications d'Angers avec Nantes.
Pour les assurer et pour tenir Payen de Rochefort en respect, Guillaume avait fait construire en face sur la rive droite de la Loire le château de la Roche-au-Moine dans une position très forte, ou au moins augmenter des travaux de fortifications déjà existants (85).
Un pays frontière et qui venait de changer de souverain, où le parti vaincu conservait nécessairement des représentants, ne pouvait être administré sans qu'il y eût des froissements nombreux dans lesquels se retrouve la rudesse des mœurs de l'époque.
La chronique de Tours (86) reproche à Guillaume des Roches ses violences qu'elle met au nombre des causes qui avaient appauvri et rendu presque déserte la ville d'Angers.
Il avait dû prendre des mesures énergiques à l'égard de plusieurs seigneurs. Il avait pu enlever à Payen de Rochefort son château de Rochefort tant à cause de ses brigandages qu'à cause de sa fidélité plus que douteuse et il avait donné Rochefort à Barthelerny de l'Isle (87).
Philippe de Remefort lui parut aussi devoir être l'objet d'une mesure semblable il lui enleva toute la terre (féodale sans doute) qui lui était échue de son oncle Rainaud de Voo, tant dans Angers que hors d'Angers, et il la donna à Rainaud d'Angers (88).
C'est dans cette période de temps que, entre autres actes importants, il faut placer une déclaration de Guillaume, à la suite de laquelle est rendue une ordonnance du Roi de France de novembre 1211, qui décide que les hommes de la Couture ne peuvent être appelés à l'ost et chevauchée que sur la semonse de leur abbé (89);
une enquête sur les droits litigieux entre le seigneur d'Oustillé, et le chapitre du Mans, à la suite de cette enquête Philippe-Auguste rend une ordonnance en 1213 qui règle ces droits (90) et en juin 1214, Guillaume est chargé par le Roi avec Gui d'Athies de s'informer auprès de l'évêque élu du Mans et un ou deux chanoines qui devront prêter serment verbo veritatis, si ses prédécesseurs ont prêté serment aux Rois Henri, Richard et Jean.
A la suite de cette enquête des lettres des deux enquêteurs agissant en vertu du mandement du Roi de France font à l'évêque la délivrance de ses régales, c'est-à-dire des biens de l'évêché soumis à la régale du Roi en cas de vacance de l'évêché (91).
Mais à ce moment l'Anjou était de nouveau menacé, le Roi d'Angleterre était débarqué à La Rochelle au mois de février 1214.
Après avoir employé son temps jusque vers la fin de mai à assurer sa domination dans la partie méridionale du Poitou et les pays voisins, notamment l'Angoumois et le nord de la Gascogne, il se dispose à faire de nouveau valoir par les armes ses droits sur l'Anjou.
Le 20 mai il est à Parthenay, le 11 juin à Ancenis, le 12 à Rochefort-sur-Loire et à Saint-Florent ; il remonte ensuite jusqu'à Blaison en suivant la rive gauche de la Loire, et passant sur la rive droite il revient sur Angers qui n'était pas fortifié (92), et où il avait conservé sans doute un grand nombre de partisans secrets; il y entre le 16 ou le 17 juin et après avoir commandé des travaux de fortification, va mettre le siège devant la forteresse de la Roche-au-Moine que les travaux dûs à la prévoyance de Guillaume des Roches avaient mise en état de soutenir un siège contre les forces considérables que le Roi Jean amenait avec lui, forces que Guillaume le Breton porte à environ 30,000 hommes, chiffre probablement exagéré.
Le Roi de France s'était porté d'abord jusqu'aux confins du Poitou à la rencontre du Roi Jean mais obligé par l'invasion du nord de la France à faire face à l'armée allemande et flamande, il avait laissé son fils Louis avec 800 chevaliers pour défendre l'ouest de la France contre l'attaque du Roi d'Angleterre qui prenait des proportions inquiétantes.
Outre ces 800 chevaliers, il avait pu réunir 7000 hommes de pied et 2000 chevaux avec lesquels il arrivait ayant Chinon ou ses environs comme point de de départ, en même temps que Guillaume des Roches et Amaury de Craon arrivaient avec 4000 hommes du côté du nord où se trouvaient leurs domaines héréditaires, probablement en descendant la vallée de la Sarthe (93).
Jean n'osa pas les attendre: le 2 juillet il levait précipitamment le siège, abandonnant ses tentes et tout son matériel, et le 9 il était à La Rochelle d'où il écrivait à ses sujets d'Angleterre que grâce à Dieu ses affaires étaient prospères et réussissaient au gré de ses désirs, prospéra sunt et jocunda, il les remerciait de l'aide qu'ils lui avaient donnée, et demandait à ceux qui ne l'avaient pas suivi au moment de son départ de venir le rejoindre sans retard (94).
L'Anjou était délivré une fois de plus, grâce à la prévoyance de des Roches et au secours qu'il avait amené au moment opportun.
Peu de jours après cette délivrance était confirmée par la victoire de Bouvines (26 juillet) qui rompait la coalition du nord, en même temps qu'elle raffermissait les fidélités chancelantes de l'Anjou et du Maine (95) ; et au mois de septembre une trêve était conclue à Parthenay d'abord jusqu'à Pasques 1215, et ensuite pour cinq ans à partir de ce jour (96).
En récompense de ses services, le Roi Philippe-Auguste donnait à Guillaume des Roches la terre et les revenus de Longue tels que les avait eus Baudouin des Roches (97)..
D'un autre côté, le traité de Parthenay mettait le sénéchal d'Anjou sur le même pied que le comte de Bretagne.
Les hommes du comté d'Anjou qui avaient fait la guerre avec le Roi Jean contre le Roi de France, s'ils voulaient rentrer en Anjou devaient donner des sûretés au sénéchal, de même que ceux originaires de Bretagne qui se trouvaient dans la même situation devaient donner des sûretés au comte de Bretagne.
Cette similitude de position ne résulte pas seulement des termes de ce traité, elle résulte des faits postérieurs : le sénéchal d'Anjou siégeait dans la cour des pairs du Roi de France, et sa présence y est constatée deux fois dans des circonstances où il s'agissait de débats importants.
La première fois, la cour du Roi de France est réunie à Melun au mois de juillet 1216, pour statuer sur l'hommage du comté de Champagne que voulaient faire Erard de Brienne et Philippine sa femme la comtesse Blanche s'y était opposée, et la cour des pairs avait reconnu son droit (98).
La seconde fois en mars 1221 (n. s.) Il y siège à Paris avec l'archevêque de Reims, Louis fils aîné du Roi de France, le comte de Bretagne, etc., pour un procès pendant entre le Roi et l'évêque de Paris au sujet du clos Bruneau. L'évêque après beaucoup d'artifices de procédure finit par dire que cette affaire ne regardait que la cour ecclésiastique et qu'il ne répondrait plus au Roi. …. Quod placitum illud pertinebat ad christianitatem, et quod inde amplius non responderet (99)
Au mois de novembre 1216, Raoul vicomte de Sainte Suzanne, sur le point de partir pour la Terre-Sainte donna son fils aîné à la garde du Roi de France et de Guillaume des Roches. Le vicomte promet qu'il fera jurer que les forteresses de la vicomté de Beaumont ne devront être rendues qu'au Roi de France ou en vertu de ses ordres, et pour mieux garantir l'exécution de ces promesses, Guillaume s'engage envers le Roi, si le fils du vicomte de Beaumont manque à sa parole, à payer 1000 marcs d'argent et à se rendre auprès de lui à Paris pour y tenir hostage dans les quarante jours qu'il en aura été semons (100).
Les années qui s'écoulent jusqu'à la seconde croisade contre les Albigeois sont des années de tranquillité dans lesquelles rien ne paraît le distraire de, ses fonctions de sénéchal : sentences, enquête sur l'étendue des droits du Roi comme comte du Maine à l'encontre de ceux de l'évêque, déclarations sur des points de droit, donations et autres actes.
Ann. 1218. — Vidimus du roi Philippe-Auguste, de certaines lettres de son féal Guillaume des Roches, sénéchal d'Anjou, par lesquelles étant sur le point de partir contre les Albigeois avec Louis, fils aîné du roi, et les autres croisés, il reconnaît et confirme à Marguerite de Sablé, sa femme, le douaire qu'il lui avait donné en l'épousant, savoir :
Château-du-Loir, Maillé, et généralement tous ses acquêts, excepté la sénéchaussée qui, après sa mort, appartiendra à Amauri de Craon, son gendre. Le roi autorisa les lettres de Guillaume des Roches. Anno Domini M CC° XVIII , mense martio. (Cartul. de Philippe-Auguste).
Au moment de cette seconde croisade, le guerrier reparaît, il se décide à prendre la croix dès le mois de mars 1219 (n. s.), et fait in procinctu son testament, le partage de ses biens entre ses filles, et le règlement du douaire de sa femme (101). Mais il ne partit que beaucoup plus tard.
L'expédition commandée par le fils du Roi ne partit qu'au moment de l'Ascension qui tombait le 17 mai 1219; le lundi Guillaume était encore à Tours avec son gendre, sa femme et ses deux filles, et il y faisait à l'abbaye de Bontieu donation de toutes ses terres de Boutigny lieu où est située cette abbaye (102). L'expédition arriva devant Marmande dont le siège avait été commencé par Amaury fils de Simon de Montfort.
Guillaume le Breton (chron. § 233) ne parle pas de des Roches, mais fauteur de la Chanson de la croisade nous montre le sénéchal redouté comme un de ses principaux chefs avec l’'évêque de Saintes (103).
Il fut probablement présent à la prise de Marmande, et le fut certainement au conseil tenu pour statuer sur le sort des défenseurs de cette ville. Son avis prévalut pour épargner un des chefs faits prisonniers pour l'échanger contre d'autres seigneurs faits prisonniers par les Albigeois mais l'historien de la croisade ne dit pas quel fut son avis dans ce même conseil par les ordres duquel cinq mille hommes et femmes de tout âge furent froidement massacrés et la ville réduite en cendres (104).
L'expédition ne dura pas beaucoup plus longtemps, et on peut supposer sans invraisemblance que Guillaume des Roches était de retour dans ses domaines lorsque le 3 mars 1220 la trêve de Parthenay fut prolongée pour quatre ans à partir du jour de Pasques de cette année (29 mars).
Ce nouveau traité comme le premier soumettait au consentement du sénéchal d'Anjou la rentrée de certaines personnes dans le comté d'Anjou, mais il y ajoutait celui du Roi de France.
Aimery vicomte de Thouars garantit cette trêve par engagement pris à Melun au mois d'avril 1220 (105) en cas d'infraction à la trêve, il se soumettait au payement d'une amende qui serait arbitrée par Guillaume des Roches et Thierry de Gallardon …. Per dominum Guillelmum de Rupe senescallum Andegaviae et Terricum de Galardon ballivum Turoniae emendabitur.
Cette trêve d'ailleurs donnait lieu comme tous engagements qu'on peut ne pas croire définitifs à bien des difficultés.
Les successeurs de Payen de Rochefort qui avait été blessé à mort à la Roche-au-Moine étaient restés en possession du château de Rochefort-sur-Loire, et continuaient sans doute à se montrer ardents partisans du Roi d'Angleterre. Ils étaient tenus en respect par la garnison de la Roche-au-Moine qui devait avoir de temps en temps à réprimer quelques déprédations.
Ils portèrent leurs réclamations jusqu'au Saint-Siège en se présentant comme des victimes des violences de Guillaume des Roches, qui avait suivant eux fait construire un château en contravention formelle aux trêves conclues entre le Roi de France et le Roi d'Angleterre.
Ils eurent l'art de présenter les choses de telle manière qu'au mois de décembre 1220 le pape Honorius III écrivit à l'abbé de Saint-Léger et au prieur du Vieux Parthenay pour les inviter à enjoindre à Guillaume des Roches, sous peine des censures ecclésiastiques, de détruire le château qu'il avait construit au préjudice du Roi (d'Angleterre), et d'avoir à s'abstenir de toutes vexations contre les hommes du château de Rochefort (106).
Il est probable que la véritable situation des parties en présence fut expliquée au Saint-Père et qu'il n'insista pas sur l'exécution de ses ordres quoi qu'il en soit, je n'ai pas trouvé la suite qui a pu être donnée à cette affaire.
C'est la dernière mention que je trouve concernant Guillaume des Roches.
Cette vie si remplie, et on peut le dire si glorieuse; s'acheva paisiblement et le bon chevalier (107), le sénéchal redouté (108), le vir armis strenuus (109), bellis probatus (110), dans lequel les contemporains avaient vu surtout un grand guerrier- mais que nous pouvons aussi regarder comme un grand administrateur, et dans les limites du pays qu'il gouvernait comme un des fondateurs de l'unité Française, mourut au mois de juin ou juillet 1222, et fut enterré dans l'abbaye de Bonlieu qu'il avait reconstruite et fondée de nouveau auprès de Château-du-Loir.
Coutumes et institutions de l'Anjou et du Maine antérieures au XVIe siècle : textes et documents, avec notes et dissertations. par M. C.-J. Beautemps-Beaupré,...
Liste des Sénéchaux d’Anjou et du Maine <==
(1) La biographie de Guillaume des Roches jusqu'à l'année 1204 a été l'objet d'un travail des plus considérables de M. Gaston Dubois publié dans la .Bibliothéque de l’école des chartes en trois parties la première, volume de 1869, pages 377 à 424 la seconde, volume de 1871, pages 88 à 145; la troisième, volume de 1873, pages 504 à 541 c'est à ce travail que j'ai emprunté une grande partie des détails qui vont suivre. Mais, pour éviter des citations trop longues, j'en désignerai chacune des parties par un numéro d'ordre suivi du numéro de la page ; ainsi III, 522, signifie que je renvoie à la troisième partie publiée dans le volume de 1873, et ainsi des autres renvois.
(2) Dom Housseau, t. XXV, I, f° 164 v°.
(3) Guillelmus de Rupibus senescallus Andegavensis dat monachis de Persenia pro anima sua et Margueritae uxoris suae sexagnita solidos Turonenses in censibus de Castro Lidi qui juerunt Herberti de Rupibus patris Balsuini de Rupobus patris sui, actum anno 1215… Registre de la chambre des comptes de Paris cité par Dom Housseau, t. XVIII, f° 291. Dans un titre de Marmoutier de 1203 (cité eod ) .quod Balduinus de Rupibus nepos meus dedit abbatiae de Buxeria et monachis medietariam de Prena quod apud Castrum-Ledi habebam, et quicquid hereditatis ex parte matris ibi contingebat.
(4) Sceau de la déclaration d'août 't204, Arch. Nat. J 179., Craon n' 1. Douet d'Arcq, inventaire des sceaux, p. 308. D. Gueranger, Cartulaire de la Couture et de Solesmes, p. 155.
(5) G. Dubois, I, 378 et suiv.
(6) Histoire des ducs de Normandie et des Rois d'Angleterre, Ed. Francisque Michel p. 93.
(7) Roger de Hoveden, Annal. apud Scrip. rer. Anglic. Ed. Savile, p. 729, Dumont, Corps diplomatique, t. I, part. l, p. 380; Rymer, Fœdera etc., t. 1, part. 1, p. 26.
(8) Rymer, Fœdera etc., t. 1, part. I, p. 3t.
(9) Cartul. de Fontevrault, coll. Gaignières, t. I, p. 229 Bibl Nat. Lat. 5480.
(10) J'adopte l'orthographe de la plupart des documents contemporains, et notamment d'une charte originale du 17 avril 1199 scellée, Arch. Nat. J 178, n° 1.
(11) Roger de Hoveden, c. p. 792.
(12) Roger de Hoveden, Ed. Savile, pag. 792 je crois qu'il ne peut y avoir aucun doute sur ces premiers faits, car il ne donne à Jean que le titre de comte de Mortain, c'est seulement après son couronnement qui eut lieu le jour de l'Ascension (27 mai) que Jean prend le titre de Roi d'Angleterre. Le récit de Roger de Hoveden est reproduit par Mathieu Paris, Historia Anglorum, t. Il, p. 78, Ed. Londres 1866 Chronica Majora, t. II, p. 452-454, Ed. Londres 1877.
(13) Cartulaire de Philippe-Auguste, Arch. Nat. JJ 7 et 8, 8 f 75 r° col. 2 etc. G. Dubois, I, 398 et suiv.
(14) Rigord, de Gestis Phil. Aug. § 127 et suiv. Guillaume le Breton, g 101. Chron. Turonense magnum, Ed. Salmon, p. 145.
(15) Confirmation de donations à l'abbaye de Perseigne, Arch. de la Sarthe n° 10; Cartul. de Perseigne, p. 29, coll. Gaignières Bibl. Nat. Lat. 5474. G. Dubois, I, 404.
(16) Roger de Hoveden, p. 795, Ed. Savile; Math. Paris, Historia Angiorum, t. II_, p. 82. Chronica majora, t. II, p. 496.
(17) Rotuli Chartarum. p. 30b. Dès cette époque Jean participait à la coalition contre le Roi de France, coalition qui ne fut dissoute que quatorze ans plus tard par la victoire de Bouvines.
Au moment même de l'entrevue avec le Roi de France, Jean traitait avec le comte de Flandre qui était venu à Rouen et avec plusieurs seigneurs français qui renouvelaient avec lui l'alliance qu'ils avaient contractée avec Richard contre le Roi de France, et ils se donnaient réciproquement des sûretés avant de se retirer chacun chez soi.
En même temps l'empereur Othon, se souvenant qu'il devait en grande partie son élévation au Roi Richard, fit dire à Jean de retarder tout accord amiable avec le Roi de France parce que, avec la volonté de Dieu, il pourrait lui fournir des secours tels qu'il convenait à la dignité impériale d'en donner .succursum sibit talem providebit qualem imperialem decet celsitudinem providere ; Math. Paris, Chronica majora, t. II, p. 456, 458.
(18) Rotuli Chartarum, eod.
(19) Les événements qui suivent et que Roger de Hoveden place au mois d'octobre (l. c. p. 795) se sont passés dans un si court espace de temps qu'il faut pour les comprendre suivre l'itinéraire du Roi Jean donné par M. Duffus Hardy en tête des Rotuli litterum patentium.
Jean était au Mans les 22 et 23 septembre, à Chinon du 23 au 26, revient le 27 au Mans où il se trouve encore le 30 septembre. Le 6 octobre il-est à Saumur, du 8 au 11 il est au Mans qu'il quitte pour la Normandie où il reste jusqu'à la fin du mois.
(20) Il ne peut pas s'agir de Lavardin près Montoire dans le Vendomois qui est à 14 ou 15 lieues du Mans en ligne droite et à la même distance de Ballon, dans la direction de Vendôme, c'est-è-dire dans une direction opposée à celle que devait suivre l'armée de Jean pour venir attaquer Philippe.
Les mouvements d'armées très peu considérables étaient dans ce temps-là beaucoup plus rapides qu'on ne serait disposé à le croire; mais alors comme aujourd'hui ces mouvements étaient déterminés par la géographie des pays où ils avaient lieu.
On trouve dans le dictionnaire d'Expilly a LAVARDIN, marquisat situé près Mézières, élection du Mans. Erige en faveur du maréchal de Lavardin du nom de Beaumanoir à qui il appartenait. La paroisse contient 69 feux ».
(21) Rotuli chartarum. p. 23 b. Confirmation d'une donation à des religieux de l'ordre de Cluny.
(22) Princeps exercitus Arturi, Roger de Hoveden, Ed. Savile, p 795.
(23) Roger de Hoveden, Ed. Savile, c. p. 795. Je pense que c'est ce que Roger de Hoveden a voulu dire en se servant de l'expression propter Arturum.
(24) Donation faite dans le courant d'octobre à l'Hôtel-Dieu Saint-Jean Port, Cartulaire de l'Hôpital Saint-Jean d'Angers, p. 112. Cette donation est postérieure au mariage de Constance avec Guy de Thouars car il y prend le titre de comte de Bretagne. Ce mariage eut donc lieu immédiatement après la fuite du Mans, et on peut alors en fixer approximativement la date du 15 au 20 octobre 1199. La donation est donc de la fin d'octobre.
(25) En novembre 1199, Jean se rend de Normandie en Poitou en passant par Alençon et La Flèche.
En décembre il revient en Normandie en passant par Chinon et par Vire et y passe tout son temps jusqu'à son départ pour l'Angleterre, le 27 février 1200 il était à Portsmouth le 2 mai suivant il était de retour à Valognes.
(26) Roger de Hoveden, p. 792 Math. Paris, Historia Anglorum, t. II, p. 78 Chronica majora. t.II, p. 452-454; G. Dubois II. p. 93, 94.
Mercadier fut assassiné à Bordeaux le 10 avril 1200 cela permet de fixer son attaque et son occupation d'Angers au plus tard au mois de février.
(27) Cela ne résulte pas seulement du témoignage de Roger de Hoveden et de Mathieu Paris ; sa présence au Mans est constatée par la donation de la terre de Surgères à Guillaume Maengo ….Haec carta facta fuit….. VIII die octobris coram ipso Rege et Hugone de Gornaco, et Willelmo de Rupibus, et Gaufrido de Cella, et ex speciali mandato domini Regis sigillata fuit….. Rotuli chartarum…. P.25
(28) 26 décembre 1199 à Caen, deux chartes de concessions à des bourgeois de Leycester, Eod., p. 32.
(29) Acte du lendemain 27 décembre à Caen ; le Roi Jean lui accorde le droit d'avoir à Agon (près Coutances) un marché hebdomadaire et une foire annuelle…. .dilecto et fideli nostro Willelmo de Rupibus senescallo Andegavensi….. Eod., p. 34. Les Anglais faisaient commencer l'année à Noël, la date de ces actes dans les Rotuli chartarum est des 26 et 27 décembre 1200.
(30) A. 30 janvier 1200, à Bures, témoin de la confirmation d'une donation à Guillaume de Fougères (de Fougeriis), .Rotuli chartarum. p. 34.
B. 16 juin 1200, à Chinon, témoin de la donation faite par Jean à Guillaume de Briwerre de maisons et vignes à Angers ayant appartenu à Etienne de Marthay. Eod., p. 71 b. C. 21 juin 1200, à Angers, témoin de la donation à Pierre de Préaux (de Pratellis) des iles de Jersey, Guernesey et Aurigny. Eod., p. 70b et 71 ; Rotuli litterarum clausarum. p. 516.
(31) A. Commencement de février 1200, chargé d'exécuter des instructions qui lui sont transmises au sujet de châteaux forts par Guérin de Glapion sénéchal de Normandie .Rotuli chartarum. p. 59b.
B. 22 février 1200, envoyé en mission avec Geofroi de Celle, sénéchal de Poitou auprès de l'archevêque de Bordeaux, des évêques, abbés, et de ses féaux du Puitou, Eod.
C. Commencement de mars 1200, chargé de faire avoir à Bovin ou Boivin la possession entière, plenariam saisinam d'une maison ayant appartenu à un nommé Joscey et qui lui avait été donnée, Eod. p. 60.
D. 10 juin 1200, à La Flèche, chargé de veiller à l'exécution d'une quittance donnée par le Roi Jean et les juifs du Roi à Château-Gontier d'engagements garantis sur le château et la terre de Château-Gontier le Roi lui donne la qualité de Senescallus noster…. Eod. p. 70.
(32) Rotuli chartarum. p. 72.
(33) Roger de Hoveden, c. p. 802, 814. Math. Paris, Historia Anglorum, t. II, p. 85; Chronica Majora, t. II, p. 462. Rymer, Foedora etc., t. I, part. I, p. 37. Archives Nationales, JJ et 8 7 ff, 30 v°, 31 et 32 r° 8 f° 78 r°.
La date du traité du Goulet paraît bien devoir être fixée au 22 mai, Leop. Delisle, Catal. des Actes de Philippe-Auguste, n° 579, Mandement de Jean à André de Chauvigny de faire hommage au Roi de France pour ses terres de Berry.
(34) Mathieu Paris, Chronica Majora, t. II, p. 462.
(35) A. 18 juin 1200, invitation au chapitre de Saint-Martin de Tours d'envoyer le service qu'il doit, Dom Housseau,t. VI, n° 2133, ex Pancarta alba Sancti-Martini Turonensis.
B. 6 octobre 1200, donation de 25 livres angevines de rente sur les revenus de Saumur à deux demoiselles de la Reine Jeanne, sœur du roi Jean; Arch. Nat. P 329 n° LXVI (ancien classement) copie délivrée sous le grand sceau des contrats de Saumur le 27 mai 1405.
(36) G. Dubois, II, p. 108,109; Cartulaire F de Philippe-Auguste, f° 98 f° col. 2, et f 134, Bibi. Nat. Lat. 9778 Arch. Nat. JJ 7 et 8, 8 f. intercalée entre les ff.. 71 et 72, et f 109 v° col. 2. Rotuli chartarum. p. 74b.
Ce douaire est assigné sur Saintes, Niort, Saumur, La Flèche, Beaufort, Baugé, Château-du-Loir et Troo.
(37) M. G. Dubois (II, 95) met ce voyage a l'année 1200 immédiatement après le traité du Goulet, c'est une erreur. Le témoignage des chroniqueurs est confirmé par l'itinéraire du Roi Jean dressé par M. Duffus Hardy, Introduction des Rotuli litterarum paientium…. V. Chronique des Eglises d'Anjou. p. 51 Chronicon Turonense, Ed. Salmon, p. 146; Rigord, §§132 et 135 Guillaume le Breton, § 107 ; Roger de Hoveden, Annal. pars posterior, Ed. Savile, p. 814 à 819, 822.
(38) V. G. Dubois, II, 98,104,110, 11l, 116 à 134. Je n'entrerai pas dans le détail de ces actes, je me bornerai à indiquer quelques-unes des missions qui lui ont été confiées par le Roi Jean, et qui prouvent quelle situation importante il avait auprès de lui.
A. En septembre 1200, il est chargé avec Guerin de Glapion sénéchal de Normandie de le représenter et d'intervenir auprès du chapitre de Saint-Maurice pour l'élection de l'évêque d'Angers. Il pourra agir seul dans le cas où Guérin de Glapion serait absent ou empêché; Rotuli chartatum. p. 98.
B. Le 4 avril 1201, par lettres datées de Windsor, le Roi Jean le charge avec la Reine Aliénor, le comte d'Angoulême et le sénéchal de Poitou, de donner des sauf-conduits à ceux que la Reine malade à Fontevrault voudrait envoyer auprès du Roi son fils avec le vicomte de Thouars pour une demande qu'elle lui avait faite; Rotuli chartarum….p. 103.
C. Le 14 octobre 1201, il est témoin du serment d'homme lige prêté à Chinon par Juhel de Mayenne. Outre les précautions prises par le Roi Jean, il fait camionner l'exécution du traité intervenu entre lui et son vassal par plusieurs seigneurs importants parmi lesquels Guillaume des Roches (Rymer, Foedora: etc. t. 1, part. I, p. 40. Ménage, Histoire de Sablé, p. 360, preuves).
D. Ce n'étaient pas seulement son intervention et son autorité auxquelles le Roi d'Angleterre avait recours ; il avait aussi recours à son crédit. L'argent était nécessaire pour agir en cour de Rome à propos de l'élection de l'évêque d'Angers; au commencement de janvier 1202, des Roches se portait caution avec le vicomte de Sainte-Suzanne d'un emprunt de 500 marcs d'argent fait à des marchands par le Roi, ad Romanam curiam destinatis ; Rotuli litterarum patentium. p 4b.
E. Par lettres du 17 février 1202 adressées à Robert de Turnham sénéchal de Poitou et de Gascogne, le Roi Jean lui assure le paiement de revenus qu'il percevait à La Rochelle du temps de Geofroi de Celle; Eod., p. 6.
F. Lettres de Jean du 19 février 1202 aux chevaliers, bourgeois et autres tenanciers (tenentibus) de Mirebeau par lesquelles il leur fait connaître qu'il a nommé Payen de Rochefort bailli de la seigneurie de Mirebeau salvis placitis et finibus quae pertinent ad capitatem senescallum nostrum Andegavensem…... (Eod.). Je n'ai rencontré nulle part ailleurs ce titre de chef-sénéchal qui est exact, puisque les magistrats inférieurs de l'Anjou et du Maine portaient aussi le titre de sénéchaux.
(39) Roger de Hoveden (Rec. des Hist. de France, t. XVII, p. 605) prétend que c'est sur le conseil du Roi de France qu'il contracta ce mariage. C'est le seul historien qui rapporte ce fait mais vrai ou non on voit dans la tradition qu'il a conservée combien les adversaires du Roi de France étaient disposés à admettre son intervention patente ou occulte dans les événements qui se passaient dans l'ouest de la France.
(40) Cartulaire F de Philippe Auguste, f 98 r°, col. 2 Bibl. Nat. Lat. 9778. Roluli chartarum. p. 74b
(41) Mathieu Paris, Historia Anglorum, Ed. Londres 1866, t. 11, p.86.
(42) Roger de Hoveden, c. V. pour tout ce qui va suivre : Rigord, §§ 137 et 138; Guillaume le Breton. Chron. §§ 110, 112, 113 Phil. VI, 82 et suiv.; Chroniques de Tours, Ed. Salmon, p. 146; Mathieu Paris. Rec. des Hist. de France, t. X.VM, p. 681 et suiv.; Raoul de Coggeshall, Eod. t. XVIII, p.95; Albéric de Trois-Fontaines, Eod., p. 764.
(43) Coutumes d'Anjou et du Maine, G 4 et 5. H 1 et 2, tome III, p. 6, 77 K 207, M 1 et 2, t. IV, p. 105, 379.
(44) Rotuli litterarum patentium….p.7, Rymer Foedera etc…..t.1, part. I, p.41.
(45) Rigord, § 138 Guill. le Breton, Chron. § 110 Phil. VI, 182 et suiv. Ils sont très positifs sur ce point que le silence de Raoul de Coggeshall ne doit pas suffire pour faire révoquer en doute.
(46) Rotuli litterarum patentium….. p. 8.
(47) Raoul de Coggeshall (Hist. de France, t. XVII, p. 95) est très positif sur le fait d'une sentence de dépossession prononcée par la cour du Roi de France il est le seul historien qui en parle. Mais le fait que la cour du Roi a été saisie est formellement rapporté par Guillaume le Breton dans sa Philippide (VI, 191).
Assignat que diem certum quo tradat utrumque,
Et quo restivat comites, prout restituendos
Curia censuerit…..
Les châteaux de Boutavant et Tilières. Comites. Le comte d'Angoulême et son frère le comte d'Eu; et par la chronique de Rigord (§138). …habito Rex Francorum cum principibus et baronibus consilio, collecto exercitu, Normanniam ingressus……
La cour du Roi n'était que la réunion des principaux seigneurs qui se trouvaient auprès de lui au moment de statuer sur quelque affaire ; c'est ce qu'il ne faut jamais perdre de vue au XIIIe siècle; et à plus forte raison auparavant.
(48) La suite des événements établit que ce traité ne peut pas avoir une date postérieure. Dumont, Corps diplomatique, t. II, p. 284 Arch. Nat. Cartulaire de Philippe-Auguste, JJ 7 et 8, f 63 r°.
(49) Rotuli litterarum patentium. p. 11.
(50) V. G. Dubois, III, 503 à 515. Mathieu Paris, Historia Anglorum, t. H, p 92 et 93; Chronica magna, t. H, p. 477, 478. Raoul de Coggeshall, Rec. des Historiens de France, t. XVIII, p. 96. Guillaume Je Breton, Philippide, VI, 411 à 451. Histoire des ducs de Normandie et des Rois d'Angleterre, p. 94 et suiv., 105. Chronique de Saint-Aubin, Chron. des Egl. d'Anjou, p. 51.
(51) Ii est bien probable qu'il ne se fia à personne, et que l'emprisonnement d'Artur eut lieu sous ses yeux le 7 août il est au Mans, les 8, 9 et 10 à Alençon, les 10 et 11 à Argentan et à Falaise, le 13 il est de retour au Mans.
(52) Chronique de Tours, p. 147. Rotuli litterarum patentium…..p.l7.
(53) Récits d'un ménestrel de Reims, ~244,245. Guillaume le Breton (Phil. VI, 411) n'en fait aucun doute …ille maligni Noverat insidias et perfida corda Johannis.
(54) et ei reddes, mediante tuorum Consilio procerum, quicquid sine jure tulisti. Phil. VI, 417.
La convention est rappelée de la manière la plus claire dans les additions à la chronique de Saint-Aubin (Chron. des Egl. d'Anjou, p. 51) : Rex Johannis ei (à Guillaume des Roches) promiserat se de Arturo liberando suam facere voluntatem ; et quia Rex notuit, guerram movit contra eum.
Il avait promis à Guillaume de mettre Artur en liberté et de s'en rapporter à lui sur les conditions de cette mise en liberté. Le chroniqueur de Saint-Aubin et l'auteur de l'histoire des ducs de Normandie sont d'accord pour dire positivement que le manque de foi du Roi fut la cause de la défection de Guillaume.
(55) Les 7, 8 et 9 septembre 1202. Jean est à La Suze qui faisait partie des domaines de Guillaume des Roches du chef de sa femme ; il y avait même établi des officiers en son nom. Avis donné le 19 avril 1203 aux habitants du Mans qu'il a donné mandement aux constable et sergent de La Suze de réparer les dommages causés à la maison que l'ordre de Grandmont avait à Bersay; Rotuli litterarum patentium. p. 28.
(56) Mandement du Roi Jean daté de Rouen, 17 février 1203 pour un échange de prisonniers, P. clerc de Guillaume des Roches est délivré en échange de Ferrand, un des archers du Roi, pro Ferrando balistario nostro Eod., p. 25. Voir pour tout ce qui va suivre, G. Dubois, III, 521 à 541.
(57) Léop. Delisle, Catal, des actes de Phil.-Auguste, n° 752, pag. 506.
(58) Il est assez vraisemblable que, cette fois encore, Jean ne s'en rapporta qu'à lui seul son itinéraire nous le montre les 30 et 31 janvier et 1er février 1203 à Falaise (venant du Mans), et il arrive le 3 à Rouen, à partir de ce moment, il ne quitte plus la haute Normandie.,
(59) Guill. le Breton, Phil. VIII, 272.
Il y a un peu de confusion dans les récits des Chroniqueurs sur cette date de la prise d'Angers. Il est évident que la date de 1202 assignée à cet évènement par les continuateurs de la Chronique de Saint-Aubin (p. 51) est inexacte. S'il ne s'agissait que de reproduire les observations de M. G. Dubois à ce sujet, je me contenterais d'un simple renvoi mais la date exacte de 1203 me parait fixée par les récits d'autres chroniqueurs. Aubri de Trois-Fontaines (ex Historia Regum, Rec. des Historiens de France, t. XVIII, p. 767, B) et Guillaume le Breton (§ 133 de sa chronique) disent exactement dans les mêmes termes que c'est dans l'automne qui suivit la prise d'Angers que le Roi Philippe prit Poitiers et mit le siège devant Chinon et Loches.
Chinon fut pris le 23 ou le 24 juin 1205 après un siège qui avait duré près d'une année; cet automne qui suit la prise d'Angers est donc l'automne de 1204, ce qui nous reporte à 1203 pour cet événement. Nos anciens chroniqueurs n'auraient, pas plus que nous, fait commencer un automne après la Toussaints.
D'ailleurs Aubri de Trois Fontaines, dans le texte donné par le recueil des Historiens de France donne expressément la date de 1203, et cette date est encore donnée par l'auteur anonyme de la chronique de Laon (Eod., t. XVIII, p. 712, B).
(60) V. sur cette question une brochure de M. Bémont, De la condamnation de Jean-sans-Terre par la Cour des Pairs de France en 1202, extraite de la Revue Historique. Ce travail a obtenu une mention honorable au concours des Antiquités nationales en 1887. Je considère la démonstration de M. Bémont comme complète. Il n'y a eu ni poursuite, ni condamnation pour la mort d'Arthur qui d'ailleurs est restée pendant assez longtemps entourée de mystère.
(61) Mathieu Paris, Historia Anglorum, t. II, p. 96 et suiv. L'Historia Anglorum a été publiée à Londres en 1866; ses Chronica Majora, en 1871.
(62) Quidam Normanni ignaviam Regis Johannis detestantes ab eo penitus recessrunt ; quidam ei ficte ad hoeserunt, Mathieu Paris, Chronica Majora, t. II, p. 482, 483.
(63) Unde multi animos avertentes a Rege semper deiceps ut aussi sunt nigerrimo ipsum odio infatigabiliter sunt persecuti, Mathieu de Paris, Historia Anglorum, t. II, p.96 et suiv. Chronica Majora t.II , p.479, 480…. Odio fuit omnibus, Chroniques des comtes de Poitou et d’Aquitaine, Rec. Des Hist. De France, T. XVIII, p. 243 C.
(64) Mathieu Paris, Chronica Majora, t. II, p. 488, 489. Historia Anglorum, t. II, p. 101, 102.
(65) Chronique Bretonne, Rec. des Hist. de France, t. XVIII, p. 330 D.
(66) Probablement le fils de Foulques de Mastach ou Mastaz (Matha) qui avait été sénéchal de Poitou dans les dernières années de Henri II (C. Port, Cart. de l'Hôpital Saint-Jean, n° XVIII, p. 111). Il confirme dans cet acte de janvier 1195 une donation faite par son père en 1187 (.Eod., n° IX, p. 108), et ajoute d'autres biens situés aussi en Anjou.
Guillaume des Roches qui prenait alors le nom de Guillaume de Sablé est l'un des témoins de la donation de 1195.
(67) Léopold Delisle, catalogue des actes de Philippe Auguste, n° 813, acte du 7 mai 1204.
(68) Rigord, Chron.§143.
(69) Cartulaire F de Philippe Auguste, f 170 r° Bibl. Nat. Lat. 9778. Arch. Nat. JJ 7 et 8, 8 f° 75 Ve col 1.
(70) Archives Nationales JJ 7 et. 8, 7 f- 43 r+ col. 2, 8 68 r° col. 1.
(71) Arch. Nat. J 179 Craon n° 1, original scellé. K 214~ ex Regestro rerum Andegavensium Camerae compotarum Parisiensis, f 77.
(72) Rigord, Chron. §§ 143, 144. Guillaume le Breton, Chron. §§ 133, 134; Philippides, VIII, 380 et suiv. Matth. Paris, Historia Anglorum, t. II, p. 103 Chronica Majora, t. II, p. 490. Raoul de Coggeshall, Rec. des Hist. de France, t. XVIII, p. 102 B.
C'est sans doute à Chinon que fut fait prisonnier Robert de Turnham, et il est probable qu'il défendait cette place avec Hubert du Bourg. Loches était défendu par Girard d'Athies qui fut fait aussi prisonnier.
(73) Rigord, Chron. § 147. Guill. le Breton., Chron. §§ 138, 139.
(74) Les mouvements du Roi Jean résultent de son itinéraire relevé par M. Duffus Hardy, Rotuli litterarum patentium, Introduction.
(75) Rotuli litterarum clausarum, pag. 78.
(76) Qui ad treugam jurandam ex parte nostra requisiti fuerunt eam tenebunt, Rigord, Rec. des Hist. de France, t.XVII, p.60. Dumont, corps diplomatique, t.I, part. I, p.136
(77) Cartulaire F de Philippe Auguste, f 166 r°., Bibl. Nat. Lat. 9778. Arch. Nat. JJ 7 et 8, 8 f 75 r° col. 2.
(78) Rigord, Chron. §§149,151. Guill. le Breton, Chron.§§ 143, 145. Chron. de Nicolas Thivet, apud d'Achery, spic., t. III, p. 181. Chron. d'Albéric de Troisfontaines, Rec. des Hist. de France, t. XVIII, p. 774 A. Chron. de Robert d'Auxerre, Eod., p. 275.
(79) Ménage, Histoire de Sablé, preuves, p. 356 et 364.
(80) Pierre des Vaux-de-Cernay, cap. xiv, Rec. des Hist. de France, t. XIX, p. 196.
(81) Guill. le Breton, Chron. § 178.
(82) Guill. le Breton, Chron. § 20t. Chronique de Saint-Denys, Rec. des Hist. de France, t. XVII, p. 413. Le chroniqueur de Saint-Denys a traduit, mais mal traduit Guillaume le Breton : de Vice-comes Santae Suzannae, il a fait li vieuz cuens de Sante Susane, et il fait d'ailleurs un contre sens en le comptant parmi les partisans secrets du Roi d'Angleterre; Guillaume le Breton dit précisément le contraire.
(83) Arch. Nat., JJ 7 et 8, f 82 v°.
(84) Cartulaire F de Philippe Auguste, f 171 r°, Bibl. Nat. Lat. 9778. Arch. Nat. JJ 7 et 8 7 f° 55 r°col..l; 8f° 83v° col. 2.
(85) Guill. le Breton, Chron. § 178.
(86) Chronicon magnum, Ed. Salmon, p. 153.
(87) La fidélité de Barthélémy de l'Isle au Roi de France est naturellement considérée par le Roi Jean comme une sédition à son égard.
Par lettres datées d'Angoulême 14 mars 1214, il lui enlève le château de Rochefort pour le rendre à Payen. Cum pertinentiis, sicut Barth. De Insula….habuit et tenuit, et il lui donne en même temps des droits importants de péages sur la Loire, Rotuli Chartorum, pag. 196.
(88) Lettres de Jean datées de la Roche-au-Moine, 26 juin 1214, ordonnant à Hugues de Gournay et Hugues du Bourg de rendre ces terres à Philippe de Remefort, Rotuli litterarum clausarum, pag. 167 b.
(89) Cartulaire de la Couture, n. 6 v° et 7 r" Bibl. du Mans; Dom Gueranger, pages 166 et 167.
(90) Registre XXI de la Chambre des comptes, f° 261 Bibl Nat. Lat. 9067.
(91) Liber albus capituli Cenomanensis, p. 8.
(92) Guillaume le Breton, Philippidos, X, 71, 202 à 207 Chronicon Turonense magnum, pag. 153.
(93) Guill. le Breton, Phil., X, 103 et suiv., 132, 227 et suiv. Il évalue l'armée anglaise au triple de celle amenée par le prince Louis.
(94) Guillaume le Breton dans sa chronique et sa Philippide dit que le siège dura trois semaines l'itinéraire de Jean par M. Duffus Hardy ne mentionne sa présence devant la Roche-au-Moine que du 19 juin au 2 juillet.
Mais comme il était à Ancenis le 12 juin, il est fort possible que pendant qu'il s'emparait d'Angers, il ait laissé pour commencer le siège de la Roche-au-Moine une partie de son armée qui aura traversé la Loire aux environs de Rochefort dont.il était maître.
(95) Guill. le Breton, Chron. § 178.
(96) Ce traité est imprimé en entier dans Teulet, Layettes du trésor des Chartes, n° 1085, pag. 405 Arch. Nat. JJ 7 et 8 8 f 56 V, col. 1. Un chroniqueur anglais ajoute même que pour obtenir cette trêve à laquelle il attribue une durée de trois ans, le Roi d'Angleterre dut donner 11,000 marcs d'argent (ex chronico Matthaei Westmonasteriensis, Rec. des Hist. de France, t. XIX, p. 259).
(97) Cartulaire F de Philippe Auguste, f 173 r° ; Bibl. Nat. Lat. 9778. Arch. Nat. JJ 26, f° 216 v° col. 2.
(98) Cette cause est jugée par l'archevêque de Reims…. et a multi aliis episcopis et baronibus nostris, videlicet G. Altissiodarensi…episcopis, et Guillelmo comite Pontivi….W. de Ruppibus senescallo Andegavensi….Nobis audientibus et judicium approbantibus….Invitation est faite à tous ceux qui y ont pris part de faire des lettres de ce jugement….Litterae Willelmi de Rupibus senescalli Andegavensis quibus notum facit judicium….In cujus rei testimonium presentes litteras fieri fecimus sigilli nostri munimine roboratas… Teulet, Layettes du Trésor des Chartes, n° 1182 et 1183, page 431, 433)
(99) Le Roi fit faire des lettres contenant comme un procès-verbal de ce qui s'était passé….. Nos autem super premissis veritati testimonium perhibentes de visu et auditu, presentes litteras sigillis nostris fecimus sigillari... Ces lettres sont scellées de 22 sceaux parmi lesquels celui de Guillaume des Roches (Teulet, op. c., n" 1439, p. 514).
(100) Léopold Delisle, catalogue des actes de Philippe-Auguste, n° 1691 à 1695. Teulet, Layettes du Trésor des Chartes, n° 1197 et l201, p.438et439.
(101) Ces trois dispositions sont contenues dans deux actes que j'ai publiés, Coutumes et Institutions de l'Anjou et du Maine, t. III, p. CXXI et CXXIII, avec la date de 1218 ; c'est la date suivant l'ancien style les lettres de Philippe Auguste qui confirment l'acte du dotalicium (qui est de l'année 1197), et l'acte de Guillaume des Roches confirmant ce premier acte et faisant le partage entre ses filles portent la date de mars 1218, c'est-à-dire, 1219 suivant le nouveau style.
(102) Registre XXI de la Chambre des comptes, f 352 V°, Bibl. Nat. Lat. 9067. Gallia Cliristiana vetus, t. IV, p. 185.
(103) Chanson de la croisade des Albigeois, vers 9234, t. I, p. 371 Traduction, t. 11, p. 459.
(104) Guill. le Breton, chron., § 233. Chanson de la croisade, vers 9300 et suiv., t. I, p. 373 traduction, t. H, p. 461.
(105) Teulet, Layettes du trésor des Chartes, n° 1387 et 1391, p. 496, 498.
(106) Epistolarum Honorii Papae III, lib. V,-ep. 290; Rec. des Hist. de France, t. XIX, p. 714
(107) Histoire des ducs de Normandie et des Rois de France, Ed. Francisque Michel, p. 93.
(108) Chanson de la croisade des Albigeois, vers 9234, t. 1~ p. 371 Traduction, t. II, p. 459.
(109) Chronicon Turonense magnum, p. 153.
(110) Guill. le Breton, Chron., § 178.