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PHystorique- Les Portes du Temps
5 février 2021

Henri-François des Herbiers, marquis de l'Estanduère d’Ardelay, commandant de la marine de Rochefort (Portrait)

Henri-François des Herbiers, marquis de l'Estanduère d’Ardelay, commandant de la marine de Rochefort (Portrait)

ARMES : De gueules, à trois fasces d'or.

MM. Beauchet-Filleau, dans leur Dictionnaire des familles du Poitou, ont donné une généalogie complète de cette illustre famille, qui remonte aux Croisades et a produit un chef d'escadre célèbre au siècle dernier. Nous compléterons seulement cette généalogie depuis le XVIe degré, avec les renseignements que nous avons recueillis à différentes sources, dans l'intérêt d'une famille alliée.

 

 

XVI. Henry-Auguste des Herbiers,

chlr, sgr de l'Estanduère et d'Ardelay, nommé lieutenant de vaisseau le 24 décembre 1667, puis: capitaine, épousa, par contrat du 3 mai 1678, Marie-Françoise de l'Esperonnière.

Leurs enfants furent :

1° Alexis-Augustin des Herbiers, chlr, sgr de l'Estanduère et d'Ardelay, naquit au château de la Saulaye, le 29 juin 1680; il eut pour parrain : Antoine de l'Esperonnière, IIIe du nom, son grand-père maternel, et pour marraine : dame Gabrielle-Brigitte d'Escoubleau de Sourdis, femme de messire Alexis Charbonneau, chlr, sgr de Saint-Symphorien. Il épousa, le 17 février 1705, damoiselle Marie-Anne de la Haye-Montbault, fille d'Antoine, chlr, sgr de la Limousinière, par. d'Ardelay, capitaine de vaisseau, et de Louise Guiraud; il n'en eut pas d'enfants.

2° Henri-François, qui suit.

3° Antoine-Benjamin, chlr de Malte, garde de la marine, eut la tête emportée par un boulet de canon au siège de Gibraltar.

4° Marie-Charlotte-Henriette, qui épousa, le 5 septembre 1701, Antoine d'Arcemale, chlr, baron du Langon, près de Fontenay, en Poitou.

 

XVII.

Henri-François des Herbiers, chlr, marquis de l'Estanduère,

 Chef d'escadre, fut baptisé dans l'église paroissiale de N.-D. de Lesvière d'Angers, le 15 juin 1682; il eut pour parrain : messire François de l'Esperonnière de la Roche-Bardoul, son oncle maternel, et pour marraine: dame Henriette Le Clerc, femme de François de Goddes de Varennes, capitaine au régiment des Gardes 1.

1. Il était né à Angers le 6 juin 1682.

Dès l'âge de dix ans, il débuta comme mousse sur le Téméraire, monté par son oncle, Armand-Charles des Herbiers, sgr de Vernon, et fut témoin de la prise d'une flotte anglaise par le comte d'Estrées.

En 1694, il s'embarqua, en qualité de simple soldat, sur le Bizarre, commandé par son oncle, M. de la Haye-Montbault.

Le 12 mars 1697, à l'âge seulement de quinze ans, il fut nommé garde de la marine.

En 1698, il servit sur l'Emporté et le Faucon

En 1701, il fut fait, par une distinction particulière, aide d'artillerie, puis enseigne.

En 1703, il servait sur le Gaillard, que commandait lé marquis d'Osmont, dont la sévérité était proverbiale. Cet officier, voyant le Saint-Michel en danger de se perdre sur un banc de sable, désigna l'Estanduère au comte de Toulouse, grand amiral de France, comme le seul marin capable de sauver ce navire. L'Estanduère le sauva en effet, ce qui lui valut d'être félicité publiquement par le marquis d'Osmont.

Peu après, le 24 août 1704, à la bataille de Malaga, il eut la mâchoire fracassée par un éclat de bombe. « Ce combat, dit le président Hénault, eût été aussi utile à l'Espagne qu'il avait été glorieux pour le comte de Toulouse, qui commandait la flotte française, si on avait attaqué le lendemain les ennemis, comme il le voulait. » Les Anglais s'étaient emparés de Gibraltar le 4 août précédent; ils l'ont conservé depuis.

A peine remis de sa blessure, l'Estanduère reçut le commandement de la frégate l'Etrille, et fut envoyé à Carthagène pour y observer la flotte anglaise. Assailli par des forces supérieures, plutôt que de laisser sa frégate tomber au pouvoir des Anglais, il y mit le feu, après en avoir fait débarquer l'équipage.

Il servit ensuite sur l'Arrogant, commandé par son oncle, Armand-Charles des Herbiers, mais ce vaisseau tomba aussi au milieu des escadres combinées d'Angleterre et de Hollande, et l'Estanduère, fait prisonnier, resta, six mois à Lisbonne.

Il profila de son séjour dans cette ville pour étudier les armées navales ennemies, et en rendit un compte exact à l'amiral de France, qui le nomma lieutenant de vaisseau le 1er novembre 1705.

En 1706, le fit embarquer sur l'Achille.

Il servait encore en 1709 sur ce navire, qui faisait partie de l'escadre de Duguay-Trouin.

De 1711  le ministre de Pont-chartrain lui confie un travail de géographe, aux Indes, pour lever plans et cartes des côtes, ports et rades par lesquels il passait.

 

De 1718 à 1721, il dressa la carte de l'embouchure du Gange.

De 1721 à 1725, avec les flûtes le Portefaix et le Dromadaire, qu'il commandait, il releva le plan des côtes du Canada  « la côte du fleuve Saint Laurent », travail commencé jadis par Jacques Cartier.

 Le 18 mars 1727, il fut nommé capitaine de vaisseau.

En 1730 et 1733, il remonta le cours du Saint-Laurent, dont il corrigea les cartes.

En 1736, il fut nommé commissaire général d'artillerie au département de Rochefort.

En 1740, il commanda le Mercure aux Antilles dans l'escadre du marquis d'Antin. Détaché pour une mission à la Martinique, il eut à soutenir Un combat très vif contre les Anglais, dans la nuit du 18 au 19 janvier 1741.

De retour en France, en 1742, il reçut le commandement du corps des canonniers de la marine à Dunkerque, et ce corps ayant été demandé, en 1744, par M. de Noailles pour le siège de Furnes, l'Estanduère prit une part si activé à la prise de cette place qu'il fut fait chef d'escadre en 1745.

Le 1er juin 1745, il prit le commandement de cinq vaisseaux pour escorter une flotte marchande jusqu'à Saint-Domingue, ce qu'il exécuta heureusement, après avoir pris en route quatre frégates anglaises.

 

En 1746, à la suite d'une grave maladie, il inspecta les côtes de la Saintonge, de l'Aunis et du Poitou, pour les mettre en état de résister aux attaques de l'Angleterre.

L'année suivante, il soutint, avec des forces inégales, contre les Anglais, commandés par l'amiral Hawke, un combat héroïque, dont nous empruntons le récit à la Gazette de France du 18 novembre 1747:

« Le sieur de l'Estanduère, chef d'escadre des armées navales, est arrivé à la rade de Brest le 9 de ce mois, avec les vaisseaux le Tonnant, qu'il monte, et l'Intrépide, commandé par le comte de Vaudreuil, capitaine de vaisseau. Il estoit parti le 18 du mois dernier de la rade de l'isle d'Aix, avec une escadre composée de ces deux vaisseaux, du Monarque, du Terrible, du Neptune, du Severn et du Fougueux, et de la frégate le Castor, ayant sous son escorte une flotte de deux cens cinquante-deux navires marchands.

Le 25, il se trouvait à la distance de quatre-vingt-huit lieues du cap Finistère, qui luy restait  au sud-est, lorsqu'il aperçut, dès la pointe du jour, vingt vaisseaux anglois qui venoient à toutes voiles sur la flotte. Jusqu'alors il avoit navigué, laissant les navires marchands au vent et formant avec son escadre une ligne sous le vent. Pour tâcher de sauver la flotte, il la fit passer sous le vent, en luy faisant signal de forcer de voiles, et il se prépara à soutenir le combat contre l'escadre ennemie.

Par cette manoeuvre, les vaisseaux de guerre furent forcez de se tenir éloignez les uns des autres, afin de laisser passer entre eux tous les navires marchands, et, avant qu'il fût possible aux premiers de se rapprocher assez pour serrer la ligne, ils furent joints par les vaisseaux ennemis.

C'est ainsy que le combat s'engagea à midy. Les Anglois attaquèrent tout d'un coup les huit vaisseaux, mais ils partagèrent leurs forces, de façon qu'en combattant en nombre supérieur l'Intrépide, le Terrible et le Trident, qui formoient l'avant-garde, et le Tonnant, qui estoit au centre, ils environnèrent les quatre autres vaisseaux, qui faisoient l'arrière-garde.

Après avoir fait une défense des plus vigoureuses pendant près de quatre heures, ces quatre derniers vaisseaux, qui ne pouvoient estre secouruz par ceux de l'avant-garde, se trouvèrent entièrement désemparez, et, estant accablez par le nombre, ils furent obligez de se rendre à peu d'intervalle les uns des autres.

 Le Tonnant estoit pour lors attaqué par cinq vaisseaux, ausquels il résistoit par un feu continuel des plus vifs de canon et demousquéterie, et, comme il estoit presque entièrement désagréé et que ses mâts n'avoient plus de cordages pour se soutenir, il auroit peut-être esté dans la nécessité de céder, si l'Intrépide ne fût venu à son secours.

Mais le comte de Vaudreuil, ayant veu l'estat où il estoit réduit, prit sur-le-champ le parti de revirer de bord, se fit un jour au travers de huit vaisseaux, qu'il écarta par la vivacité de son feu, et vint partager le danger auquel estoit exposé le sieur de l'Estanduère.

Le feu du Tonnant et de l'Intrépide ainsi réunis obligea les Anglois de s'éloigner. Ces deux vaisseaux profitèrent de cet intervalle pour faire vent arrière, en coupant la ligne des ennemis, ce qu'ils exécutèrent sans qu'aucun vaisseau entreprît de les combattre, et ce ne fut qu'ensuite qu'il y en eut trois qui se détachèrent pour les attaquer de nouveau, mais qui furent bientost repoussez.

Cependant le Terrible et le Trident, qui, par le mauvais estat où ils se trouvoient, n'avoient pu suivre la manoeuvre de l'Intrépide, soutenoient toujours le combat avec vigueur contre la moitié des vaisseaux ennemis.

Le Trident fut enfin forcé d'amener vers l'entrée de la nuit, et il y a lieu de juger que le Terrible n'aura pu résister guères plus longtemps. Le Tonnant et l'Intrépide voulurent, à la faveur de l'obscurité de la nuit, se raccommoder et se mettre en estât deffense pour le lendemain, mais le Tonnant estoit si endommagé qu'il fut obligé de se mettre à la remorque de l'Intrépide.

 Ils estoient le lendemain dans cet estat, lorsqu'ils se trouvèrent à portée de quatre vaisseaux ennemis qui ne les attaquèrent point, et ce n'est que plusieurs jours après qu'ils ont pu se raccommoder l'un et l'autre.

 Il y a eu à bord de ces deux vaisseaux trente-quatre hommes tuez, parmi lesquels sont le sieur Barras, garde du pavillon sur le Tonnant, et le sieur Bayette, commandant des gardes de la marine sur l'Intrépide. Plusieurs officiers sont blessez, la plupart sans danger, et le nombre des blessez dans les équipages est fort considérable 1.

A  l'égard de la flotte, à la suite de laquelle le sieur de l'Estanduère à détaché la frégate le Castor, elle ne paroissoit plus à la fin du combat, et il est à croire qu'elle se sera sauvée.

Un tableau du musée de Versailles dans la Galerie des Batailles représente cette glorieuse lutte de deux vaisseaux contre une flotte.

Voltaire, ayant rendu compte d'une façon sommaire de ce combat dans son Précis du siècle de Louis XV (édition Garnier, t. XV, p. 324), reçut de Mme du Puy, fille de l'Estanduère, des renseignements détaillés, dont il accusa réception par la lettre suivante :

A Madame du Puy, née de l'Estanduère.

« Au château de Ferney, le 23 décembre 1769. –

« MADAME ,

« Le triste état de ma santé, qui est la suite de ma vieillesse, ne m'a pas permis de répondre plus tôt à l'honneur que vous me faites.

« L'ouvrage dont vous me parlez n'est qu'un abrégé, qui n'a pas permis qu'on entrât dans les détails; je ferai sans doute usage de ceux que vous avez bien voulu me faire parvenir, si mon âge et mes maladies me permettent d'étendre cette histoire selon mes premières vues.

« Je suis flatté que vous ayez approuvé le peu que j'ai dit de monsieur votre père ; je n'ai fait que rendre gloire à la vérité et justice « à son; rare mérite.

« J'ai l'honneur d'être, avec les sentiments les plus respectueux, Madame, etc.

« VOLTAIRE. »

(Edition Garnier, t. XLVI, p. ,519.)

Par acte passé devant Charles Hûchelou, notaire à Angers, Henri-François des Herbiers, alors qu'il n'était que « lieutenant des vaisseaux du Roi », avait acquis la terre du Chesne, par. du Loroux-Bottereau, de dame Jeanne Préseau, veuve de messire Pierre de Rougé, chlr, sgr de la Bastière. (Cabinet des Titres. Pièces originales, reg. I5I3.)

Le 19 avril 1749, il perdit son fils, Henry-Charles-François, âgé de vingt-quatre ans, ce qui lui causa un profond chagrin.

 

Il mourut à Rochefort, le 26 mars 1750, après cinquante-huit années de services actifs; dans son acte de décès il est qualifié « chlr, sgr du Chesne, Vernet, la Brosse-Moreau, Mourière et autres lieux, chef d'escadre des armées navales de Sa Majesté, commandeur, de l'ordre royal de Saint-Louis, commandant la marine au département de Rochefort ».

 

 

Il avait épousé, en 1723, dlle Olive Gaillard, fille de N... Gaillard, commissaire de la marine au département de Rochefort, et veuve de N... de Polignac d'Escoyeux, capitaine de vaisseau.

Il eut de cette union :

1° Henry-Charles-François des Herbiers de l'Estanduère, né en 1725. En 1740, à l'âge de quinze ans, il s'embarqua avec son père et promettait d'être son fidèle émule, lorsque la mort vint le frapper à Rochefort, le 19 avril 1749, à l'âge de vingt-quatre ans; il était alors sous-lieutenant d'artillerie; il ne s'était pas marié.

2° Marie-Olive des Herbiers de l'Estanduère, qui épousa, en premières noces, à Rochefort, le 14 mars 1740, Charles des Herbiers, chlr, sgr de la Ralière, son cousin germain, lieutenant des vaisseaux du Roi, capitaine d'une compagnie franche de la marine à Rochefort, fils de feus messire Armand-Charles des Herbiers (2), chlr, sgr de Vernon, chlr de l'ordre militaire de Saint-Louis, capitaine des vaisseaux du Roi, et de dame Jeanne-Suzanne de Saint-Martin. Charles des Herbiers était, le 19 juin 1750, chlr de Saint-Louis, capitaine de vaisseau et commandant de l'île Royale; il décéda à Rochefort, le 18 avril 1752, à l'âge de cinquante-deux ans. Il avait eu de son mariage avec Marie-Olive des Herbiers :

A. Henry-Charles des Herbiers de l'Estanduère, écuyer, sgr marquis de l'Estanduère et de la Ralière, né en 1747, décédé à Rochefort le 7 mars 1770; il était alors enseigne de vaisseau.

B. Alexandre des Herbiers de l'Estanduère, qui périt sous la hache révolutionnaire, en juin 1794.

C. Antoine-Auguste des Herbiers de l'Estanduère était capitaine en 1789; il fit la campagne d'Italie, et le courage qu'il y déploya lui valut le grade de général de brigade.

Accusé par les représentants du peuple, commissaires auprès de l'armée d'Italie, d'intelligence avec l'ennemi, fut arrêté, conduit à Paris, condamné à mort, quoique innocent, et exécuté le 17 février 1794.

Voici le texte de son acte de décès :

Extrait du registre des actes de la Municipalité de Paris, an deuxième.

Du trente pluviôse au deuxième de la République (18 février 1794), acte de décès d'Autoine-Auguste Desherbier Letenduaire, du vingt-neuf de ce mois, général de brigade, natif de Rochefort.

Vu l'extrait du jugement du Tribunal révolutionnaire et du procès-verbal d'exécution en date du vingt-neuf de ce mois. (Fiai civil de Paris.)

D.N. des Herbiers de l'Estanduère, chlr de Saint-Louis, fut nommé lieutenant de vaisseau le 13 mars 1779; il était major général et commandant de la marine à Rochefort en 1789, lorsqu'il fut destitué, il est mort sans enfants.

Maire-Olive des Herbiers épousa en secondes noces, à Rochefort, le 20 février 1753; Gaspard Cochon du Puy, écuyer, docteur régent de la Faculté de médecine de Paris, médecin de la marine à Rochefort, fils de Jean Cochon, sr du Puy, conseiller et médecin ordinaire du Roi à La Rochelle, et de dlle Marie Le Roy.

 

 

 

 

 

Henri-François des Herbiers, marquis de l'Estenduère en rade de l’Ile d’Aix - Combat naval bataille cap Finistère octobre 1747 <==.... ....==> A l'époque de Louis XV lorsqu'un vaisseau devait être construit, nous voyons le port Rochefort reprendre vie

Ruines du château de l’Etenduère - le 2 février 1794, la colonne infernale d’Amey quitte Les Herbiers et rejoint Cholet <==

 


 

 

1. L'Estanduère reçut lui-même deux éclats de poulie, l'un au bras droit, l'autre à la jambe, qui lui firent deux fortes contusions. (François d'Hozier, Impôt du sang, vol. II, Ire partie, p. 244.)

2. Armand-Charles des Herbiers était, frère puîné de Henry-Auguste des Herbiers, qui épousa Marie-Françoise de l'Esperonnière en 1678.

 

 

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