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PHystorique- Les Portes du Temps
2 octobre 2020

Hôtel Chaumont ou Palais Royal à NIORT

Hôtel Chaumont ou Palais Royal à Niort, Henri Gelin recherche la maison natale de Françoise d'Aubigné dit Mme de Maintenon

Au nombre des maisons les plus intéressantes du vieux Niort, il faut ranger celle qui porte le numéro 5 de la rue du Pont, successivement dénommée hôtel Chardon, hôtel Chaumont, palais de justice et prison criminelle.

Des remaniements successifs ont considérablement modifié les bâtiments, qui gardent cependant, dans une petite cour au fond du couloir d'entrée, quelques restes d'architecture de la fin du XIVe ou du début du XVe siècles.

On peut donc faire honneur de la bâtisse à Jean Chardon, son premier possesseur connu, échevin de la commune, aumônier des aumôneries de Saint-Jacques et de Saint-Georges, maire de Niort en 1402 et 1404.

L'hôtel de Jean Chardon joua un rôle dans une des périodes les plus malheureuses de notre histoire.

Henri V d'Angleterre venait de se faire couronner roi de France. Le dauphin Charles VII, régent du royaume, qui avait déjà invoqué le secours des Ecossais contre leurs ennemis héréditaires, avait envoyé en avril 1422 une nouvelle flotte chez ses alliés, pour ramener une levée de huit mille hommes.

 Les chefs de l'entreprise, Jean de Contes, dit Minguet, Perceval de Boulanvillier, chambellan, et Bertran Campion, maître d'hôtel du régent, emportaient une somme considérable, destinée aux frais de l'expédition et à la solde des Ecossais. Comme il s'en fallait encore de beaucoup qu'ils eussent, l'argent nécessaire, et que les coffres du petit roi de Bourges étaient, vides, on leur avait confié un des fleurons de la couronne de France à mettre engage.

En mer, les Anglais attaquèrent la Hotte et firent prisonniers presque tous les officiers mais un lieutenant de Minguet, Guillaume le Boucher, réussit à s'échapper sur le « baleinier qu'il montait, et eut la chance de faire rentrer le trésor de guerre dans le port de Marans.

Ne le trouvant pas encore en sûreté si près des côtes, il l'embarqua sur une gabare (1), et remonta jusqu'à Niort le déposer dans « l'ostel de Jehan Chardon l'ainsne ».

C'est là que les commissaires du régent, le 21 septembre 1422, reprirent possession de la presque totalité des espèces d'or et d'une boîte de cuir carrée renfermant le fleuron de la bonne couronne de France, « tout garny fors d'un balay qui default ou hault dudit fleuron ».

On peut retrouver dans l'inventaire des bijoux du roi, dressé deux ans plus tard par son valet de chambre, la description de ce superbe joyau « appelé le quart grant fleuron de la couronne du roy nostre sire M, et des balais, saphirs, diamants, perles qui le garnissaient (2):

L'hôtel de ce fidèle serviteur du roi passa à la famille de Chaumont (3), et devint le siège d'un fief noble d'où relevaient plusieurs arrière-fiefs dans l'intérieur de la ville.

Apollin Briquet, ne pouvant s'expliquer l'existence de ce fief Chaumont et de plusieurs autres fiefs nobles dans la censive du château, et n'admettant pas que les rois de France aient, aliéné ainsi une portion de leur domaine, en faisait remonter la fondation avant, la construction de l'enceinte (4).

Mais le document précis que nous publions ci-après vient renverser son hypothèse pour le fief Chaumont, de même que les pièces mises au jour par M. Paul Guérin dans les Archives historiques du Poitou (5) ont détruit ses conjectures sur le fief Cremault. L'un et l'autre de ces fiefs nobles ont été très certainement concédés par les comtes de Poitou ou les rois de France au XIVe et au XVe siècle.

L'érection du fief Chaumont remonte à Louis XL.

Ce prince pour récompenser son notaire et secrétaire Jean de Chaumont, procureur des aides, de services rendus sans doute pendant la Praguerie, lui permit de réunir en un seul fief, exempt de droits, plusieurs biens qu'il possédait dans la censive du château.

C'était l'ancien hôtel Chardon, au-dessous du puits Nallier « en la rue par laquelle l'on va dudit puis a la porte du pont », assis par derrière sur « le grenier », et tenant « d'un côte la maison des Chabot ».

Puis une maison voisine, dont l'acte ne donne pas les confrontations, mais qui se trouvait également rue du Pont. Enfin un plantis au faubourg du port, devant la chapelle du prieuré de Saint-Etienne, appelé le « Clou Chardon (6) » et contigüe aux terres de « feu Hugues Foucher « ; Comme ce personnage était encore vivant en 1461, lors de la concession de noblesse à l'échevinage de Niort, nous pouvons circonscrire la rédaction de la pièce entre cette date et la mort de Louis XI, en 1481.

Nous n'avons pas retrouvé d'aveu du fief Chaumont antérieur à 1663; mais cette année-là, François Laurent, seigneur de Beaulieu, président du siège royal de Niort, en fait une déclaration très détaillée qui nous renseigne sur son importance. Comme au moment de son érection, ce fief n'est tenu du roi qu'au simple devoir d'un épagneul blanc à muance de seigneur et de vassal, et porte droit de basse juridiction ; mais il semble s'être considérablement accru. Il comprend toujours l'ancien hôtel de Jean Chardon et la maison de sire Galemit ; mais sur le plantis du port, au Clou Chardon, se sont élèves plusieurs maisons, deux moulins à huile, des auberges : le Chapeua rouge, le Cheval blanc, la Serpe.

François Laurent avoue encore le fief Creuzé, composé de quatorze quartiers .de vignes, près de Sainte-Pezenne; un treillot sur le chemin du Pissot, près de la porte Saint-Gelais des vignes à Chatreuil; un cens de deux mailles sur une saunière, au port cinq sols sur quatre journaux de terre derrière l'aumôneric Saint-Georges ; un marc d'argent « et une tasse ouvrée du poids de huit onces d'argent fin » sur une maison devant le puits du Pilori.

 

Vers le milieu du XVe siècle, le palais de justice et la conciergerie furent transportés à l'hôtel Chaumont, et c'est là, selon toute apparence, que naquit le 27 ou 28 novembre 1635 Françoise d'Aubigné, la future marquise de Maintenon.

Auparavant le parquet se trouvait au bout de la halte, dans la cour dite de Candie (7), et les archéologues niortais, confondant les deux emplacements, accréditèrent la légende qui fait venir au monde la petite-fille d'Agrippa d'Aubigné dans ce qu'ils croyaient être la conciergerie.

M. Gelin a fait justice de cette erreur (8), relativement récente, puisqu'un plan de Niort de 1824 indique l'hôtel Chaumont comme lieu de naissance de notre illustre compatriote (9).

L'immeuble de la rue du Pont conserva sa destination pendant le XVIIIe (10) et une partie du XIXe siècle.

 En 1833, après la construction du palais de justice actuel sur l'emplacement du couvent des Charitains, il ne servit plus que de prison criminelle, et resta sans destination après l'achèvement de la prison cellulaire (1852).

Nous publions l'acte d'érection du fief Chaumont d'après la copie du XVe siècle reproduite dans le mss. fr. 5909 de la Bibliothèque Nationale (11), ainsi que l'aveu de 1663 conservé aux Archives Nationales P. 553~ CXXXIX. Nous y joignons une enquête, qui ne concerne qu'indirectement le fief lui-même, mais qui a son intérêt pour expliquer le terme de « grenier », servant à confronter l'hôtel Chaumont dans ces deux documents.

Le grenier désignait le port de Niort antérieur à l'oeuvre du duc de Berry et occupait, entre le château et le derrière des maisons qui avaient leur entrée rue du Pont, l'emplacement de la rue Brisson actuelle. Nous avions pensé tout d'abord que ce nom lui venait de la partie du château où le comte emmagasinait ses grains, le guernerium Niorti  des comptes d'Alphonse de Poitiers (12).

Mais le terme figure dans une visite des portes de la Roussille de 1566, et désigne, sans qu'on puisse s'y tromper, le bassin ou sas de l'écluse (13).

 Il faut donc prendre le mot dans ce sens et voir dans le « grenier » de la rue Brisson un bassin où l'on remontait les bateaux pour les décharger, en les faisant passer par un arceau ménagé dans les murs de la ville. Non seulement cet arceau est parfaitement visible sur la vue de Niort de ChastiIIon (XVIe- XVIIe siècles), mais encore les deux tours entre lesquelles il s'ouvrait portaient encore au XVIIIe siècle, sur les plans du château, le nom de « tours de l'ancien port » (14).

La pièce que nous publions, .d'après l'original des Archives communales de Niort, est une enquête faite par ordre de l'intendant du Poitou par son subdélégué Chebrou du Petit Château, le 26 janvier 1729 (15).

Les témoins entendus sont unanimes à déclarer que le port était autrefois sur l'ancien lit de la rivière, au pied même du château. Evidemment cette partie du cours de la Sèvre était libre et le barrage, s'il y en avait un, ne pouvait se trouver qu'en amont du grenier, peut-être au pont de pierre dont les arches auraient été fermées par des vannes.

Les moulins, comme aujourd'hui, auraient été actionnés par l'autre bras derrière l'îlot, du Milieu et le Fort Foucault. Ce n'est qu'après la fondation du nouveau port sur la rive droite, par le duc de Berry, que le moulin du Château aurait barré la Sèvre (16).

HENRI CLOUZOT  

 

 

 

PIÈCES JUSTIFICATIVES

[1461-1481]

Erection de fief à Niort par Louis XI, en faveur de Jehan de Chaumont, procureur des aides, notaire et secrétaire du roi.- Bib. Nat., mss. Fr 5909, n ° 282, fol 327 et 328.

Loys, etc. (17) savoir faisons a tous presens et avenir,

 Nous avoir receue humble supplication de nostre amé et feal notaire et secretaire maistre Jehan de Chaumont, nostre procureur général sur le fait de la justice de noz aydes, contenant que, a certains justes tiltres et moiens, luy compectent et appartiennent et est vray seigneur proprietaire des maisons et choses cy après declarees.

C'est assavoir d'une maison et ses appartenances qui fut et appartint a maistre Jehan Chardon, assise en nostre ville de Nyort, au dessous du puis Maslier (sic) (18), on la rue par laquelle l'on va dudit puis Maslier a la porte du pont, et par derrière sur le grenier, et d'un cousté a la maison des Chabotz (19). Icelle maison tenue de nous en censive a .cause dé nostre chastel du dit lieu de Nyort, de laquelle il doit chascun an a nostre recepte ordinaire de Poictou la somme de 6 deniers tournois de cens au jour sainct Luc; et aussi nous doit a cause du derriere de la dite maison, semblablement tenu de nous en censive, la somme de iiij. d. t. de cens aussi a cause du chemin et plante, qui est encloz ès plantes dudit Chardon, tenu semblablement de nous en censive, il nous doit chascun an vj. d. t. de cens, tenant la dite plante a celle qui fut a maistre Jehan Laydet et d'autre part a la plante de feu Hugues Foncher (20); et aussi est seigneur d'une autre maison assise en nostre dite ville de Nyort, qui fut sire Jehan Gallemye et par avant a feu Jehan Alart, a cause de laquelle il nous doit troys sols de cens chascun an aux termes acostumez, desquelx cens nous sont par luy deuz aucuns arreraiges; et lesquelles maisons et choses dessus dictes il tiendroit voulentiers de nous a une seule foy et hommaige lige, mais que notre plaisir feust de sur luy impartir nostre grâce.

Pourquoy, etc…… et grans louables et recommandables services que le dit maistre Jehan de Chaumont nous a par cy devant faiz alentour de nostre personne en noz plus grans et principaulx affaires et autrement en plusieurs manières, fait et continue chacun jour et esperons que plus face le temps advenir, voulans a ceste cause aucunement le recompenser et icelluy eslever en honneurs et prérogatives, Nous pour ces causes et considerations et autres a ce mouvans, avons les choses dessus dictes, les quelles par cy devant il auroit dit est[re] tenues de nous en censive aux devoirs dessus dicts, joinctes.et unies, joignons et unissons ensemble, et les avons muees et érigées, muons et erigeons de nostre grâce especiale, plaine puissance et auctorite royale, pour ces causes en ung seul fief, teneure feodale et ung seul hommaige lige que le dit maistre Jehan de Chaumont et ses hoirs, successeurs et aïans cause, nous seront tenuz faire a chascune muanec de seigneur et vassal, a cause de nostre chastel et seigneurie de Nyort, a un espagnol blanc de devoir et aux autres droiz deuz et acostuméz en tel cas, selon la coustume du pais, sans ce que par partaige, mariage ne autrement, ilz puissent jamais estre separez ne divisez d'ensemble, ne que ores, ne pour le temps advenir, luy ne ses susdits hoirs et aians cause, seigneurs des dites maisons et choses, soient tenuz nous paier aucune chose des dits droiz et censive qu'il nous devoit paravant lejourduy a cause d'icelles, mais iceulx droiz avons supprimez et aboliz, supprimons et abolissons, et voulons qu'ilz soient confuz audit fief, hommaige lige et devoirs dessus dicts, et, avecques ce, luy avons donné et quicté, donnons et quictons par ces présentes les arreraiges qu'il nous en pourroit et peut devoir a quelque somme qu'ilz se puissent monter.

Si donnons en mandement, etc. (21).

 

 

 

 

II

1663, 14 avril

Aveu du fief Chaumon rendu au roi par François Laurens, écuyer, seigneur de Beaulieu et du fief Chaumon, président du siège royale de Niort. – Arch. Nat. P.553 CXXXIX

Sachent tous que je François Laurens, escuier, seigneur de Beaulieu et du fief Chaumon, conseiller du Roy en ses conseils, présidant au siège royal de Niort, confesse et advouhe tenir du Roy, nostre souverin seigneur, a foy et hommage lige, au debvoir d'un espagneul blancq a muance de seigneur et de vassal, a cause de son chastel de Niort, sçavoir est mon fief noble appelé le fief de Chaumon, scis en la ville de Niort et aux environs, consistant

Premièrement, en l'hostel noble et apartenance qui fut Jean Chardon, ou sont a presant le Pallais Royal et conciergerie de cette ville, assis au dessus du Puy Nallier, en la rue par laquelle on va dudit puy a la porte du Pond (22), et y tenant par le devant, et par le derriere sur le grenier du dit chasteau, d'un costé a la maison qui fut aux herittiers de feu Pierre Audain, d'autre a celle qui fut Eutrope Rouvereau et despuis Jeanne Davignon asestant le dict fief en cet endroit d'un des costez a là maison de Simon Georget ou pend par enseigne la, Roze, d'autre aux maisons de Guillaume Symon et Eutrope Rouvereau, lesquelles ont estez arrantees par mes prédécesseurs du presant fief de Chaumon a deux deniers de cens randable a chascune feste de sainct Michel, comme aussy celle du dict feu.Audain a un denier de cens, et celle poceddee par les herittiers Pierre Jousseaulme, qui fut aussy au dict Audain, a un denier de cens; lesquelles dictes maison tiennent d'une part audict hostel noble, d'autre a la maison qui fut a messieurs de Laleu et de presant a maistre Chabot, eschevin, a celles qui furent a sire Jean Galmit et a Guillaume Panier, aussy despandentes dudit fief.

item, advouhe soubz mondict hommage un feagede vigne, contenant en soy quatorze .quartiers de vignes ou environ, apelé le fief de Creuzë, au debvoir du sixte des fruictz pour droit de complans, de deux deniers par quartier pour droit de garde, et un disner qui m'est deub par fois du révérend pere en Dieu monsieur l'Evesque de Poictiers pour recepvoir la dixme sur ledit feage ; lequel feage de quatorze quartiers de vigne et deniers. susdictz tiennent de presant les herittiers de Pierre Doux, parprenant et parmettant soubz mondict hommage

Item, advouhe soubz mondict hommage un treillot assis a la porte Sainct Gellais, tenant d'une part [au chemin] (23) par lequel on va de la dicte porte a la fontaine du Pissot (24), lequel treillot fut feu Jean Chardon ;

 Item, advouhe tenir a mon dhomainc, despandant dudict hommage, la maison du Chapeau Rouge, avecq ses apartenances et despendances, scittuee devant le couvent des peres Capucins (25) qui fut le prieuré Sainct Estienne et une petitte maison y joignant que j'ay arrantee à Jeanne Berjotteau, vefve de Jean Roby, pour quarante livres de rante,.et retenu sur icelle un denier de cens noble par cpntract du neuf decembre mil six centz soixante deux;

Plus cincq maisons se joignant. l'une l'autre; l'une ou pend le Cheval Blanc, qui fut Bernard Dupré l'autre ou pend l'enseigne de la Serpe (26) la troisiesme a Guillaume Ballereau; la quatriesme qui fut a Michel Ragnault, en laquelle y a deux moullins a huisle les dictes quatre maisons autres fois poccedees par Mathieu Passebon; la cincqniesme, consistant en maison, grange, escurie et une court, qui fait l'extremite du faux bourg du port et joint au Simietere de Sainct Estienne (27), a este ediffiee par feu Pierre Morin et est poceddee en partie par ses enfans et en partie par le nommé Seguay qui l'a acquise de nouveau tout lequel espace faisoit autres fois un clos de vigne contenant la journee a dix hommes apellé le Clouchardon, scittué au dict faux bourg du port, devant la chapelle de Sainct Estienne, tenant d'une part a la vigne qui fut Huges Faucher, un chemin ou santier qui est dudit fief entre deux, d'autre a celle qui fut maistre Jean Laidet et despuis maistre Hugues Berland, d'autre au chemin tendant dudict Niort a Recouvrance (28); lequel Clouchardon avait esté assencé par Jacques Berland, escuier, sieur de la Guitonniere, a Guillaume Descorbie, a un denier de cens par l'acte passe par devant Train et Chesneau, notaires royaux, le vingt cinq mars mil cincq cents nonante trois, auquel debvoir d'un denier de cens noble portant nef et jurisdiction les susdictes cincq maisons sont tenues dudict fief Chaumon

Item, advouhe soubzledict hommage touttes mes autres vignes assises a Chastreuil ou je prend le droit de complans Item, advouhe a mondict hommage et fief de Chaumon un marcq d'argent de cens noble et rante annuelle en une tasse ouvree du poix de huict onces d'argent fin en chascune feste, de Nouel et Nativité de Nostre Seigneur sur la maison de maistre Pierre Poupeau dit de la Gravelle et de Jacquette Duvollier, sa femme, a cause d'elle et de Pierre Duvollier et sa femme, pere et mere de la dicte Jacquette Duvollier, et leurs autres biens, assis la dicte maison en la dicte ville de Niort devant le Puy du Pilory, tenant d'un des costez a la maison de Jean de Bretagne, d'autre a celle de Jacques Toupet; Item, advouhe a mondict homage deux mailles de cens noble en chascune feste de Nouel sur la maison et vergier de Jean Baudin, assis au port de la dicte ville de Niort, estant de presant la dicte maison et vergier en saulniere (29), desquelles partie est tenue par maistre Bonnadventure Billard, eschevin et recepveur des tailles de cette ville de Niort, et partie par Françoize Augerelle, partie par la vefve et herittiers de maistre René Garnier, notaire royal au dict Niort, et partie par Jacques Racappé;

Item, advouhe cincq solz de cens noble que doibvent les herittiers ou successeurs Jean Baudin sur quatre journaux de terre assis a la porte Sainct Gellais, derriere Sainct Georges (30), acquis par feu Jean Chaulmon des enfans Chardon Sur touttes lesquelles choses j'advouhe et ay l'exercice de basse jurisdiction, lesquelles je tient et advouhe tenir du Roy mon naturel souverain et seigneur, accause de son dict chastel de Niort, a foy et homage lige et debvoir susditz, et suplie le dict seigneur que sy j'ay trop ou trop peu mis en ce mien presant adveu, il luy playse de moy montrer et advertir, et je prometz de le corriger sy tost qu'il soit venu a ma cognoissance.

 

En tesmoing de quoy j'ay donné au Roy mon dict seigneur ces presantes lettres signee de ma main et des notaires royaux soubsignez a ma requeste, le cinquiesme septembre mil six cent soixante quatre.

LAURENT JOUSSEAULME ; ROUSSEAU.

J'ay baillé etreçeu du présent fief et adveu le xiiij apvril 1665.

 

 

 

III

1729, 26 janvier

Enquête par devant Jean Magdelaine Chebrou, seigneur du Petit Chasteau, subdélégué de l’intendant sur l’établissement du port de Niort. –Arch. Comm.

Aujourd'hui vingt sixième janvier mil sept cent vingt neuf ont comparu en notre hôtel et par devant nous Jean Magdellaine Chebrou, seigneur du Petit Chasteau, conseiller du Roy, lieutenant général de pollice de la ville de Nyort, subdellégué de monsieur l'intendant au département dudit Nyort, les sieurs Pierre Pallustre, sieur du Boisne, conseiller du roy au siège royal de cette ville et ancien maire d'icelle Pierre Thibault, sieur de Boutteville, conseiller du roy et ancien échevin Philtippes Clerc, sieur de la Chatteaudrie, avocat et échevin de cette ville Jean Sabourin, nottayre royal et ancien echevin Laurens Pellerin, avocat François Madien, aussi avocat René Poudret de Sevret, aussy avocat André Laniton, conseiller et procureur du roy au siège royal de l'ellection de cette ville Jean de Dieu Bion, sieur du Parc, ancien échevin Pierre Jacques Ducrocq, ancien juge de la jurisdiction consulaire de cette ville François Boursaud, marchand Louis Teillé, sieur de Chaises, bourgeois Pierre Collon, sieur de la Douletrerie; Jean Collon, sieur Desillières, marchand Simon Binet, marchand Antoine Laffitlon, nottayre royal Jean Martin, marchand, ancien juge des marchands Estienne Piet, sieur du Vignaut, aussi ancien juge et echevin ; Ettienne Piet, sieur de Rochetan, juge en charge des marchands; Abraham Allonneau, aussi ancien juge Jean et Michel Delaveaud frères, marchand ; Simon Le Roux ; Jean Charrier, marchand André Gilles; Jacque Bernard, consul des marchands; Louis AIlin, aussy ancien consul Jean Savarit l'ainé, marchand Nouel Piet, ancien consul des marchands Jean Bernard, aussy ancien consul, Pierre Tierce, marchand, et autres soussignés, lesquels ont tous unanimement dit que anciennement les batteaux nécessaires pour le transport des danrées de cette ditte ville passoient sur l'ancien lit de la rivière de la Saivre quy touche aux murailles du Chatteau, et pour décharger les danrées on faisoit entrer les dits batteaux dans la ditte ville, proche ledit chatteau, dans un lieu présentement appelle la Grenouille (31), et autres fois le Grenier, ce qui est prouvé par d'anciennes déclarations rendues au seigneur du fief Chaumon, et par un grand arseau qui est dans la muraille de cette ville, vis à vis ledit lieu appelle le Grenier, qui subsiste encore.

Le lieu ayant paru d'une trop petitte éttendue pour contenir les dits batteaux nécessaires pour le commerce de la ditte ville, qui augmentait alors de jour en jour, les habittants demandèrent au roy la permission de construire un port et havre dans un autre lieu, près la ditte ville, plus convenable, ce qui leurs fut accordé par lettres patentes en lattin du mois .de may 1293 (sic pour 1285), et autres lettres pattentes émanées de Jean, fils du roy de France, duc de Berry et conte de Poittou, du 26 aoust 1412, et qui parait dans le Thrésor des Tiltres de l'Hottel de cette ville, imprimé par les soins de M Augier de la Terraudière, ancien maire et échevin, impression de 1675, pages 120,129, 360 et autres suivantes en exécution de quoy il fut construit dans le faux bourg de cette ditte ville, depuis appellé port, un havre qui depuis a toujours subsisté, et afin de conduire en droiture les dits batteaux audit lieux de Marans et entrer dans l'ancien lit de la ditte rivière de Saivre, il fut creuzé un canal le long de la prairie de Jamonneau (32), alors contigu aux: terres, ou sont présentement batties plusieurs maisons, saunières ou magazins à cotte dudit canal, joignant le dit havre, en sorte que la ditte prairie de Jamonneau, de laquelle il s'agit, ne se trouve environnée d'eau de touttes parts que depuis la construction dudit canal, qui est aussy long que la ditte prairie, et avant ne l'estoit que du costé de l'ancien lit de la ditte rivière de Saivre les dits comparans adjouttent qu'on s'apperçoit encore que le dit canal est fait des mains d'homme et qu'il n'est pas naturel, puisque les terres, qui en ont esté tirées, ont ette mises tout le long de la ditte prairie, ce qui forme une ellevation appelée terrier de la hautteur de vingt à quinze pieds dans dès endroits, et de la largeur de douze pieds ou environ, ettant terres raportées, et qu'ils ont toujours ouy dire par leurs pères et mères et anciens de cette ville que le dit canal a etté construit aux depens de cette ville par les soings de messieurs les anciens maire et echevins, et que la ditte prairie de Jamoneau n'est pas une isle natturellement formée (33), et se sont les dits comparants soussignez

PALUSTRE; THIBAULT BOUTTEVILLE; LECONTE, echevin; CHAUVEGRAIN, conseiller THOMAS DE LA CHAPELLE, procureur du roy des traittes et ancien eschevin ; CLERC LA CHATAUDRYE. PELLERIN SALMANDIERE. A. LAFFITON, ancien eschevin ; TEILLÉ  DES CHESES; THIBAULT, procureur; DE NEUFVILLE frères A. LAFITON. MACE, ancien eschevin. FRADIN, eschevin.  LENOIR,……..

 

 

 

 

 

Mémoires / Société historique et scientifique des Deux-Sèvres

 

 

A Niort, Henri Gelin recherche la maison natale de Françoise d'Aubigné dit Mme de Maintenon. <==.... ....==> FORTIFICATION ANCIENNES ENCEINTES DE LA VILLE DE NIORT (plan)

 


 

 

Le Marais Poitevin et la navigation sur la Sèvre Niortaise (Time Travel)

Entre Loire et Gironde, entre Nantes et Bordeaux, entre collines du Bocage vendéen et de Saintonge, le plat pays du Marais poitevin, à demi-marin, à demi-fluvial, s'ouvre en V, en direction du Seuil du Poitou (1). La Sèvre niortaise coule est-ouest, de Saint-Maixent et de Niort vers , l'anse de l'Aiguillon et l'Océan.

 

(1) On voit que dès le XVe siècle les navires d'un certain tonnage ne remontaient pas la Sèvre. On faisait à Marans un transbordement du fret sur des gabares fluviales, et les portefaix chargés de ce soin s'appelaient « boute tonneaux ». Bib. Nat., fr. 8819, fol. 53. Rien ne prouve qu'il en ait jamais été autrement.

(2) Arch. Nat.. J 475-98. Pub. Arch. Hist du Poitou, H. p. 291-298.

(3) Sans doute par alliance ; en 1770, on trouve un Jean Chardon de Chaumon, intendant du duc de Vitleroi.

(4) Mém. Société stat. des Deux-Sèvres, 1er série, VIII, p. 106.

 (5) Tome XXI, p. 340.

(6) C'est-à-dire le Clos-Chardon. Il y a encore Niort le Clou Bouchet.

(7) C'était une auberge datant au moins du XIVe siècle. Elle changea de nom en 1669, après l'expédition du duc de Beaufort à Candie où se couvrit de gloire le maréchal de Navailles, gouverneur de Niort, qui commandait en second.

(8) Mercure Poitevin, nov. 1898. Tirage à part.

(9) Ce plan figure au bas d'une carte des Deux-Sèvres de 1824 gravée par Berthe à Paris. La légende porte « Maison ou naquit Mme de Maintenon » et renvoie à l'immeuble de la rue du Pont.

 

(10)On trouvera dans le procès-verbal de visite des bâtiments domaniaux du comte d'Artois en 1779 (Bull. Soc. stat. 1876, p. 129-145) la disposition des lieux à la veille de la Révolution.

Un plan de la prison en 1841, dont l'original est conservé à la Mairie et une copie à la Bibli. publique, papiers Laurence, complète utilement de ces indications.

 

(11) Cette pièce nous a été signalée par M. Léo Desaivre que nous tenons à remercier une fois de plus de son désintéressement et de son empressement à obliger.

(12) H. Clouzot. Cens et rentes dus au Comte de Poitiers A Niort au XIIIe. Paris et Niort, 1905, in-8", p. 10-11.

 (13) Arch. comm. de Niort, n 336.

(14)Archives du Ministère de la guerre.

(15) Nous devons l. communication de cette pièce à M. Chotard, bibliothécaire à Niort. Il s'agit d'une confirmation du droit de coutume contesté alors à la commune. Les Maire et échevins présenteront à la suite de cette enquête un Mémoire à l'intendant le 15 décembre 1729. Pub. par H. Proust. Revenus de  l’Hôtel de Ville. Niort, 1888, p. 195.

(16) Il faut d'ailleurs remarquer que ni les Hommages d'’Alphonse ni les Cens dus au Comte de Poitiers au XIIIe siècle ne mentionnent de moulins à Niort tandis qu'ils citent le moulin d'Anne, celui de Granges, etc.

(17) Sic. Le catalogue imprime du Fonds français désigne ainsi le n° 5909 Recueil d'actes des rois Chartes VII et Louis XI, actes dont beaucoup sont réduits à l'état de formules, » Il ne s'agit donc pas de copies de documents originaux, mais de modèles d'actes rassembles pour faciliter le travail des secrétaires de chancellerie. Ce registre est un véritable formulaire.

(18) Le puits Nallier se trouvait à l’angle de la rue Basse et de la rue du Pont, à gauche en montant. Il existait de temps immémorial « ….juxta puteum Naler » vers 1325. Arch. com. de Niort, n2067.

(19) Une maison qui présente une jolie porte sculptée, surmontée des armoiries de la famille Chabot, existe encore au n° 23 de la rue du Pont.

(20) Hugues Foucher était maire en 1461, lors de la concession de noblesse à l'échevinage de Niort par Louis XL Jean Laidet et Jean Galemit, pairs de la commune. L'emplacement de ce chemin et de ce plantis est détermine dans l'aveu de 1663; c'est le Clou Chardon, route de Fontenay.

(21) La copie s'arrête ici.

(22) Rue du Pont.

(23) Le texte porte par erreur « à la porte et « par laquelle ».

 (24) Ce chemin existe encore dans sa partie inférieure, derrière le Jardin public. Un plan de 1699, aux Archives nationales, figure la fontaine du Pissot, sur l'emplacement actuel des machines élévatoires, comme une source captée dans un large bassin.

(25) Place des Capucins.

(26) La femme serpent, Melusine.

(27) Ce cimetière était à l'endroit où l'on a construit le groupe scolaire de la rue Gambetta.

(28) Route de Fontenay. La chapelle de Recouvrance était au pied: de la butte- Saint-Hubert, en face de l'entrée de la route de Coulonges. On a voulu y voir un souvenir de la « recouvrance » de la ville de Niort sur les Anglais par Duguesclin, le 26 mars 1373 mais on trouve des Notre-Dame de Recouvrance dans les Ardennes, les Côtes-du-Nord, le Finistère, la Loire-Inférieure, le Maine-et-Loire, la Vienne, le Loiret, dans les localités où l'on ne signale aucun siège ni reprise de ville. Il s'agit évidemment d'une dévotion spéciale à la Vierge, comme Notre-Dame-de-la-Garde, Notre-Dame-du-Bon Secours.

(29) C'est-à-dire derrière la chapelle de l'aumônerie de Beauchamp, dédiée à Saint-Georges. Il n'en restait plus, à cette époque, que des ruines, à peu près à l'angle de la place de Strasbourg et de la rue d'Echiré, à droite.

(30) Magasin à sel. Les marchands du port faisaient au XVIIe siècle un grand commerce du sel de Saintonge amené par les gabares de la Sèvre.

(31)La rue Brisson s'est appelée jusqu'en 1824 rue de la Grenouille, et le quai Cronstadt a porté le nom de quai de la Grenouille jusqu'en 1885. La poterne qui s'ouvrait dans les anciens murs, à l'extrémité de cette rue, portait le nom de porte de la Grenouille.

 

(32) « Eh Jamonca » vers 1325. Arch. com. de Niort, n° 2067. On appelait Jamoneau tout le terrain compris entre la vieille Sèvre et le canal de navigation, du Moulin-Neuf à Comporté c'est aujourd'hui Belle-Ile.

(33) Il est en effet très probable que les bateaux suivaient le cours de l'ancienne Sèvre, et que les moulins de Comporté et de Bouzon, s'ils existaient avant 1377 (ce que rien ne démontre), ne barraient pas la rivière. Mais, à notre avis la tradition confond, comme il arrive souvent, un travail d'amélioration avec un creusement total. Jean de Berry a dû se contenter de faire approfondir un bras de rivière existant déjà, au lieu de creuser un nouveau canal au milieu des terres. Autrement il n'aurait pas suivi une direction concentrique à la boucle de la Sèvre : il aurait dirigé la tranchée en ligne droite à travers les terrains plats du quartier de Genève.

 

 

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