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PHystorique- Les Portes du Temps
6 juin 2020

Au début du XVIIIe siècle, la châtellenie de Benet revint à nouveau aux Lusignan par le mariage de Marie d'Estissac

Famille de Lusignan L’histoire de Benet (sous-les-Noyers) et son château médiéval

Au cours des XVIIe et XVIIIe siècles, de nombreux procès et querelles opposèrent les habitants de Benet à leur seigneur. Les habitants de la paroisse devaient entretenir le chauffage de six fours ; quelques-uns refusaient de s'acquitter de cette obligation : Roger, Coursault, Soulices furent condamnés, en 1747, à des amendes, mais les contestations allaient beaucoup plus loin, puisqu'ils contestaient à leur seigneur la propriété de la plupart des marais.

Au début du XVIIIe siècle, la châtellenie de Benet revint à nouveau aux Lusignan par le mariage de Marie d'Estissac de la Rochefoucaud avec Henri de Lusignan de Lezay.

Seigneur en 1789 Philippe-Auguste-Anne Rolland Louis comte de Lusignan, seigneur de la châtellenie de Benet.

Et nous arrivons à la Révolution de 1789. Olivier Loth nous dit : "La juridiction de l'antique Châtellenie de Benet cessa de fonctionner le deux décembre 1790.

M. De Lusignan quitta la France en compagnie de son fils Hugues, qui était né le 23 décembre 1749.

Le comte de Lusignan ne revint plus en France (ce n'est peut-être pas sûr). Plusieurs de ses immeubles furent vendus comme biens nationaux, mais les marais qui avaient fait l'objet de nombreux conflits ne furent ni séquestrés ni vendus. Les communes de Benet et Lesson en furent, de fait, les propriétaires. En l'an III (1794), les communes de Benet et Lesson furent portées sur les rôles de la contribution foncière pour les marais situés sur la rive nord de la Sèvre.

Loth ajoute : "Les marais de Ballanger et de Jumeaux se trouvant enclavés dans la commune de Coulon, c'est Coulon qui eût dû, régulièrement, les posséder. La tradition rapporte que le marais de Ballanger (200 hectares) a échappé à cette époque à la commune de Coulon, par la faute du maire Jamois qui n'en voulait pas payer les contributions.

C'est ainsi que les communes de Benet et Lesson devinrent propriétaires fonciers de plusieurs centaines d'hectares dans le territoire de la commune de Coulon".

 

Cette propriété fut la cause, durant la Révolution et l'Empire, d'une rivalité aiguë entre Coulon et Benet.

Cette rivalité nous est rapportée par un historien, le docteur Merle, dans son ouvrage "Formation territoriale du département des Deux-Sèvres" : "Au mois de Juin 1792, les frères Brelay de la paroisse de Coulon étaient occupés à couper de l'herbe dans le marais de Ballanger, lorsqu'ils virent s'approcher d'eux, chacun sur son bateau, les sieurs Gelot et Létang de la paroisse de Benet, proférant d'inquiétantes menaces".

Une discussion s'engagea sur le point de savoir si les Brelay avaient le droit de faucher dans ce marais. Elle tourna très vite à l'aigre. Les Brelay menacèrent leurs adversaires "de leur couper le col avec leur dail". Gelot et Létang, soutenus par quelques-uns de leurs compatriotes accourus au bruit de la querelle et tenant "leurs pigouilles élevées", profitèrent de ce renfort pour frapper les gens de Coulon qui se virent contraints de rentrer précipitamment chez eux".

C'est ainsi que débuta un conflit qui mit aux prises, durant de nombreuses années, les municipalités de Benet et Coulon et, par extension, les nouveaux départements de la Vendée et des Deux-Sèvres. Sur le terrain, les usagers de Coulon et Benet se battaient entre eux, s'insultant de leurs bateaux en poussant le célèbre cri de guerre "Tarsacreva" (employé d'ailleurs par les uns et les autres). Les maires des deux communes se querellaient par lettres (ils ne se disaient pas des douceurs) et les préfets des deux départements en faisaient autant (nombre de ces lettres ont été citées par l'abbé Loth dans ses bulletins paroissiaux).

Autre problème d'époque concernant ces marais de Ballanger : le long de la Sèvre, à partir du village de Préplot (tout à côté du bourg de Coulon) et durant deux lieues, les seigneurs de Benet avaient laissé s'installer des cabanes.

Je cite encore Loth : "Relégués d'abord sur les levées, qui portaient leurs palais de roseaux, ces huttiers (en patois les "cabanas") n'avaient pu résister à la tentation de s'y tailler petit à petit tout un domaine : ils avaient pris possession de certaines parcelles de terrains et y avaient aménagé des "mottes" dont ils étaient devenus sans autre forme de procès les propriétaires. C'étaient de pauvres gens qui amenaient là leur famille. Ils avaient quelques bêtes, mais vivaient surtout de pêche".

La tradition nous apprend aussi que quelques-uns de ces "huttiers" étaient, durant le 1er empire, des insoumis et des déserteurs. A ce propos, un habitant de Ballanger (le Ballanger d'aujourd'hui) m'a raconté l'histoire suivante. Mon aïeul était soldat. Son meilleur camarade était né au village Nattes à Benet.

Vers 1808 ou 1809, leur unité venant d'Allemagne passa par Niort, allant en Espagne. Pour le gars des Nattes, la tentation fut trop grande : passer si près de chez moi ! Les deux camarades quittèrent leur unité et s'évanouirent dans le marais". C'est le type même de traditions orales que les générations se transmettent. Les levées des bords de Sèvre et leurs roselières ont été de tous temps des refuges sûrs.

Revenons au Comte de Lusignan et à son fils. Ont-ils vraiment émigré ?

Ce n'est pas certain, puisqu'en décembre 1792, le comte envoie une sommation par voie d'huissier à Pierre Ravard, fermier à Ste-Maigrine, pour le paiement du fermage du "Rouchis du Boisret" (commune de Coulon). Dans cette sommation (conservée par une famille de Coulon), il est dit : "M. de Lusignan, jouissant d'une mauvaise santé, s'est trouvé forcé de voyager pour prendre les eaux dans un pays étranger, afin de se fortifier et jamais il n'a eu l'intention de laisser sa patrie ni de lui être contraire".

Nous savons aussi que le Comte de Lusignan est mort à Liège en 1800, laissant pour héritier son fils unique Hugues qui accepta sa succession, suivant un jugement du 11 février 1802.

Le Comte Hugues de Lusignan lui-même est mort à Paris, cour des Fontaines, le 10 février 1814, sans postérité.

Il était donc le dernier du nom ; il fut aussi le dernier seigneur de Benet.

 

1814, c'était la fin de l'Empire ; encore quelques soubresauts et c'était la Restauration. Louis XVIII, frère de Louis XVI, montait sur le trône.

Cette restauration amena de nombreux règlements de compte entre les émigrés, qui revenaient arrogants, la tête haute, et les révolutionnaires qui s'étaient accaparé les biens des familles nobles. Il en fut de même à Benet et Lesson, communes qui s'étaient approprié les marais du Comte de Lusignan.

Ce clin d'oeil à l'histoire nous ramène au document présenté en ce début d'article.

Le Comte Hugues de Lusignan avait fait un testament en 1804 (10 ans avant sa mort) léguant la totalité de ses biens à cinq personnes (qui faisaient partie, nous l'avons dit, de la noblesse la plus huppée du royaume) et qui étaient de ses parents. C'était : 1 ) Georges de la Fayette 2) Anastasie de la Fayette, veuve de M. de la Tour-Maubourg. 3) Antoinette de la Fayette, veuve de M. de Lasteyrie du Saillant. 4) Lancelot, comte de Turpin de Crissé. 5) Mme de Turpin de Crissé, veuve du comte de Meulan.

Ces cinq personnes essayèrent de récupérer les biens du Comte de Lusignan et commencèrent démarches et procès contre les communes de Benet et Lesson.

La plus grande partie de ces biens était constituée par les marais, qui représentaient, après expertise, 1134 hectares 52 ares ayant une valeur de 1802596 francs de l'époque. Le marais de Ballanger faisait partie de cette expertise pour environ 200 hectares.

Mais une nouvelle candidate à cet héritage se manifesta. Elle était la parente du Comte de Lusignan, mais ne figurait pas dans son testament. C'était Ygoline de Baschi du Cayla, épouse du prince de Beauveau-Craon (la voilà enfin notre princesse). Cette dame était la fille de Madame du Cayla qu'on disait être l'amie et la confidente du roi Louis XVIII. Cette brillante relation devait, bien sûr, ouvrir bien des portes. Bref, après une procédure fort longue, très compliquée, où paraît-il Madame la princesse de Beauveau-Craon manifesta un tempéramment particulièrement combatif, la Cour impériale de Poitiers, fin 1857, rendit un arrêt qui fixa définitivement le sort de cet important héritage.

Un tiers de la valeur des marais serait attribué aux communes de Benet et Lesson (ce furent les communaux de ces villages).

Un tiers de la valeur du marais serait attribué aux cinq héritiers désignés par le Comte.

Et le dernier tiers de la valeur des marais serait attribué à la princesse de Beauveau-Craon.

Les familles nobles ont vendu leurs biens à la fin du XIXe siècle.

En 1885, le "huttier" Jourdain et sa femme, née Tardy, se rendirent acquéreurs de 1 hectare 90 pour 9000 francs (la photocopie de ce début d'article est tirée de cet acte de vente).

Quant aux marais attribués aux communes de Benet et Lesson, sous l'impulsion de M. Fleury, maire de Benet, les municipalités les ont vendus à des particuliers en 1933. De sorte qu'aujourd'hui, les immenses marais du Comte de Lusignan de Lezay sont la propriété d'une multitude de gens. Les grands noms des anciens propriétaires ne sont plus que des souvenirs.

 

 

 de LUSIGNAN comte d’EU, seigneur d'Issoudun Seigneur de la châtellenie de Benet, Fontblanche, Melle, Civray, Chizé, la Mothe <==.... ....==> Marie-Jeanne Catherine de la Rochefoucauld-Estissac - estimation et valeur du château et préclôture de Coulonges-les-Royaux.

Guerre de Religion en Bas-Poitou - Benet et les travaux de dessèchement des marais Poitevin d’Henri IV. <==.... .... ==> LA FAÇADE ROMANE DE L'ÉGLISE SAINTE-EULALIE DE BENET EN BAS-POITOU

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