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PHystorique- Les Portes du Temps
29 novembre 2023

Château d’Aixe-sur-Vienne.

Château Aixe sur Vienne

Appelé Axia dès le Xe siècle, est une petite ville fort industrieuse à 13 kilomètres de Limoges.

 Elle est située au confluent de la Vienne et de l'Aixette, près de celui de l'Aurance.

Une longue rue, divisée en deux branches pour contourner l'église forme la ville proprement dite, où se faisaient jadis remarquer des portes, des fenêtres ogivales et de curieuses charpentes en saillies sur les rues.

Chaque année emporte ces souvenirs du vieux temps.

 Bourg-Neuf, sur la rive droite de l'Aixette, et Outre-Vienne, dont le nom indique la situation, sont deux faubourgs unis à la ville par le double pont de la Vienne et de l'Aixette.

Sa position aux abords de Limoges, ses ponts sur deux rivières, firent toujours d'Aixe une place importante pour quiconque eut à inquiéter ou à défendre la capitale du Limousin ; c'est ce qu'attestent ses souvenirs.

Elle était ceinte d'une muraille que dessinent aujourd'hui le ravin de l'Aixette, le petit chemin des fossés devenu le champ de foire, et la route nationale de Paris à Barèges.

L'entrée de la route des Cars a conservé le nom de Porte-aux-Roux ; la porte Lavaud était à l'extrémité de la rue de ce nom ; et la porte Guingaud se retrouve encore dans les murailles d'un jardin. Au centre, l'église avec ses épaisses murailles, ses mâchicoulis et ses meurtrières servait de forteresse.

Le nom d'Aixe se rencontre pour la première fois vers 982.

A cette époque Bernard de Comborn, abbé de Solignac, du consentement d'Hildegarius, évêque de Limoges, y avait fait construire des chapelles. Elles semblent placées dans le château.

Toutefois leur possession causa de longues discussions que l'évêque de Limoges termina en en faisant l'acquisition en 1149 et en les donnant à Albert, abbé de Saint-Martial en 1150.

 

La Guerre de Cent Ans fait rage depuis 1337.

 
Louis seconda du Guesclin et Olivier de Clisson dans la reconquête de la Guyenne. seconda du Guesclin et Olivier de Clisson dans la reconquête de la Guyenne.

==> Le Connétable Louis de Sancerre passa montre le 5 septembre 1371 à Tours, avec 21 chevaliers bacheliers et 58 écuyers.

 

 

1371 La Guerre de Cent Ans fait rage depuis 1337.


Louis de Sancerre, maréchal de France, seconda du Guesclin et Olivier de Clisson dans la reconquête de la Guyenne.

Louis de Sancerre passa montre le 5 septembre 1371 à Tours, avec 21 chevaliers bacheliers et 58 écuyers.

 

 

1371 Louis de Sancerre, maréchal de France, reconnait avoir reçu du trésorier des guerres du roi la somme de 5920 francs d'or dépensés pour la reprise du château d'Aixe sur les Anglais.

 

(v. st.). Orig. parch. Se. de cire rouge plaqué sur queue de parchemin.

Saichent tuit que nous Loys de Sancerre mareschal de France confessons avoir eu et receu de Jehan le Mercier, tresorier des guerres du roy nostre sire, la somme de cinq mille neuf cenz et vint frans d'or, lesquels nous estoient deuz tant pour plus[eurs] frais et missions que nous avons faites pour cause du recouvrement de la ville et chastel d'Aisse en Limozin et plus[eurs] autres forteresses du dit pais, comme pour certains deniers paiez aux Anglois qui tenoient le dit chastel d'Aisse pour certain traitié et accort fait par nous et les genz du conseil du roy nostre dit seigneur avecques les diz Anglois pour delesser le dit chastel;

de laquelle somme de Vm IX  XX francs d'or dessus diz nous nous tenons pour bien paiez.

Donné à Paris soubz nostre seel le XIIIe jour de janvier l'an mil CCC soixante et onze.

 

 

 1371 Mandement du roi à son trésorier des guerres de payer les gages des gens d'armes placés sous le commandement du maréchal de Sancerre pour opérer en Limousin.  

Orig.parch. Sc. perdu.

Charles, par la grâce de Dieu roys de France, à nostre amé et féal tresorier de noz guerres Jehan le Mercier ou à son lieutenant, salut.

Pour ce que nous avons eu certaines nouvelles des habitans de la ville de Limoges et du pays de Limosin, nous envoions présentement nostre amé et féal conseiller Loys de Sancerre mareschal de France es dictes parties pour reconforter le dit pays et faire certaine chevauchiée sur yceli (sic) au dommage de noz ennemis par quoy il est besoing que il ait certaine et grant quantité de gens d'armes en sa compaignie pour le dit fait, lequel il convient que il se face hastivement.

Et voulons que nostre dit mareschal puist prendre à noz gaiges tant et tel nombre de genz d'armes comme bon li semblera pour ceste cause.

Et pour ce qu'il est necessité que la chose se face hastivement, les dictes genz d'armes ne pourroient pas bonnement faire leur monstre si briefment, et pourroit la dicte chevauchiée estre nulle par la longueur des dictes monstres.

Si vous mandons et commandons que à toutes les dictes genz d'armes dont il vous apperra que nostre dit mareschal aura retenus à nos diz gaiges, vous faites prest et paiement de noz deniers sanz aucun contredit, en prenant lettres de recongnoissance des dictes genz d'armes de ce que baillié leur aurez par lesquelles rapportant avecques ces presentes et mandement de nostre dit mareschal tant seulement du nombre des dictes genz d'armes ainsi retenus, comme dit est, tout ce que ainsi leur aurez baillié et delivré sera alloé en voz comptes et rabatu de vostre recepte sanz contredit par nos amez et féaulx genz de nos comptes à Paris, non obstant qu'il ne vous appere de leurs monstres faites devant noz mareschaux ou autres commis ad ce de laquelle chose nous voulons qu'il[z] ne soient tenus de faire, et quelconques ordenances, mandemens et deffenses au contraire.

Donné en nostre hostel lez Saint-Pol à Paris le XVe jour d'ottobre l'an de grâce mil CCC soixante et onze et le VIlle de nostre règne.

Par le Roy.

G. BAIGNOUX.

 

 1371 Mandement du maréchal de Sancerre au trésorier des guerres du roi de payer les gages des gens d'armes opérant en Limousin.

Orig. parch. Se. de cire rouge plaqué sur queue de parchemin.

Loys de Sancerre, mareschal de France, à nostre amé Jehan le Mercier, tresorier des guerres du roy nostre sire ou à son lieutenant, salut. .

Nous vous mandons que aux genz d'armes et archiers cy dessoubz nommés et escriz, lesquiex nous avons retenuz par mandement du roy nostre dit seign[eur] pour venir en nostre compaignie ou pays de Lymosin, pour reconforter ycellui et pour certaines nouvelles que le roy nostre dit seign[eur] avoit eues des habitans de la ville de Lymoges, et lesquiex nous avons touz veuz en nostre personne, vous baillez et delivrés en prest sur leurs gaiges pour un mois les sommes cy dessoubz contenues, c'est assavoir: à nous sur les gaiges et estat de nous, XI chevaliers bacheliers, XLVII escuiers, queu, trompete et mareschal, quatorse cenz dix livres tournois

– à Mons. Guy de Chauvigny (1) vicomte de Broce (2) sur les gaiges de li (sic) banneret, III chevaliers bacheliers et XVII escuiers, quatorze cens cinq livres tournois

– à Mons. Philippe sire de Linieres sur les gaiges de lui, un autre chevalier et un escuiers, soixante quinze livres tornois à Mons. Loys de Broce, un autre chevalier et III escuiers, cent cinq livres tournois à Messire Guichart de Culent et VII escuiers, six vins quinze livres tournois

 – à Messire Guillaume de Bois chevalier, un autre chevalier et IX escuiers, neuf vins quinze livres tornois à Messire Pierre de Mornay chevalier, IIII autres chevaliers et XXXV escuiers, six cens soixante et quinze livres tornois à Messire Hugues de Champdeo chevalier et V escuiers, cent cinq livres tournois à Henry de la Mainferme escuier et XI autres escuiers, neuf vins quinze livres tornois et à Mondon de la Periere escuier, I chevalier et X escuiers, neuf vins quinze livres tournois en prenant lettres de recongnoissance de ce que baillé leur aurez par lesquelles rapport[ant] avec cest present mandement tant seulement tout ce que ainssi baillé leur aurés, sera aloé en voz comptes, non obstant qu'il ne vous appere (4) de leurs monstres et ordenances, mandemens ou deffenses au contraire.

Donné soubz nostre scel (sic) aux Ays d'Angilon (5) le premier jour de novembre l'an mil CCCLX et onze.

 

(1). Arr. de Montmorillon, Vienne.

(2). Brosse, commune de Thollet, arr. de Montmorillon, Vienne.

(3). Ici et dans la charte suivante on lit très nettement appe, les deux p étant barrés.

(4). Les Aix-d'Angillon, ch.-l. de canton, arr. de Bourges, Cher.

 

 

 1375 Mandement des maréchaux de France au trésorier des guerres du roi de payer les gages des gens d'armes opérant en Limousin sous le maréchal de Sancerre.

Orig. parch. Se. de cire rouge plaqué sur queue de parchemin.

Les mareschaux de France à nostre bien amé Jacques Renart, tresorier des guerres du roy nostre sire ou à son lieutenant, salut.

Nous vous envoions enclose soubz nostre seel commun de la dicte mareschaucié la reveue de Robin Roussel escuier et de nuef autres escuiers de sa chambre, receue à Bellac (1) le XVe jour de decembre l'an mil CCCLX et quinze, pour servir aux gaiges du roy nostre dit seigneur, en ses presentes guerres es parties de Guyenne en la compaignie et soubz le gouvernement de nous Loys de Sancerre, mareschal de France, montés et armés souf fis [animent].

Si vous mandons que au dit Robin Roussel pour lui et les dessus diz de sa chambre vous faciez prest, compte et paiement de leurs gaiges en la maniere qu'il appartendra. Donné soubz nostre dit seel au lieu, le jour et l'an dessus diz.

 (1). Ch.-l. d'arrond., Haute-Vienne.

 

 

 

1375 Quittance délivrée au trésorier des guerres du roi par un écuyer du maréchal de Sancerre pour les gages de sa brigade.

Orig. parch. Se. perdu.

Sachent tuit que je Guillaume de Peronne escuier confesse avoir eu et receu de sire Jaques Renart, tresorier des guerres du roy nostre sire, la somme de cent cinquante livres tournois, franc d'or pour XX s. t. pièce, en prest sur les gaiges de moy, d'un chevalier bachelier et de sept autres escuiers de ma chambre deserviz et à deservir en ces presentes guerres es partiez de Saintonge, de Perigort et de Limosin, en la comp[aigni]e et s,oubz le gouvernement de Mons. Loys de Sancerre mareschal de France de laquelle somme de CL 1. t. dessus dicte je me tieng à bien content et paié.

Donné soubz mon seel le XX [le jour de novembre l'an mil CCCLX et quinze.

 

 1375 Mandement des maréchaux de France au trésorier des guerres du roi de payer les gages des gens d'armes placés sous le commandement de Guillot de Péronne, écuyer.

Or. parch. Se. perdu.

Les mareschaux de France au tresorier des guerres du roy nostre sire ou à son lieutenant, salut. Nous vous envoyons atachée soubz nostre seel commun la monstre de Guillot de Peronne escuier, d'un chevalier bachelier et de sept autres escuiers de sa chambre, receue à Saint Junian (1) le premier jour de novembre l'an mil CCCLX et quinze, pour servir es gaiges du roy nostre dit seigneur en ces presentes guerres es pays de Xaintonge, de Perigort et de Lymosin, en la compaignie et soubz le gouvernement de nous Loys de Sancerre mareschal de France, montez suffisamment] Si vous mandons que au dit Guillot des gaiges de lui et des dictes gens d'armes de sa dicte chambre vous faciez prest, compte et paiement en la manière qu'il appert. Donné soubz nostre dit seel au lieu, le jour et l'an dessus diz.

 

(1). Saint-Junien-sur-Vienne, ch.-l. de canton, arr. de Rochechonart, Haute-Vienne.

 

Dès 1410 on trouve Aixe indiquée comme succursale pendant que l'église paroissiale était à Tarn.

 Elle faisait partie de l'ancien archiprêtré de La Meyze, et sa fête patronale était l'exaltation de la Croix. Aussi de nos jours voulant faire graver un sceau pour la paroisse, on a eu raison d'y mettre une croix vairée d'or dans un champ de sable, et non un pal d'or que d'Hozier a donné pour armes à cette petite ville Cela est conforme à l'usage qui veut que le sceau des églises représente leur patron, et de plus cette croix se trouvait sur une des clefs de voûte de l'église elle-même.

La tradition locale, rapportée par le P. Bonaventure, attribue la fondation de cette église à un miracle : vers l'an 1106, un pèlerin venait de Jérusalem, apportant une petite croix qui avait été faite avec un fragment de celle de Notre-Seigneur-Jésus-Christ. Il s'était arrêté à Aixe pour prendre un moment de repos, et avait déposé au pied d'une vigne le paquet qui renfermait la précieuse relique.

 Quand il voulut la ramasser tous ses efforts furent vains; il avait beau faire, rien ne bougeait. Au comble de l'étonnement, il va chercher le curé, qui n'éprouve aucune peine à relever la Sainte-Croix et à la porter dans son église.

 

A Aixe la tradition verbale varie un peu touchant ce fait.

Les vieillards racontent que le pèlerin, arrivé sur l'emplacement où devait s'élever l'église de Sainte-Croix, et voulant continuer sa route, se trouva revenir sur ses pas jusqu'au Dognon, et malgré tous ses efforts, ne put jamais dépasser le lieu que Dieu avait choisi pour le séjour de sa sainte relique.

 La procession, dite du pèlerin, que font encore les habitants du pays en passant par l'église de Sainte-Croix et celle du Dognon, semble confirmer cette dernière version.

Quoiqu'il en soit, ce serait à l'occasion de ce miracle qu'aurait été élevée l'église de Sainte-Croix d'Aixe.

Cette église, actuellement paroissiale, est un édifice roman. Son plan est carré et ses trois nefs d'égale hauteur. Quatre piliers ronds et un peu lourds soutiennent une voûte ogivale renforcée de nervures. Au midi sont accolées trois chapelles latérales en style flamboyant du XVe siècle.

Les murs d'une remarquable épaisseur résistent sans contreforts à la poussée des voûtes. Plusieurs modifications y ont été faites successivement : cet édifice conserve le souvenir des époques orageuses qu'il a traversées. Sous sa toiture on a ouvert de petites fenêtres carrées et des meurtrières. La porte principale a été surmontée d'une galerie couverte à mâchicoulis, du haut de laquelle on pouvait écraser les assaillants.

Cette galerie était ornée de deux pierres sculptées, dont l'une représentait le buste de saint Alpinien accoste des lettres S. A. ; c'est le patron de la paroisse (Tarn).

L'autre portait les armes de la maison des Cars qui possédait la seigneurie d'Aixe.

Ces armes sont : de gueules au pal de vair, entourées des colliers des ordres du roi, avec la date 1599.

Ces mêmes armes sont à la clef de voûte de la nef principale, et à celle de la nef de gauche on trouve celles de la famille-Chantois : d'argent au chevron de gueules accompagné de trois tourteaux du même et d'un lambel en chef. La famille Mandat, qui avait fondé plusieurs vicairies dans l'église d'Aixe avait sa sépulture au bas du marchepied du maître-autel.

Le juge du seigneur d'Aixe, vers 1620, voulut déposséder de ce ban Pierre Mandat, sieur de La Pouyade, mais il ne put y réussir.

 Aujourd'hui il ne reste rien de cette sépulture et de ce ban, pas plus que des armoiries qu'on dit être à une clef de voûte.

La famille Mandat porte : d'azur au lion d'or, au chef d'argent chargé d'une hure de sanglier de sable, défendue d'argent, accostée de deux roses de gueules.

Le clocher est une tour carrée à trois étages, surmontés d'un octogone qu'éclairent huit baies légèrement ogivales ; il se termine par une flèche couverte en ardoise. Il est placé dans l'axe de la nef principale, et une de ses ouvertures porte la date 1706.

Enfin des réparations considérables ont transformé cet édifice. Une plus grande porte a été ouverte sous le clocher, qu'on a flanqué de deux salles, l'une pour les catéchismes, l'autre pour les baptêmes.

L'ancienne porte a perdu sa galerie à mâchicoulis et a reçu des ornements en rapport avec son style, des contreforts ont été construits autant pour l'ornementation que pour la solidité. Ce monument ainsi restauré a été consacré le 11 octobre 1884 par Mgr Rougerie, évêque de Pamiers, originaire d'Aixe.

L'église d'Aixe possède trois cloches dont voici les inscriptions :

Ad majorem Dei gloriam. — J'ai été fondue le 3 juillet 1813 pour l'église de Sainte-Croix d'Aixe. Ont été parrain M. Jean-Baptisle-François Boni de La Vergne, maire de la ville, et marraine dame Marie-Radegonde Londeix, épouse de M. Durand de La Saigne. Syndics-fabriciens, MM. Durand de La Saigne, Massaloux, Châtenet, La Besse, Rougerie, Jayac et Bramaud, curé. — Bernard et Alexis Martin, fondeurs.

On lit sur la seconde :

En 1828 j'ai été bénite par M. Roche, curé d'Aixe. — Parraiu M. Giquet de Pressac. — Marraine Mme Marie-Charlotte Balatier, comtesse de Villelume, dame de l'Aumonerie. — Le chevalier Malnuit Petifour, fondeur.

La troisième a été fondue en 1886.

Au siècle dernier on voyait dans l'église d'Aixe la représentation de la mise au tombeau avec des personnages de grandeur naturelle. Cette scène que la piété de nos pères avait reproduite dans plusieurs de nos églises était connue sous le nom de monument. Il n'en reste ici aucune trace.

On peut supposer qu'elle était due à la générosité de Jean Mosnier, car en 1516 Anne Chantois fonda une vicairie dans la chapelle de Mosnier, son mari, et depuis cette époque les prêtres de la communauté d'Aixe célébraient à la chapelle du monument, un grand nombre de messes (environ trois par semaine) pour le dit Jean Mosnier; plus une fois par mois « un nocturne et laudes de l'office des morts avec cinq coups de la grosse cloche en mémoire des cinq plaies de Notre-Seigneur pendant le chant du Benedictus, et une grande messe à l'autel du monument, avec l'absoute dans la chapelle du dit monument ».

L'église de Sainte-Croix d'Aixe possède de nombreuses reliques : c'est d'abord une croix en vermeil renfermant une parcelle de la vraie croix. Le P. Bonaventure nous apprend qu'une relique de la vraie croix fut apportée de Jérusalem à Aixe par un pèlerin nommé Michel, au commencement du XIIe siècle (Bonav. III, 438).

Mais cette relique perdue pendant la Révolution a été remplacée par une parcelle de celle de la cathédrale de Limoges.

— Une châsse émaillée du XIIe siècle contient une relique de saint Biaise. Cette châsse a 0m,23 centimètres de hauteur. La face antérieure manque. Sur la partie formant la toiture on voit Notre-Seigneur bénissant, entre les symboles des quatre évangélistes, puis un ange en bosse de chaque côté. La face postérieure représente Notre-Seigneur en croix avec deux personnages debout au pied de la croix; puis un saint à chacun des côtés de cette face. La toiture porte un semis de quatre feuilles.

 — Un reliquaire eu forme de bras conserve une relique de saint Alpinien, qui était le patron de la paroisse. — Dans des coupes en métal sont le chef de saint Victor et celui d'une des compagnes de sainte Ursule.

— Différentes châsses en bois contiennent des reliques de saint Alpinien et de saint Austriclinien, de saint Hyacinthe, martyr, saint Vincent, martyr, de saint Guy, martyr, et de saint Fidèle, martyr.

 —Enfin un reliquaire portant sous un fronton gothique, douze colonnes représentant les douze mois de l'année; on a placé sur ces colonnes une parcelle de relique à chacun des jours du mois. C'est ainsi un calendrier complet avec une relique de saint à chacun des 365 jours de l'année. Ce reliquaire est un don du R. P. Rouard de Gard.

Il y avait à Aixe une communauté de prêtres de 1499. Elle a existé jusqu'à la Révolution.

Ses membres faisaient le service paroissial, et le même avait le titre de curé d'Aixe et de Tarn. Ils firent imprimer à Limoges, en 1761, chez Pierre Chapoulaud, l'Etat des fondations faites en faveur de la communauté de MM. les curés et prêtres de l'église de Sainte-Croix d'Aixe, et la manière de les acquitter.

Voici les noms des curés qui me sont connus :

Lapine (Guy), 1505-1531.

Moreilheras (François), 1627.

Dumonteil, 1636.

Gaudet, 1636-1645.

Mandat (François), 1652.

Noualhier (Martial), 1680-1700.

Auvray de Saint-Remy, 1705-1723.

Chastagnac (Pierre), 1742-1745.

Duverger, 1759.

Rougerie (1768?).

Brousse (François), 1753-1779.

Bramaud du Boucheron (Jean-Baptiste), 1779 1818.

Roche (Pierre), 1818-1856.

Chapelle (François), 1856-1873.

Bonnaud (Pierre), 1874.

 

Plusieurs vicairies existaient dans l'église de Sainte-Croix d'Aixe.

Voici les noms des principaux fondateurs, et la date de la fondation :

Adémard Bardaud, à l'autel de Saint-Nicolas, avant 1482.

Mariotte Lapine, veuve de Pierre Neyre, dit Bardaud, à l'autel de Saint-Michel en 1499.

Michel Telhol, de Boschia, maître ès-arts de la ville d'Aixe en 1503.

Guillaume Chatard, alias de Mazeriis, avant 1409.

Martin Treilhard et Catherine, sa femme, avant 1475.

Pierre Boulhet, prêtre, en 1515.

Anne Chautois, dans la chapelle de Mosnier, son mari, en 1516.

Guy Lapine, curé de Tarn, à l'autel de Notre-Dame-de-Pitié, en 1519.

Jean du Blas, prêtre, à l'autel de Saint Jacques et de Saint-Philippe, avant 1580.

François Mandat, sieur de la Forest, 1669.

Le cimetière de la paroisse d'Aixe est l'ancien cimetière de l'église de Tarn ; il en est parlé ci-après à propos de Tarn.

 

Il y avait dans la ville d'Aixe et dans ses faubourgs plusieurs chapelles dont il ne reste que le souvenir.

Ce sont :

La chapelle de Notre-Dame-du-Pont, appelée quelquefois prieuré, ou aumônerie et même hôpital, en 1556.

La maison de l'Aumônerie d'Aixe, où était un recteur en 1250; c'est probablement la même que la suivante :

La Maison-Dieu de la ville d'Aixe, qui existait en 1304, était située au bas du faubourg d'Outre-Vienne, tout près du pont. Elle était qualifiée prieuré ou aumônerie. Son patron était saint Martial, et primitivement la Sainte-Vierge.

L'abbé de Saint-Martial y faisait les nominations en 1586; ce furent ensuite les seigneurs d'Aixe; enfin ce droit passa au grand aumônier de France par arrêt de Grand-Conseil.

En 1770 et en 1783, Jean Duverger était aumônier de l'hôpital d'Aixe. On sait d'ailleurs que pendant tout le XVIIIe siècle c'était toujours le curé d'Aixe ou son vicaire qui avait ce titre d'aumônier.

L'église des lépreux existait en 1260; elle était aussi appelée infirmerie ou maladrie de sainte Madeleine en 1492. Catherine Bernard, avant 1761, avait fondé des messes dans la chapelle de Sainte-Marie-Madeleine. Je ne saurais dire si c'est dans cette chapelle ou dans la suivante.

La maladerie, appelée de Chambouret en 1634. Sa chapelle, dédiée à sainte Madeleine et à saint Jacques, fut démolie en 1741. Elle était situé au lieu dit des Casseaux, entre Aixe et Tarn.

Notre Dame-d'Abondance était une chapelle rurale dans laquelle il y avait en 1761 une fondation de messes par Jean Bourdeaux. Cette chapelle n'existe plus, elle a été détruite pendant la Révolution, mais on connaît encore la fontaine dite de Notre-Dame-d'Abondance. La statue qui était vénérée dans ce petit sanctuaire fut sauvée par un membre de la famille Bourdeaux. Elle a été placée dans la chapelle du couvent des soeurs du Sauveur, à Aixe, où elle est eu grande vénération.

La chapelle des Pénitents noirs est une construction moderne qui appartient à la compagnie dont elle porte le nom. Elle a été bénite en 1830 par M? 1' de Tournefort. Précédemment la chapelle de Saint-Georges, dans le château, avait servi d'oratoire à cette compagnie.

Une importante communauté des soeurs du Sauveur a été établie à Aixe eu 1837, pour l'instruction et l'éducation des enfants et des jeunes filles et la visite des malades. Ou la doit à la générosité de la famille Desproges. C'est la plus ancienne de celles que la R. Mère du Bourg a fondé dans le diocèse.

 

 

Le château d'Aixe occupait la rive droite de l'Aixette, pendant que la ville s'étendait sur la vive gauche.

 Entre les deux ponts qui existent encore, une porte surmontée d'une tour commandait le passage.

A peu de distance, sur la pointe d'un rocher à pic qui domine le confluent de la Vienne et de l'Aixette se dressaient les murailles qui formaient son enceinte, commandées elles-mêmes par un donjon élevé, bâti en 1206, et péniblement démoli en 1809 pour en tirer de la pierre à bâtir.

Des jardins entourés de précipices ont remplacé la forteresse, dont il reste à peine aujourd'hui quelques pans de murailles que fait disparaître peu à peu le pic du carrier, en détruisant le roc qui leur sert de fondement. C'était cependant une redoutable forteresse, que l'eau protégeait de trois côtés. Ses tours et son donjon, qui avaient cinquante pieds de haut, achevaient de la rendre presque imprenable.

Du côté de Bourg-Neuf on voit, par l'orifice d'un puits, la voûte d'une vaste citerne qui alimentait le château ; à quelques pas s'ouvrait un souterrain où pouvait passer facilement un homme tout armé, et qui, d'après la tradition, débouchait à une assez grande distance près le ruisseau de La Périère.

Le pont de Malassert, dont il ne reste qu'une pittoresque arcade ogivale, donnait nu second passage sur l'Aixette près la Porte-aux-Roux.

Il y avait dans le château d'Aixe, eu 1245, une chapelle dédiée à saint Georges. En 1362 elle est appelée cure. La compagnie des Pénitents noirs en fit plus tard son oratoire.

L'histoire d'Aixe et de son château est étroitement liée à celle de la capitale de la province, surtout dans la période comprise entre les XIIe et XVIe siècles.

 

Ce château fut assiégé en 1082, en même temps que la ville de Limoges, par Guillaume, duc d'Aquitaine, qui faisait la guerre à Aymar II, vicomte de Limoges ; mais le comte d'Angoulême, Foulque Taillefer, l'obligea à lever ces deux sièges et à s'enfuir du Limousin.

 

 

En 1180, pendant les divisions qui armèrent les enfants d'Henri II Plantagenet, Aymar V, vicomte de Limoges, parcourt le Limousin avec ses troupes pour le soumettre à l'obéissance du jeune Henri, qu'il a reconnu pour duc.

 Il prend la ville et le château d'Aixe, où il laisse une garnison de 1,206 Basques, et va mettre le siège devant Saint-Laureut-sur-Gorre.

Mais bientôt apprenant que le duc Richard-Coeur-de-Lion vient sur lui d'Angoulême, il lève le siège, et se replie en toute hâte vers Limoges.

 A Saint-Priest-sous-Aixe, son infanterie, atteinte par les troupes de Richard, est mise en déroute, et perd beaucoup de monde.

 Le vainqueur, poursuivant sa route, arrive à Aixe, s'en empare, fait crever les yeux à quatre-vingts de ses défenseurs et tuer ou noyer les autres dans la Vienne.

« Interim Regis exercitus circa Vigennam fixerat tentoria, ubi eidem fluvio Briansa se infundit, cum ecce hora nona diei Bernardus de Reysac [ms. Paisac], Grandimontensis coenobita, coram Rege venit; quem Rex prior salutans, ab ipso resalutatus est.

Cui Rex ait: « Quæ nova? » Bernardus vultu submisso ait: « Non sum boni nuncii famulus [ms. Bajulus] ». Rex, hoc audito, se protinus in magnis lamentis dedit; cæteri de conspectu ejus ejecti sunt; celeriter tamen nunciavit Richardo Duci, qui castrum de Axia obsederat, coram se tunc deferri immensi ponderis [machinas], quas fabricari jusserat pridem; fuerat quippe ingressus in domo rustici propter æstum, in manso qui dicitur à las Salessas. »

« Pendant ce temps, l'armée du roi avait campé près de Vigenna, où la même rivière Briansa se jette dans elle-même, quand voici, à la neuvième heure du jour, Bernardus de Reysac [ms. Paisac], religieuse de Grandmont, se présenta devant le roi ; que le roi avait salué auparavant, et qu'il a de nouveau salué par lui.

A qui le Roi dit : « Quelles nouvelles ? » Bernardus dit avec un visage bas : « Je ne suis pas un serviteur de la bonne nouvelle [ms. Bajulus] ».

Le roi, en entendant cela, se livra aussitôt à de grandes lamentations ; les autres furent chassés de sa vue ; Cependant il annonça bientôt à Richard le duc, qui avait assiégé le château d'Aixe, que les machines d'un poids immense, dont il avait depuis longtemps ordonné la fabrication, allaient lui être amenées ; car il était entré dans la maison d'un paysan à cause de la chaleur, dans le manoir appelé à las Salessas. »

 

En 1206, Guy, fils d'Aymard V, vicomte de Limoges, rebâtit les murailles et la tour du château d'Aixe, pour s'en faire une place de défense contre le roi Jean-sans-Terre.

Étant établi dans cette forteresse, il y frappa une nouvelle monnaie que les bourgeois ne voulurent pas recevoir.

Le vicomte de Limoges ne resta que huit ans en possession de ce château reconstruit, car Jean-sans-Terre s'en empara en 1214.

( Jean sans Terre traverse l’Angoumois, le Limousin et une partie de la Marche. Il est à Angoulême le 15 mars 1214, le 17 à Saint-Junien; les 21, 22 et 23 à Aixe; le 23 on le trouve aussi à Saint-Léonard ; il est à Saint-Vaury le 25; à La Souterraine les 28, 29, 30 et 31; à Grandmont les 1er et 2 avril; à Limoges le 3.)

Cependant Guy, ayant réuni les seigneurs de la contrée pour chasser les garnisons anglaises des places qu'elles tenaient encore, rentra de vive force dans ce château, après neuf semaines de siège.

Il fut de nouveau enlevé par Louis-le-Gros, fils de Philippe-Auguste, après la confiscation des propriétés de Jean-sans-Terre dont il faisait partie.

Le 14 mars 1265, les hommes d'armes, les bourgeois et tous les habitants de la ville d'Aixe assiégèrent dans le château Adhémar de Maulmont, qui en était gouverneur, ses frères et sa famille, à cause des vexations dont ils prétendaient avoir à se plaindre.

L'intervention du sénéchal de France en Limousin fit accepter un compromis qui délivra les assiégés. A peine libres, ils oublient les conventions, se fortifient dans le château, le munissent de vivres, percent des meurtrières et commencent à inquiéter les habitants.

 Ceux-ci entourent de nouveau la place et en font le siège. A cette nouvelle, la vicomtesse Marguerite, propriétaire du château, appelle au secours ses vassaux de Bourgogne, vient camper à Beynac avec son armée et fait tous ses efforts pour délivrer le gouverneur et détruire la ville. Après divers incidents, et grâce à l'intervention du doyen de Tours, du bailli d'Orléans, députés par le roi, et de l'évêque de Limoges, on se donna des garanties mutuelles, et les habitants d'Aixe recouvrèrent la paix.

En 1271, cette même vicomtesse Marguerite, fille du duc de Bourgogne, qui résidait dans ce château, voulant se venger des bourgeois de Limoges, qui avaient refusé de la reconnaître pour suzeraine, fit frapper à Aixe une monnaie qui reçut le nom de Limousine (Lemoria).

Les bourgeois refusèrent de la recevoir et ce litige fut longuement plaidé au tribunal du roi de France, qui les contraignit de l'accepter, par cette considération qu'ils l'avaient eux-mêmes reconnue conforme à la monnaie courante.

En 1272, Marguerite voulut recommencer la guerre contre Limoges; mais le roi l'en empêcha.

Néanmoins elle entretenait à Aixe et à Châlucet, des hommes d'armes qui interceptaient les approvisionnements de la ville, s'emparaient de ce qui appartenait aux bourgeois, répandaient le blé, coupaient les oreilles et la queue des animaux employés aux charrois afin de détourner les paysans, et commettaient toutes sortes d'avanies. Ils furent excommuniés par le chapitre de Limoges pendant la vacance du siège.

Sur ces entrefaites, les bourgeois de Limoges ayant eu le malheur de prêter le serment de fidélité au roi d'Angleterre, virent se tourner contre eux le roi de France, Philippe III le Hardi.

Ce prince fit rendre les gens de la vicomtesse qui avaient été faits prisonniers, et refusa d'écouter les bourgeois et de s'interposer pour leurs propres captifs, pendant que les Aixois encouragés, portaient le pillage et la dévastation jusque sous les murs de la ville. Aussi il fut décidé qu'on ferait contre eux une expédition.

Le lendemain de la Saint-Martin, 11 novembre 1272, une armée sortit de Limoges et marcha sur Aixe. Elle lit beaucoup de mal à la ville et aux environs, et plusieurs hommes furent pris et tués.

Peu après, le roi d'Angleterre et sa femme étant venus à Limoges, furent comblés d'honneurs par les habitants, qui désiraient les attacher plus étroitement à leur cause.

 Edouard se laissa gagner, et il les fit soutenir par son sénéchal, qui remporta une grande victoire sur l'armée de la vicomtesse le 7 août 1273.

Il y eut une foule de blessés et de prisonniers et un certain nombre de morts ; une bannière fut prise et plusieurs chevaux restèrent sur la place.

 Excités par la reconnaissance, les bourgeois prêtèrent de nouveau serment de fidélité au roi d'Angleterre, qui fit signifier à la vicomtesse d'avoir à cesser les attaques; mais elle n'en voulut rien faire.

Le 10 août nouvel engagement.

Le 16 septembre la garnison d'Aixe fait irruption contre les vendangeurs de Limoges, près de Balezis, commune d'Isle.

A cette nouvelle ceux de la ville accourent en armes et les poursuivent jusqu'à Aixe, où ils brûlent plusieurs pressoirs et plusieurs maisons dans le faubourg. Enorgueillis de cette victoire, ils sortent le dimanche suivant, le 24 septembre, avec des tambours, des trompettes et des instruments de musique, poussent jusqu'à Aixe, passent la Vienne à gué, livrent aux flammes le bourg de Saint-Priest, mettent l'église au pillage, et maltraitent indignement le prêtre qui se préparait à célébrer la messe.

En revenant sur Aixe, ils mettent le feu à deux faubourgs et s'avancent jusqu'aux portes. Mais là s'arrêtent leurs exploits. Saisis tout à coup d'une terreur panique, et poursuivis par la garnison, ils se dispersent dans la campagne et perdent trente-sept hommes égorgés, une foule de prisonniers, deux bannières, un grand nombre de boucliers et plusieurs machines de guerre. A son tour, la vicomtesse envoie ses gens exercer des représailles.

Le 27 septembre ils s'avancent jusqu'au pont Saint-Martial, incendiant les pressoirs et détruisant les vignes ; puis ils se replient vers le faubourg Montjovis, d'où les habitants ne parvinrent à les chasser que le 2 octobre, après leur avoir tué quelques hommes et quelques chevaux.

Après ces événements, le roi d'Angleterre fit appel à la justice du roi de France en faveur des habitants de Limoges.

Pour toute réponse il reçut l'ordre de les délier du serment de fidélité qu'ils lui avaient prêté et de les remettre sous la juridiction de la vicomtesse.

Néanmoins la guerre continua en 1274, Guillaume de Valence, oncle du roi d'Angleterre, à la tête d'une petite armée, alla mettre, le 14 juillet, le siège devant Aixe, investi, dès le 8, par les bourgeois de Limoges, renforcés de deux cents hommes d'armes anglais.

On se préparait à incendier la ville à l'aide de machines construites par un habile ingénieur, lorsqu'un héraut du roi de France se présenta, somma, de la part de son maître, le roi d'Angleterre de cesser toute hostilité, et assigna Edouard au prochain Parlement.

 Les chefs anglais n'osèrent pas désobéir à un pareil ordre : on brûla les engins et le siège fut levé le 26 juillet.

Le Parlement d'août repoussa de nouveau les prétentions d'Edouard 1er.

Ce prince se décida à se retirer de la lutte, et les habitants de Limoges furent soumis de nouveau à la justice de la vicomtesse.

Cette même année, des experts du roi de France firent une enquête à Aixe, sur les dommages causés durant le siège ; et après discussion, le roi d'Angleterre fut condamné à payer 23,613 livres aux habitants.

Ainsi fut terminée cette guerre de la vicomte. Elle a couvert presque toute la campagne de ruines, mais le temps en a presque entièrement effacé le souvenir chez les habitants du pays.

1272 [n. st. 1273) Acte par lequel Bernard Gaborn et Hugues de S. Maurice, clercs de la cour de Limoges, inlorment Vofficial qu'ils ont exécuté un sien mandement, y relaté, concernant le sénéchal du vicomte de Limoges et ses gens coupables d'avoir forcé le pressoir des moines de S. Martial à Aixe. — (Chartes, chroniques et mémoriaux pour servir à l'histoire de la marche et du Limousin  publiés... par Alfred Leroux,... et feu Auguste Bosvieux,...)

 

Après cette guerre, Aixe trouva quelques années de repos pendant lesquelles on peut noter les faits suivants :

En 1301, il tomba subitement dans la vallée de l'Aurance une telle quantité de pluie que les moulins furent entièrement détruits.

En 1355 ou 1356, des bandes de routiers, à la solde du roi d'Angleterre, s'emparèrent d'Aixe.

En 1364 le prince de Galles reçut à Aixe une députation des bourgeois de Limoges.

En 1370 la ville d'Aixe fut prise d'assaut par les troupes françaises et le château assiégé par des forces importantes. La garnison se défendit avec courage, mais l'emploi de la mine et l'offre de douze cents francs d'or (environ 12,800 francs, qui vaudraient aujourd'hui plus de 60,000 francs), décida les chefs à se rendre. Les fortifications furent aussitôt remises en état.

En 1389, le roi donna des lettres portant remise de toutes peines en faveur des habitants d'Aixe, accusés d'avoir vendu des vivres aux ennemis.

En 1428, le sieur de l'Aigle, profitant de l'absence de Ponthon de Xaintrailles, se fortifia dans le château d'Aixe, et de là fit longtemps la guerre aux habitants de Limoges.

Le 18 décembre 1529, les eaux de la Vienne s'élevèrent à plus d'une toise au-dessus du pont d'Aixe.

Eu 1569, à la veille de la bataille de La Roche-l'Abeille, l'armée protestante s'étendait de Châlus à Aixe, dont Coligny s'élait emparé. Le duc d'Anjou, chef de l'armée catholique, qui avait son quartier général à Isle, s'étendait jusqu'à Saint-Jeau-Ligoure. Voulant prendre l'initiative, il attaqua la ville d'Aixe qui fut prise, puis reprise et eut ses faubourgs brûlés. Après un combat vigoureux, les calvinistes furent obligés de l'évacuer, leur armée se retira en désordre, et ils rétrogradèrent jusqu'à Saint-Yrieix.

 

Après la guerre de la vicomte, le château d'Aixe changea plusieurs fois de maître :

Ou trouve une « transaction entre Antoine de Vendomois et de Bourbon, faisant tant pour lui que pour Jeanne de Navarre, son épouse, et Claude de Rochechouart, vicomte du dit lieu, par laquelle le dit Vendomois baille au dit vicomte la châtellenie d'Aixe, et le dit Rochechouart au dit duc, tous les droits qu'il avait dans le comté de Bourbon ». (Bull. Soc arch. Lim., XXXI, 103.)

Claude, vicomte de Rochechouart, baron d'Aixe, après avoir épousé Blanche de Tournon, en 1538, lui assigna, par acte du 30 mai 1550 « pour rente de douaire, 600 livres sur la terre d'Aixe, en Limousin, à lui naguère transportée ». (Nobiliaire, IV, 69.)

Leur fils Louis, vicomte de Rochechouart, vendit la terre d'Aixe à François de Pérusse, comte des Cars. (Nobiliaire, I, 2° édition, p. 289) ; et elle était encore dans cette dernière maison au moment de la Révolution.

 

Près du château d'Aixe, et peut-être dans la même enceinte, se trouvaient plusieurs fiefs, tels que ceux du Barry, de Maumont, de Brie.

Le fief du Barry était probablement le plus ancien. On trouve, en 1145, Ithier de Barry, qualifié seigneur d'Aixe. Ce fief a été possédé plus tard par la famille Beaupoil de Saint-Aulaire, qui vint s'y établir à la suite des guerres de la succession de Bretagne, où elle avait vaillamment combattu pour la cause de Charles de Blois.

Le fief de Maumont appartenait à la famille de ce nom. Gérard de Maumont, par son testament de 1299, donne sa terre d'Aixe, qu'il tenait de la vicomtesse, à ses neveux Pierre et Guillaume de Maumont.

 En 1306, ces derniers échangèrent pour d'autres possessions, à Philippe IV, leur château-fort d'Aixe.

Le fief de Brie a été possédé par différentes familles ; Simon de Croizant était seigneur de Brie; il se maria en 1595.

 Ses armes sont : d'azur à la croix d'argent. François Paignon, baron de Brie en 1653, portait : d'argent au chevron de gueules, accompagné en chef de deux croizeltes de même et en pointe d'un arbre de sinople.

En 1676, Pierre Paignon partagea le fief de Brie avec Pierre et Jean Londeix. Ces derniers portaient : d'azur au chevron d'or, surmonté d'un croissant d'argent, accompagné de trois mains au doigt majeur levé de même.

Cette multiplicité de fiefs explique les nombreux titres de seigneurs d'Aixe qu'on rencontre vers les mêmes époques.

On sait aussi qu'une partie du château d'Aixe tenue par le vicomte de Limoges et divers copossesseurs s’élevait du monastère de Solignac.

Aimeric d'Aixe rendait hommage, en 1149, à l'abbé de Solignac, à cause du château d'Aixe (Bull. soc. arch. Lim., XXX, 254).

Promulgation faite par l’évêque de Limoges de l’hommage rendu par Aimeric d'Aixe à l'abbé de Solignac, à cause du château d’Aixe, avec reconnaissance d'un certain cens.

Sicut injusta petentibus nullus est tribuendus assensus, ita quidem justis peticionibus citi[us est tribuendus] affectus circo ego Geraldus, Dei gracia Lemovicensis aecclesiae episcopus, notum esse volo cunctis fidelibus tam futuris [quam presen]tibus quod Aimiricus de Axia (1) ante Geraldum Sollempniacensem abbatem, qui cognominatur de Terrazo, lu capitulum Sollempniacensis aecclesiae venit predictoque abbati coram universo capitulo et quampluribus aliis clericis et laicis pro castro Axie hominium fecit, quod aeciam castrum ab abbatibus Sollempniacensibus predecessores sui habuerant, quod aeciam in alodio beati Pétri, ut antiqua scripta ejusdem aecclesiae testantur, fundatum fuit, truxit.

 lnsuper aeciam predictus Aimiricus aunuum censum, quod (sic) Sollempniacensis aecclesia in predicto castro habebat, recognovit recognitumque in preseutia capituli et plurimorum aliorum reddidit.

 Ut haec vero illibata servarentur, sigilli nostri impressione munivimus anno ab incarnatione Domini millesimo CXLVIIII, Eugenio papa III romane aecclesiae présidente, Lodovico rege Francorum regnante.

(Arch. dép. de la Haute-Vienne; fds de Solignac, n" provisoire H. 9180 bis.)

 

 

 

Iterius Bernard, chevalier, était seigneur d'Aixe vers 1119 (Nobiliaire, I, 205). Jean Bernard, seigneur d'Aixe en 1249 (Arch. Haute-Vienne, D, 1022). Philippe des Moulins, chevalier d'Aixe, 1233 (Bull. soc. Tulle, VI, 188), etc., etc.

Les seigneurs du château d'Aixe et leur famille, conjointement avec les abbés de Solignac, avaient leurs sépultures dans le chapitre de cette abbaye, exclusivement à tout autre seigneur ou dignitaire. Ce privilège est constaté dans un document du XIIe siècle (Bull. soc. arch. Lim., XXXIII, 141).

Le pont qui unit Aixe au faubourg d'Outre-Vienne est composé de sept arcades. Sa physionomie était jadis celle des ponts Saint-Etienne et Saint-Martial de Limoges. Elle changea lorsqu'il fut élargi par les arceaux qui en masquent les deux faces. Le cintre en ogive paraît néanmoins au-dessous des arcades. En 1884, il a de nouveau été élargi ; alors on a reculé son parapet jusqu'à l'extrémité des éperons de ses piles. Il est animé d'une circulation très active. Le pont sur l'Aixette lui fait suite.

Parmi les hommes remarquables qui sont nés à Aixe on cite :

Pierre du Barry, abbé de Saint-Martial, personnage d'une grande piété, qui succéda à Pierre de Cluny, et mourut en 1174. Il était frère d'Ithier, chevalier du château d'Aixe. Il administra d'une manière remarquable l'abbaye de Saint-Martial et laissa quelques livres d'histoire qui, à son époque, étaient fort estimés.

Victorien Tarneau, récollet, provincial de Toulouse en 1659, auteur d'un ouvrage de controverse intitulé : le Glaive-Bouclier des Catholiques.

Salomon Goyrand, autre récollet, auteur de plusieurs ouvrages, né vers 1680, mort en 1746.

François de Villoutreix, médecin d'un certain renom, qui mourut le 3 juin 1633. Il fut enterré aux Cordeliers de Limoges, où l'on voyait sur une lame de cuivre, près le grand autel, ses armes : un chevron accompagné de trois étoiles en chef, et d'un château en pointe, et son épitapho commençant ainsi : « Épitaphe d'honorable Mre François de Villoutreyx, docteur en médecine, natif d'Aixe, médecin du présent couvent, des religieux bénédictins, carmes, jésuiles, des dames de la Règle et de Sainte-Claire, honoré des meilleurs exprits et chéri de tout le peuple de Limoges, etc. » T. xxxiv. 8

Le poète académicien François-Joseph Beaupoil de Sainte-Aulaire, né au château du Barry. Il est mort à Paris le 17 décembre 1742. Il ne publia ses poésies qu'à l'âge de quatre-vingt-dix ans; c'est pourquoi Voltaire en parlant de lui a dit : Anacréon, moins vieux, fit de moins belles choses.

Plusieurs auteurs font naître au château de Maumont à Aixe les papes Clément VI et Grégoire XI. C'est une erreur. Le lieu d'origine de ces deux papes est le château de Maumont, paroisse de Rosiers, en Bas-Limousin.

 

 

Il convient maintenant de dire un mot de l’architecture du château.

Il ne reste plus aujourd'hui que l'emplacement et quelques ruines de son ancien Château, situé sur un rocher taillé à pic entre la Vienne et l'Aixette.

Château vicomtal appelé château de Jeanne d'Albret, dont la première mention remonterait à 982. Edifice avec enceinte octogonale, tour à contreforts plats, deux corps de bâtiments, basse-cour, chapelle dédiée à saint Georges.

La position qu’il occupait était des plus favorables. Placé sur le promontoire qui domine l’embouchure de l’Aixette dans la Vienne, les eaux de ces deux rivières entouraient complètement la base de ses murailles, que dominait un fier donjon de cinquante pieds de hauteur.

Cette position lui permettait de protéger le pont de vienne et de défendre l’accès de la ville.

Comme l’indique la configuration du sol, le château avait la forme d'un trapèze dont le grand côté regardait la Vienne.

Une porte s'ouvrant dans une tour carrée défendait le passage du côté du pont sur la Vienne.

Une poterne du côté opposé correspondait à la roule des Cars, route qui traversait l'Aixette sur le pont de Malasser.

Ce château, d'après les restes encore debout, atteste le XIIIe siècle.

 Son appareil, ses contreforts plats correspondent bien aux autres châteaux de l'a même date que l'on connaît. Il est donc contemporain des ponts sur la Vienne et sur l'Aixette.

Nous pensons qu'il a dû succéder à un château plus ancien et que la construction dont nous voyons les restes peut être attribué au vicomte de Limoges, Gui III, qui le fit reconstruire en 1206.

Le château, comme ceux de cette époque, devait renfermer, outre le donjon, un édifice destiné à loger le seigneur et ses gens et une chapelle. Cette dernière, consacrée à saint Georges, servit plus tard d'oratoire à la Compagnie des Pénitents noirs.

Il contenait un puits et une citerne pour l'approvisionnement d'eau ; un souterrain allait, dit-on, sortir assez loin près le ruisseau de La Périère.

La légende, cette berceuse, fait donner au château, par les habitants d'Aixe, le nom de « Tour de Jeanne d'Albret ».

 M. Jouhanneaud a fait justice de cette légende, d'après laquelle Jeanne d'Albret aurait résidé au château d'Aixe et y aurait été enterrée.

 Jeanne d'Albret n'a jamais résidé au château d'Aixe, bien qu'elle ait pu l'entrevoir lors des deux voyages qu'elle fit en Limousin en 1555 et en 1564.

A cette dernière date, le château appartenait aux Rochechouart, comme on l'a vu plus haut.

La démolition du château, commencée à la Révolution, se continuait encore en 1809, année où l'on a détruit péniblement le donjon.

Aujourd'hui, il ne reste que quelques pans de murs de ce vieux château qui a soutenu tant de sièges. Des maisons de modeste apparence ont été construites sur les anciens fossés et la cour intérieure, qui ne retentit plus du cliquetis des armes, est transformée en jardin potager.

Lorsque, au soir d'un jour de fête, la crête des murs est illuminée et éclairée par les flammes de Bengale, on voit se dresser, grandie dans l'ombre, la masse imposante de la puissante forteresse. Le temps des châteaux et de l'époque guerrière est passé, l'usine construite aux pieds des ruines témoigne d'une époque de paix et de travail.

 Nous souhaitons à la ville d'Aixe que l'ère de prospérité dont elle jouit soit d'une très longue durée.

Paul DUCOURTIEUX. Limoges illustré

Documents limousins des archives de Bordeaux et autres villes  publiés et annotés par M. Alfred Leroux

 

 

 

Bertrand de Born, Richard Cœur de Lion les conjurés d'Aquitaine - ligue dite La Conjuration du Dorat (vers 1183) <==

1214 Jean Sans Terre part d’Angleterre en direction du Poitou, débarque à La Rochelle et marche sur Mauzé<==

 

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