Le Millénaire de la naissance de Vouvant- la construction de l’église par les moines de Théodelin, abbé de l’abbaye de Maillezais

Après une longue lutte, la noblesse française, profitant des malheurs du pays et de la faiblesse des successeurs de Charlemagne, s'était emparée de la plus grande partie du territoire, et avait enfin rendu héréditaires les biens qu'elle ne possédait qu'à vie. Alors, dit M. de Châteaubriand, « se déclara la grande révolution sociale qui changea le monde antique dans le monde féodal. Fière des services qu'elle avait rendus, fière surtout d'avoir donné un roi à la France, la noblesse féodale était au onzième siècle, dans toute sa force, dans toute sa rudesse. Retranchés dans leurs châteaux, commandant à une vaste étendue de pays, pouvant au besoin mettre sur pied des forces considérables, les hauts barons étaient autant de petits souverains, indépendants les uns des autres, et redoutant peu la puissance royale, puissance qu'ils avaient donnée, et à laquelle ils n'étaient liés que par un serment que la plupart d'entre eux ne se faisaient pas de scrupule de violer.

Souvent en guerre entre eux, leur principale occupation était de se fortifier dans leurs domaines. Bientôt la France fut couverte d'une quantité considérable de forteresses. Pour les construire, les populations des campagnes étaient mises en réquisition et contribuaient à élever ces hautes tours, ces épaisses murailles destinées à les protéger, mais aussi servant quelquefois de retraite à leurs oppresseurs. Quand les maîtres de ces châteaux furent des seigneurs justes et protecteurs, on vit les habitants des environs établir leurs demeures dans les alentours, venant ainsi demander aide et protection, contre les dangers, et les ravages des guerres si fréquentes alors. Bien des villes aujourd'hui riches et populeuses ont ainsi commencé.

De presque toutes ces antiques forteresses, il ne reste de nos jours que des ruines plus ou moins conservées, selon les possesseurs entre les mains desquels elles sont tombées.

 Les uns se reportant aux temps passés et aimant tout ce qui pouvait les leur rappeler, ont su respecter ces vieux débris d'époques qui ne sont plus. D'autres, au contraire, poussés par la manie des spéculations, bouleversent et fouillent chaque jour ces ruines, y cherchant non pas des souvenirs mais de quoi satisfaire leur amour du gain.

Cependant certaines contrées sont encore assez riches en débris de monuments de l'ancienne féodalité.

Au nombre des grands seigneurs de France, se faisaient remarquer les ducs d'Aquitaine, maîtres de cette immense portion de territoire qui s'étend de la Loire aux Pyrénées; leur intervention, dans les affaires du pays, dût être d'un grand poids, et leur amitié recherchée par les différents monarques.

Alliés à la famille de Clovis, on les vit prendre la défense de ses descendants, lorsque les maires du palais après les avoir habitués à une vie de paresse et de fainéantise, s'emparèrent d'un sceptre placé désormais dans des mains trop faibles et incapables de le porter. Fidèle à !a foi jurée, on vit plus tard le duc Guillaume III défendre les droits des Carlovingiens, et ne consentir qu'après une lutte sanglante à reconnaître pour roi Hugues-Capet.

Parmi les plus puissants ducs d'Aquitaine, on compte Guillaume IV, dit le Grand, et surnomme Fier-à-Bras. Avec la bravoure si ordinaire dans ces siècles guerriers, ce prince possédait d'autres qualités bien rares alors il était clément et instruit. Si on lui faisait connaitre quelques personnages signalés en sagesse et littérature, qu'à cette heure là on nommait clergie, il aimait à les attirer à sa cour, où ils étaient traités et récompensés généreusement.

 Sa magnificence, sa sagesse et sa grande puissance avaient étendu au loin sa renommée, et des relations fréquentes, des échanges de cadeaux avaient lieu entre lui et les princes d'Allemagne et d'Angleterre.

Sa dévotion aussi était grande, et plusieurs foisons le vit entreprendre des pèlerinages à Saint-Jacques de Compostelle ou à Rome. Les papes honoraient son entrée dans la ville sainte, comme s'il eût été l'empereur lui-même; le sénat en corps l'appelait son père, et lorsque les Italiens mécontents de l'élection de Conrad, duc de Worms, à l'empire virent leurs offres rejetées par le roi Robert au nom de son fils Hugues, ils offrirent au duc Guillaume IV la couronne impériale, pour lui ou pour son fils.

Ainsi il a dépendu d'un duc d'Aquitaine de porter la couronne des Césars. Ce prince fit un grand nombre de fondations religieuses, et fit élever plusieurs châteaux forts.

Dans les départements qui composent l'ancienne province du Poitou, on rencontre, en assez grande quantité, des débris de ces constructions, il en est dont les restes méritent de fixer l'attention.

Le bourg de Vouvant, dont la vieille tour apparaît au loin, est remarquable par l'effet pittoresque de ses ruines, par son enceinte assez bien conservée, et par l'antique et bizarre architecture qui décore le portail de son église. Le tertre occupé aujourd'hui par ce bourg, était entièrement couvert de bois, et faisait probablement partie de la forêt actuelle.

 Sa position élevée, l'eau qui l'encoure dans sa plus grande partie, rendant ses abords difficiles et le mettant à l'abri de toute surprise, déterminèrent sans doute le duc Guillaume IV à y construire un château fort dans les premières années, du onzième siècle.

 Ce château qui occupait la plus grande partie du champ de foire, fut l'origine de Vouvant, qui depuis devint une ville close et fortifiée, et fut érigée en une grosse baronnie.

Au moyen âge les idées religieuses étaient dans toute leur force. La religion, intervenant dans toutes les actions humaines, mettait un frein à l'humeur turbulente et belliqueuse des hommes de ces époques guerrières.

Grands et petits reconnaissaient sa toute puissance, et souvent, tel haut baron, fier de sa naissance et de son pouvoir, et méconnaissant toute autorité terrestre, contenait son orgueil, modérait sa bouillante colère, lorsqu'il se trouvait en opposition avec un ministre de cette religion, que dès son enfance il était habitué, sinon à aimer, du moins à respecter ou à redouter; tant était grand l'ascendant des hommes d'église, ascendant qu'ils devaient les uns au Dieu au nom duquel ils parlaient, les autres à la supériorité que leur donnaient leurs lumières et leur savoir sur la grossière ignorance de ces hommes d'armes qui ne savaient qu'une chose, se battre avec courage.

Bien des seigneurs, dont la vie s'était écoulée dans la débauche et au milieu des scènes de meurtre et de batailles, croyaient racheter leurs fautes passées par des fondations religieuses ou bien en faisant de riches donations aux communautés déjà existantes.

  L'église, qui savait tirer parti, de tout, recevait des biens considérables, en échange de l'absolution qu'elle donnait. Telle fût l'origine d'une partie de ses immenses richesses.

Cependant parmi les grands du moyen âge, il en était quelques-uns qui plus sages faisaient par conviction ce que d'autres faisaient par crainte, et qui aimaient à mettre sous la protection divine leurs états qu'ils savaient au besoin défendre de leur épée.

Près des lieux où ils avaient bâti de puissantes forteresses on voyait souvent s'élever, quelquefois une modeste chapelle, quelquefois aussi de riches abbayes, dont les religieux se chargeaient d'écrire et de transmettre à la postérité les hauts faits des preux, en échange de la paix et de la sécurité dont ils leur étaient redevables.

Peu de temps après avoir construit le château de Vouvant, le duc Guillaume IV, poussé, dit-il, par une inspiration divine, manda près de lui Théodelin, abbé du monastère de MaiIlezais, le chargea de débarrasser le tertre qui touchait le château des bois qui le couvraient, et d'y construire une église et un monastère.

Le Millénaire de la naissance de Vouvant- la construction de l’église par les moines de Théodelin, abbé de l’abbaye de Maillezais

Théodelin, occupé alors aux constructions de la nouvelle abbaye de Maillezais, consentit à la demande de Guillaume son bienfaiteur, et s'empressa de jeter les fondements de l'église et du monastère.

L'église, dédiée à la Vierge, fut, ainsi que le monastère, placée sous la dépendance de l'abbaye de Saint-Pierre de Maillezais.

Ainsi on peut avec certitude rapporter au onzième siècle l'architecture du portail de l'église de Vouvant si remarquable par ses groupes bizarres et ses personnages grotesques; les bas-reliefs du fronton représentant la cène et l'ascension sont probablement de la même époque.

Une partie de cette église a subsisté, le monastère dont il ne reste aujourd'hui aucune trace, n'était déjà plus au dix-septième siècle qu'un simple prieuré.

Le Millénaire de la naissance de Vouvant- la construction de l’église par les moines de Théodelin, abbé de l’abbaye de Maillezais

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