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PHystorique- Les Portes du Temps
18 juillet 2019

La fontaine des Quatre Tias (la fontaine des beaux esprits) de Fontenay-le-Comte, foyer de vie intellectuelle de la Renaissance

La fontaine des Quatre Tias (la fontaine des beaux esprits) de Fontenay-le-Comte, foyer de vie intellectuelle à l'époque de la Renaissance

Fontenay-le-Comte, vieille ville au passé glorieux, aux foires renommées depuis le Moyen Age, se situe à la limite de trois régions naturelles : le bocage, la plaine, le marais. Elle fut un foyer de vie intellectuelle à l'époque de la Renaissance. François 1er lui donna pour devise : « Felicium ingeniorum fons » (la fontaine des beaux esprits).

Et parmi ces beaux esprits, il faut mentionner : François Rabelais, Nicolas Rapin, Agrippa d'Aubigné, le mathématicien François Viète, André Tiraqueau.

 

  (Visite Virtuelle - La fontaine des Quatre Tias (la fontaine des beaux esprits) de Fontenay-le-Comte, foyer de vie intellectuelle à l'époque de la Renaissance.)

 

La fontaine des Quatre Tias, l’emblème de la ville.

Surmontée d’un fronton triangulaire et d’un arc en anse de panier, la fontaine est accessible en descendant quelques marches. Située près du château fort, au pied du coteau,  la fontaine capte l'eau de source depuis le Moyen Âge, non loin de la rivière. A l’arrière de la façade, un bassin couvert est alimenté par la source.

Elle tire son nom actuel de la présence de quatre tuyaux d'alimentation (tias en patois vendéen). Erigée en 1542, cet édifice public est reconstruit dans le style renaissance. Elle offre ainsi un écrin de pierre à la source qui jaillit au pied du coteau, à l'origine du patronyme de la Cité. Pendant des siècles, les femmes du quartier viennent chercher l’eau potable nécessaire à la journée.

 

L'état de la fontaine, avant les importants travaux de restauration et de décoration de la fin du 19e siècle, est connu grâce à des  photographies et aux relevés de l'architecte des Monuments Historiques Henri Déverin, en 1891. Régulièrement remis en état sous l'Ancien Régime, l'ouvrage nécessitait une profonde restauration en 1898.

Fontanacum felicium ingeniorum fons et scaturigo Fontenay, fontaine et source jaillissante d'esprits féconds

Octave de Rochebrune alors maire de la ville, propriétaire du château de Terre-Neuve, fit ajouter un décor de blasons, la salamandre de François Ier qui aurait, selon les sources, donné la célèbre devise latine du XVIe siècle reconnaissant la valeur des habitants de la ville Fontanacum felicium ingeniorum fons et scaturigo, soit en français : « Fontenay, fontaine et source jaillissante d'esprits féconds ». « En 1898, on me confie la restauration de la fontaine. Avec mon ami Benjamin Fillon, nous rajoutons les blasons sculptés pour rappeler la noblesse de Fontenay. » A l'époque, la ville est la capitale du Bas-Poitou.

 

Les beaux esprits de Fontenay le Comte

Rabelais

            François Rabelais : né à Chinon vers 1494, moine au couvent du Puy St Martin à Fontenay-le-Comte, il est l'un des plus grands écrivains français. Il travaillait avec Pierre Any. Il est l'auteur de « Pantagruel », « Gargantua »,…

 

L'adolescence de Rabelais en Poitou, Rabelais à Fontenay-le-Comte.

Rabelais a négligé de nous indiquer au début du Pantagruel quel pays fut le théâtre des « enfances » de son géant. Sans doute est-ce l'Utopie, cette contre, fabuleuse dont il a emprunté le nom et l'idée à Thomas Morus. Le père de Pantagruel, Gargantua, est en effet présenté comme le souverain de ce pays (1). Badebec,; a mère, est fille du roi des Amaurotes (2), nom donné p nr Thomas Morus à une ville d'Utopie. C'est d'Utopie que Gargantua, lorsqu'il disparaît de ce monde, est transporté par la fée Morgue, « au pays des Phées comme fut jadis Ogier et Artus (3) ». Un chapitre de la seconde partie de Pantagruel (4) nous renseigne sur l'itinéraire que suivit le géant pour se rendre de France par mer dans son royaume d'Utopie, que le conteur place dans cette Chine mystérieuse vers laquelle tendaient alors toutes les entreprises des navigateurs. Mais c'est en vain que nous chercherions des précisions sur la patrie du géant dans le récit de sa nativité et de ses premiers exploits.

On n'y trouve qu'indications incertaines ou contradictoires, qui témoignent de la parfaite indifférence du conteur à cette question. Il nous dit que pour faire cuire la bouillie nécessaire à l'héritier présomptif du royaume d'Utopie, tous les poêliers de Saumur en Anjou, de Villedieu en Normandie, de Bramont en Lorraine travaillèrent à fabriquer un poêlon. Nous sommes donc en France ? « Et luy bailloit on ladicte bouillie en un grand timbre, qui est encores de present à Bourges près du palays. » Il y avait, en effet, du temps de Rabelais devant le palais de Jean de Berry, à Bourges, une cuve de pierre, dite écuelle du géant, que l'on remplissait une fois par an de vin destiné aux pauvres (5). Nous voici donc transportés en Berry ! Bientôt Rabelais va nous dérouter de nouveau. C'est La Rochelle, Lyon, Angers qui conservent les grosses chaînes de fer dont Pantagruel, par ordre de son père, fut lié en son berceau (6) ; c'est en Bourbonnais, au château de Chantelle, que l'on peut voir la grande arbalète dont il se servait tout enfant pour « s'esbatre après les oisillons » (7).

Brusquement, cette indétermination du théâtre de la geste gigantale prend fin et l'action se déroule pour un certain temps dans une seule province française. Gargantua décide d'envoyer son fils « à l'eschole, pour apprendre et passer son jeune cage ».

« De faict vint à Poictiers. »

Là, par manière de passe-temps, le jeune Pantagruel détache d'un grand rocher nommé Passelourdin un quartier, qui dressé par ses soins sur quatre piliers devient le dolmen de la Pierre Levée, où les escholiers vont banqueter à force flacons, jambons et pastez « et escripre leurs noms dessus avec un cousteau... Et en memoire de ce, n'est aujourd'huy passé aulcun en la matricule de la dicte université de Poitiers, sinon qu'il ait beu en la fontaine Caballine de Croustelles, passé à Passelourdin et monté sur la Pierre levée. »

Et voici que se multiplient les noms de lieu, les allusions à des particularités de la province poitevine ; même des noms de personnes contemporaines de Rabelais sont citées. « En après, Usant les belles chronicques de ses ancestres, trouva que Geoffroy de Lusignan, dict Geoffroy à la grand dent, grand pere du beau cousin de la seur aisnée de la tante du gendre de l'oncle de la bruz de sa belle mere,estoit enterré à Maillezays,dont print un jour campos pour le visiter comme homme de bien. Et partant de Poictiers avecques aulcuns de ses compaignons passèrent par Legugé, visitant le noble Ardillon, abbé, par Lusignan, par Sansay, par Celles, par Colonies, par Fontenay-le-Comte saluant le docte Tiraqueau et de là arrivèrent à Maillezays. »

Il n'est aucun des noms de lieu énumérés ici qui ne désigne une localité réelle. Il n'en est peut-être pas deux qui aient jamais eu quelque notoriété. Comment Rabelais les connaissait-il donc ? Pourquoi se sont-ils imposés à son choix ? Entre Poitiers, Maillezais et la légende de Pantagruel, telle qu'elle existait antérieurement à Rabelais, il n'y avait aucun rapport. Ligugé, Sanxay, Celles, Colonges n'étaient pas sur la route de Poitiers à Maillezais dont nous connaissons les étapes par la Guide des chemins de France de Charles Estienne (8).

A quelles circonstances ces localités doivent-elles donc le privilège d'être associées à la légende de Pantagruel par maître Alcofribas ? Comment s'explique cette place que le Poitou prend soudain dans le récit ? !

Par le rôle qu'il avait joué dans la vie de Rabelais au cours des douze années qui avaient précédé la rédaction du Pantagruel. Là s'était écoulée la meilleure partie de sa jeunesse. La Touraine avait été son berceau. Mais c'est en Poitou qu'il s'était éveillé à la vie de l'esprit. De son séjour à Fontenay-le-Comte, à Maillezais, à Ligugé, à Poitiers, il avait gardé bien autre chose que des dénominations géographiques propres à jalonner les premières étapes du tour de France universitaire qu'entreprend le géant escholier. Pour Rabelais, ces noms évoquaient des étapes de sa propre vie : les premières études en lettres latines et grecques, les longs espoirs et les vastes pensées du jeune érudit encouragé par des amis et des protecteurs, les premières épreuves aussi.

Retracer la jeunesse de Rabelais en Poitou, c'est le suivre dans sa formation intellectuelle et dans l'acquisition de la plus grande partie de cette érudition qui regorge de ses livres. C’est aussi pénétrer parfois dans le secret de sa formation morale.

Le séjour de Rabelais à Fontenay-le-Comte est, dans sa biographie, la première notion certaine, établie sur un texte authentique. On ignore la date de sa naissance. Ecartant des traditions mal fondées, d'après lesquelles il serait né à Chinon, en 1485 ou 1490, d'un père cabaretier, la critique moderne a déduit de l'examen du texte de Gargantua qu'il était né en 1494, dans le voisinage de Chinon, sur la paroisse de Seuilly, à la Devinière, petite métairie qui appartenait alors à Antoine Rabelais, licencié ès-lois, avocat au siège de Chinon. Cette conjecture est extrêmement vraisemblable. Elle est confirmée par une tradition que recueillit sur place en 1699 l'archéologue Gaignères. Mais jusqu'ici aucun document authentique, contemporain de Rabelais ne la confirme.

 

 

 

 

André Tiraqueau : né à Fontenay-le-Comte vers 1480, célèbre juriste , sénéchal ( = officier royal de justice, à la tête d’une sénéchaussée ) de la ville et conseiller au Parlement de Paris (il était respecté dans tout le royaume). 

André Tiraqueau était la lumière et l’ornement de la magistrature, il avait commencé bien jeune sa réputation par un ouvrage de droit, surchargé de l’érudition la plus riche et la plus profonde, le traité de Legibus connubialibus et de Jure mariti, publié en 1515 ; cette immense encyclopédie, composée à l’éloge des femmes, éleva son auteur au premier rang des jurisconsultes, des philosophes, des littéraires et des savants. André Tiraqueau n’était  alors que juge-châtelain de Fontenay-le-Comte, et jouissait d’un crédit si bien acquis à son mérite, qu’il s’érigea en protecteur de François Rabelais, quand celui-ci fut condamné à la prison perpétuelle par le gardien et le chapitre du couvent des cordeliers. Depuis cette époque Rabelais, qui partageait l’universalité des connaissances de ce grand jurisconsulte, se sentit entraîné vers lui par un estime que le temps ne fit qu’accroitre en la fortifiant d’amitié, et Tiraqueau, de son côté, malgré la différence d’âge et de condition, s’attacha étroitement à ce cordelier, qui savait le grec et l’hébreu : ils entretinrent toujours une correspondance dans laquelle ils échangeaient les vérités les plus hardies et les paradoxes le plus énormes, à cette époque ou le bûcher devenait la dernière raison des inquisiteurs de la foi. Leur confiance réciproque était sans bornes, leur admiration mutuelle sans envie, leur affection rivale sans obstacles : Tiraqueau avait tant de tolérance et d’indulgence dans son catholicisme ! Rabelais, tant de prudence et de bonhomie dans son scepticisme ! celui-ci croyait et celui-là doutait, dès que leur opinions divergentes allaient de l’un à l’autre sans se combattre. C'est donc en 1522 que l'Humanisme resplendit de son plus bel éclat au cénacle de Fontenay jusqu'à la fuite de maître François vers le couvent des Bénédictins de Saint-Mesmin près d'Orléans avant de gagner Lyon. Mais il ne devait jamais oublier « le bon, le docte, le saige, le tant humain, tant débonnaire et équitable André Tiraqueau, conseiller du grand, victorieux et triomphant Roy Henri, le second de ce nom, en sa très redoubdtée cour du Parlement à Paris », ainsi qu'il est écrit dans le Prologue du Quart Livre, car c'est le mardi 22 novembre 1541 qu'André Tiraqueau fut reçu comme conseiller au Parlement de Paris. ==> André Tiraqueau (Andreas Tiraquellus)

 

La fontaine des Quatre Tias (la fontaine des beaux esprits) de Fontenay-le-Comte, foyer de vie intellectuelle de la Renaissance 2

 

 

 

François Viète : né à Fontenay-le-comte en 1540. Il a créé l’algèbre moderne. Il fut l’un des plus illustres mathématiciens. Une des plus grandes places de Fontenay-le-Comte porte son nom.

 

Nicolas Rapin : né à Fontenay-le-Comte en 1549 auteur de poésies françaises et latines.

 Son père n'était pas originaire de cette ville; il était venu s'y fixer pour l'exercice de plusieurs fonctions qui n'avaient rien d'incompatible, entre autres celles de procureur et de notaire. La calomnie, qui n'a pas épargné Rapin pendant sa vie, a voulu souiller jusqu'à son berceau en prétendant qu'un prêtre avait été son père. Justice a été faite de ce mensonge et aujourd'hui la légitimité de sa naissance est parfaitement établie.

Il était encore bien jeune quand ses parents l'envoyèrent à Poitiers pour y faire ses études de droit. Non-seulement il s'en occupa, mais il se livra aussi à l'étude des lettres qui eurent pour lui un charme inexprimable. Il dut nécessairement avoir pour condisciples La Popelinière et Rivaudeau et probablement encore Barnabé Brisson; mais il s'attacha plus particulièrement aux frères Sainte-Marthe, dont il resta toute sa vie l'ami le plus intime.

Ses études de droit terminées, Rapin revint à Fontenay avec la qualité d'avocat à la sénéchaussée du Bas-Poitou.

Le comte du Lude gouvernait alors la province Rapin s'attira ses bonnes grâces par sa courageuse attitude pendant les troubles qui éclatèrent dans le Poitou en 1562, triste prélude des guerres qui devaient désoler ce pays pendant tant d'années.

 Quelques mois après il fut élu membre de l'échevinage; il n'avait alors que vingt-trois ans.

Cette position et l'éclat que lui avait donné sa bravoure lui permettaient de prétendre aux meilleurs partis aussi, lorsque l'année suivante il demanda la main de Marie Poyctier, le père de cette jeune fille s'empressa-t-il de l'accepter pour gendre.

Nicolas Rapin,  épouse Marie Poitier le 27 août 1562. Ils auront au moins neuf enfants ; nous en connaissons cinq. Jusqu'en 1568, Rapin se consacre à son activité d'avocat et à la gestion de ses biens et de ceux de la famille Poitier.

En 1570, nous le trouvons à la tête de l'administration municipale comme maire de Fontenay.

En aucun temps les fonctions de maire n'ont été des sinécures, mais à cette époque, plus encore que de nos jours, elles ne permettaient pas à ceux qui les occupaient de dormir sur un lit de roses.

Rapin avait, dans ces jours de trouble et de violence, à combattre ses ennemis, contenir ses amis, s'opposer au pillage et aux vengeances particulières, établir la discipline, allier au courage du soldat les vertus du citoyen, tout préparer enfin pour la défense d'une place qui pouvait être attaquée le lendemain.

Lanoue en effet investit bientôt Fontenay et lui donna plusieurs assauts. On trouvera l'histoire de ce siège longuement racontée dans La Popelinière.

Lanoue, après y avoir perdu un bras, fut obligé de laisser le commandement à Soubise. Celuici prenait ses dispositions pour lever le siège, quand trompée par un mouvement. de retraite qu'elle prit pour les préparatifs d'une attaque nouvelle, la garnison se rendit malgré le maire qui refusa d'apposer son nom au bas d'une capitulation qui, à ses yeux, était une honte pour les défenseurs de la ville.

Rapin avait bravement combattu les protestants, il en était exécré et n'était guère plus aimé des catholiques dont il exigeait une discipline sévère et auxquels il reprochait, comme une insigne lâcheté, la reddition de la place.

Il eut donc l'honneur de ne pas être compris dans le traité de la capitulation qui accordait la vie sauve à la garnison et aux citoyens de la ville.

Sans une vieille femme qui lui offrit un refuge, il aurait certainement payé de sa tête sa courageuse défense. Un protestant de ses amis vint le chercher dans la pauvre maison où il était caché et lui procura des moyens d'évasion.

Il put ainsi gagner Niort où. il se trouva en sûreté (9).

Scaliger, qui parait s'être fait l'écho de ses ennemis, lui reproche d'avoir commis dans ses fonctions de maire les plus grandes fautes et de s'être attiré de justes et nombreux reproches.

Dans des occurrences aussi difficiles, il est impossible qu'un homme de cœur ne se trouve pas en butte aux calomnies de ses ennemis. Le tort de Scaligerest d'avoir méconnu cette vérité et d'avoir eu confiance dans les attaques de ses accusateurs. Cherchez donc, au milieu des discordes civiles 'et des passions furieuses, un homme qui puisse sans encourir la haine des factieux tenir d'une main ferme et impartiale le pouvoir qui lui est confié. Quand tous les principes de justice sont méconnus, quand partout la force prend la place du droit, ceux qui n'obéissent qu'à la voix de la conscience et de l'honneur deviennent le point de mire de tous les partis.

Nous avons vu Rapin défendre glorieusement Fontenay contre les huguenots, nous le trouverons un jour poursuivi par les clameurs des catholiques.

En face des événements qui s'accomplissaient, Rapin n'était pas homme à se croiser les bras, et une fois hors de la portée de ses ennemis, à s'endormir dans les douceurs du repos.

Il se donna beaucoup de mouvement, se fit des amis et des ennemis, devint à Niort l'homme indispensable, et reçut de la ville la mission de se rendre auprès de Catherine de Médicis, pour dissiper des préventions que des esprits mal intentionnés lui avaient fait concevoir à son endroit.

Il mit à profit sa présence dans la capitale pour nouer des relations avec ceux qui pouvaient un jour lui être utiles. Il rechercha plus particulièrement les lettrés, et, de retour dans sa province, continua par ses-correspondances à entretenir des relations avec eux.

Tout en prenant les intérêts qui lui étaient confiés, Rapin ne négligeait donc pas les siens.

En 1572; il avait acheté une charge de lieutenant, mais la colère de ses ennemis s'était accrue en raison des sarcasmes dont il n'avait cessé de les poursuivre. Ils lui cherchèrent je ne sais quelle chicane de procureur, le dénoncèrent au parlement et obtinrent ce qu'ils désiraient, c'est-à-dire qu'il ne fut pas mis en possession de sa charge et qu'elle fût donnée à un autre.

Rapin n'était pas homme à se décourager pour un échec.

Deux ans après, il rentrait à Fontenay avec la charge de vice-sénéchal qu'il devait à la protection de son ami Barnabé Brisson.

Les sénéchaux n'avaient pas seulement., comme beaucoup de gens se l'imaginent, des attributions judiciaires, ils avaient de grands pouvoirs municipaux et militaires; ils levaient des troupes pour le service du roi, en prenaient souvent le commandement et se montraient autant hommes d'épée que de robe.

C'est ce qui explique comment, dès les premiers jours qu'il entra dans sa charge, Rapin parut sur les champs de bataille et enleva le Langon aux protestants.

Le vice-sénéchal avait la première qualité de son emploi, la fermeté elle était indispensable alors pour rétablir l'ordre si profondément troublé. La discipline qui règne aujourd'hui dans nos armées ne peut pas nous donner l'idée de ce qu'étaient les soldats dans ces jours de triste mémoire.

Braves sur le champ de bataille, ils se livraient pendant qu'ils étaient en campagne à tous les excès de la soldatesque la plus effrénée. Sûrs.de l'Impunité que leur accordaient des chefs aussi pillards qu'ils l'étaient eux-mêmes, ils rançonnaient et maltraitaient de toute façon les pauvres paysans, quels que fussent leur croyance et leur drapeau.

Il s'était ainsi formé des bandes de brigands qui n'obéissaient qu'aux plus mauvais instincts.

Ne pouvant les ramener par la menace, Rapin marcha contre eux avec sa compagnie et les tailla en pièces. Leurs bandes se dispersèrent pour reparaître bientôt et recommencer leurs exploits de voleurs et de pillards.

Rapin renforcé de quelques troupes se mit à leur poursuite et ne prit pas de repos qu'il ne les eût détruites. La leçon avait été si sévère que pendant quelque temps, alors que le brigandage continuait ailleurs, le Bas-Poitou conserva une tranquillité relative.

Malheureusement la douceur et la patience n'étaient pas les vertus dominantes de Rapin. Si sa parole était vive et accentuée, le geste répondait au discours et la main était souvent prête à appuyer ses arguments.

Dans une altercation qu'il eut un jour avec un agent de la reine et un autre citoyen, elle s'abattit rudement sur leur personne. Cet argument qui n'était pas tout-à-fait dans les formes de la justice fut suivi d'une autre exécution.

Il fit conduire en prison ceux auxquels il venait d'infliger une première correction. C'était une grosse affaire qui pouvait tourner à mal pour le vice-sénéchal.

Tous les ennemis de Rapin poussèrent des cris furieux et les deux plus intéressés le citèrent devant la juridiction des Grands Jours qui devait avoir lieu prochainement à Poitiers.

En attendant qu'ils s'ouvrissent, Rapin devenu plus calme profita de quelques mois de repos pour revenir aux lettres. Il reprit ses relations un instant interrompues avec Abel et Scévole Saint-Marthe, leur dédia des vers, en reçut de leur main et, dans ces échanges poétiques, s'inspira toujours de la tendre amitié qu'il portait à ses deux anciens condisciples.

Dès l'année 1572 il avait traduit en stances de huit vers le 28° chant de Roland-le-Furieux, montrant quelle assurance on doit avoir aux femmes.

Trois ans auparavant le brave d'Aunoux ayant été tué au moment où, avec quinze cents hommes, il pénétrait dans Poitiers qu'assiégeait Coligny, Rapin dédia à sa mémoire, en forme d'épitaphe, le sonnet suivant :

Je suis d'Aunoux, si tu veux d'avantage

Savoir de moi saincte postérité,

Lis ce qu'on a des guerres récité

D'Henry second prince de grand courage.

 

 Pendant son règne il ne s'est foit voyage

Où des premiers connus, je n'aye été

Ayant déjà montré ma loyauté

Au roi François en la fleur de son âge.

 

Le Bourguignon, l'Espagnol, le Lombard

Et qui pis est notre propre soldard

Rebelle au roy a senti ma main forte.

 

 Que veux-tu plus? je dirais volontiers

De quelle mort je mourus à Poitiers,

Si les vaillants mouraient d'une autre sorte.

Après son exécution des arrêts criminels des Grands Jours de Poitiers en 1579, il est appelé à Paris.

Il se lie à Jacques-Auguste de Thou, renforce son pouvoir, se lie au président Harley. Enfin, grâce à la protection de ce dernier, il est nommé en 1586 lieutenant de robe courte et grand prévôt de la connétablie. Il vend sa charge de sénéchal à Jean Tiraqueau.

==> 1583, N. Rapin, Vice-Sénéchal de Fontenay-le-Comte, accompagné de ses soldats, tuèrent à Réaumur 40 ou 50 voleurs de Bazoges

Il vécut au château de Terre-Neuve ou il reçut l’élite intellectuelle de la Renaissance: son ami Sully aimait à rencontrer ici Agrippa d’Aubigné, François Viète, J. de Fouilloux, Tiraqueau…

On peut voir le château de Terre-Neuve élevé par Jean Morisson pour le poète Nicolas Rapin. Ce château, qui fut longtemps la propriété d'un artiste de valeur, M. de Rochebrune, fut par lui restauré et embelli des débris de châteaux voisins. C'est ainsi que le château de Coulonges-sur-l'Autise contribua à la décoration de cette demeure somptueuse. On y admirera une magnifique cheminée dans la salle à manger et un salon très curieux.

Construit dans les cinq dernières années du XIIe siècle, il conserve précieusement les meubles, peintures et sculptures au milieu desquels vécut la famille du juriconsulte Tiraqueau, ami de Rabelais.

 

 

Agrippa d'Aubigné,

Theodore Agrippa d'Aubigné, chevalier, seigneur de Surimeau, Murçay, les Lendes, le Crest, etc., capitaine de cinquante hommes d'armes, mareschal de camp des armées du roy, premier escuyer du roy Henry le Grand, gouverneur, en divers tems, de Casteljaloux, de Montaigu, de Maillezay, de l'Isle d'Olleron et de Royan.

Théodore Agrippa est né le 8 février 1552 au château de Saint-Maury près de Pons, en Saintonge. Il est le fils du juge Jean d’Aubigné, d'origine roturière, et Catherine de L’Estang, de petite noblesse, qui meurt en lui donnant la vie. On l’appelle ainsi Agrippa (aegre partus, accouchement difficile), parce qu’il a été enfanté avec peine. Agrippa est baptisé dans la religion catholique mais est élevé dans la religion calviniste.

Pendant les guerres de la Ligue, Aubigné s'illustre au combat. Il participe à la bataille de Coutras que remporte Henri sur l'armée royale en 1587. Henri de Navarre le nomme maréchal de camp en 1586, puis gouverneur d’Oléron et de Maillezais, que d'Aubigné avait conquis par les armes en 1589, puis vice-amiral de Guyenne et de Bretagne.

En 1617, d'Aubigné, fatigué des luttes inutiles en faveur de son parti, d'ailleurs dégoûte par le peu de cas que l'on fait de ses avis, se rendit à La Rochelle avant la séparation de son assemblée, pour obtenir ta permission de laisser ses emplois, et de transmettre a d'autres la garde de Maillezais et du Doignon il demanda des mains fidèles et courageuses pour empêcher au duc d'Epernon et à l'évêque de Maillezais, qui voulaient ces deux places, de pouvoir tes obtenir. Les députés rassemblés à La Rochelle furent en partie favorables à d'Aubigné mais l'avocat choisi pour défendre sa cause se laissa séduire, et conclut à la destruction des deux places, que d'Aubigné chérissait comme un asile sacré. A cette nouvelle, il dut être profondément ému, il dut être indigné, car à cette occasion bien des hommes triomphèrent, et Villeroy écrivit au possesseur de Maillezais

« Que dites- vous de vos bons amis pour lesquels vous avez perdu une pension de 7,000 livres et refusé une augmentation de cinq autres, que la reine voulait ajouter; sans compter la malveillance du roi, que vous avez encourue pour t'amour d'eux? Ces messieurs nous sollicitent à toute outrance de faire raser votre maison sous votre moustache; je ne change rien au terme de ces beaux amis. Si c'était à vous à faire réponse à une telle demande, comment ta feriez-vous j'on demande votre avis. »

D'Aubigné répondit « Si vous agréez que je vous serve de commis pour répondre à la requête des Rocholais, j'y mettrai au bas Soit fait ainsi qu'il est requis, au dépens de qui il appartiendra »

 

Une Lettre inédite de Théodore Agrippa d'Aubigné à Pontchartrain relative à la vente des châteaux de Maillezais et du Doignon. Cette lettre a été reproduite par M. L. Lalanne dans son excellente édition des Mémoires de d'Aubigné (à l'Appendice, p. 383).

La fontaine des Quatre Tias (la fontaine des beaux esprits) de Fontenay-le-Comte, foyer de vie intellectuelle de la Renaissance

 Paysages et monuments du Poitou - Église Notre-Dame de Fontenay-le-Comte <==.... ....==> La Renaissance Poétique de Fontenay le Comte en Bas- Poitou (Time Travel 16 ème siècle)

 

La Servante de Rabelais par Lacroix, Paul

L'adolescence de Rabelais en Poitou / Jean Plattard

À la France : sites et monuments. Poitou (Deux-Sèvres, Vendée, Vienne) / [notices de Onésime Reclus]

Société de statistique, sciences, lettres et arts du département des Deux-Sèvres.

 Histoire de Maillezais depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours / par Charles Arnauld

 

 

 

 Le patrimoine fontenaisien et les animations estivales à découvrir avec Marie-Gabrielle <==.... ....==> La Renaissance Poétique de Fontenay le Comte en Bas- Poitou (Time Travel 16 ème siècle)

 

 ==> Savary de Thouars, Vicomte de Fontenay - La fontaine des Illustres (Place Viète).


 

(1) Voir Pantagruel. chap. VTTT. fin

(2) Pantagruel, chap. II.

(3) Pantagruel. chap. XXIII.

(4) Pantagruel, chap. XXIV. Voir sur cette question, Abel Lefranc, Les Navigations de Pantagruel, Paris, H. Leclerc 1903.

(5) Pantagruel, chap. IV et R. XVIe SIÈCLE, t. IV, p. 162-165.

(6) Pantagruel, chap. IV.

(7) Pantagruel, chap. V.

(8) La route ordinaire, d'après la Guide des chemins de France de Charles Estienne (1552), passait par Croutelles, Colombier, Lusignan, Rouillé. le Perron-Saint-Maixent, Soudan Saint-Maixent, Niort, Ligugé,Sanxay, Celles,Saint-Liguaire,Coulonges se trouvent à l'écart de cette ligne.

 (9) La capitulation fut faite le 28 juin, sans l'avis du maire Rapin, lequel extrêmement haï par les protestants, pour s'être formellement bandé contre eux, et l'une des premières occasions de ce que Landreau s'était rangé du party contraire, estoit curieusement recherché de tous, pour le faire mourir. Mais voyant la ville rendue et ses compagnons sortir (avec lesquels les protestants ne voulurent jamais comprendre le maire), déguisé en serviteur, se cache en la maison d'une povre femme, d'où il envoye par quelcun sien amy protestant qui le fist seurement çonduyre hors de ville, puis se retira dans Niort avec les autres.

La Popelinière, livre xxm.

 

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