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PHystorique- Les Portes du Temps
6 juin 2023

1445 Procès de Georges de La Trémoille contre Prégent de Coetivy, amiral de France, au sujet d'une rente sur Chantocé

1445 Procès de Georges de La Trémoille contre Prégent de Coetivy, amiral de France, au sujet d'une rente sur Chantocé qui lui avait été vendue par Gilles de Rais

7 novembre 1435 Gilles de Rais vend la terre au duc de Bretagne, en dépit des protestations du roi René.

Epuisé bientôt par de telles dépenses, Gilles-de-Retz n'eut plus de quoi soutenir la dignité de maréchal dont son courage l'avait fait honorer, quoique jeune encore. Il n'eut d'autre ressource que la vente de ses terres (1).

Sa famille ayant imploré l'autorité du roi, le monarque défendit au maréchal, dans son conseil, d'aliéner aucun de ses domaines, défense que le parlement fit publier à son de trompe; ce qui n'empêcha pas le duc d'acquérir à vil prix les baronies d'Ingrande et de Chantocé.

 

Voici le texte de la requête :

Pour monstrer la prodigalité notoire de feu messire Gilles de Rays, vrai est qu'il estoit noble et puissant seigneur, extrait de grandes et anciennes maisons, comme de Laval, de Roucy, de Montmorency, de Rays et de Craon.

Item, il estoit seigneur de plusieurs nobles seigneuries et de grand valeur.

Car il possedoit de la succession de ieu messire Guy de Rays son pere la baronnie de Rays, composée de plusieurs chastelenics et seigneuries, comme de Pornit, Machecou, Saint-Estienne de Malemort, Preuigne, Veuz, l'Isle de Bouyn, etc., à cause de laquelle baronnie ledit M. Gilles estoit doyen des barons du duché de Bretaigne.

Item, il estoit seigneur, à cause de sondit pere des terres de Blason, Chemellier, Fontaine-Millon, la Mote-Achart, la Meuricre, Ambieres. S. Aubin de Fosse-Louvain, et plusieurs autres en Breitaigne et autres pays, qui pou voient valoir dix à douze mil liv. de rente.

Et de la succession de feu mess ire Jehan de Craon, son ayeul maternel, estoit seigneur des terres et chastelenies de la Suze, Briolay, de Champtocé et Ingrande, du Louroux Botereau, de la Benaste , du Bourg-neuf en Rays, Senehé, la Voulte, et plusieurs autres qui bien valoient 13 à 14 mil l. de rente et plus.

Item, fut marié à dame Catherine de Thouars, dame de Pousauges, Thiffauges , Chambenays , Consolant, Chasteau-morant, Savenay, Lombert, Grez sur Maine, et plusieurs autres belles terres valants six à sept mil. liv. de rente on environ.

Item, tant à cause desdites sucessions que dudit mariage, escheurent audit M. Gilles plusieurs biens meubles, valantz bien cent mille escus d'or.

Ainsi outre lesdits biens meubles, il tenoit en grosses baronnies, etc. 30,000 liv. de vray domaine et plus, sans les autres proufits qu'il tiroit de ses sujets.

Item, à cause de son office de mareschal de France, avoit grands gages et pensions du roy, avec plusieurs dons gratuits.

 Ainsi avoit à dépenser par chacun an 40 ou 50,000 liv. ou plus. Led. M. Gilles après le décès de sondit pere, venu à l'Age de 20 ans, prit l'administration de tout son bien, et en usa deslors à son plaisir, sans prendre le conseil de messire Jehan de Craon son ayeul, sous le gouvernement duquel sondit bien estoit en bail.

 Item, ledit M. Gilles leva un estât trop plus grand que à celui n’appartenoit, comme de 200 hommes à cheval, et tenoit une chapelle de chantres en sa maison, quelque part qu’il allast, en laquelle il avoit de 25 à 30 personnes, tant enfans, chapelains, jeunes clercs que autres; les menoit avec lui quand il alloit par païs, tellement qu'il tenoit en sa maison à cause de ladite chapelle, compris leurs serviteurs, plus de 50 hommes à ses dépens et autant de chevaux.

Item, avoit en la chapelle quantité d'ornements de draps d'or et de soye, chandeliers, encensoirs, croix, plats, etc., de grande somptuosité, qui coustoient trois fois plus qu'ils ne valoient, avec plusieurs paires d'orgues, une desquelles il faisoit porter à 6 hommes avecque lui.

 Et souvent lui coustoit 1’aune de drap d'or 60 ou 80 escus, qui n'en valoit pas 25 ou 30, et une paire d'orfrays 3 ou 400 escus qui n'en valoit pas 100.

 Item, faisoit en ladite chapelle, doyen, chantres, arcediacres , vicaires, maistre-escolle, etc., comme aux cathedrales, avec un qui se portoit et appeloit évêque, païant aux uns 400 escus, aux autres 300 et faisant leur despense; les vestoit de robes traînantes d'escarlate à fines panes et fourrures , etc., chapeau de cœur de fin gris, doublés de fin menu, etc., et en leur service n'estoit que vanité, sans dévotion ni bon ordre.

 Et quand il lui prenoit envie d'en avoir aucun, il lui donnoit des héritages, outre ses gages, et à ses parens, comme il le fit au nommé Rossignol de la Rochelle et enfant de cœur de Poitiers, auquel il donna la terre de la Rivière de Machecoul assise en Aulnes, valant 200 1. de rente, et à ses pere et mere plus de 200 escus.

Item envoya plusieurs fois vers le pape, pour obtenir que les chantres fussent mitrés comme prélats, ou comme les chanoines de l'église de Lyon, et avoir permission de fonder un college de 4,000 liv. de rente, où tous les benefices de son païs fussent unis.

 Item, qu'il faisoit des dons excessifs sans discrétion; des dépenses en vin, viande, hypocras, pour tous ceux qui vouloint boire et manger; et que ceux qui avoint le gouvernement de la maison vivoint en grands seigneurs, pendant qu'il n'avoit souvent que boire ni que manger, quand il vouloit aller disner.

 Item , faisoit faire jeux, farces, morisques, jouer mystères à la Pentecoste, et à l'Ascension sur de hauts échafaux , sous lesquels éstoit hypocras et autres forts vins comme en une cave.

 Qu'il se tenoit ès villes comme Angiers et Orleans, et autres, auquel lieu d'Orleans il demeura un an sans cause, et y despendit 80 à cent mille escus, empruntant de qui vouloit prester, engageant les bagues et joyaux pour moins qu'ils ne valoient, puis les rachetant bien cher, vendant et engageant ses terres, etc., donnant blancs signés et procure de vendre sans en prendre connoissance.

Item, ledit M. Gilles constitua un nommé de Bricqueville son procureur avec pouvoir de contracter le mariage de feu madame Marie de Rays sa seule fille et héritiere qui estoit alors en l'âge de 4 ou 5 ans à quel homme qui bon sembleroit audit de Bricqueville, et de promettre et bailler de ses terres et seigneuries telles et tant que bon lui semblerait; au lieu qu'on n'a coustume de marier les filles yssues de si haute noblesse qu'avec l'assentement de leurs parens et amis.

Item, s'éstant mis en teste de prevenir ci grande et excessive chevance s'entremit de faire Alquemye, cuidant atteindre la pierre de philosophie ; envoyant en Allemagne et autres lointains pais, pour trouver des maistres de cet art ; et feit venir un nommé M. Anth. de Palermes, en quoi il feit de moult outrageuses despenses qui ne lui furent d'aucun proufit.

Item, qu'un chacun connoissoit qu'il esloit prodigue notoire, et n'avoit sens ni entendement, comme en effet il estoit souvent alteré de son sens; et souvent il partoit au plus matin, et s'en alloit tout seul par les rues; et quand on lui remonstroit que ce n'estoit pas bien fait, il respondoit plus en maniere de fou et d insensé qu'autrement.

Item, se trouve qu'il a vendu et aliené à Jehan de Masseille la chastelenie de Fontaine-millon au païs d'Anjou de 400 1. de rente pour 4000 escus d'or, et par autre contrat 60 liv. de rente pour cent escus d'or ou autres sommes. Item, à feu messire Guillaume de la Jumeliere sieur de Martigné-Briand, la chastelenie de Blazon et de Chemelier aud. Anjou pour 5000 escus d'or qu'il confesse avoir reçu et toute foy il n'en reçut onques 2000.

A feu mes. Hardoin du Bueil evesque d'Angiers vendit la terre de Gratecuisse audit Anjou pour 1200 escus ou autre somme. Item, vendit la chastelenie de Savenay et 160 liv. de rente sur la forest de Brecelien.

Item, à feu messire Guy sieur de la Roche-Guyon les terres de Mothe Achard et de la Meuriere en Poitou, valants mil à 1200 liv. de rente, ou y a beau chastel.

Item, vendit sur ladite seigneurie de Mothe-Achart 100 liv. de renie, et sur Plusquepont qui est de la recepte de Machecoul, 10 liv. de rente.

Au feu evesque de Nantes chancelier de Bretagne les terres de Pruigné, de Veus, des Bois aux Treaux, la paroisse de S. Michel de Seneschier et autres pièces et terres sises au clos de Rays pour 14,000 escus ou etc.

A Guillaume le Fremiere et il feu Guillemot le Cesne marchands d 'Angiers certaines grandes rentes sur les terres de Vimbrieres et de S. Aubin de Fosse-Louvain au païs du Mans, et depuis leur a vendu icelles seigneuries pour certaines sommes dont il ne reçut pas le tiers, et ce en draps, chevaux, pelleteries et bagues qui ne valoient la moitié de ce qu'on les estimoit.

Item, à feu messire Jehan de Montecler, et audit feu Guillemot le Cesne, les terres de la Voulte et de Senché, qui sont belles seigneuries et de grand revenu, et promit de paier auxdits acquereurs 400 royaux d'or durant la vie de dame Anne de Sillé douariere d'icelles terres; la vendition faite pour 6000 escus d'or ou autre grand somme.

 A feu monseigneur maistre Jehan Rabateur président en parlement les terres et seigneuries d'Ausance, de Clouë et de Signon, pour certaines sommes d'argent.

A Guillaume l'Apotiquaire de Poitiers, et à maistre Jehan Arembert et Jacques de l’Espine vendit le Brueil-Maugon lez Poitiers, et autres pièces au mesme païs pour deux mil six cens escus d'or.

 A feu monseigneur Georges seigneur de la Trimoille 1200 royaux d'or de rente ou autre grant rente sur la terre de Champtocé, pour 12,000 royaux d'or ou autre somme.

 A feu Perrenet Pair marchand d'Angiers plusieurs grandes rentes sur ses terres.

A dame Jehanne de Maillé 300 liv. de rente qu'il avoit sur l'estang de Brochesac, et 100 liv. de rente sur le péaige de Chantocé.

A maistre Nicolas Maret les dixmes de Lodunois pour 400 escus, et 170 royaux d'or de renie sur les terres des Chesnes et de Longueville, et ses autres terres pour 1800 royaux d'or ou autre somme.

A Guillaume de la Planche et Pierre Chabot marchand d'Angiers vendit 150 royaux d'or pour 1500 escus d'or.

 Item au chapitre du N. D. de Nantes une belle maison audit Nantes, nommée la maison de la Suze, avec les appartenances, coustumes et autres droits qu’il avoit en icelle ville et autres terres, rentes et revenus.

Au chapitre de S. Pierre de ladite ville 50 liv. de rente et à messire Guy de la Faucille chevalier 100 liv. de rente.

Et vendit ledit M. Gilles plusieurs autres terres, chasteaux, rentes, etc.

De sorte que en huit ans, depuis l'an 432 que ledit feu monseigneur Jehan de Craon décéda, jusqu'en l'an 440 que ledit M. Gilles alla de vie à trespas, il vendit bien de ses terres et rentes sur lui pour le prix et valeur de 180 à 200,000 escus, ou autre grande somme qu'il a dépensée avec sondit revenu et gages, et a outre emprunté plusieurs grandes sommes qu'on demande aujourd huy.

Pour ces raisons le roi dernier trepassé duëment informé et acerteiné du mauvais gouvernement dudit sire de Rays, lui fist en son grand conseil interdiction et défense de vendre ne aliéner ses terres et seigneuries, ne rentes sur icelles, à quoi il se assentit, au moins ne le contredit-il point.

Item, ledit seigneur donna ses lettres patentes adressantes à vous nosseigneurs de parlement il Paris, par lesquelles vous estoit mandé interdire et défendre la même chose audit M. Gilles, et faire défenses à tous autres qu'ils ne contractassent avec lui; lui notifier et a tous autres ladite interdiction, et la faire publier en tous les lieux requis; et faire défenses sur grosses peines à lui, aux capitaines et gardes des chasteaux et forteresses dudit sire de Rays, et tous autres, qu'ils ne livrassent ne souffrissent estre transportées lesdites places et forteresses à étrangieres personnes jusqu'à ce que par ladite cour autrement en fust ordonné.

Et furent lesdites lettres insinuées et notifiées audit feu M. Gilles, qui les vit et les lut avec lesdites inhibitions et défenses , et furent publiés dehors par cry public et son de trompe et autrement ès villes d’Orléans, Tours, Angiers, Pousauges, Chantocé, S. Jehan d'Angely et plusieurs autres lieux.

 Et furent faites lesdites défenses à messire Charles de Layeul chevalier, capitaine et garde dudit Chastel de Chantocé, et autres.

Et par autres lettres ledit roy trespassé abolit, cassa et annulla tous les contrats., vendition et alienations faites par ledit feu G. de Rays ; et octroia à madite feuë dame Marie de Rays et au demandeur son oncle et héritier, qu'ils s'en puissent défendre contre les acheteurs ou créditeurs ; tout ainsi qu'ils eussent fait ou pu faire paravant lesdits contrats et nonobstant iceux.

Par ces moiens bien clairement appert, que les contrats de vendition et eschange que ledit feu Gilles auroit fait avec le duc Jeh. de Bretaigne des terres et seigneuries de Chantocé et d’Ingrande, et d'autres ses terres et seigneuries, seront nuls de toute nullité, et ne lui pourront servir ni valoir.

Item et enyoia ledit feu duc Jehan feu monseigneur Pierre de Bretagne son fils, qui depuis fut duc, et autre grand ambassade par devers le roy à Niort et à S. Jan d'Angely, pour avoir congé de contracter avec ledit feu monsieur Gilles de ladite seigneurie de Chantocé ; mais onques ne voulut le donner, et fit notifier audit monseigneur Pierre et aux autres ambassadeurs son interdiction.

Et furent par les parents et amis dudit feu monsieur Gilles exibées audit duc lesdites lettres royaux d’interdiction, en lui requérant que pareilles lettres il voulust donner en sondit paiis, ou au moins consentir que lesdites lettres royaux y fussent publiées et exécutées, dont il ne voulut rien faire.

Ce que voyant lesdits parents et amis, ils se remirent en certaines places et forteresses appartenantes audit sire de Rays en Bretaigne pour les lui cuider conserver, mais ledit duc les fist prendre sur eux, et depuis les fist comparoire en personne devant lui, et leur donna de grands empeschements.

Item, et en haine de ce que le seigneur de Loheac a voit esté avec les autres parents et amis dudit monseigneur Gilles faire au duc Jehan les requestes dessusdites et s'étoit mis esdites places; icelui duc despointa de la lieutenance M. le comte de Laval qui estoit son gendre, et frere dudit sieur de Loheac, et fist son lieutenant ledit feu M. Gilles, et passa avec luy lesdits contrats.

Item feu monseigneur l'Admiral aiant espousé ladite dame fist faire plusieurs consultations des plus notables ; clercs, prélats et advocats du roiaume, qui opinerent pour la nullité de tous lesdits contrats et prodigalité notoire dudit monsieur Gilles.

Et quant audit contrat d'eschange ou vendition desdites seigneurie de Chantocé et Ingrande, il seroit nul, car ledit duc promist par ses lettres patentes signées de son seing manuel et scelées du scel de ses armes, au roi de Secile duc d'Anjou, de non contracter ou faire contracter avec ledit feu M. Gilles du chastel et appartenances de Chantocé; et se par avant aucun contrat en avoit esté fait, il vouloit qu'il ne s'en pust aider.

Item et jura ledit duc sur le corps N. S. en chantant la messe, et promist en parole de prince au demandeur et auxdits parents et amis, de non contracter ou faire contracter avec icelui Gilles desdites seigneuries de Chantocé et Ingrande,

Item avoit promis le duc bailler audit sire de Rays dans certain temps 640 1. tourn. de rente en Anjou et Poitou, et autres choses; ce qu'il n'a exécuté; et cela appert par le contrat fait par le feu Admiral, comme curateur de ladite feuë dame Marie de Rays sa femme avec le feu duc François, par lequel icelui duc François reconnut que la part du duc Jehan son père restoit à délivrer les terres transportées par ledit monsieur Gilles à Geffroy le Ferron, au feu chancelier de Bretagne, et au chapitre de Nantes , et lesdits 640 1. de rente.

Item ledit feu duc François se seroit départi dudit contrat d'échange, et consentit que le feu Admiral audit nom tenust, et possedast lesdits chastels et seigneuries de Chantocé et Ingrande, et les péages de Loire, comme le propre héritage de ladite dame, qui en prist possession, et en joit paisiblement sa vie durant, et aprés le décès dud. Admiral en jouit ladite dame et le sieur, de Loheac à quelle fust depuis mariée.

 Et si au demandeur on disoit que par traité passé entre le feu duc François et le feu Admiral, le duc pouvoit avoir lesdites terres en baillant audit Admiral soixante un mil escus d'or vieils; respond le demandeur qu'il n'en appert et proteste de l'impugner, puisque par appointemens précédens ledit duc François avoit baillé audit feu Admiral au nom de ladite dame lesdites seigneuries, lesquelles il pouvoit retraire en baillant 200 liv. de rente en assiette, les terres acquises par Geffroy le Ferron, le chancelier et lesd. evêques et chapitre, et non autrement; duquel droit acquis à ladite dame, ledit Admiral ne la pouvoit débouter, attendu sa minorité, qu'elle n'y a presté consentement, etc.

Aussi n'ont-ils esté lesdits 61,000 escus d'or paiés.

Item en l'an 1450 le 23 juin, estant ledit Admiral au siége de Cherebourg contre les Anglois, dist qu'il estoit de ce jour seigneur de Chantocé et d'Ingrande, le terme du rachat expiré.

Item long-temps avant la consignation de ladite seigneurie, tantost après le décez dud. feu Admiral, le feu duc Pierre de son autorité privée, contre le consentement desdits seigneurs de Loheac et femme, occupa le chastel de Chantocé, contre la promesse du feu duc François, qui avoit juré par la foi et serment de son corps etc., de non souffrir que lesdites places fussent mises hors des mains du feu Admiral, etc.

Item et ne peut ledit duc avoir la possession desdites terres par le vouloir de messire Olivier de Coitivy et de ses cohéritiers; lesdites terres estant le propre et ancien héritage de ladite dame: et fist dire ledit monsieur Olivier par son procureur, comme il appert par le plaidové du 26 nov. 1451 que l'accord d'entre le roi de Secile et le duc Pierre ne seroit passé, veu que le duc avoit despouillé monsieur Olivier et la veuve de l'Admiral, jusqu'à ce qu'ils fussent restitués.

Et si lad. dame Marie avoit donné procuration audit de Coitivi de bailler la possession desdites places audit duc Pierre, ce n'estoit de son libéral arbitre; ains estoit detenuë par ledit monsieur Ollivier et Cristofle de Coitivy son frere comme prisonnière au chastel de Taillebourg, duquel elle ne pouvoit partir sans leur congé, empeschants qu'aucuns des parents et amis de ladite dame lui pussent parler.

Sur quoi feu messire Helyes de Torreton lors lieutenant du séneschal de Xaintonge, et feu Guichard de Cissé, par vertu de lettres patentes du roy, la mirent avec tous ses biens en la garde du roi, et firent inhibition auxdits de Coitivy de traiter le mariage de ladite dame, ni attempter à sa personne ne à ses biens ; et estoit pour lors ladite dame mineure de vingt à vingt-un ans ; et revoqua ladite dame; quand elle fut à sa liberté, et incontinent qu'eUe fut mariée au S.r de Lobeac, toutes procurations et appointemens qu'elle eust pu faire.

Et à ce qu'on dit que le roy de Sicile a fait transport desdites terres d'lngrande et Chantocé au duc ; dit le demandeur que ledit roi n'y avoit point de droit, fors la foi et homage seulement, qu'il avoit reçu du feu Admiral, et lui avoit même transporté quidquid juris in his habère poterat. (Ch. de Nantes, arm. M. cass. B. n. 2.)

Contrat de vente de 1000 1. de rente valentes et le. vantes, sur le. chastel, terre et forest de Prinsay, pour la somme de 20,000 escûs et reaux du poids de France, payez par monsieur le chancelier, au nom du duc de Bretagne acquéreur, à monsieur Gilles de Rais vendeur.

 

Fait le 7 novembre 1435 au regard de la dame de Rais consentante; et au regard dudit sire, le 9 dudit mois.

Sous les sceaux de la cour de Nantes où sont les armes de Malestroit, de monsieur Gilles de Rais, de Guillaume seigneur de Mareil, et de maistre Robert l'Espervier. Ibid. cassette C.

 

 

 

 

Signature de Gilles de Rais

Signature de Gilles de Rais, Fac-similé tiré d'un document ayant appartenu à M. Benjamin Fillon.

Lettre signée, sur vélin, 3 septembre 1438 ; 1 p. in-f° oblong. Précieuse pièce relative à la cession faite par Gilles de la place de Champtocé au duc de Bretagne, moyennant certaines rentes qu'il avait transportées auparavant à Jean de Malestroit, évêque de Nantes, chancelier de Bretagne.

 

 

René d'Anjou donne à Isabelle Ire, duchesse de Lorraine, pour elle et ses héritiers, la terre de Champtocé en Anjou.

 

 

La terre de Champtocé avait été saisie par René d’Anjou sur le fameux Gilles de Rais à raison des méfaits commis par lui en cet endroit même, ainsi qu'à Angers, à Sablé, à Tiffauges et autres lieux.

Jean, duc de Bretagne, qui prétendait que Gilles lui en avait cédé la possession, intenta un procès au duc d'Anjou : trois arrêts consécutifs du parlement donnèrent gain de cause à ce dernier.

Le roi René , duc d'Anjou, dans ses lettres patentes du 10 octobre 1450, datées du château d'Angers, parlant des seigneuries d'Ingrandes et de Champtocé, dit « que ces terres lui appartenaient à raison de plusieurs crimes, excès et délits commis et perpétrés par ledit feu Gilles de Rais (2) »

 

Néanmoins Isabelle ne conserva pas le fief de Champtocé : par une transaction conclue en 1450, son mari leva la saisie en faveur du nouveau duc de Bretagne, Pierre, moyennant douze mille réaux d'or, plus trois mille deux cents écus d'or neuf payés comptant, en se réservant seulement la foi et hommage et les autres devoirs.

Des besoins d'argent poussèrent le prince à cet abandon de ses droits, malgré l'offre de la reine d'engager ses joyaux pour l'éviter, et contre l'avis du conseil d'Anjou, qui voulut faire casser l'accord, disant qu'il n'y avait pas eu depuis cent ans d'affaire plus importante pour le domaine ducal.

Après la mort d'Arthur de Richemont, Champtocé fut encore saisi, pour cause de rachat féodal, puis délivré au duc François, son successeur. (Arch. nat., P 1334', f° 12 ,0; 1334 fos 34, 35; 1334,fios 31 v°, 94 v°.)

Le cartulaire des sires de Rais, publié par M. Marchegay, contient (p. 68) un hommage rendu à René par Prégent de Coëtivy, amiral de France, pour la terre de Champtocé, qu'il tenait, disait-il, du chef de sa femme Marie de Rais.

 

« Circà assecutionem regni nostri prefati Sicilie, pro quâ nedum propriam substantiam largifluè exposuistis, quin ymo, retictis vestris ditione et patriâ etiam natalis originis tam amena, in regnum ipsum transfretando, et pro ejas adeptione viriliter et magnanime dimicando, personam vestram quibusvis subire periculis nullatenus expavistis. » (Arch. nat., P 1339, n° 433.)

 

Georges de La Trémoille mourut le 6 mai 1446, à Sully, où il fut enterré.  Il venait de soutenir un procès contre Prégent de Coetivy, amiral de France, au sujet d'une rente sur Chantocé qui lui avait été vendue par Gilles de Rais.

 

1445. —Procès « entre messire George, seigneur de La Trimoille, demandeur, d'une part, et messire Prigent de Coettivy, seigneur de Rais, admiral de France, deffendeur, d'autre part, » au sujet des 1200 livres tournois de rente sur Chantocé, vendues en 1434 par Gilles de Rais, au dit Georges de La Trémoille.

 

« 1445, jeudi, 22 avril. —Lulier, pour l'admiral deffendeur, dit que:

En l'an IIIIc XXXIII, il avoit pluseurs cappitaines de gens d'armes qui vivoient sur le pais, et avisa que ledit feu seigneur de Rais (Gilles) qui estoit maréchal de France et estoit legier à decevoir ; en icelui temps on tenoit le siège devant Grancey; le demandeur (Georges de La Trémoille) pour venir à son fait mist en teste audit feu de Rays qu'il allast tenir le siège à Grancey, et qu'il y auroit grant honneur; lequel (Gilles de Rais) tantost s'accorda avec ledit demandeur d'y aller ; mais il dist qu'il n'avoit pas grant argent ; ledit demandeur lui dist qu'il lui bailleroit argent et gens d'armes souldoier, dont ledit feu seigneur de Rais fu content. Mais ledit demandeur lui dist qu'il lui bailleroit XIIm escuz, et que icelui feu seigneur de Rais lui bailleroit rente sur ce, et que le roy l'en satisferoit bien, et adjousta ledit feu seigneur de Rais foy à ce que luy disoit le dit demandeur.

Et pour ce fut en Bretaigne et print encore des gens d'armes et s'en vint à Tours devers le roy, et exposa au roy la volenté qu'il avoit de lever le dit siège (de Grancey) et que ledit demandeur lui devoit bailler argent et gens d'armes pour le lever.

Et, pour faire ledit voiage, se party de Tours et s'en alla à Orléans.

Et lui estant à Orléans envoya devers La Trimoille qui lui envoiast l'argent qu'il lui avoit promis.

Mais le demandeur print toutes les faintes et délais qu'il peut, et usoit de belles parolles afin qu'il entretenist ledit feu seigneur de Rays en ce point et le detint tant qu'il despendit beaucoup à Orléans.

Et par le delay fut le chastel rendu et perdu.

Le roy demanda le dit feu seigneur de Rais et se courrouça à lui, et fut envoyé d'estre desapointé de son office de mareschal.

Dit que le dit feu seigneur de Rais fut moult endebté à Orléans, et pour soy desdebter envoya en Bretaigne vendre de ses terres, et faillit qu'il poiast avant qu'il partist d'Orléans.

Dit que, en ce temps là, on estoit en frontière et y avoit forte guerre ; et de rechief ledit demandeur avisa ledit feu seigneur de Rais et lui dist qu'il failloit qu'il alast en garnison à Laon ; et avant qu'il partist ledit demandeur ot nouvelles que entre les duc de Bourbon et le duc de Bourgoigne avoit guerre ; et pour secourir Bourbon se partit ledit demandeur et fist tant que ledit seigneur de Rais ala avec lui.

 Quant ilz furent à Ysodun, ledit demandeur bailla de l'argent à ses gens d'armes et mena avec lui ledit feu seigneur de Rais et le detint bien six sepmaines.

Et quant les dits ducz de Bourbon et de Bourgoigne furent d'acort, cuida ledit feu seigneur de Rais estre délivré, somma le demandeur de lui bailler argent pour aller à Laon.

Mais, icelui demandeur lui dist qu'il avoit baillé argent à ses gens d'armes et qu'il les prenseist et s'en allast et lui donna à entendre qu'il auroit de l'argent à Lion, et qu'il le prenseist ; qui pour y aller y despendit bien IIe escuz ; et toutesvoies n'en y avoit point et fut monstre audit demandeur qu'il faisoit mal de ainsi amuser ledit feu seigneur de Rais, qui respondit qu'il le failloit avancer à estre meschant.

« Dit que au partir de Bourbonnois, ledit feu seigneur de Rais parla aux cappitaines de gens d'armes et leur dist qu'ilz le accompaignassent pour aller à Laon, qui respondirent que le dit demandeur leur avoit baillé argent et qu'ilz n'yroient point avec lui sinon qu'il leur baillast argent.

Mais néantmoins pour eschiver noise envers le roy, ledit seigneur de Rais envoya en Lionnays son frère et gens d'armes, et pour ce faire vendit beaucoup du sien. »

Prégent de Coetivy conclut que Gilles de Rais n'a jamais rien reçu de Georges de La Trémoille pour la vente de la rente de 1200 livres.

 

« 1445, vendredi, 18 juin.— Rappiot, pour La Trimoille, dit que feu messire Gilles de Rais vendit la rente et en receut du demandeur la somme de XIIm réaulx... Feu messire Gilles n'estoit prodigue, anczois estoit de bon gouvernement, et s'il n'eust esté tel (le roi) ne l'eust fait mareschal de France ; fist en son temps de grans vaillances, comme d'avoir esté principal de lever les sièges d'Orléans et de Laigny, et se prodigue avoit esté, si rie l'estoit-il l'an IIIIe XXXIIII, temps de la vendicion...

« A ce que La Trimoille, pour avoir Champtocé, trouva manière et donna à entendre à messire Gilles à aller lever le siège de Grancey, mais bien pourroit estre que ou conseil du roy La Trimoille lui auroit dit que ce seroit bien fait de le lever et que à lui appartenoit bien, veu son office...

 Et pourroit bien estre que messire Gilles, pour y aller en plus grant vaillance et puissance, auroit dit qu'il n'avoit argent pour ce faire, mais qu'il vendroit sur sa terre rente qui lui bailleroit argent ; et par ce ledit demandeur, voiant sa vaillance et que c'estoit pour bon euvre et honnorable à messire Gilles, auroit acheté de lui la dite rente et paié le pris.

Et à ce que n'en receut riens, dit qu'il en fut paie content et si dit que au moins en confessa-il avoir receu VIIIm en vaisselle d'argent à Lion et IIIIm content.

A ce que La Trimoille le tint de VI à sept sepmaines à Orléans, dit que La Trimoille en fut moult desplaisant, car III ou nu fois lui demanda par Jupilles et messire Anthoine de Coignac ? chevalier, qu'il se avancast et qu'il faisoit mal.

A ce que La Trimoille tenoit gens d'armes au desplaisir du roy, et que le roy ordonna à La Trimoille qu'il les baillast à feu messire Gilles, mais il n'en fist riens ;

La Trimoille le repute à injure et en proteste, car il les tenoit par ordonnance du roy et les bailla une fois au duc d'Elencon et une autre foiz au seigneur de La Suze, frère dudit messire Gilles, pour aller à Grancy, et y ala La Suze.

A ce que La Trimoille l'amuza à Langres, dit que non, et lui fut son argent délivré.

Dit que en la ville de Gamp, La Trimoille presta à messire Gilles bien IIIe escuz. Et si dit que pour les pertes et dommages que messire Gilles avoit fait ès voiages de la guerre, La Trimoille pourchassa envers le roy que le roy lui bailla Yssodun, et en furent les lettres faictes..,. ».

 

 

 

 

 

Chartrier de Thouars. Pièce papier.

Oeuvres littéraires d'Éd. Richer. Tome 3  publiées et annotées d'après les indications de l'auteur, par M. Camille Mellinet

Le roi René, sa vie, son administration, ses travaux artistiques et littéraires : d'après les documents inédits des archives de France et d'Italie. Tome 1  par A. Lecoy de La Marche...

 

 

Généalogie: Gilles de Rais seigneur de Champtocé, Machecoul, du château de Tiffauges, Pouzauges <==

 Le Château de Champtocé, lieu de naissance de Gilles de Rais, place forte de l’Anjou pour lutter contre le Duché de Bretagne. <==

1403, Accord de succession de Retz - JEANNE Chabot, dame de Rays des châtellenies de la Mothe-Achard, des Chênes, de la Maurière <==

Gilles de Rais vendit en 1429 le château de Blaison et de chemillier à son conseiller militaire, Guillaume de la Jumellière <==

Chinon 8 avril 1429, après Pâques - Traité d'alliance entre Gilles de Rais et Georges de La Trémoille.  <==

1430, 20 juin, Machecoul. Lettres par lesquelles Gilles de Laval-Retz se reconnaît débiteur de son cousin Guy XIV de Laval  <==

1430, 26 décembre Lettres par lesquelles Gilles de Laval-Retz, donne quittance d'une somme à lui prêtée par Roland Mauvoisin <==

La baronnie de Pouzauges, son donjon de la famille de Thouars. <==

Château de Tiffauges, Mariage de Prégent de Coëtivy avec Marie de Montmorency-Laval dite Marie de Rais (Time Travel 1441) <==

 

 


 

(1)   Actes de Bret., t. 2, p. 1336.

 (2) Acte de cession de Champtocé et d'Ingrandes, par le roi René au duc de Bretagne, v. Du Paz, p. 220, etc.

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