1430, 26 décembre Lettres par lesquelles Gilles de Laval-Retz, donne quittance d'une somme à lui prêtée par Roland Mauvoisin
Pendant que la libératrice de la France était prisonnière, la Trémoille et Regnault de Chartres négociaient; le roi l'avait oubliée.
(Les Prisons de Jeanne d’Arc - Le Geôlier de Jeanne d’Arc)
Le parti jaloux de Jeanne avait perdu de vue cette campagne de Normandie qu'il avait si fortement conseillée lorsque la Pucelle voulait lancer le roi sur la route de Reims.
Dans la Normandie, cependant, la guerre s'était rallumée. Richemont, l'ennemi de la Trémoille, combattit tout l'hiver sur les frontières;
La Hire, qui s'était emparé de Louviers, située à quelques lieues de la ville de Rouen, en sortait à tout moment pour ravager la campagne; et, dans Rouen même, plus d'un Anglais craignait qu'il ne se jetât sur cette ville pour délivrer la Pucelle.
Les Anglais, qui avaient assiégé Louviers, s'en étaient emparé le 25 octobre, puis l'avaient rasée et abandonnée. Les Français s'y étaient cependant établis de nouveau, peut-être dans le dessein de tenter un coup de main sur la ville de Rouen.
En effet, Gilles de Rais, seigneur de Pouzauges s'y trouva le 26 décembre 1430.
Selon toutes les vraisemblances, il y était venu rejoindre La Hire, furieux d’avoir perdu une place importante qui était sa conquête.
Lettres par lesquelles Gilles de Laval-Retz donne quittance d'une somme à lui prêtée par Roland Mauvoisin
Nous Gilles sire de Rais, comte de Brienne (1) et seigneur de Pusauges, mareschal de France, cognoissons et confessons devoir et estre bien et loyalement tenu et obligé à nostre très chier et amé escuyer et capitaine de Prinçay (2), Rolland Mauvoisin, en la somme de treize vingts escus de pois de franc, ainsi qu'il appert selon les parties d'icelle ci après déclairées.
C'est assavoir la somme de huit vingts escus d'or, dit poys, à cause et par achat d'un cheval moreau, sellé et bridé que avons présentement eu et fait prendre de lui pour bailler à nostre chier et bien amé écuyer Michel Machefer, capitaine de gens d'armes et de trait de nostre compaignie, auquel nous avions promis pour venir avec nous en ce présent voiage lui bailler et délivrer un cheval de prix incontinent que serions en ceste ville de Louviers.
Item la somme de cent escus d'or, dit poys, tant à cause d'un harnois complet que semblablement avons eu et fait prendre dudit Mauvoisin durant que derrainement étions à Sablé, pour bailler à Pierre Darien, que à cause de pur et loyal prest, et pour plusieures menues nuses qu'il nous a puis naguères fait et mis pour nous de nostre commandement, à nostre très grand besoing et affaires.
Lesquelles parties et chacune se montent ensemble ladite somme de treize vingt escus d'or de poids de franc, dont nous tenons pour content et bien payé dudit Mauvoisin.
Laquelle somme nous promectons par la foy et serment de nostre cors et sur nostre honneur et scellé et l'obligation de tous et chascun nos biens meubles et immeubles présens et à venir rendre et payer audit Mauvoisin ou à son certain commandement ou ayant cause de lui, dedans la feste de Notre Dame, Chandeleur prochainement venant, sans jamais nous, ne les noz, ne ayant cause de nous en venir à l'encontre, et en les obligeant pareillement à ce faire et tenir.
Donné à Louviers, sous nostre scéel, le XXVIe jour de décembre l'an MCCCCXXX.
GILLES.
1431, 22 août. Reconnaissance d'un prêt signée par le maréchal de Laval-Retz
(Original, Archives de la Trémoïlle).
Gilles, sire de Rais, conte de Brienne et seigneur de Pousauges, mareschal de France, confessons devoir et estre bien et réaulment tenu à nostre très chier et bien amé escuier et capitaine de Prinçay, Roland Mauvoisin, en la somme de trente livres monnoie, tant à cause de pur et loial que prest que autreffoiz il nous a… nostre main que pour certains voiages qu'il a fait pour nous et de nostre commandement, pour noz affaires et que. envers monsieur de Bretaigne et l'évesque de Nantes, dont nous tenons pour content, et promectons par la foy et sèrement de nostre corps de lui paier et rendre ladicte somme à sa première reqaeste touteffoiz qu'il nous en requerra, et à ce obligeons touz et chacun noz bien meubles et immeubles présens et avenir.
En tesmoing de ce nous avons donné ces présentes audit Roland Mauvoisin, signées de nostre saing manuel, leXXIIe jour d'aoust, l'an mil CCCCXXXI.
GILLES
M. Paul Marchegay, à qui l’on doit la publication du document qui nous guide ici, pense que Gilles de Rais était à Louviers en 1430, comme faisant partie de l’expédition de Normandie ; « peut-être, ajoute-t-il, pour tenter de délivrer Jeanne d’Arc, dont le procès avait cours à Rouen. »
Opinion qui n’est pas dépourvue de vraisemblance, quand on se rappelle qu’à Rouen même, plusieurs Anglais, vers la même époque, craignant que Jeanne ne fût délivrée par les Français, l’auraient volontiers jetée à la Seine.
Il y avait, en effet, à Louviers, une véritable armée dont l’un des corps avait été équipé, comme pour l’attaque de Jargeau et la campagne de la Loire, par les soins et aux frais du maréchal de Rais.
Lui-même nous l’apprend par un acte authentique, signé de sa main, et jusqu’ici inconnu, dans lequel il dit et reconnaît: « qu’il doit à Roland Mauvoisin, son écuyer, capitaine du Prinçay, la somme de huit vingts écus d’or pour achat d’un cheval moreau, sellé et bridé, qu’il a promis à son très cher et bien aimé écuyer Michel Machefer, capitaine de gens d’armes et de traies de sa compagnie, pour l’engager à venir avec lui en ce voyage, aussitôt leur arrivée à Louviers. » Ce document est du 26 décembre 1431, et signé « Gilles ».
Avec La Hire, Richemont, et plusieurs autres capitaines, il est donc autour de Rouen, combattant pour le roi, et peut-être pour la Pucelle, tandis que le roi et la Trémoille jouissent sans trouble du repos aux bords de la Loire ; il est donc du parti de la guerre contre le parti de la paix, avec Jeanne d’Arc contre la Trémoille et Regnault de Chartres.
Quelques jours encore, et les courageux chevaliers surprendront, mais hélas ! trop tard, la ville de Rouen ; en mars 1432, ils prendront Beauvais.
En août 1432, Gilles de Rais contribue à la levée du siège de Lagny par les Anglais au mois d’août suivant.
Bossard - Gilles de Rais dit Barbe-Bleue
(Original, archives de la Trémoïlle, imprimé par M. le docteur Hébert dans son Gilles de Rays).
1430, 20 juin, Machecoul. Lettres par lesquelles Gilles de Laval-Retz se reconnaît débiteur de son cousin Guy XIV de Laval <==.... ....==>Le mystère du siège d'Orléans - Jeanne d'Arc, Gilles de Rais - Château de Tiffauges
(1). Il est impossible de se rendre compte des motifs pour lesquels Gilles de Retz se pare ici et dans le numéro 1255 du titre de comte de Brienne, qu'il ne s'attribue pas dans les autres actes presque contemporains que nous avons réunis. (Voir les numéros 1222. 1225, 1224, 1278) ; Brienne-le-Château appartenait alors à la maison de Luxembourg et avait pour seigneur Pierre I.
(2) Le château de Princé désigne un château situé à Chaumes-en-Retz (commune déléguée de Chéméré) dont il ne reste que quelques ruines. Il désigne par extension différents châteaux qui se sont succédé à Princé.