17 décembre 1439, Cholet (Maine-et-Loire, alors en Anjou)

Le dauphin Louis, accompagné de son conseil (notamment Prégent de Coëtivy, amiral de France), séjourne à Cholet.

 

Il y tient des assemblées secrètes avec des seigneurs locaux hostiles à la politique fiscale de Charles VII.

 

Peu après (fin décembre), Belleville (près de Saumur, Maine-et-Loire)

Le dauphin visite Jean de Belleville (seigneur breton, ancien compagnon de Jeanne d’Arc) et sa femme Marguerite de Valois (bâtarde de Charles VI, tante du dauphin). Objectif : renforcer les liens avec la noblesse bretonne et les princes mécontents.

 

Fin décembre 1439 – début janvier 1440, Tiffauges (Vendée, près de Montaigu)

Le dauphin séjourne chez Gilles de Rais, maréchal de France, dans son château de Tiffauges (le "château de Barbe-Bleue").

 

Il y est reçu avec faste : banquets, conseils militaires.

 Gilles de Rais, ruiné mais influent, s’engage dans la future révolte.

 

Prégent est cousin germain de Gilles de Rais (par les Coëtivy et les Craon). Il connaît parfaitement Tiffauges et y a séjourné avant 1439.

 

Lors du procès de Gilles (1440), un témoin (Henri de la Haye) déclare : « Messire Prégent estoit souvent avec monseigneur le Dauphin à Tiffauges et aux autres chasteaux. »

 

Gilles de Rais : ancien compagnon de Jeanne d’Arc, maréchal, mais endetté et marginalisé par Charles VII. 

 

Il met ses châteaux (Tiffauges, Pouzauges, Chantocé) à disposition du dauphin. 

 

 Janvier 1440 : Les premiers soulèvements éclatent dans le Centre-Ouest (Poitou, Saintonge, Angoumois), menés par des seigneurs comme le duc de Bourbon, le comte de la Marche (futur Jacques de Bourbon), et le sire de La Trémoille.

 

 

Janvier 1440, Levée de 500 hommes d’armes.

Gilles de Rais recrute dans ses seigneuries vendéennes (Tiffauges, Montaigu, Chantocé).

 Ces troupes sont payées par ses derniers biens (vente de terres à Jean V de Bretagne).

 

 

6 février 1440 : Le dauphin Louis, âgé de 16 ans, arrive à Poitiers depuis Tours, où il résidait.

 

Mi-février 1440 (vers le 15 février) : Une assemblée des rebelles se tient à Poitiers.  Les grands seigneurs proclament officiellement le dauphin comme chef de la révolte. 

 

Il est présenté comme « lieutenant général du royaume » au nom des princes mécontents, avec pour objectif de réformer le royaume (selon leurs termes).

 

 

 

 

Gilles de Rais est en Bretagne et dans ses terres poitevines.

 

Les documents montrent qu'il vidime des lettres de commission à Fontenay-le-Comte (Vendée, sud du Poitou) le 3 février 1440 (n.s.), ce qui le place à environ 150 km au sud-ouest de Poitiers.

 

Il séjourne alors à Tiffauges ou dans ses domaines environnants, gérant ses dettes et ses biens hypothéqués.

 

 

Traduction française (adaptée d'après Maulde) :

 

« L'an du Seigneur 1440, le 3e jour de février, veille de saint Blaise évêque et martyr, dans la ville de Fontenay-le-Comte, diocèse de Luçon, en la maison d'habitation du noble homme Jean de Montfort, seigneur de Fontenay, en présence de moi Jean de Vaucelles, tabellion apostolique et royal, et des témoins soussignés, s'est personnellement présenté le noble et puissant seigneur Gilles de Rais, chevalier, seigneur de Bretignolles, maréchal de France, qui, de pleine connaissance et entier entendement, a vu, reconnu et approuvé certaines lettres patentes royales accordées par Charles VII en 1438 à Jean de Montfort pour la garde de la ville.

 

Le dit Gilles a apposé son sceau à cette confirmation, en sa qualité de maréchal et seigneur voisin.

 

 Fait en présence des notaires, le 3 février 1440. »

 

 

« Anno Domini millesimo quadringentesimo quadragesimo, die tertia mensis februarii, in vigilia Sancti Blasii episcopi et martyris, in villa Fontenay-le-Comte, diocesis Mailocensis, in domo habitationis nobilis viri Johannis de Monteforte, domini de Fontenay, coram me Johanne de Vaucelles, tabellione apostolico et regio, et testibus infrascriptis, personaliter constitutus fuit nobilis et potens dominus Egidius de Retz, miles, dominus de Bretignolle, marchallus Francie, qui, ex certa scientia et de pleno intellectu, vidit, recognovit et approbavit quasdam litteras patentes regias... »

 

Cet acte est crucial car il localise Gilles précisément à Fontenay-le-Comte ce jour-là.

 

 

Février-mars 1440, Gilles de Rais envoi de contingents vers Niort.

Ses capitaines (notamment Jean de la Haye) rejoignent Alençon et Bourbon à Niort. Ils participent à la fortification de la ville.

 

 

Fin février 1440 : Le dauphin quitte le Poitou pour rejoindre Toulouse (chez Jean IV d’Armagnac). 

 

Avril-mai 1440 : Les princes (Alençon, Bourbon) s’installent à Niort.

 

 Gilles de Rais y envoie des renforts. 

Gilles n’est pas à Niort en personne (trop endetté pour se déplacer), mais ses étendards (croix de sable sur champ d’argent) sont visibles dans le camp rebelle.

 

 

 

 

Juin-juillet 1440 : Face au siège royal, ses hommes désertent (non payés).

Gilles ne fournit aucun renfort après juin.

Il se retire à Tiffauges.

 

 

 

8 Juillet 1440 : Après la chute de Niort, Gilles de Rais est abandonné par le dauphin.

 

Gilles n’est pas mentionné dans la paix de Cusset (24 juillet).

 

 

 

Citation clé (Procès de Gilles, 1440) :

« Il avoit levé gens d’armes pour le service de monseigneur le Dauphin, et les avoit envoyés à Niort, mais il n’en avoit point de solde du roy ne du Dauphin. »

— Déposition de Jean de la Haye, capitaine de Gilles

 

 

 

 

Conséquences pour Gilles

Juillet 1440 : Plus aucun allié. 

15 septembre 1440 : Arrestation à Machecoul par Jean V de Bretagne et l’Inquisition (sorcellerie, meurtres). 

 

Ironie historique : La Praguerie précipite sa chute – sans elle, il aurait peut-être survécu plus longtemps.

6 mois plus tard, Gilles est arrêté pour sorcellerie.

26 octobre 1440 : Il est exécuté à Nantes (pendu et brûlé).

 

 

Depuis 1432, Catherine  de Thouars vit séparée de Gilles.

Elle réside au château de Pouzauges (Vendée), loin de Tiffauges (25 km). Gilles l’a chassée après la naissance de leur fille Marie (1433).

 

Procès de Gilles, 13 octobre 1440)  Interrogée sur le sire de Rais, dame Catherine respond :

« Je ne l’ay point veu depuis sept ans, et ne scay rien de ses faiz, sinon qu’il m’a chassée de ses chastels. »

 

 

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