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PHystorique- Les Portes du Temps
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1 novembre 2025

Pontorson 23 octobre de l'an de grâce 1370, Pacte signé et juré entre Bertrand Du Guesclin et Olivier de Clisson, six années après la bataille d'Auray.

Le 25 octobre 1370, fut scellé ce pacte indissoluble inspiré par une haine commune contre l'envahisseur étranger.

 

Ce jour fut un jour heureux pour la France.

 

 Sans doute ces deux grands guerriers avaient déjà par intuition la grande idée de la patrie française et, 60 ans avant Jeanne d'Arc, ils allaient tenter de rendre à la France sa liberté et son honneur en l'arrachant aux étreintes du Léopard anglais.

 

Dans ce chaos de guerres interminables, au milieu de tant de ruines, de massacres, de trahisons et de lâchetés, qui déshonorent cette époque, on aime à se reposer un instant sur le spectacle de la grande et pure amitié, que se jurèrent ces deux frères d'armes.

 

Leur alliance féconde en beaux exploits, en vrai et sage politique, en succès inespérés, est un fait trop important dans nos annales pour que nous ne donnions pas, au moins en partie, le texte même du document, qui nous a été religieusement conservé.

 

A Pontorson, ils firent une mutuelle alliance restée célèbre.

 

Ce fut dans le château de Pontorson, en face des murailles du mont Saint-Michel, et devant cette mer, dont les flots battaient les rivages opposés d'Angleterre et de France, que du Guesclin et Clisson se jurèrent amitié et alliance éternelle.

 

 

Le huitième jour après son départ de Clisson, Olivier parvint à Pontorson où Bertrand  Du Guesclin l'attendait, plein de joie, et lui fit grande chère et lui donna, de par l'ordre du roi Charles, de très belles armes fabriquées en Italie, et deux palefrois pris aux propres écuries du roi.

 

Les deux guerriers se connaissaient déjà, ayant eu plusieurs fois occasion de se rencontrer sur les champs de bataille, comme aussi pendant la double captivité du vaincu d'Auray et de Navarette.

 

Ils se complétaient l'un l'autre.

 

Du Guesclin avait l'entrain, l'impétuosité, la bravoure chevaleresque, un ascendant irrésistible sur les troupes, dont il se faisait admirer et aimer ; Clisson joignait déjà à une expérience et à une science consommée des choses de la guerre une intelligence vraiment supérieure, capable de tout comprendre et de lotit diriger vers le succès.

 

Tant que l'influence de ces deux grands hommes, qui ne firent plus qu'un, fut prédominante dans les suprêmes conseils, la France n'eut plus à craindre de nouvelles fautes ni de nouveaux désastres.

 

 

 

Le lendemain, le connétable donna un grand festin en l'honneur du sire de Clisson, et il y fit venir sa femme, la belle et pieuse Tiphaine Raguenel, dame de la Bellière, qu'on appelait la Fée parce que, disait-on, le Seigneur Dieu lui avait accordé le don de vision et de prédire les choses à venir.

 

Et Bertrand avait vérifié lui-même combien cette opinion du peuple était fondée, puisque lui-même avait connu la noble Tiphaine à Dinan, où elle, avait annoncé qu'il serait vainqueur en son duel judiciaire contre Thomas de Cantorbéry.

 

A la fin du repas, on apporta un hanap d'or, plein d'un beau vin d'Anjou pétillant et mousseux.

 

Les deux seigneurs se frappèrent le poignet de la pointe de leurs dagues et laissèrent tomber en ce vin une goutte de leur sang.

 

Ils étendirent leurs mains simultanément sur l'Évangile, pendant, que le secrétaire du connétable donnait lecture à toute l'assistance de la formule de serment qui liait les deux hommes de guerre en leur fraternité d'armes.

 

« A tous ceulx qui ces lettres verront, Bertrand Du Guesclin, duc de Maulines, connestable de France, et Olivier de Cliçon, salut :

sçavoir faisons que, pour nourrir bonne paix et amour perpétuellement entre nous et nos hoirs, nous avons promises, jurées et accordées entre nous les choses qui s'ensuivent.

 

 C'est à sçavoir que nous, Bertran Du Guesclin, voulons estre alié et nous alions à tousjours à vous, messire Olivier, seigneur de Cliçon, contre tous ceulx qui peuvent vivre et mourir, excepté le roi de France, ses frères, le vicomte de Rohan, et nos aultres seigneurs de qui nous tenons terre, et vous promettons aidier et conforter de tout nostre pouvoir, toutes fois que metiez en aurez et vous nous en requerrez.

 

Item, que, en cas que nul aultre seigneur, de quelque estat ou condition  qu'il soit, à qui vous seriez tenu de foi et hommage, excepté le l'or de France, vous vouldroit déshériter par puissance, et vous faire guerre en corps, en honneurs ou en biens, nous vous promettons aidier, deffendre et secourir de tous nostre- pooir, si vous nous en requerez.

 

Item, voulons et consentons que de tous et quelconques proufictz et droictz qui nous pourront venir et êcheoir dore en avant, tant de prisonniers pris de guerre par nous ou nos gens, dont le proufict nous pourroit appartenir, comme de païs rançonnés, vous aiez la moitié entierrement.

 

Item, au cas que nous saurions aulcune chose qui vous peust porter aulcun dommaige ou blasme, nous le vous ferons sçavoir et vous enaccointerons le plus tost que nous pourrons.

 

Item, garderons votre corps en notre pooir, comme nostre frere toutes lesquelles choses dessus dites, et chacune d'icelles nous Bertran et Ollivier dessus nommez, avons promises, accordées et jurées promettons accordons et jurons sur les seintz Evangiles de Dieu, corporellement touchiez par nous et chacun de nous, et par les foys et sermens de nos corps bailliez l'un à l'autre, tenir, garder, entériner et accomplir, sans faire ne venir encontre par nous ne les nostres ou de l'un de nous, et les tenir fermes et agreables à toujours.

 

 Et nous, Ollivier, seigneur de CIiçon, voulons estre alié et nous alions à tousjours à vous, messire Bertrand Du Guesclin, desubz nommé, contre tous ceulx qui peuvent vivre et mourir, excepté le roi de France, ses frères, le vicomte de Rohan et nos aultres seigneurs de qui nous tenons terre, et vous promettons aidier et conforter de tout nostre pooir toutes fois que metiez en aurez et vous nous en requerrez..

 

Item, que, au cas que nul aultre seigneur, de quelque estât ou condition qu'il soit, à qui vous seriez tenu de foy en hommage, excepté le roy de France, vous vouldroit desheriter par puissance et vous faire guerre en corps, en honneurs où en biens, nous vous promettons aidier, deffendre et secourir de toui nostre pooir, et si vous nous en requerez.

 

 Et le reste comme cy-dessus. »

 

Après que Clisson eut fait des promesses semblables à celles de du Guesclin, le traité finit ainsi :

 

 « Nous Bertran et Olivier... promettons, accordons et jurons sur les seintz évangiles de Dieu, corporellement touchiés par nous et par chacun de nous, et par les loys et sermens de nos corps bailliez l'un à l'autre (1), tenir garder... et accomplir... etc..

 

En tesmoin desquelles choses nous avons fait mettre nos sceaux à ces presentes lettres, lesquelles nous avons fait doubler.

Donné à Pontorson, le vingt-troisième jour d'octobre, l'an de grâce MCCCLXX. (2) »

 

Par monsieur le duc de Mouline, Voisins.

 

 

Puis ils burent chacun une moitié du hanap et s'embrassèrent par trois fois aux applaudissements de l'assistance.

 

Tel fut le pacte signé et juré entre Bertrand Du Guesclin et Olivier de Clisson, le 23 octobre de l'an de grâce 1370, six années après la bataille d'Auray.

 

 Il devait être fidèlement observé de part et d'autre.

 

 Clisson avait alors plus de trente-trois ans et Du Guesclin en comptait cinquante-six.

 

 

Le château de Pontorson fut donné en 1370 à ce même Olivier de Clisson à titre d’engagement pour ce que le roi lui devait :

« Donatio Castri et Castellaniae Pontis Ursonis facta domino de Clisson constabulario donec pagatus fuerit ».

 

Et cela eut lieu en 1380, usquequo pagatus ferit. Trésor des Chartes. dp. M. de Gerville.

 

 

 

 

Ayant uni leurs fortune et leurs destinées autant qu'il était en eux, du Guesclin et Clisson (3) se rendirent à Caen en Normandie, là ils convoquèrent tous ceux qui voulaient prendre ouvertement parti pour le roi de France et faire campagne contre les Anglais.

 

Charles V, sur l'avis de Clisson, n'avait donné à son connétable que 500 hommes d'armes et de quoi en payer 1500, pendant 4 mois.

 

 

A Caen arriva bientôt, avec les comtes du Perche et d'Alençon, toute la haute noblesse bretonne.

 

Là vinrent Alain et Jean de Beaumont, Olivier et Alain de Mauny, le vicomte de Rohan, le sire de Rochefort et environ 4000 guerriers.

 

(1). Cette expression fait affirmer à Siméon Luce que Bertrand du Guesclin et Olivier de Clisson se firent saigner ensemble et mêlèrent leur sang (Luce : Bert. Du Guesclin ch. III, p. 70 note 4).

(2). Dom Morice. Pr. 1., col. 1642, et dom Lobineau. Pr., col. 538.

 (3). De son côté le duc de Bretagne, sentant que son attachement aux Anglais lui rendait les Bretons hostiles, et prévoyant la défection de Clisson, avait songé à faire une alliance avec les seigneurs de son duché : mais il ne put s’assurer que du dévouement d’un petit nombre, dont aucun ne portait un grand nom. (Dom Morice. Pr., t.I, col 1641).

 

 

 

 

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