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PHystorique- Les Portes du Temps
16 mai 2023

1665 Le pillage du château des Bouchaux par Gabriel de CHASTEAUBRIANT, abbé de Trizay.

Ce n'est pas sans regret que l’on constate que M. Paul Marchegay n’a pas publié l’histoire de son château des Roches-Baritaud, demeure des Chasteaubriant du Poitou depuis au moins le milieu du XIIIe siècle (1) jusqu’à leur extinction en 1680.

 Nul, avec plus d’amour et d’intérêt que M. Marchegay, n’aurait pu nous décrire l’origine des Roches, — nous parler de ses monuments mégalithiques, qui ont servi de cibles aux soldats de la première République, de ses fossés qui ont vu les guerres des Anglais, de ses tours défigurées par maints incendies, — et nous indiquer la succession de ses seigneurs, au nombre desquels figurent outre les Chasteaubriant, des Senozan (1741) et des Beauharnais (2), sans oublier de nous conter les prouesses de chacun d’eux.

M. Marchegav s’en est allé, n’ayant rien fait peut-être pour l’histoire de son habitation.

D’autres entreprendront ce travail. En attendant, nous donnons une page inédite de cette histoire, peinture fidèle des mœurs barbares de cette époque troublée, où les puissants, à l’abri de leurs murs, bravaient les lois, alors même que les cendres de Richelieu, le grand redresseur de torts, étaient à peine refroidies.

C’est une pièce datée de 1665, montrant le pillage du château de Louis d’Oyron, sieur des Bouchaux (3), par un seigneur des Roches-Baritaud, Gabriel de Chasteaubriant, pièce si bien inconnue qu’on ne peut relever la trace de l’enquête à laquelle elle se rapporte dans les registres des Grands Jours de Poitiers et pas plus indiquer l’issue du procès.

La seigneurie des Bouchaux,. — commune de Saint-Germain de Prinçay (Vendée),

— perdue au milieu des bois n’a jamais été bien importante.

 Le seigneur de ce lieu, Louis d’Oyron, fut maintenu noble lors de la révision des titres, sous Louis XIV ; il portait d’argent à trois roses de gueules.

Lorsque la Révolution de 1789 éclata, les Bouchaux appartenaient à M. Charles-Auguste comte de Chabot, seigneur de Mouchamps, Vendrennes, Saint-Hilaire-le-Vouhis, Chassais-l’Eglise et autres lieux.

Depuis cette époque, cette propriété a été vendue quatre fois, d’abord à un habitant de la Rochelle, qui l’acheta en 1793 ou 1794 et la revendit quelques années plus tard à un sieur Mothais, marchand de biens.

 Ce Mothais fit démolir la maison de maître et emmena la pierre de taille à Sainte-Cécile pour se bâtir une maison appelée la Maison-Neuve.

Mothais céda les Bouchaux à J. M., de Chantonnay, qui revendit cette propriété en 1868 à M. L. A..., de la Rochelle.

Les Bouchaux n’ont pas été habités par leurs propriétaires depuis la Révolution.

Cette ancienne seigneurie n’est maintenant qu’une belle et bonne métairie de 87 hectares. Il ne reste de l’ancienne demeure seigneuriale que quelques vieux murs, des portions d’un étang et des traces de douves (4).

La violence faite à Louis d’Oyron était due, d’après la victime, à ce que, sur sa plainte, Pellot et Colbert, intendants du Poitou, auraient enlevé à Gabriel de Chasteaubriant la faculté de faire lui-même l’assiette des tailles, dont il déchargeait ses fermiers au détriment de son voisin d’Oyron. Cette petite cause ne nous paraît pas susceptible d’un si grand effet. Il faut admettre toutefois qu’elle fut le point de départ d’une vengeance sans laquelle on ne saurait expliquer le méfait de Chasteaubriant, possesseur du marquisat du Plessis et de la terre des Roches dont le revenu était considérable.

 Colbert attribuait en outre à ce personnage la seigneurie de Saint-Paul-en-Pareds, qui valait 600 livres, et beaucoup de belles terres en Bas-Poitou.

Nous croyons que Colbert fait erreur en ce qui concerne la métairie de Saint-Paul, qui appartenait à un autre Gabriel de Chasteaubriant, frère de celui-ci.

 

Gabriel, l’auteur de l’agression contre Louis d’Oyron, était le fils de Gabriel IX de Chasteaubriant, seigneur des Roches-Baritaud, comte de Grassay, lieutenant-général pour le roi en Bas-Poitou, qui devint l’époux de Charlotte de Sallo, dont il eut sept enfants :

1° Philippe, comte des Roches-Baritaud et de Grassay, maître de camp de cavalerie, puis maréchal des camps et armées du roi, tué à la bataille de Lérida le 7 octobre 1642. Philippe était né en 1608.

Une inscription placée dans l’église de Saint-Germain-de-Prinçay (Vendée), nous donne en quelques mots sa biographie.

Nous ne résistons pas au plaisir de la reproduire ici bien qu’elle ait été publiée ailleurs :

 « Arreste passant, et revère ici ce que l’Espagne a redouté, c’est le cœur de messire Philippe de Chasteaubriant, comte des Roches-Baritaud, mestre de camp d’un régiment de cavalerie française et maréchal des camps et armées de Sa Majesté.

« La grandeur de sa naissance répondit partout à celle de sa vie. La nature lui donna des verteus et le temps des occasions de les faire paraître.

« Il apprit de son père les principes de la guerre tant par les exemples que par les leçons.

 « Pour donner à Dieu les prémices de sa valeur, il défit à 14 ans les ennemis de la foy : en Poitou les sujets rebelles, en Ré les voisins orgueilleux, où il releva son père, et son cheval ayant été tué lui donna le sien.

« Il le suivit tant dans cette isle et au siège de la Rochelle, comme Pyrrhus Achille à celui de Troye. Il fut aussi prompt à secourir nos alliés qu’à dompter nos ennemis et fit deux campagnes eu Piémont et au secours de Cazal.

« Il eut part en toutes les occasions d’Allemagne et de Flandres. Il combattit à Corbies, Jean de Wertbet-Picolomini et fut leur prisonnier après avoir forcé vingt escadrons. Non vaincu, mais las de vaincre, sa gloire fut le seul prix de sa rançon.

« Il s’est trouvé en trente combats ou sièges de places et en deux batailles. Ce nombre égale à peu près celui de ses années et celles d’Alexandre. Il fut plus glorieux en sa mort qui prévient son triomphe. A la bataille de Lérida, il fit son monument de ses trophées et mourut victorieux en 1’âge de trente et quatre ans, le septième du mois d’octobre 1642.

 « Passant, avoue que ce cœur que l’Espagne a redouté, mérite d’être révéré sous cette lame élévée à la mémoire et à la douleur d’un père inconsolable qui lui a rendu les honneurs qu’il devait recevoir de lui. — Finis coronat opus (5).

» M. le curé de Saint-Germain-de-Prinçay, qui tient en dépôt à la fabrique de cette localité une partie des anciens registres de l’état civil, nous y a fait lire au sujet du transfèrement du cœur de Philippe de Chasteaubriant, un procès-verbal inédit, croyons-nous, qui avait échappé à M. Beauchet-Filleau.

Nous le reproduirons en raison des détails nouveaux qu’il nous apprend :

« Le seizième du mois d’octobre, fut tué à l’ennemi, en pays de Catalogne, haut et puissant seigneur Monsieur le comte des Roches, Philippe de Chasteaubriant.

Son corps fut enterré en la chapelle de Notre-Dame de Monserrat et son cœur fut apporté aux Roches le dixième du mois de novembre de l’année 1642. »

 

2° Gabriel (6), marquis du Plessis et des Roches-Baritaud dès 1656 (7) abbé de Trizay (8), qui épousa Charlotte de Pompadour, veuve de François Bruneau, sgr de la Rabatelière.

 3° Gabriel, marquis des Roches-Baritaud, sgr de Saint-Paul, mestre de camp de cavalerie, gouverneur pour le roi en Bas-Poitou (9).

 Gabriel, connu sous le nom de Gabriel X, essaya, mais en vain à l’époque de la Fronde, de maintenir le pays sous l’obéissance du roi contre Henri, comte de la Trimouille, duc de Thouars.

Chasteaubriant prit Fontenay dont il avait été nommé gouverneur, fut forcé de se retirer à Sainte-Hermine qu’il abandonna bientôt, fut défait à la Chaize-le-Vicomte par le comte de Laval, fils puîné de la Trimouille, et enfin fut fait prisonnier aux Sables.

Il eut sa liberté après la paix conclue. — Gabriel épousa Suzanne de Rémond, fille de Louis, sgr de Champs en Agenois et de Claude Galber-Garnier dont il eut Suzanne et Raymond, comte des Roches, décédé à l’âge de 18 ans, en 1671.

Les autres enfants de Gabriel IX de Chasteaubriant et de Charlotte de Sallo furent :

4° Aimée, femme de René d’Aubigné, sgr de la Jousselinière, baron de Sainte-Gemme ;

5° Isabelle, religieuse au Calvaire de Paris ;

6° Céleste, inscrite en 1667 dans la Liste des nobles du Poitou (10) ;

7° Charlotte.

 

 Gabriel IX de Chasteaubriant était un vaillant soldat.

En l’an 1662 au mois de février, Soubise ayant attaqué les Sables d’Olonne, les habitants hors d’état de se défendre demandèrent composition en abandonnant pour se racheter du pillage 20,000 écus, 80 pièces de canon et trois vaisseaux.

Mais Soubise oublieux du traité permit à ses soldats le pillage pendant deux heures.

« Le comte de la Rochefoucauld rassembla la noblesse du pays pour venger ces brigandages et lui donna rendez-vous au château des Roches-Baritaud.

Léchasserie avertit les gentilshommes, ses amis et ses voisins qui se rendirent à son château le 24 février au nombre de 30 cavaliers, et le même jour ils allèrent aux Roches-Baritaux où le seigneur du lieu avait aussi assemblé un bon nombre de cavaliers.

Le comte de la Rochefoucauld leur envoya dire de se jeter dans Talmond, que Soubise menaçait d’assiéger.

Ils partirent des Roches le 1er février au nombre de quatre-vingts chevaux, maitres et valets et trente mousquetaires.

Un parti de rebelles qui était à Mareuil, instruit de leur marche se présente sur le chemin pour les attaquer. Ils étaient en plus grand nombre que les Catholiques ; plusieurs étaient d’avis de se retirer.

Mais les Roches-Baritaud répondit qu’il n’avait jamais fui et que combattant pour son Dieu et pour son roi on ne devait rien craindre. Ayant ainsi encouragé sa troupe, il la disposa à recevoir avec avantage l’attaque des ennemis. Il rangea ses mousquetaires dans un lieu convenable, se mit à la tête de sa cavalerie le pistolet à la main. Il ne voulut pas prendre sa salade ou armure de tête afin de pouvoir plus facilement se faire entendre et commander.

 Les troupes de Soubise s’étant approchées d’environ 150 pas furent étonnées de voir que celles des Catholiques avaient si bonne contenance et les attendaient de pied ferme. Les rebelles s’arrêtèrent un instant. Ils paraissaient n’oser aller plus loin.

Les Roches voyant leur inaction avança lui-même de cinquante pas en les appelant au combat. »

 « Cressonnière, lieutenant de Soubise, s’avança alors avec sa troupe. Les catholiques le reçurent avec courage.

 Le combat dura près d’une heure et demie jusqu’après le soleil couché, sans qu’il y eut un avantage décidé pour l’un ou l’autre parti.

 Les Roches ayant eu un cheval tué sous lui combattit pendant une heure à pied ; son chapeau, ses habits étaient percés des coups qu’on lui avait portés, il ne reçut cependant qu’une blessure légère à la tête ; le comte de Grasset, son fils, fut blessé à la main (11).

Montorgueil, lieutenant des Roches-Baritaud, se distingua aussi clans ce combat et se tint longtemps sur le champ de bataille avec douze des siens, en criant : « Vive « le roi ».

Tandis que les troupes calvinistes se retiraient, Léchasserie ayant eu son cheval tué fut blessé d’un coup de carabine au défaut de sa cuirasse, et mourut la nuit suivante.

Logerie qui n’avait point de cuirasse fut tué l’un des premiers ; les Catholiques perdirent quinze à seize hommes. Le chevalier d’Asson fut du nombre des blessés.

 « Il y eut 60 ou 80 morts du côté des rebelles, Cressonnière lieutenant de Soubise fut regretté des siens ; son fils le baron du Petit- Château fut blessé à mort, le baron de la Grève fut aussi blessé.

On compta parmi les morts, La Chatmeraye, de Montaigu, le fils du seigneur de la Maison-Neuve, Monlournois, Marmende et son fils, les Beaupré du Chasselendière ; on en trouvait tous les jours quelques- uns de morts dans les pâtis, fossés et buissons où ils s’étaient réfugiés après avoir été blessés.

Le roi instruit de ce combat témoigna à Les Roches-Baritaux la satisfaction qu’il avait des services qu’il lui avait rendus; pour le dédommager des pertes et de la dépense qu’il avait faites il lui donna les biens du baron de la Grève qui avait été tué dans cette action (12). »

 

 Passons maintenant des exploits de guerre de Gabriel IX de Chateaubriant, à ceux de son fils.

 Les exploits de l’abbé de Trizay « qui vivait fort mal (13) » sans être aussi brillants (14) que ceux de son père et de ses frères n’en sont pas moins lucratifs. Qu’on en juge !

 

FL. Puichaud.                                                C. Puichaud.

 

Louis d’Oyron, chevalier, seigneur des Bouchaux, a exposé qu’estant proche voisin du sieur des Roches-Baritaud , abbé de Trizay, et en la mesme paroisse, celui-ci auroit entrepris de perdre le dit exposant en haine de ce que sur sa plainte Pelot et Colbert intendants du Poitou auroient esté obligez de faire eux mesmes les rosies des tailles en la paroisse de ladite terre des Roches en laquelle ledit exposant y a sa maison et beaucoup de fermes, parce que ledit sieur des Roches faisoit lui-mesme l’assiette des dites tailles, déchargeoit tous ses fermiers et remettoit toute la taille sur ceux dudit exposant, à quoi les dits sieurs intendants aiant remédié ledit sieur des Roches auroit à cause de ce entrepris sa perte, et pour ce auroit rassemblé de tous les endroits du Bas-Poitou, quatre vingts à cent hommes la plupart prévenus de crimes et condamnés à mort; lesquels , le 14 septembre dernier, auroient assiégé le dit exposant dans sa maison, rompu les portes avec des haches et autres instruments, découvert le logis, forcé sa maison par divers endroits et auroient pris le dit exposant avec tous ses serviteurs et domestiques, les auroient menés prisonniers dans le dit chasteau des Roches, auroient pillé et volé toute la dite maison, pris tous ses titres papiers, cédules, obligations, aveux et dénombrements, volé son argent, ses bagues, joiaux et vaisselle d’argent, fait emporter tous ses meubles, lits, tapisseries, armes et autres avec ses blés, avoines et autres grains, que le dit sieur des Roches auroit fait transporter par sept ou huit charriots ou charrettes de ses métaiers qui auroient vaqué pendant trois jours et trois nuits et qui auroient fait conduire tous ses chevaux, bœufs, vaches, brebis et autres, qu’il auroit aussi fait enlever et emporter dans son chasteau des Roches- Baritaud, l’abbaye de Trizay et dans une maison qu’il a dans les marais proche la Rochelle, pendant lequel tems ce grand nombre de gens auroit vécu à discrétion dans la maison du dit exposant, tué et mangé tous les pigeons de son colombier et toutes les volailles qui estoient dans sa basse-cour, bu la plupart de tous ses vins; ils auroient défoncé les tonneaux et jeté au milieu des caves ce qu’ils n’avoient pu boire, et ce qu’ils n’avoient pu emporter des dits grains ils l’avroient fait manger à leurs chevaux, et jeté le reste dans les rues, rompu et brisé toutes les portes et fenestres et cabinets, mesme tous les arbres nains et autres qui estoient dans le jardin de la maison du dit exposant.

Le dit exposant aiant donné sa requeste à la cour, le du mois de septembre, tendant à estre élargi hors du dit chasteau des Roches et ses serviteurs et domestiques, avec permission d’informer contre le dit sr des Roches et tous ceux qui l’ont assisté à faire le vol et enlévement ci-dessus alléguez, de laquelle requeste le dit sr des Roches aiant eu avis et des conclusions rendues sur icelles par M. le procureur général, portant l’élargissement requis par ledit exposant, ses serviteurs et domestiques, il aurait le 4 octobre dernier pris le dit exposant dans son chasteau des Roches, dont il n’estoit point sorti depuis ledit jour 14 septambre dernier, ni n’avoit pu voir ni parler à aucun de ses parents et amis jusqu’audit jour 10 octobre dernier et le fit mener et conduire avec vingt hommes armez au bourg de Puybéliard à demi-lieue dudit chasteau devant Varenne et Brenet notaires, audit lieu de Puybéliard, auquel lieu il lui auroit fait consentir les actes ci-après énoncez.

Les quels actes le dit sieur des Roches avoit fait dresser et rédiger par écrit par le nommé Marchegay, son séneschal.

Le 1 er est une obligation de 1400 livres conçu au profit du sieur des Roches, au paiement de laquelle il a fait obliger Léon d’Oyron, escuier, sieur de Saint-Vincent, oncle du dit exposant, quoi qu’il ne lui ait jamais rien dû.

 Le 2e est un acte en forme de transaction passé entre ledit exposant d’une part et Pierre Perrin, se disant avoir charge de Jacques Olliveau comme cessionné de Pierre Raffeneau, portant que l'exposant s’oblige envers le dit Olliveau, domestique dudit des Roches, de lui paier la somme de 1900 liures d’une part, et 1100 livres d’autre part, à la condition que ledit exposant ne pourra intenter ni poursuivre aucune action civile ou criminelle contre ceux qui ont entré dans sa maison et pillé ce qui estoit dedans le dit jour 14 septembre dernier.

Le 3e est une transaction passée entre ledit exposant, tant en son nom qu’au nom d’Estienne Brenon et Jean Aumont cessionnaires de Louis Loizeau qui estoit cesssionnaire de Jaques de Louche et encore faisant pour Pierre Gaudouin d’une part et Louis Cossard et Hilaire Cossard frères, massons, tant pour eux que pour Cossard, leur sœur, portant que le dit exposant acquitte et promet faire tenir quitte les dits Louis et Hilaire Cossard d’un jugement pris par lui, obtenu contre eux pour un reste de rachat tant en principal et tous accessoires, dépens, dommages-intérests en vertu d’une sentence consulaire de Poitiers et fait main-levée de la saisie et de faire en conséquence que les dits Cossard soient déchargés de tous retards et restitutions de fruits qui pourroient estre prétendus par les dits cessionnaires, et sur laquelle exécution de ces saisies-oppositions d’icelles les parties sont quittes respectivement et hors de cause de procès et sans dépens avec pouvoir aux dits Cossard de retenir la somme par eux consignée comme à eux appartenant et sur l’insistance et demande de dommages- intérests faite par eux audit des Bouchaux les parties en demeurent aussi quittes et déchargées, etc... à la charge que ledit exposant est obligé de randre aux dits Cossard certains meubles et vestements qui auroient esté pris et exécutez sur eux à sa requeste mis et déposez chez ledit Gaudoin, à peine de tous dépens, dommages et intérests, généralement traiter et transiger de tous procès et différents civils mus et à mouvoir, en tout quoi les dits Cossard font cession de plusieurs sommes.

Le 4e est une cession faite par ledit exposant au dit sieur des Roches, sous le nom de Louis Cossard, son tenancier et masson de plusieurs obligations et cédules dues audit exposant par les susnommés. La première de la somme de 616 livres sur M. Gabriel des Noulies (15), escuier de Beaumont-Pailly et Jacob des Nouhes (16), son frère , solidairement obligez, plus une cédule de la somme de 120 livres aussi à lui due par Jacob des Nouhes, et les intérests de ces sommes depuis le 8 mars 1651 échus jusqu’au dit jour 10 octobre 1663 suivant la condamnation des dits interest et de reconnoissance etc... plus une obligation de 633 livres aussi due au dit exposant par François Prévost (17), escuier, sieur de la Bouttetière et sa femme en date du 27 avril 1646 ;

 

Plus une cédule de la somme de 58 livres due au dit exposant par Daniel Augeard, escuier, sieur des Groselliers, près Bazoges, en date du 4 avril 1643 ;

Plus une autre cédule de 161 livres due par le dit sieur des Groselliers ;

Toutes les dites sommes avec quatorze années d’intérest pour demeurer quittes, quoiqu’il ne leur eut jamais rien dû et que au contraire les dits Cossard lui sont débiteurs de plusieurs sommes, etc. Toutes lesquelles obligations et cédules furent prises dans les coffres et cabinets de l’exposant avec nombre d’autres, qui ont été rompus et brisez par les gens qui entrèrent dans sa maison le jour du 14 septembre dernier, dont les dits Cossard estoient du nombre et desquelles ruptures et vols de meubles titres et papiers le dit exposant en a fait mention et s'en est plaint à la cour par la requeste ci-dessus énoncée.

 Le 5e est une manière de transfert passé entre François Peau et Jaques Gervais, domestiques du dit sr des Roches, et le dit exposant, pour une cavale qu’ils avoient volée au dit exposant et menée dans le dit chasteau des Roches, dont le dit exposant les auroit poursuivis au présidial de Poitiers pendant le dit tems où il auroit dépensé beaucoup d’argent, et par la transaction ils se sont obligez seulement de randre la cavale après l’avoir gardée pendant le dit tems et s’en estre servi.

Le 6e est une transaction passée entre les frères Guinaudeau et l’exposant par laquelle il appert qu’ils sont hors de tous procès et sans dépens, à la condition de randre audit Guinaudeau certain droguet exécuté et saisi sur eux à la requeste de Grenon.

Le 7e est un transport fait par Perrine Bertrand veuve de Germain Roussiot à François Peau ci-dessus dénommé de certaine instance criminelle par elle intentée pour crime de viol, incendie et vol contre Charles et Isaac Grimaud, Mathurin Gilbertet Jean Chaisneaux frères et autres agents et domestiques du dit sieur des Roches devant le lieutenant criminel de Poitiers dont il y a sentence rendue contre les dits accusez; lequel transport fait et consenti par la dite Bertrand pour tirer Roussiot son fils et serviteur domestique du dit exposant de la prison où il estoit avec le dit exposant, au préjudice d’un autre transport qu’elle auroit par avance consenti pour le mesme fait.

Le 8e est une promesse écrite et signée de la main du dit exposant de 300 livres au profit du nommé Rorthais (18), sieur de Montbail, intendant et agent du dit sieur Gabriel de Chasteaubriant, seigneur des Roches-Baritaux, par laquelle le dit exposant s’oblige de lui vendre et donner son bétail en paiement de 1300 livres aux conditions que le dit de Montbail lui laissera les dits bestiaux entre les mains à titre de cheptel, quoi qu’il n’ait jamais rien dû au dit Montbail pour quelque cause que ce puisse estre.

Le 9e est un consentement prêté par le dit de Montbail comme aiant charge de son frère, que le dit exposant retire certains meubles sur lui exécutez moiennant qu’il lui ait fait un transport sur un sien fermier de la somme de 500 livres.

Tous les actes ci-dessus ont esté signez au Puybéliard et sous promesse en la maison de la veuue Berra-Dugué par les parties y dénommées, qui savent signer.

 Brenetet Varenne notaires au dit lieu, le 10 octobre 1665.

Lesquels actes le dit exposant auroit esté contraint de signer pour avoir sa liberté et sauver sa vie, qu’il voyait en danger de mort, et pour retirer une partie de ses meubles, de sorte que de tels actes ainsi faits ne peuvent subsister.

 A ces causes nous mandons, etc...

 

 

 

Revue poitevine et saintongeaise : histoire, archéologie, beaux-arts et littérature, rédacteur en chef Jos. Berthelé

 

 

 

==> Henri de La Trémoille, duc de Thouars - Marie de la Tour-d’Auvergne

 

 

 

 


 

(1)   Le père Anselme et Moréri ont écrit que la branche poitevine des Chasteaubriant ne remonte qu’à 1345, mais on en trouve dans le Poitou dès 1245. Voir Beauchet-Filleau, Dictionnaire des familles de l'ancien Poitou.

 Ch. Colbert de Croissy dans son Rapport au roy, 1665, déciare que cette famille des Chasteaubriant est fort bien alliée, mais qu’on ne croit pas qu’elle soit de l’ancienne maison des Chasteaubriant de Bretagne. C’est à tort, croyons-nous, car les Chasteaubriant de Vendée portent l’écu de gueules semé de fleurs de lys d'or, comme ceux de Bretagne, ce qui semble indiquer une origine commune.

(2)   « Une masse énorme de dettes, comme en faisaient les grands seigneurs, donna lieu à la vente par décret des terres des Roches-Baritaud et elles furent adjugées à un membre de la famille Beauharnais, qui sortait de la magistrature d’Orléans et qui se distingua dans la marine.

La fille aînée du dernier individu de ce nom possesseur des Roches-Baritaud fut mariée par l’empereur Napoléon, son allié, au grand duc de Bade et devint ainsi belle-sœur de l’empereur de Russie.

Cela n’empêcha pas le père de la princesse Stéphanie, successivement chevalier d’honneur de l’impératrice, sénateur et pair de France, de mourir presque dans l’indigence, car on vendit ses meubles, son hôtel de Paris, cadeau que lui fit Napoléon en mariant sa fille, et son château des Roches-Baritaud, dont plus tard on voulut faire un dépôt de mendicité pour le département de la Vendée.

 Il y a quelques années on y établit une fabrique de sucre de betterave qui ne put se soutenir par suite de mauvaise gestion. » La Fronde en Poitou, par La Fontenelle de Vaudoré.

La terre des Roches-Baritaud avait été érigée en comté par lettres patentes de Louis XV, au mois de juin 1759, en récompense des services rendus à l’Etat par Claude de Beauharnais, seigneur des Roches-Baritaud, capitaine de vaisseau, et par sa famille.—Thibaudeau, Abrégé de l'histoire du Poitou, tome m, p. 63, (éd. Sainte-Hermine.)

(3) En 1637 un Léon d’Oyron était parrain à Saint-Germain de Prinçay, marraine Céleste de Chasteaubriant. (V. Registres de celte commune.) On trouve plus Lard un Léon d Oyron, sieur du Coudraux, un Léon d’Oyron, sieur de Saint-Vincent, un Jacques d’Oyron, sieur de la Touche, dans le Catalogue des nobles maintenus, par Colbert, Barentin et Rouillé de Coudray.

(4) Notes transmises par M. Ch. Blaud, instituteur à Saint-Germain-de-Prinçay.

(5) Beauchet-Filleau, Dictionnaire, tome I, p. 610.

(6) Un Gabriel rie Chasteaubriant fut baptisé à Saint-Germain-de-Prinçay le 21 octobre 1618. Parrain Jacques de Maillé-Brézé, marraine Charlotte…. dame de Roussay. C’est celui-ci ou le suivant.

(7) Registre de Saint-Germain-de-Prinçay, il était parrain à cette date,

(8) L’abbaye de Trizay est dans la paroisse de Saint-Vincent-de-Puymaufray (Vendée). Gabriel en fut abbé de 1652 à 1665. Colbert de Croissy nous indique qu’en 1664 l’abbaye était désolée et ruinée, et qu’il ne s’y trouvait plus qu’un ou deux religieux; le commendataire Gabriel de Chasteaubriant en retirait 6000 livres.

(9) Beauchet-Filleau, Dictionnaire, t. I er , p. 611.

(10) Voir Gouget.

(11) Philippe de Chasteaubriant, comte de Grassay, n’avait alors que quatorze ans, voir plus haut la note qui le concerne.

(12). Thibaudeau, Abrégé de l’histoire du Poitou, édit. Sainte-Hermine, tome III, p. 249. Duplessis-Mornay dans une lettre à son ami Marbault (6 mars 1622) dit que Des Roches-Baritaud avait été taillé en pièces. Alors on se serait plus étendu sur les pertes des protestants que sur celles des catholiques.

Duplessis-Mornay, à la Forêt-sur-Sèvre, par La Fontenelle de Vaudoré, apud Annuaire des Deux- Sèvres, année 1842.

(13). On lit dans une note de l’Elat du Poitou sous Louis XIV, par M. Dugast- Matifeux ; « Un membre de cette famille, peut- être ce méchant abbé eut au rapport de La Fontenelle de Vaudoré une célébrité désastreuse pour le pays et fut appelé le loup gris. Nos faiseurs d’articles romantiques ajoute-t-il, auraient un beau thème pour eu faire le sujet de leurs créations fantastiques. »

(14). Si l’on en croit une Lettre des peuples de la province de Poitou envoyée à nosseigneurs du Parlement sur le sujet des partisans et des mallôliers, 1649, reproduite par M, Dugast Matifeux dans son Etat du Poitou sous Louis XIV, p. 200, l’abbé de Trizay tenait de son père, qu’on accusait d’être pensionnaire de voleurs.

 Cette lettre débute ainsi.

« Nosseigneurs. Le zèle que vous avez pour le bien public nous donne la liberté de nous adresser à vous pour vous représenter une partie des malheurs et particulièrement l'oppression en laquelle vivent les peuples du Bas-Poitou sous la tyrannie de quelques brigands maltôtiers qui les traitent plus cruellement .que ne feraient des cannibales, sous l’autorité de ceux qui ont en main les forces et les armes du Roy et nommément du lieutenant de la province qui dans la créance générale de tous les gens de bien est tenu pour pensionnaire de ces voleurs »,

 Une note de M. Dugast-Matifeux spécifie que le pensionnaire de ces voleurs était Gabriel de Chasteaubriant, lieutenant-général en Bas-Poitou.

(15) Marié à Marie de la Vauldraye, le 2 mars 1642. Gabriel, et le suivant Jacob des Nouhes, son frère, étaient fils d’Isaac des Nouhes, marié le 16 janvier 1615 avec Rachel de Grumes. V. Beauchet-Filleau « Dictionnaire Les des Noues portent de gueules à la fleur de lis d'or.

(16) Sieur de la Jacquelinière. Jacob fut chevalier de Malte, les preuves furent faites le 6 avril 1628.

(17) Nous croyons que ce François Prévost était ce pasteur protestant dont la famille possédait la maison seigneuriale de Lavau près Saint-Benoist. Il était aussi sieur du Pouliet.

Les armes de la famille Prévost de la Bouttetière sont : d’argent à trois liures de sanglier de sable allumées et mirées de gueules.

(18) Louis Rorthais, maintenu noble par sentence du 9 août, portait: d'argent à trots fleurs de gueules à la bordure de sable besantêe d’or.

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