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PHystorique- Les Portes du Temps
28 juillet 2022

1242 Don de Saint Louis (pour services rendus) à Geoffroy IV de Châteaubriant de la forteresse de Pouzauges

1242 Don de Saint Louis (pour services rendus) à Geoffroy IV de Châteaubriant de la forteresse de Pouzauges

 Au moment de commencer contre le comte de la Marche et le roi d'Angleterre la glorieuse campagne qui fut signalée par les victoires de Saintes et de Taillebourg, saint Louis a obligé le plus puissant seigneur du Poitou, Aimery, vicomte de Thouars, à lui livrer ses châteaux et places fortes, castra et villæ firmate, pour tout le temps que durera la guerre (1).

Cette mesure de sûreté, exercée par le roi de France en qualité de suzerain, était réclamée d'ailleurs par une juste défiance.

Personnellement comme par tradition de famille, le vicomte de Thouars était dévoué au monarque anglais.

 

Pouzauges fut un des châteaux que saint Louis se fit remettre, en vertu du traité passé à Chinon, le 28 avril 1242.

Il y plaça une garnison et en donna le commandement, ainsi que la garde de la forteresse, au sire de Chateaubriant.

Par la charte latine dont nous publions le texte, celui-ci reconnait que son très-excellent et très-cher seigneur Louis, illustre roi de France, l'a constitué gardien da château de Pouzauges pour tout le temps qu'il plaira au roi de France de le lui laisser. Il s'engage à remplir fidèlement cette mission, et il s'oblige, dès la première réquisition, à rendre le château soit au roi lui-même, soit au porteur des lettres-patentes par lesquelles cette délivrance pourra être réclamée.

Elle le fut probablement après la trêve du 12 mars 1243.

Geoffroy IV de Chateaubriant (2) avait succédé à son oncle Geoffroy III, lequel était passé au service de saint Louis, avec plusieurs grands barons de Bretagne, en haine du perfide comte Pierre Mauclerc.

Plus tard, Geoffroy IV suivit encore le roi de France lors de sa funeste croisade dirigée contre l'Égypte.

Dans un combat contre les Infidèles, il tomba grièvement blessé.

Ses compagnons d'armes crurent qu'il avait péri; la nouvelle de sa mort parvint même jusqu'en Bretagne.

Guéri de ses blessures, délivrées au prix d'une forte rançon, par les religieux de l'ordre de la Rédemption des Captifs (3), Geoffroy débarque en France et accourt à Châteaubriant.

 

On sait que sa femme, nommée Sibille, mourut de joie en l'embrassant.

Tous deux furent inhumés dans la chapelle du couvent de la Trinité, à Châteaubriant, que Geoffroy avait fondé.

 

La charte du seigneur breton, concernant la garde da château de Pouzauges, fut remise par lui au roi de France, au mois de mai 1242, lorsqu'il assiégeait Fontenay en bas-Poitou.

Cette ville appartenait à cette époque á Geoffroy de Lusignan (la Grand'Dent), aussi seigneur de Vouvent et de Mervent.

Saint Louis devint maitre de ces trois places à peu de jours d'intervalle, soit de vive force, soit par capitulation.

 

Le château de Pouzauges, dont la masse imposante paraît braver l'action du temps comme la main des hommes, a été décrit, avec autant d'intérêt que de science, dans l'Annuaire de la Société d'Émulation de la Vendée de 1854, pages 140 et suivantes. M. Léon Audé a même joint à son texte des dessins qui font connaître dans tous ses détails la forteresse féodale la plus importante, la plus ancienne et la mieux conservée du bocage Vendéen.

La prise de possession du château de Pouzauges par le roi de France, puis sa délivrance au sire de Chateaubriant, paraissent avoir été inconnues à tous les historiens.

Lenain de Tillemont n'en parle pas dans son histoire si complète et si détaillée du règne de saint Louis (4).

 M. Benjamin Fillon (5) a publié il est vrai les dernières lignes de notre charte, mentionnant le siège de Fontenay, mais nous ne croyons pas qu'il ait eu sous les yeux la pièce entière.

 

 

Au camp devant Fontenay mai 1242

Gaufridus dominus Castri-Brienncii recognoscit castrum de Pouzauges sibi a domino rege ad custodiendum traditum fuisse

Ego Gaufridus dominus Castri Brian notum facio universis ad quo littere presentes pervenerint quod excellentissimus et karissimus dominus meus Ludovicus, rex Francie illustris, castrum de Pouzauges, quamdiu sibi placuerit, michi tradidit custodiendum ; et ego dictum castrum ex parte ipsius dedeo custodire, et, quando ei placuerit, dictum castrum deliberado et tradam eidem domino meo regi vel ipsius certo mandato patentes ipsius litteras deferenti.

In cujus rei testimonium, presentibus litteris meum apposui sigillium.

Actum in castri ante Fontanetum, anno Domini M° CC° quadragesimo secundo, mense maio.

 

Geoffrey, seigneur de Châteaubriant, reconnaît que le château de Pouzauges lui avait été remis par le seigneur le roi pour le garder

Moi, Geoffroy, seigneur de Châteaubriant, fais savoir à tous ceux qui sont littéralement arrivés que mon très excellent et bien-aimé seigneur Louis, l'illustre roi de France, m'a donné le château de Pouzauges à garder aussi longtemps qu'il lui plaira; et je donne ledit château de sa part pour le garder, et, quand il lui plaira, je délibérerai et livrerai ledit château à monseigneur le roi, ou par son ordre sûr, portant ses lettres ouvertes.

En foi de quoi j'ai apposé mon sceau sur la présente lettre.

Fait au camp devant Fontenay, l'an du Seigneur 100 et quarante-deux, au mois de mai.

 

 

 

Louis IX témoigna toute l'estime qu'il faisait de la bravoure et de la fidélité du baron Geoffroy, en lui concédant, en 1262, des fleurs de lis d'or sans nombre sur son écu, au lieu de plumes de paon qu'il portait auparavant.

Geoffroy_IV_de_Châteaubriant

Cette famille a eu un sceau antérieur aux fleurs de lis, avec cette devise, une des plus belles de l'histoire du blason, et que plus d'une maison illustre s'est attribuée :

Mon sang a teint la bannière de France.

 

Sceau de Geoffroy, sire de Châteaubriant en Bretagne ; cire blanche, double queue ; décrit dans l’Inventaire sous le n° 1755.

 

Le précieux parchemin dont nous publions le texte appartient aux Archives de l'Empire, série J. 400, n° 41. Sur une double queue, ou bande de parchemin, est apposé le sceau du seigneur breton. Il est rond et de dimension assez grande.

L'écu qu'il porte est chargé de dix fleurs de lis, quatre en chef et une en pointe, avec la légende

 

+ SIGILLVM GAVFRIDI DE CASTRO BRIENTI (6).

 

Le contre-sceau, rond aussi, mais beaucoup moins grand, n'a sur l'écu que six fleurs de lys. Sa légende est en outre abrégée :

 

+ S. G. DE CASTRO BRIENT.

 

 

1286, 15 mai. Charte passée en la cour du roi à Tours. Défense au vicomte de Thouars de saisir ou faire saisir désormais les terres et biens de son vassal le seigneur de Châteaubriant, mais sans que celui-ci ait aucune indemnité à réclamer pour les faits antérieurs.

Guy II de Thouars, né entre 1246 et 1249, vicomte de Thouars de 1274 à sa mort le 21 septembre 1308.

Sachent tuit presenz e avenir que, establi en la cort le Ray a Tors (7), monsor Gefray, segnior de Chatel Brient (8), chevalier, d'une partie, e noble homme Gui viconte de Toarz, de l'autre partie, ont confessé en ladite cort que comme contenz fust meuz entre ous, sus ce que ledit Gefray diset et porpousant (9) que ledit viconte avet sesi ou fet sesir plusors faiz ses terres, ses rentes, ses heritages, ses mobles e ses autres choses, les queles choses il ne poet fere que il ne forfeist grans paines vers ledit Gefray, si comme il est contenu en plusors letres selées de plusors seiaus que ledit Gefray a doudit Gui, si comme ledit Gefray diset; a la parfin ordené est, de quemun acort des parties desusdites, que lesdites letres remeingnent ou tens a venir dou tout en tout en lor poair e en lor vertu, san ce [que] par chose qui sait contenue en cete letre eles puissent estre amenusées ne anéentées ne apeticées en tot ne en partie, ne le drait audit Gefray mal mis on tens qui est avenir; e ledit Gefray ne pout riens demander audit Gui desdites paines dou tens trepassé juque a la date de cetes letres, si ledit Gui les i avet commises.

E einsi lesdites parties obligent ous e lor hairs e touz lor biens presenz e avenir a seivre e a acomplir cete convenance, chescun par devers sa partie.

Ce fut fet a Tors, e ajugié a tenir par le jugement de ladite cort le Ray, les parties presentes e consentanz, le mercredi après la feste seint Michau de may, l'an de grace mil dous cenz quatre vinz e seis.

Tesmoings monsor Morice de Craon e monsor Brient de Chatel Brient, chevalers, e Emeri Dorbe (10).

(Original scellé, en cire verte, sur double queue; sceau mutilé.

 Sur le repli du parchemin, on lit FACTA EST COLLACIO. – HABUI MES CINC SOLZ (11.)

 

Revue des provinces de l'ouest, Bretagne et Poitou: histoire ..., Volume 5

 

 

 

1242 saint Louis donne à Maurice Galleran le château de Mervent et la terre des Oulières, confisqués sur Geoffroy de Lusignan  <==

L'histoire de Pouzauges et de ses seigneurs <==

Sur la Terre de nos ancêtres du Poitou - Aquitania (LES GRANDES DATES DE L'HISTOIRE DU POITOU ) <==

 

 


 

(1) Archives de l'Empire, J. 190, n° 9; et J. 193, n° 10.

 (2) V. Du Paz, Histoire généalogique des seigneurs de Châteaubriant, pages 14 et suiv.

(3) Geoffroy, reconnaissant, fonda en 1252 une maison de cet ordre près de son château. En 1560, elle était sous la direction de vénérable et discrette personne frère Pierre Marchegay, ministre de la Trinité-lez-Chasteaubriant , d'après un Aveu et Dénombrement conservé dans les Archives de la Loire-Inférieure.

(4) Six volumes grand in-8°, publiés par M. de Gaulle pour la Société de l'Histoire de France.

(5) Recherches historiques et archéologiques sur Fontenay-le-Comte, page 33, note 1.

(6)    Sic pour Brientio ; l’O final a été omis, faute de place.

(7). Tours, Indre-et-Loire.

(8). Loire-Inférieure.

 L'illustre famille bretonne avait été établie en Bas-Poitou par le roi saint Louis, à la suite de la campagne où elle contribua notamment à enlever au vicomte de Thouars la redoutable forteresse de Pouzauges (Vendée), non loin de laquelle un de ses descendants construisit, un siècle plus tard, le château des Roches-Baritaud.

(9). Sic pour pourpouset ou pourpousast.

(10). Il s'agit peut-être ici d'Orbé près Thouars.

(11). Détail curieux, mais non signé.

 

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