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PHystorique- Les Portes du Temps
18 mai 2023

DOUBLE CONFISCATION DU DUCHÉ DE GUYENNE - Philippe le Bel, Charles IV, roi de France - Édouard Ier, Edouard II, roi d’Angleterre

Edouard Ier (1373-1301).

- Ce prince revenait de la sixième Croisade lorsqu'il apprit à Messine la mort de son père Henri III. Sa douleur filiale le rendit presque insensible à la perte d'un enfant qui venait de lui être enlevé, et comme Charles d'Anjou s’en étonnait : « Dieu, lui répondit-il, peut nous rendre des enfants, mais un bon père, il nous le donne qu'une fois. »

A un cœur aimant droit généreux, Edouard joignait une valeur héroïque, une foi vive et profonde qui le faisait regarder comme un des champions de la chrétienté ; mais son caractère était violent, emporté, sa volonté absolue, et si la soumission désarmait sa colère et le rendait clément jusqu'à la générosité, la résistance l'irritait au point de lui faire commettre des actes de tyrannie et de cruauté ; nous allons retrouver ce contraste dans les deux principaux évènements de son règne, la conquête du pays de Galles et ses tentatives réitérées contre l'Ecosse.

 

Depuis le traité de Paris de 1259 jusqu'à la guerre de Cent ans, la paix entre la France et l'Angleterre fut rompue deux fois.

C'est le roi de France qui en prit toujours l'initiative et la guerre commença par la confiscation du duché de Guyenne sur le roi d'Angleterre.

Les causes, qui provoquèrent la première confiscation du duché tirent leur origine de toutes les raisons que nous avons exposées précédemment. Les nombreux conflits, qui avaient éclaté, avaient en effet rendu plus difficiles les relations, en apparence amicales, entre la France et l'Angleterre.

 Mais la cause directe, la première entre toutes, avait une origine, qui n'était d'ailleurs qu'implicitement contenue dans le traité ou plutôt qu'il est difficile de saisir au premier abord. C'est la rivalité commerciale des Normands avec les Bayonnais et les Anglais.

Pour prévenir la guerre qui était imminente entre les deux partis, le roi de France et le roi d'Angleterre tombèrent d'accord pour faire une enquête sur toutes les querelles qui mettaient aux prises les Anglais et les Bayonnais d'une part, les Normands et les autres sujets du roi de France d'autre part (1).

 

Mais ce fut en vain. Les événements suivirent leur cours.

 

En 1293 la querelle devint générale, malgré les efforts d'Edouard 1er pour arrêter les hostilités (2).

 Les Anglais avaient des alliés dans les Gascons, les Flamands et les Irlandais les Français et les Génois faisaient cause commune avec les Normands (3).

Les deux partis se firent la guerre à outrance, et le succès fut surtout du côté des Anglais (4).

Ils allèrent jusqu'à attaquer La Rochelle.

Alors, comme les Bayonnais avaient pris part à cette attaque, Philippe le Bel demanda, en sa qualité de suzerain, que le lieutenant du roi d'Angleterre en Gascogne fit arrêter et envoyer en prisons françaises tous ceux qui avaient osé prendre les armes contre la ville de leur suzerain, « afin de les punir comme la raison le demandait et comme le droit l'exigeait » (5)

Le lieutenant du roi d'Angleterre ne donnant pas à cette demande toute la satisfaction qu'attendait le roi de France, Philippe le Bel ordonna à son sénéchal de Périgord de saisir Bordeaux, l'Agenais et la terre des trois évêchés.

 Les hommes du roi de France qui s'étaient présentés, sans armes, pour exécuter cet ordre, furent repoussés par les officiers du roi d'Angleterre, et le roi de France, au commencement du mois de décembre 1293, ajourna Édouard Ier, à comparaître devant sa cour à Paris pour y répondre, en sa qualité de duc de Guyenne, sur les griefs qui lui étaient imputés.

L'acte d'ajournement formulait encore d'autres accusations très graves, contre le duc et contre ses officiers qui s'étaient rendus coupables de toutes sortes de crimes (6).

L'accusation la plus grave de toutes était que les officiers d'Edouard Ier avaient cherché à diminuer, par tous les moyens possibles, l'autorité et le prestige du roi de France.

Ceux qui avaient interjeté un appel à la cour du roi de France avaient été jetés en prison, dépouillés de leurs biens et mis à la torture. Ainsi les officiers anglais avaient pendu Armand de Bordes, Bernard Pélicier et un certain Fromage, après leur avoir appliqué des fourches à la bouche, afin de leur enlever l'usage de la parole et les empêcher d'en appeler ou de réitérer leur appel. Ils avaient fait défense aux notaires de rédiger les actes d'appel et Raymond de Lacussant, avocat d'Agen, avait été incarcéré pour avoir dit tout haut qu'il était permit d'appeler, à la cour du roi de France, de toute sentence rendue par le sénéchal de Gascogne dans toute la terre de l'Agenais, etc. (7)

Ces méfaits commis par les gens du roi d'Angleterre étaient, sans doute, très sérieux mais ils ne le cédaient en rien à ceux qu'on imputait aux gens du roi de France.

Nous voyons, d'après un rapport officiel présenté à Édouard 1er et fait après une enquête sérieuse (8), prescrite par lui, que les Normands avaient beaucoup contribué à embrouiller la situation.

Ils se souciaient fort peu des conséquences que leur conduite pouvait avoir et des causes de conflit qu'ils pouvaient faire naître entre les deux royaumes ils arrêtaient les Anglais, les tuaient, les pendaient, en un mot, commettaient toutes sortes de crimes, contre les gens des Cinq Ports et de Guyenne, auxquels le roi d'Angleterre recommandait d'ailleurs dans toutes ses lettres de « ne rien attempter contre les gens du roi de France ».

 Outre ces crimes qu'il serait fastidieux d'énumérer et qui blessaient profondément, quoique d'une façon indirecte, le roi d'Angleterre, les Normands s'attaquaient directement à son autorité.

Nous les voyons un jour entrer, en grand nombre, dans la ville de Saintes, l'épée à la main, et demander aux passants à qui appartenait la ville.(9)

 Sur la réponse que la ville était au roi d'Angleterre, ils parurent ne pas vouloir y ajouter foi. Ils demandèrent ensuite quelles étaient les personnes les plus riches de la ville et marquèrent les portes ou les fenêtres de leurs maisons, en disant tout haut et publiquement par la ville, à qui voulait les entendre, qu'ils allaient la livrer aux flammes et la détruire « à la honte du roi d'Angleterre ».

En présence de cette situation compliquée pour les deux princes, le roi de France, en sa qualité de suzerain, avait un moyen, et le plus puissant de tous, de se faire justice il n'hésita pas à l'employer il cita le roi d'Angleterre devant le Parlement de Paris..

Ce fut Jean d'Arrabloy, sénéchal de Périgord et de Quercy, qui reçut; l'ordre de Philippe le Bel d'assigner le roi d'Angleterre à la cour du roi de France.

Il se rendit aussitôt à Saint-Astier en Périgord, et là, sur la place publique, en présence de nombreux témoins, parmi lesquels se trouvaient Archambaud III, comte de Périgord, Hélie Laporte, abbé de Saint-Astier et beaucoup d'autres grands personnages, il fit venir devant lui, Guillaume de la Longe, qui tenait les assises pour le roi d'Angleterre dans ladite ville, dans le faubourg, près le pont.

Devant lesdites personnes et les habitants, qui y étaient rassemblés, il fit lire à haute voix, par Arnaud de Clari, juge de Périgord et de Quercy, l'assignation faite par le roi de France au roi d'Angleterre.

La lecture finie, Jean d'Arrabloy déclara publiquement que lui, Guillaume de Nanteuil et Pierre Flote, chevaliers du roi de France, avaient fait à Agen, le 1er décembre, le même acte d'assignation, dont ils avaient donné une copie au sénéchal d'Agenais, avec ordre de la transmettre le plus tôt possible au roi d'Angleterre ou à Jean de Saint-John, son lieutenant général en Gascogne.

 La même sommation fut faite à Libourne et à Saint-Emilion (11)

Edouard 1er ne se rendit pas à Paris à la citation de Philippe le Bel.

 Il protesta de sa bonne volonté et répondit au roi de France, sur l'avis de son conseil, que, comme sa cour était indépendante, ceux qui se sentaient dédommagés et offensés n'avaient qu'à se présenter devant elle pour obtenir justice.

Il s'engagea en outre à leur faire prompte justice et offrit même de procéder par voie d'arbitrage (12).

Mais ces ouvertures d'Édouard 1er, qui avaient pour but de concilier ses devoirs de vassal du roi de France, avec sa dignité royale, ne furent pas acceptées par Philippe le Bel.

Nous n'entrerons pas dans les détails de la guerre qui suivit cette sommation. Il suffit d'avoir bien vu comment sur les causes de mésintelligence, qui n'étaient pas contenues dans le traité venaient se greffer des conflits de tout genre, qui avaient leur origine dans le traité de 1259 ; il suffit d'avoir constaté également avec quelle rigueur le roi de France, le cas échéant, exerçait ses droits de suzeraineté sur un vassal qui était en même temps roi d'Angleterre.

Ce fut seulement le 20 mai 1303 que fut conclue la paix définitive entre les deux rois (13).

 

Par cette paix, le roi de France devait rendre tout ce qu'il avait pris dans le duché de Guyenne au roi d'Angleterre.

Lorsque les restitutions auraient été pleinement exécutées, Édouard Ier ferait personnellement hommage-lige au roi de France « simplement, sans condition, comme duc d'Aquitaine et pers de France pur ladite duché ».

 Tous les traités passés avant cette date entre les rois de France et les rois d'Angleterre devaient rester en vigueur; aucun changement sérieux n'était donc apporté dans leurs relations.

 

La seconde confiscation du duché de Guyenne eut lieu sous le règne de Charles IV le Bel, roi de France et d'Édouard II, roi d'Angleterre.

 A l'avènement de Philippe le Long déjà (en 1316), ce prince, prétextant la guerre d'Écosse, ajourna la prestation de l'hommage jusqu'au mois de juin 1319.

 Et encore ne le rendit-il que par procuration; quatre ambassadeurs furent envoyés à cet effet auprès du roi de France, auquel ils prêtèrent hommage simple et sans condition.

Édouard II vint le rendre en personne seulement le 29 juin 1320 à Amiens.

 Les relations entre Edouard II et Charles IV le Bel sont marquées par la répétition de mêmes faits (14).

En effet nous avons déjà vu que le roi anglais voulait éviter de rendre hommage au roi de France. Cette question de l'hommage se compliqua encore d'un conflit de juridiction. Le seigneur de Montpézat avait construit une bastide sur un domaine qu'il prétendait tenir du roi d'Angleterre, alors que les officiers du roi de France lui contestaient ce droit.

 D'ou procès entre les officiers du roi d'Angleterre et ceux du roi de France, procès qui fut porté devant le Parlement de Paris.

Celui-ci adjugea la bastide au roi de France. Le seigneur de Montpézat irrité appela à son secours le sénéchal du roi d'Angleterre, qui attaqua et détruisit la bastide.

Les hommes du roi de France que l'on y trouva furent impitoyablement massacrés. (15).

Charles IV demanda alors au roi d'Angleterre qu'on lui livrât les coupables et qu'on lui rendît le château de Montpézat.

Le Parlement, de son coté, désigna des commissaires, qui firent plusieurs semonces au sénéchal et aux officiers du roi d'Angleterre, les priant de se rendre à Toulouse, pour répondre devant le Parlement du roi de France.

 En leur absence ce parlement rendit contre eux un arrêt de bannissement. Mais cette mesure ne découragea pas les bannis.

Les nobles et les bourgeois riches du duché, solennellement convoqués par leurs soins à Bordeaux, à Marmande et à Agen, décidèrent que tout officier du roi d'Angleterre devait refuser d'obéir à l'arrêt de la cour du roi de France et que cet arrêt ne devait avoir aucune exécution.

En organisant des réunions de ce genre, les officiers du roi d'Angleterre voulaient prouver au pays qu'ils avaient raison et justifier leur conduite aux yeux d'Edouard II, auquel ils persuadaient, que c'était lui, et lui seulement, qui avait le droit de faire l'enquête sur la conduite de ses officiers en Gascogne.

Ils ajoutaient que tout ce que les commissaires du roi de France avaient entrepris contre eux était illégal (16).

Comme dans toute cette affaire la conduite d'Édouard II parut au roi de France d'assez mauvaise foi, l'hommage que devait lui rendre le roi d'Angleterre fut exigé avec plus de rigueur encore; malgré les protestations et les excuses du roi d'Angleterre, Charles IV le Bel répondit en lui notifiant purement et simplement l'ordre qu'il avait donné au comte Charles de Valois de se transporter dans le duché et d'en opérer la saisie, afin de punir le roi d’Angleterre et ses hommes pour leur rébellion (17).

La guerre qui s'ensuivit finit par le traité de 1335.

Une des clauses principales porta qu'Édouard II serait obligé de prêter l'hommage à Beauvais le 30 août (18).

 Mais Édouard II, prétextant une maladie, ne se rendit pas sur le continent, et pendant ce temps sa femme, Isabelle de France, et le légat du pape travaillaient d'accord avec lui, auprès du roi de France, afin de faire accepter l'hommage prêté par le fils aîné d'Édouard II, qui pour l'occasion serait créé duc de Guyenne. (19)

 Le 4 septembre 1325, la reine et le légat réussirent dans leurs démarches et Charles IV le Bel déclara consentir à recevoir l'hommage de son neveu Édouard, à titre de duc de Guyenne (20).

 Le 10 septembre, Edouard II transporta le duché à son fils (21) et celui-ci passa, deux jours après, sur le continent pour faire l'hommage au roi de France (22).

Mais cet hommage ne suffit point pour terminer l'affaire.

Comme Charles IV le Bel voulait à tout prix retenir l'Agenais comme indemnité de guerre, Édouard II se récria et la guerre recommença. Elle ne devait finir qu'au commencement de 1327.

Par le traité de paix du 31 mars 1327, tout devait être restitué moyennant une indemnité au nouveau roi d'Angleterre, Édouard III, qui venait de succéder à son père (23).

 Les choses furent ramenées encore une fois au traité de Paris de 1259, mais pour la forme seulement; les terres conquises ne furent pas rendues à Édouard III (24)

 

 

CONCLUSION

Jusqu'en 1258, Henri III n'avait jamais voulu tenir pour justes et légitimes les conquêtes faites par Philippe-Auguste et par Louis VIII.

Roi d'Angleterre, il portait toujours le titre de duc de Normandie et ne perdait pas de vue les provinces continentales. Il estimait en avoir été dépossédé injustement. Aussi ne négligeait-il aucune occasion, et elles lui semblèrent toutes bonnes, pour revendiquer ses droits et exposer ses griefs. Tantôt il essayait d'obtenir satisfaction par voie d'ambassades, tantôt, cédant à quelque impétueux besoin de vengeance, il recourait à la force et essayait de faire valoir ses droits à main armée. En vrai politique, il s'unissait avec les vassaux et les ennemis du roi de France et fomentait des ligues et des conspirations contre lui, son « capital ennemi ».

Depuis la confiscation qui avait été prononcée contre Jean Sans-Terre et jusqu'en 1259, des trêves seules avaient assuré les relations pacifiques entre les deux pays ce n'était pas en général une inimitié ouverte, mais une politique de bascule, qui consistait à maintenir l'équilibre par des alliances défensives et offensives.

Le roi d'Angleterre ne cherchait pas seulement des alliés dans les rois d'Allemagne et d'Espagne, il en trouvait même parmi les grands vassaux du roi de France.

Les forces de la France s'en trouvaient par suite diminuées et comme paralysées. Il était même à craindre que le roi d'Angleterre fût un jour en mesure d'agir avec quelque chance de succès.

Quoi de plus naturel alors que saint Louis, poussé par un très réel désir de paix, lui qui chercha toute sa vie à assurer la tranquillité à son peuple, ait voulu mettre fin à cette situation. Il attendit seulement le moment favorable pour supprimer toute source de contestations, le moment où la France aurait à faire le moins de sacrifices.

Les occasions d'ailleurs ne manquèrent pas. Nous avons vu que le pape, en battant les ambitions dynastiques de Henri III, avait imprudemment lancé ce dernier dans l'affaire de Sicile.

Pour mener à bien cette affaire hérissée de difficultés, le pape avait poussé le roi d'Angleterre à traiter à l'amiable et à faire la paix avec le roi de France. .

Henri III, alors engagé dans une lutte avec les barons anglais qui cherchaient à limiter l'autorité royale à leur profit, écouta les conseils du Saint-Siège. Il espérait trouver dans le traité de paix avec le roi de France les moyens de s'emparer de la Sicile et de lutter avec succès contre ses barons.

Richard de Cornouailles, frère de Henri III, avait aussi des raisons sérieuses pour se rapprocher du roi de France. Jamais donc les circonstances n'avaient été plus favorables pour obtenir la renonciation complète de Henri III et celle de son frère Richard.

Les barons anglais qui, de leur côté, considéraient les prétentions de leur roi comme des affaires purement personnelles et privées, voulaient, dans leur propre intérêt et dans celui du royaume, faire la paix avec le roi de France et hâter la solution de toutes les questions, depuis longtemps pendantes et controversées.

Le fait que saint Louis sut choisir très habilement le moment pour traiter prouve qu'il n'obéit pas à de prétendus scrupules de conscience au sujet de la légitimité des confiscations de son aïeul. Singulière conscience que celle qui attendrait ainsi son heure pour agir et qui ne se manifesterait, somme toute, que par des actes intéressés.

 Est-ce en passant un marché, que la conscience timorée de ce roi, dont la piété et l'honnêteté sont incontestables, eût été satisfaite? Le sentiment qu'on détient injustement le bien d'autrui commande-t-il autre chose que la restitution pure et simple?

En réalité saint Louis agit en politique et rien qu'en politique.

 Le but qu'il poursuivit fut, au prix de sacrifices aussi légers que possible, de faire rentrer le duché de Guyenne dans la mouvance du royaume de France, de rattacher à sa couronne une grande province sur laquelle les rois de France avaient perdu tout droit de suzeraineté depuis cinquante ans.

 N'est-ce pas là le vrai motif du traité de 1259 ?

Les contemporains et même les historiens modernes s'y sont souvent trompés. Ils n'y ont vu qu'un acte d'abnégation, d'honnêteté morale et de générosité, grâce à la légende qui s'était créée autour du nom de saint Louis, du vivant même de ce roi.

 

Nous avons vu que le traité avait été le résultat de longues discussions, que les avantages et les désavantages s'équilibrent parfaitement pour les deux royaumes, à tel point, qu'il se manifesta, en France et en Angleterre, un égal mécontentement ; c'est là la meilleure preuve de la nécessité qui avait amené les deux adversaires se faire des concessions mutuelles.

Pour les mêmes raisons, les auteurs modernes sont divisés dans les jugements qu'ils ont portés sur le traité de 1259.

Le premier auteur moderne qui ait apprécié ce traité est Jean du Tillet dans son Recueil de guerres (25), écrit vers la fin du XVIe siècle, à l'époque où les relations entre la France et l'Angleterre étaient assez tendues.

 Pour lui le traité de Paris de 1259 est « l'erreur d'un si vertueux et bon roi….. de laquelle paix la playe a saigné près de deux cens ans et quelquefois a esbranlé la couronne de France ».

Plus tard Le Nain de Tillemont dans sa Vie de Saint Louis pensait tout différemment et considérait le traité comme une nécessité politique (26).

Pour Mably, dans ses Observations sur l'Histoire de France, ce traité passe « pour le sage procédé d'un intérêt bien entendu (27).

 M. Moreau de même, faisant l'éloge de la délicatesse de saint Louis, donne cet acte somme « une des preuves les plus convaincantes de sa politique et de sa sagesse (28) »

Toutes les autres opinions oscillent entre celles que nous venons de mentionner, excepté toutefois celle des historiens locaux, qui blâment unanimement le traité (29).

La raison en est bien simple. Ils se placent exclusivement au point de vue du droit des gens et de l'unité de la France, et non au point de vue historique, c'est-à-dire du XIIIe siècle; ils oublient de considérer l'idée qu'on avait à cette époque du caractère des cessions territoriales.

En effet les provinces cédées au roi d'Angleterre continuaient toujours à rester françaises elles étaient en la mouvance du royaume de France comme l'Agenais et la Saintonge l'avaient été sous Alphonse de, Poitiers.

Elles interjetaient appel à la cour du roi de France, et les officiers du roi de France devaient veiller à ce que les arrêts du Parlement y fussent exécutés. Saint Louis n'avait cédé que les hommages et quelques domaines, mais son autorité n'était nullement diminuée, et nous avons vu avec quelle force les rois de France l'avaient exercée et fait prévaloir.

 De nombreux exemples ont montré que chaque jour les officiers du roi de France, par leurs empiétements, diminuaient l'importance des cessions faites au roi d'Angleterre et que l'œuvre de conquête paisible du duché de Guyenne, que poursuivaient les héritiers de saint Louis se faisait systématiquement, parce qu'ils trouvaient dans le traité de 1259 des moyens infaillibles d'envahissement.

Les rois d'Angleterre ne tardèrent pas à s'apercevoir que le statu-quo prolongé leur faisait perdre pied dans le duché et que cette situation ne pouvait durer sous peine d'être évincés et chassés du continent.

Edouard III saisit la première occasion qui se présenta, pour essayer de changer cet état des choses à son profit.

 Le principal défaut du traité de 1259 était par conséquent de ne pas avoir établi une ligne de séparation bien marquée, qui eut empêché les empiétements et fait disparaître tous les conflits dans les rapports féodaux.

Ensuite le traité n'avait réglé plusieurs questions que provisoirement et sans les préciser. Certaines même n'avaient pas reçu de solution (30).

C'est pourquoi, bien que saint Louis eut l'intention très ferme de faire la paix, cette paix ne fut en définitive guère plus solide et plus stable que les trêves antérieures.

 A la cour du roi d'Angleterre, on considérait qu'il fallait toujours cultiver contre les rois de France les alliances qu'avaient entretenues autrefois le roi Richard et ses successeurs (31).

Le traité de 1259 avait clos seulement l'ère des querelles sur les conquêtes de Philippe-Auguste, on les avait légalisées, pour ainsi dire, et c'était tout; mais les rois d'Angleterre ne perdaient pas l'espoir de les recouvrer un jour par les armes.

De plus l'application de ce traité étant difficile par suite des limites territoriales et morales peu précises, les rapports de la France et de l'Angleterre ne furent jamais très clairs.

Tout en somme resta vague et obscur jusqu'au jour où éclata la guerre de Cent Ans.

Saint Louis avait fait de grands sacrifices pour faire entrer le roi d'Angleterre en son hommage. Il considérait cet acte comme représentant pour lui un très grand avantage, mais ses successeurs furent très jaloux de fortifier la position supérieure que le traité leur donnait, et ils abusèrent souvent de leur droit.

Les envoyés d'Édouard II, venus à la cour de Charles IV le Bel, pour demander un délai au sujet de l'hommage, furent très effrayés du langage qu'ils y entendirent.

On y disait tout-haut « qu'on ne voulait mie estre servi seulement de parchemin et de parole, come on l'avait esté (32) ».

Sous le règne de ce même prince, nous voyons que le roi de France demandait, en vertu de la fidélité et de l'hommage que lui devait le roi d'Angleterre, l'exécution de ses sentences rendues contre les Flamands, même en Angleterre, prétention qui fut rejetée, mais qui n'est pas moins significative (33),

 

Les rois de France, comme nous venons de le voir, entendaient exercer leurs droits de suzeraineté pleinement et entièrement; mais les rois d'Angleterre commençaient à sentir le poids de cette situation, qui les poussait à la résistance.

Que l'on y joigne les déprédations sur mer et les intérêts opposés que les deux rois avaient à la fois sur l'Ecosse et sur la Flandre on voit que les sujets de querelles ne manquaient pas.

 Les intentions de saint Louis était excellentes; il les avait réalisées dans un esprit d'équité, de charité, que l'on peut admirer il avait même, si l'on veut, fait preuve de perspicacité en saisissant l'occasion propice d'obtenir du roi d'Angleterre le règlement définitif d'un vieux compte qui avait fait durer un dangereux état d'hostilité pendant un demi-siècle; mais en somme il avait oublié qu'on ne règle pas les intérêts publics d'après les préceptes de la morale chrétienne, et l'on peut regretter, pour le bien de la France, qu'il ait créé, par le traité de 1259, une situation politique dont la conséquence immédiate était d'avoir le roi d'Angleterre pour vassal, situation qui devait forcément aboutir à une crise formidable, parce qu'elle était incompatible avec les tendances politiques diamétralement opposées des deux souverains.

 

 

 

Conquête du pays de Galles (1277-1284)

Les Gallois ou Cambriens avaient échappé aux diverses invasions subies par la Grande-Bretagne, et depuis sept siècles ils conservaient leur indépendance, sauf une apparence de suzeraineté que les successeurs de Guillaume le Conquérant tentèrent de leur imposer, mais qu’ils éludaient dans toutes les occasions propices.

La mort de Henri III leur en parut une favorable, et Llewellyn ou Léolyn, leur chef, refusa de venir rendre hommage à Edouard ler.

Cerné bientôt dans ses montagnes par les armes anglaises, le chef gallois est contraint de s'en remettre à la merci du vainqueur, qui lui accorde la paix la plus généreuse, et son frère David, avec lequel Edouard le réconcilie, est comblé des bontés royales.

Mais l’amour de l'indépendance, entretenu dans le cœur des Cambriens par leurs Bardes, l'emportait sur tout : croyant que le moment de leur triomphe prédit par Merlin était arrivé (34), le dimanche des Rameaux (1282), Llewellyn et David massacrent les garnisons royales et se précipitent sur le territoire anglais, promenant partout le fer et la flamme.

 A l'approche d'Edouard, les rebelles se retirent sur le Snowdon, leur refuge ordinaire ; Llewellyn, ébloui de quelques succès, refuse la paix qui lui est offerte mais il est assassiné dans une grange, et sa tête est exposée sur la tour de Londres avec une couronne de lierre ou d'argent, cruelle réalisation de la prophétie de Merlin.

Avec Llewellyn expira l'indépendance du pays de Galles.

Son frère David, après avoir erré six mois dans , les montagnes, fut livré par 'de perfides compatriotes au vainqueur, qui le fit juger et condamner au supplice des traîtres. Son corps, coupé en quartiers, fut dispersé dans différentes villes : sentence horrible, qui a frappé en Angleterre pendant des siècles les criminels de haute trahison.

Edouard Ier voulant achever sa conquête par des moyens plus doux, passa une année dans le pays de Galles, offrant à tous indistinctement paix et protection, et substitua la législation anglaise à leurs coutumes encore barbares.

Ce fut au château de Carnarvon que la reine Eléonore de Castille mit au monde l'héritier de la couronne d'Angleterre (1284).

Trois jours après, les Gallois qui se lamentaient dans leurs chants d'avoir tout perdu, hormis leur nom, leur langage et leur Dieu, vinrent exprimer au monarque leur vif désir d'avoir un prince de leur nation qui ne parlât ni français, ni saxon, langues inintelligibles à toute oreille galloise. Edouard consentit à leur donner immédiatement un prince né sur leur sol, et ne parlant aucune des langues proscrites, à condition qu'ils lui jureraient une fidélité inviolable, ce qu'ils promirent avec élan.

Mais quelle ne fut pas leur surprise quand le monarque leur présenta son fils nouveau-né !

Ne pouvant objecter un seul mot, ils baisèrent la petite main du royal enfant et lui engagèrent leur foi ; depuis ce jour l'héritier de la couronne d'Angleterre a porté le titre de Prince de Galles.

Braveheart William Wallace

Guerre avec l'Écosse (1297-1307). — Baliol. — Wallace. — Robert Bruce

 — La mort d'Alexandre III et bientôt après, celle de sa petite-fille Marguerite de Norwège (35) son unique héritière, laissaient la couronne d'Écosse vacante ; seize prétendants se la disputaient : les plus légitimes étaient Jean Baliol et Robert Bruce, descendus tous deux par les femmes de David ler.

Édouard, auquel on en référa, n'accepta l'arbitrage que comme lord suzerain de l'Ecosse ; ses rois avaient, en effet, reconnu à diverses reprises la suzeraineté de l'Angleterre, toutefois c'était plus une formalité qu'une dépendance réelle. Il n'en fut pas de même quand Baliol eut reçu la couronne d'Édouard sous la condition de l'hommage (1292) ; les exigences de l'ambitieux suzerain se multiplièrent tellement que le vassal tenta de regagner son indépendance par les armes, se ménageant l'alliance de Philippe le Bel alors en guerre avec l'Angleterre.

Mais défait sous les murs de Dunbar (1297) par Edouard en personne, Baliol crut adoucir son vainqueur en venant le trouver sans armes, dépouillé de son manteau royal, une baguette blanche à la main en signe de vasselage ; sa soumission ne fut point acceptée, et, forcé d'abdiquer, il fut envoyé à Londres.

Édouard Ier se crut maître de l'Ecosse ; il emporta même la grande pierre de Scone sur laquelle se plaçaient les rois d'Écosse le jour de leur couronnement; elle fut déposée à Westminster et sert encore maintenant, le jour du sacre, à porter le trône du souverain de l'Angleterre.

Cependant un simple gentilhomme, William Wallace, d'une bravoure consommée, se met à la tête des clan (tribus), résolu d'affranchir sa patrie, à quelque prix que ce soit.

Vainqueur des Anglais à Stirling (1297), il fut battu l'année suivante à Falkirk, et se retira dans les highlands (hautes-terres).

Depuis sept ans, cet intrépide champion de l'Écosse maintenait son indépendance, lorsque Edouard Ier, ayant fait la paix avec la France, réunit toutes ses forces et marche contre lui: la trahison lui vient en aide, et Wallace livré par la perfidie des siens, subit l'affreux supplice du gallois David, bien qu'il n'eût jamais servi d'autre cause que la liberté de son pays (1305).

Robert Bruce devait consommer par son héroïsme la glorieuse résistance de l'Ecosse.

Il était fils du compétiteur de Baliol, et à ce titre il se fit proclamer roi à Scone (1306), après s'être défait de son rival Comyn-le-Roux, qu'il poignarda dans une église de Dumfries.

Mais ses premières tentatives furent désastreuses; presque toujours vaincu par les forces supérieures des Anglais, et des Écossais qui s'étaient lâchement vendus, il se retirait suivi de son fidèle ami, le bon lord James Douglas, et de quelques autres, dans les défilés des Grampians, demandant la nourriture aux daims des forêts et aux poissons des ruisseaux.

Ces généreux proscrits coururent une foule de dangers dont le récit est plein d'intérêt; les femmes mêmes voulurent les partager, et la comtesse Bruce tomba avec plusieurs autres entre les mains d'Édouard qui les retint captives.

 Quels que fussent ses revers, le vaillant chef ne se laissait point abattre ; et lorsqu'il traversait sur de misérables barques les grands lacs des highlands, il soutenait le courage de ses compagnons en leur racontant les exploits de quelques héros des temps passés.

Tout à coup, Robert Bruce sort de sa retraite, et fait éprouver aux Anglais de sanglantes défaites, Édouard 1er, déjà fort malade, part pour les venger, mais il meurt en route (1307), recommandant à son fils de faire porter ses os au milieu de son armée, « l'ennemi, dirait-il, n'en pourra soutenir la présence. »

 

L'Ecosse était délivrée (36) .

Les améliorations faites par Edouard Ier dans l'administration de la justice, lui valurent le surnom de Justmien anglazs. Mais ses guerres continuelles le poussèrent à de nombreuses exactions qu'il fit même peser sur 1’Eglise; le primat de Cantorbéry Winchelsey qui éleva la voix contre ces injustices, fut exilé et dépouillé de son temporel. Cependant lorsque la passion du monarque fut calmée, la foi parla à son cœur : il rappela le saint archevêque, le reçut avec le plus grand respect et après lui avoir rendu ses biens, l'admit dans son conseil.

Les courtisans pressaient le primat de témoigner a genoux sa gratitude, mais le successeur de saint Thomas Becket conservant toute la dignité de son caractère en présence d'un prince qui l'avait méconnue : « Je bénis Dieu, mon seigneur roi, dit-il à Edouard, de vous avoir inspiré cette réparation qui sera profitable à votre salut. »

Ce fut sous le règne de ce prince que les communes, à partir de 1295, furent régulièrement convoquées au Parlement.

 

Edouard Il de Carnarron (1307-1339).

Défaite de Bannock-Burn (1314).

—Le nouveau roi était loin d'e posséder l'énergie et la valeur de son père; ce ne fut qu'en 1314 qu'il reprit la guerre contre l'Ecosse, et il essuya à Bannock-Burn la défaite lapins désastreuse qu'aient jamais eu à enregistrer les annales de l'Angleterre ; il revint à grand'peine dans ses états sur un petit bateau de pêcheur; quelques années après, il concluait avec l'Ecosse une trêve de treize ans.

Edouard Il se laissa dominer successivement par d'indignes ou d'ambitieux favoris, Gaveston et les deux Spencer qui rendirent son gouvernement odieux; le premier périt victime de la juste haine des barons anglais.

Les Spencer atteints par une sentence de bannissement que les barons anglais et à leur tête Thomas de Lancastre, petit-fils de Henri III, arrachèrent à Édouard Il les armes à la main, furent rappelés peu après, et Lancastre fut décapité; mais leur retour au pouvoir dura peu et leur chute entraîna celle du monarque ; sa coupable épouse, Isabelle de France, qui était passée sur le continent sous prétexte d'une négociation avec son frère Charles IV au sujet de la Guyenne, en revint avec une armée destinée à seconder ses infâmes projets ;

les Spencer furent livrés au supplice ; et Edouard II, forcé d'abdiquer en faveur de son fils Édouard III, fut jeté en prison où il périt quelques jours après de mort violente (1327).

 

Edouard III (1329-1377).

 — Édouard III, qui n'était que dans sa quinzième année, subit pendant deux ans la honteuse domination de la reine et de Mortimer, le complice de ses crimes ; mais doué du caractère de son aïeul, il secoua enfin le joug : Mortimer fut pendu, et Isabelle, reléguée dans un manoir où elle passa dans un juste abandon les vingt-sept dernières années de sa vie.

Edouard III devenu vraiment roi, tourne ses vues ambitieuses vers la France.

A partir de cette époque, nous allons retracer ensemble l'histoire des deux royaumes, si tristement confondus dans la déplorable guerre de Cent ans.

 

PIÈCES JUSTIFICATIVES.

 

Saintes le 21 novembre 1281 - Privilège du roi Édouard Ier d'Angleterre pour la sauvegarde des libertés et immunités du prieuré de Montierneuf de Poitiers.
Original en parchemin aux archives de Loir-et-Cher, avec trace de sceau en cire. manuscrit 5.449, 44 manuscrit 375 de Vendôme,



Nos Raynaudus de Campania miles, senescallus Xanctonensis pro illustri domino rege Anglie, notum facimus universis quod nos non intendimus, non volumus aliquod prejudicium fieri libertatibus, juribus, privilegiis et immunitatibus religiosi viri prioris dicti Sancti Aniani de Monasterio Novo, et hominum suorum, propter captionem, si quam de hominibus suis fecimus nos, vel gentes nostre, non per captivos nostros in suorum hominum domibus per nos vel per gentes nostras redactos, vel detentos;
Nous, le chevalier Raynaud de Campanie, le sénéchal de Saintonge pour l'illustre seigneur le roi d'Angleterre, faisons savoir à tous que nous n'entendons pas, nous ne voulons qu'il soit porté atteinte aux libertés, droits, privilèges, et immunités religieuses de l'homme susmentionné de Saint Aignan du Nouveau Monastère, et de son peuple, en raison de la saisie, si ce que nous, ou nos nations, avons fait à leur peuple, non par nos captifs dans les maisons de leur peuple, réduit par nous ou par nos nations, ou détenus ;


 nec etiam propter aliquam aliam, que per nos vel per gentes nostras, in terra dicti prioris fuerint attemptata, non volumus quod propter premissa domino nostro regi possessio vel jus aliquod acquiratur, salvo in premissis jure domini regis predicti, et etiam alieno.
ni pour aucune autre raison, qui par nous ou par nos peuples, ont été tentées dans le pays dudit ancien, nous ne voulons pas qu'aucune possession ou droit ne soit acquis à cause des locaux à notre seigneur le roi, sauf en les locaux le droit dudit seigneur le roi, et aussi à un étranger.


 In cujus rei testimonium dicto priori dari fecimus presentes litteras, et nos easdem concessimus sigillo predicti domini regis Anglie in Xanctonia observato, de mandato nostro sigillatas per Guillelmum Fulcaudi curie Xanctonensis tenentem dictum sigillum.
En témoignage de quoi nous avons fait remettre lesdites lettres audit prieur, et nous les avons accordées sous le sceau dudit seigneur roi d'Angleterre en Saintonge, scellé à notre ordre par Guillaume Fulcaud de la cour de Saintes tenant le ledit sceau.


Et ego dictus Guillelmus, de mandato dicti senescalli, sigillum predictum domini regis, quo utitur in Xanctonia, duxi presentibus litteris apponendum, in testimonium premissorum.
Datum et actum Xanctoni, die veneris in crastinum beati Gregorii, anno Domini Mo CCo octogesimo primo (37)
Et moi, ledit Guillaume, par ordre dudit sénéchal, j'ai fait apposer au susdit seigneur le sceau du roi, dont il sert en Saintonge, sur les présentes lettres, en témoignage de ce qui précède.




Donné et exécuté à Saintes, le vendredi, le lendemain de la Saint Grégoire, en l'an du Seigneur M° 200 quatre-vingt-unième (34)

 Au dos, on lit Quod senescalus non intendit facere prejudicium libertatibus Monasterii Novi, si forsitan aliquos homines dicti prioratus detinuerit.


En 1281, la fête de saint Grégoire arrivait le lundi 17 novembre; la charte qui est du vendredi suivant est donc du 21 novembre.




Vers 1281. LETTRE DE MARGUERITE, REINE DE FRANCE (VEUVE DE SAINT LOUIS), A ÉDOUARD I, ROI D'ANGLETERRE, Pour avoir de ses nouvelles.
(Des liasses de la Tour de Londres. - Bréq. t. LXV.)


A TRÈS haut et très noble prince, son très chier et très amé neveu, EDOARD, par la grace de Dieu, roi d'Angleterre, MARGARITE, par icelle mesme grâce, reine de France, salut et vrai amour. Très chiers niés, nos qui sommes mout desirrans d'oïr et savoir bonnes nouvelles de vous, envoions à vous et vous prions que vous nous faciès assavoir vostre estât, lequel nostre Sires face tousjors bon par sa grâce.
Et pour ce que nous entendons que vos oies voluntiers bonnes nouvelles de nous, nos vous faisons asavoir que nous estions en asés bon point de cors, Dieu merci, quant ces lettres furent faictes. Nostre Sires vous gart.


Donné à Corbuel, le dimanche devant la Saint-Lorant. Nostre Sires vos gart.
N. B. Copié sur l'original en parchemin. B.

 



Saintes 1er juillet 1282 - Charte des moulins marins du prieuré Saint-Nicolas d'Oléron


Universis Christi fidelibus presentes litteras inspecturis magister Bartholomeus Anglicus de Exonia clericus, et Johanna Chezaga uxor ejus, de castro Oleronis, Xantonensis dyocesis, salutem iri eo qui salutem desiderat animarum.
A tous les fidèles du Christ présentez les lettres de l'inspecteur Barthélémy l'Anglais (1180-1231) Exonia (Exeter), clerc, et Jeanne Chezaga sa femme, du château d'Oléron, dans le diocèse de Saintes, salutations à celui qui désire le salut des âmes.


Quoniam hominum facta mortalium, quam cicius a memoria laberentur, nisi vocibus testium aut litterarum testimonio firmarentur, presentium ideo serie litterarum, tam presentibus quam futuris, optamus lucidius aperire, quod nos cordetenus attendentes bonorum magnitudinem spiritualium, que fiunt semper et fient in sancte Trinitatis Vindocinensis monasterio, tam in capite quam in membris, bonorum ipsorum cordis affectu nimis participes neri cupientes non coati, non seducti, nec vi, nec metu, nec dolo ducti, sed voluntate spontanea, nec non deliberatione prehabita diligenti, in scriptis presentibus confitemur nos dedisse perpetualiter, et etiam penitus concessisse, et adhuc damus, et concedimus, sana mente, in puram et perpetuam helemosinam, animarum pro salute nostrarum, et omnium parentum nostrorum defunctorum, Deo patri et glorisissime Lacrime Christi, et Sancte Trinitatis monasterio memorato, nec non prioratui suo beati Nicolay de Olerone, molendina nostra marina, cum omnibus pertinenciis suis, que molendina de Abbaysse-Orgueil vulgariter nuncupantur, et sita sunt in Oleronem, inter ipsum prioratum ex una parte, et forestam et burgum de Avallia ex attera, habenda tenenda ipsa molendina, cum omnibus pertinenciis suis, perpetualiter et pacifice possidenda, cum pleno jure possessionis et proprietatis, post obitum nostrum, a dicti prioratus monachis, et possessoribus atque successoribus eorumdem, et ad faciendum inde sue beneplacitum voluntatis. Ita tamen quod nobis aut nostrum cûilibet, non possit esse de cetero locus penitentiae vet ingratitudinis in hac parte.
Puisque les actes des hommes mortels échapperaient plus tôt à la mémoire, à moins qu'ils ne soient confirmés par des paroles de témoins ou le témoignage de lettres, nous souhaitons donc ouvrir plus clairement le présent par une série de lettres, à la fois présentes et futures, parce que nous sommes attentif à la grandeur des biens spirituels,qui se font toujours et se feront dans le monastère de la Sainte Trinité de Vendôme, à la fois dans la tête et dans les membres, désireux d'être très participants des bonnes choses de leur cœur, non contraints, non séduits, non conduits par force, ni peur, ni ruse, mais de leur plein gré, et non par délibération préméditée aux diligents, nous confessons dans les présents écrits que nous nous sommes donnés perpétuellement, et même complètement concédés, et nous donnons et accordons toujours, avec un esprit sain, en aumône pure et perpétuelle, pour le salut de nos âmes et de tous nos parents décédés, à Dieu le Père et à la larme la plus glorieuse du Christ, et au monastère mentionné de la Sainte Trinité, ainsi qu'à son prieuré, le bienheureux Nicolas d'Oléron, moulin notre port de plaisance, avec toutes ses dépendances, qu'on appelle communément les moulins de l' Abaisse-Orgueil, et qui sont situés à Oléron, entre le prieuré lui-même d'un côté,
et la forêt et le bourg d'Availles de l'autre côté, le moulin lui-même, avec toutes ses dépendances, pour être tenu à perpétuité et paisiblement, de plein droit de possession et de propriété, après notre mort, par les moines dudit prieuré, et leurs possesseurs et successeurs, et d'en faire le bon plaisir de sa volonté.

Ainsi, cependant, que pour nous ou pour aucun de nous, il ne peut y avoir de place pour la pénitence et l'ingratitude à cet égard.


Promittentes fideliter et quilibet nostrum, nos non revocaturos in posterum has predictas donacionem et concessionem, ob aliquam causam ingratitudinis tacite vel expresse.
Chacun de nous s'engageant fidèlement à ne pas révoquer à l'avenir, tacitement ou expressément, ladite donation et concession, pour quelque motif d'ingratitude que ce soit.


Nos tamen predicti conjuges tenebimur et debemus dicta molendina, cum pertinenciis suis, in bono statu tenere quamdiu vixerimus et pacifice possidere et facere fructus nostros.
Cependant, nous, les susdits époux, sommes tenus et tenus de maintenir lesdits moulins, avec leurs dépendances, en bon état aussi longtemps que nous vivrons et possédons et fabriquons paisiblement nos produits.


Volumus autem et concedimus, ut post obitum nostrum, prior et possessores dicti prioratus, qui pro tempore fuerint, nomine prioratus ejusdem et monasterii supradicti, nec non virtute donacionis et concessionis hujusmodi, dicta molendina cum pertinenciis suis apprehendant, percipiant et habeant tanquam sua, ecclesiastico dominio vel etiam seculari seu quolibet alio successorum, heredum venturorum nullatenus requisito.
Et nous voulons et accordons qu'après notre mort, le prieur et les possesseurs dudit prieuré, qui ont été pour le moment, au nom du prieuré du même et dudit monastère, et aussi en vertu de la donation et concession de ce genre, saisiront, apercevront et feront leur propriété, lesdits moulins avec leurs dépendances, possession ecclésiastique ou même séculiers ou autres successeurs, futurs héritiers nullement requis.
Omne jus enim, possessionem et proprietatem quod et que in dictis molendinis, cum pertinenciis suis habemus aut habere possumus, et debemus, in ipsum ex tune conferimus prioratum, nichil juris, possessionis aut proprietatis in ipsis molendinis, cum pertinenciis suis, ex tunc nobis, aut heredibus, successoribusque nostris, amplius retinentes.
Pour tout droit, possession et propriété que nous avons ou pouvons avoir, et devons, dans lesdits moulins, avec leurs dépendances, nous lui conférons dès lors la priorité, aucun droit, possession ou propriété dans les moulins eux-mêmes, avec leurs dépendances. , à partir de ce moment à nous ou à nos héritiers et successeurs, en conservant plus.


Molendina vero predicta, cum pertinenciis suis, heredes nostri, et bonorum nostrorum possessores, quos deputamus et relinquimus obligatos dicto prioratui, successoribusque suis, ab omni impetitore, perturbatore, molestatore et inquietatore guarire et defendere perpetuo tenebuntur, prout scripti dictavit ordo juris.
Mais le susdit moulin, avec ses dépendances, nos héritiers, et les possesseurs de nos biens, que nous déléguons et laissons liés audit prieuré, et leurs successeurs, seront perpétuellement tenus de protéger et de défendre contre tout intrus, perturbateur, harceleur , et perturbateur, comme le dicte l'ordre écrit de la loi.


Ad hoc enim eidem prioratui, nec non ejusdem possessoribus generaliter obligamus omnia bona nostra, tam presentia quam futura.
Car à cette fin nous confions tous nos biens, présents et futurs, au même prieuré, ainsi qu'aux propriétaires de celui-ci en général.


Renunciantes expresse nos conjuges superius nominati omni alii donacioni vel ordinacioni, quam possemus amodo facere de premissis, et omnibus exceptionibus, et rationibus per quas unquam nos, aut heredes nostri, possemus amodo super his in aliquo relevari.
Nous renonçant expressément les époux ci-dessus nommés à toute autre donation ou arrangement que nous pourrions facilement faire des locaux, et toutes exceptions et raisons par lesquelles nous, ou nos héritiers, pourrions jamais en être soulagés de quelque manière que ce soit.


Ad majorem autem certitudinem premissorum, juravimus super sancta Dei evangelia, sponte nostra, nos aliqua ratione per nos aut per alium contra tenorem presentium de cetero non venturos.
Et pour la plus grande certitude de ce qui précède, nous avons juré sur les saints évangiles de Dieu, de notre plein gré, que nous ne voudrions, pour aucune raison, par nous-mêmes ou par un autre, venir contre la teneur du présent concernant le reste.


Ut autem hujusmodi donacio nostra munimen certitudinis et robur obtineat firmitatis, sigillo reverendi patris in Xristo domini G., Dei gratia Xantonensis episcopi presentes litteras, precibus nostris intervenientibus, fecimus roborari.
Afin que notre don de ce genre obtienne le rempart de la certitude et la force de la fermeté, nous avons fortifié les lettres présentées à l'évêque de Saintes du sceau du révérend père en Christ, par la grâce de Dieu, par notre intervention prières.


Nos vero dictus G., episcopus dictorum B. et J. conjugum, in hac parte precibus annuentes, sigillum nostrum litteris presentibus apposuimus, in testimonium veritatis, salvo jure nostro et alieno; dictes vero conjuges, ad. omnia premissa et singula, firmiter atque fideliter observanda ex assensu suo spiritualiter condempnantes.
Mais nous, ledit G., l'évêque desdits B. et J., époux, hochant la tête dans cette partie avec des prières, avons apposé notre sceau sur les présentes lettres, en témoignage de la vérité, sauf nos propres droits et ceux d'autres; mais vous avez dit conjoints, ad. toutes les prémisses et les détails, à observer fermement et fidèlement à partir de leur assentiment, condamnant spirituellement.


Actum et datum Xantoni, die mercurii post festum apostolorum Petri et Pauli, anno Domini millesimo ducentesimo octogesimo secundo.

Fait et donné à Saintes, le mercredi après la fête des apôtres Pierre et Paul, l'an du Seigneur mil deux cent quatre-vingt-deux.

1. Geoffroy de Saint-Briçon, évêque de Saintes, 1277-1284.



Au dos, on lit Carta molendinorum marinorum prioratus Sancti Nicolai de Olerone.
Abaisse-Orgueil, unique en son genre semble-t-il, est le nom d’anciens moulins de mer, sur la paroisse Notre-Dame, dans la commune du Château-d’Oléron.
Les plus anciennes mentions remontent au XIIIe siècle : molendina de Abbaysse Orgueil, 1282 ; molentina de Abbaysse Orguilh, 1290 ; molentina dicta Vayscha Orgulh, 1299.


 

 

1258 - 1259 - Le Traité de Paris entre Louis IX et Henri III Plantagenet <==

ITINÉRAIRE DU ROI HENRI III EN GASCOGNE (1242-1243, 1253-1254). <==

==> La Rochelle sous Édouard II, roi d'Angleterre (1307-1327).

==> INFORMATION Ordonnée en 1310 par le Roi d'Angleterre AU SUJET DES SURPRISES FAITES A SON PRÉJUDICE PAR LE ROI DE France EN PÉRIGORD, LIMOUSIN ET QUERCY

 

 

 

 


 

LES MANUSCRITS De MERLIN

Voici les manuscrits de Merlin en prose actuellement connus. Jusqu'à ce jour ils n'ont jamais été dénombrés. Graal , dispose d' un large éventail de formes lexicales: "graal, Gréal, Gradal, grasal, cratella, grau, grial, Gruau, gresal, grazal, grazaus, sangraal, Gral, etc."

 

(1). Calendar of Patent Rolls.  Le 17 août 1292.

(2). Ibid., Lettres d'Edouard 1er du 22 et de 29 mai, et du 6 juil let 1293.

(3). W. de Hemingburgh, Chronicon, II, 42.

(4). Ce fait ressort clairement des lettres d'Edouard 1er que nous venons de citer. Cf. Ch. de la Roncière, Histoire de la marine française, t.II,  pages 323 et suivantes.

(5).. Olim, II, 9, Rymer, I, 2, 793. Chronique de  Saint-Denis (R.II Fr., XX), 658.

(6). Olim, II, 9. Rymer, I, 2, 793.

(7). Olim. II. 9. Rymer, I, 2, 793. Chronique de Saint Denis (R. II. FR. XX). 685.

(8). Pub. Rec. Off., Mise. Rolls (Chancery). Bund., 3. Le rapport daté de Saintes, du mois de juillet 1293.

(9).Pub. Rec. Off., loc. cit. « Venerunt multi Normani in civitate vestra Xanctonensi, cum ensibus succinti, et per dictam civitatem petebant cujus erat illa civitas? Respondentes gentes dicte civitatis dicebant quod domini regis Anglie, et tunc sucuciebant et movebant capita sua. Postmodum.vero petebant, qui erant diviciores homines de civitate. et respondentes gentes nominabant illos qui magis in diviciis habundabant, et inquirentes domos et mansiones ipsorum, faciebant signa in domibus eorumdem et aliquas signabantin ostiis et aliquas in fenestris, et dixerunt multociens publice per civitatem, quod ipsam in vituperium domini regis Anglie comburerent et distruerent ».

De nombreux Normands sont venus dans votre ville de Saintes, avec des épées nues, et à travers ladite ville, ils ont demandé, à qui était cette ville ? Les gens de la ville qui répondirent dirent qu'ils étaient seigneurs du roi d'Angleterre, et là-dessus ils secouaient la tête. Ensuite, ils ont demandé qui étaient les hommes les plus diviseurs de la ville, et les nations qui répondirent nommèrent ceux qui abondaient le plus dans les divisions, et fouillant leurs maisons et leurs manoirs, ils firent des signes dans leurs maisons et scellèrent certains aux portes et d'autres aux fenêtres, et dirent plusieurs fois publiquement dans toute la ville qu'ils brûleraient et détruisez-le en reproche au Seigneur Roi d'Angleterre. .

(10). Olim, II, 9, 13, 14.

(11). Olim, II, 21.

(12). W. de Hemingburgh, Chronicon, II, 45. -N. Triveti, Annales, 326.

(13). Rymer, I,2. 955.

(14). Lehugeur, Histoire de Philippe le Long, p. 242-244.

(15). Voir sur cette affaire le Mémoire de Bréquigny, sur les différends entre la France et l’Angleterre sous le règne de Charles le Bel, p. 641 et suiv.

(16). Pub. Rec. Off.,  Misc. Rolls (Chancery), Bund., .5, n° 15. Rapport à Edouard II sur les causes de la saisie du duché.

(17). Bréquigny, Mémoire, 668.

(18). Rymer, II, 1, 602.

(19). Rymer, II. 1, 602 et suiv.

(20). Rymer, II, 1. 607.

(21). Rymer. II, 1, 607. 608.

(22). Rymer, II, t, 609

(23). Rymer, II,2, 707.

(24). Longnon, .Atlas, Texte explicatif, 253. « Le fief aquitain du roi d'Angleterre ne se composa plus que de deux tronçons, dont le plus considérable, formé par la Saintonge, le Bordelais, le diocèse de Dax et le territoire de Bayonne, était séparé par le diocèse de Bazas et l'Amenais occidental des châtellenies de Penne et de Puymirol qui constituaient le moins important. »

(25). Page 24.

(26). IV, 165.

(27). Edit. de Genève, 1765, in-12, II, 119.

(28). Moreau. Principes de morale, XX, 161.

(29). Le traité est considéré comme impolitique par Bachelet, La Guerre de cent ans. 63 ; Beugnot, Essai sur les institutions de Saint Louis ; Callery, Histoire du pouvoir royal d’imposer, 52 ; P. Daniel, Histoire France ‘éd. 1713), II, 166 ; Hume, Histoire de France (éd.1685), II. 256 ; Michelet, Histoire de France. Parmi les historiens locuax citons : Marvaud, Etude historique sur l’Angoumois ; Dessalles, Histoire du Périgord ; Dom Vaissète, Histoire générale de Languedoc ; Samazeuil, Histoire de l’Agenais ; Massiou, Histoire de la Saintonge ; Catel, Histoire générale de Quercy.

Le traité est considéré comme un acte politique par : Boutaric, Saint Louis et Alphonse de Poitiers, 90 ; De Bury, Histoire de saint Louis, 168 ; Scholten, Geschicte Ludwig IX, des Heiligen, II, 57 ; Wallon, saint Louis et son temps, II, 317 ; Blaaw’s, Baron war, 72 ; Faure, Histoire de saint Louis, II.156; Biéchy, Saint Louis, 610; Stubbs, Early Plantagenêts, 232; Gaillard, Histoire de la rivalité, II, 195; Maurice-André, Examen de l'état, 182 Dareste, Histoire de France ; A. Longnon, Atlas, texte, 283 Sepet, Saint Louis.

Villeneuve-Trans, dans son Histoire de saint Louis, M. Bémont, dans son Simon de Montfort et M. Langlois, dans son livre intitulé Saint Louis, touchent la question sans donner leur opinion sur ce traité.

 (30). C'était le cas au sujet du service, que le roi d'Angleterre devait donner au roi de France pour le duché de Guyenne et qu'on devait déterminer par enquête, ce qui n'eut jamais lieu.

Pourtant nous avons une mention, qui nous montre que le roi de France n'avait pas oublié tout à fait cette clause du traité.

Une lettre d'Edouard 1er au sénéchal de Gascogne, du 21 juillet 1281, se rapporte évidemment à cette question : « Et si vos de servitio quod a nobis exigunt fuerint allocuti., respondeatis quod in pace inde inita nondum reperitur dicti servitii certitudo; sed nihilominus parati estis de gentibus nostris dicto domino regi (sc. Francie) succursum facere in suis agendis, cum fueritis requisiti. » Rymer.I, 2, 612.

(31). Pub. Rec. Off. Misc. Rolls (Chancery), Bund., 14, n° 24. Probablement du règne d'Edouard II.

(32). Bréquigny. Mémoire. 622.

(33). Pub. Rec. Off., Dipl. Doc. Box. 46, n° 1215.

(34) Cet enchanteur avait annoncé, disait-on, que lorsque la monnaie anglaise serait circulaire, le prince des Gallois serait couronné à Londres; or Edouard 1er venait de faire frapper une monnaie ronde,

(35). Cette petite reine, âgée de six ans et surnommée la Vierge de Norvège, était à la cour de son père quand la couronne d'Ecosse lui fut dévolue; mais elle mourut par suite des fatigues de la traversée. Sa mère, nommée aussi Marguerite, était fille d'Alexandre III et avait épousé Eric, roi de Norvège. Bien que les historiens écossais donnent à leur monarchie une existence fabuleuse, elle ne remonte qu'à Fergus II (410 ap. J.-C.), ou mieux encore, à Kemrelh Il Malcapin qui, en 833, réunit sur sa tête les deux couronnes des Pictes et des Scots.

 C'est cette antique race des rois d'Ecosse qui s'éteignit avec Alexandre III.

(36). Ses luttes avec l'Angleterre résument tout l'intérêt de son histoire au moyen âge ; car, seule, dans l'Europe occidentale, l'Ecosse resta plongée dans l'anarchie jusqu'au XVe siècle ; il suffira donc de lui assigner une place spéciale dans l'histoire moderne, en remontant jusqu'à l'avènement des Stuarts (1370).

(37). En 1281, la fête de saint Grégoire arrivait le lundi 17 novembre; la charte qui est du vendredi suivant est donc du 21 novembre.

 

 

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