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PHystorique- Les Portes du Temps
10 octobre 2021

Plan de la ville de Tours aux diverses époques de son histoire par Eugène Giraudet – 1356 Clouaison de Jean le Bon

Plan de la ville de Tours aux diverses époques de son histoire par Eugène Giraudet - 1356 Clouaison de Jean le Bon

Les principaux épisodes qui ont marqué les débuts de la guerre de Cent ans en Touraine sont bien attestés sinon toujours exactement rapportés, datés et commentés.

En 1346 le comte de Derby, Henri de Lancastre, venant de Bordeaux, s'était emparé de Poitiers.

En 1350 Loudun tomba à son tour.  Nul doute que les Tourangeaux aient vécu dans les alarmes, dépourvue de fortifications convenables, la ville fut désertée et l'on crut même devoir cacher les précieuses reliques de saint Gatien conservées dans la cathédrale.

En 1355, la guerre fut ouvertement déclarée entre la France et l’Angleterre. Edouard III fit une descente à Calais, et ravagea le pays jusqu'à Hesdin, tandis que le prince de Galles, son fils ainé, était passé en Guienne, et pillait le Languedoc.

Les bandes anglaises, déjà si incommodes, redoublèrent d’audace. Elles étaient maitresse de la plupart de nos places fortes, les campagnes étaient ravagées, et la ville de Tours était alors dans une position d'autant plus critique que l'ennemi était plus près de ses murailles.

Les habitants de Tours, craignant pour leur ville, dont la situation avantageuse, au milieu de la France et sur la Loire, qui partage le royaume, pouvait inspirer aux Anglais l'envie de s'en rendre maîtres, afin d'avoir une communication plus libre de la Guienne à la Normandie, où ils conservaient des intelligences, demandèrent au roi Jean, qui avait, en 1350, succédé à Philippe de Valois son père, la permission de fortifier leur ville, et de la joindre à celle de Châteauneuf, qui alors n'en était plus séparée que de quelques centaines de pas.

Plan de la ville de Tours aux diverses époques de son histoire par Eugène Giraudet - 1356 Clouaison de Jean le Bon zoom

Leur demande leur ayant été accordée, ils firent faire entre les deux villes des lignes de communication, qu'ils fortifièrent de palissades et de fossés; mais ces fortifications ne suffisant pas encore, ils obtinrent du roi Jean des lettres patentes par lesquelles il leur était permis de renfermer de murs cet espace de terrain, et de faire généralement tout ce qui serait nécessaire pour la sûreté et la défense de leur ville.

Comme tous ces travaux étaient mis à la charge des habitants, le roi voulut néanmoins y contribuer en quelque chose, et il leur fit don de la coupe de dix arpens de bois de futaie à prendre dans la forêt de Teillay, aujourd'hui forêt de Chinon, dont la moitié appartenait à l'archevêché de Tours.

Par ces lettres patentes, qui sont datées de Beauvais, le 30 mars 1354 (1), il était ordonné d'élire tous les ans six bourgeois des plus notables de la ville, ou même un plus grand nombre, si on le jugeait à propos, pour avoir la direction de tous ces ouvrages.

Ces élus avaient le pouvoir d'imposer et de lever sur les propriétaires des maisons de la ville, et même sur les paroisses voisines, toutes les sommes qui seraient nécessaires pour la perfection de ces travaux.

Les habitants eurent encore la faculté de s'assembler en corps dans les cas de nécessité, en appelant à leurs assemblées les principaux officiers du bailliage, auxquels il fut enjoint de donner main-forte à l'exécution des ordonnances des élus.

Tel est le principe du gouvernement communal des villes de Tours et de Châteauneuf, qui dès ce moment ne firent plus qu'une seule et même ville, et qui se maintint jusqu'au régime municipal institué par Louis XI, ainsi que nous le verrons en son lieu.

Le roi Jean envoya dans toutes les provinces menacées par les Anglais des gouverneurs particuliers chargés de veiller à leur défense.

Jean Clermont, dit de Nesle (2), maréchal de France, vint en Touraine pour prendre en main le commandement des troupes et s’occuper du salut de la province.

Il visita les villes et 1es places de son gouvernement, et étant arrivé à Tours au mois de mai 1356, accompagné de la principale noblesse de la province, il ordonna de nouveaux ouvrages pour mettre la ville en sûreté contre les-insultes du prince de Galles.

Après tant de traverses, parvenus enfin au but si longtemps désiré, les habitants de Châteauneuf s'unirent à ceux de Tours avec autant de zèle que de désintéressement pour faire de leur ville un rempart contre les progrès que l'ennemi aurait pu tenter dans l'intérieur de la France.

Aussi, grâce à cet heureux accord, les travaux ne furent ni longs ni dispendieux. Tous les citoyens, sans exception, furent divisés en différentes classes, à chacune desquelles on imposait pour tâche un certain nombre de toises de fortifications ou de fossés, et tous à l'envi y travaillaient sans aucune espèce de salaire.

Les corps de métiers, divisés en sept compagnies, étaient seuls préposés à la garde de la ville.

Chaque compagnie avait son jour marqué dans la semaine, sous le commandement de seize bourgeois placés comme officiers à la tête de cette milice, qui ne manquait ni de zèle ni de patriotisme.

Le défaut d'argent ralentissait seul l'achèvement de ces fortifications.

 

 

 Voies romaines via Romana Cœsarodunum (Tours)<==

==> Prieuré de Notre-Dame de Bois-Rahier ou Grandmont-lez-Tours, domaine des Plantagênet.

 

 


 

(1) L'enceinte médiévale de Tours, aussi appelée clouaison de Jean le Bon

 Les historiens tourangeaux s'obstinent à écrire : 1354 ; la bonne lecture est : 1356 (Luce, op. cit. p. IV, note e ; A. Giry, Les établissements de Rouen, dans Bibliothèque de l'Ecole des Hautes Etudes, 55e fasc., 1883, p. 211, et B. CHEVALIER, op. cit. p. 59, note 67. Dès lors les villes de Tours et de Châteauneuf, renfermées dans la même enceinte, ne firent plus qu’une seule et même ville, une seule et même commune.

 

(2) Jean de Clermont, seigneur de Chantilly et de Beaumont

Il servit sous le Comte d'Eu aux frontières de Flandre et de Hainaut en 1340.

Le 3 novembre 1346, Philippe VI lui fit présent de la terre de Boomont/Bosmont et le duc de Normandie lui donna, en avril 1347, la terre de Chantilly (la sœur de Jean, Jeanne de Clermont, avait marié Guillaume IV Le Bouteiller de Senlis, seigneur de Chantilly).

Il fut fait maréchal de France en novembre 1352 après la mort de Rogues de Hangest.

En 1354, il fut envoyé sur les frontières de Picardie et de Flandre pour la paix qui se discutait avec les Anglais

Il suivit le duc de Normandie à Avignon et en Languedoc.

En récompense de ses services, le roi lui donna le bâton de maréchal en remplacement de Guy II de Clermont-Nesle, fils de Jean et petit-fils du maréchal Guy Ier, qui serait son cousin germain.  

En 1352, il fut envoyé en Flandre pour négocier la paix avec les Anglais.

La paix fut signée, ce qui lui valut d'être nommé lieutenant du roi en Poitou, Saintonge, Angoumois, Périgord, Limousin et une partie de l'Auvergne par lettres du 1er janvier 1355.

 

A la bataille de Poitiers le 19 septembre 1356, il se trouva exposé au feu des Anglais, à la sortie d'un défilé. Son cheval s'étant abattu sous lui, il ne put se relever et perdit la vie.

Il avait épousé Marguerite, dame de Mortagne et vicomtesse d'Aulnay.

 

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