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PHystorique- Les Portes du Temps
25 mai 2021

Abbaye Notre-Dame de Cunault des moines de Saint Philibert de Déas - Le droit de sépulture. Charte de l'an 1075

Abbaye Notre-Dame de Cunault des moines de Saint Philibert de Déas - Le droit de sépulture

Au IXe siècle, les moines sont chassés par l'invasion des Vikings.  Réfugié à Tournus en Bourgogne, le prieuré va devenir une dépendance de l'abbaye de Tournus.

La fondation du prieuré abbaye Notre-Dame de Cunault (Canaldus) est attribuée à Dagobert par un diplôme apocryphe, et on ne possède sur ce monastère aucun renseignement certain antérieur au IXe siècle :

En 845, au mois de décembre, l’abbé d’Herio Hilbod  apprenant que Charles le Chauve est à Saint-Martin- de-Tours, il s’y précipite.

 Deux mois auparavant, le 19 octobre, Charles le Chauve avait octroyé au comte Vivien, abbé de saint Martin, un petit monastère situé au bord de la Loire (« quod vocatur Conaldus ») (11); c’était Cunault où reposait le corps de l’apôtre de la région, saint Maxenceul ou Maxentiol.

 Cédant sans doute à la prière de l’abbé Hilbod, le comte Vivien lui transfère le 27 décembre Cunault, et Charles le Chauve confirme le jour même ce transfert.

 Sans perdre de temps, le 6 janvier 846, le frère du comte Vivien, sur ordre du roi, se transporte à Cunault pour mettre trois moines de la communauté en possession du domaine (12).

Bientôt presque tous les moines vont s’y regrouper ; quelques-uns seulement resteront à Déas pour veiller sur saint Philibert.

 Les noirs pressentiments d'Hilbod ne tardent pas à se réaliser. En juillet 846, les Normands brûlent le monastère de Noirmoutier ; puis, les 29 et 30 mars 847, c’est le tour de Déas ; l’église est dévastée, mais l’existence du sarcophage et de son précieux contenu n’est même pas soupçonnée.

Hilbod pense alors s’installer définitivement à Cunault et sollicite quelques domaines, c’est-à-dire des revenus.

En février 847, Charles le Chauve lui concède divers territoires en Anjou (13).

Mais bientôt, en 853, les Normands remontent plus avant la Loire, brûlent au passage le monastère de Glonne (près de Saint-Florent-le-Viel), fondé par saint Florent, apôtre des Mauges, dont les reliques ont déjà été mises à l’abri.

 

N’oublions pas que Hilbod était également abbé de Glonne.

En novembre 853, les Normands sont à Tours, dévastent la ville, la basilique de saint Martin, dont les reliques sont également à l’abri et vont commencer une pérégrination indépendante.

Bien que Cunault n’ait pas souffert du passage des Normands, Hilbod va une fois de plus supplier Charles le Chauve  qui se trouve à Orléans, d'accorder à ses moines un refuge plus sur plus éloigné de la Loire.

En janvier 854, il obtient un don de plusieurs villages, églises, chapelles et dîmes en Poitou, parmi lesquels le village de Messay près de Moncontour en Poitou (14).

L'abbé Hilbod meurt l'année suivante en 856 sans avoir pris possession de ses nouveaux domaines poitevins.

 

Pendant ce temps, le sarcophage contenant les restes de Philibert est toujours à Déas sous la garde de quelques moines.

Le nouvel abbé Axenne, profitant d’un calme relatif chez les Normands, maintenus par Robert le Fort dans la Basse-Loire, envoie secrètement deux moines à Déas chercher les ossements de Philibert, mais le sarcophage reste à Déas.

Nous ne connaissons rien ni des circonstances du voyage, ni de l’itinéraire. Il est probable, comme cela se voit sur des miniatures, que les ossements furent placés dans une besace de toile, accrochée à un bâton, portée par les deux moines.

 A Cunault, il est probable que les ossements furent mis dans une chasse provisoire.

En 860, Ermentaire devient abbé. Il s’efforce de faire reconnaître les droits de la communauté en Poitou, et notamment dans le village de Messay. Enfin, la translation solennelle des reliques peut être réalisée en 862.

On venait en pèlerinage à Cunault ; on vient aussi à Messay. Les miracles se multiplient et les dons affluent. Ainsi, en 870, le nouvel abbé Geilon reçoit d'un certain Didier le domaine du Goudet en Velay dans la haute vallée de la Loire, à condition d’y construire un monastère suivant la règle bénédictine (15).

 Charles le Chauve confirme la donation. Une petite carte qui figure dans un magnifique ouvrage sur Tournus dû à un savant archiviste pourrait laisser croire que la pérégrination des reliques aurait fait un détour par le Goudet (16). Or il n’en est rien et les textes sont formels.

Le 30 octobre 871, Charles le Chauve fait un nouveau don à la communauté, à savoir l’abbaye de Saint-Pourçain (17), ainsi nommée en souvenir d’un iode ses abbés, Porcianus, un ancien porcher, qui en 532 avait miraculeusement sauvé l’Auvergne des ravages de Thierri, fils de Clovis.

 

Le 1 er mai, au matin, les moines quittent Cunault en chantant, avec les reliques.

La première nuit se passe dans le village des Forges, propriété de la communauté, près de Doué-la-Fontaine ; la deuxième nuit à Taizé, qui fait partie de la donation d’Ansoald à Philibert. Enfin, le troisième jour, un dimanche, la grand’messe est chantée à Messay. Mais ce lieu est aride, plutôt pauvre, et les moines ont quelques difficultés avec les habitants.

 L'année suivante, en 863, l’abbé Ermentaire, qui a accompagné les reliques depuis Noirmoutier, meurt, et la communauté songe encore à un autre refuge.

Immédiatement la communauté décide de s’y transporter ; mais hélas nous n’avons plus le récit minutieux d'Ermentaire ; nous devons nous contenter de la Chronique de Tournus écrite par le moine Falcon au XI° siècle.

On sait que les reliques et les autres biens de la communauté ont été chargés sur des chariots. Des moines avaient été envoyés en avance pour choisir les lieux d'arrêt, où des tentes étaient dressées et où les populations traversées apportaient les provisions nécessaires. A chaque arrêt et sur tout le parcours des miracles se produisaient. .

C’est en cet équipage qu’ont été franchies les 45 grandes lieues (dit la Chronique) entre Messais et Saint-Pourçain (environ 240 km en lieues de Bourgogne). Mais on ignore l’itinéraire ; une tradition veut que le cortège soit passé par Loudun et Crozant sur la Creuse. Saint-Pourçain n'allait pas être la dernière étape de la pérégrination.

En effet, l'abbé Geilon, maintenant rassuré du côté des Normands, en profite pour visiter les domaines de la communauté, et un jour allant voir la villa de Vénières à 3 kilomètres de Tournus — qui figure dans la donation d'Ansoald à son ami Philibert —, l'abbé découvre, au bord des eaux poissonneuses de la Saône et dans un magnifique cirque de forêts giboyeuses, la petite abbaye de saint Valérien.

Ce lieu lui paraît l'idéal pour un refuge définitif. Après entente avec les quelques moines de ce petit monastère, l'abbé Geilon va encore une fois trouver Charles le Chauve à Saint-Denis et obtient le 19 mars 875 une charte (18), faisant don à la communauté de Noirmoutier du château de Trénosque, de la cité avec tous ses habitants de l’un et l’autre sexe, ainsi que de tous les biens, vignes et revenus qui en dépendent. Comme ce monastère doit devenir le siège principal de la communauté — dit la charte — confirmation est faite de toutes les donations antérieures et tous les privilèges sont reconnus.

L’année suivante, le pape Calixte II confirme à son tour l’ensemble. Moins de deux mois après l’octroi de la charte de Charles le Chauve, le 14 mai 875, les reliques de saint Philibert entrent en grande pompe dans l’antique abbaye de saint Valérien.

Des diverses translations des restes de saint Filibert, ils séjournèrent 4 ans à Cunaud (de 858 à 862)

Ainsi prend fin une pérégrination qui aura duré trente-neuf ans.

E. PEPIN  Centre international d'études romanes

 

 

 

 

 

 

 

 

Le droit de sépulture. Charte de l'an 1075. Paul Marchegay Bibliothèque de l'École des chartes Année 1854 15 pp. 528-531

 

 

Les constitutions des saints Pères et le jugement des synodes défendaient au prêtre de chaque paroisse de s'arroger aucun droit sur les habitants des paroisses voisines (19) ; mais cette prescription était souvent enfreinte, et il en résultait , non-seulement des procès , mais encore de violents conflits (20).

En Anjou notamment, de nombreuses contestations ont éclaté, du onzième au treizième siècle, entre divers monastères, au sujet du droit de sépulture (21).

La charte-notice qui suit nous en donne un exemple des plus curieux, en constatant que les paroissiens de Trêves ne doivent pas être ensevelis à Cunault.

 Les faits racontés dans ce document remontent environ à l'année 1075.

Situées sur la rive gauche de la Loire, au-dessous de Saumur, les deux paroisses qui se disputent le cadavre sont bien connues des touristes et des archéologues : la première, Trêves , par la majestueuse tour qu'y a élevée Robert Le Maçon, chancelier de France, par l'église très-délabrée dans laquelle existe encore le tombeau du chancelier, et par les ruines d'un autre petit prieuré, celui de Saint-Macé ou du Bon- Larron, qui dépendait, comme le précédent, du monastère de Saint- Aubin d'Angers; la seconde, Cunault, par la plus complète, la plus belle et la mieux conservée des églises romanes de l'Anjou, édifice construit par les moines de Saint-Philibert de Tournus (22), en mémoire de l'hospitalité qu'ils avaient reçue dans cette province, sous le règne de Charles le Chauve, lorsque, chassée de l'île de Noirmoutier par les Normands, leur communauté fit, au travers de la France, la longue retraite qui la conduisit jusqu'aux bords de la Saône.

La charte-notice, rédigée dans l'abbaye de Saint-Aubin d'Angers, raconte les faits de la manière la plus simple.

 Le cadavre d'un de ses paroissiens de Trêves a été volé et enterré par les moines de Cunault. Un jugement solennel, dans lequel on voit notamment figurer deux évoques, condamne les coupables à rembourser le prix de l'inhumation, à payer l'amende, et en outre à exhumer le cadavre pour le rapporter dans la maison d'où il a été enlevé par force.

Cette dernière prescription, la plus dure de toutes, est épargnée au prieur et aux religieux de Cunault, grâce à l'insistance du comte d'Anjou.

Notre document présente un intérêt tout particulier, par le soin avec lequel le rédacteur complète le récit des faits par le discours qu'a prononcé l'abbé Otbranne, lorsqu'il fit grâce de l'exhumation aux moines de Cunault, dans la salle capitulaire de son abbaye, en présence de tous ses religieux et d'un grand nombre de clercs et de laïques de toute condition.

Cette pièce nous a été conservée dans l'un des plus anciens et des plus précieux manuscrits que la ville d'Angers a acquis pour sa bibliothèque lors de la vente du cabinet Grille, c'est-à-dire le Cartulaire de Saint- Aubin. Elle y est copiée sous le n° 3 dans le chapitre XVIII, aux folios 70 et 71.

P. Marchegay.

 

 

CARTA DE EO QUOD MORTUUS DE OBAEDIENTIA TREVUS NON DEBEAT SEPELIRI APUD CUNALDUM.

Tempore quo Fulcho junior (23) Andecavensibus populis imperabat, defunctus est quidam Clementiniacensis (24) eecclesiae naturalis parrochianus , cui nomen fuerat Isenbardus.

Hunc defunctum monachi de Gunaldo, supra calumpniam Frotgerii monachi Sancti Albini , tunc de Clementiniaco obaedientiarii , per violentiam rapuerunt portantesque in cimiterio suo sepelierunt.

De qua rapina vel violentia clamorem fecit abbas Otbrannus (25) Sancti Albini apud Brunonem (26), summum Andecavensis œcclesise sacerdotem. Qui, audita utrorumque narratione, judicavit quia penitus tortum habebant monachi de Cunaldo omnesque qui simul cum eo erant, id est Gaufridus Sanctonicus, Rotbertus decanus (27) et Gausfridus cantor (28), Gaufridus Martinus, Lambertus Episcopus, Hugo de Meduana , Girardus prepositus Andecavensis.

Omnes isti et adhuc plures, quorum nomina propter tedium non seripsimus, judicaverunt, sieut episcopus, debere monachos de Cunaldo defunctum Sancti Albini de cimiterio suo abstrahere atque in domům unde portaverant, emendando legem suam, reportare sepulturamque reddere. Idemque hoc judicavit Quiriacus episcopus Nannetensis (29).

Videntes monachi de Cunaldo totam juditii molem super se corruisse , eunctos undique tortum eorum conclamare , ceperunt jam querere qualiter cum abbate Otbranno et monachis Sancti Albini concordarent, quidudum quesierant qualiter, sieut supradictum est, discordarent.

Sed quia hoc per se solos impetrare desperarunt, tales per quos impetrare possent quesierunt : scilicet episcopum et Fulconem comitem. Qui comes multum humiliter abbatem Sancti Albini deprecatus est, promissis etiam magnis retributionibus, ut, propter amorem sui, quam sibi et monachis Sancti Albini fecerant , eis perdonaret injuriam. Cumque isdem comes in petendo requiescere nullatenus videretur, die quadam jussit abbas Otbrannus ut cum eo fratres capitulum intrarent.

Mox ut intraverunt , intravit prior de Cunaldo, Wiscardus nomine, cum duobus monachis, Hildeberto scilicet et Rainaldo. Intravit etiam prepositus Girardus Andecavensis cum aliquantis de suis ; sed et de familia Sancti Albini quam plurimi .

 

 

 

 

 

==> Prosper Mérimée charge Charles Joly-Leterme de la restauration de l'Église prieurale Notre-Dame de Cunault

 

 Saint-Philbert-de-Grand-Lieu : D’ Herdabilla à la naissance du monastère de Déas. <==.... ....==> L’Histoire millénaire de l’Abbaye Saint Philibert de Tournus

 

 

 

 


 

Château de Trêves de Robert le Maçon, chancelier du Dauphin Charles, protecteur et compagnon d'armes de Jeanne d'Arc.

La Tour de Trèves est l'unique vestige de l'ancien château de Robert le Maçon dont la construction s'acheva vers 1435. La tour communiquait avec le reste du château grâce à un pont-levis. Le donjon de Trêves est la seule partie intacte du château, dont Robert Le Maçon Il se compose d'une tour cylindrique à talus, flanquée, vers l'intérieur de l'enceinte, d'un massif polygonal.

 

La première église de Déas, qui remontait à 814 était, d’après le récit d’Ermentaire (op. cit., 33), de plan cruciforme. Cf. Pierre Lebouteux, l’église de Saint-Philibert-de-Grand-Lieu, Bul. archéo. du Comité des Travaux historiques, 1966-1967, 49-107.

(11) Hist. Franc., t. VIH, 480 ; Juénin, op. cit., 82.

 (12) Arch. Maine-et-Loire, G. 826 ; Chifflet, op. cit. 201-203.

(13) Parmi ces domaines, il y a Forges, où la pérégrination s’arrêtera en 862.

 (14) Hist. Franc., t. VIII, 528.

 (15) Hist. Franc., t. VIII, 631.

 (16) R. Oursel, Tournus, Zodiaque, 1971.

(17) Hist. Franc., t. VIII, 630.

(18) Hist. Franc., t. VIII ; 647.

 

19. Cum a sanctis patribus sit constitutum, et sinodali judicio prohibitum, ne sacerdos recipiat parrochianos alterius ecclesie , contigit ut Johannes sacerdos S. Nicholai (Andegav.) S. Marie Caritatis parrochianos reciperet, et bénéficia eorum, videlicet baptisteria, confessiones, sepulturas; unde multociens misimus eum ad rationem... Cartulaire du Ronceray d'Angers, rôle 1, charte 81. (Biblioth. de la ville d'Angers.)

20. Moniales vero (S. Marie Caritatis), cum hominibus suis et magna vi, ad ecclesiam B. Nicholai venientes, manu violenta abbatiam invaserunt, muros et portas confringere non verentes; corpus tamen non abstulerunt. Charte origin, de l'abbaye de Saint-Nicolas. (Archives de Maine-et-Loire.)

21. Voy. Revue de l'Anjou, vol. I, p. 177. Un enterrement au douzième siècle,

 

22. Diocèse de Mâcon. Voir l’Historia Trenorchiensis du P. Chifflet.

23. Foulques Réchin. Il ne devint maître de l'Anjou qu'après avoir dépouillé et jeté en prison son frère aîné, Geoffroi le Barbu, en l'année 1068. Il mourut en 1109. Toy. les Chroniques de Saint-Aubin d'Angers.

24. Le nom de Trevix, ou Trevse, donné par Foulques Nerra à une tour construite pendant la guerre contre Geiduin de Saumur, au commencement du dixième siècle, a fini par l'emporter sur celui de Clementiniacus, usité dans les diplômes carlovingiens.

 

25. Elu le 21 mars 1061, mort le 22 mars 1081;

26. Eusèbe Brunon, évêque de 1047 à 1081.

27. Nommé dans une charte du Cartul. de Saint-Aubin, chap. 6, charte 22, eu l'année 1074.

28. Pendant les dernières années d'Eusèbe Brunon et les premières de son successeur Geoffroi.

29. De 1063 à 1076 ou 1078.

 

 

 

 

 

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