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PHystorique- Les Portes du Temps
28 mars 2022

Prosper Mérimée charge Charles Joly-Leterme de la restauration de l'Église prieurale Notre-Dame de Cunault

Prosper Mérimée charge Charles Joly-Leterme de la restauration de l'Église prieurale Notre-Dame de Cunault

Le 29 septembre 1837 la Commission des Monuments historiques était instituée par Montalivet et Mérimée en était le secrétaire (1).

 Il y a donc deux ans que Mérimée a visité le Poitou pour la première fois, assez à la hâte d'ailleurs. Pendant ces deux années il semble que l'affaire de Saint-Savin a été un peu négligée ; aussi la tournée d'inspection de 1838 conduira de nouveau Mérimée à Poitiers.

Il part peu après le 15 juin, passe par Orléans, Blois et Tours pour arriver à Saumur où il fait la connaissance d'un jeune architecte, M. Joly-Leterme (2), « homme très zélé et très instruit » occupé à réparer avec amour la voûte de l'église de Cunault, où Mérimée se rend en sa compagnie, ainsi qu'à Doué.

Puis « sur la foi des lamentations de M. de Caumont » il inspecte le château de Thouars, arrive à Poitiers, et se rend à Saint-Savin et à Montmorillon.

De retour à Poitiers, il gagne Saintes et visite la tour de Pirelongue.

Voici le rapport qu'il adresse à Valout :

Bordeaux, 19 juillet 1838.

MONSIEUR,

Depuis ma dernière lettre j'ai visité l'église de Cunault dont le préfet de Maine-et-Loire sollicite vivement la réparation. Elle mérite tout à fait l'intérêt du gouvernement, et sa restauration ne parait pas devoir être très dispendieuse.

Il y a à Saumur un architecte M. Joly, homme très zélé et très instruit qui a fait merveille avec le peu de fonds qu'on lui a donné jusqu'à présent. Il s'occupe des travaux avec amour et ne prend rien pour ses honoraires.

 Ne pensez- vous pas Monsieur qu'il y aurait lieu de le nommer correspondant du Ministère ? J'aurai bientôt à vous faire une autre proposition qui le concerne.

L'église de St. Savin (Vienne) que j'avais vue. encore assez bien portante en 1835 est maintenant fort malade. L'hiver dernier a détruit un tiers des fresques, car ia toiture est si mauvaise qu'il fallait entendre la messe sous un parapluie.

Les architectes de Poitiers "disent qu'avec les mille francs que nous leur avons donnés, il est impossible de rien faire. Le Préfet demande qu'on lui donne les 2.000 frs. qu'il a laissé périmer, et il n'espère pas grand'chose de son Conseil général. Si vous aviez encore 2.000 frs ils seraient très bien placés à St. Savin, mais je sais où en est notre pauvre caisse. Ne pourrait-on pas accorder 3 ou 4.000 f sur 1839 qui seraient employés cette année.

Le cas est urgent, car si l'hiver est pluvieux tout ce qui reste de peintures est perdu. Je me défie des architectes de la Vienne, et j'ai grande confiance en Mr Joly de Saumur. Je désirerais bien qu'il fût chargé des réparations de St. Savin. Il n'est pas impossible de trouver 500 frs cette année avec lesquels on pourrait lui payer son voyage à St. Savin et un devis des travaux qu'il y aurait à faire (il y a 25 kl. de Poitiers à Saumur).

Mr Joly a réparé la voûte de Cunault sans échaffauder. Il pourrait j'espère faire de même à St. Savin, ce qui ferait une économie de 4 ou 5.000 fr. Au pis aller nous aurions un bon devis à présenter dans le tableau des monumens à réparer au moyen d'un crédit spécial.

J'aurais dû, pour suivre un ordre chronologique, vous parler du château de Thouars que je suis allé voir sur la foi des lamentations de Mr de Caumont (3). Il disait qu'on allait l'abattre pour faire une grande route. Voici la vérité. D'abord le château est une grande vilaine barraque du XVIe siècle, qui sert aujourd'hui de caserne.

A côté est une chapelle dont le portail est orné de jolies voussures du XVIe. Devant le château est une grande terrasse sous laquelle se trouve l'orangerie. Deux escaliers en avance sur la terrasse conduisent au jardin c. à. d. à ce qui fut un jardin. C'est un de ces escaliers qu'on sacrifie. C'est dommage mais cela n'a rien de bien remarquable. C'est Versailles fort en petit, plus une vue qu'on ne détruira pas et qui est telle que le dépt de Seine-et-Oise n'en produit pas. Comme j'ai eu les côtes défoncées en passant par la fondrière qu'on appelle la route actuelle, j'ai vu très philosophiquement les travaux commencés pour son amélioration. La route actuelle passe au pied du château lequel est juché sur une masse de rochers à pic de ce côté et de celui de l'orangerie. Vous voyez qu'il n'y a de sacrifié que la portion de terrasse D. [croquis]. Ce n'était pas la peine de jeter les hauts cris.

J'ai vu à Saintes une fort belle église transformée en écurie pour la cavalerie. Il faut se couvrir de cendres mais ce que tient le génie-militaire il ne le lâche jamais.

Aux environs de Saintes est une tour très curieuse qu'on dit Romaine et que j'ai débaptisée. Je la crois l'oeuvre des Wisigoths. C'est une antiquité déjà respectable et il serait bien, à désirer que le gouvt l'achetât. Mais c'est une affaire qui ne presse point et je vous en rendrai compte à mon retour.

Auriez vous la bonté de m'écrire à Auch pour quelle époque il faudra remettre au Ministre le travail relatif aux monumens à réparer sur des crédits spéciaux. D'après cela j'arrangerai mon voyage.

Nous jouissons ici de 25 degrés Réaumur et d'une poussière atroce. Je me suis refoulé le poignet en grimpant à ma tour Wisigothe, à cela près fort bien portant.

Veuillez agréer, Monsieur, la nouvelle expression de tous mes sentiments dévoués (4).

Pr MÉRIMÉE.

 

 

 

LETTRES DE MÉRIMÉE IX A JOLY-LETERME

MINISTÈRE DES TRAVAUX PUBLICS.

Paris, le [24 février] 18[40].

MONSIEUR,

La commission des monumens historiques aurait l'intention de demander cette année une somme assez ronde pour l'église de Cunault, mais elle aurait besoin avant tout de quelques renseignemens et me charge de vous les demander.

Où en est aujourd'hui l'affaire de la cession du choeur de l'église (5) ? Est-ce un fait accompli ? Croyez-vous que le propriétaire de ce choeur se déciderait à le céder si le gouvernement prenait à sa charge les réparations de Cunault ?

A quelle somme s'élèveraient les réparations indispensables ? Enfin quelle est la situation actuelle du monument ?

Vous m'obligeriez beaucoup, Monsieur, en me donnant une prompte réponse à toutes ces questions, car il serait fort important de savoir quelle est la somme nécessaire, au moment où se fait la répartition du crédit des monumens historiques.

Veuillez agréer, Monsieur, la nouvelle expression de tous mes sentimens les plus distingués.

Pr MÉRIMÉE.

rue des beaux-arts 10.

 

 

24 février 1840.

 

 

Monsieur Joly, architecte

A JOLY-LETERME

Tours, 6 juillet 1840.

MONSIEUR,

Mon départ pour la Touraine a été retardé par tant de petites contrariétés inattendues que je n'ai pu vous écrire plutôt (6). Je pense que par ce mauvais temps vous n'êtes point en course. Je compte partir pour Saumur après demain par le bateau à vapeur. Si vous n'étiez pas à Saumur auriezvous la bonté de m'indiquer l'époque de votre retour par un mot chez Mr le S. Préfet. Si vous être libre nous pourrons aller ensemble à Cunault.

Si vous être occupé je tâcherai de vous attendre pour faire ce petit voyage avec vous.

Veuillez agréer, Monsieur, l'expression de tous mes sentimens dévoués.

Pr MÉRIMÉE. Tours, 6 juillet 1840.

 

 

 

A JOLY-LETERME

Poitiers, 16 juillet [1840].

MON CHER MONSIEUR,

Vous avez déjà reçu sans doute l'avis officiel de votre nomination comme correspondant du Mère de l'Intérieur. Vitet m'écrit qu'il l'a l'ait expédier et m'annonce en même temps qu'une somme de 200 f. est mise à la disposition du S. Préfet pour exécuter sous votre direction les fouilles dont vous m'avez parlé (7).

Donnez-nous beaucoup de détails sur les trouvailles que vous ferez et mettez-les dans le Musée de Saumur avec une inscription explicative, ce que faisant vous aurez bien mérité de l'archéologie.

J'ai le coeur brisé du vandalisme de MM. les Poitevins. Ils ont fait mille horreurs à St Savin (8). On leur dit de boucher des crevasses à une voûte couverte de peintures précieuses. Le sens commun conseillait de verser du ciment ou du plâtre par le point B et de l'arrêter au point A. Qu'ont fait mes massacres ? Ils ont élargi l'ouverture A et ont étendu leur ciment avec la truelle, d'où résultent des emplâtres, d'au moins 0 m. 40 de large.

Ce crime est l'oeuvre du dernier architecte démissionnaire (9). Son successeur (10) ne m'inspire aucune confiance. Il a le malheur d'être horriblement bête, et très ignorant. Je viens de passer deux jours en tête à tête avec lui et je vous jure que ce n'est pas un petit supplice. Le devis qu'il avait fait était absurde, et lorsque nous avons vu ensemble l'état du monument je lui ai montré quantité de réparations importantes dont il n'avait pas soupçonné la nécessité ; entre autres il y a une colonne dans l'état où se trouvait le pilier de Cunault que. vous avez si heureusement repris en sous-oeuvre. Le Préfet est absent et je suis obligé de l'attendre. J'ai écrit à Paris à Vitet (11) qui est le président de la commission des Monumens et qui fait nos affaires pendant les vacances. Il m'a répondu qu'il aimerait beaucoup que vous fussiez chargé de cette opération ; car si l'architecte de Poitiers se trompe nous aurons donné de l'argent pour détruire. Je ne sais pas encore ce qui aura été décidé, et rien d'ailleurs ne peut se faire avant que le Préfet de la Vienne n'ait été consulté. Je n'ai pas voulu attendre plus longtemps pour vous écrire, Je me propose de dire au Préfet tout ce que j'ai vu et tout ce que je crains, il s'arrangera ensuite comme il voudra avec le Ministère.

Adieu Monsieur, veuillez me rappeler au souvenir de Mr. Galzin (12) et recevoir la nouvelle assurance de tous mes sentimens dévoués.

Pr MÉRIMÉE.

 

 

P. S. — Je vous recommande bien de presser l'affaire de Cunault autant que cela dépendra de vous. Vitet m'a promis de ne pas la laisser languir dans les bureaux du Ministère.

Si vous aviez quelque chose à me mander, veuillez m'adresser vos lettres à Niort, Poste restante.

 

 

 

Construction romane, achevée dans le style Plantagenet, l'église de Cunault a été restaurée sous le second Empire par Joly-Leterme, architecte habile, qui connaissait bien les monuments de l'art angevin.

La nef et le chœur sont d'admirable proportion. Toutes les sculptures qui ornent les chapiteaux (il y en a plus de deux cents), les retombées et les clefs des voûtes sont peintes.

Aux murailles subsistent quelques restes très intéressants de fresques du XIVe ou du XVe siècle, notamment un saint Christophe et, aux pieds d'un Christ, encadré d'une mandorla, le visage d'un homme qui prie, portrait d'une extraordinaire souplesse d'exécution.

Dans une des chapelles latérales est exposé un superbe reliquaire de bois sculpté du XIIIe siècle.

Cet édifice, un des chefs-d'oeuvre de l'architecture romane, a été savamment restauré, mais médiocrement entretenu. Sa toiture, endommagée par le vent, exige des réparations.

Et voici le plus grave chaque fois qu'il pleut, l'église se transforme en une citerne. Située en contrebas au pied d'un coteau assez abrupt, elle se remplit, quand les eaux d'orage ruissellent vers la Loire, et il devient impossible de vider cet immense réservoir. L'inconvénient ne date point d'hier.

On raconte que, le 4 juillet 1783, durant un orage, l'eau monta dans l'église, en quelques minutes, jusqu'à une hauteur de dix pieds la sœur du curé y fut noyée et le sacristain resta cinq heures plongé dans l'eau jusqu'au cou. A la longue, ces inondations finissent par miner la construction, et l'on voit aux murailles des traces inquiétantes de moisissure. On écarterait le péril en creusant à quelque distance de l'église un petit aqueduc pour recevoir les eaux de pluie et les conduire à la Loire.

 L'État s'est offert à entreprendre les travaux indispensables; mais il a exigé que la commune accordât une légère subvention. La commune a refusé. La pluie a continué d'entrer dans l'église par les toits et par les portes.

C'est alors qu'est intervenue la Société des monuments de la Loire. « Nous sommes prêts, dit-elle aux gens de Cunault, à payer à votre place la somme exigée pour que l'on commence les travaux. Seulement, vous allez nous abandonner tous vos droits en ce qui touche l'entretien de l'église. »

Cette proposition stupéfia les gens de Cunault ils crurent d'abord soit à une mystification, soit à une manigance électorale. On les rassura. Mais ils se firent péniblement ,à cette idée que des personnes, étrangères à la commune, pussent, sans quelque motif mystérieux, s'intéresser au sort de leur église. Ils finiront cependant par accepter.

Et voilà déjà le second succès remporté par la nouvelle Société. Ce ne sera point le dernier, nous en sommes certains (13).

25 juillet 1901.

 

 

 

 

 

La fondation du prieuré Notre-Dame de Cunault (Canal-dus) est attribuée à Dagobert par un diplôme apocryphe, et on ne possède sur ce monastère aucun renseignement certain antérieur au IXe siècle : en janvier 846 (n. st.), l'abbé de Saint-Philbert-de-Grandlieu, Hilbode, établit des religieux en cet endroit.

Les reliques de saint Philbert, qui avaient été déposées à Cunault en 857. durent être emportées en 862, par crainte des invasions normandes.

Le prieuré, dont la prospérité pendant le moyen âge est attestée par les vastes proportions et la richesse de son église, fut supprimé en 1741 et réuni au séminaire Saint-Charles d'Angers.

 

En 1749, l'évêque d'Angers obtint l'autorisation de supprimer une grande partie de l'église de Cunault par l'élévation d'un mur qui diminuerait l'église de moitié.

L'arrêt suivant du Conseil d'Etat du roy dit en effet : « Il est permis à l'évêque d'Angers de supprimer toute la partie de l'église de Cunault qui comprend le chœur et le sanctuaire et de conserver seulement la nef, à condition toutefois d'élever un mur d'une hauteur convenable pour séparer la nef du terrain où était ci-devant ledit choeur ».

Le choeur, aliéné est  utilisé comme grange et fut exproprié en 1842 pour la somme de 4.057 fr. ; et on put alors rétablir le monument dans son état primitif.

Ainsi, dès 1749, l'église de Cunault se trouvait mutilée et c'est seulement en 1860 que les services d'architecture se préoccupèrent de rendre à Cunault sa majestueuse harmonie.

 

Plan de l'église de Cunault

La première partie construite peut se situer à la fin du XIe siècle. La seconde, qui comprend le faux transept et la majeure partie de la nef, appartient au XIIe siècle. Enfin, la façade occidentale et les trois dernières travées appartiennent au début du XIIIe siècle.

La France du moyen âge était chrétienne, corporative, idéaliste. L'art d'une pareille époque devait donc être religieux, corporatif et idéaliste. L'église était l'œuvre et la maison de tous. Du plus modeste paysan au plus vaillant chevalier, tous se faisaient un honneur de travailler à l'édification de l'œuvre. La hotte sur le dos, paysans, bourgeois, nobles venaient apporter leur pierre.

Dans les fresques de l'église Saint-Savin, on voit des ouvriers apportant des pierres de taille, d'autres actionnant un treuil.

Au moyen âge, dans les cathédrales, les églises, chaque corps de métier, chaque confrérie, tenait à honneur d'offrir un pilier. De nos jours, la basilique du Sacré-Cœur, à Montmartre, possède nombre de piliers offerts par les corporations. De même que la basilique de Saint-Denis a été remaniée au XIIe et au XIIIe siècles, la façade occidentale de Notre-Dame de Cunault a été totalement édifiée à la même époque.

Si l'on compare la puissance de la royauté en France, à la fin du XIIe et au XIIIe siècles, et celle de la royauté anglaise, à la même période, on est frappé de la faiblesse du trône français.

Henri II Plantagenet possédait en effet, en France, à la fin du XIIe siècle, l'Anjou, le Maine, la Normandie, c'est-à-dire près de dix fois le domaine du roi de France. Quand il fut couronné roi d'Angleterre, en 1154, un style Plantagenet se propagea, issu de la puissance d'un souverain dont le royaume, mi-anglais, mi-français, était le mieux organisé de ce temps.

Les trois premières travées de l'église de Cunault appartiennent à ce style et portent à leurs clefs l'ornementation coutumière aux édifices Plantagenet : figures isolées ou scènes enluminées.

 

C'est peut-être la plus grande église romane de France qui soit dépourvue de transept : on peut pourtant considérer, comme tenant lieu de croisillons, la seconde galerie, terminée à l'est par une absidiole, qui double les collatéraux au droit des sixième et septième travées et dont la disposition peut être rapprochée de celle existant à Saint-Benoit-sur-Loire, à Saint-Père de Chartres et à la cathédrale de Senlis.

Nous avons dit plus haut que les trois premières travées de la nef ne devaient pas être antérieures aux dernières années du XIIe siècle. Le mur Formant le revers de la façade est percé, au-dessus de la porte, d'une grande baie à l'appui de laquelle passe une galerie de circulation.

Les trois premières piles, de plan cruciforme, sont cantonnées de quatre colonnes engagées et de quatre colonnettes d'angle ; quelques bases primitives, garnies de griffes, sont restées intactes, mais d'autres ont été refaites au XVe siècle.

Tous les chapiteaux, ornés de feuilles d'acanthe ou historiés, sont surmontés de tailloirs décorés d'entrelacs, de rinceaux ou de palmettes. Les arcades sont en cintre brisé, à deux voussures moulurées de tores sur leurs arêtes ; le même profil se retrouve aux doubleaux qui séparent les trois premières travées, dont les voûtes d'ogives, renforcées de liernes, ont leurs clefs décorées des images de saint Pierre, de la Trinité, de l'Annonciation.

Les cinq travées suivantes sont couvertes de voûtes en berceau brisé portées sur doubleaux. Ceux-ci retombent, avec les arcades, dont la voussure extérieure forme pénétration dans la voûte, sur des piles rectangulaires cantonnées de quatre colonnes, le chapiteau vers la nef étant placé à un niveau plus élevé que les trois autres. Les quatrième et cinquième doubleaux, qui possèdent seuls une double voussure, reposent sur des colonnes jumelles, et le dernier est, en outre, soutenu par de minces colonnettes d'angle.

L'arcade nord de la cinquième travée, donnant accès sous la tour, assez basse, est en plein cintre, doublée et portée sur des colonnes jumelles et des colonnettes ; les chapiteaux des premières, sensiblement plus archaïques, sont décorés de palmettes et surmontés de tailloirs ornés de rinceaux en méplat.

On appliqua au XIIIe siècle, contre les fûts des colonnes engagées dans les piles qui soutiennent les huitième et neuvième travées, des chapiteaux historiés destinés à supporter un tref ou poutre de gloire.

Les trois travées qui constituent la partie droite du choeur présentent la même disposition que celles de la nef, mais elles sont moins larges et la brisure des arcades est, par conséquent, plus accentuée.

La décoration des chapiteaux et des tailloirs des colonnes soutenant les arcades se continue sur la partie des piles qui forme dosseret à la colonne recevant le doubleau.

L'abside est encadrée par un arc, orné de palmettes et d'une tête à sa clef, et appliqué, sans saillie, contre le cul de-four.

Les piles soutenant les cinq arcades ouvertes sur le déambulatoire reposent sur un bahut élevé ; elles sont composées d'un massif flanqué, vers l'abside, d'une colonne engagée, vers la retombée des arcades, de deux colonnes jumelles, et vers le déambulatoire, d'une colonne et de deux colonnettes.

Les mêmes dates de constructions et les différences qui les signalent se retrouvent dans les bas-côtés : les trois premières travées possèdent des voûtes d'ogives, tandis que les quatrième et cinquième travées méridionales et la quatrième du côté nord sont couvertes de voûtes d'arêtes retombant, avec le doubleau, sur une colonne et deux colonnettes.

Dans les deux premières travées, les fenêtres, en tiers-point, sont encadrées d'un boudin sur colonnettes, tandis que, dans les travées suivantes, elles sont simplement doublées sans aucune mouluration.

La cinquième travée du collatéral nord, placée sous la tour, est antérieure aux autres parties de l'église : elle est éclairée de deux petites baies et encadrée d'arcades en plein cintre doublées, retombant sur des colonnes engagées dans des piles cruciformes et des colonnes d'angle dont les chapiteaux ont une corbeille assez élevée, garnie d'une décoration peu saillante. Elle est couverte d'une coupole hémisphérique portée sur des trompes en cul-de-four.

Aux deux travées suivantes, les collatéraux sont doubles et leurs voûtes d'arêtes, séparées par des doubleaux brisés que reçoivent des colonnes engagées dans des piles rectangulaires. retombent sur les angles de ces piles.

La première de celles-ci empiète sur l'arcade de la tour qui lui est antérieure et a une plus grande largeur que l'une des deux galeries du collatéral.

Le deuxième bas-côté forme une sorte de croisillon et est terminé à l'est par une absidiole en hémicycle, éclairée par deux fenêtres en plein cintre à pénétration dans le cul-de-tour, présentant l'aspect d'une véritable demi-coupole sur pendentifs non distincts.

Le bas-côté sud offre une disposition semblable, mais la deuxième galerie, limitée par un mur peut-être d'une époque antérieure, est étroite et couverte seulement de deux demi-voùtes d'arêtes dont les clefs s'appuient contre le mur ; le doubleau qui sépare ces voûtes est en quart de cercle et porté sur un pilastre, encadré de colonnettes, qui repose lui-même sur une colonne engagée.

L'absidiole orientée, débordant un peu sur le mur extérieur, est voûtée en cul-de-four et éclairée par des oculi.

Le déambulatoire compte cinq travées, dont trois, communiquant avec des chapelles rayonnantes, alternent avec deux plus étroites, éclairées chacune d'une fenêtre en cintre brisé, reposant sur colonnettes, et encadrée par un arc mouluré à l'imposte d'un cordon continuant les tailloirs. Les voûtes d'arêtes tournantes sont séparées par des doubleaux brisés soutenus par des colonnes engagées.

La chapelle du chevet a été détruite ; les deux latérales, subsistant encore, sont en hémicycle et voûtées en cul-de-four. Leurs parois sont garnies de cinq arcs sur colonnes communes, dont les deux extrêmes sont aveugles et les trois autres, d'une largeur plus grande, encadrent les fenêtres portées aussi sur des colonnes.

Des fresques du XVe siècle couvrent encore plusieurs parties des murs, notamment dans les chapelles, où l'on voit des prophètes tenant des phylactères sur lesquels sont inscrits des passages de leurs oeuvres.

Une litre armoriée, dont il reste des traces, était peinte sur les piles de la nef.

Au-dessus de la porte principale, une petite tribune est formée de panneaux de bois sculpté du XVIe siècle.

On peut encore signaler, dans la chapelle du nord, une statue gisante, mutilée, du XIVe siècle, et une grande caisse en losange irrégulier, destinée à renfermer les ornements du culte.

 Mais la pièce la plus intéressante est la remarquable châsse du XIIIe siècle, qui contient les reliques de saint Maxenceul et se trouve actuellement dans la chapelle méridionale. Elle est en forme de chapelle, dont chaque côté est orné de six arcades en plein cintre encadrant des statuettes d'apôtres. Sur les extrémités, sont figurées la mort et l'assomption de la Vierge et, sur le toit, on voit le Christ accosté de six anges.

 

La façade occidentale présente l'aspect de sobriété un peu froide qui se retrouve d'une façon habituelle dans les monuments gothiques de l'école angevine, à moins que, comme à Candes, le maître de l'oeuvre n'en ait modifié le caractère par une inspiration toute personnelle et vraiment originale. Elle est percée d'une porte en plein cintre, dont les cinq voussures reposent sur des colonnettes à chapiteaux formés de simples cubes.

Le tympan fut garni, à la fin du XIIIe siècle, d'une statue de la Vierge accompagnée de deux anges ; des peintures, dont on voit encore les traces, en rehaussaient la décoration. De chaque côté, des arcs brisés ornent les murs ; sur les tailloirs des colonnettes qui les soutiennent, s'appuient de minces fûts supportant la corniche qui limite l'étage inférieur.

Au-dessus, sont percées trois fenêtres en tiers-point ; celle du centre, beaucoup plus grande que les deux autres, fut munie postérieurement d'un remplage flamboyant. Un parapet crénelé, presque entièrement refait, couronne horizontalement la façade, mais ne dissimule pas complètement le pignon de la nef, qui le dépasse d'une certaine hauteur.

Sur les faces latérales, flanquées de contreforts à glacis, les fenêtres sont seulement garnies d'une moulure à l'archivolte.

La tour, qui s'élève sur la cinquième travée du bas-côté méridional et qui, comme nous l'avons vu, est d'une époque antérieure au reste de l'édifice, se trouve en partie masquée et le toit de l'église obstrue plusieurs de ses fenêtres. La face nord, seule entièrement visible, est garnie, à l'étage inférieur, d'un grand arc en plein cintre à double voussure, porté sur colonnes dont les chapiteaux historiés sont surmontés de tailloirs ornés d'imbrications et d'entrelacs.

Cet arc encadre un mur en petit appareil irrégulier dans lequel est ouverte, en contre-bas du sol actuel, une porte moulurée d'un boudin continu doublé d'un cordon de demi-cercles ; au-dessus, sont percées deux petites fenêtres. Le premier étage est décoré de cinq arcs aveugles. Une corniche, formée de damiers et portée sur modillons, règne à l'appui de trois baies, dont les claveaux sont sculptés ; les écoinçons des arcs, garnis d'un appareil réticulé, sont ornés de grands chevrons, motif de décoration répandu dans des régions fort diverses. A ce niveau, s'arrêtent les contreforts, à trois glacis, dans lesquels sont incrustées des pierres remployées, ornées d'entrelacs ; une corniche, semblable à colle déjà décrite, passe à la naissance du dernier étage, complètement dégagé et ajouré, sur chaque face, de quatre baies semblables à celle de l'étage inférieur.

La flèche octogone, qui ne date que du XVe siècle, est cantonnée de quatre lanternons.

Toute la partie orientale de l'église-porte des vestiges de constructions défensives d'une date postérieure.

Des fenêtres en plein cintre, sans décoration, éclairent les bas-côtés du choeur ; mais celles du déambulatoire reposent sur des colonnes.

La chapelle du chevet a sans doute disparu au moment où l'église fut fortifiée ; les deux latérales, qui ont été conservées, appartiennent à deux campagnes distinctes : la partie inférieure, avec ses baies ornées de rubans plissés portés sur colonnettes et ses contreforts-colonnes engagés dans des dosserets, se distingue nettement en effet, par le style des chapiteaux, de la galerie qui passe au-dessous de la corniche; en outre, à ce niveau, les colonnes, d'une section moindre, sont directement engagées dans le mur.

 

 

Les Chapiteaux

 

Nouveaux_mélanges_d'archéologie_d'histoire_et_[

 

Le chapiteaux de Cunault sont réputés pour leur grande richesse ornementale, dominée par le végétal, et pour la variété de leurs illustrations : guerriers, combats, dragon, monstres, tous témoins de l’influence aquitaine et poitevine. En revanche, une faible place est réservée au scènes de l’Evangile et de la Bible. Détaillons quelques chapiteaux repérable sur le plan.

 

Repère 1.      L’Annonciation

La Vierge se tient debout, de face, les mains levées en geste d’humilité. A sa droite, un ange s’avance, le genou droit plié, une main levée et dans l’autre un sceptre fleuri. Derrière la Vierge, surgit Jessé barbu. Dans ses mains, il tient les extrémités de deux tiges ornées de feuilles et de fruits sortant de sa tête. A gauche du groupe, David fils de Jessé, ancêtre du Christ, tient une harpe sur son genou droit. Sur le même pilier, au chapiteau voisin, un chevalier combat un dragon, symbole de la lutte contre la tentation.

 

2.      Le portement de croix

Le bourreau aux cheveux bouclés est penché en avant : vêtu d’une tunique courte cintrée par une ceinture perlée, il porte un hache, outil du bourreau au Moyen Age, poussant le Christ courbé sous le poids de la croix appuyée en oblique sur son épaule.

 

 3.   La Flagellation (Qui précéda le portement de croix)

Un bourreau aux cheveux et à la barbe bouclés est représenté la tête de profil, et les jambes largement écartées. Il lève un fouet en arrière ci tend sa main gauche vers les cheveux du christ. Celui-ci, de face, enlace la colonne torse de sa jambe gauche et de ses bras liés aux poignets. Un second bourreau, vêtu d’une tunique courte et plissés, lève un fouet. La Flagellation et le portement de croix sont deux thèmes parfaitement inconnus en Poitou et en Touraine à l’époque romane

Le mouvement qui anime tous les personnages est très frappant ici.

 

4.      Le Charroi de Nîmes

Un cavalier s’élance au galop vers une ville. Sur ses remparts, se trouve un guerrier. A ses pieds, se tient une femme les mains levées : cette scène évoque un épisode du « Charroi de Nîmes », chanson de geste du XIIe siècle : le héros, Guillaume d’Orange, n’acceptera de fief de son seigneur que s’il est occupé par des Sarrasins qu’il s’empressa de chasser : lors d’une halte dans le Midi, la femme d’un chevalier lui montre la campagne dévastée par les occupants, et notre héros décide de les aider pour être fidèle à son vœu.

 

5.      Combat d’un centaure contre une sirène.

Cette scène nous transporte dans les histoires des bestiaires, recueils d’inspiration païenne et chrétienne, ou certaines particularités physique des animaux symbolisent les dispositions morales contre lesquelles le chrétien doit être mis en garde. L’animal es représenté avec les ailes d’oiseau, une tête humaine et un arrière-train de quadrupède. La sirène, blessée par le centaure, revêt l’aspect étrange d’un animal ailé en armure.

 

6.      Scène guerrière

Deux barbares assis, l’un au visage monstrueux, tiennent chacun une longue flèche et un bouclier rond derrière lequel ils s’abritent. Face à eux, près de son cheval sellé, harnaché et carapaçonné, un cavalier protégé de son long bouclier en forme d’écu, est vêtu d’une cotte de mailles jusqu’à mi-corps et coiffé d’un casque pointu. Le chœur de Cunault a été décoré à l’époque du pèlerinage à Saint Jacques de Compostelle, période où tous les pèlerins s’intéressaient aux combats contre les Sarrasins en Espagne. Il est possible que le combat illustré ici oppose un chrétien à deux infidèles.

 

 

 

 

Châsse dite de saint Maxenceul

Sculptée dans un seul bloc de noyer, la châsse est un reliquaire se présentant comme une petite églises avec son toit et sa porte. A l’intérieur on conserve les ossements de saint Maxenceul, premier évangélisateur de Cunault au IVe siècles. D’un côté, sur le toit, le Christ en gloire est soutenu par deux anges tandis que deux autres l’encensent en tant que Dieu, et deux autres lui présentent une couronne en tant que roi. En dessous, se trouvent sic apôtres dont saint Pierre avec sa clé. Sur l’autre pan du toit, le Christ en gloire est encensé et entouré par quatre anges portant des cierges. Des mains du Christ sortent des flammes qui apparaissent au-dessus de six apôtres sculptés dans la partie inférieure. Ces flammes rappellent l’effusion de l’Esprit sur les apôtres à la Pentecôte.

L’extrémité est ornée de trois scènes superposées : la Dormition de la vierge Marie (sa mort), sa sépulture des personnages portent son corps sur un lit) et son Assomption au ciel. La polychromie n’est pas d’origine : primitivement une feuille d’argent rehaussée de traits noirs recouvrait cet objet pour le faire ressembler aux riches châsses d’orfèvrerie. Cet habillage de moindre valeur la protégeait des convoitises.

Rien dans la décoration de cette châsse ne rappelle saint Maxenceul, on peut donc penser qu’elle convenait plutôt les reliques de la Vierge vénérée à Cunault : l’anneau du mariage de Marie et des fragments de paroi arrachés en souvenir dans la grotte de l’allaitement à Bethléem.

 

Cunault Châsse dite de saint Maxenceul

 

 

 

 

En flânant.... Touraine, Anjou et Maine / par André Hallays

 

 

 

 

 

Abbaye Notre-Dame de Cunault des moines de Saint Philibert de Déas - Le droit de sépulture. Charte de l'an 1075 <==

==> Prosper Mérimée, l’Inventaire du Poitou et de son patrimoine roman  

==> Archéologie Abbaye Saint Philibert de Tournus - Prosper Mérimée - Flabellum de Cunauld

 

 


 

(1) Voir Introduction des Lettres de Mérimée à Vitet, Pion, 1934, p. LVIII, et Paul Verdier : « Le service des monuments historiques de 1830 à 1934 » dans Congrès archéologique de Paris, 1934, t I, Paris, Picard, 1936.

(2) Charles Joly-Leterme, né à Baugé le 9 juin 1805, fils de François Joly et de Victoire Chassin, fit de brillantes études au collège de Saumur et prépara les examens d'entrée à l'Ecole Polytechnique. Des raisons de famille lui firent abandonner cette voie. Il dirigea alors ses études vers l'architecture et suivit à Paris les cours des premiers ateliers du temps.

Entré dans l'administration des Ponts et Chaussées, il se fit bientôt remarquer et fut attaché spécialement au service de construction du pont Napoléon, à Saumur (1833). A l'achèvement de ce travail, il fut nommé commissaire voyer de l'arrondissement de Saumur et, à ce titre, chargé d'étudier la restauration de l'église de Cunault.

En 1840, à la création du Comité des Monuments historiques, il fut désigné comme inspecteur correspondant et, pendant trente-cinq ans, consacra son labeur et son activité à la restauration des principaux monuments du Poitou, de la Touraine et de l'Anjou.

Citons, parmi eux :

Dans le Poitou : les églises de Saint-Savin, Chauvigny, Civray, Charroux, Lusignan ; à Poitiers le temple Saint - Jean, Sainte - Radegonde, Notre-Dame-la-Grande, Saint-Hilaire-le-Grand (reconstruite presque entièrement sur ses plans), la tour Saint-Porchaire (dont la démolition était déjà adjugée).

En Touraine : l'église de Candes, le château de Chinon.

En Anjou : les églises de Cunault (1850), du Puy Notre-Dame (à partir de 1852), les églises Saint-Serge (à partir de 1853) et de la Trinité (à partir de 1851) à Angers, Saint-Eusèbe et Saint-Vétérin (1800) à Gennes, la chapelle du château du Fresne (1870) près Baugé, le château de Montreuil-Bellay (i863), les églises Saint-Pierre (1844 et 1862) et N.-D. de Nantilly (1851) et la chapelle Saint-Jean (1865) à Saumur.

Nommé en 1841 architecte de la ville de Saumur, en remplacement de M. Calderon de la Barca, décédé, Joly construit, en cette qualité, la chapelle de la Vierge ou chapelle de Richelieu à N.-D. des Ardilliers (terminée en 1855), le temple protestant (1861), la gare d'Orléans (ancienne gare) et les stations adjacentes, l'hôtel du Commandement de l'Ecole de Cavalerie (1853), l'hôtel de ville de Saumur (1856-1862), l'hôtel des Postes et Télégraphes (1866, Crédit de l'Ouest actuel), la Caisse d'Epargne (ancienne, jadis carrefour Royal), le théâtre (1864-1866), le clocher de l'église Saint-Nicolas (1864, sur l'ancienne abside), l'hôpital et les hospices (1865-1869), les abattoirs municipaux (1852-1856).

En 1848 (7 mars), un service d'architecture diocésaine était créé au ministère des Beaux-Arts. M. Joly fut attaché, dès le début (Nommé en exécution des arrêtés ministériels du 16 décembre 1848 et 12 mars 1849), au diocèse d'Angers et, à ce titre, on lui doit la reconstruction de l'évêché d'Angers (1851-1855) (La restauration totale, extérieure et intérieure, terminée en 1881 seulement), et la restauration des bâtiments du Grand-Séminaire d'Angers (collège du Bellay actuel) où il a élevé une magnifique chapelle (à partir de 1848).

 Ses travaux, comme architecte civil, sont connus dans toute la région.

En 1856, les restaurations faites par lui aux monuments historiques lui valurent sa nomination au grade de Chevalier dans l'ordre de la Légion d'honneur.

Toute sa vie a été consacrée à ses études, à ses amis, à ses ouvriers. Son dévouement était connu ; pendant les inondations de 1843, 1856 et 1866, on le vit se prodiguer à la tête des nombreux ouvriers appelés à le seconder. Il était titulaire d'une médaille d'or et d'une médaille d'argent ; elles lui avaient été accordées pour sauvetages et pour sa belle conduite lors de ces sinistres.

En 1860, les membres de la Compagnie des Sapeurs -Pompiers de Saumur le désignèrent à l'unanimité pour les commander.

Jusqu'à son dernier jour il conserva son caractère aimable et bienveillant, s'occupant de peinture, d'archéologie et d'histoire locale. Il était resté membre correspondant du ministère de l'Instruction publique et des Beaux-Arts et de nombreuses Sociétés savantes aux travaux desquelles il ne cessait de collaborer.

Il est mort à Saumur, dans sa maison de la rue de la Petite-Douve, le 9 janvier 1885, et est inhumé au cimetière de Saumur.

Il avait épousé, en avril 1836 à Saint-Mathurin, Mlle Aurélie Leterme (née en 1815, décédée à Saumur en 1911, à 96 ans). Ses deux fils, entrés dans l'armée, ont, tous les deux, terminé leur carrière dans le grade de général de division.

Cette note résume en partie l'article si précis de M. P. A. Savette : « Une belle figure saumuroise : M. Joly-Leterme » Société des Lettres, Sciences et Arts du Saumurois, juillet 1936.

(3)   Cf. une Lettre de la Soc. Française pour la conservation des monuments (Caen, 2 mai 1838) et une lettre du Ministre à cette même société (31 août 1838). A. C. M H. (dossier Château de Thouars).

Dans ce dossier on trouve en outre cette note de Mérimée (octobre 1838) : « Le château de Thouars ne mérite nullement l'intérêt que M. de Caumont réclame en sa faveur. La chapelle seule a quelque mérite, quant au château il n'a de remarquable que sa belle situation. D'ailleurs le rapport du préfet (19 juin 1838) est exact et la route nouvelle ne change que très faiblement la disposition de la terrasse. »

 

(4) Chambon {Noies sur P. Mérimée) a donné de courts extraits de ce rapport exactement signalé (p. 118) comme adressé à Vatout. Une coquille probable lui fait indiquer (p. 133, note 1) ce même rapport comme une lettre à Vitet. En fait, le recueil des Lettres et rapports de Mérimée et Vitet, conservé aux Archives des monuments historiques ne contient (f. 88) que ce rapport de Bordeaux, 19 juillet 1838, adressé à Vatout. L'indication à la même date d'une lettre de Mérimée à Vitet, signalée par Josserand : « Prosper Mérimée, esquisse d'une édition critique de sa correspondance », R H. L., janvier 1924 à juin 1925, et par Trahard et Josserand, Bibliographie des oeuvres de P. Mérimée, Paris, Champion, 1929 (p. 199), est évidemment une erreur qui s'explique par le fait que ces auteurs se sont uniquement fiés à Chambon qui ne donne pas, pour ce rapport, la référence du recueil des Archives des monuments historiques.

(5) Le 21 août 1839, la Commission des monuments historiques avait accordé un crédit de 1.000 francs pour la restauration de l'église de Cunault. Le Ie' septembre 1839, rapport de Joly-Leterme au préfet de Maine-et-Loire (A. C. M. H., dossier Trèves-Cunault). Le choeur de Cunault appartenait à un nommé Dupuis Charlemagne qui eut de curieux démêlés avec Joly-Leterme (cf. Lettres de Mérimée à Vitet, p. 2 et 4) et qui est peut-être le prototype du père Grandet, de Balzac. Montalembert, dans son article « Du Vandalisme en France », Revue des Deux Mondes, 1er mars 1833, écrivait déjà : « L'abside [de Cunault] tout entière est échue en partagea M. Dupuy de Saumur, qui l'a transformée en grange remplie de fagots, après avoir défoncé les vitraux des croisées! »

(6) Colomba avait paru le 1er. juillet, dans la Revue des Deux Mondes. Mérimée a quitté Paris le 5 juillet.

 

(7). Cf. Lettre de Mérimée à Vitet, 15 juillet 1840 (p. 19) : «Mille remerciements pour M. Joly et pour les 200 francs des fouilles. »

(8) Sur Saint-Savin, voir : Elisa Maillard, L'église de Saint-Savin, Laurens, 1926.

(9) M. Moutier. Cf. Lettres de Mérimée à Vitet (p. 8).

(10) M. Dulin. Cf. Lettre de Mérimée à Vitet, Poitiers, 14 juillet 1840.

(11) Cf. Lettre de Mérimée à Vitet, Poitiers, 14 juillet 1840 (p. 10).

(12) M. Galzain, Sous-Préfet à Saumur.

(13). En effet, depuis 1901, la Société s'est occupée de protéger la petite église de Saint-Hilaire, le donjon de Trèves, la chapelle de Saint-Macé, etc….. Elle a continué de nettoyer et de réparer le choeur d'Asnières. Elle a même étendu son action jusqu'en Auvergne.

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