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PHystorique- Les Portes du Temps
20 novembre 2019

19 novembre 1703. Mort à la Bastille de l'homme au masque de fer.

19 novembre 1703

Arrivé à la Bastille le 18 septembre 1698, le Masque-de-Fer y resta jusqu'à sa mort, c'est-à-dire pendant cinq années.

La feuille d'écrou qui le concerne dans le registre qui la contient a été sauvé du sac de la Bastille, le 14 juillet 1789, et fait partie des Manuscrits de la Bibliothèque de l'Hôtel-de-Ville de Paris.

Voici la copie de cette feuille :  No 1. Verso 37.

EXTRAIT DES REGISTRES DU CHATEAU DE LA BASTILLE.

«  C'est le fameux homme au Masque-de-Fer que personne n'a jamais vu ni connu.

 Du jeudi 18 septembre 1698, à trois heures après midi, M. de Saint-Mars, gouverneur du château de la Bastille, y fit sa première entrée venant de son gouvernement des îles Sainte-Marguerite, ayant amené avec lui, dans sa litière, un ancien prisonnier qu'il avait à Pignerol, lequel prisonnier reste toujours masqué, et dont le nom ne se dit pas, et l'ayant fait mettre, descendant de sa litière, dans la première chambre de la tour Bazinière, en attendant la nuit, il fut ordonné à neuf heures du soir, par M. de Saint-Mars, gouverneur, à M. Dujonca, lieutenant du roi dudit château, et au sieur de Rosarges, l'un des sergents que M. le gouverneur avait amenés, de conduire ledit prisonnier dans la troisième chambre de la tour Bertaudière, que M. Dujonca avait fait meubler de toutes choses quelques jours avant son arrivée.

Ce prisonnier a toujours été soigné et servi par ledit sieur Rosarges, et n'était vu que de lui et de M. le gouverneur.

Il était traité avec grand soin et distinction.

Ce prisonnier avait la permission d'aller à la messe. »

Dans les Remarques historiques sur la Bastille avec un grand nombre d'anecdotes intéressantes et peu connues. (Leuder, -1789, in-8°.) Nous trouvons certains éclaircissements touchant le séjour du masque de fer à la Bastille.

L'éditeur dit dans sa préface :

« J'ai eu en ma possession, pendant bien peu de temps à la vérité, un manuscrit bien-précieux sur ce-mystérieux personnage. Je pourrais même me prévaloir de sa rareté, puisque sans être très-volumineux, dix louis n'ont pu m'en rendre propriétaire. On pense bien que je n'aie pu ni peut-être dû le copier en entier, et voici les singuliers détails qu'il fournit :

« Lors de l'arrivée de chaque prisonnier à la Bastille, on inscrit sur un livre ses noms et qualités, le numéro de l'appartement qu'il va occuper et la liste de ses effets déposés dans la case du même numéro….. Le livre de sortie cou tient un protocole de serment et protestation de soumission, de respect, de fidélité pour le roi…. Le troisième livre en feuilles contient les noms de tous les prisonniers et le tarif de leurs dépenses….. Il y a aussi un registre où sont réunis tous les ordres à jamais donnés et adressés au gouverneur de la Bastille, toutes les lettres des ministres de la police. Tout est recueilli, classé avec soin. Enfin est un quatrième livre, un in-fol o immense (celui dont nous avons tiré l'écrou), qu'on dirait écrit avec des larmes et du sang, et qui par cela seul mérite une description toute spéciale.

« Les feuilles, distribuées en colonnes, portent des titres imprimés à chacune :

1re COLONNE. Noms et qualités des prisonniers.

2e Dates des jours d'arrivée des prisonniers au château.

3e Noms des secrétaires d'Etat qui ont expédié les ordres.

4e Dates de la sortie des prisonniers.

5e 2soins des seeréiaires d'Etat qui ont signé les ordres d'élargisçemenl.

6e Cause de la détention des prisonniers.

7e Observations et remarques.

« Le major remplit la sixième colonne suivant les indications qu'il peut avoir, et le lieutenant de police lui donne des instructions quand il eut et comme il veut.

« La septième colonne contient l'historique des faits, gestes, caractère; vie, mœurs et fin des prisonniers.

« Ces deux colonnes sont deux espèces de mémoires secrets dont l'essence et la vérité dépendent du jugement droit ou faux, de la volonté bonne ou mauvaise, du major et du commissaire du roi. Plusieurs prisonniers n'ont aucune note sur ces deux dernières colonnes.

« Lorsque ce registre fut apporté, le 14 juillet, à l'Hôtel-de-Ville, le nom-du Masque-de-Fer était dans toutes les bouches comme un des grands forfaits des races royales. Chacun attendit dans un silence solennel que le secret du despotisme royal tombât de ses pages sanglantes; mais le folio 120, correspondant à l'année 1698 et à l'arrivée du Masque-de Fer dans cette prison, avait été enlevé, et n'a pu être complété que par le journal de M. Dujonca, lieutenant du roi à la Bastille en 1698, les registres mortuaires de l'Eglise Saint-Paul et les révélations du père Griffet, confesseur des prisonniers à la même époque.

« Les ministres n'aimaient pas que les gens connus mourussent à la Bastille. Si un prisonnier mourait, on le faisait inhumer à la paroisse Saint-Paul sous le nom d'un domestique, et ce mensonge était écrit sur le registre mortuaire pour tromper la postérité. Il y avait un autre registre où le nom véritable des morts était inscrit; mais dans les archives de la Bastille, ce registre n'a pu être retrouvé.

« Les prisonniers, du reste, n'étaient jamais appelés par leurs propres noms, afin que les parents ou amis qui auraient été tentés de solliciter ne pussent les reconnaître. C'est ainsi que l'homme au masque, qui était connu aux Iles Sainte-Marguerite sous le nom de Latour, l'était à la Bastille sous les noms de Marchialy, de Kersadion, et peut-être même d'autres.

« Voici ce que j'ai vu : Lors de la prise de la Bastille, un curieux ma montré une carte trouvée dans les débris et contenant le numéro 64 389 000 avec la note suivante : ARRIVÉ DES ÎLES SAINTE-MARGUERITE AVEC UN MASQUE DE FER : X. X. X. Et au-dessous : KERSADION.

« Mauclerc, qui était présent, me proposa alors d'aller visiter dans le château la tour de la Bertaudière, où l'homme au masque avait été enfermé. Nos recherches minutieuses, longtemps infructueuses, furent enfin couronnées du plus inespéré succès.

Ayant aperçu à côté de la cheminée d'une chambre, la longueur du petit doigt d'u suif noirci, nous enlevâmes avec un couteau cette couche de suif et découvrîmes une fente au mur. L'ayant fouillé, nous y trouvâmes un lambeau de toile rouge, large d'environ deux pouces, et se terminant en pointe à l'une des extrémités. Sur ce lambeau étaient tracés en fil blanc très-fin ces signes dont la première et la deuxième sont en partie chiffrées : - - - - - - 1 ans le--- de mon roi. Voilà mon crime.

« Ce morceau de linge était roulé et contenait un bout de ce même fil attaché à un brin de crin noir très-fort.

 « Je visitai dans le plus grand détail toute cette tour de la Bertaudière, depuis le cachot jusqu'au comble. Elle avait quatre étages, chacune de chambres ayant son nom tiré du degré de leur élévation. Ainsi la première au-dessus du cachot: s'appelait la première Bertaudière, puis la deuxième,  la troisième Bertaudière; la quatrième s'appelait la Calotte Bertaudière.

« C'étaient de petits réduits octogones larges environ de douze à treize pieds carrés et à peu près de la même hauteur. Il y avait un pied d'ordures sur le plancher, ce qui empêchait de voir qu'il était de plâtre. Tous les créneaux étaient bouchés, à la réserve de deux qui étaient grillés. Ces créneaux étaient, du côté de la chambre, larges de deux pieds et allaient toujours en diminuant en cône, dans l'épaisseur du mur, jusqu'à l'extrémité qui, du côté du fossé, n'avait pas un demi-pied d'ouverture. Un treillis de fer fort serré les fermait de ce côté. Comme c'était à travers ce treillis que gênait le jour, qu'il était encore obscurci par cette épaisseur de mur, qui de ce côté a dix pieds, par la grille et par une fenêtre qui fermait au dedans de la chambre à volet garni d'un verre très-épais et très-sale, il était si faible que quand il entrait dans la chambre, à peine servait-il à distinguer les objets et ne formait qu'un faux jour. Les murs des chambres étaient très-sales, gâtés d'ordures et tapissés de noms de quantité de prisonniers. Ce qu'il y avait de plus propre était un plafond de plâtre très-uni et très-blanc, afin que les moindres trous percés dans ce plafond par le prisonnier fussent visibles.

« Ce fut dans un de ces réduits que le Masque- de-Fer passa cinq ans. Il en avait déjà passé douze aux îles Sainte-Marguerite, treize à Pignerol, trois au fort d'Exilles, en tout TRENTE-TROIS ans de captivité.

« Dès son arrivée à la Bastille, dit Dujonca dans son journal, le prisonnier dont le nom ne se dit pas et qu'on faisait toujours tenir masqué, fut mis dans la tour de la Bazinière, en attendant la nuit. Sur les neuf heures du soir, je le conduisis dans la troisième chambre de la tour de la Bertaudière, que j'avais eu soin de meubler de toutes choses. Il y avait un lit de serge verte avec rideaux, une paillasse, trois matelas, deux tables, un rayon de bibliothèque pour des livres, un grand fauteuil, quelques chaises et divers ustensiles d'usage commun. Je restai spécialement chargé de sa surveillance avec le major Rosarges. Tout était disposé de manière que nul ne pût jamais le voir.  

A la chapelle où il entendait régulièrement la messe on avait élevé une sorte de tambour pour lui d’où  il ne pouvait voir personne, et où il ne pouvait être vu. Il s'y rendait par une galerie où nul, sous prétexte de service ou autre chose, ne pouvait circuler pendant le temps de la messe. Son plus grand délassement était de pincer de la guitare et de chanter. Il avait une voix douce et saisissante qu'il tirait de son instrument étaient parfois si mélancoliques que des prisonniers logés au- dessus de lui m'ont avoué s'être plus d'une fois surpris tout en larmes rien qu'à les écouter.

 « Après cinq ans de captivité à la Bastille, le dimanche 8 novembre 1703, l'homme au masque se trouva subitement indisposé au sortir de la  messe, et mourut le lendemain lundi. 19 novembre, à dix heures du soir, sans avoir eu une grande maladie, il ne se peut pas moins. M. Giraut, notre aumônier, le confessa la veille. Surpris de la mort, il n'a pu recevoir ses sacrements, et notre aumônier l'a exhorté un moment avant que de mourir Il fut enterré le mardi 20 novembre, à quatre heures du soir, dans le cimetière de Saint-Paul où furent enterrés Rabelais et Mansart.

Son enterrement coûta quarante livres. »

Ce ne fut pas seulement pendant la vie du Masque-de-Fer, mais encore après sa mort qu'on  s'efforça de dérober au public la connaissance de celle étrange personnalité.

Après avoir détruit jusqu'au dernier des objets qui lui avaient appartenu, on regratta sa chambré de fond en comble.

On fit plus; suivant certaines relations, après la mort du Masque-de-Fer son visage fut entièrement dénaturé par une substance corrosive, et Sainte- Foix rapporte dans sa Réponse au père Griffet, que le lendemain de l'enterrement de Marchialy, une personne ayant engagé le fossoyeur à le déterrer et à le lui laisser voir, ils trouvèrent un gros caillou à la place de la tête.

L'Homme au masque de fer, ou les deux jumeaux, ouvrage publié après les recherches historiques les plus véridiques et les plus authentiques sur la captivité, les tortures, les cruautés et les souffrances que cette illustre victime a eu à subir pendant sa longue existence ; par M. de Robville

 

 Plus d'une cinquantaine d'hypothèses ont été formulées, prétendant livrer l'identité du mystérieux détenu. Certains ont suggéré qu'il s'agissait du duc de Beaufort, cousin germain de Louis XIV, un prince bouillonnant qui participa à plusieurs conspirations contre Richelieu et Mazarin, et qui fut l'un des chefs de la Fronde, avant de se réconcilier avec la monarchie. Pendant longtemps toutefois, trois autres théories ont tenu le haut du pavé. La première voit dans l'homme au masque de fer Nicolas Fouquet, le surintendant des finances, tombé en disgrâce pour avoir osé défier le Roi-Soleil par sa richesse et ses prévarications.

 Le 5 septembre 1661, le surintendant des Finances, Nicolas Fouquet, est arrêté sur ordre de Louis XIV par d’Artagnan <==

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