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PHystorique- Les Portes du Temps
16 décembre 2023

Les Romains et les Gallo-Romains à NOIRMOUTIER

Les Romains et les Gallo-Romains à NOIRMOUTIER

Lorsque César vint conquérir la Gaule (1er siècle avant Jésus-Christ), les Anagnutes, Agnutes ou Agnotes occupaient le pays de Rayz, ou de Retz, et la rive méridionale de la Loire. Au-dessous d'eux, les Agesinates Cambolectri functi Pictonibus tenaient le bord de la mer et avaient pour capitale Asianum (Aizenay).

 Ce sont ces derniers Pictons qui, concurremment avec les Santons, situés plus au sud, fournirent au conquérant Romain leurs vaisseaux et leurs marins pour l'aider à réduire les Vénètes (1).

Ratiatum (Ratiate) était la capitale des Anagnutes. On l'identifie avec Rezé, en face de Nantes. D'Anville remarquait cependant, et c'est exact, que les coordonnées géographiques indiquées par Ptolémée la situeraient plutôt à Saint- Père-en-Retz.

En l'an 56 avant l'ère chrétienne, César donc, ayant entrepris de soumettre définitivement les Vénètes, en révolte contre Rome, réunit vers l'embouchure de la Loire une flotte composée, pour une part, de galères construites sur le fleuve lui-même et, pour une autre part, de vaisseaux réquisitionnés chez les Santons et les Pictons.

D'après Dion Cassius, Brutus paraît même lui en avoir amené de la Mer Intérieure, c'est-à-dire de la Méditerranée.

Pour résister au vainqueur, les Vénètes, qui étaient, de beaucoup, la plus puissante nation de cette côte et la plus experte dans l'art de la navigation, avaient fait alliance avec les Osismiens, les Nannètes, les Samnites et plusieurs autres peuplades. Ils avaient même demandé des secours en Angleterre.

« Naves in Venetiam... quam plurimas possunt, colli gunt... » relatent les Commentaires. Ils réunissent le plus de vaisseaux possible, non pas à Vannes, comme on l'a dit, mais dans la Vénère, c'est-à-dire dans leur propre pays. Les Romains qui, manquant de marine, ignoraient les rades, les îles et les rares ports de la contrée, avaient assailli tout d'abord celle-ci avec leurs troupes de terre.

 Le proconsul, n'ayant pas obtenu par ce moyen le succès qu'il espérait, dût attendre l'arrivée de sa flotte, au commandement de laquelle il avait nommé le jeune Decimus Brutus.

Pendant une partie de l'été, elle fut retenue par des vents contraires. Où put-elle s'abriter ?

Aux abords de la Loire, Ptolémée ne cite que deux refuges : au nord, Brivates-Portus, situé dans la région du Trait du Croisic, de la Grande- Brière et du Brivet ; au sud, Portus-Sicor, au voisinage de nos rochers du Bavard et des Bœufs.

Ce dut être au Portus-Sicor que se rassemblèrent les vaisseaux des Pictons et des Santons, sans doute aussi les galères venue de la Méditerranée et celles qui avaient été construites, sur la Loire.

Dès que la flotte Romaine se montra enfin, les Vénètes, qui s'étaient concentrés vraisemblablement (2) à Brivates-Portus sortirent du port au nombre de deux-cent-vingt voiles et vinrent lui offrir le combat.

Où eut lieu cette suprême bataille ? Dans la Baie du Choisie ou dans la Baie des Anagnutes ?

D'une manière comme de l'autre, on peut dire que ce dût être en vue de Noirmoutier et, dans la seconde hypothèse, sous les yeux mêmes de nos lointains ancêtres, que se décida, sous les regards de César et de son armée, le sort de la vaste coalition dont les Vénètes étaient l'âme.

Dion-Cassius, qui complète les Commentaires, assure que les Vénètes conçurent, d'après Leur apparence, une mauvaise opinion des vaisseaux des Romains et que c'est à cela que fut due leur défaite. Poussés par un vent fort et rapide dont leurs voiles de peaux recueillaient toute la force, les Barbares voulurent attaquer leurs adversaires alors qu'ils, étaient encore au mouillage. Brutus fut si surpris par cette attaque que, s'estimant incapable de résister au grand nombre et à la grandeur des vaisseaux vénètes, il pensa un moment à débarquer ses équipages pour se défendre à terre.

Mais le vent tomba tout-à-coup, les flots se calmèrent, un calme plat vint réduire les navires des Barbares à l'immobilité par suite de leur pesanteur. Brutus reprit alors courage et, à son tour, fondit sur l'ennemi. Malheureusement, l'éperon des galères romaines était sans effet contre les navires adverses. Leurs tours ne pouvaient atteindre la poupe des vaisseaux vénètes, de sorte que les traits lancés d'en bas ne faisaient que peu de mal aux Gaulois, tandis que les traits de ceux-ci avaient une bien plus grande efficacité. Heureusement pour les Romains, une invention vint à leur secours.

A l'aide de faux emmanchées de longues perches, ils imaginèrent de couper les câbles qui soutenaient les lourdes voiles de leurs ennemis et les vergues, abattues sur le pont, réduisirent à l'impuissance les navires désemparés qu'il ne s'agissait plus que de prendre à l'abordage. Deux ou trois vaisseaux romains s'attaquaient alors à un seul de leurs adversaires. Les Vénètes, démunis de flèches et qui ne s'étaient point pourvus de pierres, eurent le dessous dans cette mêlée.

 Leurs vaisseaux, en grande partie, furent brisés par le choc des vaisseaux romains ou consumés par les flammes. Les Romains assaillirent un à un ceux qui restaient et s'en emparèrent.

A la vue d'un tel désastre, les soldats de la flotte barbare qui avaient survécu se tuèrent pour ne pas être pris vivants ou s'élancèrent dans la mer afin d'y trouver la mort.

Ils ne cédaient aux Romains ni en courage ni en audace ; mais trahis par les circonstances qui ne leur permirent pas t même de chercher leur salut dans la fuite, ils périr ent pour la plupart en héros.

Un bien petit nombre de leurs navires parvint à regagner la terre à la faveur de la nuit, et après un combat qui avait duré depuis .la quatrième heure du jour jusqu'au coucher du soleil. Les Vénètes étaient bien et définitivement vaincus et César tira d'eux une vengeance éclatante (3).

Noirmoutier subit, comme les pays voisins, l’occupation Romaine.

 Les traces laissées dans l'île par cette occupation se retrouvent surtout dans la partie nord, sous des « Chirons », ou amas de pierres et de débris accumulés depuis des siècles.

 De la Pylaie a relevé des restes romains sur quatre points différents entre Le Vieil et L'Herbaudière : à la Chapelle de Saint-André, au Chiron-Moreau, dans le terrain dénommé Clos-de-Saint-Fiibert et à la Chapelle de Saint- Hilaire. (Tegulae hamatœ, lateres, minuto lapide).

 En dernier lieu, il a même signalé des briques romaines près du hameau de la Parée-Blanche dans le voisinage de L'Herbaudière (4).

Joussemet, curé de l'Ile-d'Yeu en 1755, prétend, dans son mémoire sur l'ancienne configuration du littoral bas-poitevin et sur ses habitants, avoir eu entre les mains une médaille d'or de Claude et d'Agrippine et une idole de Diane, également en or, provenant du village du Vieil, nom qui, à lui seul, indique bien un lieu anciennement habité.

C'est de ce côté que les Romains, en effet, devaient avoir leurs principaux établissements : les recherches, exécutées au Chiron-de-Saint-Hilaire en 1863 et années suivantes, sont là pour le démontrer.

Le plateau de Saint-Hilaire était dans la situation la plus heureuse pour y asseoir une villa ; de ce point, les regards parcourent une partie de l'île et embrassent l'ensemble de la Baie de Bourgneuf, avec les côtes du pays de Rayz et l'embouchure de la Loire. Jules Piet, fils de l'historien du pays et son continuateur, y exécuta, aidé de quelques amis, les fouilles dont nous parlions ci-dessus, au voisinage d'une ancienne chapelle dont nous nous occuperons plus loin.

Ces fouilles mirent au jour une villa gallo-romaine, et plus particulièrement des Thermes, que des monnaies d'Antonin- le-Pieux et de Lucile, femme de l'empereur Lucius Verus, permettraient de dater de la fin du IIe siècle de notre ère ou du commencement du IIIe.

 La pioche a découvert les étuves destinées aux hommes et aux femmes, bain de vapeur, bain d'eau chaude, chambre tiède et bain froid, le local où l'on déposait les vêtements et une chambre à oindre.

Divers objets y furent recueillis : les médailles dont nous avons fait état, une petite porte en plomb d'un travail remarquable, des clous, style, strigille, épingle à cheveux, cuillère, fibule, charnières de coffre, débris d'objets en verre fortement irisés, fragments de ciment poli ou avec couche émaillée, peintures à fresque n'ayant d'autre dessin que des raies d'une vivacité de couleur étonnante. On peut y joindre un grand nombre de tuiles à rebords, de faîtières, de briques, de poids, de bouts d'amphores, enfin de grossières poteries mérovingiennes et des poteries romaines d'une finesse et d'une délicatesse d'ornementation indiquant la belle époque.

Deux tombeaux donnèrent une petite urne funéraire, dont les fragments étaient mélangés à une assez grande quantité de cendres noires et d'ossements incinérés, appartenant, en partie du moins, à des animaux, par exemple un morceau d'andouiller fortement calciné (5).

Sous Auguste, comme l'on sait, la Gaule Chevelue, ou Transalpine, avait été partagée en trois grandes provinces : la Lyonnaise, l'Aquitaine et la Belgique.

 Chaque petit peuple devint alors une cité (Civitas) ; chaque cité fut morcelée ensuite en cantons (Pagi) et en bourgs (Vici).

L'Aquitaine s'étendait jusqu'à la Loire et renfermait le Poitou.

 Le Poitou, ou cité de Poitiers, qui avait la Loire comme frontière septentrionale, contenait, entre autres pagi, le Pagus Herbadilicus, contigu à la cité nantaise, et le Pagus Ratiatensis, dont le chef-lieu était Ratiatum (6).

Du IVe au VIe siècle, les hordes guerrières du nord et du centre de l'Europe, puis celles du midi envahirent la Gaule de divers côtés et pénétrèrent jusqu'en Aquitaine.

Dès 357, les Barbares du nord, poursuivis par l'empereur Julien, se répandent sur les mers. Ils sont signalés comme infestant les côtes occidentales de la Bretagne et s'établissent à l'embouchure de la Loire.

 Noirmoutier dut recevoir plusieurs fois la visite de ces brigands, établis dans l'île de Batz pendant le Ve siècle.

Au Ve et au VIe, Léon Maître note une invasion des Saxons en Bretagne. Ils pillent les rivages et poussent leurs barques jusqu'à Angers.

En 471-477, les Francs interviennent et s'emparent des îles que détenaient les envahisseurs. (Expédition de Childéric dans la vallée de la Loire.)

C'est à ce moment qu'il faut faire remonter l'incendie de presque toutes les installations du Poitou et notamment des villas gallo- romaines. A cette date sans doute disparut à Noirmoutier la villa du plateau de Saint-Hilaire.

Impost mentionne, à cette même époque, un autre fait intéressant pour nous. D'après lui, l'empereur Honorius (384- 423), aurait confié la garde de la contrée à une tribu gothique, les Taïfales, convertis au Christianisme et envoyés dans la partie septentrionale de l'Aquitaine pour la défendre contre les Wisigoths, leurs frères d'origine.

Leurs principaux établissements se reconnaîtraient au suffixe auge (œil, poste d'observation), comme dans les noms de Mauges, Herbauges, Tiffauges, Pouzauges.

 Leur quartier général aurait été à Tiffauges et, à Barbâtre, l'un de leurs cantonnements.

Nous ne saurions dire exactement sur quoi Impost, bien qu'il cite Zozyme, appuyait son opinion ; mais pour lui, les gens de Barbâtre, au type spécial, contrastant avec le reste de la population de l'île actuelle, seraient des descendants de ces barbares convertis et associés de la sorte à la défense de l'empire.

Piet témoigne des mêmes idées en reconnaissant que la population, de son temps, offrait, mêlée à des types Pictons, des types armoricains ou septentrionaux, et les éthologistes eux-mêmes abondent dans le même sens en distinguant deux races dans l'île : les Noirmoutrins auxquels ils attribuent une origine gallo-romaine, et les Barbatrins, ou Barbatrois, portant l'empreinte des races du Nord (7).

C'est du reste aux circonstances que nous venons de relever qu'Impost rattachait l'étymologie du nom de Barbâtre, Barbarorum atrium.

Ce qui semblerait lui donner raison, c'est qu'à Reims la rue et le quartier par lesquels les Barbares arrivèrent sous Saint Nicaise étaient autrefois désignés sous les noms de Via Barbastri, Vicus Barbastri, Via Barbarorum.

Piet préférait, il est vrai, pour la même étymologie, l'expression Barren qui, en langue celtique, signifiait la Barre ou le Port ; et Barte, vieux mot français qui veut dire Bouquet de bois.

Quant au Docteur Marcel Baudouin, il fait de Barbâtre la ville des Hommes-Castors (Barb-Berb-Castor), c'est-à-dire la ville d'un clan préhistorique ayant pour totem le Castor. N'oublions pas toutefois qu'il y avait à Beauvoir et à Bouin des Barbastres dans les siècles révolus.

De l'un d'eux vient peut-être tout naturellement le nom de Barbâtre (8), comme celui du petit village voisin, La Frandière, vient d'un Franc ou d'un Ferrand et celui de La Guérinière d'un Guérin, ou d'un Garnier, les habitants prononçant très nettement dans leur patois Garnère, et non Guérinière (9).

Une autre question serait de savoir à quelle époque le Christianisme pénétra dans le pays.

Vers 245-250 après Jésus-Christ, plusieurs évêques vinrent s'installer en Gaule, à Tours, à Clermont, à Limoges. Ce serait cependant une illusion de croire qu'à ce moment la foi catholique eût pénétré profondément dans la région.

La conquête Romaine n'avait eu souvent d'autre résultat que de contraindre nos ancêtres à accepter les dieux des vainqueurs à côté de ceux de l'ancien culte.

Il y avait alors, pourrait-on dire, dans l'ouest de notre Gaule, deux religions ; l'une prêchée par les Druides, l'autre suivie par le peuple.

 La masse était surtout attachée à ses petites divinités locales et, si le Christianisme arriva assez facilement à bout des grands dieux, il dut lutter pendant des siècles contre le paganisme populaire.

Il en triompha le plus souvent en élevant ses autels à l'endroit précis où s'élevait un autel païen, en remplaçant par ses propres édifices religieux les temples ou les Tumuli des Celtes et des Gaulois (10).

Or, si nous savons que les moulins à eau, inventés, dit-on, au temps de Jules César, étaient en usage à Noirmoutier dès le IVe siècle sur les Etiers (11), nous ignorons par contre sur quoi s'appuie Commard de Puylorson, pour prétendre que la religion chrétienne fut introduite dès ce même siècle dans son île natale, sous le pontificat de Saint-Hilaire (303-367 après 1. C.) probablement.

Le premier centre religieux parait y avoir été la Chapelle de Saint-Hilaire, entre la Messandrie et le Vieil. Piet croyait qu'elle n'avait été élevée qu'au VIIe siècle, sous l'épiscopat d’Ansoald, évêque de Poitiers ; on admet aujourd'hui qu'elle fut simplement restaurée par ce pontife, sa fondation remontant au moins au Ve.

Les fouilles de Piet qui, après avoir dégagé le Balneum de la villa gallo-romaine voisine, s'attacha à retrouver également les substructions de l'édifice religieux qui lui avait succédé, ont permis de constater les destructions et reconstructions de ce centre de prières, ruiné d'abord par les Normands, puis par les Anglais et enfin par les Hollandais.

 Il pouvait, mesurer 8 mètres de longueur sur 5 mètres de largeur, les matériaux de la villa ayant été très certainement utilisés pour son édification.

Certains indices autorisent même à croire que la Chapelle avait été superposée à une portion de la villa.

Après sa ruine totale, ses débris ont été employés par les habitants du voisinage pour leurs propres constructions ; c'est ainsi qu'une poutre en chêne, revêtue d'une ornementation grossière et que la tradition attribuait à cette chapelle, soutenait, au temps de Piet, la toiture de la maison d'un cultivateur du Vieil.

Six chapiteaux provenant du même oratoire et un bénitier en granit en forme de conque à larges stries, paraissent appartenir au XIIIe siècle. A part cinq cercueils en calcaire contenant quelques ossements et de menus objets, tels que fragments de mosaïque, vase lacrymatoire, etc., le résultat donné par les recherches effectuées en cet endroit ont été des plus médiocres.

D'après une tradition, Saint-Martin de Vertou, prêtre de Saint-Félix, évêque de Nantes, vers la fin du VIe siècle (527- 601), aurait converti au catholicisme la population de Notre- Dame-de-Monts.

Il aurait profité de l'occasion pour venir à Noirmoutier détruire les autels des païens et en aurait rapporté de lourdes pierres qui ne sont autres que les restes des dolmens qui jonchent le sud du pays de Monts.

Cette légende semble bien établir que, vers cette date, le Christianisme devait déjà exister à Noirmoutier.

Quel rôle Saint Martin de Vertou joua-t-il dans l'île, si jamais il y vint ? N'aurait-il pas été le fondateur de la Chapelle de Saint - Hilaire ?

Ce serait en tout cas, pour l'avoir abreuvé d'outrages que la cité pécheresse d'Herbage aurait été ensevelie sous les eaux du lac de Grandlieu …..

Lorsqu'au VIIe siècle, Filiberi est envoyé par Ansoald dans l'île d'Her, ce n'est donc pas pour convertir les habitants, c'est pour les instruire à nouveau et les ramener à la foi. Le pays était redevenu inculte et retournait au paganisme, à la suite de cette invasion saxonne dont nous avons dit un mot et que Grégoire de Tours a rapportée (12).

Mais si, par les efforts de Saint Hilaire de Poitiers, de Saint Martin de Tours, de Saint Benoît d'Aizenay, de Saint Martin de Vertou et de Saint Vincent, les populations du Poitou s'étaient converties à une époque antérieure à celle de Saint-Filibert, elles n'avaient pourtant point pour cela abandonné de façon complète l'ancienne religion et alliaient les dogmes du christianisme aux vieilles croyances.

 Le vingtième canon du concile de Nantes, tenu en 658, condamna comme idolâtres les restes des superstitions druidiques, ainsi que le culte rendu aux pierres antiques ,et aux arbres sacrés.

Il ordonna de les détruire et c'est ainsi que la légende fait remonter à Saint Filibert le renversement du menhir de la Chambre-des-Dames, au Bois-de-la-Chaise, et l'anéantissement du principal monument mégalithique de notre île, sur la butte du cimetière de Noirmoutier.

Plus tard, en 789, un capitulaire de Charlemagne, daté d'Aix-la-Chapelle et tondant au même but, devait confirmer et appuyer la première décision. Sans doute que la destruction de nos dolmens remonte jusqu'à ce temps.

Inutile de dire que l'on ne sait rien de précis sur le moment exact et les circonstances de la rupture entre le continent et Noirmoutier, pas plus que sur les conditions dans lesquelles ce dernier point devint une ne séparée.

Au premier siècle avant Jésus-Christ, la presqu'île de Rochebonne existait peut-être encore puisque des marins fréquentant ce rocher y ont trouvé des restes de constructions gallo-romaines.

 Pour ce qui est de l'Ile-d'Yeu, au temps de César, une côte basse, sur laquelle devait se rencontrer le Portus Duorum Corvorum, unissait de même, vraisemblablement, la partie méridionale de cette Ile à la Vendée continentale, en passant par le petit port de Sion (Sidunum), à l'embouchure de la Vie.

Le rivage, en quittant le nord de l'Ile d'Yeu, remontait vers l'embouchure de la Loire par les rochers du Bavard, des Bœufs, le Pilier, les récifs de la côte septentrionale de Noirmoutier, formant ainsi une autre presqu'île dont les Chiens-Perrins représentaient l'extrémité occidentale. (Promontorium Pictonum.)

Vers la fin du IIIe siècle et surtout sous le règne de Posthumus (251-267 après J. C.) l'effondrement lent et progressif de ce sol sans cesse attaqué par la mer et, au nord, par l'afflux des eaux venant de l'embouchure de la Loire, s'accentua tout-à-coup.

 L'Ile d'Yeu fut coupée du Continent. L'Ile de Monts fut séparée de même de la région de Challans et de l'embouchure de la Vie. Le Goulet de Fromentine se forma en même temps et isola l’ile d'Her.

C'est également à la même date que se place probablement la catastrophe ayant causé la disparition de la ville de Bêlestat, sur les côtes méridionales de la Vendée.

 Les grandes marées les plus désastreuses dont ait eu à souffrir notre pays, ont été surtout celles du IIIe siècle, puis celles de 541, 587, 603, au VIe et au VIIe (13).

 En 587, le 7 juin, Bouin dut lutter contre l'envahissement des eaux à la suite d'un « Vismer sans gros vent, ançois faisoit beau temps quand ledit vismer sortit » (14).

Ce serait donc entre le IIIe et le VIe siècles, peut-être au moment de ce vismer de Bouin, que se consomma la rupture entre le continent et l'île, qu'on appelle aujourd'hui Noirmoutier, mais qu'au vue siècle on appela l'île d'Her ou Heri, Hero ou Herio.

Plus précisément, c'est du IVe ou du Ve siècle après Jésus-Christ que le Docteur Marcel Baudouin date la séparation des îles d'Yeu et de Noirmoutier d'avec le continent (15), la mer de Riez étant de la même époque………

 Conjectures tout cela, évidemment, sur un temps qui reste pour nous couvert de ténèbres épaisses au milieu desquelles aucune vieille tradition ne vient projeter la moindre lueur... Mais conjectures néanmoins des plus plausibles.

Avec le VIIe siècle et l'arrivée de Saint Filibert dans le Poitou, s'ouvre enfin, en ce qui regarde Noirmoutier, la période historique (16).

L. TROUSSIER. Société d'émulation de la Vendée.

 

 

Herbadilla - de Noirmoutier au Herbiers sur les traces du fleuve Yprésis <==

==> DESTINATION L'ILE D'HER - NOIRMOUTIER EN L'ILE (Histoire et Visite Virtuelle)

==>Mégalithes de Noirmoutier, Myrghèle la druidesse, Saint Filibert, l’ile d’her

==> origine du nom de Pictones (Pictons)

==> Carte Celte Gaule Peuples Gaulois

==> Découverte archéologique d’un Cippe du poitevin Lucius Lentulus Censorinus aux 3 Gaules Lyon

==>Celle-Lévescault - Sur les pas d’Austrapius, duc de Tours et de Poitiers, tué au VIe siècle par les Teifales

==>en 835, les pirates du nord vinrent par deux fois sur l'île d' Her. (Abbatia Sancti Philiberti. Noirmoutier-en-l'Île, Vendée)

==> DIPLOME DE CHARLES LE CHAUVE POUR SAINT-PHILIBERT DE TOURNUS (19 MARS 875)  

==>Les trois pagi de Mauges, Tiffauges, Herbauge - Délimitation du Pays des Mauges avant le XIe Siècle (carte)

 ==> Le 1er juillet 1172, Agnès Chabot Fondatrice du Couvent de Bernardins dans l'îlot du Pilier rattachée à Noirmoutier

==> Dans le Poitou, l'évolution sociale se poursuit au XIIIe et au XIVe siècle, avant la guerre de Cent Ans

==> Le Château Féodal de Noirmoutier du seigneur Pierre V de la Garnache.

==>Le passage du Gois en Vendée (Ile de Noirmoutier, Historique)

==> Archéologie Patrimoine - La chapelle de Saint Philibert de l’ile de Noirmoutier -A Charier Fillon - M. l'abbé de la Croix

 

 

 


(1). Voir la Géographie de Malte-Brun ; et Loquet : Essai sur les Baronnies du Nord-Ouest du Poitou, etc...

(2) C'est l'opinion d'un grand nombre d'auteurs. Je fais exception, toutefois, pour le Colonel Balagny, qui fait de la Mer du Morbihan le véritable port des Vénètes et situe dans le Morbraz la bataille nivale entre les Vénètes et les Romains.

(3) Tous ces détails nous sont fournis par les Commentaires de César; — Kerviler : Les Vénètes, César et Brivates-Portus ; — L. Maitre : Guérande et la Région guérandaise ; — Loquet : Essai sur les Baronnies du Nord- Ouest du Poitou, etc...

(4) D'après J. Piet (Recherches sur Noirmoutier, p. 428), des fouilles faites dans la crypte de Saint-Filibert auraient semblé démontrer qu'elle reposait sur un ancien édifice gallo-romain. Charier-Fillon, en creusant dans les dépendances de la Seigneurie jusqu'à sept mètres de profondeur, a rencontré, reposant sur le calcaire, une couche assez importante de pépins de raisin. Il croit possible qu'un atelier pour la fabrication du vin ait fonctionné en cet endroit aux temps mérovingiens, peut-être même gallo-romains. A signaler, à la Chapelle de Saint-André, la recouverte d'un bronze de Marc-Aurèle (161 apr. J.-C.).

(5) Fouilles archéologiques à Noirmoutier, par J. Piet.

 (6) « Urbs Herbadilla, Namnetensi continua civitali. » (Chronique de Saint-Martin de Vertou). — Ratiatum elle-même était en face de Nantes.

(7) Dr Viaud-Grand-Marais : Paysages et Monuments du Poitou. — Vieilles Croyances et Vieilles Coutumes, etc...

(8) Barba atra, homme à la barbe noire.

(9) Garn veut également dire menhir; or, il y en aurait un, d'après le D' Baudouin, à La Guérinière. Les Garnier sont encore nombreux dans le village.

(10) Piet, Jaud, Loquet, loc. cit. passim.

(11) L'un de nos Etiers actuels porte toujours le nom d’'Etier-du-Moulin et le moulin qui lui donna son nom existait encore en 1484, d'après un rapport d'experts fait à la requête des fils de Louis de la Trémoille, désirant partager la succession de leur père.

(12) Piet : Recherches.. Dr Viaud-Grand-Marais : Paysages et Monuments du Poitou.

(13) D' Marcel Baudouin.

(14) Charier-Fillon : Mouvements du Sol.

(15) Dr Marcel Baudouin : Lettres personnelles.

(16) Les éléments qui nous ont permis d'écrire ces premiers chapitres, publiés par la S. E. V., de l'histoire de Noirmoutier ont été puisés par nous particulièrement dans les ouvrages suivants :

François et Jules Piet Recherches historiques, scientifiques, etc., sur Noirmouiier.

Dr Viaud-Grand-Marais Guide du Voyageur à Noirmoutier et Paysages et Monuments du Poitou.

A. Pawlowski : Noirmoutier à travers les Ages.

L. Jaud : Echo de Saint-Filibert

D Marcel Baudouin Nombreuses brochures sur les anciens rivages et la préhistoire de Vendée, passim.

Et dans les études de Charier-Fillon, Loquet, Maître, etc .....

 

 

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