Le terme Gois, vient du mot « goiser » qui signifie en patois local : « marcher en mouillant ses sabots ». le passage du Gois est une route d’environ 4 km qui n’est praticable qu’a la période de la basse mer. Il relie l’île de Noirmoutier au continent. A marée haute, la mer recouvre la route sur une hauteur qui peut atteindre quatre mètres. Lorsque la mer monte, les flots encerclent l’ile de Noirmoutier. A leur point de rencontre se sont formés, au fil des siècles, les hauts fonds qui ont contribué à la formation du gué qui est devenu le passage du Gois que l’on connaît aujourd’hui : un tronçon de la route départementale n ° 948 recouvert par la marée deux fois par 24 heures.
Entre l'île de Noirmoutier et la côte vendéenne existe, à mer - basse, un passage à gué servant aux piétons et aux voitures, et désigné sous le nom de Gois.
Lorsque le flot le recouvre, il est appelé Pé par les marins, mot qui, en patois vendéen, signifie hauteur (1). C'est, en effet, l'endroit le plus élevé de la baie, et il tend à s'exhausser chaque jour davantage, par l'accumulation des vases et des sables que viennent y déposer les courants, et par un soulèvement lent, mais manifeste, du sol. On peut même prévoir le moment où l'île se trouvera confondue avec la côte voisine. La plaine fertile de la Crosnière, de deux cent cinquante hectares d'étendue, a déjà été conquise, en 1766, aux dépens du Pé, par Corneille Guislain Jacobsen et ses travailleurs noirmoutrins.
L’entonnoir vaseux du Pé a son utilité pour la navigation côtière, et, dans le cas de guerre maritime, il a plusieurs fois servi de refuge à des navires de faible tonnage.
La première apparition du passage du Gois dans l'Histoire remonte aux années 820, sous le règne de l'empereur Louis le Pieux, lorsqu'il est fait mention que Hilbod, abbé du monastère de Saint-Philbert de Noirmoutier, demanda à Pépin, roi d'Aquitaine, de consentir à protéger l'île d'Her contre les invasions Normandes auxquelles l'île était fortement exposée. Pépin refusa. Le roi « trouva qu'on ne pouvait en tout temps porter secours à l'île d'Her parce que l'accès de cette île n'était pas toujours accessible par les marées de morte-eau ».
Le transfert des reliques de Saint Philbert de Noirmoutier à Saint-Philbert de Grand-Lieu (7 au 11 juin 836)
Le septième jour de juin le lieu de la sépulture du bienheureux ayant été creusé, et son vénérable tombeau étant ouvert, le saint corps en fut tiré au chant des hymnes et placé sur un navire qui l’emporta, d’une course rapide, au port appelé des Fourches. De là il fut porté, tour à tour, sur les épaules des prêtres, des lévites et des moines jusqu’à Ampenne, aujourd’hui Beauvoir.
Pour sortir de leur île, les Noirmoutrins ne sont pas toujours passés par le Gois. « Auparavant, les digues étaient plus loin. Avec le reflux, ils allaient d’un banc de sable à l’autre, via des gués où les chevaux avaient de l’eau jusqu’au poitrail. »
En 1701 il est fait mention pour la première fois sur une carte géographique, d’un passage permettant de relier l’île de Noirmoutier au continent.
Dès le début du XVIII ème siècle le Gois était déjà fréquenté par les hommes et les animaux.
À partir de 1766, avec les travaux d’endiguement de l’ancienne île de la Crosnière, à Beauvoir-sur-Mer, le passage du Gois est utilisé plus souvent.
Sans guide, il reste dangereux. Alors, dans les années 1780, les premières balises (simple piquets de bois) sont plantées pour jalonner le trajet.
Les balises refuges seront érigées vers la fin du XVIIIe siècle. Elles permettent aux imprudents qui se font prendre par le flot, de s’y réfugier. L’empierrement suit. Le tracé définitif du Gois est arrêté.
La traversée du Gois par Charette et ses troupes, oct. 1793
Le 12 octobre 1793, les Vendéens de François Athanase Charette s'emparent de l'île de Noirmoutier;
c’est la Bataille de Noirmoutier (Guerre de Vendée)
Après avoir remporté la bataille de Saint-Fulgent le 22 septembre, Charette et Lescure s'étaient séparés. Désormais le général de l'armée du Marais s'était fixé la prise de Noirmoutier comme objectif prioritaire.
Le 9 octobre, Charette et ses 3 000 hommes quittèrent Legé que les Républicains du général Haxo occupèrent le lendemain. Charette marcha d'abord sur Saint-Gilles-Croix-de-Vie, mais jugeant la ville trop bien défendue, il gagna Bouin dans la soirée du 11 et y fit bivouaquer sa troupe.
Le passage du Gois était le seul endroit où l'accès à l'Île de Noirmoutier était possible à pied, mais seulement à marée basse. Le 12 octobre, à 1 heure du matin, Charette et ses hommes commencèrent la traversée du passage en entrant par le lieu-dit l'Arche-de-l'Église à Beauvoir-sur-Mer.
(Cinéscénie Puy du Fou - De Charette - Passage du Gois)
Mais soudainement, après quelques minutes de marche les Vendéens s'aperçurent avec angoisse que la marée remontait derrière eux et qu'un retour en arrière n'était plus possible. Cette manœuvre avait été volontairement calculée par Charette qui ne voulait pas que la déroute de septembre se reproduise. Il déclara à ses hommes que désormais il n'y avait pas d'autres issues que la victoire ou la mort.
Un Fait d'armes Vendéen en 1800, Les cannonnières anglaises et Bonaparte
« On m’a rendu comte citoyen préfet, de la bonne conduite qu’ont tenue les habitans de Noirmoutier, de la Crosnière, Barbâtre et Beauvoir dans les différentes descentes tentées par les Anglais. On ne m’a pas laissé ignorer que ce sont ceux-là même, que la guerre civile avait le plus égaré, qui ont montré le plus de courage et d’attachement au gouvernement »
En 1800, une main de fer gouvernait la France, et la Vendée avait accepté à Monlfaucon, le 18 janvier, les propositions de paix du premier consul. Les Anglais n'étaient plus pour les paysans des alliés, mais bien des ennemis de la patrie commune, faisant le plus de mal possible à sa marine et à son commerce.
A la fin de juin, des bâtiments chargés de grains, au nombre d'environ quarante, se trouvaient mouillés sur les vases du Pé, sous la protection des batteries de la Fosse et d'un stationnaire, commandé par le capitaine Kermasson. Ils étaient bloqués en cet endroit par les croiseurs anglais, et ne pouvaient continuer leur route vers Bordeaux.
Une forte division britannique, sous les ordres de l'amiral John Warren, surveillait, en effet, nos côtes.
Sir Warren connaissait, par les cutters qui lui servaient d'éclaireurs, la présence de la flotille sur le Pé. Il savait de plus combien étaient faibles ses moyens de protection et de défense, et il avait résolu de s'emparer des navires français, ou, tout au moins, de les détruire (2).
Le 28 juin (9 messidor an VIII), raconte Piet, quatre vaisseaux, une frégate et un cutter apparurent en face du goulet, du côté de la haute mer, c'est-à-dire du sud. Les Anglais mirent leurs chaloupes à l'eau et tentèrent de s'emparer du convoi français. Ils eurent vite reconnu que leur entreprise, ainsi conduite, était hasardeuse, et ne pouvait qu'entraîner inutilement la perte de beaucoup d'hommes.
L'amiral changea donc son plan d'attaque, et le surlendemain deux de ses vaisseaux et une frégate entrèrent dans la baie de Bourgneuf et jetèrent l'ancre à peu de distance des Pennes; le cutter qui leur servait de guide les devança jusque dans le Fin.
Pour mieux cacher ses intentions, sir Warren avait laissé des forces en face de la pointe du Croisic, et d'autres en observation vis-à-vis celle de Saint-Gildas.
L'île de Noirmoutier avait alors pour commandant un homme de cœur, Solin-Latour, ayant longtemps servi aux colonies; mais les forces dont il pouvait disposer, pour résister à une attaque des Anglais, se bornaient à soixante jeunes gens de Noirmoutier et des Sables, formant la Compagnie franche de la Vendée, à quelques canonniers garde-côtes, à quelques marins, aux ordres de Julien-Aimé Viaud, et à la garde nationale sédentaire fort mal armée et à la tête de laquelle était Adrien aîné. Il lui fallait, avec ces faibles éléments de défense, surveiller toutes les côtes de l'île, menacées par la flotte ennemie, et les protéger contre toute tentative de débarquement.
De l'autre côté du Gois, se trouvait Mourain-Bijonnière, lieutenant de gendarmerie à Beauvoir, avec une seule brigade de son arme, et quelques douaniers; ces derniers, hommes modestes et dévoués, jouèrent un rôle important dans cette action, non-seulement en éclairant les mouvements de l'ennemi, mais encore en prenant une part glorieuse au combat. (la suite en fin de la page)
Le premier affichage des horaires de basse mer est effectué vers 1830. Vers 1840 une ligne régulière empruntant le Gois entre Beauvoir et Noirmoutier est assurée par une voiture à cheval.
En 1896, le train arrive à Fromentine, un faubourg de La Barre-de-Monts, une commune du continent. Les gens venaient de moins en moins par le Gois. Après le train, ils prenaient le bateau pour rejoindre Noirmoutier.
Entre 1922 et 1924, la construction de deux rampes d’accès, côté continent et côté île, ainsi que la mise en place d’une véritable route améliorent les accès au Gois. C’est entre 1935 et 1939 qu’est réalisé le pavage de la chaussée. Le 11 juillet 1942, le Gois (et ses dépendances chaussée, digue et balises) est classé à l’inventaire des sites du département.
Des manifestations sportives de renommées internationales telles le tour de France ou les foulées du Gois se prévalent de l’emprunter.
05/11/2017 le passage du Gois classé “site d'intérêt national et patrimonial”
05/11/17le passage du Goi au patrimoine mondiale de l'Unesco ?
C'est un tout un ensemble paysager de la Vendée qui a été reconnu et classé au titre des sites d'intérêt national et patrimonial. Il s'agit du passage du Gois, de l'île de la Crosnière et du polder de Sébastopol.
C'est une route longue de 4,2 km utilisable par les piétons, les vélos ou les voitures... mais seulement à marée basse. Le passage du Gois, qui relie Beauvoir-sur-mer à l'île de Noirmoutier en Vendée, vient d'être reconnu comme " site d'intérêt national et patrimonial ".
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(1) Gois est synonyme de gué. Les maraichains prononcent Goï, faisant sentir l'i de la diphtongue à la manière espagnole. Ils disent aussi goiser, et ailleurs goyer, pour marcher dans l'eau. F. Piet écrivait goua; mais nulle part on ne prononce goa, comme le veut l'administration. En provençal, gué se dit gua, et passer à gué, guazar.
Ces mots gué, gois, gua, et leurs synonymes : vieux français guet et weil, latin vadum, bas latin guadum, italien guado, espagnol vado, portugais vao et vau, vieux-haut allemand wat, vieux normand vad, etc., ont évidemment une même racine. Il en est de même des verbes guéer, goyer, goiser, guazar, du latin vadare, du bas latin et de l'italien guadare, de l'espagnol et du portugais vadear, du vieux allemand watan, de l'allemand moderne waten. Le v latin, le w allemand, le g dur et le gu se remplacent, suivant le génie de chaque langue.
Wade anglais, passer à gué, se rattache à la même racine; seulement, en anglais le w devient voyelle.
Pé, en dialecte de la Vendée et du pays de Retz, est le même mot que puy, sur d'autres points de la France. Ils dérivent tous les deux du celtique pech ou puech, hauteur; dans les chartes latines, ils sont remplacés par le mot podium, qui, en basse latinité, a le même sens. Une colline boisée, située sur le trajet de la ville de Noirmoutier au bois de la Chaise, s'appelle Pélavé, par corruption de Pé de l'abbé, Podium abbalis.
(2) Ce combat a été raconté par F. Piet, dans ses Mémoires, et par M. de Sourdeval dans l'article cité du Journal des Haras. Piet habitait l'île, au moment où il a eu lieu; M. de Sourdeval a écrit, en partie, d'après des notes fournies par la famille Jacobsen. M. Edouard Gallet rapporte aussi ces faits dans son ouvrage sur Beauvoir, mais succinctement; enfin, ils sont restés légendaires parmi les paysans des deux rive:".
Reprise de Noirmoutier sur les Vendéens Le général Turreau venait de prendre le commandement de l'armée de l'Ouest. Rappelé des Pyrénées-Orientales, ce général avait paru propre à faire la guerre de la Vendée par les connaissances locales qu'il avait acquises de ce dernier terrain, et par les plans qu'il avait soumis au comité de salut public......