Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
PHystorique- Les Portes du Temps
5 août 2022

1472 siège de Champtocé par les troupes royales suivi du démantèlement des fortifications

1472 siège de Champtocé par les troupes royales suivi du démantèlement des fortifications

Pendant que le duc de Bourgogne envahissait le nord du royaume, le duc de Bretagne, allié du roi d'Angleterre, Édouard IV, qui devait lui envoyer des secours, se préparait à agir dans l'Ouest.

Sans perdre de temps, Louis XI fait crier partout le ban et l'arrière-ban.

Le seigneur de Bressuire reçoit l'ordre de convoquer les contingents du Poitou et de la basse Marche, et de les conduire à Montaigu sur les marches de Bretagne (1).

 

Il déploya dans cette circonstance, comme il arrive quelquefois aux courtisans, une louable activité, mais en même temps un zèle excessif qui fut désavoué.

D'après leurs anciens privilèges, les habitants de Poitiers étaient exempts du ban, à la charge de garder et de défendre eux-mêmes leur ville.

Jacques de Beaumont, n'en tenant aucun compte, voulut les contraindre de se rendre en armes à Montaigu.

 

Voici la lettre qu'il leur écrivit à cette occasion :

« Messieurs, je me recommande à vous tant que faire puis.

J'ay reçu vos lettres et oy ce que m'a dit Me Nicolles Royrand de par vous et touchant vos privilèges. Soyez certains que les vouldrois aider à entretenir et garder, et m'avez toujours trouvé amy en vos affaires et ferez.

Vous savez la cause pourquoi l'arrière-ban a été fait et est bien besoing de obvier à la descente des Anglais qui ont entreprins venir descendre es parties de par deça, et croy bien qu'il faudra que quelque privilège que vous ne autres avez, que chacun secoure et aide à ce besoing, et que vous fournissez de quelque nombre de gens, pour venir à la couste et de deux ou trois pièces d'artillerie, le plus que pourrez vous supporter, et au surplus vous ferez scavoir ce que devez fournir ; et au regard de certaines excusations de parolles que Me Nicolles m'a dittes ne voudrois laisser pour trois ou quatre malparlant de avers le fait de vous et de votre ville; vous disant adieu, Messieurs, qui vous donne ce que désirez.

» Escript aux Sables-d'Olonne, le treizième jour de juillet (1472).

» Le tout votre, JACQUES DE BEAUMONT. »

 

Les habitants de Poitiers réclamèrent vivement auprès du roi, et celui-ci, reconnaissant la légitimité de leurs plaintes, confirma leurs privilèges (2).

 

Cependant le seigneur de Bressuire, à la tête de l'arrière-ban de Poitou, entra en campagne sur les marches de Bretagne, et rejoignit l'armée royale en Anjou.

Il prit une part active aux sièges d'Ancenis et de Chantocé ;

 

 

1472 siège de Champtocé par les troupes royales suivi du démantèlement des fortifications

 

DSC_0066 (2)

 

Louis XI fait venir maitre Giraud au siège de Champtocé avec ses deux grosses couleuvrines et ses deux grosses serpentines, garnies de leurs boulets et de poudre.

 

Chalonne, 24 juin 1472. AUX GOUVERNEURS DE ROUSSILLON ET D'ANJOU 

 

DSC_0351 (2)

Envoi d'une lettre écrite par les habitants de Champtocé; demande d'engins de guerre; ordre de ne pas quitter Angers sans y avoir achevé ce qu'il a à y faire, et d'y laisser le général Herbert, Jean, Pierre et Jacques de la Barde et le seigneur de Thory, le seigneur de Cursay et Jean des Aubuz pour le pont; d'envoyer Girault avec de l'artillerie ; promesse d'explications sur sa venue au siège de Champtocé. — (Orig. Bibl. nat., Fr. 20486, fol. 25. Publ. par Duclos, Hist. de Louis XI, IV, 397.)

 

Messeigneurs les deux gouverneurs (3), je vous envoye les lettres que ceulx de Chantossé (4) m'ont escriptes.

Je vous pry que j'aye demain deux grosses bombardes et les chevretes (5), garnies ainsi qu'il fault, et tous les pavays (6) à potences qui sont prestz, et aussi les chatz (7) et les manteaux (8) qui sont prestz.

 Et vous, monseigneur le gouverneur de Roussillon (9), ne partez jamais d'Angiers jusques à ce que tout ce que j'ay ordonné soit acompli, et que pour amener au siege ce que j'ay mandé, qu'on ne laisse point à faire le seurplus.

Et laissez le général Herbert (10), Jehan (11), Pierre (12), Jaques de la Barde, et le seigneur de Thory (13), pour achever ce qu'ilz ont à faire, et monseigneur de Cursay (14) et Jehan des Aubuz (15) pour le pont.

Je vous pry, monseigneur le gouverneur, mon amy, que m'envoiez incontinent deux grosses bombardes et deux grosses coulevrines, et aussi deux hommes que vous et le maistre de l'artillerie m'envoierez pour en tirer, et Girault 2 avec ses deux grosses coulevrines et ses deux grosses serpentines garnies de leurs bouletz et de leur pouldre.

Donné à Chalonne (16), le XXIIIIme jour de juing.

 

P.-S. — Et vous pry, monseigneur le gouverneur, mon amy, que il n'y ait point de faulte avant que vous partés. Et laissez si bonne ordre à toutes mes autres choses, que pour ung maistre Jehan Bourré, lequel croy qu'il ne me fauldra point à faire tout ce que savez, et aussi envoiez moy des piez de chievre, et ce porteur vous dira la cause pour quoy je suis allé audit siege.

LOYS.

 

A noz amez et feaulx conseillers et chambellains les gouverneurs de Roussillon (17) et d'Anjou.

 

 

DSC_0058 (2)

DCXLIV.

AU DUC DE BOURBON ET AUX « VIEILZ GOUVERNEURS »

Chalonne, 24 juin 1472.

 

Prise de Champtocé; invitation à y venir dîner le lendemain. — (Orig. autographe. Bibl. nat., Fr. 20486, fol. 21.)

 

Mon frere (18), et vous messeigneurs les vieilz gouverneurs, presentement ay receu lettres, par lesquelles on m'a fait savoir que Champtocé est pris et rendu.

 Et, pour ce, venez vous en demain disner là, sans faire riens amener.

Donné à Chalonne, le XXIIIIe jour de juin.

Je vous envoye les lettres que monseigneur de La Forest m'an a escriptes.

LOYS.

[A] mon frere de Bourbon et à messeigneurs les vieilz gouverneurs (19).

 

Puis, après l'ouverture des négociations pacifiques, le seigneur de Bressuire repassa la Loire, pour revenir prendre position dans les Marches (20).

Une trêve du 15 octobre au 30 novembre 1472, prolongée bientôt pour une année, ayant été conclue à Poitiers entre le roi et le duc de Bretagne (21), l'arrière-ban fut dissous.

Un gentilhomme poitevin, Arthur de Vivonne, se fondant sur ce qu'il était fils de famille, demeurant avec son père, et sur ce que celui-ci avait envoyé l'un de ses frères, Maurice de Vivonne, s'acquitter du service militaire, au nom de toute leur famille, n'avait pas cru devoir répondre à la convocation.

Le roi, usant de la rigueur des lois, confisqua ses biens et les donna à Jean Larchevêque, Sgr de Soubise et du Parc, par lettres datées de Notre-Dame-de-Celles en Poitou, le 10 octobre 1472.

Dès le mois de novembre, Arthur de Vivonne s'empressa d'aller faire valoir près de Louis XI les moyens qui s'opposaient à la remise de ses biens entre les mains de Jean Larchevêque. Il fit si bien, qu'il en obtint des lettres constituant le seigneur de Bressuire et messire Yvon du Fou arbitres suprêmes du débat.

Mais ceux-ci, arrêtés par certaines difficultés préliminaires de procédure, se déclarèrent incompétents. Les parties portèrent alors l'affaire devant le sénéchal de Poitou, qui ordonna une enquête. Le dénouement du procès, d'un intérêt d'ailleurs fort médiocre pour notre sujet, n'est pas connu ; disons seulement que les arguments invoqués par Arthur de Vivonne semblent préférables à ceux de son adversaire (22).

 

 

 

 

Françoise d’Amboise duchesse de Bretagne, née le 9 mai 1427 à Thouars, fille de Louis d’Amboise, vicomte de Thouars <==..... .....==> Octobre 1472. Louis XI fait don à Philippe de Commynes, des terres de Talmont, Olonne, Curzon, Château-Gontier et autres.

 

 

 


 (Photos siège de Tiffauges - La Maisnie de l'Hermine)

(1) Hist. du Poitou, par Thibaudeau, t. II p. 77.

 (2) Hist. du Poitou, par Thibaudeau, t. II, p 78. - Annales d'Aquitaine, par Bouchet.

 (3). La suscription de la lettre désigne ces gouverneurs, qui sont ceux de Roussillon et d'Anjou.

(4) Aujourd'hui Champtocé, dans le canton de Saint-Georges-sur-Loire, arrondissement d'Angers (Maine-et-Loire).

(5). Chevrete, engin de siège, d'après Godefroy, Dictionnaire de l'ancienne langue française, II, 118.

(6). Pavays, pavois, bouclier employé pour couvrir l'artillerie.

La Curne de Sainte-Palaye, Dictionnaire historique de l'ancien langage françois (éd. Favre. Paris et Niort, 1880, in-4°), t. VIII, 228.

(7). Chat, machine de guerre « faite à guise de galerie couverte, » suivant Du Cange. Godefroy, op. laud., II, 88.

(8). Manteaux, mantelet pour s'abriter dans un siège. La Curne de Sainte-Palaye, op. laud., VII, 268.

(9). Tanneguy du Châtel.

(10). Jean Herbert, général des finances.

(11). C'est peut-être le même que Jean de la Barde, archer sous le commandement de Tristan l'Hermite, d'après une « monstre » du 3 octobre 1469 (Bibl. nat., Fr. 25779, fol. 21), et aussi que Jean de la Barde, l'un des « cent hommes de guerre et de trait » de la petite ordonnance en garnison à Blaye, sous le comte de Comminge, d'après une « monstre » passée à Blaye le 4 octobre 1474. (Bibl. nat., Fr. 25780, fol. 56.)

Dans tous les cas, il ne faut pas le confondre avec « Jehan d'Estuer, chevalier, seigneur de la Barde, conseiller et chambellan du roy et son seneschal en Limosin » (Quittance du 20 juillet 1463. Bibl. nat., Fr. 26088, n° 195), puis à Lyon.

(12). Pierre de la Barde, « escuier, varlet de chambre » du duc de Guienne, donne quittance, le 4 octobre 1471, à « maistre Jehan Gaudete, tresorier des guerres d'iceluy seigneur, » de 10 1. t. pour ses gages dudit office de valet de chambre pendant le mois de septembre précédent. (Bibl. nat., Pièces orig., vol. 192, dossier Barde (de la) 4178, n° 21.) Je trouve aussi, mais je me garderais d'affirmer que ce soit le même personnage et celui dont il est question dans la présente missive, un Pierre de la Barde porté parmi les « hommes d'armes » sur le « roole de la monstre » faite à Térouanne, le 11 août 1499, de la compagnie de Robert de Balsac, sénéchal d'Agenais, par Antoine, seigneur de Gapanes. (Bibl. nat., coll. Clairambault 120, fol. 12.)

(13). J'éprouve encore plus de difficulté à identifier ce dernier personnage que les deux précédents, peut-être ses frères. Quoi qu'il en soit, un Jaquet de la Barde, homme d'armes, figure dans une « monstre » des gens de Pierre de Brézé, en date du 13 janvier 1453. (Bibl. nat., Clairambault 123, fol. 100b.) Dans le quatrième compte d'André Briçonnet pour l'année finie le 30 septembre 1469, au nom de Jacques de la Barde, « escuier de l'ostel, » est portée la somme de 55 1.

Le 13 janvier 1469, « pour aller à Bordeaux en Guienne, au mois de novembre 1468, pour donner ordre aux ports et places dudit pays, touchant l'entreprise qu'on dit avoir esté faicte par les Anglois pour descendre audit pays. » (Bibl. nat., Fr. 20685, fol. 463.)

Enfin, le 17 novembre 1463, les généraux des finances donnent commission à Raoulin Boucault, contrôleur du grenier à sel de Montpellier, « pour aidier à conduire et faire les payemens et despences pour querir l'artillerie estant à Narbonne et icelle faire conduire et mener en France devers ledit seigneur (le roi) par Jacques de la Barde, escuier, » pour ce envoyé au Languedoc. (Bibl. nat., Pièces orig., vol. 192, dossier Barde (de la) 4178, n° 4.) — Jean Saulnier, écuyer, seigneur de Thory-sur-Abron (aujourd'hui Toury-Lurcy, canton de Dornes, arrondissement de Nevers).

Il donne quittance le 14 février 1463; fait hommage au comte de Nevers pour sa seigneurie de Toury, relevant de la châtellenie de Decize, en 1464 (Marolles, Inventaire des titres de Nevers, col. 119); fait une vente conjointement avec Guiot de Michaugues, écuyer, et Jehanne Saulnier, sa femme, le 4 novembre 1465 (Arch. de la Nièvre, terrier Coquille); une fondation à l'église de Toury, le 20 juin 1468 (Ibid., série G); comparaît au ban et arrière-ban de 1469 comme homme d'armes à lance garnie.

(Marolles, op. laud., col. 393.) Il reçoit quittance de Jeanne Saulnier, sa fille, mariée à Louis de Saintville, écuyer, d'un à-compte sur la dot de celle-ci, le 12 mars 1470 (Arch. de la Nièvre, reg. Aré Barbier), et fait une vente avec Henri Saulnier, écuyer, son fils, le 22 septembre 1477. (Reg. d'Aré Durand, notaire à Decize. Note communiquée par M. R. de Lespinasse.)

 (14). Jacques Odart, seigneur de Cursay-en-Loudunois, de Maulevrier et du Moulin-de-Celles, conseiller et chambellan du roi, grand fauconnier et grand panetier de France. D'abord attaché à la maison d'Anjou et à la reine Marie, femme de Charles VII, il passa avec elle au service de la maison de France, et y devint écuyer d'écurie, qualité qu'on lui voit attribuer en 1465 et 1466 avec une pension de 600 francs, qui s'éleva à 1,000 livres en 1472; capitaine de Montargis en 1475 et en 1483, il fit hommage au roi pour ses terres le 24 octobre 1476; Louis XI lui confirma, après la mort du roi René, la possession de la terre de Cursay en Anjou; il le créa aussi grand fauconnier de France.

Charles VIII le fit grand panetier et capitaine de Civray; le 4 janvier 1486 (v. st.), il donna quittance pour les gages de cette dernière charge. Il était encore capitaine et bailli de Montargis le 12 mars 1489 (v. st.), et on le trouve vivant le 22 juin 1491. Il avait épousé Charlotte de Preuilly. (Anselme, VIII, 671-672.)

 (15). Jean des Aubuz ou Aubuys, écuyer, conseiller et maître d'hôtel du roi avec les gages de 30 1. t. par mois, d'après le deuxième compte d'André Briçonnet pour l'année finie le 30 septembre 1468. (Bibl. nat., Fr. 20685, fol. 443 vo.)

 Il fut chargé, en février 1467, « d'aller de Bourges devers le comte de Charolois » (Bibl. nat., Fr. 20685, fol. 395 v°) ; et, en 1469, « d'aller au pays de Lyonnois et de Daulphiné pour faire mettre en point les gentilzhommes dudit pays. » (Quatriesme compte de Jehan Briçonnet, conseiller du roy et receveur général des finances au pays de Languedoil pour l'année finie en septembre 1470. Ibid., fol. 487.)

Le 26 août 1473, il donne quittance à Louis Nyvart, trésorier de Languedoc, de 247 1. 10 s. t. pour partie de sa pension de l'année commencée le 1er octobre 1472. (Bibl. nat., Pièces orig., vol. 130, dossier Aubus (des) 2618, n° 2.)

Ce personnage, qui semble avoir joué un rôle considérable dans l'organisation de l'artillerie française au XVe siècle, est cité pour la première fois par Blondel (De reductione Normannie) avec le titre de « regiarum machinarum magister. »

 Il prend part à la bataille de Formigny le 15 avril 1450, et au siège de Cherbourg aux mois d'août et de juillet suivants; figure sur un rôle de dépenses de cette même année en date du 13 novembre pour la somme de 225 1. t. (Bibl. nat., Fr. 23260, fol. 6. Chronique de Matthieu d'Escouchy, éd. de Beaucourt, III, 381. Pièces justificatives.)

Sous Louis XI, on le trouve à la tête d'une batterie de douze canons à Saint-Jean-d'Angély, au moment de l'expédition de Roussillon en 1462, pour laquelle il est désigné dans un rôle (Bibl. nat., Fr. 20493, fol. 100 v°), et il commande l'artillerie royale à Montlhéry. (Chronique du Mont-Saint-Michel, publiée par Siméon Luce. Paris, 1869, in-8°, I, p. 73.)

Le rôle de dépenses cité plus haut le dit Génois et lui donne le nom de Giribault (Louis). Je serais porté à croire que c'est de lui qu'il est encore question sous le nom de « Girault de Samans, maistre de l'artillerie, » dans un mandement de Louis XI en date d'Étampes le 26 juillet 1467, ordonnant à Antoine Raguier de payer, à raison de 100 s. t. par mois et par homme, les ouvriers employés à la fabrication de l'artillerie sous sa direction. (Bibl. nat., Fr. 20496, fol. 68.)

(16). Chalonnes-sur-Loire, chef-lieu de canton de l'arrondissement d'Angers (Maine-et-Loire).

(17). Tanneguy du Châtel.

(18). Jean II, duc de Bourbon.

(19). Nous avons vu dans la lettre qui précède que ces « vieilz gouverneurs » étaient ceux de Roussillon et d'Anjou.

(20) Mém. man. pour Jehan Larcevesque contre Arthur de Vivonne. (Collection Fillon.)

(21) Hist. de Bretagne, par dom Lobineau, t. Ier.

 (22) Mém. man., pour Jehan Larcevesque.

 

Publicité
Commentaires
PHystorique- Les Portes du Temps
Publicité
Publicité