Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
PHystorique- Les Portes du Temps
11 juillet 2022

1466 Mandement du duc François II pour la reconstruction du château de Nantes - Mathurin Rodier, Architecte de la cathédrale

1466 Mandement du duc François II pour la reconstruction du château de Nantes

On attribue assez généralement à Gui de Thouars la construction du château de Nantes, appelé la Tour-Neuve, sur la foi d’une charte de 1207 qui parle, non d’un château, mais d’une douve (doha) que ce prince fit creuser sur le fief des chanoines et le verger de l’évêque. Cet acte a pour objet de dédommager le prélat du terrain qu’on lui a pris, par l’octroi d’une rente de sept livres (environ 700 francs), sur certain revenu du duc de  à Nantes (1).

D’un fossé à un château, il y a quelque distance. Mais, dit-on, ce fossé était précisément celui du château. Supposition toute gratuite, puisque dans l’acte allégué rien n’indique suffisamment la situation de la douve. Supposition erronée, puis-je ajouter : car j’ai retrouvé, dans les débris des archives capitulaires, un autre acte de Gui de Thouars, de l’an 1207, ou ce prince assigne aux chanoines une rente de quatorze livres, en dédommagement du terrain pris dans leur fief pour établir cette douve ; ici la situation de ce fossé est indiqué ; l’on dit qu’il avait été creusé en dehors des murs, du côté de Saint-Clément (occasione dohae quae facta est extra muros versus Sanctum Clementem) : indication qui ne peut s’adapter en aucune façon à la position du château de Nantes.

D’ailleurs, ne serait-il pas vraiment admirable que le duc, établissant un fossé pour défendre une nouvelle et importante forteresse qu’il vient de faire construire, ne dit pas un mot de cette forteresse même, et exprimât au contraire que le fossé a été creusé en dehors des murs, ce qui indique naturellement l’enceinte ordinaire de la cité, non pas un château ? C’est pourtant à cause de ce seul acte de 1207, publié dans D. Morice, que l’on a fait de Gui de Thouars le premier fondateur du château de Nantes. Hypothèse détruite par ce qu’on vient de dire.

 

 

Je préfère beaucoup, quant à moi, voir dans le château actuel ou la Tour-Neuve, ce qui est la même chose, l’héritière ou, si l’on veut, le développement de cette maitresse tour (turris principalis) qu’Alain Barbetorte fit construire en 937, et où il se logea (2)

Mais pour éclaircir cette opinion et montrer qu’elle a au moins plus de fondement que l’autre, il serait nécessaire d’entrer dans quelques détails sur les enceintes et châteaux de la ville de Nantes avant le XIIIe siècle, ce qui nous mènerait trop loin pour le moment.

Quelques écrivains, entre Ogée et Mellinet, ont dit qu’avant de prendre le nom de la Tour-Neuve, le château de Nantes avait porté celui de l’Hermine.

Je ne connais rien absolument qui justifie cette assertion, et n’ai jamais vu cette dernière appellation appliquée qu’au château de Vannes. Quant au nom de la Tour-Neuve, qui appartient bien légitimement au château de Nantes, peut-être ai-je mal cherché, mais je ne l’ai point trouvé écrit dans les actes avant le XIVe siècle.

Le trésor des chartes des ducs de Bretagne contient un inventaire, rédigé en 1303, des espèces d’or et d’argent « qui estent en » Tour Neuve de Nantes, «  et dans l’état général des trésors du duc Jean II, dressé après sa mort, en 1306, « les biens qui furent trovez en la Tous Nouve de Nantes, » forment un chapitre considérable (3).

Ce sont là les deux plus anciennes mentions du nom que je me souvienne d’avoir vues.

 

Dans la seconde moitié du XIVe siècle, le duc Jean IV fit à la Tour Neuve quelques réparations et augmentations. Les historiens de Nantes, à la vérité, n’en parlent pas, mais je n’en trouve pas moins la trace dans deux titres du Trésor des chartes de Bretagne, dont le premier (sous le code Q.F. 18) est ainsi conçu :

Sachent touz que je Guillaume de Soudé, tresaurier de Bretaigne, ay eu et receu de sire Thomas de Melborne, receveur general de Bretaigne, la somme de tres mille quatre vignz quize escuz en monnoye, en ce comptez sexante et quinze escuz baillet à Jehan Rebours par Geoffroy Le Roy, pour emploier és ouvres de la Tour Nouve de Nantes ; de la quelle somme je me tiens à bien paié et l’an quite. Et auxi sont en ce comptez quarante et seix escuz baillez à Guillaume Hurtaut pour faire la mise de l’oustel, dont il me bailla quarante.

Donné tesmoingn mon signet, le XXe jour d’octobre, l’an mil trois cenz sexante et sept. (Signe) GUILLAUME CHAUVIN.

 

 

DSC_0558 (2)

L’autre pièce, cotée E. E. 15, et datée du 3 janvier 1381 ou, suivant notre mode actuel de compter, 1382, est un acte par lequel « Monsour Pierre Garnier prestre…vent à très noble et puissant prince Mousour Jahan duc de Bretaigne…une meson o tout son fens, yssues et appartenances, sise en la ville de Nantes, entre la dove du chastel de la Tour Neuve d’un côté, et le cimetière de chés les Fréres Preschours de Nantes et un herau ou a fambray près dudit cimetière, une ruele ou venelle entre dous, d’autre, et férante d’un chieff (ladite maison) à l’essue du pont dudit chastel de la Tour Neuve, et d’autre és murs de la ville de Nantes ; pour le pris de cinquante francs d’or nez et quites à la main dudit Mousour Pierres, etc. »

Ce débordement très-précis montre, ce semble, que la face du château tournée vers la ville était, en 1382, moins avancée vers l’ouest que de nos jours ; et ce fut sans doute pour donner à la Tour Neuve plus d’extension de ce côté que Jean IV acquit la maison dont il est le cas.

En peut-on conclure, toutefois, que l’entrée actuelle du château de Nantes et la façade ouest sont précisément l’œuvre de Jean IV ? J’aurais de la peine à l’admettre. Car, abstraction faite des bastions et des courtines de Mercoeur, les caractères architectoniques, combinés avec quelques rares indications fournies par l’histoire, ne permettent guère d’attribuer ce qui reste du château de Nantes qu’aux temps du duc François II et de la duchesse Anne.

Malheureusement, on le sait, sur ce qui regarde l’étendue, la suite et le progrès de tout détail, de tout renseignement circonstancié.

Les archives de la Chambre des Comptes de Nantes auraient eu autrefois, sans aucun doute, de quoi satisfaire amplement en ce point notre curiosité. Mais la commission des préposés au triage, en faisant anéantir, pendant la Révolution, les comptes des trésoriers, leurs pièces justificatives et en général toute la comptabilité ancienne de nos ducs, nous a par là même enlevé cette première et abondante source d’informations.

Peut-être néanmoins ne doit-on pas désespérer de rencontrer encore, çà et là, quelques documents capables de combler, au moins en partie, cette fâcheuse lacune. Telle est, par exemple, la pièce qu’on va lire et qui donne la date exacte du commencement des travaux exécutés au château par ordre du duc François II. Le texte de ce mandement nous a été conservé par le registre de la chancellerie de Bretagne de l’an 1466, ou il existe aux fol. 125 verso, 126 recto-verso. Il est ainsi conçu :

 

François etc.., à tous ceulx qui ces presentes lettres verront salut.

Comme pluseurs des chasteaux et villes de nostre pais et duchié soient de present (en) decadence et soient besoigneux de reparacion, ce que entendons et desirons de brieff reparer et faire mectre en bon estat, et soit ainsi que, entre autre places de nostredict duchié, nostre chastel de la Tour Neufve de Nantes, qui est l’un des lieux d’Iceli ouquel nous et nostres tres chiere et tres armée seur et compaigne la Duchesse avons acoustumé faire et faezons le plus souvent residence, et lequel chastel est situé en l’une des plus principales et magnifiques villes de nostredict pais, soit si petitement logé et indigent de reparacion que souventes foiz advient, quant aucuns princes ou seigneurs viennent devers nous, (que) ne pouons ne nous est bonnement possible en iceli chastel les recevoir et loger ainsi honorablement et vone que faire le vouldrions, et lequel nostre chastel, pour lesdictes causes, avons colunté et grant desir de reparer et mectre en grant et bon appareill de logeis et fortificacion, qui par ce mesmes pourra estre et tourner au bien, sceurté et defense de nostredict pais, et en iceli euvre mectre et faire mectre des deniers de noz revenues, jucques à parachevement de l’euvre d’iceli chastel SAVOIR FAISONS que nous, ce que dessus consideré, desirans à nostre entencion l’euvre et emparement de logeis et fortification de nostredict chastel de la Tour Nefve (sic) estre en toute diligence encommencée et iceli estre continué et parfait jucques à parachevement, comme il est bien requis ; au jou d’uy, pour lesdictes causes et autres consideracions qui à ce que nous ont meu et meuvent, avons voulu, deliberé et ordonné, et par ces presente voulons, deliberons et ordonnons touz et chacun les deniers, tant de rachaz, soubz-rachaz, ventes, lodes et octrises, bris et peczois de mer, amendes extraordianires de forfaitures et deliz autres que les ordinaires de noz cours et juridicions, escheuz et adveuz, ou qui ou temps à venir escherront et advendront, en quelque lieu et endroit que ce soit, es receptes de nostredict pais, depuis le premier jour de ce present moys d’octobre, soient mis, convertiz et emploies à la reparacion, logeis, et emparement et fortiffication de nostredict chastel de la Tour Nefve (sic), selon le devis qui de ce par nous, les gens de nostre Conseil et autre se cognoissans en celle matiere en sera fait.

Lesquelz deniers voulons et ordonnons, depuis ledict temps jucques à acomplissement dudict euvre estre, par les recepveurs ordinaires de noz receptes et chacune, paiez, baillez et livrez à la main de nostre amé féal Guillaume Geraut, lequel quant à ce avons commis et ordonné recepveur general desdiz deniers et miseur d’iceli euvre. Ausquelz nos receveurs ordinaires et à chacun d’eulx mandon expressément les lui paier et bailler, et non ailleurs, sur paine de les perdre et d’en fournir et respondre du leur propre, par vertu de lettres closes, mandemens paiens de nous obtenuz ou autres quelzconques ; fors en tant que, s’aucuns dous desdictes choses ou d’aucunes d’icelle en estoint par nous faiz à de nos serviteurs ou autres, que lesdictes lettres et mandemens de nous obtenuz feussent et soint tout premier et avant que nozdiz receveurs ordinaires les prennent et receivent, et non autrement, expediez et veriffiez de noz amez et feaulx conseillers Guillaume Chauvin, chancelier de Bretaigne, et de Pierre Landoys, nostre tresorier general, lesqueuls assemblément avons par cesdictes presnetes commis et commectons pour en faire et bailler les verifficacions qui seront par raison advisée et ordonnées.

SI DONNOND EN MANDEMENT à touz et chascun les receveurs ordinaires de nozdictes receptes et autres à qui de ce pourroit appartenir ceste nostre presente ordonnance tenir, entretenir, garder et observer, chascun endroit qoy, sans nul deffalt, sur les paines dessurdictes.

Et rapportant ces presentes on vidimus d’icelles, fait soubz le seel de l’une de noz cours, auquel voulons foy estre ajoustée comme à l’original, avecques les quictances dudict Guillaume Geraud, receveur et commis dessurdict, ce que paié lui auront des deniers yssans des choses et revenues sessurdictes, ou d’aucunes d’icelles, sera alloué et mis en clere descharge à chacun d’eulx qui mestier en aura, par noz conseillers, les gens de noz comptes, ausquelz mandons ainsi le faire.

Car ainsi le voulons et nous plaist, non obstant quelzconques estaz, ordonnances, mandemens, deffenses ou autres choses à ce contraires.

Donné en nostre ville de Nantes le XIIe jour d’octobre, l’an mil IIIIe LXVI.

Signé FRANCOYS. Par le Duc, de son commandement, G. RICHART.

 

Ce mandement fut scellé le 23 octobre suivant devant le chancelier de Bretagne, et l’on ne resta point longtemps sans agir, puisque, un mois plus tard, nous trouvons dans le même registre de la chancellerie, au fol. 156 recto, la mention suivante :

Mandement à Olivier Baud, tresorier des guerres, de bailler et delivrer à Guillaume Geraut, receveur de Nantes et Miseur des euvres et reparacions du boulevart que on fait au chasteau dudict lieu, la somme de IIe livres monnoye, restante de mi livres qui lui estoient couchées en l’estat de son office pour emploier au portal de Brest, et dont en a poié VIIIc livres, affin que ledict Geraut, misuer surdict, puisse assembler des attraiz et matieres, pour icelle euvre, etc.

Daté le  XXVJe jour de novembre LXVI. (signé) MILET.

 

 

Mathurin Rodier, Architecte du château et de la cathédrale de Nantes

MATHURIN RODIER, ARCHITECTE DU CHATEAU ET DE LA CATHÉDRALE DE NANTES.

J’ai publié, l'an dernier, dans la Revue des provinces de l'Ouest (l'° année, 2e partie, p. 129), le mandement de François II, duc de Bretagne, pour la reconstruction du château de Nantes.

Cette pièce donne la date précise du commencement des travaux dont les résultats demeurent sous nos yeux. A ce premier renseignement j'en pourrais joindre aujourd'hui quelques autres; mais, pour présenter un travail d'ensemble, j'aime mieux attendre, dans l'espoir de faire encore sur ce sujet quelque petite trouvaille.

Cependant, dès aujourd'hui je veux faire connaître le principal architecte, l'auteur des plans du château; il se nommait Mathurin Rodier.

C'est aussi à lui qu'on doit la façade, et probablement le plan général de la cathédrale de Nantes.

 Il y travaillait encore en 1473, comme on le verra plus bas; et un passage des registres capitulaires de Saint-Pierre de Nantes, que j'ai cité ailleurs, prouve qu'en 1455, il était déjà, depuis quelque temps, l'architecte de cette grande basilique.

L'auteur du château et de la cathédrale de Nantes n'est point, je crois, un petit artiste. Son nom mérite de rester. A côté de ce nom, on trouvera aussi ceux des maîtres d'oeuvre, Jacquet Bodart, Jean Pasquier et Jean Rousseau, chargés de faire exécuter au château les plans de Rodier, de 1473 à 1487, et celui encore du maître charpentier, Pierre Champeigne.

Tous ces détails sont fournis par les analyses des mandements ducaux, que contiennent les Registres de la chancellerie de Bretagne, déposés aux Archives de la Chambre des Comptes.

Les dates ci-dessous sont données en nouveau style.

1473, 6 avril.. « Mandement aux gens des Comptes d'allouer et passer en clere mise et descharge à Guillaume Geraut, receveur ordinaire de Nantes et miseur des euvres du chasteau de Nantes, sur les deniers qui luy ont esté ordonnez pour emploier esdiz ediffices, la somme de 480 l. monnoie, quelle luy avoit esté ordonnée, tant pour ses gaigos des mises desdiz ediffices, que pour l'esligement desdiz deniers et assignacions pour deux années. Et aussi luy allouer ce que, par la relacion du contrerolleur, il monstrera avoir poié à MATHELIN RODIER, maistre des euvres de Saint-Pierre de Nantes, pour avoir vacqué ladite derroine année sur les ediffices dudit chasteau, pour les divis  s’iceulx ; mesmes luy allouer par ladite relacion doresenavant, tes journées de Jacquet Bodart et Jean Pasquier, maistres ouvriers desdiz ediffices, à la somme de 5 s. par jour ouvrable, pour chascun d'eulx, à commencer le premier lundi prochain, qui sera le 12e jour de ce present moys d'avrill; néantmoins que paravant ces heures, ilz n'eussent acoustumé avoir que 4 s. 2 d. par jour, chascun d'eutx. »

1480,18 février. « Mandement aux gens des Comptes d'allouer et passer en descharge à Guillaume Gerault, receveur et miseur.des deniers ordonnez pour tes euvres et ediffices du chasteau de Nantes, la somme de 3000 I. monnoie, qu'il a payé et avancé, du commandement du Duc, savoir à Pierre Champeigne, charpentier, à valoir sur ce que lui pourra estre deu sur ladicte charpenterie, 2100 1., et à Jehan Bouger, couvreur d'iceutx ediffices, 900 l. monnoie. »

1486, 15 novembre. « Mandement s'adressant à Yvonnet Gareau, miseur de l'euvre du chasteau de Nantes, de se transporter tout incontinent ou envoyer à Taillebourg, par mer, quérir et achatter pierres, et icelles faire conduire par decza, pour estre employées oudit euvre. »

1487,12 mars. « Pencion de la somme de 401. par chascun an, à Jacquet Bodart, qui avoit esté maistre maczon de l'ediffice du chasteau de Nantes, à lui estre poyée sur les deniers ordonnez à la réparacion dudit chasteau. »

 1487, 5 août. « Ordonnance, par chascun an, à Jehan Rouxeau, [maistre] des ouvres du chasteau de Nantes, [de] la somme de 251., pour ses gaiges desdictes ouvres, oultre ses journées, ainsi que levoit et prenoit Jacquet Bodart, precedant maistre desdictes ouvres. Et est à commancer ladicte ordonnance le premier jour de janvier derroin passé. »

 

 

Les travaux durent être poussés activement. Ils se poursuivaient encore onze ans plus tard, puisque dans le registre de chancellerie de l’an 1477, on trouve cette mention, au fol. 9 verso :

Mandement aux gens des comptes de  allouer et passer en descharge à Guillaume Gerault les sommes et chascune qui enssuivent, et pous les causes cy après declerée, savoir : Pour ses gaiges d’un an qui finira au premier jour de mars prochai venant, IIc livres… Pour les gaiges du conterolle (contrôleur) des repparacions du chasteau, pour ledict an, c livres…. Item les mises que ledict Gerault apparoistra par les relacions dudict conterolle avoir faictes pour la faceon et couverture des cuisines faictes en l’ediffice neuff. Etc.

Cet édifice neuf, où l’on établissait les cuisines, ne peut être, ce semble, l’une des pièces de la fortification du château, mais bien le bâtiment même d’habitation, ce beau palais des ducs de Bretagne, en un mot, que l’on trouve à droite en entrant dans la première cour, et qui, d’après ce texte, devait être achevé ou au moins construit en grande partie dès 1477.

Il n’est point de mon objet d’entrer dans de longues considérations sur l’ensemble du château de Nantes, tel qu’il est aujourd’hui. Seulement, après un examen attentif, je serais porté à attribuer au règne du duc François II le palais intérieur et la face extérieure tournée vers l’ouest, depuis l’ancienne tour des Espagnols jusqu’à celle qu’on a récemment exhumée de sous le bastion de Mercoeur, exclusivement ; au lieu que je rapporterais à la duchesse la tour du Fer-à-cheval et la grande courtine du sud avec ses deux tous.

Je ne puis non plus retenir, en terminant, l’expression du sentiment pénible qu’inspire à tous les amis de l’art et de l’histoire le triste état ou dépérit aujourd’hui le château de Nantes. Les plus illustres souvenirs de nos annales se rattachent à cet édifice ; nos architectes et nos sculpteurs du XVe siècle y ont épuisé leur talent. Et c’est à ce noble monument des vieilles gloires bretonnes qu’on laisse si paisiblement infliger de tels affronts !

 

 

Mandement du duc François II pour la reconstruction du château de Nantes (1466) / par A. Le Moyne de La Borderie. 1854

 

 

 

 

 


 

En 1471, François II, dernier duc de Bretagne, épouse Marguerite de Foix dans la chapelle Saint-Antoine, château de Clisson
François II, né en 1435 à Clisson, fils de Richard, comte d'Étampes, petit-fils de Jean V, fut le successeur d'Arthur III de Bretagne dit le " Connétable de Richemont ".

 

Nantes 1582, Philippe-Emmanuel de Lorraine, duc de Mercœur et gouverneur de Bretagne 

Pendant les guerres de Religion, le château connaît une nouvelle campagne de travaux, menée par Philippe-Emmanuel de Lorraine, duc de Mercœur et gouverneur de Bretagne. Celui-ci, mécontent de la politique modérée d'Henri III, rejoint la Ligue catholique et forme même une petite " Ligue bretonne " pour défendre les intérêts catholiques en Bretagne.



Les vestiges des fortifications du vieux Nantes mis au jour lors des fouilles menées par le chanoine Durville - 

Si Gérard Mellier, qui fut maire de Nantes au commencement du XVIIIe siècle, revenait en ce monde, il n'est pas bien sûr qu'il reconnaîtrait aujourd'hui la cité bretonne à laquelle il avait consacré sa rare intelligence et son dévouement inépuisable.

 

 

(1)   D. Morice, Preuve de l’Hist. De Bret. I, 809. Travers, Hist. De Nantes, t, I, p. 307 ; et Mellinet, Communes et Milice de Nantes, t. I, pp. 31, 32, 44, 250.

(2) D. Morice, preuves, I, 166

(3) . D. Morice, PR. I, 1901

Publicité
Commentaires
PHystorique- Les Portes du Temps
Publicité
Publicité