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PHystorique- Les Portes du Temps
14 mai 2022

Le château de Chastellier-Barlot sur la commune du Poiré-sur-Velluire

Le château de Chastellier-Barlot sur la commune de Le Poiré-sur-Velluire

Le château de Châtelier Barlot, sur le bord du canal des Hollandais, qui forme comme une large ceinture à ce curieux pays qu’Henri IV, dans une lettre à la belle Corisandre, appelait la grande Venise naturelle, s’élève un vieux manoir dont le nom de chastellier semble faire remonter la première origine à l’occupation romaine.

A côté, est un bourg, autrefois simple village, appelé d'abord Petracum, Péreium de Voluire, Péré au Moyen Age ou le Poiré, il a fait, jusqu'au XVIIe siècle, partie de la paroisse Notre-Dame-de-Coussay, dont l'église ruinée se voit encore, dans un isolement complet, au milieu de la plaine.

Cette église, bâtie, dit-on, par les mariniers du pays, a remplacé une habitation ou chapelle romano-gauloise, qui a ses fondations enfouies à peu de profondeur dans le sol.

 

La dernière époque de construction — la seule qui ait laissé des traces, et dont la date se lit sur le fronton d'une lucarne (1593, n’est guère plus représentée aujourd’hui que par une tour en très bel appareil, et dont le système de défense, composé d’échauguettes et de moucharabys à meurtrières, forme un ensemble curieux et pittoresque.

Le château actuel doit son nom et sans doute aussi son existence, à Léon Barlot, chevalier de l'ordre, conseiller en les Conseils d’Etat et privé, gentilhomme ordinaire de la chambre, premier maréchal des camps et armées de France, seigneur du Chastellier-Barlot, de la Goronnière, de Velluire, de la Boissière, baron de Brillac. etc... qui naquit au Chastellier en 1560, d’Anthonin Barlot et de Renée de la Vergue.

Au dire de M. B. Fillon (Rech. Inst. s. Fontenay, t. I. p. 265 et 266, not.), Léon Barlot ne fut pas seulement un militaire de valeur, mais encore un lettré de quelque mérite.

 

 

 

 

Chastelier-Barlot

BARLOT. — Ancienne famille du Bas-Poitou, qui a formé les branches de la Tremblaye-Barlot et du Chastelier-Barlot. (Bib. Nat. fonds Dupuy, 220, p. 295.)

Blason : de sable à trois croix pattées d'argent.  (Bib. de l'Arsenal.)

 

5. — Guillaume Barlot, Ec., sgr du Chastelier, fils puîné de Jean et de Marie Claveau (48 deg., § 1), épousa Aliette CHARUYAU DE MONTORGUEIL, dont il eut :

6. — Joachim Barlot, Ec., sgr du Chastelier, servit comme archer au ban de 1533.

Il avait, le 20 juin 1565, des propriétés dans la mouvance de Belleville en Thouarsais. Il avait épousé Renée DE BARAZAN, fille de Pierre, Ec., sgr de la Salmondière près Niort, et de Jeanne de Prahec, vers 1530. Il eut de ce mariage:

7. — René Barlot, Ec., sgr du Chastelier, épousa Marie BODET, fille de René, sgr de la Fenestre, et de Renée de Montrichard. Il fut père de : 1° ANTOINE, qui suit (Gd-Pré d'Aquitaine); 2° RENÉE, dont il est parlé dans le testament d'Antoine son frère, relaté plus loin.

8. — Antoine Barlot, Ec., sgr du Chastelier- Barlot, la Gorronière, etc., était marié, le 26 mai 1581, à Renée DE LA VERGNE, fille de Jean, Ec., sr de la Simatière? et de Guillemette Robert.

Château d’origine féodale, fut reconstruit en 1593, « au goût du jour », par Jehan MORISSON, architecte du château de Terre-Neuve à Fontenay.

Fontenay le Comte Maison à Porche de Jean Morisson ?

« Jean Morisson, qui aurait construit le château de Terre-Neuve et la maison sise au 16, place Belliard, son existence est illusoire. » Marie-Gabrielle Giroire, animatrice du patrimoine pour la Ville.

 

Il rendit, à cause d'elle, hommage à la Brie de Brandois pour la Gorronière, le 20 août 1598. Il prenait aussi le titre de sgr du Buignon.

Étant tombé malade à Nevers, il y fit son testament le 21 août 1616. Il en avait fait un autre le 15 févr. 1613, en faveur de LÉON, son fils aîné, ordonnant à ses autres enfants d'exécuter sa volonté, choisissant pour ses exécuteurs testamentaires Pierre Robert, Ec., sgr de Lézardière, et Loys Marchand, Ec., sgr de la Mulenière.

Ses enfants étaient, outre Léon précité : 2° ANTOINE, 3° RENÉ, reçu Chev. de l'ordre de St-Jean de-Jérusalem le 17 août 1606, il fait effectuer la restauration de l’église Saint-Nicolas du Poiré; 4° PIERRE, 5° Louis, Chev., sgr de Jonzac, gentilhomme ordinaire de la chambre du Roi, présida au partage de la succession de son frère Léon, le 25 mars 1646; 6° HÉLÈNE, mariée à Jacques Foucher, Chev., sgr du Gué-Ste-Flaive, gentilhomme ordinaire de la chambre du Roi ; elle était décédée avant 1628. Le 4 nov. de cette année, son mari cédait à leur fils les biens qui lui provenaient de la succession de sa mère. 7° JEANNE, mariée, le 27 mai 1607 (Prévost, notre de la châtnie de Villiers), à Louis Jourdain, Ec., sgr de Villiers-en-Plaine; elle était sa veuve et fut déclarée tutrice de leurs enfants mineurs le 14 mai 1633 ; le 16 juin suivant, elle rendait, au nom de Bertrand Jourdain, son fils mineur, aveu de la sgrie de Villiers-en-Plaine, au château de Parthenay, et était décédée le 30 nov. 1654 ; 8° RENÉE, qui épousa Arnoul Porcheron, Ec., sgr de St James et de la Tour, lequel assistait au conseil de famille des mineurs Jourdain, comme oncle maternel par alliance ; 9° GILBERTE et 10° MARIE, religieuses.

 

Léon Barlot du Chastelier (1644) fils d'Antoine, et petit-fils de Joachim, chevalier des ordres du roi, conseiller en ses conseils d'état et privé, premier maréchal des camps et armées de France, naquit au bourg du Poiré près Fontenay- le-Comte, le 14 mars 1582, d'une très noble famille (1), et l'une des meilleures de la province.

 

Ses premières années furent consacrées à l'étude. Les mathématiques, les fortifications et la perspective furent les sciences auxquelles il se livra. Elles étaient celles qui paraissaient les plus nécessaires au parti des armes pour lequel il était destiné. Il le prit dès l'âge de douze ans, et porta le mousquet pendant deux ans dans la compagnie du sieur de Perne, qui fut depuis gouverneur de Saintes.

Il était d'une taille avantageuse, d'une figure agréable, robuste et adroit dans les exercices militaires; il donna de lui une opinion si favorable, que dans une assemblée de la noblesse convoquée en 1597 par Malicorne, gouverneur du Poitou, pour conserver cette province au roi et la mettre à l'abri des tentatives du duc de Mercœur, on donna à Châtelier Barlot un commandement absolu sur la noblesse et les autres états à sept ou huit lieues aux environs de sa maison.

C'était une espèce de gouvernement. Toute la province avait été divisée en sept parties, et sept gentilshommes des plus distingués étaient nommés les chefs, à qui chaque canton devait obéir.

Du Châtelier Barlot n'avait encore que quinze ans lorsqu'on lui déféra cet honneur. Le Poitou ayant été purgé en peu de temps des restes de la ligue et des brigands qui, sous le nom du duc de Mercœur, levaient des tributs forcés, pillaient les maisons, assiégeaient les châteaux et s'y remparaient.

Le jeune Barlot obtint de son père, qui avait été son guide, la permission d'aller trouver le roi qui était au siége d'Amiens (2). Il s'y attacha au maréchal de Biron (3). On sait les suites heureuses de ce siège. Amiens fut repris par S. M. Tout se soumit aux armes légitimes du vainqueur; la paix de Vervins (en 1898) fut l'heureux terme de la ligué et des guerres civiles.

Du Chàtelier Barlot pendant les douze années de tranquillité qui suivirent cette paix, se tint à la cour à la suite du roi.

Il l'accompagna jusqu'à Donchery où le maréchal de Bouillon vint trouver Sa Majesté et fit sa paix avec elle.

En 1609, le roi étant sur le point d'exécuter ce grand projet, dont tous nos historiens parlent, avait fait lever un régiment pour M. le dauphin. Châtelier Barlot obtint la troisième compagnie (4).

 

La funeste mort d'Henri IV rendit cette faveur sans effet. Il eut ordre en 1612 d'accompagner le duc de Mayenne, qui alla en Espagne suivi de cinq cents gentilshommes chercher l'infante, épouse de Louis XIII.

Le prince de Condé et le duc de Bouillon ayant pris les armes pour satisfaire les mécontentements qu'ils prétendaient avoir de la cour, du Châtelier fut honoré d'un régiment d'infanterie de dix enseignes. Il eut peu de jours après la qualité de mestre de camp.

 La paix de Loudun fut suivie de la mort du maréchal d'Ancre, et des brouilleries entre la reine-mère et le roi.

Cette princesse s'étant retirée à Loches et ensuite à Angoulême, le duc de Mayenne marcha contre le duc d'Épernon, qui favorisait la retraite de la reine- mère : du Châtelier fut de l'armée du duc de Mayenne. Il suivit toujours constamment le parti de la cour, je veux dire celui du roi.

Au siège de Saint-Jean-d'Angély, du 30 mai 1621 – 24 juin 1621, Soubise demanda à lui parler et le fit prier d'obtenir du connétable de Luynes qu'il engageât le roi à accepter une capitulation : je passe sous silence plusieurs autres occasions peu importantes, où il eut part;

Louis XIII ayant résolu de lever de nouveaux régiments d'infanterie, et de leur donner le drapeau blanc, ainsi que le nom des provinces où ils seraient levés, ordonna à du Chastelier-Barlot de former le régiment du Poitou, qui, dans le principe, était entièrement composé de Poitevins, et a toujours tenu un rang distingué dans l'infanterie française.

Nous trouvons, dans les Mémoires de Léon du Chastelier-Barlot, de curieux détails sur la bataille de l'île de Rié en 1622. Je le laisse parler  :

« Le sieur de Soubize ayant recommencé la guerre et s'estant emparé de la Chaume et des Sables, le duc de La Rochefoucaud pria le sieur du Chastellier-Barlot, qui venoit d'arriver en Poictou, de demeurer avec luy, pour luy aider à repousser le sieur de Soubize. Celui-ci accepta, et La Rochefoucaud partit pour la Roche-sur-Yon.

Là il apprit que Soubize estoit aux Clouzeaux ; mais des pluies, qui avoient beaucoup fait gonfler la rivière, l'empêchèrent de passer, et son ennemi profita du retard pour se rendre à Mareuil et le pays gras qui est entre Fontenay et cette localité. La Rochefoucaud le poursuit ; il ne peut encore l'atteindre, parce que, prévenu à temps, il s'estoit retiré à La Chaize ; il prit cependant Mareuil et y mit en garnison quinze enseignes de gens de pied. Comme c'estoit l'hyver et qu'il falloit absolument passer là le Layz, Soubize ne pouvoit plus gagner Fontenay.

Barlot commanda à Mareuil, pendant que La Rochefoucaud se retira à Luçon. Arrivé là, il apprit, par MM. le maréchal de Saint-Luc et le comte de Brassac, que leurs troupes estoient bien inférieures en nombre à celles de Soubize ; il résolurent donc de se retirer à Fontenay. Barlot fut chargé cependant de ravitailler Mareuil.

» Cela fait, le jour de Pasque, le soleil levé, il partit et s'en vint à Fontenay, où il trouva que M. de Saint Luc s'en estoit allé desja par le chemin de Brouage, et M. de Brassac prest à monter à cheval, pour prendre celui de Chastellerault; l'infanterie passée en l'isle de Maillezay et la cavallerie logée dans les faulxbourgs des Loges. M. le duc de La Rochefoucaud était prest aussi à monter à cheval et à s'en aller vers la Terne, ou à La Rochefoucaud, pour assembler de rechef les amis qu'il a en ce pays-là. Il laisse le sieur du Chastellier-Barlot dans Fontenay, avec pouvoir de disposer de l'infanterie qui estoit dans Maillezay, et de la cavallerie qui estoit dans les Loges, n'emmenant avec luy que sa maison et ses gardes.

» Comme il fut party, le sieur du Chastelier-Barlot envoya quérir l'infanterie qui estoit dans Maillezay, et la mit dans le faulxbourg de Saint-Michel, lequel il fossoya et barricada avec toute la diligence possible; et dès le lendemain il envoya par les paroisses des commissions pour avoir des pioniers. Il en eut cinq cents par jour. Ils travaillèrent partout : aux moulins, pour empescher qu'on ne les peust oster si facilement; sur les bastions, aux portes, bref, partout où il y avoit plus de haste ; fait amener foin, paille, bois; fait assembler la Maison-de Ville, où il fit protester que s'ils étaient assiégez, le premier qui parleroit ou qui escouteroit pour se rendre, seroit pendu et estranglé. Et luy même le vouloit estre s'il en parloit ou escoutoit parler.

» Que tous les meubles et ustencilles que l'on voudroit esvader hors de la ville et des faulxbourgs, de quelque petite ou grande valeur qu'ils pussent estre, s'ils étoient pris, seroient confisqués, pour estre l'argent qui en proviendroit employé à l'hôpital de soldats malades ou blessez, ou à récompenser quelques chevaux aux cavalliers à qui il en seroit tué dans les combats.

» En peu de temps, il y eut un grand magazin de foin, d'avoyne et de bledz, et on eut fait beaucoup de retranchements à la ville, aux faulxbourgs et au chasteau.

» Cependant Soubize apprend que cette belle noblesse s'étoit dispersée, que MM. de Saint-Luc et de Brassae s'étoient retirez, et que M. de La Rochefoucaud mesme avoit jugé à propos de s'en aller en Angoumois assembler ses amis.

» Il passe le Layz à Trizay, et s'en va droit à Luçon.

Pendant son séjour là, ce n'était que courses de part et d'autre, dont le bonheur demeuroit toujours du costé de la garnison de Fontenay. Navaille y fut battu une fois à Pouillé, Surin par Courtois, et la Franchère une fois auprès de Tiré. Enfin ces petites charges tenoient deux ou trois lieues autour de Fontenay en liberté. »

La guerre prenant beaucoup de gravité, le roi arriva en personne.

Il se dirigea de suite du côté des marais de l'île de Rie, et, le 16 avril 1622, il défit complètement l'armée de Soubise, qui se sauva par mer à La Rochelle, dont les bourgeois le reçurent fort mal.

Les gentilhommes protestants, pris les armes à la main, furent renfermés dans les prisons de Saintes, Poitiers et Fontenay, d'où ils sortirent facilement. Quant aux malheureux soldats, victimes toujours dévouées en expiation des fautes des grands, on les mit aux galères.

La capture du fort de la Chaume fut le dernier fait d'armes de ce soulèvement.

Il se trouva ensuite au blocus de la Rochelle, où il se signala, dit-il, dans plusieurs petits combats, pendant ce blocus qui dura six ou sept mois.

Il se mit ensuite à suivre la petite armée de Soubise, avec le duc de la Roche-Foucauld, et s'enferma dans Fontenay-le-Comte en 1622.

Cette même année il fut confirmé dans sa charge de maréchal de camp. Pendant l'hiver de cette année, il fut député pour faire exécuter à la Rochelle les édits concernant le rétablissement de la religion catholique.

Il servit ensuite sous les maréchaux de Thoiras, de Themines et de Schomberg contre les Rochelais, jusqu'à la prise de la Rochelle, après vingt mois de siège, le jour de la Toussaint 1628.

Il suivit le roi en Piémont, dans cette campagne mémorable où Sa Majesté, en personne, força le pas de Suze au milieu de l'hiver.

L'année suivante 1630, il retourna en Savoie avec son régiment sous le commandement du maréchal de Châtillon, et rejoignit le roi après la prise de Rumilly par Sa Majesté , et celle d'Annecy par Châtillon. Ayant reçu ordre d'aller à Conflans avec Manicamp pour en forcer les faubourgs, il franchit, pour abréger le chemin, des roches escarpées et des précipices affreux, en se laissant glisser du haut en bas avec cinq mille hommes qui en firent autant ; ce qui fit dire au secrétaire d'état la Vrillière qui accompagnait le roi, qu'il avait bien ouï dire que les oiseaux franchissaient les montagnes, mais non pas les armées avec armes et bagages.

Conflans fut pris la même nuit. Il se mit à suivre le prince Thomas qui était fort pressé, lorsqu'il reçut ordre d'aller attaquer Miollans, qui se rendit deux jours après ; Montmenian résista huit jours.

Un ordre du roi l'obligea d'en quitter le siège pour rejoindre le maréchal Schomberg., avec lequel il partit de Suze pour attaquer Veillane qui, tout bien fortifiée qu'elle était, fut aussitôt prise qu'attaquée.

Il se trouva aussi au siége de Cazal. Mazarin qui négociait la paix et qui allait et venait de l'armée du roi à Cazal, ayant quitté les ennemis pour passer à l'aile gauche que commandait du Châtelier Barlot, le négociateur essuya cinquante coups de mousquet qui lui furent tirés par les enfans perdus du régiment de Champagne. Il avait beau crier qu'il apportait la paix, il eut, infailliblement été tué s'il n'eût été reconnu de la Fitte, aide de camp.

Cazal fut rendu, la paix fut faite avec les impériaux, l'Espagne et la Savoie, et le duc de Mantoue rétabli.

Du Châtelier Barlot retourna à la cour. Il fit un voyage à sa maison en 1631 ; il y resta peu de temps, et fut un de ceux qui contribuèrent le plus à la prise de Bergançon et de Saint-Tropès (5) par le maréchal de Vitry.

Il fut rappelé en 1632 en Lorraine où il joignit le roi, mais le duc ayant fait satisfaction, on revint à Paris. La rébellion de Montmorenci avait déterminé le roi à faire un voyage en Languedoc ; mais la journée de Castelnaudary, où le maréchal fut fait prisonnier (6) finit les troubles. Tout plia : Pezenas et Béziers se rendirent à du Châtelier.

En 1633, il servit en qualité de maréchal de camp sous le marquis de Saint-Chaumont, et nettoya Trèves et ses environs des troupes allemandes et espagnoles.

La prise de Fredambourg, entre Trêves et Metz, lui fit beaucoup d'honneur, elle ne coûta au roi que quatorze hommes. Nancy ayant été pris par Sa Majesté en personne après vingt-deux jours de tranchée, elle donna à du Châtelier Barlot des marques d'une extrême considération, lui ayant ordonné d'entrer le premier dans la ville par la porte Saint-Nicolas à la tête de six compagnies du régiment de ses gardes pour demeurer dans la Ville-Neuve.

Le roi fit plus, il voulut être logé par du Châtelier, lui, la reine, le cardinal de Richelieu et le garde des sceaux dans la ville-Neuve ; que les clefs de la ville lui fussent remises, et qu'il fit la fonction de gouverneur , honneur dont il jouit tant que le roi resta à Nancy.

Il alla passer l'année suivante 1634 dans sa maison.

En 1635, quoique malade et incommodé de la goutte, il partit pour l'armée de Flandre commandée par les maréchaux de Châtillon et de Brézé ; il avait la qualité de premier maréchal de camp, avec le brevet de général, si le maréchal de Châtillon ou celui de Brézé n'eussent pu commander.

 Il contribua beaucoup au gain de la bataille d'Avein, livrée le 28 mai 1635 contre le prince Thomas qui y perdit plus de quatre ou cinq mille hommes tués sur la place, sans un grand nombre tués en fuyant et quantité de prisonniers. Obligé de se retirer au commencement de l'hiver 1635, après avoir levé le siège de Louvain faute de vivres, il revint à la cour avec le maréchal de Châtillon.

Louis XIII, ayant résolu de lever de nouvelles troupes d'infanterie, et de leur donner le drapeau blanc, et le nom des provinces où elles seraient levées, ordonna à Châtelier Barlot qui s'était défait du régiment que le roi lui avait donné, de faire le régiment de Poitou.

 Il le mit sur pied ; il était composé de neuf cents Piques ; neuf cents Corselets et neuf cents Mousquets.

Telle est l'origine du régiment de Poitou, qui s'est distingué dans une infinité d'occasions.

Il se retira en 1636, dans sa maison, d'où ses fatigues passées et des maladies continuelles ne lui permirent plus de sortir.

Ce fut apparemment dans sa retraite qu'il composa ses Mémoires publiés de son vivant, et dont j'ai tiré tout ce que je viens de dire de sa personne. Ils parurent avec ce Titre : Mémoires pour servir à l'Histoire, tirés du cabinet de messire Léon du Chatelier Barlot, chevalier des ordres du roi, conseiller en ses conseils d'état et privé, etc., dêpuis l'an 1596 jusques en 1636, à Fontenay par Pierre Petit-Jean, 1643, petit in-4°, pag. 113, sans un avant-propos.

Le Gendre juge très défavorablement de ces Mémoires :

« ils valent moins, dit-il, que les almanachs, sur la marge « desquels les bourgeois marquent à leur manière les principaux événemens. L'avant-propos, ajoute-t-il, promet de « si grandes choses qu'on est surpris quand, en ouvrant le livre, on ne voit qu'un simple nota des siéges ou autres occasions, où cet officier s'est trouvé. Quoiqu'il fut homme de condition, et qu'il eût fort pratiqué la cour, il parle Français et orthographie pitoyablement. Après avoir lu l'ouvrage entier, on ne saurait disconvenir qu'il n'est point digne d'un officier tel qu'on nous l'annonce dans l'avant- propos, et tel qu'il était en effet. Il ne saurait passer que pour une espèce de journal sans goût et sans choix. On pourrait réduire tout ce qu'on y trouve d'instructif à dix ou douze pages, quoique l'auteur parle des événemens les plus importans du règne de deux rois; comme on pourra le remarquer dans l'analyse que j'en ai faite pour former son éloge historique, l'éditeur parle sous le nom d'un de ses amis, plein de zèle pour le public et toujours prêt à faire des larcins pour lui rendre service. Il y a longtemps que ces détours ne font plus fortune, et je ne doute pas que l'auteur ne se soit amusé à publier lui-même son ouvrage fort mince à tous égards. Cependant il faut convenir qu'il sert à perpétuer la mémoire des services rendus à l'état par l'auteur, à qui notre histoire n'a pas rendu toute la justice qu'il méritait. Tant il est vrai que la valeur et le courage ne suffisent pas pour immortaliser un guerrier ! Pour le style, je trouve le jugement que porte l'abbé le Gendre un peu sévère ; il est négligé, sans ornement, quelquefois un peu grossier ; mais il est vif, serré, et on y reconnaît, malgré ses défauts, un homme du métier. Comparé aux écrivains de son temps, je ne trouve point le style de du Châtelier Barlot si pitoyable que le fait entendre le Gendre.

A la suite de l'avant-propos, on trouve plusieurs pièces de vers, la première de Jean Besly, c'est peut-être le fils. Les vers m'ont paru d'un tour plus naturel que ceux du père qui mourut peu de temps après (7). L'auteur les vers compare poliment du Châtelier Barlot à César.

 

Ainsi de ses hauts faits, d'un style souverain,

César fut l'écrivain.

Julien Collardeau dont nous parlons aussi, donna quatre stances à la louange de l'auteur des Mémoires. Elles sont fort passables. P. d'Enfer y joint une épigramme latine qui vaut encore mieux, peut-être parce qu'elle est latine : Voici les deux derniers vers qui se passeraient bien des deux premiers :

Ense , manuque potens Ajax ,facundus Ulisses,

Divisa inter eos gloria, tota tua est.

Romain Dupin Pager qui a aussi sa place dans notre Bibliothèque, lui adresse un sonnet à la manière libre de ceux de Maynard ; un J. Gobin, avocat, un autre plus régulier et plus mauvais que celui de Pager, et Fr. Châtevère une épigramme. On trouve à la fin du livre ce rondeau sans nom d'auteur.

RONDEAU.

Il a bien fait d'éterniser sa gloire

Ce grand Léon, au temple de mémoire,.

Par ce discours qui charme nos esprits:

De sa valeur tous nos cœurs sont épris.

Malgré le temps, malgré la parque noire,

Jamais son nom dans l'oubli n'ira boire,

Les eaux du Rhin, du Rhône et de la Doire Portent ces mots sur leur rivage écrits :

Il a bien fait.

 

Son bras a fait plus qu'on ne saurait croire,

Il entassa victoire sur victoire,

De sa vertu, sa vertu fut le prix ,

Tous autres biens lui furent à mépris,

Et chacun dit, en lisant son histoire :

Il a bien fait.

( Voyez les Mémoires de du Châtelier Barlot, le reste extrait d'un long éloge latin gravé sur son tombeau, que M. Gusteau, prieur de Doix, a eu la bonté de m'envoyer avec quelques observations.)

 

Il mourut le 6 janvier, jour de l'Epiphanie de l'année 1646, oublié du prince, et haï du ministre, qui ne lui offrit, dit-on, le bâton de maréchal qu'à des conditions qu'on ne devait pas mettre après plus de quarante ans de service.

L'on m'assure dans des Mémoires que j'ai reçus de Fontenay, que le cardinal de Richelieu dans le dessein de bâtir le château de Richelieu et la ville même, dans la paroisse de Poiré, dont du Châtelier Barlot était seigneur, et de joindre la petite rivière de la Vendée à la mer, par un canal qu'on ne pouvait faire qu'à travers les terres de Barlot, lui proposa la vente de sa terre et celle du château, qu'il lui promit même de joindre au prix qu'il en exigerait le bâton de maréchal ; que Barlot répondit à ces offres qui lui furent faites par le cardinal même :

« Monseigneur, un bâton de maréchal ne se vend pas, on le gagne, et j'ai assez beau jeu. Il perdit pourtant la partie, et mourut sans cet honneur. »

Ce que j'ai dit de la haine du ministre contre lui est justifié par cet éloge où l'on dit :

Illustrissimum virum Leonem Barlotium prœdicamus, omnibus virtutibus, maccimè cardinalibus (quanquam cardinales ipsi minus faverint) eminentissimè præcellenlem ; et plus bas : Fortunatior fuisset Leo Barlotius, si se eminentissimo cardinali Armando Richelio submisisset, sed submittere se se leones nesciunt, nec fortunati esse aut haberi ambiunt dummodo sint, et habeantur generosi qui nunquam armatis cesserat Heros, certè mullô minus Armandis.

Tout cet éloge est sur ce ton épigrammatique, ce sont des pointes continuelles. Au reste je n'y ai rien vu que je n'aie dit dans son article.

 

Du Chastelier-Barlot avait épousé Dlle Jeanne BOUHIER, fille de Robert, Ec., sgr des Fenestraux, et de Louise Rousseau. Il laissa de son mariage : 1° RENÉ, qui suit ; 2° autre RENÉ, Chev., sgr Bon de Pouillé, qui partagea avec son frère aîné, le 25 mars 1646 (Bernard et Lecomte, notres à Fontenay), les successions de leurs père et mère. Nous ignorons s'il se maria et s'il eut postérité.

 

10. — René Barlot, titré Mis du Chastelier, prenait en 1646 les titres de Chev. des ordres du Roi, mestre de camp au régiment de Poitou, sgr du Chastelier-Barlot, Bon de Brillacq et des châtnies de Veluire, la Touche, le Bois-Beugné, Langlé, le Boisbretin, la Boissière, Baincy, etc. Il épousa Louise PORCHERO, fille d'Arnoul, Ec., sr de St-James, et de Renée Barlot. Il fut confirmé le 25 sept. 1667, dans sa noblesse par M. Barentin. Il habitait alors psse N.-D. de Foussay, élect. de Fontenay. Il eut entre autres enfants ARMAND, qui fut reçu Chev. de Malte le 6 juill. 1677.

Voici comment B. Fillon raconte dans Poitou et Vendée, au Armes trouvées dans la Vendée, p. 3 et 4, la triste fin du dernier représentant de la famille Barlot :

« Son nom s'éteignit dans la personne d'un pauvre diable, qui finit ses jours à l'abri d'une masure dépendant du Chastelier, qu'on lui avait abandonnée lorsque le domaine fut vendu par autorité de justice, à la requête de Jean de Creil-Bournezeau, intendant de la généralité d'Orléans, qui s'en rendit acquéreur.

« Si on en croit la tradition, le nouveau châtelain, homme assez mal famé, ayant offert sa fille en mariage à l'infortuné gentilhomme, afin de reporter sur les siens quelque peu de la considération dont avaient joui les Barlot, celui-ci, pour toute réponse, détourna la tête, enfonça son chapeau sur ses yeux et se coucha dans son taudis, où il ne tarda pas à mourir de faim. »

 

On prétend que des souterrains importants existent sous les constructions féodales du Chatelier-Barlot

 

 

 

 

 

Dictionnaire historique et généalogique des familles du Poitou. Tome premier, A - Brisset. Tome 1 / par M. H. Beauchet-Filleau et feu Ch. de Chergé

Histoire littéraire du Poitou. Tome 1 / par Dreux-Duradier ; précédée d'une introduction, et continuée jusqu'en 1840 par une société d'hommes de lettres

Revue poitevine et saintongeaise : histoire, archéologie, beaux-arts et littérature... / rédacteur en chef Jos. Berthelé

 

 

 

 

Le régiment Royal-Niort créé par Louis XIII par lettres patentes prises au Siège de Saint-Jean-d'Angély le 26 juin 1621. <==

 1622 Louis XIII et la défaite de Soubise - Prise du Château de la Chaume (bataille de l'île de Rié)  <==

 

 ==>CARNET ARCHÉOLOGIQUE FOUILLES A LA CHAPELLE PAROISSIALE DE NOTRE DAME DE COUSSAY OU COUSSAYE

 


 

(1) Elle subsiste encore aux environs de Fontenay-le-Comte. En 1559, vivait Renée Barlot, veuve de feu Gilles de Laval, dame en partie de la Mothe-Saint-Héray.

(2) En 1597.

(3) Qui y commandait

(4) Le sieur de Reignac avait la première. le marquis de Mony la seconde.

(5) En Provence.

(6) Le 17 septembre 1632.

(7) En 1644. Voyez son article.

 

 

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