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11 décembre 2021

Le régiment Royal-Niort créé par Louis XIII par lettres patentes prises au Siège de Saint-Jean-d'Angély le 26 juin 1621.

Le régiment Royal-Niort créé par Louis XIII par lettres patentes prises au Siège de Saint-Jean-d'Angély le 26 juin 1621

La ville de Niort possédait une milice bourgeoise depuis 1572, organisée par le comte de Lude, peu après la Saint-Barthélemy.

À la suite de la révolte de certains protestants de l'ouest contre l'avis de la noblesse protestante, Louis XIII se met en route vers le Poitou le 24 mai 1621 traverse la ville de Niort pour aller investir Saint-Jean-d'Angely

Les bourgeois s'empressent de former un détachement de milice niortaise qui brigue l'honneur d'accompagner et d'assister le roi dans sa sanglante expédition.

Cette milice, composée de douze compagnies et recrutée, chose incroyable, en nombre égal parmi les catholiques et les protestants, se conduisit de façon à mériter le titre de régiment royal Niort.

À Niort, le gouverneur, Henri de Baudéan, comte de Parabère, protestant, lui ouvre la ville.

Le roi continue sa route vers Saint-Jean-d'Angély, puis La Rochelle où il met le siège.

La milice bourgeoise a accompagné les troupes royales.

Une de ses compagnies ayant eu un comportement glorieux, le roi a décidé de récompenser la milice bourgeoise en la transformant en régiment et en lui donnant le titre de Royal-Niort.

Louis XIII passa par Niort dans chacun des voyages qu'il fit au camp de La Rochelle, et Niort servit de prison aux plus notables des vaincus, après la chute du dernier refuge du protestantisme.

En dehors de l'épisode militaire qui a valu à la milice bourgeoise de Niort d'être transformé en régiment Royal-Niort, ce régiment n'a pas participé à des batailles.

Il n'a eu qu'un rôle de police et de garde des côtes pour éviter des débarquements de troupes.

 

S'ENSUIVENT LES LETTRES DE CRÉATION DU RÉGIMENT ROYAL DE NYORT , DE DOUZE COMPAGNIES EMPLOYÉES AU BAS DU ROLLE DES OFFICIERS CRÉEZ PAR LE ROY.

LE roy désirant establir quelque ordre pour la garde et conservation de la ville de Nyort, par le moyen duquel tous ses subjects tant catholiques que de la religion pretandue reformée y soient admis, et s'estant faict représenter le roolle des principaux habitans de ladite ville, veult et ordonne qu'il soit estably douze compagnies soubz la charge de douze capitaines, lieutenans et enseignes cy dessus desnommez.

Mandons au sieur de Parabere, gouverneur de ladite ville, de prandre et recevoir leur serment, et ensuite les establir et ordonner à la garde des portes de ladite ville , et leur commander ce qu'ils auront à faire pour la seureté et conservation d'icelle, tenant la main à ce qu'ils vivent et se comportent ensernblement en toute union, amitié et concorde.

Faict au camp de St. Jean d'Angely le 26 juin 1621.

Signé Louys et plus bas, PHELIPPEAUX.

Depuis ce temps là ledit regiment s'est toujours maintenu suivant son estabkissement et les officiers en ont esté renouvellez de temps en temps, ayans non seulement esté employés pour la garde de la ville, mais encore pour servir au dehors soit pour aller en party comme l'on fit pendant les guerres civilles des princes contre les ennemis de l'estat, sur lesquels on fit des prisonniers et du butin , soit pour aller servir sur les costes de la province, comme il est arrivé l'année 1674.

Monsieur le duc DE LA VIEUVILLE gouverneur de Poitou ayant ordonné un détachement de 500 hommes d'infanterie dudit regiment avec leurs officiers qui sont allés servir sur les costes avec un zele extraordinaire pour le service du rov, dont Monsieur le duc de la Vieuville a témoigné estre tres-satisfait par diverses lettres qu'il en a escritesau S. de la Terraudiere maire, par les soings duquel la chose a esté conduite, et a donné une attestation publique du service qu'ils ont rendu y en la forme qui suit.

Le Duc DE LA VIEUVILLE, pair de France, chevallier d'honneur de la reine, gouverneur et lieutenant général pour le roy du haut et bas Poictou, Chastelleraudois et Loudounois.

Certiffions à tous qu'il appartiendra que les cinq cens hommes destachés du regiment de Nyort pour le service du roy par nos ordres pour la deffence des costes de Poictou, et commendés par les sieurs de la Voute France , de la Fontenelle Migault, Villepain Marot, de Luns Guyot, et la Brosse Chebrou, capitaines ; Jacques Fradet , Pierre Chebrou, Gabriel Hugueteau et Jean Gresseau , lieutenans, et ledit Chebrou ayde major; Louis Madien, Jacques Gorrin et Jean Bidault soubslieutenans , avec 20 sergents et 20 caporaux, ont bien et fidellement servi Sa Majesté dans l'isle de Bouin, aux Sables d'Olonne et ailleurs, et bien vescu en tous les endroits de leur passage et lieux de garnison, en foy de quoy nous avons signé ces présentés de nostre main, icelles fait signer à nostre secrétaire et apposer le seau de nos armes.

Aux Sables le dernier juillet

Signé le duc DE LA VIEUVILLE,

et plus bas par Monseigneur, TACONNET,  et seellé des armes dudit Seigneur.

 

Et au paravant, sçavoir le 13 dudit mois de juillet, ledit détachement avoit passé en reveue à Beauvoir sur mer devant Monsieur DE MARILLAC intendant de Poitou, qui en fit dresser un estât en la forme qui suit.

 

REVEUE DES CINQ COMPAGNIES DÉTACHÉES DU RÉGIMENT D'INFANTERIE DE NYORT , A LEUR PASSAGE A BEAUVOIR SUR MER, POUR ALLER EN L'ISLE DE BOUIN.

COMPAGNIE DE LA VOUTE.

Capitaine présent, trois chevaux ,

Lieutenant present, un cheval,

Sous-lieutenant present, un cheval,

Quatre sergens, deux chevaux ,

Cent trois soldats et un tambour.

 

COMPAGNIE DE FONTENELLE.

Capitaine present, trois chevaux ,

Lieutenant present, un cheval,

Sous-lieutenant present, un cheval,

Quatre sergens presens, deux chevaux ,

Cent soldats et un tambour.

 

COMPAGNIE DE VILLEPAIN.

Capitaine present, trois chevaux ;

Lieutenant present, deux chevaux,

Sous-lieutenant, un cheval,

Quatre sergens, deux chevaux,

Cent soldats et un tambour.

 

COMPAGNIE DE LUNS.

Capitaine present, trois chevaux,

Lieutenant present, un cheval,

Sous-lieutenant present, un cheval,

Quatre sergens presens, deux chevaux ,

Cent soldats et un tambour.

COMPAGNIE DE LA BROUSSE.

Capitaine present, trois chevaux, Lieutenant present, un cheval, Sous-lieutenant present, un cheval, Quatre sergens, deux chevaux, Cent cinq soldats et le tambour.

ESTAT MAJOR.

Major VILLEPAIN , truisiéme capitaine suprà. Ayde-major, lieutenant dudit troisième capitaine. Chirurgien present.

La revue cy-dessus a esté faite par nous RENÉ DE MARILLAC, chevallier seigneur d'Olinville, conseiller du roy en ses conseils , maistre des requestes ordinaire de son hostel, commissaire départy pour l'execution des Ordres de Sa Majesté en la generalité de Poictiers, dans laquelle reveue nous avons trouvé tous les officiers et soldats cy dessus presens et effectifs.

Fait audit Beauvoir les an et jour que dessus.

Signé DE MARILLAC, et plus bas par Monseigneur, DUPONT.

 

 

S'ENSUIT LA LISTE DES OFFICIERS DU RÉGIMENT ROYAL DE NYORT.

Premièrement :

Le maire est colonel dudit regiment et premier capitaine de la cavalerie.

JEAN France, escuyer sieur de la Voûte, eschevin, capitaine de la colonnelle, détaché pour servir sur les costes. Pierre Richier sieur de la Chevallerie, eschevin, lieutenant colonel. Louys Madien , Sr de Chefdebois , enseigne colonel, détaché pour servir sur les côtes.

Jacques Louveau escuyer Sr du Mayré, eschevin, capitaine. Pierre Partenay sieur de la Mouline, son lieutenant, et François Mangou Sr de Bessé, son enseigne.

Louis Migault , es. Sr des Fontenelles, eschevin , capitaine du détachement, decedé. Pierre Bonnin Sr de Chateaugaillard , son lieutenant et Paul Vaslet Sr de Jardres, son enseigne.

Jacques Thibault es. Sr du Coulombier eschevin, capitaine. Jacques Fradet, Sr de St Denis, lieutenant du détachement et André Louveau , enseigne.

André Brunet es. Sr de la Cibardiere , eschevin, capitaine. Pierre Chebrou sieur de la Foucaudiere lieutenant, ayde major du détachement, et Helye Folet, sieur de Sainte Ouenne , enseigne.

Isaac Marot, es. Sr de Villepain eschevin, capitaine et major du détachement. René Chauvegrain, lieutenant. Noel Piet, sieur de la Maison-neuve , enseigne.

Philippes Teillé es. Sr de Faugeré, eschevin, capitaine. Jacques Gorrin , lieutenant du détachement. Jacques Noel , enseigne.

Philippes Gaugain es. Sr de Saur eschevin, capitaine. François Faudry , lieutenant. André Laffiton , enseigne.

Jean Chargé es. Sr de Laubressay, eschevin, capitaine. Luc Noel , lieutenant. Pierre Allonneau, enseigne.

Charles Guyot es. Sr de Luns, eschevin, capitaine du détachement. Jean Gresseau , lieutenant du détachement. Pierre Moreau, enseigne.

Christophle Augier Sr de la Terraudiere, à present maire et eschevin, capitaine. Gabriel Ilu,,-ueleau sieur de Maurepas, lieutenant du détachement. Jean Bidault es. Sr de la Chauvetiere, enseigne du détachement.

Laurens Chebrou, Sr de la Brosse, eschevin, capitaine du détachement. Jacques Doreil , lieutenant. Anthoine Piet, enseigne.

Convient remarquer que les capitaines doivent toujours être tirez du nombre des eschevins, et les lieutenans et enseignes du nombre des pairs de l'hostel de ville.

 

LISTE DES SERGENS DU RÉGIMENT ROYAL DE NYORT.

Compagnie du sieur de la Voûte.

Laurens Breillac la Taniere , du détachement.

Du sieur Louveau.

Jean Juin.

Aaron Drouyneau.

Du sieur Migault.

Jean Guillier Lavignon , du détachement.

Jacob Mallet Roche-lambon, du détachement.

Du sieur Thibault.

Jean Coquillion la Palme, du détachement.

René Troubé Maison-neuve , du détachement.

Du sieur Brunet.

Philippes Segay.

Nicolas Pinchault la Tonnelle , du détachement.

Simon Berjoteau la Plante, du détachement.

Du sieur Marot.

Jacques Chevillon, decedé, du détachement. René Bonnault Bellaire, du détachement.

Jean Marchaud la Croix , du détachement.

Du sieur Teillé.

Isaac Gentil la Tour.

Pierre Liebert, du détachement.

Dit sieur Gaugain.

Pierre Gaultreau la Pierriere , du détachement.

 Jean Granet des Rochers, du détachement.

Du sieur Chargé.

Jean Gaultier de la Rigaudiere , du détachement.

Du sieur Guyot.

Paul Jaupois.

Jean Breillouet , du détachement.

Jean Raget la Bergere, du détachement.

Du sieur Augier, maire.

André Foucault la Roche, du détachement.

 Jean Chauvin des Isles, du détachement.

Du sieur Chebrou.

Jean Jaupois la Fleur, du détachement.

Mathurin Passebon la Riviere , du détachement.

 

LE REGIMENT ROYAL DE NIORT ET SON ACTIVITE MILITAIRE

Nous avons rapporté, au début de cette étude, les circonstances exceptionnelles qui valurent à la milice bourgeoise de Niort d'être érigée en régiment.

Nous ne reviendrons donc pas sur le rôle qu'elle joua au siège de Saint-Jean-d'Angély ni sur la brillante conduite dont elle fit preuve devant cette ville et qui lui attira la faveur royale.

Au reste le régiment de Royal Niort devait par la suite rencontrer de nouvelles occasions de se distinguer.

On le vit dès 1635, lorsque Richelieu, après avoir déclaré la guerre à Philippe IV, roi d'Espagne, se vit dans la nécessité de repousser l'envahisseur à la fois dans l'Est et dans les Flandres.

 

Le ban et l'arrière-ban du Poitou furent convoqués.

Les membres de l'échevinage de Niort, qui jouissaient des privilèges de noblesse, n'hésitèrent pas à prendre les armes pour le service du Roi.

 Un grand nombre accompagnèrent leur gouverneur, le comte de Parabère, en Lorraine, pour une campagne qui dura jusqu'en 1643, c'est-à-dire jusqu'à ce que la bataille de Rocroi eut décidé du sort des armes en faveur de la France.

A leur retour, Parabère témoigna des bons services rendus par MM. du Corps de ville en leur délivrant, le certificat que voici (1).

Certifions à tous ceux qu'il appartiendra que le Roy ayant faict convoquer le Ban et arrière-ban de notre gouvernement en l'année 1635 et qu'à cause des longueurs qui se rencontrent dans les formes ordinaires desdites convocations Sa Majesté nous ayant commandé d'assembler le plus grand nombre de gentilshommes qu'il nous seroit possible pour les conduire en son armée de Lorraine, les Maire, Eschevins et Conseillers de la ville de Niort ci-après nommés se trouvèrent près de nous avec armes et équipage pour faire ce voyage et servir dans celte occasion, qui sont : (suit la liste des membres de l'échevinage qui accompagnèrent Parabère)...

Tous Escuyer Echevins ou enfens d'iceux. Tous lesquels sus nommés nous accompagnèrent audit voyage et plusieurs d'eux ont servi dans notre gouvernement, en diverses occasions où ils ont été par nous employés pour le service de Sa Majesté.

En tesmoing de quoy nous leur avons fait expédier ce présent certificat pour leur servir ce que de raison.

Faict à la Mothe Saint-Heraye le 12 août 1643. PARABÈRE.

 

Trente ans plus tard, lorsque Louis XIV voulut faire valoir son droit de dévolution à la mort du Roi d'Espagne, la guerre menaça les côtes du Poitou.

 Le 10 septembre 1665, le duc de la Trémoïlle, gouverneur de la province, écrivit au maire de Niort pour lui demander des renseignements sur la valeur militaire de la place et l'inviter à la mettre en état de défense en raison de sa proximité de La Rochelle.

(Le Fort du Chapus, poste avancé du continent - François Michel Le Tellier, marquis de Louvois (1691))

Votre ville est « quasi-frontière » disait le gouverneur et il souhaitait d'être informé du nombre de ses habitants, des soldats qu'elle pouvait équiper et des ressources qu'elle pouvait mettre à la disposition des armées royales.

La ville s'empressa de déférer aux voeux du duc de la Trémoïlle et, tout en lui adressant les renseignements qu'il sollicitait, l'informa « qu'il serait acheté de la poudre et du plomb qu'on mettrait dans les magasins du corps de ville » (2).

L'alerte, il est vrai, fut de courte durée et le régiment de Royal-Niort n'eut point à intervenir.

 Il devait en revanche, à trois reprises différentes, jouer un rôle plus important au cours des guerres de la fin du règne de Louis XIV et durant la guerre de Sept ans.

En 1674, durant la guerre de Hollande, alors que les troupes royales étaient occupées à conquérir la Franche-Comté, on fut informé que le roi d'Espagne rassemblait des troupes dans ses ports et projetait une descente sur les côtes françaises.

Les Hollandais débarquèrent de leur côté dans l'île de Noirmoutiers.

Le gouverneur de la province, le duc de la Vieuville, pair de France, chevalier d'honneur de la Reine, Lieutenant Général, par une ordonnance du 20 mai 1674 arrêta que les cavaliers et fantassins de la ville de Niort devraient se trouver à Benêt le 23 mai, à 11 heures précises; « Savoir : les cavaliers bien montés et armés d'épées, de mousquetons ou de fusils pour être passés en revue, à peine de 10 livres d'amende contre les cavaliers absents et 100 deniers contre les fantassins et d'être considérés comme déserteurs » (3).

 

On a vu que le commandement du régiment appartenait au maire. Aussi avait-il réuni cinq compagnies du régiment dans le grand cimetière de la Porte Saint-Jean pour leur communiquer les ordres reçus.

Deux soldats protestèrent et refusèrent d'obéir. Le maire, en voulant les calmer, fut blessé à la main. Les deux rebelles, arrêtés, passèrent devant un conseil de guerre, mais ayant fait leur soumission, ils obtinrent leur grâce.

Les cavaliers prétendirent de leur côté, qu'en dehors de la ville le maire n'avait pas à exercer vis-à-vis d'eux son commandement, car l'ordonnance qui leur avait fixé Benêt comme point de rassemblement, avait arrêté que les officiers recevraient des ordres du maire « jusqu'à ce qu'ils fussent en marche ».

Cette question fut réglée par le duc de la Vieuville qui décida que les officiers devaient obéir au maire tant qu'ils ne seraient pas sur les côtes pu placés sous les ordres d'un commandant nommé à cet effet (4).

Cinq compagnies furent ainsi détachées du Royal-Niort pour être envoyées à Beauvoir-sur-Mer où elles furent passées en revue par l'Intendant du Poitou, M. de Marillac, avant d'être dirigées sur l'île de Bouin (5).

La revue fait ressortir les effectifs à 550 hommes : 16 officiers, 1 chirurgien, 20 sergents, 508 soldats, 5 tambours.

C'était, on le voit, une troupe considérable par rapport à la population de la ville qui l'avait fournie et équipée. Elle fit preuve, partout où elle séjourna, de la plus grande discipline et d'une insigne bravoure et l'on comprend que le duc de la Vieuville ait tenu à lui remettre, lorsqu’elle fut renvoyée dans ses foyers, le 31 juillet 1674, le certificat qui suit :

 

«Le Duc de la-VIEUVILLE, Pair de France, Chevalier d'honneur de la Reine...,. .

« Certifions à tous qu'il appartiendra que les 500 hommes détachés du régiment, de Nyort pour le Service du Roy par nos ordres pour la déffence des postes du Poitou, et Commendés par les sieurs de la Voushé, France, de la Consenille Migault, Villepain, Marot de Lus-Guiot et de la Brosse-Chebrou Capitaines,. Jacques Fradét, Pierre Chebrou, Gabriel Hugueteau, et Jean Gresseau Lieutenants, Louis Madin, Jacques Gorrin, Jean Bidault s-Lieutenants, avec 20 sergents et 20 caporaux ont bien et fidellement servi sa Majesté dans l'isle de Bouin, aux Sables d'Olonne et ailleurs, et bien vescus en tous les endroits de leur passage et lieu de garnison en foy de quoy nous avons signés les présents de nostre main,  Scellé, fais signer à nostre secrétaire et apposé le seau de nos armes.

Aux Sables le dernier Juillet mil-six-cent-soixante quatorze.

Le duc de la VIEUVILLE,

Par Monseigneur

TACONNET (6).

 

Si la guerre de la Ligue d'Ausbourg ne provoqua pas la participation du régiment de Niort à des opérations militaires, elle fut néanmoins pour la ville une occasion de montrer l'importance qu'on lui accordait comme place forte.

C'est en effet à Niort que les gentilhommes du ban d'Orléans furent rassemblés et c'est de cette époque que date la constitution d'un magasin à fourrages et la création des emplois d'un commissaire des vivres et d'un contrôleur (7).

Par contre, au cours de la guerre de succession d'Espagne, de 1702 à 1703, nous trouvons encore une fois la levée d'un contingent de 3po hommes destinés à assurer la garde du littoral.

On a peu de documents sur cette utilisation du Royal Niort à la défense des côtes.

 

On retrouve cependant une assemblée des officiers datée du 17 juillet 1702 dont voici le procès-verbal (8) :

17 Juillet 1702.

Dans l'assemblée des officiers du Régiment de Royal Niort, réunis en l'hôtel de la Terraudièré premier capitaine et Lieutenant Colonel ce jour dhuy 17 Juillet 1702.

Sur la proposition du major :

A été arrêté: premièrement que les ordres de M. Le Marquis de Chamilly envoyé à Monsieur par Monseigneur l'Intendant seront exécutés, en ce faisant que chacun des capitaines avertira de suite 25 hommes par compagnie pour former un détachement de 300 hommes que l'on avait demandé, avec ordre de se munir de pain pour 4 jours au moment où on recevra les ordres du Roy pour marcher, d'un quarteron de poudre, et d'une livre de balles de calibre et de tenir leurs fusils en bon estât,

Secondement : qu'il y aura 6 capitaines, six lieutenants et six sous lieutenants pour la conduite de 300 hommes à raison de cinquante hommes par Compagnie avec deux sergents et deux caporaux.

3° Comme il y a deux capitaines nouvellement-nommés aux Compagnies de M. Chebrou de La Brosse et de la Cailletière tireront au sort aussi bien que les 2 absents ; que si le sieur Chauvegrain, Sous-Lieutenant, persiste à donner sa démission, il devra la donner de suite afin qu'on le remplace et qu'il sera nommé un remplaçant à M. des Lespans, qui demeure à Prahec. Dans le cas où il ne pourrait se servir lui même, M. de Pierre Levée sera prié de choisir aux frais de la ville 2 chevaux pour conduire les équipages des officiers ainsi qu'il se pratiqua lors du débarquement fait en 1674.

Les lieutenants et sous-lieutenants furent tirés au sort.

Ce furent :

Lieutenants : MM. Fradin, Vaslet, Faultré, Cere, Fretault et des Harpans;

Les sous-lieutenants : MM. Arnauldet, Guérineau, Chauvignard, Marot, Boursault, Joriot.

De cette campagne il n'existe aucun certificat semblable à celui délivré par le duc de la Vieuville en 1674. Mais une lettre de démission du sieur Fradin, capitaine de la compagnie de grenadiers, du 20 août 1735, fait savoir que le régiment fit du service dans la région de La Rochelle pour la garde des côtes pendant sept semaines (9).

Deux autres documents montrent que, dès cette époque, il était pris des mesures pour que les miliciens, ainsi détachés, ne soient pas soumis à des actes d'exécution de justice pendant leur séjour aux armées, ainsi qu'à des poursuites pour paiements de droits et taxes diverses.

 

Le premier est une lettre du secrétaire d'Etat Chamillart au Maréchal de Chamilly (10) :

« A Versailles le 14 Août 1703.

« Monsieur,

« J'ay reçu avec la lettre que vous m'avés l'ait l'honneur te de m'escrire celle qui y estoit jointe du Colonel du régiment de Marans, j'ay écrit aux traitants chargés du recouvrement des deniers provenant des taxes d'hérédité de surcoir toutes poursuites contre les officiers de milice bourgeoise de Marans et autres lieux a fin qu'ils ayent à y tenir la main, et a j'ay même fait scavoir à Mrs les Intendants les intentions du Roy sur cela.

« Je suis Monsieur votre très humble et très obligeant serviteur.

« CHAMILLART »

 

Le second est une ordonnance prise en exécution de cette recommandation (11) :

 « Le Maréchal de Chamilly, Chevalier des ordres du Roy, gouverneur de Strasbourg, Commandant en chef pour le service de sa Majesté dans les provinces de Poitou et Saintonge, d'Aunis et les isles y adjacentes.

« Nous deffendons à tous huissiers et, sergents d'exécutter ; les officiers et soldats de milice qui seront détachés pour se rendre aux lieux que nous leur avons marqués sous les quel; que prétexte que ce puisse être, inclus pour la taille, y allant du Service du Roy pendant le temps seullement que les « sieurs officiers et soldats seront détachés hors de chez eux pour le service de sa majesté

— Fait à la Rochelle le 6 Juillet 1706.

 Signé : De CHAMILLY. »

 

 

Enfin, de 1767 à 1763, au cours de la guerre de Sept ans, Niort eut encore à jouer un rôle.

On connaît les heureux débuts de cette guerre sur mer.

Mais la victoire navale de la Galissonnière sur l'amiral anglais Byng et la prise de Minorque en 1766 devaient être des succès sans lendemain.

 Bientôt les flottes anglaises mirent le blocus devant nos côtes.

De même on se rappelle les tentatives contre Saint-Malo et Cherbourg, la descente dans la baie de Saint-Brieuc, repoussée grâce à la vigoureuse défense des habitants dirigés par Riout de Villeaudrens; exploit qui permit la victoire de Saint-Cast en 1758.

 

Le régiment Royal-Niort garde côtes créé par Louis XIII par lettres patentes prises au Siège de Saint-Jean-d'Angély le 26 juin 1621

Dès 1757 nos côtes de l'Atlantique furent elles aussi soumises aux attaques des Anglais.

Le 21 septembre, une flotte importante vint bloquer les ports de La Rochelle et de Rochefort, ainsi que les îles de Ré et d'Oléron.

Le 25, elle s'empara de l'île d'Aix, attaqua Fouras, menaçant directement Rochefort.

Niort se trouva aussitôt transformé en base d'opérations, tant pour le rassemblement des troupes et leur subsistance que pour l'évacuation des blessés et des malades.

En outre, les habitants du littoral, effrayés, refluant vers l'intérieur, venaient ajouter aux difficultés du corps de ville.

Dès qu'il apprit la menace dont les côtes étaient l'objet, M. Blossac, Intendant de la Généralité, se rendit à Niort, accompagné du commissaire provincial des guerres, Dubois.

Le danger était d'autant plus grand et plus pressant que le littoral n'était défendu que par quelques compagnies de garde-côtes et que la garnison des forts était surtout composée d'invalides.

Les troupes régulières, occupées en Allemagne, faisaient défaut. Au surplus, rien n'était préparé pour assurer la subsistance de celles que la Cour se hâtait de diriger sur la côte. L'Intendant avait donc fort à faire pour préparer les cantonnements de la Maison du Roy, expédiée à marches forcées, et pour convoquer le ban de la Noblesse du Poitou.

Le premier soin de Blossac fut d'expédier des commis à La Rochelle pour assurer la vie des troupes et d'organiser à Niort un magasin de vivres.

Dans le même temps il faisait doter la caserne récemment construite par la ville d'un ameublement régulier, en remplacement des lits jusqu'ici fournis par les habitants.

Il se préoccupait aussi d'organiser les hôpitaux. Niort possédait depuis 1622 un hôpital dit de la Charité, dont les religieux s'étaient en quelque sorte spécialisés dans les soins à donner aux militaires. Blossac s'y rendit, accompagné du commissaire des guerres et du Procureur du Roi. Ils y trouvèrent beaucoup de lits déjà occupés par des malades venus des troupes en garnison sur les côtes, pour la plupart atteints de scorbut.

Il ne restait que 40 places disponibles, chiffre insuffisant si les opérations militaires devaient prendre de l'ampleur. On tenta, en vain, de se rabattre sur l'hôpital général, situé au faubourg Saint-Jean. L'établissement regorgeait d'indigents et ne pouvait admettre personne. La nécessité contraignit Blossac à occuper quelques chambres des casernes qu'on aménagea tant bien que mal en utilisant une partie des lits destinés aux troupes et qu'une adjudication, récente venait de procurer. En ces conjonctures pressantes, le Corps de ville, qui siégeait en permanence, seconda de son mieux l'Intendant.

Quant aux opérations militaires proprement dites, le soin en fut confié au lieutenant général marquis de Fougières, qui prit le commandement des troupes assemblées à Niort et se mit en devoir de convoquer le ban de la Noblesse du Poitou.

Arrivé dans les derniers jours de septembre, il expédia aux gentilhommes de la province la circulaire ci-après et s'apprêta à se porter au secours du maréchal de Senectère qui commandait à La Rochelle et portait la redoutable responsabilité de la sécurité des îles et des places de la côte.

 

A Niort le 1 Octobre 1757

 Monsieur,

J'ai l'honneur de vous informer que le Roi m'a donné des lettres de Service en ma qualité de Lieutenant Général sous les ordres de Messieurs les Maréchaux de Belleisle, et de Senectère.

En même tems, Sa Majesté m'a ordonné de me rendre sur le champ à Niort, avec ordre d'inviter toute la noblesse de cette Province à prendre les armes.

Il me suffit de vous dire, Monsieur, que vous ne sçauriés faire des démarches qui puissent être plus agréables au Roy, que celle-là. Votre propre sûreté y est intéressée, Monsieur ; mais c'est moins ce que je compte pour vous, que l'avantage que vous trouveriez à donner à cette occasion des preuves signalées de votre attachement .et de votre zèle pour son service. Le moment est pressant.

La Flotte anglaise parait sur nos cotes et on pourrait craindre Monsieur, qu'ils ne voulussent tenter une descente. C'est dans une telle situation que le Roy doit compter de trouver de grandes ressources dans la noblesse de son royaume. Elle est le principal appuy de son Etat.

Serait-il possible que celle de la Province du Poitou restât dans l'accroupissement dans un besoin si pressant ? Ce n'est qu'un instant, profités-en Monsieur. Je vous le conseille pour l'honneur du corps de la noblesse, et pour immortaliser à jamais celle de la Province du Poitou.

J'ai concerté, Monsieur, le lieu de votre Assemblée avec M. de Blossac, Intendant de cette généralité, qui estime que vous devés vous rendre à Niort à Fontenay et Saint-Maixent, selon les distances les plus commodes de chez vous.

Il donnera des ordres pour que vous y soyés logés, et à mesure que Messieurs les Gentils-hommes arriveront, ils croiront agréable de se porter chez le Commissaire des guerres, ou le subdélégué, qui en prendra note pour en constater le nombre.

Sous le bon plaisir de Monsieur le Maréchal de Senectère, nous en formerons des brigades de cinquante gentils hommes, qui se choisiront un Commandant, et des officiers de trois brigades, nous en formerons un escadron, et sur ces trois Brigades on choisira un Commandant d'escadron à la généralité des voix de la noblesse, pour que le choix tombe sur celui qu'ils en croieront le plus capable — Quant au Commandement général de la noblesse Monsieur le Maréchal y supléra, en mettant à sa tête une personne digne de cette place.

Vous n'avez pas de temps à perdre, Monsieur, si vous voulés signaler votre zèle, il ne faut pas de grands préparatifs ce ne doit être que l'affaire d'un instant. Venés armé et monté

Dans, le cas où quelques uns de Messieurs vos voisins auraient échappés à ma recherche, je me flatte que vous voudrez bien leur faire part des ordres de Sa Majesté et les engager à se rendre à son invitation.

J'ai l'honneur d'être avec un respectueux attachement.

De FOUGIÈRES.

 

Le ton de cette circulaire en dit long sur l'inquiétude qui régnait alors dans l'Ouest.

A Niort on n'échappait pas à la fièvre générale. Le corps de ville, qui siégeait sans désemparer, se prépara, comme en 1704, à mettre à la disposition du Maréchal de Senectère un parti de 5 à 600 hommes fournis soit par le Royal-Niort, soit par des volontaires.

C'est que devant la menace anglaise et dans le désarroi où se trouvaient les autorités, on songeait déjà à une mesure qui devait être mise en application l'année suivante en Bretagne et qui consistait à recourir à une sorte de levée en masse pour s'opposer au flot des envahisseurs.

On se convaincra aisément de l'affolement qui devait régner à Niort au cours de ces journées par la lecture de la communication que fit le. Procureur du Roi au Corps de ville le 1er octobre 1767.

On y voit comme une préfiguration des proclamations qui devaient devenir courantes quelques vingt-cinq années plus tard, quand la Patrie fut déclarée en danger.

 

Communication du Procureur du Roi au Corps de ville.

Messieurs,

La flotte formidable annoncée par les Anglais pour une opération secrette quy doit surprendre toute l'Europe a paru le 21 7bre sur nos costes dont elle occupe constamment les parages ; paraissant d'abord vouloir attaquer tantost la Rochelle, tanstost l'Isle de Ré, elle, s'attaque à présent plus particulièrement au Fort de Fouras depuis le 23 qu'elle s'empara de l'isle d'Aix, ce qui ne permet plus de douter de ses vues suites ports de Rochefort, objet continuel de l'aversion el de la jalousie de sa Nation.

Cette flotte est en effet formidable Messieurs, composée de dix-huit vaisseaux de ligne, cinq frégates — deux galiottes à bombes, cinquante-deux vaisseaux de transport, et plusieurs autres bâtiments chargés de munitions, de vivres et hôpitaux.

Parfaittement bien montés avec dix à douze mille hommes de troupe de débarquement et peut eslre plus.

L'apareil de ses forces, comparé avec le peu de résistance que l'on s'est imaginé avoir à lui oposer joint à la conduite que ces troupes ont tenu à l'isle d'Aix ou le pillage, les profanations, les excès n'ont pas été imagés ont jette l'effroy sur la coste, au point, que les notables habitants de la Rochelle, de Rochefort et des isles adjacantes ont pris des précautions pour la sécurité de leurs familles et de leurs meilleurs effets, ils les font passer jusqu'à nous.

On ne peut voir sans estre estrèmement louché, ces convois contenant des ballots accompagnés de femmes et d'enfants arrivant jour et nuit la pluspart en charettes, d'autres à pied les voitures ne pouvant suffire à la précipitation de leur retraite.

Mais Messieurs il ne s'agist pas de vous peindre les maux quy doivent vous estre déjà plus sensibles, notre intention est de vous proposer des remèdes.

Nous avons dit que la considération du peu de forces que l'on a à opposer à l'ennemi contribuait à l'effroy qu'on en a. Il ne faut pas pour cela se persuader que les places maritimes soient restées vides; le gouvernement toujours sage dans ses dispositions et dans sa prévoyance y auroit mis ordre et étably des garnisons extraordinaires, il peut se faire qu'elles ne soient pas complètes dans la circonstance, et qu'elles ne Fussent même pas été dès l'establissement, par ce que d'autres besoins quy paraissaient plus pressants ont exigé une autre disposition de troupes pour le service des armées d'Allemagne, d'Hanovre, du Canada, des garnisons de Minorque et des places frontières du royaume, le ménagement des intérêts de l'Etat a aussy pu enttrer pour quelque chose dans les motifs de réserve sur le service des gardes costes sur lequel on pouvait compter.

D'ailleurs pouvait on s'attendre à un tel événement.

En effet qui l'eut pensé, Messieurs, que les anglais oubliassent des exploits importants infiniment dignes de leur attention, et qu'ils se fussent déterminés à une forte dépense pour une telle opération dont il est aparent que le succès quel que grand qu'il puisse être, ne pourrait jamais les dédomager, car en supposant le peu de possibilité à l'entreprise d'enlever le port, de Rochefort, et de s'emparer de quelques unes de nos places dès qu'il est certain qu'ils ne pourraient pas s'y maintenir.

Il ne résulterait donc tout au plus de leur fanatiques démarches, que beaucoup de ravages et de désordres en pure perte pour eux et pour nous ; c'est de leur part sortir des règles, et préférer la fiction à la réalité.

Mais la diligeance du prudent Maréchal de Sénectère qui nous commande, saura arrester leurs progrès, la sérénité où il parait, estre témoigne le peu d'inquiétude qu'il a de leur tentative. Il voit que nos rochers, nos remparts leurs sont inacessibles, et que la moindre batterie placée à propos peut les écarter.

Cette sérénité (fruit d'une sage politique), a pu jusqu'à présent estre la règle de la vostre, mais si vous considérez d'une part ce quy se passe sous vos yeux dont vous nous permettrez un léger rapport, et d'autre part la vaste étendue de la coste, sy vous voulez faire attention qu'elle n'a pu encore estre parfaitement pourvue de batteries, et qu'il y a des endroits où l'énemy pourrait se ménager une issue, vous conviendrés qu'il est juste et pressant de contribuer à s'y opposer, car quels que forts et inaccessibles que paraissent nos remparts, ils ne sont pas capables de se défendre eux-mêmes : il faut nécessairement opposer des hommes contre des hommes, leur courage et leur intrépidité ne peut souffrir que ce parallèle et ne reconnait point de toutte espoir de résistance, ne voulant même pas admettre celle des éléments qu'ils savent toujours surmonter, l'expérience de ce qui vient de se passer à Minorque est capable de vous en convaincre.

Ce n'est pas que l'on doive diminuer la confiance que le peuple a dans les ramparts ; au contraire il est à propos de l'y encourager car s'il devenait trop craintif il serait alors plus que demy batu.

Venons au rapport de ce qui se passe:

Le Roy, ce Prince bien aymé et parfaitement aymable, instruit de la situation des choses, quy a connu par la pénétration infinie de sa sagesse les suittes quy peuvent résulter, a, par un pur effet de sa bonté royale quy rend la conservation de ses sujets précieuse à sa Majesté, ordonné à sa maison de venir à notre secours, et par surcroit la convocation de la noblesse du Poitou.

M. Le Marquis de Fougières, lieutenant général quy doit la commander est déjà arrivé ici. ; il a fait imprimer la nuit dernière la lettre circulaire pour cette convocation dont nous vous mettons un exemplaire sous les yeux.

M. Le Comte de Blossac, Intendant de la province, toujours surveillant aux devoirs de sa place, s'est rendu à Niort au premier avis qu'il a eu du trouble ; nous le voyons avec depuis plusieurs jours un plaisir infiny dans une continuelle action se donner tous les mouvements imaginables pour satisfaire à tous les besoins.

Il a déjà étably et pourvu des magasins de vivres, fait partir plusieurs commis pour la Rochelle, et pris des arrangements pour que rien ne manque.

Tous ces apareils de défense ne sont-ils pas frappants, ne font-ils pas raisonnablement présumer que l'attaque peut devenir sérieuse ? Il est toujours vrai de dire, Messieurs, que l'ennemy est aux portes de la cité, el que nous devons tout, faire pour la défendre.

M. Le Maréchal ne vous a pas demandé de services, pendant qu'un autre moins prudent que luy aurait peut estre déjà ému tout le pays ; mais ce n'est point qu'il a craint de vous trouver dépourvus, ou qu'il a voulu ménager ce secours jusqu'au moment de le croire indispensable.

Quoy qu'il en soit, Messieurs, nous estimons et ce n'est qu'après en avoir conféré avec M. L'Intendant qu'il a aprouvé et en a même déjà édit qu'il est à propos de prévenir et, en attendant les secours quy nous viennent de toute part, d'offrir sans délai à M. Le Maréchal cinq à six cents hommes de bonne volonté, nous sommes sur de les trouver dans le moment parmis les citoyens même au delà de ce nombre sy nous trouvions des armes davantage.

Cet offre se peut faire sans indiscrétion, sans exciter la moindre émeute tout paraissait de soi même bien préparé.

Souffrez, Messieurs, qu'à cette occasion nous vous rappelions que, passant dans les rues et sur les places publiques ces derniers jours, vous- ayez du comme nous entendre les habitants mortifiés de n'avoir point d'armes, se dire mutuellement comme pour y supléer, l'un : je mettrez ma faux au bout ; l'autre : je me servirez de ma cognée ; un autre : de son baston ferré et avec cette seule arme je tiendrai teste à trois anglais.

Oh ! que cette sorte de défense est faible contre une troupe réglée, bien armée, mais qu'il est baux et satisfaisant pour des magistrats de voir cet esprit de zèle, d'ardeur et de détermination se perpétuer et soutenir le caractère distinctif d’une ville quy a toujours su mettre tout en usage pour le service de son prince: à qui elle a voulu devenir plus attachée que tout autre pour ne pouvoir être désuny de sa couronne que du consentement de ses habitants suivant un attribut singulier de liberté infiniment honorable, vrayment conditionnel, du à la noble façon de penser de vos prédésesseurs que vous imitez si parfaitement.

L'offre M.M. que nous vous proposons de faire à M. Le Maréchal doit être précédé de l'agrément de son Altesse sérénissime Monseigneur de Conty quy a bien voulu accepter de nous gouverner.

Mais le cas est devenu trop pressant pour pouvoir attendre ; nous sommes persuadés que S.A.S. dont la bonté pour notre communauté se passe de toute expression, ne désaprouvera pas une démarche qu'elle nous eut même ordonnée pour le bien du service qui fait le principal objet de son auguste attention.

Nous estimons cependant qu'il est indispensable d'en rendre compte à S.A.S.

La situation où nous sommes M.M. est critique ; on ne peut s'empêcher de le penser. Mais nous ne pouvons que nous le dire à nous-mêmes ; nous sommes absolument dépourvus de forte artillerie et de toute munition de guerre je serai dans la place de le représenter, mais ce soin apartient à M. de Carrel qui commande la ville et le château de Niort.

Nous ne pensons pas qu'il l'ait négligé vu les mouvements qu'il se 'donne pour procurer la sûreté commune.

Telles sont les réflexions que nous avons cru donc devoir faire. Il est triste de nous trouver dans ce cas d'y donner les premiers de notre ministère, mais la circonstance l'exige et il est pressant de délibérer.

Après quoy nous nous réservons de vous remettre et requérir ce qu'il apartiendra au sujet des précautions à prendre et des arrangements nécessaires pour loger la maison du Roy et la Noblesse à l'effet de quoy et pour qu'il n'y arrive retardement dans les opérations, nous estimons que le corps doit demeurer continuellement assemblé (12).

Sitôt la remontrance terminée, le corps de ville décida d'armer un contingent de 5 à 600 hommes de la milice bourgeoise et d'en informer le Maréchal de Senectère à qui un courrier, extraordinaire fut dépêché.

En même temps il sollicita l'agrément du gouverneur, le prince de Conti. Comme il n'y avait pas un instant à perdre, les échevins se mirent à parcourir les différents quartiers de la ville à la recherche des armes disponibles, cependant que les officiers se rassemblaient, à l'hôtel de ville.

Alors que la résistance s'organisait dans cette hâte fébrile, une surprenante nouvelle parvint à l'Intendant qui s'empressa d'en informer la municipalité.

Blossac venait en effet d'apprendre que l'ennemi s'était retiré. Ayant trouvé une résistance acharnée là où ils croyaient remporter un succès de surprise, les Anglais avaient prudemment battu en retraite, mis à la voile et pris la mer. Solution aussi heureuse qu'inattendue et qui permit aux Niortais de se remettre de leurs émotions.

Le maréchal de Senectère ne voulut point laisser le geste de la ville de Niort sans remerciements. Aussi, dès le 2 octobre, écrivit-il la lettre suivante à son maire et ses échevins (13).

J'ai reçu votre lettre Messieurs, par le courrier que vous m'avez envoyé, et ne puis que vous louer de votre zèle et celui des habitants de la ville de Niort que je ne laisserai pas ignorer à la Cour.

Je me serez servy avec grand plaisir de la bonne volonté de 5 à 600 hommes tirés parmi les citoyens de votre ville, et j'aurez compté sur leur zèle et leur fidélité pour le Service du Roy, mais le départ de la Flotte anglaise ne me permest, quant à présent, que de leur en savoir gré, n'imaginant pas que cette flotte parvienne sur nos cotes cette année.

Conservez toujours le même zèle, et soyez persuadés que je suis très parfaitement, Messieurs, votre très affectionné serviteur.

De SENECTÈRE.

 

L'alerte avait été chaude. Bien qu'elle se fut terminée à la satisfaction générale, elle fut néanmoins une leçon pour tout le monde et en premier lieu pour la Cour qui envoya, dès l'année suivante, une troupe réglée tenir garnison à Niort (14).

D'autre part, la milice bourgeoise continua d'être exercée, prête à se porter au secours des troupes stationnées sur la côte, au premier appel du Maréchal de Senectère, lequel encourageait vivement le corps de ville à tenir sa milice en haleine, comme en témoigne cette lettre (15) :

On m'a assuré que dans votre ville de Niort il pourrait se trouver 400 ou 500 citoyens volontaires dont la plus part auraient servi, mais ce n'est pas la tout, je voudray savoir s'il se trouverait quelques officiers à portée et en état de les commander, il faudra aussy que cette troupe fusse divisée en compagnie de 40 ou 50 hommes commandés par des capitaines et lieutenants quy eussent aussy servy. Alors à la première aparition de la flotte ennemie, cette troupe se rendroi ici, je la feray armer et la destineray à un service convenable ou dans la ville ou sur la coste suivant les exigeances du cas.

Si toutes les conditions que je demande Messieurs peuvent se remplir, il serait bon de commancer. Vous verez à faire des dispositions sur quoy j'attends de vos nouvelles en réponse.

Je suis très parfaitement, Messieurs, votre très humble et obéissant serviteur.

De SÉNECTÈRE.

 

 

En 1760, tout danger semblait écarté bien que nos côtes eussent à subir un blocus plus ou moins efficace jusqu'à la conclusion de la paix, qui fut signée en 1763.

Le régiment de Royal-Niort régulièrement exercé et tenu sous les armes ne laissait pas d'inquiéter quelque peu l'Intendant qui craignait probablement de le voir se livrer à quelques incartades.

Aussi écrivit-il le14 décembre 1760 au maire de Niort pour l'inviter à modérer un zèle que la situation ne justifiait plus :

J'ai des preuves si fréquentes de votre zèle pour tout ce qui peut contribuer à l'avantage du service, que je suis parfaitement tranquille sur les dispositions que vous avez faites pour assurer aux troupes qui pourraient être destinées à passer soit en Bretagne, soit en Aulnis, leur subsistance et tous les soulagements possibles dans les marches qu'elles auraient à faire.

A l'égard de votre milice bourgeoise, je regarde comme inutile quant à présent de lui faire reprendre ses anciens exercices ; se serai la fatiguer peut être trop gratuitement. Il faut voir avant tout à quoi aboutiront les grands projets de l'ennemi.

Je suis très parfaitement, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur.

De BLOSSAC.

 

Sans doute accéda-t-on aux recommandations de l'Intendant et même dépassa-t-on son désir, puisque le régiment de Royal-Niort était complètement désorganisé lors de l'accession de Louis XVI au trône.

Nous avons vu déjà que cet événement donna lieu à un essai de réorganisation, essai qui paraît n'avoir eu d'autre conséquence que de reconstituer « sur le papier » une unité dont l'utilité était devenue bien douteuse.

 Au reste, aucune menace des côtes ne devait plus troubler la quiétude des Niortais jusqu'à la disparition de leur milice, c'est-à-dire jusqu'à la Révolution.

Dès 1789, les milices bourgeoises durent faire place aux gardes nationales.

On sait comment la loi du 14 octobre 1791, par les articles 15 et 16 de sa seconde section, chargea les nouvelles municipalités d'organiser cette milice d'un nouveau genre et, par les articles suivants, supprima « toute troupe bourgeoise armée autre que la garde nationale ».

Dans les villes, l'institution nouvelle fut prompte à s'organiser, se coulant dans des cadres plus que séculaires. Si elle rencontra dans le district de Niort quelques difficultés à s'établir, la raison vient de la répugnance que manifestaient les populations des campagnes à se laisser enrôler.

Néanmoins on retrouve sur ses rôles le nom d'anciens officiers de Royal-Niort: Piet-Berton, par exemple, chef de la légion de la garde républicaine du district ou encore André-Hippoïyte Piet-Roquepine, commandant du détachement de la garde à cheval. L'un et l'autre avaient été compris sur l'état de nomination soumis à l'approbation du gouverneur de la province, le 27 juin 1776.

Ainsi se transmettaient, malgré le changement de régime, les traditions d'honneur, de bravoure et de patriotisme qui avaient fait la gloire du régiment de Royal-Niort.

Intendant SILLIÈRES.

 

 

 

 

1621 Lettres de Jean de Fabas envoyé à la Rochelle<==.... ....==> Le siège de Royan en 1622 par le roi Louis XIII

 

 

==> Les Guerres de Religions en dates<==

==>  les sieges de Ré et La Rochelle, digue de Richelieu

==> 1674 Conquête de l'île de Noirmoutier par l’amiral Cornelius Tromp

==> La situation sur les côtes d’Aunis au 1er juillet 1757

==> 1792 LES CANONNIERS ET LES CANONS DE LA GARDE NATIONALE PERMANENTE

 

 

 

 


 

(1) Favre,  p. 315.

(2) op. cit., p. 345.

(3) D. S. E. (Niort). 2474.

(4) Ibid. 2475.

(5) Ibid. 2476.

(6) D. S. E.'(Niort).2477.

(7) Cf. SILLIÈRES (Intendant). Les fourrages militaires à Niort (1673-1749). Revue de l’Intendance, 1937, et tiré h part. Lavauzelle. 1937, plaq. in-8", 67 p.

(8) A. D. S. E. (Niort). 2497.

(9) A. D. S. E. (Niort). 2509.

(10) A. D. S. E. (Niort). 2499.

(11) Ibid. 2501.

(12) A. D. S. E. (Niort). Registres des délibérations du corps de ville (à la date).

(13) A. D. S. E. (Niort). 2513.

(14) En 1759, Niort reçut le régiment Royal-Vaisseaux. Ce régiment occupait la caserne actuelle. On y avait logé deux bataillons. Les écuries et les galetas étaient tous occupés. Royal-Vaisseaux se rendit sur les côtes le 19 août 1759 pour assurer leur défense contre les Anglais qui paraissaient devoir y effectuer une descente. Une étude sur le couchage des troupes sous l'ancien régime nous a permis de constater que durant cette, période, la caserne de Niort fut" utilisée au maximum.

(15) A. D. S. E. (Niort). 2514.

 

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