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PHystorique- Les Portes du Temps
10 février 2022

Du 7 mars au 12 avril 1598, Henri IV fait d'Angers sa capitale d'un moment.

Du 7 mars au 12 avril 1598, Henri IV fait d'Angers sa capitale d'un moment

Entrée du roi Henri IV à Angers le 7 mars 1598, après avoir inspecté la milice bourgeoise en armes et dressée en ordre de bataille aux environs du début de l'actuelle rue de Brissac, il se rend, escorté, au portail Saint-Aubin où le maire lui présente les compliments et les clefs de la ville


Le jeudi saint, Henri IV lave les pieds à treize pauvres au palais épiscopal. Il ne manque aucun office, touche les malades des écrouelles sur le parvis de la cathédrale suivant la tradition royale, pose la première pierre du couvent des Capucins en Reculée le 4 avril, mais n'en oublie pas pour autant les agréments de la chasse, son grand plaisir  au Plessis-Macé et ses objectifs politiques : la reddition du duc de Mercoeur et la préparation de l'édit de pacification pour "ceux de la religion".


le 20 mars, un accord est signé avec les émissaires de Mercoeur: il renonce à son gouvernement de Bretagne moyennant l'énorme somme de 4 295 000 livres, mais doit consentir au mariage de sa fille unique Françoise avec César de Vendôme, fils naturel du roi et de Gabrielle d'Estrée.


Avant la fin de la semaine, le maréchal d'Aumont rentrait dans kemper, le duc de Mercoeur se rendait à Nantes et ses députés le précédaient auprès de Henri IV

« Allez annoncer à votre maître et mon serviteur, leur dit fièrement le Roi, que je suis résolu de me faire duc de Bretagne, de nom et d'effet; que j'y porte la paix et la guerre; que j'y châtierai les opiniâtres, et pardonnerai à ceux qui de bonne heure se reconnaîtront.
Ajoutez que M. de Mercoeur eût mieux fait de traiter avec nous dans les faubourgs de Paris que dans ceux de Nantes.
Les plus courtes folies senties «meilleures. »
Quand le prince de Lorraine reçut cette réponse, il vit qu'il était perdu, si une puissante médiation ne lui venait en aide...


L’acte en fut dressé le 3 avril à Angers.


M. de la Ville-Morel, qui occupait Oudon ; Champagnac, qui était maître de Tiffauges ; Villebois, qui tenait Mirebeau, s’empressent de rendre ces places.
Toute la Bretagne, excepté Blavet, est soumise dans le courant de mars ; et le 28 le parlement de Paris enregistre l’édit rendu en faveur du duc de Mercoeur.


Aussitôt ce prince vient saluer le Roi à Angers.
Robert Cecil, ambassadeur d’Angleterre, Justin de Nassau et Barneveldt, envoyés des états de Hollande,  viennent l’y trouver aussi.


Le contrat de mariage est signé au château le 5 avril.  Pour Henri IV, c'est "le plus grand mariage qui soit en mon royaume".






1er mars 1598 lettres de Henri IV



Mon Cousin, le sr de la Bastide m'est venu trouver comme j'arrivois en ce lieu, avec asseurance de la resolution prinse par le sr de Bourcany, de me servir et de mettre en mon obéissance le chasteau et ville d'Ancenis, ce que neantmoins il veut differer d'exécuter jusques à ce qu'il ayt son abolition verifiée en mon Parlement.
 Et pource qu'il importe grandement à mon service que le dict Bourcany se déclare promptement, affin qu'à son exemple plusieurs aultres villes qui commencent à traicter facent le semblable, je vous prie, mon Cousin, faire entendre au premier président et à ceulx de mon Parlement combien il importe que la dicte abolition soit promptement verifiée, et tenir la main à ce qu'elle me soit renvoyée en diligence, affin que le sr Bourcany se remettant en son debvoir, son exemple en amené d'aultres, du nombre desquels j'espere que sera celuy qui commande dans Rochefort estant présentement arrivé un gentilhomme de sa part pour m'offrir de traicter, dont je vous donneray plus particulierement advis par ma premiere depesche.
La duchesse de Mercur (1) est au Pont de Se, attendant mon arrivée à Angers, laquelle doit ne desirer aultre chose que me presenter la carte blanche, pour recevoir telles conditions que je voudray donner à son mary.
 Je vous prie, mon Cousin, de pourveoir à la seureté de la frontiere, et me donner souvent advis de ce qui s'y passera. Sur ce, je prieray Dieu, mon Cousin, vous avoir en sa saincte garde.


 Escript à Chenonceaulx (2), le premier jour de mars 1598




(1)    Ce ne sont pas seulement les lettres de Henri IV, mais un grand nombre d'ouvrages du temps, manuscrits ou imprimés, qui au lieu de Mercoeur ou Mercure. C'estait forme constamment suivie dans les OEconomies royales. Nous la conservons donc, puisqu'il n'y a pas lieu à la corriger comme erreur du copiste, et parce que c'est la forme d'écriture représentant la manière dont on prononçait alors ce nom.
 
(2)    Chez la reine douairière.

 



1598.1er MARS.
Orig. B. N. Fonds Béthune, Ms. 9057, fol. 21.
Cop. Suppl. fr. Ms. 1009-2.
[AU CONNÉTABLE.] ]


Mercure doit ne desirer aultre chose que me presenter la carte blanche, pour recevoir telles conditions que je voudray donner à son mary. Je vous prie, mon Cousin, de pourveoir à la seureté de la frontiere, et me donner souvent advis de ce qui s'y passera. Sur ce, je prieray Dieu, mon Cousin, vous avoir en sa saincte garde.


Escript à Chenonceaulx, le premier jour de mars 1598.



[AU CONNÉTABLE.]  31 mars 1598


Mon Cousin, Mon cousin le duc de Mercœur vint me trouver hier à Briolé, où j'estois venu disner au partir du Verger.
Comme je receus de mon dict cousin toutes les soubmissions que je pouvois desirer, je luy fis aussy cognoistre combien j'avois agreable ceste recognoissance, et la part qu'il acquerroit en mes bonnes graces par ce debvoir.
Je partiray après-demain pour aller à Nantes, où je fais estat.de sejourner quatre ou cinq jours seulement, et, après avoir donné l'ordre qui est necessaire tant pour le siege de Blavet que pour les aultres affaires de la province, prendre le chemin pour m'en retourner en Picardie, où j'espere me rendre avant le quinziesme du mois prochain; et ce pendant j'y feray acheminer les meilleurs regimens qui sont maintenant prés de moy, et ne laisseray en Bretagne que ceulx qui sont necessaires pour le dict siege de Blavet.
J'espere, estant sur la dicte frontiere, d'entreprendre sur mes ennemys, s'ils ne s'accommodent à ce qui peut servir à l'establissement d'un bon et asseuré repos en toute la dicte frontiere, suivant ce que je vous en ay escript et le traicté qui a este commencé à Vervins et m'asseurant, mon Cousin, qu'attendant que je sois par delà, vous donnerés tel ordre à la seureté de mes dictes villes de frontiere que mes ennemys ne pourront faire aulcun effect au prejudice de mon service, je ne m'estendray davantage, sinon pour prier Dieu, mon Cousin, vous avoir en sa saincte garde. Escript à Angers, le dernier jour de mars 1508.


HENRY.



A NOS AMEZ ET FEAULX LES GENS TENANS NOSTRE COURT DE PARLEMENT DE PARIS.


Nos amez et feaulx, La longueur des troubles qui ont afligé ce Royaume a apporté en iceluy un tel mespris de mon auctorité et de la justice, que plusieurs ont creu quil estoit loisible à un chascun d'exercer ses passions et de commettre toutes sortes de crimes impuniement. Ceux-là principalement sont tombez en ceste erreur qui, estans nez durant les dicts troubles, n'ont eu cognoissance de la vraie révérence et obéissance que les François souloient porter à leurs Roys et aux lois du Royaume; dont sont advenus plusieurs accidens publics et privez que nous n'avons peu jusques à présent esviter ny corriger selon nostre désir, à cause du support qu'ont tousjours trouvé les auteurs de tels crimes envers les factieux et leurs adherens, lesquels ont recueilly, embrassé et couvert tels malfaicteurs qui ont eu recours à eux pour s'en servir et. fortifier en leurs pernicieux desseings.
Mais puisque Dieu nous a faict la grace d'achever et purger nostre Royaume des dictes factions, nous n'avons rien plus à cœur que de restablir nostre auctorité et justice à leur entiere force et dignité pour à quoy. Donner commencement, nous, vous escrivons la presente, et la vous envoyons exprés par Guichard, l'un de nos valets de chambre, par laquelle vous sçaurés que, ayant l'année passée commandé aux sr de Schomberg et du Plessis Mornay, la qualité desquels vous est assez cogneue, de prendre cognoissance et s'entremettre des affaires de nostre duché de Bretagne, lors travaillé diversement entre la crainte de la guerre et l'esperance de la paix, de laquelle nous estions entretenus, nostre cousin le comte de Brissac, mareschal de France et nostre lieuctenant général au dict duché de Bretagne, estant venu en nostre ville d'Angers, s'y seroient aussy rendus les dicts srs de Schomberg et du Plessis Mornay; à la priere de nostre dict.cousin le mareschal ,de Brissac, lequel desiroit communiquer avec eux des dicts aSaires de nostre province de Bretagne tant de la paix que de la guerre, le dict sr du Plessis, nommément à ce convié par lettres particulières de nostre dict cousine à luy envoyées par gentilhomme exprés, sur lesquelles il se seroit aussy-tost transporté en nostre dicte ville d'Angers. désireux de nous servir en ceste occasion comme il a tousjours faict en toutes aultres tres fidelement et à nostre grand contentement.
 Le lendemain XXVIIIe d'octobre qu'il lut arrivé en la dicte ville, ayant conféré tout le matin ensemble de nos dicts anaires seroient allez disher de compagnie chez le sr de la Rochepot; dont retournant le dict sr du Plessis, peu accompagné et ne se doubtant de rien, retournant vers son logis, fut assailly de gens, appelle par les rues en plain jour et aux yeux d'un chascun par le sr de Sainct-Phalle, non pour aultre cause que pour avoir veu certaines lettres escriptes en lieu duquel nous avons eu toute occasion de nous deffier, lesquelles luyauroient esté envoyées par les officiers.de nostre ville de Monstreuil-Bellay, qui les avoient prises avec le porteur d'icelles, pour.la mesme jalousie, sur le chemin de Mirebeau; affin d'en ordonner et faire ce qu'il jugeroit à propos pour nostre service dont. son affection naturelle et la charge que nous luy avons donnée en la ville de Saumur et aux environs l'obligèrent d'avoir soing et prendre cognoissance et mesme d'en user comme il fit; de sorte qu'il ne s'attendoit à rien moins que à debvoir tomber en peine pour nous avoir faict ce service..
Neantmoins le dict srde Sainct-PhalIe, sans avoir esgard aux qualité et mérites du dict sr du Plessis qui a cest honneur que d'estre de nos plus anciens serviteurs, de nostre. conseil d'Estat, cappitaine de cinquante hommes d'armes de nos ordonnances et gouverneur de la ville de Saumur, qu'il avoit esté mandé par le dict sr de Brissac et estoit en la dicte ville exprés pour nos affaires, que le dict sr de Sainct-Phalle estoit beau-frere du dict mareschal de Brissac, à l'instance duquel le dicts sr du Plessis s'estoit acheminé en la dicte ville, et qu'il n'avoit peu faire moins pour son debvoir à nostre service que de prendre cognoissance des dictes lettres, comme il luy avoit représenté sur-le-champ, jusques à luy offrir plusieurs fois à luy en faire raison par les armes s'il ne s'estimoit satisfaict de ce qu'il luy en disoit l'auroit neantmoins excedé et offensé en sa personne avec telle violence et oultrage que, sans la résistance qui luy fut faicte par aulcuns de ceulx qui suivoient le dict sr du Plessis, il l'eust assassiné tout à faict. De quoy estans advertys, nous receumes le desplaisir et mescontentement que mérite un tel attentat commis contre nostre auctorité et en la personne d'un de nos plus fideles serviteurs, pour la seule consideration de nostre service qui fut cause qu'ayant sceu que le dict sr mareschal de Brissac s'estoit chargé de la personne du dict sr de Sainct-Phalle et auroit promis de le nous représenter, nous depeschasmes devers luy un exempt de nos gardes exprés, par lequel nous luy commandasmes de luy deslivrer et mettre entre les mains le dict sr de Sainct-Phalle, pour le mettre et garder dedans nostre chasteau de nostre dicte ville d'Angers; de quoy le dict sr mareschal s'estant excusé, nous luy avons depuis reiteré le mesme commandement par le mesme exempt de nos dictes gardes; à quoy il n'auroit non plus satisfaict que au premier; et comme nous avions jà résolu nostre acheminement par deçà, nous nous promettions que y estans arrivez le dict sr de Sainct-Phale nous seroit représenté par le dict mareschal dont à ceste fin nous aurions faict commandement tres exprés à ses principaux parens, leur faisans entendre combien nous estions à bon droict offensez, premierement de l'outrage faict par luy au dict sr du Plessis, secondement de la contumace et désobéissance; mais par cela nous n'y aurions peu gagner davantage.
Quoy voyant, et considérant combien il importe à nostre service que le dict mespris à nostre auctorité et commandement soit reprimé, après avoir mis ce faict en deliberation avec nos cousins les mareschàux de France qui sont prés de nous, et jugé avec eulx devoir estre traicté et puny comme, un crime tres énorme et un attentat faict à npstre auctorité par la seule consideration de nostre service, nous avons advisé vous en renvoyer et commettre la cognoissance, affin d'y pourveoir par la voie de la justice comme il convient au moyen de quoy nous vous mandons et ordonnons, sur tant que vous affectionnés la conservation de nostre auctorité et estes obligez de faire justice à nos subjects, d'embrasser vifvement la punition de ce crime et y user de toute la diligence et sévérité requise, affin que nous soyons satisfaicts, et que l'exemple qui s'en ensuivra serve à l'advenir de règle et de terreur à tous aultres; car en vain employerons-nous nos armes pour nous faire recognoistre et obéir par les premiers de nostre Royaulme, comme Dieu les a encores favorisées à présent en nostre duché de Bretagne, si' elles n'estoient secondées par nos officiers auxquels nous avons confié é l'administration de'nostre justice pour réprimer l'audace et témérité de ceulx qui commettent semblables forfaicts.
 Partant, nous vous commandons derechef d'en faire vostre plain debvoir; mais d'autant que nous avons recogneu que nos officiers de la justice du siege de ceste dicte ville d'Angers, où le delict a esté commis, ont faict peu de compte d'y pourveoir, comme ils estoient tenus de faire, et que nous n'aurions pas occasion d'espérer qu'ils facent mieulx à l'advenir, nous voulons que vous commettiés et envoyés exprés sur les lieux un des conseillers de nostre court de Parlement pour en informer; et si c'est chose que vous ne puissiés faire si promptement qu'il est nécessaire pour en faire la justice aussy diligemment que nous vous le mandons, vous adviserés d'y employer les.officiers du plus prochain siege, comme sont ceulx de nostre ville de Tours, affin que la justice s'en ensuive telle qu'il est nécessaire pour reparer et chastier l'injure et offense faicte à nostre auctorité en la personne du dict sr du Plessis, et obvier aux accidens que l'impunité d'un tel acte pourroit engendrer, tant pour la suicte que pour l'exemple et conséquence d'iceluy dont il est certain qu'il feust jà sorty des effects tres préjudiciables à nostre service, si ceulx qui y ont interest n'eussent esté retenus de la révérence de nos commandemens et de l'affection qu'ils portent au bien de nos affaires.(1)
Donné à Angers, le VIIje jour d'avril 1598.



 

 

Le roi Henri IV et Gabrielle d'Estrées arrivent le 6 mars 1598 et couchent aux Ponts-de-Cé. <==.... ....==> En France, les guerres de religion suivent la Saint-Barthélemy. Le roi Henri IV y met fin en imposant, en 1598, l’édit de Nantes

 

 

  ==> Les Guerres de Religions en dates

 

 


 


(1)    Tout ce qu'il y avait de plus illustre en France, à la nouvelle de l'attentat commis contre Philippe Duplessis-Mornay, s'était empressé de lui faire des offres de service pour l'aider à en obtenir vengeance.
L'indignation était si forte, et les amis qui s'offraient à lui si puissants, qu'il aurait pu aisément lever une armée pour arracher à sa lâche retraite l'homme qui l'avait outragé et que protégeait l'esprit de famille, dont l'abus ne fut jamais plus évident. Mais Mornay vit aussi que sa juste vengeance pouvait devenir la première étincelle d'une guerre civile, et il aima mieux ne pas faire courir à sa patrie un tel danger que d'obtenir une satisfaction complète de son outrage. Car, malgré tant d'ordres réitérés du Roi, l'affaire traîna en longueur, par les entraves que continua d'y mettre la famille, en tenant le coupable à l'abri de la justice; et ce fut seulement en 1599 que le marquis de Saint-Phal, après avoir été mis, pour la forme, à la Bastille, fit à du Plessis-Mornay, en présence du Roi et de la cour, les excuses rédigées par le connétable et les maréchaux de France, qui furent estimées compensation suffisante de cet indigne attentat.
« De ce, dit l'ancien auteur de la vie de Mornay, fut delivré acte à M. du Plessis, du commandement du Roi, signé par le Roi et contresigné par M. de Villeroy, secretaire d'Etat, avec clause expresse que le sieur de Saint-Phal seroit tenu de prendre lettres de remission, comme de guet pens »  




 

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