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PHystorique- Les Portes du Temps
28 août 2020

Le Marin du Marais voyage à l’époque du dessèchement des marais par Henri de Béthune, évêque Maillezais (1640)

Le Marin du Marais voyage à l’époque du dessèchement des marais par Henri de Béthune, évêque Maillezais (2)

Henri de Béthune, qui s'était toujours occupé de son diocèse, et qui avait fondé pour lui la congrégation des filles de Sainte-Marie et un collège des Jésuites à Fontenay-le-Comte, n'oublia pas non plus le dessèchement des marais, dont l'origine remonte au douzième siècle.

Au quatorzième et au quinzième, les travaux furent interrompus par les guerres avec l'Angleterre, et les eaux reprirent, pour ainsi dire, les terres qui leur avaient été enlevées.

 Ce ne fut que vers 1540 que l'on fit quelques travaux dans les environs de Saint-Michel; encore furent-ils interrompus par les guerres de religion, qui vinrent tourmenter le Poitou.

 Ces ouvrages ne furent repris que sous Henri IV, en 1599 ; il fit venir de Hollande Humfroy Bradley, qui vint avec quelques hommes de son pays, sous le titre de maître des digues du royaume.

Bradley commença mais il prétendit que les marais desséchés devaient lui appartenir ; alors des contestations survinrent, et avec elles on vit les travaux s'interrompre et se perdre.

 

Le Marin du Marais voyage à l’époque du dessèchement des marais par Henri de Béthune, évêque Maillezais (3)

 

 

Traité avec l'évêque de Maillezais (14 novembre 1640.)

Au mois de janvier 1640, Henri de Béthune, évêque de Maillezais, voulut faire mettre en culture les terres inondées dépendant de sa seigneurie du Petit-Maillezais, membre de son évêché, et situées dans les paroisses de Chaillé-les-Marais, Puyravault Sainte-Radegonde, Champagné et leurs environs, « lesquelles, »dit-il, sont inondées à peu près huit mois de l'année et quelquefois l'année entière. »

Il constate qu'il est dans l'impossibilité de faire lui-même ce dessèchement « par les grands travaux, industrie, soins et frais qu'il conviendrait faire, à quoi le revenu de plusieurs années de la seigneurie du Petit-Maillezais, même du « total dud. évêché, ne suffirait. »

Après bien des formalités, requêtes, arrêts, procès-verbal de visite, informations, publications, eut lieu, le 30 octobre, « ne se trouvant personne qui fasse la position dud. évêché meilleure », un jugement d'adjudication en faveur de Pierre Robert, conseiller du roi et élu à l'élection de Fontenay (1).

Il déclara qu'il avait pour associés Pierre Fillastre, écuyer seigneur de Richemont (2); Pierre Siette, ingénieur et géographe du roi (3) ; Jacques Morienne, écuyer, sieur d'Astrie (4) ; Pierre Turpault, marchand (5), et Mre François Arrivé, Sr du Sableau (6).

Le véritable directeur de l'association était Pierre Siette, auquel furent transférés, l'année suivante, les privilèges de Bradley.

Le Marin du Marais voyage à l’époque du dessèchement des marais par Henri de Béthune, évêque Maillezais (4)

Il se rendit, le 14 novembre 1640, à Fontenay-le-Comte, à la tête des associés, et deux notaires, appelés par l'évêque de Maillezais, rédigèrent, dans son palais épiscopal (7), l'acte de cession en toute propriété, tant pour lui que pour ses successeurs, des marais du Petit-Maillezais, à charge de laisser dans l'étendue ou en dehors du dessèchement, l'herbage nécessaire pour paître « les métairies dud. évêché ».

— Par cet acte, les associés (8) s'engagent à emblaver les 2/3 des terres cultivables, sur lesquelles l'évêque ne prendra que la douzième partie des blés recueillis, pour tous droits fonciers de champart (9) et terrage, (10) ils doivent faire porter cette douzième partie aux lieux désignés par lui, et en outre payer à son receveur, dans l'une des paroisses du marais, douze deniers de cens (11) par chaque journal de terre desséchée, après arpentage fait en présence de l'évêque ou de son représentant, dans l'année qui suivra l'achèvement des travaux.

A l'égard de l'autre tiers du terrain asséché, il pourra être employé en prairies, pâturages, jardins, cours et logements qu'il conviendra faire pour l'habitation du marais, à la réserve de douze deniers de cens pour chaque journal, les canaux, fossés, turcies (12) et chemins étant seuls affranchis de cette redevance.

Le Marin du Marais voyage à l’époque du dessèchement des marais par Henri de Béthune, évêque Maillezais (1)

Les associés peuvent construire des bourgs et villages, bâtir des églises paroissiales, des cures dont l'évêque demeurera présentateur, établir des canaux navigables et des péages sur lesd. canaux, bâtir des moulins, des fours, et pour tous les ouvrages à exécuter prendre les pierres et le sable sur les terres de la seigneurie du Petit-Maillezais.

Mais il devait être prouvé que, dans la première année, on aurait dépensé 15,000 livres, sous peine de nullité du contrat, à la volonté de l'évêque, qui, dans ce cas, n'aurait à rembourser aux preneurs que la dépense par eux faite et sans aucuns dommages et intérêts (13).

 

En 1641, il se forma une société de dessèchement Pierre Siette dirigea les travaux, et fit dessécher les marais de Moureilles du Petit-Maillezais et lieux circonvoisins.

 Ces marais furent appelés le Petit-Poitou.

 

Urbain VIII accorde le 26 Septembre 1629 à Henri de Béthune, le transfert du siège épiscopal de Maillezais à Fontenay-le-Comte<==.... ....==>Par déclaration de Louis XIII, en date du 4 mai 1641, une nouvelle Société fut constituée, sous la direction de Pierre Siette

 

 

 


 

(1) Parmi les membres de cette famille, Haag cite un marin courageux, Jean Robert, qui se signala, en 1585, au combat d'Oléron, et en 1586 à la prise de Royan, Filleau nomme un Pierre Robert, né au Dorat le 28 février 1589, qui devint lieutenant général de baillage et pourrait être notre adjudicataire.

(2) Y demeurant, près Cognac. Richemont est aujourd'hui une commune du canton de Cognac.

(3) Demeurant à la Rochelle. Il était fils de Thomas Siette, receveur des tailles à Montreuil-Bellay et de Marie Foulon. Qualifié « noble homme », il fut chargé, en 1629, de raser les fortifications et combler les fossés de la ville de la Rochelle. (Notes mss. Jourdan. bibl. de la ville de La Rochelle.) Il mourut en 1661.

(4) Conseiller et receveur des tailles de Fontenay.

(5) Demeurant au bourg de Bouillé.

(6) Le Sableau, bourg situé aux portes de Chaillé.

 

(7) L'évêque de Maillezais habitait alors ordinairement Fontenay. Les notaires appelés étaient François Bonnet et Meigner, de Fontenay.

(8) Dans l'association, Fillastre et Siette étaient entrés chacun pour un tiers ; Morienne, Turpault, Arrivé et Robert pour le tiers restant.

(9) Droit seigneurial dont l'étymologie du nom est campi pars, part du champ, c'est-à-dire part de la récolte. On prélevait d'abord la dîme, part de Dieu, et ensuite le champart, part du seigneur. (V. pour plus de détails Chéruel. Dictionnaire des Institutions  de la France v° Champart.)

 (10) Droit qui consistait en blé et en légumes que prélevait le seigneur de la terre. Il se confondait souvent avec le champart. (Id. v° Terrage.)

(11) Impôt que l'on payait au roi ou au seigneur, se divisait en cens principal, payé une fois pour toutes, et en cens périodique. (Id. V° Cens.)

(12) Chaussées en forme de digue, pour contenir une rivière.

(13) Ce contrat de baillette fut ratifié par Pierre Fillastre, éc., seigneur de Richemont, le 4 juillet 1641. Il a été, ainsi que sa ratification, imprimé chez la veuve Poirier, à Fontenay, en 1641. (Archives de M. E. Brisson, juge à Fontenay.)

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