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PHystorique- Les Portes du Temps
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8 mars 2020

Entrevue secrète de Philipe le Bel dans la fôret d'Essouvert conduisant l'anéantissement de l'ordre des Templiers. (1305)

Entrevue secrète dans la fôret d'Essouvert, près de Saint-Jean d'Angély entre Philippe-le-Bel et conduisant l'anéantissement de l'ordre des Templiers

On connaît la fameuse lettre de Philippe-le-Bel à Boniface VII.

— « Philippe, par la grâce de Dieu roi des Français, à Boniface se disant pape, peu ou point de salut. Que ta très-grande fatuité sache que nous ne sommes soumis à personne pour le temporel, que la collation des églises et des prébendes nous appartient par le droit royal, et que nous tenons pour fous ceux qui pensent autrement. »

Ne vit-on pas le chef suprême de l'Eglise assailli, dans son palais d'Agnani, par les agents de Philippe, et renversé violemment de son trône apostolique par un de ces hommes qui, sans respect pour la pourpre romaine, osa frapper le vieillard au visage du revers de son gantelet.

Ainsi, après avoir dompté la puissance féodale et la vigoureuse démocratie des communes, la royauté finit par attaquer corps à corps le colosse pontifical, qu'elle avait heurté si souvent dans sa marche ascensionnelle vers l'absolutisme, et cette lutte terrible qui, un siècle plus tôt, eût été mortelle à la royauté, lui procura un nouveau triomphe.

C'est qu'une grande révolution s'était accomplie dans les idées.

 Les prédécesseurs de Boniface VIII avaient commis, dans le cours du XIIIe siècle, des actes bien autrement désordonnés que les siens : mais l'excès même de leur audace avait formé la raison des peuples, et Boniface expia moins ses propres méfaits que ceux de ses devanciers.

Ce n'était pas assez toutefois pour le pouvoir royal que d'avoir vaincu la papauté : il voulait encore la façonner à l'usage de sa politique, et se servir, dans l'intérêt de son ambition, du reste de prestige dont elle était environnée.

Un fait étrange et qui démontre à quel degré d'abaissement était tombée la cour de Rome, se passa, au mois d'avril de l'année 1305, dans un humble oratoire de l'ordre de Saint-Benoit, situé au milieu de la foret d'Essouvert, près de Saint-Jean d'Angély.

Benoit XI, successeur de Boniface VIII, était mort empoisonné, le 7 juillet de l'année précédente.

Le conclave assemblé à Pérouse pour Sélection d’un nouveau pontife demeura en permanence neuf mois entiers sans pouvoir s'accorder, car il était partagé en deux factions rivales, l'une italienne, l'autre française. Les membres du sacré collège en vinrent toutefois à une transaction, et il fut décidé que le parti italien désignerait trois candidats parmi lesquels le parti français choisirait le pape.

L'un des trois prélats qui furent proposés était Bertrand de Goth ou de Gout, Gascon d'origine et créature de Boniface VIII qui l'avait promu à l'archevêché de Bordeaux.

Bertrand de Gout, sujet du roi d'Angleterre et très-attaché à Bonface, avait montré beaucoup d'hostilité contre Philippe-le-Bel lors de l'occupation de la Gascogne par les Français et pendant les querelles de la couronne et de la tiare.

Mais Philippe connaissait trop l'ambition du prélat gascon pour le regarder comme un ennemi irréconciliable. Il résolut de lui faire déférer la pourpre romaine, dans l'espoir de s'en faire un instrument pour l'exécution d'un vaste projet qu'il méditait.

Il dépêcha à Bordeaux un messager avec des lettres dans lesquelles il invitait l'archevêque à lui indiquer un lieu où ils pussent conférer sans témoins sur une affaire également importante pour tous deux.

Bertrand désigna, comme le lieu le plus convenable à une entrevue secrète, l'oratoire de la Fayolle (A), dépendant de l'abbaye des Bénédictins de Saint-Jean d'Angély, et caché dans l'épaisseur de la forêt d'Essouvert, près de cette ville.

Le roi et le prélat se réunirent, vers la fin d'avril, dans cette obscure chapelle.

Bertrand de Gout, qui ne se doutait de rien, demeura stupéfait lorsque Philippe lui demanda brusquement s'il voulait être pape. On assure que, revenu de son étourdissement, il se jeta aux pieds du prince, le conjura d'oublier sa conduite passée et promit de la racheter par un dévouement sans bornes. Philippe lui imposa six conditions qu'il lui fit connaître sur-le-champ, sauf une qu'il se réserva de lui révéler plus tard.

Bertrand  dans l'ivresse de sa prochaine grandeur, se soumit à tout aveuglément, et jura sur l'hostie de remplir la sixième condition dès qu'il plairait au roi de la lui prescrire.

A. l'issue de cette conférence Philippe-le-Bel expédia un courrier au conclave, et le 5 Juin suivant Bertrand de Gout fut proclamé pape sous le nom de Clément V. «

La sixième condition que Philippe-le-Bel n'avait pas voulu faire connaître à Bertrand de Gout dans la forêt d'Essouvert, était l'anéantissement de l'ordre des Templiers.

C'est au milieu des querelles du roi de France et du pape Boniface VIII qu'il faut chercher l'exposition de ce lugubre drame dont le dénouement ensanglanta les dernières années du règne de Philippe-le-Bel.

Dans cette lutte acharnée des pouvoirs spirituel et temporel, presque tout le clergé gallican avait pris parti pour le toi : les Templiers, plus dépendants du Saint - Siège, s'étaient, au contraire, déclarés ouvertement pour le pontife, et Philippe avait juré leur perte.

Le monarque ne manquait pas de prétextes pour justifier sa haine et légitimer sa vengeance. Institués pour veiller à la sûreté des chemins de la Palestine, les chevaliers du Temple 2 n'avaient

 

 vécu d'abord que des aumônes dont les gratifiait la reconnaissance des pèlerins. Mais dans la suite, les rois, les seigneurs, les prélats leur donnèrent des biens immenses dans tous les états de l'Europe, en récompense des services qu'ils avaient rendus à la chrétienté.

On a vu les Templiers de la Rochelle enrichis par les libéralités de la reine Aliénor et de ses fils.

L'orgueil, le faste et toutes les vanités mondaines remplacèrent bientôt l'austère tempérance et l'humble simplicité des premiers chevaliers. Cet ordre finit par s'organiser en corps politique indépendant, et se rendit aussi redoutable aux souverains, dont il bravait l'autorité, qu'odieux aux peuples qu'il opprimait par sa rapacité et ses violences.

On se rappelle avec quelle audace les Templiers de l'Aunis envahissaient les fiefs de la couronne en apposant les insignes de leur ordre sur les domaines royaux, et la nécessité où fut Henri III, roi d'Angleterre, de recourir à l'autorité pontificale, pour faire cesser ces déprédations.

L'ordre des Templiers n'était pas seulement redoutable au pouvoir séculier par l'influence politique que lui donnaient sa puissante organisation et ses immenses richesses: il s'était encore attiré les censures et l'animadversion du clergé par la profession de certaines hérésies dont il avait pris le germe parmi les sectes gnostiques de l'Orient. On lui reprochait des innovations hétérodoxes et des pratiques occultes qui accusaient en lui une déviation schismatique des préceptes de l'Eglise romaine, enseignés par les apôtres et perpétués par les conciles.

En butte à l'animosité du double pouvoir temporel et spirituel, les Templiers ne pouvaient échapper à leur ruine.

Au commencement de l'année 1307, Philippe-le-Bel s'étant rendu à Poitiers avec ses trois fils et ses deux frères, Clément V vint trouver le roi dans cette ville, accompagné de dix-neuf cardinaux. Ils eurent de longs et mystérieux entretiens auxquels ne furent admis que leurs affidés.

Le 13 octobre, le résultat de ces conférences fut révélé à la France comme par un coup de foudre. Toutes les maisons des Templiers furent envahies en même temps, dans chaque province, par les sénéchaux et les baillis du roi. Leurs biens furent séquestrés et leurs personnes jetées dans les cachots.

Pour justifier ces rigueurs aux yeux du peuple, Philippe-le-Bel fit publier deux jours après dans toutes les églises du royaume, un long manifeste dans lequel il imputait aux chevaliers en masse des forfaits abominables, et ordonnait qu'on commençât immédiatement leur procès.3

 

 

Histoire politique, civile et religieuse de la Saintonge et de l'Aunis  D. Massiou

 

 

Visite pastorale dans le Poitou de Bertrand de Got (CLÉMENT V) du 17 MAI 1304 au 22 juin 1305 < ==

Origine de l'Ordre du Temple- Des maisons ou commanderies de l'Ordre. <==.... ....==> Pentecôte 1307 Conférence de Poitiers entre le pape Clément V et le roi Philippe-le-Bel

  

==> Réforme pontificale : le démembrement du diocèse de Poitiers par bulles du pape Jean XXII du 13 août 1317


 

Le port d'Aliénor d'Aquitaine : Voyage dans le temps des Templiers et Hospitaliers de la Rochelle. -

Sixième port de France, La Rochelle affiche désormais près de huit millions de tonnes de trafic. Et la plaisance est devenue l'une de ses vitrines. Au Moyen Age, la ville se démarque surtout par son indépendance vis-à-vis de tout pouvoir religieux....

 

1 Saint-Antonin. Somme Historiq. — Duplex, tom. II. p. 399. — Villani. —Daniel. — Velly, etc. — Guill. Merville. Recherch. sur Saint-Jean d'Angély. p. 269.

2 Ils étaient ainsi nommés de ce que Baudouin II, roi de Jérusalem, leur avait accordé un logement près du lieu où avait existé l'ancien temple de Salomon, tt non de ce qu'ils avaient fait vœu de relever ce temple, comme on l'a prétendu.

A Le Prieuré de La Fayolle Saint Denis du Pin, la commune s'appelait aussi autrefois Le Pin-Saint-Denis ainsi que Le Pin pendant la Révolution jusqu'à son changement de nom officiel le 13 mai 1954. La commune se nommait jusqu'en mai 1954, Le Pin-Saint-Denis. Depuis le 13 mai 1954, son nom officiel est Saint-Denis-du-Pin.

 

3 Voit tous les Historiens de France. Règne de Philippe-le-Bel

 

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