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PHystorique- Les Portes du Temps
30 juillet 2019

Voies Antiques de LIMONUM (Poitiers) à Mediolanum Santonum (Saintes)

Voies Antiques de LIMONUM (Poitiers) à Mediolanum Santonum (Saintes)

Gaule - Cartes Voies Romaines 4 - LIMONUM (Poitiers); Rarauna (Rom); Brigiosum (Brioux-sur-Boutonne); Auedonnaco (Aulnay-de-Saintonge); Mediolanum Santonum (Saintes)

Cette voie est une de celles que donnent à la fois la Table et l'Itinéraire.

Poitiers à Rom, Rauranum. — Le tracé jusqu'à Vivonne était à peu près le même que celui de la grande route moderne. Elles font, l'une et l'autre, en sortant de Poitiers, une courbe à l'ouest, afin de traverser là où elle est le moins encaissée une petite vallée qui descend au Clain et aussi pour se prêter à un embranchement. L'ancien chemin était déjà sorti de son axe, tantôt à droite, tantôt à gauche, lorsqu'on fit le nouveau, au milieu du XVIIIe siècle (1).

Entre Vivonne et Rom la voie, mieux conservée, a gardé le nom de Chemin-Chaussé, et c'est à elle que le village de la Chaussée, bâti à quelques centaines de pas de la ligne, doit son nom. L'empierrement, partout usé, était simplement assis sur le sol, d'ailleurs peu accidenté; dans la vallée des MillePertuis, seulement on remarque un remblai de quelques pieds, appelé Pont-Bourbeau, au sud duquel la voie gravissait la côte en ligne droite au moyen d'une tranchée, qui laissait encore une pente assez raide. Le chemin a depuis abandonné cette rampe pour faire un coude à l'ouest et ne rejoint l'ancien tracé que sur la hauteur (2).

 

La chaussée en arrivant à Rom franchissait la Dive sur un pont, qui, ne servant apparemment que quand il y avait de l'eau dans la rivière, c'est-à-dire très rarement, a pu durer jusqu'en 1847, époque où, en le reconstruisant, on trouva dans les fondations quelques pièces de monnaies antérieures aux règnes de Tétricus et de Tacite (3).

Rom est appelé Rarauna dans la Table, et Rauranum dans l'Itinéraire. Rauranum est aussi le nom que lui donne Paulin dans une épître à Ausone (4), quelque peu dédaigneuse pour cette bourgade : Vel quia Pictonicis tibi fertile rus viret arvis Rauranum ausonias tibi devexisse curules Conquerar, et trabeam veteri sordescere fano ?

 

Passé antique de Rauranum, à Rom fais comme les Romains - activité fouilles
Durant l'époque romaine, Rom, étape sur la route impériale reliant Poitiers ( Limonum) à Saintes ( médiolanum Santonum, est une petite ville nommée Rauranum s'étendant sur environs 40 hectares. A quelque distance de Rom, au lieu- dit Château-Sarrazin, non loin du point nommé Tresvées, où la voie de Limoges se séparait de la voie de Poitiers à Saintes, dans les derniers jours de février,M.....

 

Rauranum, plus important que le Rom de nos jours, tout entier compris dans une boucle de la Dive, s'étendait, sur une longueur d'environ un kilomètre et demi, depuis le pont jusque près du lieu- dit Tres-Vées. A en juger par la plus ou moins grande abondance des vestiges, la mansion se composait de deux groupes de constructions, l'un à la place du bourg actuel, l'autre au sud, dans la plaine dite de Château-Sarrasin, où on voyait encore quelques ruines il y a une cinquantaine d'années. La chaussée formait la principale artère de cette petite ville.

Entre Poitiers et Rom; la Table porte XVI lieues, - qui, à 2,436 mètres, font près de 39 kilomètres et nous conduisent à l'entrée de la plaine de Château-Sarrasin, un peu au -delà du bourg.

Deux bornes trouvées dans le cimetière de Rom corroborent l'indication de la Table et confirment comme elle l'évaluation que nous avons, avec M. Aurès, donnée à la lieue gauloise.

Au lieu de XVI, l'Itinéraire porte XXI; c'est une erreur venant de ce qu'un copiste a pris un v pour un x.

Une autre voie, celle de Nantes à Périgueux, croisait à Rom celle que nous suivons en ce moment.

Rom depuis les Romains a continuellement décliné. Les premiers missionnaires du christianisme y bâtirent une église, autour de laquelle se forma un cimetière, qui pendant une longue suite de générations fut le rendez-vous funéraire des populations environnantes et qui s'étend sous une grande partie du bourg. Au Xe siècle, Rom était une viguerie; avant la Révolution il avait encore le titre d'archiprêtré. Il n'est plus maintenant que le chef-lieu d'une commune et une mine archéologique. Cette lente décadence est venue de ce que les grandes voies qui s'y croisent ont, comme nous le verrons, été successivement abandonnées par la circulation.

Rom à Brioux, Brigiosum. — Du pont de Rom à Tres-Vées, c'est-à-dire dans toute la traversée de l'ancien Rauranum, la voie subit une inflexion à gauche. A TresVées elle reprend sa direction normale et jusqu'à Sainte-Soline elle coupait autrefois la plaine en ligne droite ; mais à la longue elle est çà et là sortie de son axe, en sorte que c'est parfois dans les fossés ou les chaintres des champs qu'on trouve aujourd'hui quelques-unes des pierres debout qui accotaient l'empierrement.

L'église de Sainte-Soline a été construite en partie sur la chaussée même, à une époque où celle-ci, mal surveillée, était déjà déviée.

C'est à tort que M. Longnon (5) a voulu identifier Rauranum et Sainte-Soline. Cette opinion a tout contre elle : d'abord la convergence de quatre ou cinq grandes voies, qui a lieu à Rom et non à Sainte-Soline ; ensuite les vestiges romains si abondants à Rom et qui font absolument défaut à Sainte-Soline; enfin les distances données par les anciens documents et qui ne peuvent s'appliquer qu'à Rom.

Sainte-Soline, en effet, est à 19 lieues de Poitiers, non à 16, et, conséquemment, se trouve à 9 lieues seulement de Brioux, alors que, comme nous allons le voir, Rauranum en était à douze. Nous laissons de côté l'argument qu'on a tiré du nom même de cette mansion : il prédispose peut-être en faveur de Rom; mais on a, en pareille matière, tant abusé des quasi-homophonies que le mieux est aujourd'hui de ne pas invoquer ce genre de preuve et de laisser aux adversaires la liberté, parfois embarrassante, d'y voir un effet du hasard. A tout le moins faut-il ne pas exagérer cette analogie du nom moderne avec le nom ancien. Wesseling (6) et après lui M. Desjardins (7) ont voulu rendre évidente la dérivation d'un vocable à l'autre en supposant que Rom pouvait aussi bien s'écrire Raum, ce qui est une erreur. Le nom de cette localité se prononce Ron, exactement comme l'adjectif « rond », et en l'écrivant Raum on en altère forcément la prononciation.

Après Sainte-Soline la ligne passe à Crolour, simple hameau, où se tient annuellement une foire, qui primitivement a dû avoir un autre caractère que celui d'une réunion d'affaires.

A Brioux la voie traverse la Boutonne. C'est à cette circonstance que l'endroit doit son nom, qui originairement a dû être Briva et qui a été latinisé en Brigiosum par la Table et est devenu Briossum ou Briossium à l'époque mérovingienne.

De Rom à Brioux, d'après la Table, il y a douze lieues, qui, à 2,436 mètres, font 29,232 mètres. Il y a, en réalité, 13 kilomètres; mais la Table, comme les bornes, néglige les fractions. Ces 31 kilomètres donneraient près de 14 lieues si on les comptait à 2,222 mètres, comme l'a fait la Commission de la topographie des Gaules, qui a supposé une erreur et proposé de remplacer XII par XV (8). Il n'y a rien à corriger si on admet que la lieue vaut 2,436 mètres. Nous verrons du reste tout à l'heure que l'Itinéraire et les bornes confirment cette donnée de la Table, et si l'on suppose une erreur dans celle-ci, il faudrait l'imputer également aux milliaires et à l'Itinéraire.

Brioux à Aunay, Aunedonnacum. — La voie, toujours en plaine, et très directe, passe à la Villedieu, qui, fondée au moyen âge, n'a dû être à l'origine qu'un gîte pour les pèlerins, comme il y en avait sur tous les chemins de Saint-Jacques.

La distance de Brioux à Aunay serait d'après la Table de huit lieues; mais il n'y a que dix-neuf kilomètres et demi, c'est-à-dire sept lieues et une fraction. Voici, croyons-nous, l'explication de cette différence. Brioux ne figure pas dans l'Itinéraire d'Antonin, qui de Rom à Aunay compte, en une seule fois, vingt lieues. L'Itinéraire, du moins en ce qui concerne cette ligne, doit être antérieure à la Table, souvent retouchée, et la légère erreur de celle-ci n'est apparemment qu'une accommodation. Pour ne pas se mettre en désaccord avec l'Itinéraire et les bornes, la Table a forcé le chiffre de la distance entre Brioux et Aunay en lui attribuant une fraction qu'elle avait négligée entre Rom et Brioux, et elle a atteint ainsi, comme l'Itinéraire, le total de vingt lieues pour les deux sections prises ensemble.

Deux bornes trouvées dans le cimetière de Rom et conservées au musée de Niort confirment les indications de la Table et de l'Itinéraire. L'une est de Tétricus et porte : C(ivitas) P(ictonum) L(eugæ) xvi; FIN (es)L(eugæ) XX. La seconde, au nom de Tacite, porte : C(ivitas) P(ictonum) L(eugæ)XVI; F(ines) L(eugæ)XX. Ces deux milliaires, indiquant les mêmes distances, ont dû être à peu près au même endroit, à seize lieues de Poitiers et à vingt lieues d'Aunay, c'est-à-dire à Rom même; nous disons à peu près au même endroit, parce qu'il n'est pas nécessaire d'admettre que l'un a remplacé l'autre ; ils ont pu occuper des points différents, l'un à l'entrée, l'autre à la sortie de la station.

Les indications de ces bornes combinées avec celles de la Table et de l'Itinéraire permettent de résoudre une question intéressante, celle de la limite des Pictons et des Santons.

D'après la Table et l'Itinéraire la station d'Aunay était à trente-six lieues de Poitiers ; d'après les bornes le fines ou la limite de la cité des Pictons se trouvait de même à trente-six lieues.

Il faut, de toute nécessité, en conclure que l'Aunedonnacum de la Table et de l'Itinéraire était le Fines inscrit sur les milliaires. C'est une fausse notion de la lieue gauloise qui a porté M. Espérandieu (9) à le placer à la Villedieu, dont le nom, qui équivaut presque à une date de fondation, aurait dû suffire pour le mettre en garde contre cette erreur.

M.Ragon(10), de son côté, séduitpar une vague homophonie et oubliant que fines n'est pas un nom, a cru voir les confins des deux peuples dans Vinax, qui, du reste, est à huit kilomètres de la voie.

LES CHEMINS DE POITIERS A SAINTES PAR SAINT-MAIXENT (3)

Ajoutons que cette ancienne frontière a subsisté jusqu'à la suppression des provinces et qu'avant la formation des départements elle se trouvait à Virolet, à trois kilomètres d'Aunay.

Une autre borne, conservée également au musée de Niort et datée du règne de Constance Chlore, a été exhumée du cimetière de Brioux. On lit au bas de l'inscription deux nombres ainsi disposés : IIIIX XIIII qui représentent évidemment des distances, mais sans indication des localités auxquelles ils se rapportent. Jusqu'à présent ils sont restés une énigme et, en effet, on n'en peut rien tirer si on compte la lieue à 2,222 mètres.

Le premier de ces nombres, écrit d'une façon assez anormale, mais qui n'est pas sans exemple (11), doit être lu X — IIII, comme le second, X + IIII. Le total, c'est-à-dire XX lieues, représente exactement la distance de Rom à Aunay.

C'est d'ailleurs celle que donne l'Itinéraire, qui, pas plus que notre milliaire, ne tient compte de la station de Brioux, inscrite sur la Table seulement.

Les deux chiffres dont il s'agit indiquent donc la distance de Rom dans une direction et celle d'Aunay dans l'autre.

Plantée à six lieues de cette dernière station et à quatorze de la première, elle devait se trouver au Pontiou, à trois kilomètres au sud de Brioux.

Aunay à Saintes.— La chaussée traverse Varaise et passe au pied des fana de Villepouge et d'Ébéon, monuments religieux (12) du même genre que celui dont le nom de Port-de-Piles nous a précédemment révélé l'existence au passage de la Creuse. De là elle se dirige sur Écoyeux. Avant d'arriver à la Charente elle se confond avec la grande voie venant de Lyon.

Le parcours d'Aunay à Saintes est de quarante-un kilomètres, qui font les seize lieues inscrites sur la Table et l'Itinéraire.

Cette ligne, que les pèlerins avaient quittée dès le moyen âge est encore celle que « la Guide des chemins de France », de Charles Estienne, indique aux voyageurs, en 1552, et c'est au siècle dernier seulement que la grande circulation l'a abandonnée pour le chemin de Saint-Jean-d'Angély.

 

XX POITIERS à BRIOUX

Pour desservir Rom et se prêter à un embranchement sur Périgueux, la chaussée que nous venons de suivre décrit une courbe, qui, de Poitiers à Brioux, allonge le trajet d'une lieue gauloise, c'est-à-dire d'environ deux kilomètres et demi. Une route, plus directe, se détachant de la première à Croutelles, passait par Lusignan, Chenay, Chey et Saint-Léger-de-Melle.

Cette seconde ligne était probablement celle qui avant les Romains reliait Poitiers à Saintes. Depuis le moyen âge elle porte le nom de chemin de Saint-Jacques, parce qu'elle se trouvait comprise dans l'itinéraire des pèlerins qui, du Nord, se rendaient à Compostelle.

Cet itinéraire, l'un des quatre qui sont décrits dans le Codex de Saint-Jacques, suit en général la voie romaine; il s'en écarte entre Croutelles et Brioux pour abréger, et ensuite entre Aunay et Saintes, parce que les pèlerins, qui déjà avaient visité Saint-Martin de Tours et Saint-Hilaire de Poitiers, devaient passer par Saint-Jean-d'Angély, d'où ils se rendaient à Saint-Eutrope de Saintes et à Bordeaux.

Le chemin de Saint-Jacques entre Lusignan et Melle est dénommé chemin des Charrois sur la carte de la généralité de Poitiers dressée en 1784. Il est de nos jours redevenu la route de Poitiers à Saintes.

LES CHEMINS DE POITIERS A SAINTES PAR SAINT-MAIXENT (1)

LES CHEMINS DE POITIERS A SAINTES PAR SAINT-MAIXENT

Les traces de voyage sont rares à l'époque romane. Il en est cependant un sur lequel nous savons quelque chose, celui d'un pape, Urbain II. Il est allé de Poitiers à Saint-Jean-d'Angély et Saintes en 1096.

A Lusignan, ce n'est pas le chemin de Saint-Léger-les-Melle qu'il a pris, mais celui de Saint-Maixent. Parti de Poitiers le 30 mars 1096, il était à Saint-Maixent le 31, comme le prouvent deux bulles datées de ce jour (13).

De Lusignan à Saint-Maixent par Rouillé, Boisgrolier, La Villedieu-du-Perron (aumônerie) et Soudan, la distance n'est que de 26 km.

Les relations étroites des sires de Lusignan avec l'abbaye (14) n'ont pas dû défavoriser le passage des jacquaires vers elle. En plus des possibilités d'accueil offertes par une grande abbaye, les attirait là le tombeau d'un saint très populaire dans le haut moyen âge : saint Léger (15).

Les guerres des XIVe et XVIe siècles, l'incendie des archives de Niort en 1805 sont parmi les causes de la pénurie de documents sur le culte de ce saint dans la région. Quelques éléments d'appréciation s'offrent cependant : — le grand nombre de vies de saint Léger écrites entre le VIle et le XIIIe siècles (16) ; — le nombre important de paroisses, d'églises, de chapelles dédiées à ce saint, avec les variantes : Ligeaire, Liguaire, Légère, Ligier, Liagre, Ligoire, Lager. On en trouve en Belgique et dans le Nord (avec une certaine densité), régions d'où venaient précisément une partie des pèlerins empruntant la via turonensis;

— la basilique élevée à côté de l'abbatiale de Saint-Maixent en l'honneur de saint Léger a été détruite au XVIe siècle, mais il en reste une crypte du VIIe siècle, remaniée au XIe, crypte pourvue jadis de deux escaliers d'accès; elle abritait le tombeau de saint Léger. L'ampleur de cette crypte suffit à elle seule à attester la venue de pèlerins, et le fait de son remaniement au XIe siècle laisse entendre que l'affluence se poursuivait encore en ce siècle.

On pourrait objecter qu'après les invasions normandes, le tombeau ne contenait plus que trois livres et huit onces des restes du saint, comme en témoigne une inscription (17). Ce serait oublier la mentalité des pèlerins et l'attrait exercé sur eux par le tombeau.

A Jérusalem, à Rome, à Compostelle, c'est un tombeau qu'ils allaient vénérer — et le premier était un tombeau vide.

A partir des environs de l'an 1200, le culte de saint Léger paraît avoir suivi ici le déclin de la puissance de l'abbaye de Saint-Maixent et celle des sires de Lusignan.

La soumission directe du Poitou au pouvoir du roi de France leur fut fatale (18).

De Saint-Maixent, les pèlerins pouvaient aller à Saint-Jean-d'Angély par plusieurs chemins.

Commençons par ceux de l'Est.

Un chemin ancien suit le synclinal de la Sèvre et rejoint l'ancienne voie romaine précédemment observée à Chenay. Il passait à Saint-Eanne, où subsiste une église romane, à La Villedieu (de Comblé), dont le nom indique à l'origine une fondation religieuse, à La Mothe-Saint-Héraye, où existait au début du XIe siècle, non loin d'une motte féodale, un sanctuaire dédié à saint Aredius (Yrieix), à Isernais, où l'abbaye de Saint-Maixent possédait un prieuré, à Exoudun et à Bagnault (19), où l'on rencontre des vocables Saint-Jacques. Deux chapelles de l'église d'Exoudun étaient placées sous ce vocable; l'un d'eux est dit Saint-Jacques de Thérouanne (20), ce qui pourrait confirmer le passage de pèlerins venant du Nord.

D'autres groupes sortaient de Saint-Maixent par la porte Mellaise (21) et rejoignaient la voie romaine à Melle, à 25 km, en prenant un modeste chemin qui traversait une forêt, appelée forêt de Savra par les textes du XIIe siècle. Ce chemin, l'abbaye avait pris soin de le jalonner de ses prieurés environ toutes les deux lieues : Souvigné, L'Hermitain, Beaussais, Saint-Thibault, Saint-Pierre de Melle (22).

Mediolanum Santonum (Saintes)

Par ce moyen, les pèlerins arrivaient à Melle par la porte Saint-Jean; ils évitaient le prieuré et l'hospitale de l'abbaye de Saint-Jean-d'Angély, qu'il serait peut-être exagéré de qualifier ici de concurrente de l'abbaye de Saint-Maixent, mais qui subissait des influences temporelles autres (23) et obéissait à l'époque à la centralisation clunisienne, alors que l'abbaye de Saint-Maixent s'y était refusée.

A Beaussais un autre chemin allait vers Melle, Il y débouchait derrière le faubourg Saint-Hilaire, près d'une aumônerie dite de Puyherbault au XIVe siècle (24), qui pourrait avoir succédé à l'hospitale de 1088. Sur le cadastre un lieu-dit le Champ de l'Hôpital peut appuyer cette hypothèse. De là, un chemin descend vers l'église Saint-Hilaire et remonte l'autre côté du vallon vers la porte Saint-Jacques.

Sans être obligés d'entrer à Melle, les pèlerins pouvaient, une fois passée l'église Saint-Hilaire, prendre un chemin dont on voit encore le tracé en face la gendarmerie et qui les menait vers la voie romaine en direction de Brioux.

A partir des environs de 1095, un motif supplémentaire a pu les amener vers Melle par Saint-Hilaire : l'attraction du monastère de Celles-sur-Belle. Des miracles s'y produisaient, si l'on en croit une chronique du XIIe siècle, la Chronique de Saint-Maixent, plus connue sous le nom de Chronique de Maillezais. « Eodem anno, écrit le chroniqueur en parlant de l'année 1095, cepit locus Sancte Marie ad Cellam florere miraculis (25). » De l'abbatiale romane de Celles il reste un beau portail polylobé, dû peut-être à l'influence de l'art hispano-mauresque le long des routes de pèlerinage (26).

De l'abbaye provient une statuette en pierre de pèlerin agenouillé, avec coquille sur la pannetière (fin du XIIe siècle ou début du XIIIe), déposée au Musée du Pilori à Niort (27).

La route de Nantes à Limoges permettait aux pèlerins l'accès facile de Melle (8 km); ils y prenaient la direction de Saint-Jean-d'Angély. Ils pouvaient également atteindre ce but en prenant la route qui suit les vallées de la Belle et de la Boutonne par Verrines, où l'abbaye de Saint-Maixent avait un prieuré, puis par Montigné, autre possession de la même abbaye, Périgné (aumônerie) et Chizé avec son aumônerie Saint-Jacques.

 

 

 

Les chemins gaulois et romains entre la Loire et la Gironde : les limites des cités, la lieue gauloise / par A.-F. Lièvre

Bulletin de la Société des antiquaires de l'Ouest et des musées de Poitiers

 

 

 

Organisation des légions romaines d'Auguste à Alexandre Sévère - 2000 ans de l’Arc Germanicus de Saintes <==.... ....==> Viae romanae maiores, La détermination de la mesure longimétrique du Mille Romain et de la Leuca des anciens Gaulois.

Les 2000 ans de L'Arc de Germanicus à Saintes et de l’amphithéâtre des Trois Gaules à Lyon <==

L’histoire de l’Abbatiale bénédictine Saint-Maixent de Saint-Maixent- l'École <==


 

 

(1) Archives de la Vienne, E, 35, plan.

(2) A.-F. Lièvre, Notes sur Couhé et ses environs, 166.

(3) Rondier, Mém. de la Soc. de statist. des Deux-Sèvres, 1858-59.

(4) Paulini ad Ausonium epistolæ; dans les œuvres d'Ausone.

(5) Atlas historique de la France.

(6) Vetera Romanorum itineraria, 459.

(7) Table de Peutinger, p. 38.

(8) Revue archéologique, IX série, t. VIII, 149.

(9) Paysages et monuments du Poitou, Aunay.

(10) Bull. de la Soc. des Antiquaires de l'Ouest, XIV, 424.

(11) C'est ainsi, notamment, que le nombre six est figuré sur la panse d'un des vases trouvés par l'abbé Baudry à Troussepoil, commune du Bernard, et conservé au musée de la Roche-sur-Yon.

(12) A.-F. Lièvre, les Fana ou Vernemets. dits Piles romaines. Paris, 1888.

(13) P. JAFFÉ, Regesta pontificum romanorum, Berlin, 1885, I, p. 686.

(14) Cf. supra, introd. et n. 8.

(15) S. Léger (+ v. 678), abbé de S.-Maixent, puis év. d'Autun, opposé aux appétits de domination d'Ebroin, maire du palais de Neustrie. Une armée à la dévotion de ce dernier vint assiéger Autun. Pour que les Autunois fussent épargnés, Léger eut le beau geste de se livrer aux assiégeants. D'où sévices cruels etfinalement décapitation près d'Arras, ce qui explique le nombre de vocables dans le Nord.

(16) Cf. A. POTTHAST, Wegweiser durch die Geschichtswerke., 2e éd. Graz, 1895, II, 1421 ss. — On en trouve dès la fin du VIIe s. : Cf. AVALLE (D'Arco Silvio), Latino « circa romançum ». Padova, 1965, pp. 3-4 (Vulgares éloquentes, 2). 7

(17) Inscription du x° siècle sur le tombeau de saint Léger déposé depuis le XVI" dans la crypte de l'abbatiale de Saint-Maixent. Les premiers mots sont en partie cachés par une colonne. On croit pouvoir lire : [HIC SANCTVS] QVONDAM REQVIEVIT LEODEGARIVS OSSA TENET CVJVS BROVILVS ECCE LOCVS [TRES LIBRAS] TUMVLVS HIC HABET ALMIFVVS ET VIIII VNCIAS.

Rare, l'adjectif almifuus (almifluus) est employé dans des vies de saints du xe siècle dans le sens de « fécond en bénédictions ».

(18) Cf. Chartes et documents pour servir à l'histoire de l'abbaye de Saint-Maixent, publ. par Alfred RICHARD, Poitiers, 1886, A.H.P., XVI p. XLII.

(19) MJne FRACARD, op. cit., p. 49, a remarqué une auberge Saint-Jacques à Bagnault. Explication par un « chemin Rochellois » au tracé douteux.

(20) BEAUCHET-FILLEAU, op. cit., p. 269. -

(21) Porta Mellesia, 1134-1164, Chartes Saint-Maixent, A.H.P., XVI, 359, pièce 344; Porta Metulensis en 1189, ibid., 379, pièce 367.

(22) Souvigné attesté comme prieuré en 1189, ibid., pièce 367; L'Hermitain et Saint-Thibault dans un aveu de 1363, ibid., A.H.P., XVIII, 146, pièce 513; Beaussais, prieuré-cure en 1715, ibid., 444, possède une église romane, peut-être celle d'un prieuré au XIIe siècle, mais rien de certain; Saint-Pierre de Melle, prieuré entre 1125 et 1129, ibid., 313, pièce 287.

(23) Cf. supra, introd. et n. 8 et 9.

(24) BEAUCHET-FILLEAU, op. cit., p. 310. — TRAVER, Op. cit., pp. 19 et 116.

(25) Chronicon Sancti Maxentii, éd. J. VERDON, Poitiers, 1959, dactyl., p. 172.

(26) Influence discutée. Remarquons cependant des portails polylobés à Saint-Médard de Thouars et à l'ancienne église Saint-Paul de Parthenay situées sur le même passage N.-S. de pèlerins que Celles-sur-Belle.

(27) Statuette inscrite au catalogue de deux expositions organisées par R. DE LA COSTE-MESSELIÈRE sur le pèlerinage de S.-Jacques, Paris, Arch. nationales, 1965, n° 167; Cadillac-sur-Garonne, 1967, n° 453.

 

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