Une Découverte aux Environs de Saintes - Le Camp préhistorique du Peu-Richard 2

La découverte à Sanxay (Vienne), d’une grande cité romaine, a remué le monde savant. Partout maintenant où apparait un débris de brique à rebord, — cette tuile fût-elle de Montchanin-les-Mines, — on pioche, on fouille.

Aux environs de Saintes, l’antique capitale des Santons, une ville privilégiée quant aux monuments anciens, et dans un rayon peu étendu, on compte bon nombre de stations où gisent des bains romains, d’anciens palais, des temples, etc.

 Sans compter les nombreuses voies romaines qui s’y croisent ou y aboutissent, on peut, en ville ou aux alentours, contempler, encore debout, les Thermes de la cité, les Arènes, l’Arc de Germanicus, les Bains de Corbiac, les Arcs de Fontcouverte, les Mosaïques de Bernon et de Saint-Jean-d’Angély, les Ruines du Pouzat, de Villars-les- Bois, etc.

Mais le bouquet est à six kilomètres, sur la route de Nantes à Bordeaux, dans un vallon, au village appelé les Arènes, nom significatif. Là est encore debout, et fort bien conservé, un mur qu’on dirait appartenir au Palais Gallien de Bordeaux.

M. le baron Eschassériaux, député, à qui appartiennent le village et ses alentours, a invité le P. de la Croix, l'archéologue poitevin, à venir donner son avis sur les ruines qui émergeaient de sa propriété.

Les fouilles ont amené la découverte d’une cité qui ne le cède guère, par son étendue, à celle de Sanxay. On peut, là encore, trouver plusieurs vestiges d’une cité romaine et de ses monuments, et nous espérons qu’on ne reculera pas devant la dépense nécessaire à la mise à nu de restes aussi dignes d’intérêt.

La découverte de la station des Arènes n'approche pas, malgré son importance, de celle qu’on a faite un peu plus haut, sur la même propriété.

 En cultivant un vaste plateau appelé le Peu- Richard, on s’était aperçu, depuis longtemps déjà, que, dans certains endroits, les récoltes, la vigne surtout, avaient une vigueur qui faisait contraste avec le reste de la propriété.

Le phylloxéra a résolu le problème. Voici comment :

Le Peu-Richard est un monticule d’une altitude de 05 mètres environ et d'une superficie de six à huit hectares ; le sol appartient à la craie grise des étages secondaires ; la couche de terre végétale n’a guère que 20 ou 25 centimètres d’épaisseur ; le sous-sol est composé de moellons demi-durs, propres à bâtir ; c’est, en un mot, un de ces terrains convenant surtout à la culture des vignes favorisées dont les récoltes, transformées en eaux-de-vie, ont fait la gloire et la fortune de la Saintonge.

Le fléau qui a rongé le précieux arbrisseau ayant obligé tous les propriétaires du pays à arracher leurs vignobles, là comme ailleurs on s’est exécuté. Les collines du Peu-Richard ont passé sous le moulinet du cabestan. Mais les ouvriers, dont l’attention était éveillée par la présence des belles ruines du vallon des Arènes, et par la recommandation du propriétaire, mirent bientôt à nu une foule d’objets anciens. Poteries, silex, ossements, cornes d'animaux, suivaient les racines des ceps qu’entraînait le cabestan.

On résolut de fouiller, et il ne fut pas difficile de suivre les contours d’un vaste camp préhistorique, appelé dunum par le P de la Croix. Partout où le sol avait été défoncé par les premiers habitants, la vigne n’était pas morte, et les enceintes, comblées par de la terre meuble, se dessinaient au regard le moins exercé. Une équipe de terrassiers, mise à l’œuvre, fit cent cinquante tranchées. Le résultat de l’opération dépassa toutes les espérances ; on mit au jour une quantité inimaginable d’objets, qu’on peut aujourd’hui examiner commodément dans les salles du logis des Arènes, transformées en musée. Nous y avons remarqué quantité innombrable de pointes de lance, grattoirs, racloirs, éclats de toutes formes, haches taillées de l’époque acheuléenne et du Moustier, tous outils fabriqués avec du silex pris à quelques kilomètres, aux Gonds ; puis des os de diverses formes, des dents de plusieurs dimensions, des cornes aiguës et des cornes palmées, des têtes de sangliers à peu près intactes, des crânes munis encore d’énormes cornes, probablement d’aurochs, des mâchoires humaines très-allongées, etc. La poterie, abondante également, présente des types variés, depuis la fabrication la plus grossière jusqu’à l’écuelle ornementée de dessins plus ou moins réguliers, mais toujours d’un façonnage très-élémentaire. Les foyers sont encore munis de charbons, de cendres et de débris de cuisine, de tas de coquilles, de granits ou de grés, qui ont subi l’action du feu.

Une Découverte aux Environs de Saintes - Le Camp préhistorique du Peu-Richard

Au centre à peu près du camp, dans un vaste trou, gisaient une certaine quantité de haches polies, achevées ou en préparation, quelques-unes brisées, d’autres seulement ébauchées; à côté étaient les polissoirs en grès servant à leur confection. Ces derniers étaient destinés à être maniés facilement et ne pesaient qu’un ou-deux kilogrammes.

A la disposition des tranchées, il est facile de se rendre compte de la forme primitive du camp.

Il était formé de trois enceintes parallèles, donc l’extérieure n’a pas moins de sept cent mètres de circuit; les deux autres en sont assez rapprochées. Les fossés creusés dans le moëllon ont trois ou quatre mètres de profondeur sur autant de largeur ; ils sont à pic, et on distingue encore sur leurs parois les coups des pioches en silex qui ont servi à les creuser.

Quatre entrées, pratiquées aux quatre points cardinaux, donnaient accès dans l’intérieur. Les énormes moëllons qui les fermaient, quand on voulait s’isoler du reste de la campagne, sont encore en place. On n’a pas trouvé dans ces cent cinquante tranchées un seul morceau de fer ni de bronze, ce qui fait remonter l’époque de ce camp à des centaines de siècles.

Les peuplades qui l’on creusé étaient loin d’avoir le bien-être des générations actuelles; obligées de se garder contre d’énormes animaux sauvages, ne vivant que de chasse et de pêche, elles avaient choisi avec intelligence le Peu-Richard, qui dominait toute la contrée.

 Les bords de la Charente et les marais de la Seugne leur fournissaient du poisson, et les vastes forêts qui s’étendaient jusque vers Royan renfermaient les animaux sauvages qui leurs fournissaient la nourriture, l’outillage et les vêtements.

Il est probable qu’en chasse ils acculaient dans la première enceinte de leur camp ces animaux, rennes, aurochs, sangliers, et qu’ils les y assommaient.

La deuxième enceinte, probablement recouverte par des troncs d’arbres et par des peaux d’animaux, leur servaient d’abri principal. La plus rapprochée du centre semble avoir servi de réfectoire, de cuisine et d’atelier.

La découverte du Peu-Richard est d’une grande importance par la belle conservation et par la variété des objets qui s’y trouvent réunis. Qui sait ce qu'on découvrira encore, sous les terres qui remplissent plus de deux kilomètres de fossés bien conservés? Les savants habitués à ce genre de recherches y trouveront certainement quelque chose que le commun des mortels ne distinguerait pas, et ils lèveront, nous n’en doutons point, un coin du voile épais qui couvre pour nous et pour beaucoup d’autres ces horizons lointains, témoins des joies et des peines de nos pères.

E. LEMARIÉ.La Gazette des bains de mer de Royan-sur-l'Océan

L'enceinte de Champ Durand, sur la commune de Nieul-sur-l'Autise en Vendée, en est un exemple particulièrement impressionnant. D'autres fortifications ont été trouvés sur les communes de Barzan – lieu-dit de la Colline de la Garde, Semussac – Chante-Alouette et Chez Reine, L'Éguille – Les Flottes, Cozes – La Maison rouge, etc.

 

 

 

 

Voyage au temps des Gladiateurs dans la Mediolanum Civitas Santonum (Fouilles archéologique de l'amphithéâtre de Saintes 1882)
L'amphithéâtre gallo-romain de Saintes est exceptionnel à plus d'un titre. Achevé vers les années 40 après JC, il a été le premier construit en Gaule Romaine, Saintes était alors la capitale de la Gaule Aquitaine. L'Amphithéâtre gallo-romain de Saintes, appelé localement les Arènes de Saintes, fut commencé sous le règne de l'empereur Tibère (14-37 apr.


 

Plan général des ruines romaines d'Herbord (Site gallo-romain de Sanxay)

Découvrez l'agglomération gallo-romaine de Sanxay, un des sites archéologiques majeurs de l'antique province d'Aquitaine. Nichée dans le cadre verdoyant de la vallée de la Vonne, cette petite ville, occupée du 1 er au IV e siècle ap. J.-C, s'étendait sur plus de 25 hectares.