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PHystorique- Les Portes du Temps
24 juin 2022

17 février 1569 GABRIEL de Rechignevoisin, seigneur de Guron et Commandant au château de Lusignan

17 février 1569 GABRIEL de Rechignevoisin, seigneur de Guron et Commandant au château de Lusignan

Au commencement de l'année 1569, le château de Lusignan, au pouvoir des catholiques, avait pour gouverneur Gabriel de Rechignevoisin, seigneur de Guron et des Loges.

 Une nuit, la garnison de cette petite mais forte place fit une sortie contre les troupes protestantes de Montgommery, qui avaient leur quartier général à la Mothe-Saint-Héraye.

On ramena quelques prisonniers, parmi lesquels se trouvaient les deux frères Deserre, gentilhommes du pays, qui connaissaient Tesson et Usseau, l'un lieutenant et l'autre cornette du gouverneur.

Ils ourdirent entre eux quatre un complot pour livrer le château, et s'entendirent à cet effet avec les huguenots qui tenaient la campagne.

Au moyen de sorties successives, ils ramenèrent quatre-vingts prisonniers, qui n'étaient que des hommes apostés pour se faire prendre et s'introduire ainsi dans la place, afin d'aider les traîtres à accomplir leurs desseins.

On était au dimanche du carnaval; les officiers de la garnison s'occupaient beaucoup plus de leurs plaisirs que de la garde des portes. Un d'eux avait même invité les autres à dîner dans la basse ville; ce fut l'heure que les conjurés choisirent pour l'exécution de leur coup de main. Pendant qu'on était à table, Tesson et Usseau, qui avaient fait une nouvelle sortie, ramenèrent encore de prétendus prisonniers.

Le pont-levis s'étant abaissé au mot d'ordre, ils massacrèrent le poste au fond de la tour qui servait de corps-de-garde; ils se présentèrent ensuite à un portail distant de deux cents pas, qui leur fut ouvert et dont les gardiens eurent le même sort.

 Plus loin encore se trouvait le donjon, flanqué de ses deux grosses tours, celle de Mrelusine et la Poitevine.

C'est dans celle-ci qu'étaient les premiers prisonniers qu'on avait introduits. Les conjurés y coururent et poignardèrent les soldats de garde ; mais quelqu'un ayant aperçu le carnage avertit le gouverneur, qui était à dîner dans une autre partie du château appelée le Logis de la Reine.

De Guron se jeta sur sa pertuisane ; en même temps les deux Deserre, qu'il avait admis à sa table, lui sautaient au collet et leurs complices faisaient irruption dans l'appartement. Il réussit à se dégager et, se précipitant vers une poterne, il atteignit par une vis dérobée les galleries supérieures du château, par lesquelles il arriva avec une douzaine d'hommes à la tour de Mrelusine.

Cependant les conjurés pénètrent dans la tour Poitevine, délivrent les prisonniers et arborent sur la tour de l'horloge le drapeau blanc, signal convenu avec quelques compagnies des leurs, qui, en ce moment, arrivaient dans le parc en face du château.

De son côté, le gouverneur fait tirer les fauconneaux de la tour de Mrelusine, au haut de laquelle il plante son pennon pour avertir les siens qu'il tient encore. Ses hommes accourent de la ville; mais, trouvant les ponts levés et les portes fermées, ils sont obligés de descendre dans les fossés et d'en escalader les murs. Ils arrivent enfin aux douves du donjon; quelques-uns réussissent à les franchir, et engagent la lutte avec les traîtres.

Pendant ce temps, M. de Guron fait baisser un pont- levis et reçoit de nouveaux renforts au moyen desquels il reprend le dessus. C'est alors que les conjurés, déjà en fuite, auraient commis une atrocité inutile, en massacrant la femme du gouverneur, laquelle, d'après une autre version, aurait, au contraire, été frappée au plus fort de l'action, en voulant le protéger de son corps.

Cependant la tour Poitevine restait au pouvoir des conjurés, et des secours commençaient à leur arriver par une poterne qui donnait sur la vallée; mais comme la vis était fort étroite, on y montait lentement.

Un accident vint encore ralentir l'ascension : un gentilhomme étouffa dans son armure, et son corps obstrua assez longtemps le passage.

Les hommes de Guron, jetant dans l'étroit escalier tout ce qui leur tombait sous la main, et jusqu'à du bois enflammé, arrêtèrent enfin les assaillants.

Il se trouva ainsi maître de la partie moyenne de la tour, celle qui était au niveau des cours, tandis que l'ennemi occupait toujours le bas, et que les deux Deserre, avec quelques autres conjurés, se trouvaient dans l'étage supérieur, sans aucun moyen de retraite

Ceux-ci, se voyant ainsi pris entre ciel et terre, coupèrent des draps de lit par bandes qu'ils nouèrent bout à bout, et quelques-uns réussirent à se laisser glisser jusqu'à terre.

 Ceux qui n'en eurent pas le temps furent passés au fil de l'épée ou lancés tout vivants par-dessus les créneaux.

A la suite de cette tentative peu glorieuse, et pour se venger de son échec, une des bandes de Montgommery alla brûler le château de Guron.

Mais après avoir fait évacuer et balayer la place de tous les ennemis que ces deux traitres y avaient fait entrer , il eut la douleur de trouver chez lui sa femme, Anne Bonnin , enceinte de deux enfants, égorgée et percée de plus de 100 coups d'épée ou de poignards ; et peu-après le chagrin d'apprendre que l'Amiral de Châtillon, piqué de voir son entreprise échouée, avait, par vengeance , une des bandes de Montgommery alla brûler le château de Guron,  distante de deux lieues de Lusignan, où Les meubles et ses titres furent brûlés.

 

 

 

 

GABRIEL de Rechignevoisin I. du Nom, Ecuyer, Seigneur de Guron et des Loges, Commandant à Luzignan, Gentilhomme ordinaire de la Chambre du Roi, Capitaine de cinquante hommes d'Armes de ses Ordonnances, et Gentilhomme d'Honneur de la Reine mère Catherine de Médicis, rendit hommage au Roi pour la Seigneurie de Guron le 4 Mai 1560; lui en donna son aveu et dénombrement le 19 Juin  1561et transigea le 14 Août 1565 avec Noble François de Saint Ament ( Saint Amand ) Ecuyer, Seigneur de Chastellars et de la Cour de Voullon, mari de Demoiselle Perrette de Poix, fille unique et héritière de Jean de Poix, Ecuyer , Seigneur de la Cour de Voullon.

 

De Thou dans son Histoire rapporte que Guron commandait dans le Château de Lusignan, lorsqu'il y fut attaqué le 17 Février 1569 par les Protestants, qui par la trahison de son Lieutenant qu'ils avaient gagné, massacrèrent le Corps de Garde, entrèrent dans le Château où le Lieutenant à leur teste porta à Guron un coup qui l'eut tué, sa femme s'étant jeté entre deux n'eût reçu le coup qui la tua.

 L’Historien « ajoute » que Guron échappé des mains du Lieutenant, se sauva dans le Donjon du Château, appela ses Compagnons qui montants par-dessus les murs vinrent promptement à son secours, tuèrent le Lieutenant et ses Complices et conservèrent ainsi cette Place au Roi.

 « Mais, suivant le même Auteur, il fut obligé cette année-là-même de la rendre aux Huguenots. » Du Lude, « dit-il, » passa à Lusignan, qui est à cinq lieues de Poitiers, y mit six canons, et ayant confié à Guron et à des Cluseaux son frere ( c'est-à dire du Cluzeau son beau-frere ) la garde de ce Château, le plus fort du pays, il y laissa la Paillerie avec quatre Compagnies de Fantassins ... Coligni marcha droit à Lusignan, et s'en étant rendu maître, Guron se retira dans le Château avec la plupart des Gentilshommes et des habitants du voisinage;

 Ils s'y croyaient en sûreté ; mais ne s'étant pas trouvé à peine cent soldats dans la Placedéfendue par Guron et Cluzeau, quoiqu'on y eut mis quatre Compagnies pour la garder, la Garnison accablée par le feu continuel que faisaient les Assiégés sur le Château depuis le 7 Juillet 1569 capitula le 21 du même mois et rendit à Coligni cette Forteresse qui avait été regardée jusqu'alors comme imprenable, et que les Anglais avaient autrefois attaquée inutilement.

 Quatre jours après la Garnison et les habitants sortirent; et la capitulation fut gardée très-exactement.

Le 14 Décembre 1574 Guron fut nommé par Commission donnée au Camp devant Lusignan par Louis de Bourbon Duc de Montpensier, Lieutenant Général de l'Armée du Roi en Poitou , pour conjointement avec le Sieur du Cluzeau, ( c'était sans doute encore François Bonnin son beau-frere ) assister, conduire et demeurer avec les deux Régiments de Reîtres qui étaient pour lors en ladite armée, leur marquant qu'il avait cru ne pouvoir mieux faire que de les choisir pour cette Commission , attendu qu'il fallait deux Gentilshommes qui connussent le pays pour estre ordinairement avec ces Régimens  arrester leurs désordres. «

 Il obtint le 23 Juillet 1576 des Lettres de retenue en l'Office de Gentilhomme ordinaire de la Chambre du Roi, en considération des bons agréables services qu'il avait rendus pendant les Guerres aux feux Rois prédécesseurs de Sa Majesté ;

et est appellé dans un acte du 15 Mars 1582 Noble puissant Gabriel de Rechignevoysin Seigneur de Guron et des Loges, le 6 Avril 1580, de celle de Gentilhomme d'honneur de la Reine Catherine de Médicis.

 

 Depuis il fut Capitaine de cinquante hommes d'Armes des Ordonnances du Roi, qualité qu'il a bien expressément dans une Lettre que la Reine mère Catherine de Médicis lui écrivit en ces termes le 18 Janvier 1587 pour l'engager à venir la joindre et l'accompagner dans sa retraite :

» Mons'. de Guron, d'aultant que la trefve que mon fils, le Roy de Navarre & moy , avions accordée sera expirée dans deux ou trois jours & que je dellibére de me retirer , je vous prie assembler promptement ce que vous pourrez de vostre Compagnie, et aussy des Gentilshommes voz voisins et de vos amis pour me venir trouver en ce lieu dedans fix jours pour m'accompaigner en m'en retournant, ayant escript encores à quelques aultres me venir aussi trouver avec ce qu'ils pourront de leurs amys, affin que je me puisse retirer plus seurement ; et oultre que vous ferez chose que je m'asseure qui sera bien agréable au Roy Monsieur mon filz, vous me ferez aussy plaisir dont j'auray bonne souvenance.

Cependant je prie Dieu,  Mons'. de Guron, vous avoir en fa faincte et digne garde.

Escript à Nyort le XVII Ie jour de Janvier 1587.« (Signé) » CATERINE « (et plus bas )
J. PINART, «

(La suscription eft)

» A Mons'. de Guron Cappitaine de cinquante hommes d'Armes des Ordonnances du Roy Monsieur mon Fils.«

 

Il ne tarda pas sans doute à obéir aux ordres de la Reine; car le 6 Avril de la même année 1587 elle le pourvue de l'Etat et Office de son Gentilhomme d'honneur, voulant lui marquer la parfaite et entière confiance qu'elle avait en lui et le récompenser de ses bons & agréables services

 Après la mort de cette Princesse il jouit de tous les privilèges que lui avait donné cet Office, et en conséquence fut déchargé de la contribution au Ban et Arrière-ban du Poitou par Sentence de Louis de Sainte Marche, Ecuyer, Lieutenant général au Siege Présidial de Poitiers du dernier Février 1595.

Gabriel de Rechignevoisin avait épousé en premières noces  Demoiselle Anne Bonnin, sœur de François Bonnin, Ecuyer, Seigneur du Cluzeau et du lieu de Montz en Saint Genard, beau-frère de Gabriel; et après la mort de cette première femme qui, comme on l'a marqué plus haut, fut tuée le 17 Février 1569 en se mettant au- devant d'un coup mortel que le Lieutenant du Château de Lusignan portait à son mari,

Il épousa en secondes noces par contrat du 9 Août 1574 Demoiselle CATHERINE Frotier, fille de haut et puissant Messire François FROTIER , Seigneur de la Messeliére, de Chamouceau et de Champbonneau , Chevalier de l'Ordre du Roi, Lieutenant de cent hommes d'Armes sous la charge de M. de Sansac, et de Dame Antoinette GOUMARD-de la MARTONNIE sa femme.

De ces deux mariages il eut trois enfants :

Premier Lit. Urbain de Rechignevoisin, Ecuyer, assista en  1574 au contrat de mariage de Gabriel son père et de Catherine Frotier sa seconde femme.

Second Lit. Jean de Rechignevoisin et CATHERINE de Rechignevoisin fut accordée en mariage le 22 Avril 1599 avec Martin MARROIS, Ecuyer, Sieur du lieu Noble de Saint Vivien.

 

Jean de Rechignevoisin, fils de Gabriel, fut nommé, en 1626, gouverneur de Marans, et promu, l'année suivante, au grade de maréchal de camp dans l'armée qui assiégeait la Rochelle.

Richelieu, avant la fin du siège, l'envoya en Italie, et le marquis de Beuvron, gouverneur de Casai, étant mort, M. de Guron lui succéda dans le commandement de cette place, qui ne fut délivrée que par suite du traité de Suse, en mars 1629, après onze mois d'investissement. Le cardinal, dont il avait gagné la confiance, le chargea,, depuis, de diverses missions politiques, et, en 1633, le fit nommer ambassadeur en Angleterre.

 Jean de Rechignevoisin mourut deux ans après.

Un de ses fils fut, comme lui, gouverneur de Marans, et un autre devint évêque, d'abord de Tulle et ensuite de Comminges.

 

 

  Le château de Guron appartenait à la célèbre famille des Rechignevoisin qui se faisaient d’ailleurs appeler de Guron.

On trouve aux côtés de Saint Louis, à la septième croisade, un ancêtre du marquis de Guron. Leurs armes sont de gueules à la fleur de Lys d'argent.

Ce château fut incendié pendant les guerres de religion en 1569.

Le château de Guron était situé, nous dit d’Hozier, « dans la paroisse de Pairé, châtellenie de Lusignan. » Pairé ou mieux Payré (orthographe officielle) est une commune de l’arrondissement de Civray, canton de Couhé-Vérac, à 7 kilomètre de cette ville, à 31 kilomètres de Poitiers.

Au siècle dernier, la terre de Guron passa, par voie de succession, à la famille de Castellane ; mais elle fut rachetée, en 1782, par une autre branche de Rechignevoisin, la seule existante aujourd'hui, et qui en est elle-même à son dernier représentant.

 

 

 

 

Lièvre, Auguste-François (1828-1898).

Armorial général de la France, Volume 7 De Louis Pierre d' Hozier

 

 

 

 

 Le château de Mélusine de Lusignan <==.... ....==> NOTICE SUR TROIS BOULETS DE CANON TROUVÉS A LUSIGNAN ; Le château de Lusignan a subi deux sièges sous l’usage de l'artillerie

==> Ruines du Château de Mélusine à Lusignan : Côme Ruggieri astrologue et conseiller florentin de Catherine de Médicis

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