La guerre de Cent ans allait amener pour la France, et particulièrement pour nos contrées du Centre, une série de désastres et de luttes avant le relèvement final qui prendra naissance sur le sol même de notre Orléanais.
Les premières hostilités se déroulèrent cependant en dehors de notre région, qui n'entendit que l'écho de la terrible; défaite de Crécy ; mais le théâtre de la guerre ne tarda pas à se rapprocher.
Le 8 septembre 1356, le roi Jean était avec le gros de ses forces à Meung, dont il utilisa le pont pour concentrer son armée au sud de la Loire et se porter au-devant des Anglais qui venaient d'Aquitaine sous le commandement du Prince Noir.
Dans son histoire de Duguesclin, Siméon Luce; loue l'activité du roi qui, dès le vendredi 16 septembre 1356, avait réussi à concentrer 40,000 ou 50,000 hommes dans les environs de Poitiers. On sait comment cet effort devait, le lundi 19 septembre, aboutir misérablement à la désastreuse journée qui vit tomber tant de valeureux chevaliers et se termina par la reddition du roi de France entre les mains des Anglais.
Depuis ce moment, les campagnes orléanaises ne cessèrent d'être traversées par les armées belligérantes et, l'importance du passage de la Loire à Meung semble les avoir particulièrement attirées sur ce point.
L'historien de Duguesclin nous indique qu'en 1301, le pont fortifié de Meung était occupé par les compagnies anglo-navarraises et M. Louis Jarry, dans son Histoire de Cléry (1), nous montre le passage à Meung du fameux capitaine anglais Hugues de Calverly.
En 1374, d'après le même historien, « une grant, rote de Bretons et autres genz d'armes vinrent à Meun-sur-Loire, à deux lieues près de Beaugency, et y furent longuement (2) ».
Siméon Luce ajoute que le pont fut racheté aux Bretons qui l'occupaient et une imposition affectée à ce rachat fut levée sur le pays environnant (3).
De pareilles négociations n'étaient pas rares à cette époque d'anarchie. L'abbaye de Saint-Benoît fut aussi rachetée aux bandes de Bretons qui l'occupaient au moyen d'une aide; levée sur les habitants de Saint-Benoist, Bray-sur-Loire, Saint-Aignan-des-Gués, Guilly, Neuvy et Tigy (i).
Le désordre: était tel que l'on ne savait pas au juste pour qui combattaient ces terribles Bretons (5). La vérité est que chaque compagnie faisait la guerre pour son propre compte, rançonnant et pillant amis ou ennemis, el les populations, en l'absence de toute protection, en étaient réduites à s'imposer elles-mêmes pour satisfaire aux exigences des soldats.
La sage politique de Charles V et les heureuses campagnes de Duguesclin ramenèrent, pour un temps trop court, quelque sécurité ; mais nos pères ne tardèrent pas, sous le règne du faible Charles VI, à connaître de nouveaux et plus grands malheurs.
Mémoires de la Société d'agriculture, sciences, belles-lettres et arts d'Orléans
Chartres 1356, à l’ost de Jean II le Bon pour contrer le prince Noir<==.... ....==>Itinéraire de la Chevauchée du Prince Noir 1356 (Bourges-Romorantin-Tours)
Castrum Magdunense - Château Meung sur Loire et son Pont médiéval <==... ....==> 12 octobre 1428, Salisbury met le siège devant Orléans, touché par un boulet de canon, il meurt à Meung-sur-Loire le 3 novembre
(1) Histoire de Cléry, par Louis JARRY ; Orléans, 1899, p. 68 et 69.
(2) M. Jarry renvoie à Arch. Nat,, Trésor des Chartes, II, 109e, n° 49.
(3) P. 480.
(4) Siméon LUCE, p. 481.
(5) V. le procès de Jean de Melun, chef de l'une de ces bandes, rapporté par L. JARRY, op. cit., p. 59. V. p. 62.