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PHystorique- Les Portes du Temps
20 juillet 2021

Les deux voies antiques d’Orléans (Civitas Aurelianorum) à Tours (Caesarodunum).

Les deux voies antiques d’Orléans (Civitas Aurelianorum) à Tours (Caesarodunum)

Pour aller d'Orléans à Tours (Caesarodunum) 3, capitale de la civitas Turonum, il y avait deux routes d'inégale importance, l'une sur la rive droite de la Loire, l'autre sur la rive gauche.

Celle de la rive droite était la plus mal commode, parce que Tours était situé sur la rive gauche et n'avait pas de pont à l'époque romaine 4.

La voie (strata publica, au moyen âge) quittait Orléans par le faubourg Madeleine 5, passait non loin de l'église de Saint-Laurent-des-Orgerils, où l'on a trouvé des vestiges d'un cimetière gallo-romain, puis près de Marmogne (Marcomania) 6, cantonnement de Marcomans qui surveillait à la fois, la route de Vendôme et la route de Tours, ensuite à La Chapelle-Saint-Mesmin, Saint-Ay, Meung-sur-Loire (Magdunum, localité celtique) 7, où se greffaient la voie de Meung à Châteaudun et celle de Meung à Vendôme, et où elle franchissait la Mauve (Malva), à Baule, à Beaugency (Balgentiacus, domaine rural gallo-romain) 8, à Tavers 9, à Lestiou (Lestoialum, localité celtique) 10, laissait Avaray un peu sur la droite, où elle est encore connue sous le nom de « chemin du roi 11 », passait entre Thuys (anciennement Theue) 12 et Courbouzon 13, puis à Herbilly 14, où se trouvait la limite de la civitas Aurelianorum et de la civitas Carnutum.

Ensuite, elle laissait Mer sur sa droite, passait à Suèvres (Sodobriga, puis Sodobria, localité celtique) 15, où il y avait un sanctuaire d'Apollon, et qui devint sous la monarchie franque le chef-lieu d'une vicaria du pagus Blesensis, à Saint-Denis-sur-Loire (Voginantus, localité celtique) 16, à La Chaussée-Saint-Victor, bourg qui doit son nom à la voie antique, et, par le hameau de Montigny (Montiniacus) 17, atteignait Blois (Blesum castrum) 18, chef-lieu du pagus Blesensis (le Blésois), subdivision administrative de la civitas Carnutum.

De Blois, la route continuait à suivre la Loire par le faubourg du Foix (Fiscus) 19, Chouzy (Calciacus) 20 sur la Cisse (Ciza), passait à Monteaux, à droite de Veuves (Loir-et-Cher) 21 (Vidua vicus, localité celtique où l'on frappa monnaie sous les mérovingiens), et atteignait Cangey (Indre-et-Loire 22, à la limite de la civitas Carnutum et de la civitas Turonum.

Ensuite, on arrivait à Tours par Limeray 23, où l'on frappa aussi monnaie sous les Mérovingiens, Nazelles (Navicellae), Vernou (Vernavus, localité celtique) 24 et Marmoutier (Majus Monasterium).

Cette route de la rive droite est mentionnée par l'Anonyme de Ravenne, qui indique entre Aurelianis et Turonis deux localités : Blesis ou Blezis (Blois), et, certainement par erreur, Bodonias, mauvaise graphie pour Medonia, qui est aujourd'hui Mosnes (Indre-et-Loire), sur la rive gauche du fleuve, à la limite de la civitas Carnutum et de la civitas Turonum.

La voie était encore pavée, partiellement du moins, au moyen âge, comme l'indiquent l'expression déjà citée de strata publica et celle que je trouve dans un acte orléanais de 1470 : « le pavé à aller à Blois 25 ».

La grande route actuelle qui l'a remplacée (d'Orléans à Tours par Meung, Beaugency, Blois, Chouzy, Veuves) n'a été construite que sous le règne de Louis XV.

Ce n'était pas là, à l'époque romaine, la route principale pour aller à Tours.

Celle-ci passait sur la rive gauche de la Loire par le pont d'Orléans, déjà mentionné par César 27, la rue Guignegault, laissait Micy (Miciacus, domaine rural gallo-romain) 28 un peu sur la droite, franchissait le Loiret, puis le pont de l'Archet 29, traversait Saint-Hilaire-Saint- Mesmin 30 aux lieux dits La Maladrie et Le Grand-Chemin, passait à gauche du bourg de Mareau-aux-Prés (Maroialum 31, localité celtique), arrivait à Azaines (ad Arenas) 32 et à Saint-André-lez-Cléry (Ucellum ou Usselum, localité celtique) 33, où elle était protégée par un cantonnement de Bretons, Brittani (d'où : La Bretagne), et peut-être aussi par un cantonnement de Sarmates, comme semble l'indiquer le nom d'une localité disparue, Sermoiseaux (diminutif de Sermaise, Sarmatia) 34.

Elle passait ensuite à droite de Cléry (Clariacus, domaine rural gallo-romain), franchissait le ruisseau de l'Ardoux, laissait Dry (Draviacus 35, domaine rural gallo-romain) à droite, passait au lieu- dit Le Chemin-Remi, sur la commune de Lailly-en-Val (Lalliacus, domaine rural gallo-romain) 36, et aux Trois-Cheminées, traversait Saint-Laurent-des-Eaux (Loir-et-Cher), puis Nouan-sur-Loire (Noviomagus, localité celtique : « le nouveau marché »; il s'agit d'un marché-frontière) 37.

On entrait alors dans la civitas Carnutum. La voie traversait Muides 38, Saint-Dyé-sur- Loire 39, Montlivault 40, Saint-Claude-de-Diray, L'Aumône, Vineuil (Vinoialum, localité celtique) 41, Les Ponts-Chartrains (anciennement : Le Pont-Chastré, pons Castratus) 42 et Vienne-lez-Blois (Vienna ou Vigenna, localité celtique ou préceltique), aujourd'hui faubourg de Blois 43.

De là, elle atteignait Tours par les Ponts-Saint-Michel 44, sur le Cosson, Madon, L'Aumône, Candé (Condate, localité celtique), au confluent du Beuvron et de la Loire, La Motte-Mindray 45, Chaumont-sur-Loire (Calvus Mons) 46, Mosnes (Indre-et-Loire, Medonia ou Medonna, localité celtique, à la frontière de la civitas Carnutum et de la civitas Turonum) 47, Amboise (Ambacia, localité celtique, chef-lieu d'une vicaria du pagus Turonicus et atelier monétaire mérovingien) 48, Montlouis (Mons Laudiacus, aussi chef-lieu d'une vicaria du même pagus) 49, où la voie d'Araricum à Caesarodunum se confondait avec elle, La Ville-aux-Dames, où elle était protégée par un cantonnement de Bretons (La Bretagne) et où le hameau de La Carte rappelle la 4e borne milliaire à partir de Tours (Quarta, sous-entendue columna).

 On entrait dans la capitale des Turones par la porta Aurelianensis 50.

Cette route fut, principalement au moyen âge, très fréquentée par les pèlerins des pays du Nord et de l'Est allant en Espagne au fameux pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle par Tours, Poitiers, Bordeaux.

On l'appelait en Touraine via publica 51, en Orléanais via romana (ultra Ligerim) 52, « chemin Remi », « grand chemin Remy 53 » (synonyme, comme je l'ai dit dans mon Introduction, de l'expression méridionale « chemin Romieu » = chemin des pèlerins), « le grand chemin », la « grande route d'Espagne », la « grande route de Paris à Bordeaux ».

Elle est tracée sur la Table de Peutinger avec la distance exacte de 51 lieues gauloises (113 kilom. 334) entre Cenabum et Caesarodunum, mais sans indication de stations intermédiaires, en sorte que l'on ne sait pas précisément si on a affaire à la voie de la rive gauche. Il est cependant très probable que, s'il se fût agi de la route de la rive droite, la Table de Peutinger eût mentionné, comme l'a fait le Ravennate, la ville de Blois, qui est une station à égale distance d'Orléans et de Tours.

Quoi qu'il en soit, E. Desjardins et A. Longnon ont eu le tort de tracer sur la rive droite de la Loire la grande voie romaine d'Orléans à Tours. Ils ont fait commettre la même erreur à Camille Jullian et à bien d'autres historiens et archéologues 54.

 

 

 

 

 

Les voies antiques de l'Orléanais : civitas Aurelianorum... (2e éd. augm.) / Jacques Soyer,...

 

Voies romaines via Romana Cœsarodunum (Tours) <==

==> Castrum Magdunense - Château Meung sur Loire et son Pont médiéval

 

 


3. E. Desjardins, op. cit., sur sa carte de Peutinger (t. IV, pl. X), a inscrit par étourderie Tours sous le nom de Caesaromagus et Beauvais sous celui de Caesarodunum; c'est l'inverse qui est la vérité.

4. Ni César ni Grégoire de Tours ne mentionnent de pont sur la Loire dans la capitale des Turones (voir C. Jullian, Histoire de la Gaule, t. VI, 1920, p. 408, note 4 ; L. Lhuillier, La voie romaine d'Orléans à Tours, dans Bull. arch. du Comité des travaux historiques, 1928-1929. Paris, 1932, p. 513 et suiv., avec croquis inexact ; cf. même Bulletin, 1927. Paris, 1928, p. 127-129). Ce dernier auteur nie formellement l'existence d'une voie romaine d'Orléans à Tours par la rive droite de la Loire, sous prétexte que le pont de Tours n'a été construit que vers 1030 ; voilà un singulier argument : s'il n'y avait pas de pont, il y avait certainement un bac, puisqu'il fallait franchir le fleuve pour gagner la voie de Tours à Angers et celle de Tours au Mans.

5. Strata publica dans une charte de Philippe-Auguste en faveur du prieuré de Saint-Laurent-des-Orgerils dans la banlieue d'Orléans (année 1181 ; Recueil des actes de Philippe-Auguste, par Delaborde, t. I. Paris. 1916, p. 59), et antérieurement dans une charte de Louis VI (1119), publiée par A. Luchaire, Louis VI le Gros, annales de sa vie et de son règne. Paris, 1890, p. 335.

6. Marmogne est sur le territoire des communes de la Chapelle-Saint-Mesmin et de Saint-Jean-de-la-Ruelle.

7. Sur les formes les plus anciennes du nom de Meung, voir mes Recherches sur l'origine et la formation des noms de lieux du département du Loiret, 1re partie (extrait du Bull. de la Soc. arch. et hist. de l'Orléanais, t. XXII, 1933, p. 12).

 — Il y avait une léproserie à Meung. La voie antique est appelée via publica quae est ante domum leprosorum dans une bulle d'Alexandre III, 1175 (voir mon Recueil des actes des souverains conservés dans les archives du Loiret, VI Chapitre Saint-Liphard de Meung; extrait du Bibliographe moderne, 1930-1931, p. 17).

 — Charles le Chauve était à Meung le 11 septembre 859 et à Orléans le 13 septembre de la même année ; il était encore à Meung le 10 mai 862 (voir F. Lot, La grande invasion normande, dans Bibliothèque de l'École des chartes, t. LIX, 1908, p. 40, 50, 58).

8. Il y avait un Hôtel-Dieu et une maladrerie à Beaugency. — Un document de 1470 relatif à cette localité mentionne « le pavé à aller à Blois » (arch. du Loiret, A 63, fol. 305).

9. A Tavers, la voie antique est connue sous le nom de « chemin de César » (abbé Patron, Recherches historiques sur l'Orléanais, t. I. Orléans, 1870, p. 286).

10. Certains érudits orléanais et blésois ont donné pour étymologie de Lestiou *Stratiolum. Ce mot n'a jamais existé et ne saurait, du reste, aboutir en français à Lestiou, dont le nom véritable était Lestolium, 1232 (Cartulaire de Notre-Dame de Voisins, p. 105). Lestolium est une forme secondaire de Lestoialum.

11. Sur ce « chemin du roi », voir ma note dans Bull. de la Soc. arch. et hist. de l'Orléanais, t. XVII, 1914-1916, p. 26-27. Voir aussi la Carte de la Loire, dressée par le Service des ponts et chaussées. « Chemin du roi » ou « chemin royal » est une expression qui désignait au moyen âge tous les grands chemins (E. Desjardins, op. cit., t. IV, p. 225).

12    Thuys, ou Thuy, en vieux français Theue, Thuie, Thuye, Thuis, aujourd'hui écart de la comm. de Courbouzon, cant. de Mer (Loir-etCher). Le nom latin est Theva ou Theua dans le Cartulaire de Notre-Dame de Beaugency, publié par G. Vignat. Orléans, 1887, p. 179 : pro insulis de Theva (l'éditeur n'a pas su identifier ce toponyme).

 La paroisse de Saint-Phalier de Theue ou Thuys, qui ne figure sur aucun pouillé du diocèse d'Orléans, a été détruite par les inondations de la Loire ; elle est mentionnée dans des documents authentiques de 1456 (arch. dép. du Loiret, A 63, fol. 305), 1654, 1655, 1663, 1681-1685 (arch. dép. de Loir-et-Cher, registres paroissiaux d'Avaray, de Courbouzon et de Thuis). Les gens du pays prononcent encore Theue. Au temps de l'érudit orléanais Daniel Polluche (mort en 1768), l'église Saint-Phalier de Thuis n'était plus qu'une annexe de Courbouzon (voir, à la bibliothèque de la ville d'Orléans, son Recueil pour servir à l'histoire ecclésiastique de l'Orléanais, t. I, ms. 434, ancien 553, p. 242-243). Sur le marché très important qui s'y tenait encore au XVIIIe siècle, le dimanche précédant la Saint-Jean, voir J.-N. Pellieux, Essais historiques sur la ville de Beaugency et ses environs, 2e partie (Beaugency, an IX), p. 468. C'était, sans aucun doute, un ancien marché-frontière.

13. A noter près de Courbouzon, un peu au nord du « chemin du roi », le lieu dit L'Aumône, au sens d'Hôtel-Dieu. — Charles le Chauve était à Courbouzon et à Meung le 10 mai 862 (F. Lot, op. cit., p. 58).

14. Herbilly, aujourd'hui uni à la commune de Courbouzon, était la dernière paroisse occidentale du diocèse d'Orléans. Il y avait à Herbilly, au moyen âge, une maladrerie.

15. Pseudoforus etiam quae et Sodobria dicitur, 919, charte de Charles le Simple, dans Historiens des Gaules et de la France, t. IX, p. 542-543. On trouve aussi Sadobria en 938 (Lauer, Recueil des actes de Louis IV, p. 28).

Sur Suèvres et son temple d'Apollon, voir A. Duchalais, Recherches sur les antiquités gauloises et gallo-romaines de la ville de Suèvres (dans Mém. de la Soc. arch. et hist. de l'Orléanais, t. I, 1851, p. 209). Dans Sodobria, contrairement à l'opinion des érudits orléanais et blésois, le second terme bria n'a aucun rapport avec le gaulois briva = pont. L'i de briva est long, donc accentué, et se maintient en français ; témoins : Salerae brivas = les ponts de la Sauldre, Salebries, auj. Salbris; Carobrivas = les ponts du Cher, Chabries, auj. Chabris. Sodobria est la forme secondaire de Sodobriga (briga en gaulois = château, forteresse). Dans briga, l'i, étant bref, a disparu et l'accent s'est porté sur la voyelle précédente ; d'où, en vieux français, Sueuvre ou Suèvre (l's final moderne est parasite).

16. Voginantus est mentionné dans une charte de 895, au nom de Warnegaudus, vicomte de Blois, publiée par Bernier, Histoire de Blois, 1682, p. I-III des preuves : ecclesia Sancti Dionysii in villa Voginanto (et non pas Voginato, comme ont lu à tort les Bénédictins ; Historiens de France, t. VIII, p. 317).

 

17. Montigny, hameau de la comm. de Blois : Montiniacus, dans une charte de mai 1202 (arch. dép. de Loir-et-Cher, H, Saint-Lazare de Blois).

18. Blois est appelé Bleso castro ou castello sur les monnaies mérovingiennes. Sur les plus anciennes formes du nom de Blois et sur les plus anciens documents mentionnant le pagus Blesensis, voir J. Soyer, Étude sur la communauté des habitants de Blois jusqu'au commencement du XVIe siècle (Paris, 1894, p. 5-9).

19. Sur ce quartier du Fiscus, mentionné en 924-925, voir l'ouvrage cité à la note précédente, p. 10-11.

20. Calciacus et non pas Calviacus. Cette localité est mentionnée par Nithard, dans l'Histoire des fils de Louis le Pieux, édit. Lauer, p. 22-23.

M. Lauer a fort heureusement rectifié la leçon Calviacus en Calciacus. On trouve, d'ailleurs, la forme correcte Calciacus dans la Notitia de Villa Novilliaco (Dom Bouquet, t. VI, p. 216). C'est à Chouzy, près de Blois, non loin de la Loire, que campèrent en août 834 l'armée de l'empereur Louis le Pieux et celle de son fils révolté Lothaire : supraque fluvium, juxta villam quae Calciacus dicitur, castra ponunt.

Un autre historien, L'Astronome, précise, d'ailleurs, l'emplacement des troupes : usquequo perventum est ad fluvium Ligeris, propter castrum Blesense, quo Ciza fluvius Ligeri confluit. Or, une des embouchures de la Cisse est, en effet, à Chouzy (voir Pertz, Monumenta Germaniae historica, scriptorum; t. II : Vita Hludowici imperatoris; cf. le texte des Annales Bertiniani, édition Waitz, p. 9 : domnus imperator juxta Blisum castellum una cum filio suo Hludowico [Louis le Germanique, son allié] pervenit illicque castra metatus est). —

Chouzy est aussi nommé dans le récit de la translation à Marmoutier des reliques de saint Gorgon (IXe siècle) : en 846 ou 847, Renaud, abbé de Marmoutier, rapportant de Rome les reliques de ce saint, s'arrêta entre Orléans et Tours ad Calciacum (et non pas Calviacum ou Calniacum), villam Sancti Martini Majoris Monasterii, après avoir franchi la Loire (il suivait la route de la rive gauche).

Chouzy était, en effet, un prieuré de Marmoutier (voir Mabillon, Acta Sanctorum ordinis sancti Benedicti, saec. IV, t. I, p. 595. Paris, 1677, et les Bollandistes, Acta Sanctorum, t. II, 11 mars, p. 56-57).

21. Veuves, Vidua vico sur les monnaies mérovingiennes (A. Blanchet, Manuel de numismatique française; t. I : Monnaies frappées en Gaule. Paris, 1912, p. 330).

22. Cangey était (avec Fleuray, auj. uni à Cangey) la paroisse la plus occidentale du diocèse de Chartres Il y a sur le territoire de cette commune un menhir qui pourrait bien être la borne primitive du territoire des Carnutes et de celui des Turones. — Il y avait une maladrerie à Cangey.

23. Limariaco (A. Blanchet, op. cit., p. 292). Il y avait un hôpital à Limeray.

24. Vernaus; datif-ablatif Vernao, dans Grégoire de Tours, Historia Francorum (édition Omont), p. 460. Il y avait une maladrerie à Vernou. Longnon (Atlas, p. 207) estropie Vernaus (pour Vernavus) en Vernadus.

Des vestiges de cette route ont été retrouvés à Nazelles et à Vernou. Voir Mabille, Notice sur les divisions territoriales de la Touraine (dans Bibliothèque de l'École des chartes, 5e série, t. IV, 1863, p. 405 et 413).

25. Ravennatis anonymi Cosmographia, édition Pinder et Parthey (Berlin, 1860), p. 234-235; cf. Historiens de France, t. I, p. 120. — Voir aussi Desjardins, op. cit., t. IV, pl. XIII, et p. 204.

26. Arch. dép. du Loiret, A 63, fol. 305. — Cette route est indiquée en 1718 par Delisle sur sa carte de la Beauce, du Gâtinais et de la Sologne (arch. dép. du Loiret, album V, n° 7).

27. Sur ce pont, voir J. Soyer, A propos d'une variante des Commentaires de César : de l'emplacement du pont gaulois de « Cenabum » (extrait du Bull. de la Soc. arch. et hist. de l'Orléanais, t. XIX, 1920-1922).

28. Micy, aujourd'hui L'Abbaye, en souvenir de l'abbaye de Saint-Mesmin de Micy. La route est très bien indiquée dans le récit de la translation des reliques de saint Gorgon dans l'abbaye de Marmoutier, en 846 : Igitur appropinquantes moenibus civitatis Aurelianensis., peragrantibus (variante: peragentibus) interea nobis praefata moenia in medio foro qui omni sabbato in media [via] publica agitur. Inde vero pervenientes ad locum ubi post etiam tentoria fiximus, in prato videlicet Sancti Maximini e latere ipsius monasterii, ibique duabus nos persistentes noctibus,. (Acta Sanctorum ordinis sancti Benedicti, saec. IV, t. I, p. 594-595. Paris, 1677 ; même texte dans les Bollandistes, Acta Sanctorum, t. II (11 mars), p. 56-57).

29. Sur la rivière de ce nom (anciennement : le Bouillon). Sur l'Origine gallo-romaine du pont de l'Archet, voir H. Sainjon, dans Mémoires de la Soc. d'agriculture, sciences. d'Orléans, 1876, p. 38, avec une planche.

30. Sur la léproserie de Saint-Hilaire, voir abbé Rocher, Notice historique sur la maladrerie des Châtelliers de Saint-Hilaire-Saint-Mesmin (dans Mém.

de la Soc. arch. et hist. de l'Orléanais, t. IX, 1866). — De Saint-Hilaire, une voie bifurquait pour se diriger sur Olivet (autrefois : Saint-Martin-sur- Loiret), en suivant la rive gauche du Loiret.

C'est le chemin que suivirent, pour éviter les garnisons anglaises, Jeanne d'Arc et son armée venant de Blois par la rive gauche de la Loire, en 1429. La route de Saint-Hilaire- Saint-Mesmin à Olivet est à l'abri des inondations de la Loire et du Loiret.

31. Mareau-aux-Prés, Marogilum, 990 (Cartul. de Sainte-Croix d'Orléans, p. 80) ; c'est la forme secondaire de Maroialum.

32. Azaines, Azaine ou Azenne est appelé Ad Arenas (locus qui dicitur) dans une charte fausse de Louis le Pieux et de Lothaire en faveur de l'abbaye de Saint-Mesmin (836; arch. dép. du Loiret, H, abbaye de Saint-Mesmin). Il devait y avoir là un amphithéâtre, près d'une source sacrée, la fontaine de Saint-André.

33. Juxta terminum Clariacense vel Ucello vico, 651 (Recueil des chartes de l'abbaye Saint-Benoît, par Prou et Vidier. Paris, 1907, t. I, p. 6. Vel en latin mérovingien est synonyme de et. La forme primitive d'Ucellum doit être Uxello-, comme dans Uxellodunum = la haute forteresse. — Des vestiges du blocage de la chaussée romaine ont été reconnus entre Cléry et Lailly, par H. Sainjon, ingénieur en chef des ponts et chaussées (voir son étude déjà citée, p. 4) ; voir aussi L. Jarry, Histoire de Cléry, p. 5. Il y avait près de Cléry une maladrerie.

34. Sermoiseaux et Araines (auj. Azaines) sont mentionnés dans un acte de 1410 publié par Louis Jarry, Histoire de Cléry. Orléans, 1899, p. 345.

35. Sancta Maria Draviacensis, 990 (Cartul. de Sainte-Croix d'Orléans, p. 80).

36. Lalliacus, 990 (Cartul. de Sainte-Croix d'Orléans, p. 81). — Lhuillier, op. cit., p. 517, qui ne connaît pas la région, fait passer la voie antique à Fains ou Fins (comm. de Beaugency), à la limite de la commune de Lailly, et marque à cet endroit la frontière de la civitas Carnutum et de la civitas Aurelianorum; ce qui est absolument faux. Les formes anciennes de Fins (Fains in Valle, en 1237 et 1309, dans le Cartulaire de Notre-Dame de Beaugency) ne permettent pas d'affirmer que ce toponyme est l'aboutissant de Fines. Même si cette étymologie était exacte, il ne s'agirait certainement pas d'une limite de cité.

37. Noviomagus = le nouveau champ de foire ou marché. Pour les formes anciennes du nom de Nouan, en français du XIIIe siècle Noem ou Noyen, voir mes Recherches sur les noms propres géographiques d'origine celtique dans l'Orléanais, p. 18 (extrait du Bulletin de géographie du Comité des travaux historiques, 1912). L'érudit Orléanais D. Polluche nous apprend (op.

cit., p. 248) qu'on a trouvé de son temps (XVIIIe siècle), dans la paroisse de Nouan-sur-Loire, au milieu des vignes, des fondations antiques, des sarcophages de pierre et des monnaies des empereurs Claude, Néron, Vespasien, Nerva et Alexandre-Sévère.

38. De Muida, 1259 (Cartul. de Sainte-Croix d'Orléans, p. 406). — A noter, entre Nouan et Muides, le lieu dit La Bonne, forme ancienne et très correcte de borne (latin mérovingien bodina, d'origine gauloise).

39. Il y avait une maladrerie à Saint-Dyé.

40. Le corps de Jean de Ganay, chancelier de France sous Louis XII, transporté de Blois à Paris en 1512, s'arrêta à Montlivault (Des Méloizes, Compte des obsèques de J. de Ganay (extrait des Mém. de la Soc. des Antiquaires du Centre, 21e vol., 1897, p. 10).

41. In agello quodam patris Benedicti, Vinoilo dicto, XIe siècle (Les miracles de saint Benoît, édit. de Certain. Paris, 1858, p. 291).

42. Sur le Pont Chastré (Pons castratus = pont coupé par des terre-pleins), voir Cartulaire de la ville de Blois, par J. Soyer, G. Trouillard et J. de Croÿ.

Blois, 1907, p. 183, note 3. L'appellation Pontes Carnotenses a été imaginée par Louis de La Saussaye ; on ne la trouve dans aucun document antérieur au XIXe siècle.

43. Sur les diverses appellations de Vienne-lez-Blois au moyen âge et les références, voir aussi Cartul. de la ville de Blois, p. 185, note 3. Ajouter Blesis castro, in vico Vianae super Ligeris ripam, avant 1070 (B. Guérard, Cartul. de Saint-Père de Chartres, t. I, p. 124) ; de Vienna, 1202 (arch. dép.

de Loir-et-Cher, H, Saint-Lazare de Blois) ; de Viana juxta Blesis, 1238 (Cartul. du Lieu Notre-Dame-lès-Romorantin, par l'abbé E. Plat. Romorantin, 1892, p. 65).

44. Inter Pontem Sancti Michaelis et exclusam de Cathaliis (auj. Chailles), 1202 (arch. de Loir-et-Cher, H, Saint-Lazare de Blois) ; subtus Pontem Sancti Michaelis, ad longum riparie Cossonni, 1450 (ibid., G, paroisse Saint-Martin de Blois).

45. La Motte-Mindray, entre Candé et Chaumont-sur-Loire. C'est à Maindray, près du pont du Beuvron, Mindraio, prope pontem Bevronis, que Philippe Ier confia, en 1091, Bertrade, femme du comte d'Anjou, à ses chevaliers et la fit conduire à Orléans (Marchegay et Salmon, Chroniques des comtes d'Anjou. Paris, 1856, t. I, p. 143).

46. Chaumont-sur-Loire est Calvus Mons dans toutes les chartes authentiques, et non pas Calviacus, comme le croit Lhuillier, op. cit., p. 518, qui ignore complètement les règles les plus élémentaires de la philologie romane. J'ai déjà dit que Calviacus (lire : Calciacus) était Chouzy-sur-Cisse, rive droite de la Loire.

47. Mosnes était paroisse du diocèse de Chartres (civitas Carnutum).

Cette localité est appelée Medonia en 919 (Historiens de France, t. IX, p. 542-543), Medonna en 938 (diplôme de Louis IV confirmant les biens de l'abbaye des chanoines de Saint-Martin de Tours, publié par Ph. Lauer, Recueil des actes de Louis IV. Paris, 1914, p. 28). L'identification est certaine au point de vue phonétique ; d'ailleurs, l'église, dédiée à saint Martin, était à la présentation d'un dignitaire du chapitre de Saint-Martin de Tours; quant à l'identification avec Monnaie (Indre-et-Loire), admise sous forme dubitative par M. Lauer, elle est insoutenable. Monnaie s'appelait Modenacus à l'époque carolingienne. — Mosnes est mentionné par l'Anonyme de Ravenne sous la forme altérée Bodonias, très heureusement rectifiée en Modonia par E. Desjardins, op. cit., t. IV, p. 204. — L'identification avec Madon (Loir-et-Cher), proposée par Lhuillier, op. cit., p. 517, est inadmissible au point de vue philologique : la dentale intervocalique aurait disparu.

48. Ambacia vicus, dans Grégoire de Tours. Sur la vicaria d'Amboise, voir Longnon, Atlas, p. 164.

49. Mons Laudiacus, dans Grégoire de Tours. Sur la vicaria de Montlouis, voir Longnon, Atlas, p. 190.

50. Cette porte est mentionnée dans un diplôme de Charles le Simple, 919 a porta Aurelianensi usque ad arenas (Historiens de France, t. IX, p. 542-543). — De Montlouis à Tours, la route, située dans le val de la Loire, était établie sur une levée (agger).

51. Via publica en 910 (voir Mabille, Notice sur les divisions territoriales de la Touraine, dans Bibliothèque de l'École des chartes, 5e série, t. IV, 1863, p. 418).

52. Ultra Ligerim., juxta viam Romanam, 1204 (Cartul. de Notre-Dame de Beaugency, par G. Vignat, p. xxv et 110-111 du t. XVI des Mém. de la Soc. arch. et hist. de l'Orléanais, 1887).

53. Un acte de 1520 désigne une maison sise à Saint-Laurent-des-Eaux, sur « le chemin Remi » (Le Clerc de Douy, Dictionnaire des droits féodaux du duché d'Orléans, manuscrit du XVIIIe siècle, aux arch. dép. du Loiret).

— Cf. Pellieux, op. cit., p. 316 ; Duchalais, op. cit., p. 5 ; L. Jarry, op. cit., p. 5. — D'après le Nouveau voyage de France (Paris, 1724), la route de Paris à Saint-Jean-de-Luz suivait encore cette voie romaine depuis Orléans jusqu'à Vienne, faubourg de Blois. Là, elle passait la Loire sur le pont de Blois, suivait la rive droite du fleuve jusqu'en face Amboise, repassait la Loire pour gagner cette ville et se dirigeait non pas sur Tours, mais sur Bléré, Loches, Poitiers, Saintes, Bordeaux, Mont-de-Marsan, etc.

54. Voir le tracé de cette route dans Desjardins, op. cit., t. IV, p. 76 et 202 ; dans Longnon, Atlas, pl. II. Voir aussi C. Jullian, Histoire de la Gaule, t. VI, p. 408-410 (lire Monteaux au lieu de Monceaux et Aureliani au lieu d'Aurelianum; jamais Orléans ne s'est appelé Aurelianum). —

M. R. Dion, dans sa thèse de doctorat Le Val de Loire (Tours, 1934, p. 329), a très bien montré pour quelles raisons d'ordre géologique la grande voie antique d'Orléans à Tours avait été construite sur la rive gauche de la Loire : la circulation sur le flanc du coteau nord du Val est particulièrement malaisée, à cause des ravins multiples qui descendent vers le fleuve.

Cela est tellement vrai que les ingénieurs des ponts et chaussées ont, au XVIIIe siècle, établi la partie de la route actuelle de la rive droite, entre Blois et Tours, dans le lit même du fleuve sur les digues de protection contre les inondations, digues appelées turcies ou levées.

 

 

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