Après les tristes événements causés par la levée des 300,000 hommes qui avaient ensanglanté le mois de mars 1793, le district de Fougères rentra dans le calme et la tranquillité. Calme et tranquillité plutôt apparents que réels, car dans les campagnes l’œuvre de propagande contre la Révolution se poursuivait sans trêve et si les meneurs et ceux qui avaient poussé les paysans à la révolte avaient pris la fuite pour sauver leur tête, il restait des agents payés par l’or anglais et par les émigrés pour entretenir dans les esprits fanatisés la haine de la République.
Jusqu’au mois d’octobre, rien ne troubla la paix dont jouissait le district. La fête du 10 aout à Fougères fut, même, d’après le procès-verbal, célébré avec enthousiasme patriotique et une joie générale qui ne semblaient présager que des jours heureux.
L’heure approchait ou le district de Fougères allait connaitre les cruautés et les horreurs de la guerre civile. Le passage de l’armée vendéenne devait laisser sur son sol des traces ineffaçables et des suites néfaste et quand vaincue, « la grande armée catholique et royale », comme l’appellent se panégyristes, fut détruite, quand la Vendée elle-même fut pacifiée, encore dans le pays de Fougères persista un épouvantable banditisme qui appartient plus aux registres de la justice qu’aux pages de l’histoire.
Battus à Cholet, traqués par les armées républicaines, abandonnant le Bocage, acculés à Saint-Florent, les Vendéens se décidèrent à traverser, le 18 octobre, la Loire.
Sur la rive droite de la Loire, croyaient-ils avec leurs chefs, était le salut. La Rochejacquelein, Talmont, tous les généraux vendéens espéraient que la nouvelle de la présence de l’armée vendéenne sur la terre de Bretagne allait soulever toutes les campagnes et que les mendiants bretons et les contrebandiers du Bas-Maine, ces anciens partisans de la Rouerie, allaient venir grossir leurs rangs et redonner à leurs combattants une ardeur nouvelle.
Indécis sur leur marche, car dans cette exode les Vendéens n’eurent jamais un plan déterminé et une direction fixe, ils ne savaient s’ils devaient s’emparer de Nantes ou de Rennes ; ils se décidèrent pour Rennes, chef-lieu d’Ille-et-Vilaine, le centre de la conspiration de La Rouerie.
Les administrateurs du département et le représentant Pocholle, en mission dans l’Ille et Vilaine, apprirent coup sur coup et le passage de la Loire par les Vendéens et leur intention d’attaquer Rennes. Aussitôt toutes les mesures de résistance furent organisées et Pocholle réquisitionna, de tous les départements voisins, des forces considérables pour protéger cette ville.
La situation de Fougères était particulièrement alarmante. La garnison ne se composait que de la garde national et d’un bataillon de chasseurs. Ces troupes étaient insuffisantes pour mettre Fougères à l’abri d’un coup de main si les Vendéens tentaient de s’en emparer. Les administrateurs du district prévoyaient le passage des Vendéens. Ils résolurent de se déclarer en permanence et écrivirent à tous leurs collègues des districts voisins et aux représentants du peuple pour mettre Fougères en état de défense.
Dès le 21, une panique se produisit en ville. Des paysans vinrent affirmer avoir entendu battre la générale et sonner le tocsin du côté de Vitré. La garde nationale de Fougères et une compagnie des chasseurs se portèrent rapidement sur la route de Vitré jusqu’au pont de Saint-Julien. Mais ce n’était qu’une fausse alerte qui fut démentie le lendemain par Roulin, ingénieur chargé de la défense de Vitré.
Une question qui, à cette époque, avait une importance de premier ordre était celle des subsistances. La pénurie des grains se faisait vivement sentir. Saint-Aubin du Cormier, un des principaux centres d’approvisionnement de Fougères, lui envoyait régulièrement ses céréales et tous ses produits.
Le marché de Saint-Aubin du Cormier était surtout alimenté par les communes du canton de Liffré. Au moment où Fougères avait le plus besoin de subsistances, en raison des troupes qui allaient arriver à son secours, la commune d’Erée et quelques autres voisines refusèrent d’apporter à Saint-Aubin du Cormier leurs grains et leurs légumes. Le district se plaignit aussitôt au représentant du peuple Pocholle, qui répondit directement aux administrateurs de Saint-Aubin du Cormier :
Je prends, citoyens, de nouvelles mesures pour vous procurer des subsistances. Je mande à Rennes le maire d’Erée, l’un de ceux qui parait avoir apporté le plus d’obstacles aux approvisionnements de votre marché. Je déclare tous les particuliers requis, responsables sur leur tête de leur refus d’obéir et j’arrête qu’ils seront traduits devant les tribunaux et jugés comme contre-révolutionnaires. Je soumets aux mêmes peines les administrateurs et les officiers municipaux qui seront coupables de la même négligence. J’espère que ces moyens rempliront vos besoins. S’ils ne suffisent pas, j’en emploierai de plus rigoureux encore contre ceux qui n’obéiront pas à la loi.
(360° au jardin public de Fougères, appelé Place aux Arbres)
En transmettant cette lettre au district, le maire de Saint-Aubin, Bubail, Menagé et Duvert, officiers municipaux, faisaient connaitre « que d’après les ordres du représentant du peuple et ceux de Petters, son secrétaire, ils avaient mis en réquisition et fait venir par portions tous les grains en seigles et froment noir convenables pout approvisionner le marché, en commençant par ceux des émigrés. »
Les Guerres de l’Ouest - La Chouannerie, les Chouans de Bretagne <==.... ....==>
Photos
Reconstitution d’un passage historique de la guerre de Vendée – JEP château de la Baronnière
Puy du Fou - Cinéscénie
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